OS : Solitude, remords et folie – Partie 2

Playlist

Castles Crumbling – Taylor Swift, Hayley Williams

Pressure – Paramore

Watch Me While I Bloom – Hayley Williams

Simmer – Hayley Williams

My Kink Is Karma – Chappell Roan

Sudden Desire – Hayley Williams

Liar – Paramore

Follow You – Bring Me The Horizon

HONEY (are u coming ?) – Maneskin

POV Bella

Je me sens soulagée. Ce poids sur ma poitrine présent depuis toutes ces années vient de s'envoler à l'instant où Edward a posé ses lèvres sur les miennes. Sa bouche est dure, féroce, nécessiteuse. Je m'apprête à lui rendre son baiser, tout aussi avide de lui, quand mon cerveau retrouve pied et se rappelle que j'ai encore de la rancœur contre lui. Tel un automatisme, ma main s'abat sur sa joue.

Je lis la surprise et l'incompréhension dans son regard. Je retrouve le Edward sensible et fragile et il ne m'en faut pas plus pour succomber à son charme. A mon tour, je me jette sur ses lèvres, désireuse de retrouver son étreinte qui m'a tant manquée ces dernières années.

Je me sens enfin complète, après toutes ces années loin de lui. J'ai beau avoir nourri pendant un certain nombre d'années de la colère et de l'animosité contre son abandon, je n'ai jamais cessé de l'aimer. Quand j'ai retrouvé sa famille par hasard quelques années plus tôt, j'ai appris par Alice toute la vérité et cela n'a fait qu'éveiller ma rage, mais aussi renforcer mes sentiments pour lui.

Il avait voulu me protéger de lui et de son monde en faisant le sacrifice de notre relation. Pendant toutes ces années, il avait fui et lutté contre son besoin et son envie d'être avec moi. Cela a suffi à faire éclater cette bulle de colère et de négativité qui ont été mon moteur et mon quotidien toutes ces années.

Mon cœur se gonfle à son contact. J'ai pris un malin plaisir à le rendre fou ces derniers jours mais j'éprouve aussi ce besoin irrépressible d'être à nouveau à lui, pour toujours, sans que ma mortalité ne nous sépare, cette fois-ci.

J'approfondis le baiser, jouant avec les mèches indisciplinées de sa nuque entre mes doigts. Son gémissement contre mes lèvres ravive de vieux souvenirs humains. Je le voulais déjà du temps de mon humanité, aujourd'hui, je le veux encore plus. Mais avant ça, il doit savoir. Tout savoir.

-Laisse-moi te montrer et t'expliquer, je susurre à son oreille.

-De quoi tu parles, me demande-t-il, encore perdu dans notre baiser.

-Chut, laisse-toi aller et ne m'interrompt pas.

Il s'adosse à la roche, alors que je m'approche de lui. Je sens qu'il est nerveux et qu'il ne sait pas à quoi s'attendre. Je souris, alors qu'il me serre étroitement contre lui, dans une étreinte douce et calme. Nos fronts se touchent, comme pour connecter nos esprits. Je n'ai pas besoin de tant de proximité pour étendre mon bouclier, mais il n'a pas à le savoir. Je ne veux plus quitter ses bras.

Je fais tomber mes barrières mentales, ouvrant mon esprit et je pénètre le sien. Ce n'est également pas nécessaire, mais je veux ressentir cette connexion particulière avec lui. J'ai très peu pratiqué ce genre d'échange mental en dehors de mes entraînements. J'ai souhaité garder cette facette de mon pouvoir égoïstement pour lui, pour nous.

Quand nos esprits sont connectés, je déballe tout. Je déverse tout le flot de souvenir et d'images mentales que j'ai soigneusement choisies de lui montrer quand je le retrouverai. Je laisse défiler dans mon esprit mon état lamentable après son départ, puis ma hargne, bien déterminée à le retrouver. Puis, le point de bascule, là où ma détermination m'a fait frôler la mort, si Laurent et Irina ne m'avaient pas retrouvée. Ma transformation par Eleazar. Mon réveil chaotique. Ma colère indomptable puis ma détermination à embrasser ma nouvelle vie. La découverte fortuite de mon pouvoir. Les années de pratique et d'entraînement pour l'apprivoiser et le maîtriser. La rencontre inattendue avec Alice. Les retrouvailles houleuses avec le reste de la famille. Ma colère contre Edward ravivée après avoir découvert la vérité sur son départ. Mon plan de vengeance, les manifestations et ses réactions hilarantes.

Je m'attarde aussi sur tous les moments que nous avons passés ensemble lorsque j'étais humaine, lui montrant l'étendue de mes sentiments pour lui, malgré la colère que j'ai pu ressentir contre lui, je l'ai toujours aimé. C'est sur ces images que je mets fin à notre liaison mentale.

Partager ce moment si intime avec lui m'a donné envie de recommencer, encore et encore. Mais nous sommes attendus, sa famille doit être arrivée et même si j'ai hâte de passer du temps rien qu'avec Edward, j'ai aussi envie de les revoir tous ensemble, réunis après toutes ces années.

-Bella…

-Chut, dis-je en l'interrompant avec un baiser. Nous avons toute l'éternité pour en parler. Et quelque chose me dit que ta famille est arrivée et ils sont impatients de nous revoir.

Sans lui demander son avis, je prends sa main dans la mienne et je l'entraîne à ma suite entre les arbres. Je découvre la grisante sensation de courir main dans la main avec l'être aimé, Alice ne m'avait pas menti. Nous dévalons la forêt jusqu'à regarder les abords de Cran Montana. La nuit est tombée sur la station, même si les passants se font rares, nous devons nous fondre dans la masse. Nous marchons donc main dans la main, comme n'importe quel couple, jusqu'à regagner l'hôtel.

Nous prenons l'ascenseur pour rentrer à l'appartement. Edward ne me quitte plus d'une semelle, comme s'il avait peur que je disparaisse. Il enserre ma taille, me tenant fermement contre lui. Sa possessivité alors que j'étais encore humaine avait le don de m'exaspérer au plus haut point. Maintenant, je trouverais cela presque attendrissant, voire sexy.

Je n'ai pas l'intention de m'en aller.

Je me sens tout de même obligée de lui préciser cela. Sa poigne se détend sur ma hanche, mais je reconnais en lui le même besoin de proximité que je ressens depuis que je l'ai retrouvé. Les portes s'ouvrent lentement et nous longeons le couloir jusqu'à l'appartement.

L'Avantage d'Alice et de leurs ouïes vampiriques, pas besoin d'ouvrir la porte, elle s'ouvre alors que nous arrivons devant cette dernière. Nous sommes tirés à l'intérieur, enlacés tour à tour pas tous les membres de la famille Cullen.

Si la majeure partie d'entre eux sont plus qu'heureux de retrouver leur fils ou le frère, Emmett trépigne pour une tout autre raison. Je sais qu'il souhaite savoir ce que j'ai fait endurer à son frère. Même s'il était partiellement au courant de mes plans, il veut tout savoir. Mentalement, je lui demande de patienter, que ce n'est pas la priorité. Sa mine déconfite fait rire Rosalie, faisant lever un sourcil à Edward, peu habitué à cette dynamique silencieuse. Je sais qu'il a entendu les pensées d'Emmett et mon intervention mentale.

Cela fait plaisir de les revoir réunis. J'ai côtoyé suffisamment longtemps la famille Cullen pour me rendre compte à quel point Edward leur manquait. Je ne pouvais pas décemment les priver de lui encore plus longtemps.

Nous passons une partie de la nuit à discuter tous ensemble, Nous parlons, rattrapons le temps perdu, et abordons aussi le calvaire que j'ai fait subir à Edward, rendant hilares ses frères et sœurs.

Au petit matin, une partie des Cullen se décide à partir chasser, tandis qu'Esmé et Carlisle préfèrent profiter de la journée nuageuse pour explorer les envions comme de simples touristes. Ayant privé Edward de sa chasse la veille, je l'incite à partir avec ses frères et sœurs, mais il refuse. J'ai beau ne pas être télépathe comme lui, je devine ses attentions de passer la journée avec moi, car nous avons encore beaucoup de choses à mettre à plat entre nous.

Alors que les groupes se forment et s'en vont progressivement, nous nous retrouvons seuls. L'atmosphère se tend légèrement, plus par gêne que par réelle animosité. Nous n'avons pas quitté le canapé sur lequel nous étions installé. Je fais glisser ma tête contre son épaule et laisse divaguer mon esprit vers celui d'Edward. Je le sens se tendre à mon contact.

Détends-toi, je laisse juste tomber mes barrières. Pas besoin de parler, je t'entends.

C'est très étrange comme sensation, mais ce n'est pas pour me déplaire.

Je sens sa main dans mes cheveux. Je ferme les yeux à ce contact doux, bien loin de notre affrontement de la veille.

Dès que j'ai appris à apprivoiser cette facette de mon pouvoir, je n'ai eu qu'une hâte, l'utiliser avec Edward. Il a toujours éprouvé de la curiosité et de la frustration face à mon esprit muet pour lui.

Maintenant, je sais que je peux le laisser entrer si je le souhaite et quand je le souhaite. Je sais que je peux communiquer avec lui uniquement parce que son pouvoir est complémentaire au miens. J'ai eu le temps de m'exercer et de tester pour le comprendre et l'apprivoiser.

Cela fonctionne avec Alice uniquement parce qu'elle peut prédire ce que je vais lui dire et moi j'entends sa réponse en déployant mon bouclier sur elle. Avec Carlisle, Esmé et Emmett, je n'ai jamais pu communiquer de la sorte, car ils n'ont pas de pouvoir similaire. Ils ont seulement pu m'entendre.

Alors partager ce luxe avec Edward est grisant. Plus besoin de se préoccuper de mon humanité, ni même besoin de parler pour se comprendre, même si nous avons toujours été suffisamment proches et connectés l'uns à l'autre pour nous comprendre en un regard. Je souris à l'idée d'expérimenter toutes les limites de mes pouvoirs en sa compagnie.

Parle-moi de ton pouvoir, j'aimerais comprendre comment il fonctionne.

Selon Eleazar, je suis le bouclier le plus puissant qu'il n'ait jamais rencontré. Je suis capable de me protéger des pouvoirs offensifs, mais aussi de protéger les autres. Je peux aussi verrouiller les pouvoirs et déployer mon pouvoir sur les autres. Je peux ainsi t'entendre, mais toi tu peux m'entendre en retour seulement parce que tu lis dans les pensées. Quand tu n'entendais plus les pensées des gens, c'était moi. Quand ça revenait trop fort ensuite, c'est juste que je ne prenais pas la peine de me retirer en douceur, j'ajoute en riant du fait que je n'y suis vraiment pas allée tendrement avec lui. Et je peux aussi me rendre indétectable visuellement, mais aussi olfactivement et au toucher.

Voilà pourquoi j'ai sursauté comme une fillette dans la chambre hier, rit-il. Et cela explique pourquoi je t'entendais et que je t'ai senti à la gare de Sierre. Cela veut dire que pendant tout ce temps, tu étais avec moi, demande-t-il.

Oui, tout ce temps j'étais à tes côtés, dis-je en me pelotonnant contre lui, mais tu n'en avais pas conscience. Mais de mon point de vue, c'était très divertissant, ris-je.

Son regard rieur croise le mien. Sa main dans mes cheveux dévie sur ma mâchoire, caressant mon menton du bout des doigts. Ses lèvres trouvent les miennes pour un doux baiser. Je sens toute sa tendresse et son amour dans ce geste si doux. Je me laisse aller contre lui, heureuse de retrouver ces sensations oubliées.

Montre-moi encore, montre-moi tout, tout ce que j'ai raté, quémande-t-il contre mes lèvres.

Tu en es sûr, cela va être long, je lui réponds en déposant un nouveau baiser sur ses lèvres pleines.

Rien n'est assez long pour moi quand il s'agit de toi. Je veux tout connaître en détail ce qui a fait ce que tu es devenue aujourd'hui.

-C'est parti, dis-je à voix haute.

Je me cale confortablement dans son étreinte. Je fais affluer et remonter mes vieux souvenirs et les trie et ordonne quelque peu avant de les présenter à Edward. Ces vingt-cinq dernières années ont été riches de bien des évènements, mais aussi perturbées par son absence.

Il est parti. Envolé. Il m'a quitté. Comme s'il n'avait jamais existé. Mon cœur est en miettes. Il ne m'aime plus. Sa soif pour mon sang et son envie de me protéger nous ont séparés. Comment j'ai pu être aussi naïve et penser qu'un être aussi extraordinaire qu'Edward ait pu véritablement s'enticher d'une pauvre humaine comme moi ? Ce que j'ai vécu avec lui était pur, vrai, brut. Je ne peux pas croire qu'il n'ait plus de sentiments comme il le prétend. Je suis sûre que l'incident de mon anniversaire y est pour quelque chose.

Lorsqu'il s'est volatilisé, je l'ai cherché, sans succès. Je voulais le questionner, le faire parler, essayer de le comprendre, car son comportement est insensé. Pourquoi partir pour si peu, un simple accident ?

C'est donc en larmes que je suis rentrée à la maison, sous le regard inquiet de Charlie. Je m'enferme dans ma chambre, ne voulant voir personne. J'essaie de contacter Edward, mais il ne répond pas à son téléphone, ni à mes messages. J'essaie de joindre Alice, mais les tonalités sonnent dans le vide, idem à la villa des Cullen.

Je m'endors dans mes larmes. A mon réveil, je suis groggy. Mes yeux sont gonflés par mes pleurs, ma gorge est irritée par mes sanglots nocturnes et je me sens vide. L'avantage de devoir aller au lycée, c'est que je n'ai pas à réfléchir. Je suis sur pilote automatique.

Ma journée est morne, comme mon moral. Ils ne sont pas là. Le temps est nuageux, mais ils ne sont pas là. Mon cœur se serre. Je dois en avoir le cœur net. Après les cours, je conduis avec ma vieille Chevrolet direction chez les Cullen. La cour, habituellement pleine de voitures est vide. Je coupe le contact et monte les quelques marches qui me séparent du perron et j'observe la maison à travers les grandes baies vitrées. Tout est éteint, sans aucune présence de vie. Je constate même que des draps blancs recouvrent le mobilier du salon. Mon cœur se serre encore plus qu'il ne l'était déjà. Je ne sais comment je trouve la force de pleurer, là assise sur les marches du perron. Seule la pluie me rappelle à la réalité. C'est le regard vide que je reprends le volant pour rentrer chez moi. Il m'a quittée et ceux que je considérais comme ma famille m'ont abandonnée.

Je sens Edward se crisper contre moi. Revivre ses évènements n'est pas faciles pour moi, mais les découvrir à son tour n'est guère plus agréable pour lui.

Je suis désolé, Bella. Je ne voulais pas te faire souffrir de la sorte. Je pensais sincèrement à ce moment-là que c'était la meilleure décision à prendre. Je ne pensais pas avoir été si convainquant, je t'aimais tellement que prononcer ses mots résonnais faux à mes oreilles et pourtant tu y as cru. Je suis sincèrement désolé. Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai, pour toujours et à jamais, ma Bella.

Ses yeux sont sincères et si les miens avaient pu produire des larmes, mes joues seraient inondées à l'heure qu'il est. Je ne résiste pas à l'envie de déposer un tendre baiser sur ses lèvres avant de poursuivre mon récit.

Les semaines passent et je ne vais pas mieux. Je me mure dans mon silence, dans mon chagrin et ma peine. Je fais de la figuration devant Charlie, au téléphone avec ma mère et au lycée devant Angela, Eric, Ben et Jessica.

Je ne fais que me creuser les méninges pour essayer de le comprendre. Pourquoi est-il parti avec sa famille alors que seul lui voulait s'éloigner de moi ? Pourquoi me faire si mal en me privant d'êtres chers ?

Edward m'avait parlé de leurs cousins éloignés au Nord, dans la région de Denali. Je suis persuadée qu'ils sont là-bas.

Cela fait des semaines que je prépare mon plan et le week-end prolongé de Thanksgiving arrive enfin. Charlie étant d'astreinte au commissariat, je suis seule à la maison. Parfait. A l'aube, je rassemble tout ce que j'ai préparé ses dernières semaines dans un grand sac de sport. Juste avant de partir, je laisse une lettre à Charlie, lui expliquant que je pars à la recherche des Cullen, que je serai de retour lundi pour la reprise des cours.

Je monte dans ma Chevrolet et je conduis jusqu'à Seattle. Je laisse mon camion sur le parking de l'aéroport et je m'enregistre pour mon vol jusqu'à Anchorage. Les trois heures trente de vol se passent rapidement, malgré l'angoisse qui montent en moi. Et s'ils n'étaient pas là ? Et si je les trouvais et qu'ils ne voulaient véritablement plus me voir ? Rosalie peut-être, mais sûrement pas Alice, Esmé et Emmett. Je ne peux pas le croire.

Je ramasse mon sac sur le tapis roulant des bagages et je me dirige vers la zone de location de voitures. Me voilà prête pour les quatre heures de route qui m'attendent. Les paysages qui défilent devant moi sont certes magnifiques mais je n'en profite pas, seul Edward occupe mes pensées.

Après plus de quatre heures à conduire sur les routes hivernales qui me mènent au plus près de ma destination, je suis contrainte de terminer à pied. D'après mes recherches, les Denali ne portent pas leur nom par hasard puisqu'ils vivent non loin du parc national Denali, une immense zone protégée de la région. Ne sachant pas exactement où ils se situent, j'ai effectué des recherches qui m'ont menée à différentes pistes à explorer à pied. Je suis équipée pour ma randonnée hivernale, je ne crains pas le froid. La seule chose que je crains, c'est de ne pas le retrouver.

Je marche des heures durant, n'hésitant pas à héler de temps en temps les prénoms d'Edward, Tanya, Kate ou Irina, afin de maximiser mes chances de les retrouver. Hélas pour moi, mes recherches d'avèrent bien vaines, la zone est bien trop vaste pour espérer retrouver qui que ce soit.

Le jour commence à décliner, je suis proche de mon point de chute pour la nuit, une cabane de randonneur à encore quelques kilomètres seulement. J'y serai à la nuit tombée, sans aucun doute. C'est ce que je croyais en tout cas.

Bella… qu'as-tu fais, que t'est-il arrivé ?

Je n'ai aucun souvenir de ma vie humaine après ça. Je me suis réveillée quelques jours plus tard chez les Denali, transformée par Eleazar. Lui et les autres m'ont raconté alors ce qu'il m'est arrivé.

La douleur atroce et diffuse dans mon corps a disparu, ce concentrant seulement sur ma gorge. J'essaie d'ouvrir les yeux et je ne vois qu'un plafond immaculé. Je me relève, je suis allongée dans un lit inconnu. Tout est inconnu, étrange, nouveau. Je ne sais pour quelle raison, j'observe mes mains et touche mon visage. Je suis très pâle. Ma peau semble normale. Je comprends alors. Le trou noir, la douleur, ma gorge… Je me redresse et me lève, tout va très vite. Aucun doute.

C'est à ce moment-là que je remarque Laurent et ce que je suppose être Irina devant moi, à l'autre bout de la pièce.

-Bella. Du calme, commence Laurent. Tu es en sécurité ici. Qu'elle est la dernière chose dont tu te souviennes ?

J'ai un réflexe de recul en le découvrant. Ses yeux rouges ne sont plus, ils sont or, comme ceux d'Edward. Edward.

-Le parc national. Puis plus rien. Que fais-tu ici Laurent ? Et Victoria ?

Ma voix sonne bizarrement à mes oreilles. Plus douce, plus pure…

-Ma route a quitté celle de Victoria et James après la partie de Baseball. J'avais rencontré Irina peu de temps avant et elle m'a convaincue, tout comme Carlisle, qu'une autre façon de vivre était possible. J'ai donc rejoint Irina après l'affrontement. James est devenu ce que tu sais et Victoria… Je ne l'ai jamais revue.

-Bella… Je suis Irina. Que faisais-tu seule dans ce parc ?

Tout est flou dans ma tête. Partir de Forks, l'avion, Anchorage, la route, la marche… Edward.

-Edward, je cherchais Edward.

Je me sens nerveuse. Euphorique. Je sens une poussée d'adrénaline dans mes veines. J'ai faim. J'ai soif. Enfin, je crois ? J'ai besoin de savoir s'il est là. Il ne peut qu'être ici avec les Cullen, je le sais. Je le sens. J'en suis sûre et certaine.

J'observe la pièce autour de moi. Tout est clair. Tout est trop. Je vois, perçois et entends tout, même le néant. C'est donc ça devenir vampire ? Vivre dans la surstimulation ?

Mes yeux ne savent où se fixer tellement il y a d'informations à emmagasiner. Laurent et Irina se sont rapprochés, laissant les autres Denali entrer.

-Où sont les autres, je demande un peu sèchement. Où sont Edward et Alice ?

D'un coup, sans que je ne sache réellement comment ni pourquoi, je me sens menacée par leur présence. Pourquoi sont-ils si nombreux face à moi ? Je ne suis pas la menace.

-Bella, calme-toi, me dit la personne que je pense reconnaître comme Eleazar.

-Les Cullen ne sont pas venus nous rendre visite depuis septembre, poursuit une des blondes, Tanya ou Kate.

-Pourquoi pensais-tu donc qu'ils seraient ici, ne sont-ils pas avec toi, demande une brune, Carmen, je suppose.

Tout se bouscule en moi à ces mots. La rage, la peur, la haine, la colère, la tristesse. Tout ce flot d'émotions me submerge. J'ai besoin de sortir de là, vite. Je dois prendre l'air. Mon corps ne me répond plus, j'agis, comme si je n'étais plus maître de rien. La seconde d'avant je suis assise sur ce lit, la seconde suivante, je suis entravée par les Denali.

-Bella calme-toi. Tout va bien, tente de m'apaiser Laurent.

Je me débats telle une forcenée. Non, tout ne va pas bien. Je suis ce que je suis maintenant et Edward n'est pas là. Rien ne va, rien ne va. Un son lourd et guttural s'échappe de ma gorge, ravivant les flammes qui me brûlent.

-Kate, immobilise-là avant qu'elle ne nous renverse tous.

Ni une, ni deux, Kate pose le plat de ses paumes sur mes bras. Je lis la stupeur dans leurs regards. Je ne sais pas ce qu'il aurait dû se passer, mais visiblement, rien n'a eu d'effet sur moi. Cela me suffit pour la repousser et m'extirper de la pièce. Je ne sais où je vais. A la première baie vitrée ouverte, comme l'aurait fait Edward, je m'élance. Tout semble naturel, facile. Je cours, tout droit, sans me poser de questions. Quand je pense m'être suffisamment éloignée, je m'arrête.

Je vois toujours rouge. Tout n'est que rage et colère dans mon corps et je ne sais comment la gérer. Instinctivement, je tape du poing contre un arbre. Celui-ci ne résiste pas à ma force, se déracinant, tombant et emportant d'autres résineux à sa suite.

Tout ce qui me passe sous la main finit broyé, en miette ou déraciné. Je ne mesure pas ma force et surtout, je ne la contrôle pas. Seule la rage et le chagrin guident mes pas. Je veux pleurer mais rien ne coule sur mes joues. Je veux hurler mais rien ne sort de ma gorge tant cette dernière me brûle. Je ne sais combien de temps je reste ainsi avant de m'assoir parterre au milieu du chaos que j'ai causé.

Je reste là, les genoux repliés contre ma poitrine, me balançant d'avant en arrière, à tenter de remettre de l'ordre dans mes pensées.

J'ai failli mourir. J'ai été transformée. Je suis dorénavant un vampire. Il n'est pas là. Ils m'ont définitivement abandonnée.

La vague rouge qui s'était calmée resurgit subitement devant mes yeux, m'aveuglant. Pourtant, cette fois, je ne bouge pas. Je ne veux pas déraciner ces pauvres arbres qui n'ont rien demandé. C'est à lui que j'en veux, pas à la nature environnante. C'est lui qui devrait payer pour tout ce qu'il m'a fait. Je dois le retrouver, il doit souffrir autant que j'ai souffert et que je souffre encore.

Mon brouhaha mental est interrompu par des pas qui approchent. Je me lève et je reconnais rapidement Eleazar.

-Bella, je ne te veux aucun mal, annonce-t-il en tendant les mains devant lui en signe de paix. Je veux seulement discuter, tu veux bien qu'on s'assoit un peu ?

Il me désigne un tronc survivant de mon excès de force. Je m'approche et je l'imite, m'assoyant avec lui.

-Bella, j'ai besoin que tu m'expliques, parce que tout n'est pas clair pour nous. Que faisais-tu seule dans cette forêt ? Les Cullen ne sont pas avec toi ?

-Edward m'a quitté après mon anniversaire en septembre et ils l'ont suivi. Il m'avait parlé qu'ils vous considèrent comme leurs cousins, j'ai donc pensé qu'ils seraient avec vous. Je ne pouvais pas faire le voyage avant ce week-end. Ils sont donc venus vous voir en septembre ?

-Ils sont venus nous rendre visite quelques jours. Edward est parti le premier, il n'était pas très loquace, je comprends pourquoi maintenant.

-Qu'est-ce qui m'est arrivé exactement ?

-Tu ne te rappelles de rien ?

-Non, seulement que je devais atteindre les cabanes sur l'itinéraire de randonnée.

-Tu as glissé dans un talus et tu t'es blessée. Irina et Laurent chassaient dans la région et ton sang l'a distrait de sa chasse. Quand il t'a reconnu, lui et Irina t'ont ramenée ici pour que je te transforme. Tu étais en hypothermie sévère, tu n'aurais pas survécu.

Les sensations de ma transformation affluent dans mon cerveau. Douleur, brûlure, coup de poignard dans le cœur. Si Edward était capable de frissonner, il l'aurait fait. Je sens sa prise sur moi se raffermir. Il me sert contre lui, encore plus étroitement que précédemment, si c'est physiquement possible. Il réalise qu'il a failli véritablement me perdre à ce moment-là, si Laurent et Irina n'avaient pas senti mon sang. Heureusement pour moi, Laurent en n'était qu'à ses débuts de vampire végétarien et son envie de sang humain était encore difficile à contenir.

-Rappelle-moi de remercier Laurent, un jour, dit-il à voix haute, rompant le silence ambiant.

-Ça fait vingt-cinq ans qu'il attend, il n'est plus à ça près, ris-je.

-Comment se sont passés tes débuts en tant que vampire, me demande-t-il, curieux.

-J'ai eu du mal à me faire à mes émotions. J'étais une boule de nerfs et de colère. Cela a été un véritable moteur pendant près de dix ans. À vouloir te haïr toi et les tiens pour ce que vous m'aviez fait. Si Eleazar ne m'avait pas tempérée…

Je ne termine pas ma phrase, me contentant de secouer la tête pour chasser ses pensées négatives. N'ayant pas remis mes barrières, Edward a pu avoir un avant-goût de ce que j'aurais pu lui faire subir, bien pire et… irréversible que mes petites manifestations innocentes de ces derniers jours.

-Rappelle-moi de remercier Eleazar, aussi, ajoute-t-il d'une voix blanche. En parlant de lui, dit-il en cherchant à changer de sujet, il n'a pas détecté ton bouclier de suite ?

-Non, il a réalisé que j'étais un bouclier quand Kate aurait dû m'immobiliser avec son pouvoir quand je suis sortie déraciner la moitié du parc national à mon réveil, ris-je. Il m'a expliqué au fil du temps les particularités de mon pouvoir, et j'ai expérimenté avec les Denali. Laurent n'a pas vraiment apprécié se ramasser des coups de jus, ris-je en repensant à sa tête déconfite.

-Et le fait de te rendre indétectable ?

-Découvert par hasard, quand j'ai pu enfin me mêler aux humains.

-Tu as disparu en plein milieu d'humains, s'étouffe Edward.

-Non, heureusement, mais c'était si drôle de voir les têtes de Carmen et Tanya, ris-je.

-Tu me montres, demande Edward, frottant son nez contre le mien, avant de quémander un baiser.

-Tu deviens gourmand, Edward Cullen, je rétorque en l'embrassant.

Je discute distraitement avec Carmen et Tanya tout en feuilletant un magazine qui traîne sur la table basse du salon. Je suis heureuse d'enfin pouvoir me poser plus de cinq minutes d'affilées. Toute ma matinée a été consacrée à mon entraînement au combat par Eleazar et Laurent. Aux vues de mon pouvoir plutôt conséquent, Eleazar veut que je puisse me défendre physiquement si un jour mon existence devait s'ébruiter jusqu'à Volterra. En dehors des Denali, personne n'a à ce jour connaissance de mon existence, et c'est très bien comme ça. Je ne veux plus entendre parler des Cullen pour le moment. S'ils venaient à être au courant pour ma transformation, tant mieux pour eux, mais cela ne sera pas ça qui me fera changer d'avis sur eux. Ils m'ont abandonné comme une vieille chaussette et j'ai beau terriblement regretter ma vie d'avant avec eux, je n'ai pas l'intention de revenir vers eux, même s'ils venaient s'excuser et me supplier à genoux.

Je suis sortie de ma rêverie par les voix stridentes d'Irina et Kate. Ces dernières prennent très (trop ?) au sérieux mon entraînement de me mêler aux humains et se servent de ce prétexte pour me traîner dans les magasins et tout autre lieu culturel. Moi qui pensais en avoir fini avec ça en ne côtoyant plus Alice, je m'étais fourrée le doigt dans l'œil, et jusqu'au coude.

-Bella, tu viiiiieeeeennns ! On t'attend pour aller à Fairbanks !

-Oh non, mais tout mais pas ça, dis-je en me recroquevillant sur moi-même.

Mais pourquoi je ne peux pas disparaître dans un trou de souris ? Parfois je me le demande bien.

-Bella ? Vous n'avez pas vu Bella, demande Kate en entrant dans le salon, alors que je suis devant elle.

Elle se moque de moi ? Visiblement non, à en croire les regards médusés de Carmen et Tanya. Kate regarde sa sœur et Carmen d'un drôle d'air, avant de tourner les talons et de me chercher dans une autre pièce.

Quand elle disparaît, Carmen et Tanya se tourne tour à tour vers moi, mimant silencieusement sur leurs lèvres : « Mais, c'était quoi ça ? »

Edward se tient les côtes tellement son rire le secoue. Cela me réchauffe le cœur de le voir rire ainsi. Je n'en prends conscience que maintenant, mais il m'a tellement manqué. Viscéralement. J'interromps son rire par un long et doux baiser, auquel il répond sans hésiter. Quel bonheur de sentir ses lèvres contre les miennes. Le baiser ne tarde pas à prendre de l'ampleur et Edward se laisse glisser sur le canapé, m'entraînant avec lui. Ses paumes sur mes hanches me maintiennent sur lui, comme autrefois. Cela ravive de vieux souvenirs en moi. Des souvenirs heureux, qui donnent une nouvelle intensité à notre baiser. Nos lèvres bougent à l'unisson, se redécouvrant lentement, sans pression. Nous avons le temps, tout le temps, toute l'éternité, désormais.

Je ne résiste pas à l'envie laisser mes doigts se balader dans sa tignasse cuivrée et de fourrager ses cheveux indisciplinés. Ses mains ne sont pas en reste, puisqu'elles deviennent audacieuses, bien plus audacieuses que ce que celles du Edward que j'ai connu vingt-cinq ans plus tôt se serait permis.

Découvrir cette nouvelle facette de ma vie de vampire avec Edward est grisante. Si humaine, mon cœur s'affolait déjà à son contact ou quand ses lèvres se perdaient sur les miennes, maintenant, même si mon cœur ne s'emballe plus au sens strict du terme, tout est décuplé au-delà de réel. Sentir ses lèvres caresser les miennes, les variations de pression, sa langue goûtant la mienne avidement, son souffle se mêlant au mien, son corps se pressant contre le mien, ses mains baladeuses, tantôt sur mes hanches, tantôt effleurant le long de ma colonne vertébrale, toutes ces sensations oubliées et nouvelles se bousculent en moi pour insuffler de l'adrénaline et de dopamine dans mes veines.

Ses lèvres dévient sur mon cou, m'arrachant un gémissement. Cependant, à mon plus grand dam, ses lèvres restent immobiles, comme si quelque chose n'allait pas.

-Qu'est-ce qu'il se passe, je demande à haute voix.

-Ils ne sont plus très loin, j'entends Emmett qui beugle mentalement pour être sûr de ne pas nous trouver dans une posture… compromettante.

-Non, mais je rêve, je me plains à haute voix. Laisse-moi dix secondes pour me débarrasser d'eux.

Edward me regarde, dubitatif, avant de comprendre que je n'allais pas bouger d'un pouce et utiliser mon pouvoir. Pour lui montrer un exemple de l'étendue de mes capacités, je lui ouvre à nouveau mon esprit pour qu'il entende mon message plutôt dissuasif à l'intention des Cullen qui oseraient tenter de mettre un pied dans cet appartement dans les heures qui suivent.

Si j'en choppe un à moins de trois-cent mètres d'ici pour les trois prochains jours, je lui fais la tête au carré et ceci n'est pas un avertissement, est-ce que j'ai été clair ?!

Tu es formidable, ma Bella.

Au loin, le bruit sourd d'une claque ainsi qu'Emmett qui maugrée dans sa barbe se fait entendre, ravivant notre hilarité. Toujours fidèle à lui-même, celui-là ! Je ris contre les lèvres d'Edward alors que ce dernier prend ma bouche en otage pour reprendre les choses où nous les avions laissées avant d'être interrompus.

-Dis-moi comment tu as retrouvé Alice, me demande Edward. Tu as laissé entendre que c'était par hasard ?

-Kate et Tanya ont pris le relais d'Alice en ce qui concerne la mode. Mais de façon plus soft, donc j'ai pu apprendre à apprécier cela… Un jour, j'ai décidé de partir seule à la découverte du monde. J'ai toujours eu envie de visiter l'Italie. Quelle pouvait être la probabilité que je visite le Dôme de Milan le jour du défilé Max Mara où se rendait ta sœur ?

Edward se retient de rire, imaginant sans problème la scène.

-Et donc, après ça vous avez discuté et ensuite tu as revu les autres ?

-Si on veut, je pense qu'ils voudront te raconter eux-mêmes à quel point j'étais encore rancunière à l'époque.

-Et je suis très heureux que tu te sois assagie depuis, me permettant de faire ça, dit-il en posant délicatement ses lèvres sur les miennes pour un doux baiser, ne tardant pas à prendre rapidement de l'ampleur.

Ses lèvres ne perdent pas de temps et dévient à nouveau sur mon cou, avant de continuer leur course sur mon décolleté. Je découvre une nouvelle facette d'Edward, habituellement si prude avec moi, et ce n'est pas pour me déplaire, au contraire !

Bella, crois-tu vraiment que je pourrais être encore prude après t'avoir attendu vingt-cinq ans ? J'avais cent-quatre ans que je te désirais déjà et cent-vingt-neuf aujourd'hui, je crois que je me suis assez langui de toi pour passer à la vitesse supérieure, si tu n'y vois pas d'inconvénient…

Tant que tu restes gentleman, je n'y vois pas d'inconvénient…

Toujours, ma Bella, toujours…

S'il restait une seule once d'animosité en moi à son encontre, elle s'est envolée avec nos échanges de ces dernières heures. Il est tout ce que je veux et tout ce que je désire. Il est mon tout et je suis heureuse de le laisser lire en moi et il a su saisir l'opportunité à mon plus grand plaisir.

Nous sommes sur la même longueur d'ondes. Nous avons souffert tous les deux à notre façon ces dernières années et aujourd'hui, nous pouvons enfin renouer l'un avec l'autre. S'aimer, se pardonner et se donner l'un à l'autre de toutes les façons possibles. Emotionnellement, charnellement, mais aussi mentalement, grâce à mon don singulier.

Rapidement, les vêtements tombent et ne sont plus qu'un vieux souvenir. Les mains et les lèvres d'Edward sont partout, c'est doux, électrisant… c'est bon.

Sans que je m'en aperçoive, nous passons du canapé au lit, Edward me surplombant. Ses lèvres taquinent mon cou, avant de reprendre leur descente sur mes seins dénudés et de partir à leur découverte.

Sensuellement, ses lèvres explorent, découvrent, caressent, embrassent, lèchent ma poitrine avec douceur, délicatesse et dévotion. Ses mains ne sont pas inactives, puisqu'elles se joignent à ses lèvres, massent, malaxent, pincent, caressent…

Il est partout et mon corps n'est pas loin de l'implosion tant cette intense surstimulation me consume, littéralement. Je ne suis que gémissement et bruits aigus et incohérents, à l'image d'Edward, qui semble prendre autant de plaisir que moi, juste en m'en prodiguant.

Bella, tu causeras ma perte…

Je ris, tellement je suis absorbée par le plaisir, j'en oublie qu'il peut lire en moi… Peut-être que je devrais arrêter de…

N'y pense même pas, par pitié, c'est si doux d'être dans ta tête et j'ai attendu tellement longtemps pour y avoir accès.

Je le ramène à moi pour un baiser passionné. C'est si doux effectivement cette connexion. Cela rend cet instant magique encore plus magique et intense. Je suis tellement connectée à lui que je peux ressentir ce qu'il ressent au fond de lui, comme si nous ne faisions qu'un.

Ce sentiment est exacerbé lorsqu'Edward pousse des hanches contre mon bassin, faisant frictionner nos deux sexes désirant de plus. Nos regards se captent, ne se lâchant plus, alors qu'il pousse en moi doucement, nous arrachant un gémissement commun de satisfaction.

Ses mouvements sont d'abord lents et doux, puis rapidement, ses coups de hanche prennent de l'ampleur et gagnent en intensité et en rapidité. J'accompagne chacune de ses poussées, guidant nos corps l'un contre l'autre, toujours plus avides de contact et de plaisir.

Edward et moi ne faisons plus qu'un, lui me tenant fermement et étroitement entre lui et le matelas, moi l'enserrant dans mon étreinte, mes jambes encerclant sa taille et mes bras le maintenant fermement contre moi, griffant sans trace son dos sous le plaisir qu'il me procure.

Nous ne sommes pas loin. Je suis au bord du précipice, mon orgasme sillonnant mes veines et tout mon être, prêt à se libérer, menaçant de le faire à chaque instant. Edward le sait et le sent, puisqu'il prend mon sein droit entre ses lèvres, me faisant imploser, vriller.

Mon centre se resserre, encore plus qu'il ne l'était déjà, sur lui, me libérant de cette agréable tension. Je sens Edward palpiter en moi, se libérant lui aussi à l'unisson.

Il est tellement beau en temps normal, la jouissance le rend encore plus beau, plus désirable. Nos bouches se soudent pour atténuer les gémissements de l'autre, prolongeant aussi notre extase.

Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, sans bouger, juste à savourer ce contact post-orgasmique. Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas que ça s'arrête. Je veux rester ainsi dans ce lit, dans ses bras, pour toujours.

J'approuve aussi ton idée, mais je me vois mal demander à la réception une réservation ad vitam aeternam…

-Ce n'est pas bien d'écouter aux portes, Monsieur Cullen…

Je remonte le drap sur nous et me blottis dans ses bras, comme autrefois. Je soupire à cette douce sensation retrouvée.

-Il y a un truc qui ne m'avait pas effleuré ces vingt-cinq dernières années, mais qui me revient comme un boumerang maintenant, c'est que je ne vais plus jamais pouvoir dormir dans tes bras, je lance, un peu nostalgique.

-Peut-être pas dormir, me répond-il en me serrant contre lui, caressant doucement mes cheveux. Mais t'y blottir alors que je te chante ta berceuse, ça tu pourras le faire toutes les nuits que tu veux, me murmure-t-il a l'oreille avant d'embrasser ma tempe.

-Tu ne crois pas qu'on aura d'autres plans pour nos longues nuits d'éternité, je lui demande d'un ton suggestif, en me pelotonnant un peu plus contre lui.

-L'un n'empêche pas l'autre, rit-il contre mes cheveux. Tu m'as manqué ma Bella.

-Toi aussi, Edward.

Je me redresse sur le matelas pour plonger dans ses yeux dorés.

-Je t'aime, j'ajoute dans un souffle.

-Oh ma Bella, dit-il en fonçant sur mes lèvres. Je t'aime. Je t'aime ! Je t'aime, dit-il entre deux baisers passionnés. Ces dernières années loin de toi ont été un véritable supplice et plus jamais je ne veux être éloigné de toi. Tu es ma vie, ma Bella. Epouse-moi.

-Doucement, Roméo. On a toute l'éternité pour ça, dis-je, l'embrassant en retour.

Je dois prendre ça pour un oui ?

Tu peux prendre ça pour un oui.

Des effusions de joie nous parviennent du lointain. Aucun doute, Alice a déjà tout prévu.