andre-papushi : merci pour ton avis que je trouve intéressant. Je pense justement que l'envie de mourir d'Alwen est grandement liée à son "jeune" âge. Comme tu l'as si bien dit "le temps guérit", et à l'échelle de l'univers, du temps elle en a eu si peu... A vie humaine classique, des adolescents de 15 ans sont capables de se donner la mort sans avoir eu le temps de comprendre ce qu'était réellement la vie... 300 ans finalement c'est tellement court pour trouver une raison de vivre...
Chapitre 5 : le poids de l'immortalité
Le TARDIS émergea doucement du vortex temporel, s'immobilisant au milieu d'un paysage éclatant. Devant la porte, un horizon infini de montagnes et de vallées, baignées dans une lumière douce, comme si le soleil ne se couchait jamais tout à fait. L'air était pur, presque irréel, une perfection presque trop paisible pour le chaos intérieur d'Alwen.
Elle resta un moment silencieuse sur le seuil, observant l'étendue devant elle sans bouger. Ses mains étaient crispées contre la porte du TARDIS, et chaque muscle de son corps semblait tendu, à l'image de l'orage qui se préparait dans son esprit. Le Docteur était là, juste à côté d'elle, regardant ce monde magnifique avec une sérénité qui contrastait avec l'agitation intérieure d'Alwen.
« Where are we ? » demanda finalement Alwen, mais sa voix trahissait déjà son manque d'intérêt. Elle n'attendait pas réellement de réponse.
Le Docteur esquissa un sourire avant de répondre d'un ton doux : « A place where you might feel like you belong. Where you could find peace. »
Alwen eut un rire amer, secouant la tête en traversant enfin la porte pour poser les pieds sur cette terre étrangère. Ses pas la portaient à une vitesse qui trahissait son besoin d'échapper, de fuir, même si elle ne savait pas encore vraiment quoi.
« Peace ? » répéta-t-elle, la rage grandissante dans sa poitrine. « I haven't felt peace in years. And you think this... this place will change that ? » Sa voix se fit plus forte, plus tranchante, alors qu'elle continuait d'avancer sans regarder en arrière.
Le Docteur, sans un mot, la suivit de près, mais garda une certaine distance, respectant l'espace d'Alwen. Elle savait qu'elle devait laisser la jeune femme évacuer sa colère avant de pouvoir espérer briser la carapace de douleur qui l'enveloppait.
Alwen s'arrêta soudain, les poings serrés, le regard perdu dans l'horizon mais ne voyant rien, submergée par une rage sourde. « What do you even want from me ? » demanda-t-elle brusquement, sa voix tremblante de colère. « Why did you bring me here ? To show me some beautiful landscape again and pretend that will fix everything ? » Elle se retourna brusquement vers le Docteur, les yeux remplis d'une douleur qu'elle ne pouvait plus contenir.
Le Docteur resta calme, ses mains dans les poches de son manteau, observant Alwen avec une patience infinie. « I brought you here » commença-t-elle doucement, « because you've been running for so long. From place to place, from time to time... always searching, always restless. I thought... maybe you could stop for a moment. And just be. »
Alwen éclata de rire, un rire sec et vide. « Just be ? Be what ? I don't belong anywhere, Doctor. I shouldn't even be here. I should be dead ! »
Le Docteur serra les lèvres, ses yeux remplis de tristesse pour Alwen. Elle avait entendu ces mots avant, prononcés par tant d'êtres immortels ou perdus dans le fil du temps. Mais quelque chose chez Alwen rendait cela plus douloureux. Peut-être parce qu'elle voyait dans cette jeune femme un reflet de ses propres angoisses.
« You're not dead, Alwen. You're alive. And that's… »
« This isn't living ! » la coupa Alwen, sa voix se brisant sous l'émotion. Elle s'avança d'un pas, ses yeux sombres braqués sur ceux du Docteur. « I have no purpose. No reason to keep going. Why won't you just let me go ? »
Elle commença à marcher plus vite, comme si l'espace ouvert autour d'elle ne suffisait plus à contenir son désespoir. Les montagnes à l'horizon semblaient se rapprocher d'elle, mais leur majesté ne faisait que renforcer son sentiment de ne pas appartenir à ce monde, ou à aucun autre.
« Why do you refuse to kill me ? » cria-t-elle finalement, se retournant brusquement vers le Docteur, la respiration haletante. Ses yeux étaient humides de larmes contenues, et sa colère dissimulait à peine la douleur immense qui la consumait.
Le Docteur resta immobile, les bras croisés, son regard toujours empreint de compassion. Mais cette fois, il y avait une certaine gravité dans son ton. « Because, Alwen... I wouldn't even know how to. »
Cette réponse sembla frapper Alwen comme une gifle. Elle resta silencieuse un moment, ses pensées se bousculant dans son esprit. Elle s'attendait à tout sauf à cette réponse. Ses poings se desserrèrent, mais sa colère ne disparaissait pas, alimentée par une frustration sans fin.
« What do you mean you don't know how ? » demanda-t-elle, la voix plus faible, mais toujours remplie d'incompréhension. « You're the Doctor. You've seen... everything. You've faced so much death. You must know how. »
Le Docteur secoua la tête lentement. « I've seen death, yes. And I've faced it. But I don't have the cure to your immortality. » Elle fit une pause, s'approchant enfin d'Alwen avec précaution. « You think you have no purpose. But you're wrong. You still have a life ahead of you, Alwen. I don't know what that purpose is yet, but... we'll find it. Together. »
Alwen recula légèrement, comme si elle était sur le point de s'effondrer sous le poids des paroles du Docteur. « There is no 'together'. You don't know what it's like to be... this. To be me. »
Le Docteur posa doucement une main sur son épaule. « I know more than you think. » Sa voix était douce, empreinte d'une profondeur qui venait de ses propres siècles de solitude et de douleur. « And I know this : as long as you're with me, you won't have to carry it alone. »
