Voici un nouveau chapitre, bonne lecture en esperant que celle-ci vous éclaire...
Hélène était assise à son bureau, la lueur tamisée de sa lampe créant un halo chaleureux dans sa chambre. Les murs étaient couverts d'étagères surchargées de livres et de parchemins, et une bougie à la senteur de cèdre et d'orange brûlait doucement près de la fenêtre. Devant elle, plusieurs ouvrages ouverts se disputaient son attention ; son devoir de runes l'obligeait à comparer trois interprétations différentes de l'écriture runique ancienne.
Hélène traçait des symboles sur un morceau de parchemin, concentrée, plongée dans les nuances des runes de protection, de guérison et de transformation. Elle déchiffrait chaque trait, chaque courbe avec soin, ressentant presque l'énergie subtile qui émanait de ces symboles mystérieux. Au fil des ans, elle avait appris à respecter la puissance des runes, un savoir ancien et complexe, transmis depuis des générations.
Soudain, une brume argentée apparut au-dessus de son bureau, interrompant le silence. Elle recula instinctivement, ses doigts se crispant sur sa plume. Un parchemin flottait dans l'air, se dépliant lentement pour révéler un texte qui semblait à la fois ancien et étrangement familier.
Hélène fronça les sourcils, observant le parchemin qui descendait lentement devant elle pour se poser délicatement sur son livre de runes. L'écriture, élégante et raffinée, semblait scintiller d'une lueur bleutée. Intriguée, elle approcha sa main, hésitant à le toucher, mais une pulsion étrange, comme un appel lointain, la poussa à le saisir.
Les premières lignes de l'écrit capturèrent immédiatement son attention :
"À l'élève dont l'esprit est assoiffé de savoir,
La magie ancienne t'appelle.
Au moment propice, là où le silence règne,
Le secret te sera révélé."
Hélène sentit un frisson parcourir sa peau. Les mots semblaient résonner en elle, comme s'ils avaient été écrits spécialement pour elle. Elle savait que son école prenait très au sérieux l'apprentissage de la magie ancienne, mais il était rare de recevoir un message aussi personnel, et encore moins de cette manière.
Elle se releva et tourna le parchemin pour s'assurer qu'aucune autre instruction n'était cachée. En bas, une signature stylisée en forme de rune inconnue scintillait. C'était une forme unique, composée de traits qui ne ressemblaient à aucun des symboles qu'elle avait étudiés jusqu'à présent. Elle tenta de déchiffrer la signification, mais sans succès.
L'étrangeté de la situation la plongea dans une réflexion intense. Le parchemin contenait-il un message caché ? Était-ce un test secret pour évaluer sa capacité à interpréter des signes ? Sa main tremblante toucha le bord du parchemin, et à cet instant, une décharge d'énergie la parcourut. Les runes de son propre devoir, dispersées autour d'elle, s'illuminèrent brièvement, émettant une faible lumière dorée, comme si elles réagissaient à la présence du mystérieux parchemin.
Hélène réalisa qu'elle devait en savoir plus. L'une des phrases gravées dans son esprit la hantait : "Au moment propice, là où le silence règne." Le silence. La nuit. Peut-être que le secret se dévoilerait lorsqu'elle serait seule, à une heure tardive, dans un endroit spécifique de l'école.
Elle plia soigneusement le parchemin et le glissa entre les pages de son livre de runes, son esprit tournoyant d'hypothèses et de questions. Ce devoir prenait soudainement un tour bien plus intrigant, et Hélène comprit qu'elle venait de franchir la première étape d'un mystère ancien, un mystère qui semblait l'appeler, elle, et personne d'autre.
Plus tard dans la nuit, une fois que les murmures des couloirs s'étaient dissipés et que l'école entière semblait plongée dans un profond sommeil, Hélène se redressa dans son lit. L'idée du mystérieux parchemin ne la laissait pas en paix. Les mots tournaient dans sa tête comme une litanie, chaque répétition renforçant sa détermination à découvrir ce qui se cachait derrière ce message.
Elle se glissa hors de son lit en silence, son cœur battant à la fois de crainte et d'excitation. Elle savait que cette quête pourrait être risquée. Pourtant, un instinct irrépressible lui soufflait que le parchemin l'avait appelée ici pour une raison. Et Hélène n'était pas du genre à ignorer un tel appel.
Elle ferma les yeux, murmurant les mots de sa transformation. Une douce sensation de chaleur l'envahit tandis que son corps s'amenuisait et se couvrait de poils gris argentés. En quelques secondes, elle était devenue un petit chat gracieux aux yeux ambrés et perçants. Hélène appréciait particulièrement cette forme : elle lui conférait discrétion, agilité et un sens accru de l'observation.
Silencieuse comme une ombre, elle se faufila hors de son dortoir et se dirigea vers la tour d'astronomie. Le château était immense, mais elle connaissait chaque couloir, chaque recoin secret. Sa forme féline lui permettait de se déplacer sans bruit, évitant habilement les crépitements occasionnels des torches et les recoins sombres où un enseignant ou un fantôme pourrait apparaître.
Arrivée au pied de la tour, elle entreprit de grimper l'escalier en colimaçon, sentant la pierre froide sous ses pattes. La montée semblait interminable, chaque pas résonnant doucement dans le silence de la nuit. Enfin, elle déboucha sur la plate-forme de la tour, ouverte aux étoiles. Le ciel était limpide, et la lune brillait haut, baignant tout d'une lumière argentée.
Hélène reprit sa forme humaine, inspirant profondément l'air nocturne chargé de magie et de mystère. Elle regarda autour d'elle, cherchant un signe, un indice... mais tout semblait calme. Peut-être avait-elle mal compris le message du parchemin ? Mais alors qu'elle s'apprêtait à repartir, un halo de lumière familière, d'un argent bleuté, apparut à quelques mètres devant elle, flottant doucement dans l'air nocturne.
Elle s'approcha lentement, le cœur battant. La lumière créait un contraste saisissant avec la pénombre environnante, et elle semblait danser, comme vivante, l'invitant à s'approcher. Le halo s'intensifia, et une fois de plus, un parchemin apparut, semblable à celui de sa chambre, mais plus détaillé. Cette fois, des symboles runiques entouraient le texte principal, formant un cercle de protection ou peut-être... une invocation.
Elle déchiffra les premiers mots, qui se mirent à briller sous son regard attentif :
"Seuls ceux qui cherchent la Vérité peuvent entrer. Lis les mots à haute voix, et le chemin te sera révélé."
Une étrange énergie se mit à crépiter dans l'air autour d'elle. Hélène inspira profondément, consciente que ce moment représentait bien plus qu'une simple exploration nocturne. Elle était à l'aube d'un mystère qui, elle le pressentait, changerait sa vie.
D'une voix basse, presque chuchotée, elle commença à prononcer les mots du parchemin, sa voix résonnant dans le silence de la nuit.Les mots sur le parchemin s'illuminèrent sous le regard d'Hélène, et quelque chose d'étrange se produisit : les runes tracées au centre se mirent à bouger, réarrangeant leurs formes sous ses yeux ébahis. Le texte initial semblait se transformer, chaque lettre se détachant pour former de nouveaux mots. Hélène sentit une énergie puissante émaner du parchemin, comme si une volonté ancienne y avait été scellée, une force que rien n'avait encore pu réveiller… jusqu'à ce moment précis.
Elle observa, hypnotisée, les lettres en mouvement s'assembler lentement pour former des phrases qui n'étaient pas les siennes. Le texte ainsi révélé paraissait à la fois lumineux et sombre, empreint d'un mystère et d'un poids qu'elle ne parvenait pas à saisir pleinement. Ses yeux fixaient les mots, son souffle se suspendant alors qu'elle lisait :
"À toi, Hélène, porteuse d'un destin scellé dans l'ombre et la lumière… tu porteras l'enfant du Mage Noir, et cet enfant sera l'allié de l'Élu."
Hélène sentit un frisson glacial parcourir tout son corps. Ces mots résonnaient en elle avec une intensité qu'elle ne pouvait ignorer. Elle essaya de se convaincre qu'il s'agissait d'une erreur, que peut-être son esprit fatigué lui jouait des tours. Pourtant, le parchemin semblait animé d'une volonté propre, sa lueur bleutée vibrante, presque vivante. Elle continua à lire, la voix tremblante :
"De ton sang et du sien naîtra une lignée puissante, porteuse de lumière dans les ténèbres. Cette lignée guidera les âmes perdues et les ramènera vers la paix."
La prophétie n'était pas seulement pour elle, elle le comprit alors. Elle annonçait une lignée, un héritage qui s'étendrait au-delà de sa propre vie, au-delà de ses propres choix. Elle, Hélène, une simple élève passionnée de runes, était censée donner naissance à cet enfant ? Un enfant lié au Mage Noir ? La terreur mêlée de fascination la clouait sur place.
Les derniers mots s'effacèrent dans une lueur argentée, ne laissant derrière eux qu'une trace de lumière évanescente qui dansa dans l'air quelques secondes avant de disparaître complètement. Hélène resta un instant figée, sentant la signification des mots se graver en elle, une prophétie à laquelle elle ne pouvait désormais plus échapper. L'idée même la dépassait, mais une part d'elle savait que ce destin, aussi sombre soit-il, était déjà ancré en elle.
Elle se releva, l'esprit embrumé de questions sans réponse. Le silence autour d'elle était désormais lourd, rempli de présages inquiétants. Elle savait que rien, désormais, ne serait jamais comme avant.
Hélène demeura figée, le parchemin ayant révélé une vérité si brutale qu'elle peinait à en saisir les mots. Mais avant qu'elle ne puisse rassembler ses pensées, elle sentit une présence derrière elle, une silhouette familière et bienveillante qu'elle aurait reconnue entre mille.
Albus, son parrain, se tenait là, le regard rempli de compassion et de tristesse, comme s'il portait depuis longtemps le poids de ce moment inévitable. Les traits de son visage, d'ordinaire si calmes, semblaient marqués par des années de secrets et de sacrifices qu'il avait tus pour la protéger.
« Albus… » murmura-t-elle, la voix serrée d'incompréhension et de colère. « Tu… tu savais ? Depuis combien de temps ? »
Il baissa les yeux, inspirant profondément avant de répondre, sa voix teintée d'une gravité inhabituelle. « Depuis le jour de ta naissance, Hélène. »
Elle le regarda, incrédule, sentant sa gorge se nouer de colère. « Qu'est-ce que tu veux dire ? Comment aurais-tu pu savoir… dès ce jour-là ? »
Albus hésita un instant, puis s'avança lentement, sa voix douce mais posée. « Le jour où tu es née, une divinatrice de talent est venue à notre rencontre. Elle m'a fait une prophétie, une vision d'une destinée qui, m'a-t-elle dit, te lierait aux forces de lumière et d'ombre. Elle m'a parlé de cet enfant à venir, celui que tu porterais… un enfant qui serait à la fois l'héritier d'une lignée sombre et un allié de l'Élu. Elle m'a prévenu que cet enfant — ta descendance — jouerait un rôle déterminant dans le destin des âmes perdues. »
Hélène sentit le sol vaciller sous elle. Ses pensées tournaient en un tourbillon de questions et de ressentiments. Son propre parrain, la personne qu'elle avait toujours crue être son protecteur, son guide, portait ce secret depuis le début de sa vie. « Et tu as décidé de me le cacher ? De me laisser grandir dans l'ignorance, sans jamais rien dire ? »
« Je voulais te préserver, Hélène, » répondit Albus, un mélange de peine et de résignation dans le regard. « Tu méritais une enfance libre de toute destinée, de toute prophétie. J'espérais même, à vrai dire, que cette vision ne soit qu'un écho de quelque avenir lointain, une possibilité qui ne s'accomplirait jamais. Mais… ce soir, il est devenu évident que la prophétie est en marche. »
Les mots d'Albus ne faisaient qu'alimenter la tempête en elle. Elle recula d'un pas, les poings serrés, refusant de céder à la vague d'émotions contradictoires qui la submergeait. « Alors tout ça… ta bienveillance, ta protection… ce n'était que parce que tu connaissais ma destinée ? Je n'étais pour toi qu'une pièce d'un plan ? »
Albus secoua doucement la tête, son expression marquée par la douleur. « Non, Hélène. Rien de ce que je ressens pour toi n'est calculé. Je t'aime comme ma propre fille. Chaque moment que nous avons partagé, chaque instant où j'ai été là pour toi, n'a rien à voir avec cette prophétie. Mais j'avais la responsabilité de garder ce secret, et je portais l'espoir que tu n'aurais jamais besoin de le découvrir. »
Elle le fixa un moment, déchirée entre le besoin de lui faire confiance et le sentiment de trahison qui brûlait en elle. Ses yeux brillaient de larmes qu'elle refusait de laisser couler, sa voix brisée par la douleur. « Alors maintenant… je dois porter cet avenir ? Tout cela me retombe dessus, et c'est mon devoir d'accepter ce destin ? »
« Non, Hélène, » répondit doucement Albus, sa voix empreinte d'une tendresse infinie. « Rien n'est gravé dans le marbre. La prophétie est une possibilité, pas une obligation. Ton avenir t'appartient encore. Ce que je veux te dire ce soir, c'est que, peu importe la destinée qui te semble imposée, tes choix restent les tiens. »
Hélène détourna le regard, le cœur battant, assaillie par des émotions intenses et contradictoires. Elle aurait voulu se réfugier dans les bras de son parrain, mais une part d'elle se sentait trahie, comme si un voile d'illusion s'était déchiré, exposant une réalité qu'elle n'était pas prête à affronter. Elle inspira profondément, tentant de retrouver son calme.
« Je… j'ai besoin de temps, » murmura-t-elle finalement, incapable de soutenir plus longtemps le regard d'Albus.
Il hocha la tête, respectant sa douleur sans insister davantage. « Prends tout le temps dont tu as besoin. Je serai toujours là, pour t'écouter, pour te guider… si tu en as besoin. »
Hélène esquissa un signe de tête, et, sans un mot de plus, elle tourna les talons, s'éloignant dans la nuit. Les mots de la prophétie résonnaient encore en elle, comme une mélodie sombre et implacable, tandis qu'elle quittait la tour d'astronomie, le cœur lourd et l'esprit tourmenté, consciente que sa vie venait de changer irrémédiablement.
Alors su'en pensez vous de ce tournant dans l'histoire ?
