"Ma mission était claire, je devais tuer Albus Dumbledore, par tous les moyens possibles."
Théodore ferma le carnet et resta immobile, le regard fixé sur ses mains, pendant de longues minutes. Il venait de passer les deux dernières heures à lire la première partie du récit de Drago. Il l'avait reçue par hibou dans la journée et s'était aussitôt installé sur le balcon de la bibliothèque pour la lire.
Son cœur battait bruyamment dans sa poitrine, il avait mal à la tête. Il avait des fourmis dans les mains, il serrait si fort ses doigts autour du carnet qu'ils étaient douloureux. Et surtout, il se sentait lourd. Lourd de tout ce qu'il avait appris en lisant les mots de son meilleur ami. Lourd de toutes ces souffrances et toutes ces révélations.
Lui qui avait cru tout savoir de ce qu'il avait vécu avant sa sixième année. Lui qui avait cru être assez proche de Drago pour le connaître par cœur. Il ne savait rien. Rien.
Il s'en voulait de ne rien avoir vu de tout ça, trop concentré sur son propre père. Théo avait passé sa scolarité renfermé sur lui-même à recevoir des lettres de son géniteur le menaçant de faire du mal à sa mère s'il ne se comportait pas de la bonne façon. Il avait été éduqué pour devenir la parfaite copie de Nott Sr., un homme d'une cruauté évidente et d'un tempérament plein de folie.
Il avait eu cependant la chance de n'avoir personne d'autre que son père pour le martyriser. On ne l'avait jamais poussé à quoi que ce soit si ce n'était des menaces qu'il savait pourtant réelles. Théodore n'avait jamais lancé d'Impardonnable et n'en n'avait jamais reçu non plus. Sa mère subissait tout à sa place. C'était ainsi qu'elle avait perdu la vie, sous les sorts de son mari.
Il avait été marqué bien plus tard que Drago, seulement quelques jours avant la Bataille Finale. Avant cela, il avait réussi à rester caché à Poudlard, suffisamment longtemps pour que son père le pense mort. C'était jusqu'à ce que l'un des jumeaux Carrow l'aperçoive au détour d'un couloir. Il avait été amené de force au Manoir Nott et avait été marqué dans les heures qui avaient suivi. Son père ne lui avait pas lancé un seul sort. Sa mère était morte le soir-même.
Il était revenu à Poudlard le jour de la Bataille Finale. Il y avait vu Harry pour la dernière fois. Il se souvenait souffrir encore de sa Marque ce jour-là, il se souvenait ne s'être que peu battu, incapable de lever sa main gauche pour se défendre. Il s'était caché, lâchement. Harry l'avait trouvé et pendant quelques minutes, Théo avait eu de l'espoir, il avait cru que les choses finiraient bien pour lui, qu'Harry pourrait le protéger.
C'était la dernière fois qu'il l'avait vu.
– Maître ? Maître, tout va bien ?
Théo se tourna brusquement vers Satine, qui l'observait d'un regard inquiet quelques mètres plus loin. Elle semblait défaite, terrifiée et le regardait avec de grands yeux pleins de larmes.
Il réalisa alors que ses propres joues en étaient couvertes. Il pleurait silencieusement depuis quelques minutes, sans l'avoir remarqué. Les mots de Drago étaient encore imprimés dans son esprit. Il revoyait ses phrases, ses paragraphes emplis d'une souffrance certaine pourtant cachée derrière une objectivité et un ton neutre. C'était destructeur.
Il s'empressa d'essuyer ses pommettes avec le revers de sa manche et sauta sur ses pieds, le carnet de Drago serré contre son torse.
– Tout va bien, Satine, la rassura-t-il aussitôt. J'ai juste… Ce sont mes allergies, avec le printemps, le pollen, mes yeux pleurent tout seul.
Elle ne sembla pas convaincue, mais elle hocha tout de même la tête. Elle se balançait d'un pied sur l'autre.
– Voulez-vous quelque chose, Maître ? Satine peut vous ramener un thé, ou bien un chocolat chaud, comme quand vous étiez enfant, Maître !
Il fut ramené en arrière à nouveau avec cette simple phrase. Il se souvenait de toutes les fois où son elfe lui avait apporté des boissons chaudes le soir, après des dîners plein de remontrances et de cris alcoolisés de son père. C'était son moyen de réconfort à lui.
Une autre preuve qu'elle ne croyait pas son excuse de pollen.
– Volontiers, répondit-il alors avec un léger sourire. Apporte-le-moi dans l'atelier, je vais être occupé un long moment.
Elle disparut après avoir hoché la tête et Théo se permit de souffler tout l'air qu'il avait bloqué dans sa poitrine. Le moment qu'il avait attendu depuis des semaines était enfin là : il allait pouvoir commencer ses illustrations et rendre son projet encore plus concret.
Il passa tout le reste de la journée enfermé dans son atelier. Il s'était assis sur le sol et avait sorti des tas de feuilles pour commencer ses brouillons, les premières ébauches de ses dessins. Il y avait des croquis de partout lorsque la nuit tomba. Il avait du crayon sur les doigts, des traces de couleurs sur ses vêtements et un mal de dos considérable, mais son plan était prêt. Il savait ce qu'il illustrerait, quels passages, quels moments de vie. Tout était prêt.
Plus tard, lorsque Harry rentra de Grande-Bretagne et qu'ils montèrent se coucher, Théo serra un peu plus fort son mari dans ses bras. Les choses avançaient, il le sentait.
Et pourtant, il ressentait ce besoin d'avoir son époux contre lui, d'être rassuré, câliné. Il s'était replongé tant de fois dans son passé durant la journée qu'il en avait besoin. Harry le serra dans ses bras en retour et il put s'endormir plus calme, plus serein. C'était bien.
oOo
– Drago ?
Il leva la tête de son roman et fronça les sourcils en voyant Hermione se tenir dans l'embrasure de la porte de la bibliothèque, l'air gêné. Quelque chose la tracassait, il le voyait à son regard, à sa posture.
Il était installé dans un fauteuil depuis environ une heure et lisait l'ouvrage qu'Hermione lui avait ramené la veille. Un roman sur la solitude, sur la peur. Tout se passait en Roumanie et il devait avouer que les descriptions des paysages le faisaient rêver.
– Tu veux bien m'aider à laver Albert ? demanda-t-elle avec un moue suppliante sur les lèvres.
Il esquissa un sourire amusé et ferma son livre, avant de croiser les bras sur son torse. Il avait eu peur pendant quelques instants qu'il se soit passé quelque chose de grave. Il s'en amusa intérieurement et haussa un sourcil.
– Tu ne peux pas le faire toute seule ? demanda-t-il avec défi.
Elle leva les yeux au ciel et s'avança jusqu'à lui. Elle s'arrêta juste avant que leurs genoux ne se touchent. Drago sentait la chaleur de son corps près du sien. C'était bien.
– J'ai eu une grosse journée, répondit-elle en se mordant la lèvre inférieure. Et Albert s'est roulé dans la boue sur le chemin du retour.
– Qu'est-ce que j'aurai en échange ? fit-il avec un sourire en coin de bouche, tout en jouant avec ses sourcils.
Elle lui frappa gentiment le bras et il fit mine de souffrir. Elle riait lorsqu'elle reprit la parole. C'était doux.
– Ma gratitude éternelle ? suggéra-t-elle en s'avançant jusqu'à se retrouver entre ses jambes.
– Hum, il faut que je réfléchisse. L'offre ne me paraît pas suffisante.
– Je m'occuperai du dîner, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel, le sourire aux lèvres.
– Pour que je finisse empoisonné ? Je savais que tu ne me portais pas dans ton cœur, mais de là à intoxiquer ouvertement ton époux, je ne te pensais pas comme ça, Hermione !
Son visage passa du rire à la surprise, et pendant quelques secondes, Drago pensa être allé trop loin. Il n'aurait pas dû dire ça, il n'aurait pas dû faire cette blague. C'était trop. Elle allait lui en vouloir. C'en était fini.
– Idiot, finit-elle par dire en riant, avant de lui frapper le bras une seconde fois. Viens m'aider, s'il te plaît.
Elle refit cette moue adorable à laquelle il fut incapable de résister. Il soupira théâtralement et finit par se lever. Seuls quelques centimètres les séparaient.
– Tu m'en dois une, Granger, surtout si je salis mes vêtements.
Elle se contenta de l'embrasser sur la joue comme seule réponse, avant de s'enfuir de la bibliothèque sans cesser de rire. Il l'entendait résonner dans toute la maison. C'était si agréable. Il la suivit en secouant la tête. Il était si faible quand il s'agissait d'elle.
Elle avait laissé Albert dehors et avait préparé tout ce dont ils avaient besoin pour le laver. Son pelage était passé du blanc au marron, voire noir par certains endroits, et Drago grimaça en réalisant le temps que ça leur prendrait. Certaines saletés semblaient incrustées dans les poils.
Il y avait une grande bassine d'eau savonneuse et un tuyau d'arrosage prêts pour l'utilisation. Albert courait dans l'herbe encore trempée par l'averse qui avait éclaté dans la matinée et Hermione dut l'appeler plusieurs fois avant qu'il ne daigne enfin les rejoindre.
– Assis, Albert, lui demanda-t-elle en ouvrant le robinet pour laisser l'eau couler. Je pense qu'il va nous falloir deux ou trois lavages avant qu'il soit vraiment propre. Je ne veux pas qu'il rentre dans la maison avec la moindre saleté.
– Je ne te pensais pas du genre maniaque, fit Drago depuis l'autre bout du tuyau, en commençant à mouiller le chien. Toi qui laisses toujours tes affaires traîner partout.
Elle fit une tête outrée et l'aspergea avec de l'eau savonneuse, alors même qu'elle s'apprêtait à s'occuper d'Albert.
– Hey ! C'est pas moi que tu dois laver !
– Tu le mérites, répliqua-t-elle en lui tirant puérilement la langue.
Il la fusilla du regard, bien qu'il sache que sa colère soit peu convaincante. Il était tenté de la viser avec le tuyau d'arrosage, mais se retint, sachant que cela ne ferait que dégénérer et qu'ils finiraient par en oublier Albert.
Seulement, après deux premiers lavages plutôt concluants, il ne put résister à la tentation. Hermione était silencieuse depuis quelques minutes, c'était presque trop paisible. Alors qu'elle passait un coup de brosse sur le ventre d'Albert, qui aboyait joyeusement, Drago changea le tuyau de direction et Hermione se retrouva aussitôt trempée. Elle poussa un cri de surprise et lâcha la brosse, alors que son chien se mettait à lui lécher le visage.
– Espèce de… Drago ! s'exclama-t-elle en écartant ses cheveux trempés de son visage. Tu vas me le payer !
Drago sut alors qu'elle aurait sa peau et ferma rapidement le tuyau, avant de s'enfuir en courant. Il se tourna, riant aux éclats, et vit qu'elle le suivait de près. Son visage était rouge et ses cheveux collaient à ses joues, mais il la trouva magnifique.
Il se sentait si bien. Il riait à gorge déployée, les yeux pétillants de bonheur et le cœur léger.
Hermione finit par lui sauter dessus par derrière et ils tombèrent tous les deux dans l'herbe mouillée. Il se figea, au départ brusqué par ce contact. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle fasse cela, c'était beaucoup d'un coup. Il aimait son contact, mais est-ce que celui-ci n'était pas de trop ?
Il se laissa quelques secondes pour fermer les yeux et calmer la montée de panique qui lui prit aux tripes. Ce furent les rires continus d'Hermione qui l'aidèrent à se détendre. Son rire était contagieux, et il la rejoignit rapidement. C'était bien. Ce n'était qu'Hermione. Il allait bien. Elle ne lui voulait aucun mal. Son contact était agréable, il l'était toujours.
– Vous êtes en état d'arrestation pour arrosage illégal sur personne innocente, lui dit-elle en riant, à califourchon sur son dos. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
Il n'arrivait pas à s'arrêter de rire. C'était trop bon. Tout allait bien. Mieux.
Il se retourna d'un seul coup et la fit tomber d'un même mouvement. À son tour, il s'installa à califourchon sur ses hanches et lui attrapa les mains. Ils étaient essoufflés, mais ne cessaient pas de rire.
Il fixa son regard dans le sien. Les joues et le bout du nez d'Hermione étaient rouges, elle avait des étoiles dans les yeux et des gouttes d'eau avaient dégouliné de ses cheveux jusqu'à son front. Il la trouvait magnifique, il ne cessait de se le répéter. Elle était magnifique. Elle était là, dans ses bras, contre lui, rien que pour lui. C'était bien.
Bientôt, leurs rires s'estompèrent et seules leurs respirations purent être entendues. Leurs poitrines se soulevaient rapidement, ils retrouvaient leur calme petit à petit. Hermione souriait, tout son visage était éclairé par une joie certaine et Drago savait qu'il en était de même pour lui. Elle le regardait avec douceur, avec bonheur. C'était agréable.
Drago en avait des papillons dans le ventre. Chaque fois qu'elle le regardait ainsi, il sentait le bas de son ventre se réchauffer et son cœur battre un peu plus fort.
Il entremêla leurs doigts ensemble sans la quitter des yeux. Il se sentait si bien. Il avait l'impression de revivre depuis des semaines, que toutes ses sensations, ses émotions, étaient décuplées.
Finalement, il se retira de ses hanches et s'allongea à ses côtés. Il n'en avait plus rien à faire de salir ses vêtements ou bien de tremper ses cheveux à cause de l'herbe mouillée. C'était bien.
Leurs mains étaient toujours entrelacées et Hermione se tourna pour se blottir contre lui. Elle posa sa tête sur son torse et ramena leurs mains liées sur son ventre. Le silence s'installa entre eux. Au loin, Albert aboyait, il courait probablement après un oiseau autour de la maison, ou bien une souris égarée. Drago n'en avait que faire. C'était bien.
Il dégagea l'une des mèches de cheveux d'Hermione qui s'était collée à son visage et lui sourit. Elle lui sourit en retour, la tête juste assez relevée pour que leurs regards se croisent.
– J'ai fait assez de sport pour toute la semaine, plaisanta-t-elle alors.
Son rire fit vibrer leurs deux poitrines. C'était si agréable de l'avoir tout contre lui ainsi.
– Tu veux dire que tu ne viendras pas marcher avec moi mardi ? demanda-t-il suspicieusement en plissant les yeux.
– Bien sûr que si ! répondit-elle aussitôt. Je ne raterais ça pour rien au monde.
Elle avait appuyé son menton sur le torse de Drago pour le regarder dans les yeux. Il posa sa paume sur sa joue et la caressa avec son pouce. Il traça la forme de sa pommette du bout de son doigt, jusqu'à ses lèvres, dont il dessina les contours. Elle était magnifique. Il ne se lassait pas de la regarder.
– Tu as toujours les mains chaudes, murmura-t-elle.
– Et toi froides, répondit-il avec un sourire.
Ils se complétaient. Ils n'avaient pas besoin de le dire à voix haute pour le savoir. D'un seul regard, ce fait était acté entre eux. Il flottait entre leurs deux visages, agréable, intriguant.
Hermione s'avança jusqu'à déposer ses lèvres sur celles de Drago, leurs poitrines collées l'une à l'autre et leurs jambes entremêlées. Leurs souffles se mêlaient, c'était harmonieux. Drago avait le sentiment d'être à sa place dans ses bras.
Il se demandait parfois comment les choses avaient changé entre eux. Pourquoi elle l'acceptait si proche de lui. Puis il renvoyait ces questionnements au fin fond de son esprit, peu envieux de trop réfléchir à ce sujet. C'était bien comme ça. Il ne voulait pas se faire de frayeurs inutiles en s'imaginant qu'elle puisse le laisser tomber du jour au lendemain. Il savait qu'il réfléchissait trop, il savait qu'il était capable de tout tourner en catastrophe, alors il se retenait, il évitait ces pensées. C'était bien mieux ainsi.
Elle reposa sa tête sur son torse et il passa un bras autour de ses épaules pour la serrer contre lui.
– Je n'allais pas très bien tout à l'heure, chuchota-t-elle sur le ton de la confidence.
Il dut tendre l'oreille pour entendre le reste de ses paroles. Il aimait tant qu'elle se sente assez bien pour lui confier de telles choses. Il caressait son bras du bout des doigts et sentit sa peau se couvrir de chair de poule.
– Je ne sais pas vraiment pourquoi, continua-t-elle en fermant les yeux. Je me sentais juste… mal, et angoissée. Alors je me suis dit que… je me suis dit que je devais me changer les idées, que je devais passer du temps avec toi pour que ça passe.
– Et ça a fonctionné ? murmura-t-il avant d'embrasser son front.
Il avait besoin de l'apaiser, de lui montrer qu'il était là pour l'écouter, pour la soutenir. Il avait l'impression qu'il le devait.
Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête, un petit sourire sur les lèvres.
– Tu m'as fait rire et sourire, même dans un moment où je n'en avais pas envie, lui confia-t-elle.
Le cœur de Drago rata un battement à ces mots. Il frissonna, à cause de ses mots ou du froid ? Il n'en avait aucune idée. Ça n'avait pas d'importance. C'était bien. Très bien.
oOo
Harry apparut dans le hall d'entrée du Manoir et envoya directement son manteau et ses affaires se ranger dans les différents placards de la résidence.
La matinée avait été plutôt légère, contrairement à ce dont il avait l'habitude. Blaise et lui n'avaient pas travaillé longtemps avant d'être emportés dans des discussions qui n'avaient rien à voir avec les projets de loi ou les mangemorts. Ils avaient d'ailleurs fini par quitter le cabinet et se rendre dans l'appartement de Blaise finir leur conversation avant qu'Harry ne doive rentrer.
En effet, celui-ci avait prévenu son collègue qu'il était attendu pour déjeuner, car ce jour-là, Ginny avait invité sa toute nouvelle amie pour manger. Rachel.
Elle en parlait si souvent que c'était devenu l'un des principaux sujets de discussion pendant les repas. Rachel par-ci, Rachel par-là, c'était à se demander si Ginny avait d'autres intérêts.
Mais Harry ne s'en plaignait pas. Il était heureux de voir que sa meilleure amie avait autre chose à penser qu'Astoria, ou bien aux lettres répétitives de Molly qui lui demandait de venir passer quelques jours au Terrier.
Elle n'était peut-être pas heureuse du petit boulot qu'elle s'était trouvé, mais cela semblait être devenu le dernier de ses soucis. Rachel et elle passaient leurs déjeuners ensemble et rentraient toutes les deux une fois la journée terminée.
C'était pourtant la première fois que Théo et Harry la rencontreraient. Ginny avait fini par leur demander la permission de l'inviter à déjeuner et ils avaient tout de suite accepté.
Si Harry s'était attendu à ce que son époux refuse au premier abord, il avait agréablement surpris de le voir aussi content pour elle qu'il l'était. Harry n'irait pas jusqu'à dire que Théo et Ginny étaient amis, mais il les surprenait parfois en profondes discussions sérieuses auxquelles il n'osait jamais se mêler. Leur ménage à trois, sans mauvais jeu de mots, se passait pour le mieux.
Lorsqu'il entra dans le séjour, ils étaient tous installés dans les différents canapés, des verres d'apéritif dans les mains et un bol d'olives sur la table basse. Ils semblaient silencieux, presque gênés. Ils tournèrent tous les trois la tête en l'entendant entrer et Harry vit les visages de Ginny et Théo se détendre soudainement.
Par Godric, heureusement qu'il était arrivé.
– Harry ! s'exclama Ginny, comme si elle ne l'avait pas vu depuis des années. Nous ne t'attendions plus !
Il se passa une main dans les cheveux, gêné à son tour, et les rejoignit.
– Désolé, Pansy est arrivée quand j'allais partir et nous a fait la conversation pendant dix longues minutes. Elle était assez perturbée, en fait, donc je n'ai pas osé partir, dit-il en s'installant à côté de Théo.
Il lui embrassa furtivement la joue, puis se tourna vers Rachel. La première chose qu'il remarqua chez elle fut son regard. Elle semblait savoir quelque chose qu'il ne savait pas. C'était perturbant.
– Harry, se présenta-t-il en lui tendant une main par-dessus la table basse.
– Rachel, sourit-elle en l'attrapant.
– Que voulait Pansy ? demanda Théo en anglais.
Si Harry fut surpris qu'il n'utilise pas son talent incontestable pour la langue française, il n'en fit aucun commentaire. Il lui sembla que l'ambiance qui avait flotté entre les trois avait été lourde avant son arrivée.
– Rien de spécial, en tout cas Blaise semblait assez habitué à ce sujet de conversation. Avec l'anniversaire de la mort de Daphné en septembre, elle veut à tout prix…
– Qu'est-ce que tu as dit ? l'interrompit Ginny brusquement.
Théo et Harry tournèrent la tête vers la rouquine. Celle-ci avait considérablement pâli et les regardait avec confusion.
– Qu'est-ce que tu viens de dire Harry ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
Il jeta un coup d'œil à Théo, perturbé. Que se passait-il ?
– Avec l'anniversaire de la mort de Daphné…
– C'est une blague, hein ? le coupa-t-elle à nouveau. Tu rigoles, Harry ? Hein ?
Elle tremblait juste assez pour que cela soit visible. Ses yeux étaient remplis de larmes.
– Ginny ? Qu'est-ce que…
– Elle ne te l'a jamais dit ? l'interrompit Théo à son tour. Astoria. Elle ne te l'a jamais dit, n'est-ce pas ?
Son ton était dur, il fronçait les sourcils, comme en colère. Harry ne savait pas quoi dire, quoi faire. Ginny semblait être en état de choc.
– N'est-ce pas ? répéta-t-il d'un ton presque accusateur.
– Que se passe-t-il ? demanda Rachel d'un air inquiet dans un anglais approximatif.
– Elle ne t'a jamais dit que sa sœur s'était suicidée, déclara finalement Théo, comme s'il s'agissait de la sentence d'un prisonnier.
Harry lut tant de détresse dans le regard de Ginny qu'il en eut le cœur brisé.
– Non, révéla-t-elle alors entre deux sanglots.
Merci à Damelith et Lyra pour leur aide précieuse !
