Cette fic est écrite dans le cadre de la 179ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Précieux". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
Un silence étrange régnait dans les couloirs de la Kaïba Corp. Personne n'était habituellement démonstratif lors de ses journées de travail, mais les discussions professionnelles entre des milliers d'employés finissaient toujours par créer un bourdonnement incessant dans l'entreprise. Mais depuis une semaine, les personnes se hâtaient de rejoindre leur destination, ne s'échangeant des convenances que sur le bout des lèvres. Les oreilles les plus entraînées auraient pu deviner un regain des bruits de clavier, signe que les employés les moins craintifs – ou les mieux renseignés – quant à la politique d'espionnage des conversations privées sur l'intranet de la société débattaient cependant vivement par écrit de la bombe révélée par les médias une semaine auparavant: Makuba Kaïba, petit frère du PDG de la Kaïba Corp et vice-président de la même société, avait renoncé à tous ses titres et claqué la porte de la maison familiale et de l'entreprise suite à une violente dispute avec son frère. Contactés par les journaux qui avaient cherché à en savoir plus, les deux frères qui ne s'étaient plus parlés depuis avaient cependant eu la même réponse: Ils n'avaient rien de plus à ajouter que ce qui avait été dit par le service communication de l'entreprise. Les rumeurs allaient donc bon train et, si la véracité de l'information n'était pas à débattre, trop de questions restaient en suspens sur la raison de leur dispute, sur l'avenir de la société, sur l'état physique et mental de Seto Kaïba qui n'était plus réapparu en public depuis.
Malgré son absence, Seto n'avait pour autant pas cessé de continuer à travailler. Il se déplaçait même tous les jours au siège de la société où il s'enfermait dans son bureau, arrivant trop tôt et repartant trop tard pour être croisé par qui que ce soit, n'acceptant de parler qu'à sa secrétaire personnelle qui se chargeait de prendre les messages les plus importants. Il faisait nuit noire quand il quitta son bureau et s'engouffra dans sa voiture pour rentrer au manoir Kaïba. Il fronça les sourcils en se garant devant chez lui et en constatant que de la lumière passait au travers du salon: Tous ses domestiques devaient être partis depuis longtemps, soit ils avaient été retenus, soit ils avaient oublié d'éteindre une lumière. Il s'engouffra dans le salon pour en avoir le cœur net et se figea sur place. Ce n'étaient pas les domestiques qui avaient allumé la pièce, et ce n'était pas l'un d'eux qui était avachi dans l'un des fauteuils, semblant l'attendre.
- Tu n'as rien à faire là, trancha sèchement Seto.
- Bonsoir à toi aussi, répondit Makuba, semblant autant surpris qu'amer par le ton sec de son frère. Je peux repartir tout de suite si tu préfères.
Seto sembla considérer sérieusement la proposition de Makuba avant de secouer la tête.
- Inutile désormais. J'ose espérer que personne ne t'a vu entrer ?
- Bien sûr que non, trancha son frère. L'orage médiatique créé par mon départ commence à peine à s'atténuer, je me doute que tu n'as pas besoin qu'il se relance de plus belle.
- C'est bien le dernier de mes soucis. Les orages médiatiques s'affrontent. Les risques si quelqu'un apprenait les raisons de ton départ, c'est autre chose.
Un éclair de tristesse traversa le regard de Makuba à l'évocation de leur dispute et de son départ mais il soupira:
- Je maintiens qu'on n'avait pas besoin d'en arriver là.
- Et je maintiens que cela vaut mieux pour tout le monde. Toi en premier.
- C'est ce que j'ai passé la semaine à essayer de me dire. Mais je t'avoue que je ne vois pas dans quel monde être obligé d'attendre la nuit pour entrer par effraction ici pour te voir vaut mieux pour moi.
- Ne pense pas que c'est facile pour moi ! protesta Seto. Au moins j'ai la certitude que tu es en sécurité.
- Tu m'as habitué à élaborer des stratégies plus intelligentes, Seto, remarqua Makuba. Malgré l'orage médiatique, tu penses vraiment qu'il y a une personne sur terre qui doute du fait que tu te précipiterais à mon secours s'il m'arrivait quelque chose ?
- Nous leur avons au moins donné une raison de le croire. Une dispute suffisamment violente pour que tu claques la porte de la maison et de la société, rien d'autre ne pourrait les convaincre d'arrêter de s'en prendre à toi pour m'atteindre. Je pensais que tu l'avais admis quand tu avais accepté de partir.
- J'ai accepté de partir parce que c'était la seule solution que tu voulais entendre et qu'on se serait engueulés pour de vrai si tu avais continué à me harceler avec cette idée pourrie.
- Alors pourquoi as-tu pris le risque de revenir ? Si quelqu'un t'avait vu tout serait tombé à l'eau.
- Justement. C'est le défaut de ton plan: Il est trop risqué. Tout le monde comprendra la vérité si quoi que ce soit leur laisse entendre que nous nous parlons encore, même rarement. Je suis là parce que j'ai eu le temps de réfléchir à un moyen de sortir de cette crise.
- Il n'y a aucun moyen, Makuba, soupira Seto. Si tu reviens publiquement, tout le monde comprendra que ce n'était qu'un subterfuge pour leur faire croire que tu ne m'es plus aussi précieux que par le passé.
- Pas si je ne reviens pas comme avant. Un communiqué de presse commun, annonçant que nous avons discuté et trouvé un terrain d'entente. Rien de plus. Je ne reviens pas à la Kaïba Corp ni même à la maison. Mais on apparaît une fois ou deux en train de manger ensemble ou au téléphone l'un avec l'autre. On sort de cet orage par le haut, tu recommences à apparaître dans la société, en public même, à avancer, à participer à des duels, à discuter avec tes employés… On recommence notre vie chacun de notre côté, en étant apaisés vis-à-vis de ça, en continuant à nous voir et nous parler même si on a désormais des vies et des centres d'intérêts différents. Et là… Là, ça pourrait marcher. Là, on pourrait réussir à faire croire que tu es passé à autre chose et que tu as désormais dans ta vie d'autres choses de plus précieuses que moi.
Seto resta silencieux. Il ne pouvait pas nier que lui-même s'était demandé combien de temps il pourrait tenir sans s'effondrer, combien de temps il serait obligé de se cacher pour ne pas montrer à quel point chaque seconde passée en sachant qu'il ne pourrait plus jamais voir son frère lui crevait le cœur et le détruisait de l'intérieur. Une réconciliation publique, qui lui permettrait de le voir, de lui rendre visite, de lui téléphoner même, sans que cela n'éveille aucun soupçon. Cette idée lui plaisait. A un détail près.
- Tu es conscient que je ne me donne pas six mois avant de te supplier de rentrer à la maison parce que tu continueras à trop me manquer, même en nous croisant par intermittence ?
- Je ne te donnais même pas un mois, approuva Makuba. Je le sais bien, que mon plan est aussi pourri que le tien. Mais au moins, le mien nous permet de nous voir.
Kaïba laissa échapper un ricanement amusé devant l'aveu de Makuba et soupira:
- Nous sommes définitivement les deux pires stratèges que la Kaïba Corp n'ait jamais connue à sa présidence. Mais entendu. Quitte à admettre la défaite de mon propre plan, alors autant tenter le tien et voir ce que ça donne.
Un sourire soulagé apparut sur le visage de Makuba devant l'acceptation de son frère. Il se redressa de son fauteuil mais eut un mouvement d'hésitation. Seto sembla comprendre ce qu'il voulait faire et demanda:
- Tu es absolument certain que nous sommes seuls et que personne ne t'a vu ?
- Certain.
- Alors viens-là.
Son sourire s'élargit et Makuba se jeta contre son frère qui le serra dans ses bras. Seto sentit toute la pression et l'angoisse accumulées durant cette semaine s'évanouir pendant que son visage s'enfouissait dans les cheveux de son frère et celui-ci murmura:
- Tu m'as tellement manqué…
Ce truc était beaucoup mieux dans ma tête et je ne savais pas comment le conclure. J'espère qu'il vous a plu quand même !
