Chapitre 32 :

L'Hirondelle et le Chancelier

Les Guardians ne restèrent pas plus de quelques minutes en présence du Conseil, n'ouvrant pas la bouche jusqu'à repartir. Ce fut la Chancelière sortante qui parla de leur poste et répondit aux questions, expliquant qu'en général, le Conseil ne voyait jamais les Faith's Guardians en tant que tel, ceux ci observant de loin sans remarques. Jusqu'ici, on ne les avait vu que pour l'entrée de Kira dans l'Ordre et l'arrestation du gouvernement Zala. Le jour même et le suivant furent consacrés à la passation de pouvoir des deux Conseils se croisant mais ce fut dés le troisième que Kira fut convoqué devant la nouvelle assemblée en tant que Chef d'État-major pour faire un point sur ZAFT. Il s'y rendit accompagné de Heine et Soléa comme toujours maintenant, ce rapport prêt depuis un moment alors que la démarche était normale lors d'un changement de gouvernement. Il salua donc bientôt face au Conseil, ses deux assistants en retrait alors que Birdy était tranquillement posé sur son épaule. On l'autorisa au repos, la porte refermée derrière lui et le Chancelier prit la parole :

- Bonjour Général Lorenne, commença-t-il l'air amical et engageant.

Gilbert Durandal, un homme grand, mince, les épaules droites et la longue chevelure ébène. Il avait à peine plus de trente ans et une expression plutôt douce et calme au visage, ne semblant pas être du genre à s'énerver. Il avait parfaitement l'allure de quelqu'un sachant se maîtriser à première vue.

- Avant que nous commencions, j'aimerais vous dire que c'est pour moi un honneur de vous rencontrer et de pouvoir travailler avec vous, dit-il en recevant un sobre signe de tête du jeune général. Nos prédécesseurs nous ont parlé des grandes lignes concernant ZAFT mais ils étaient tous d'accord pour dire que vous feriez cela mieux qu'eux alors nous vous écoutons, poussa-t-il.

- Merci Chancelier, répondit-il.

Tout en commençant à parler, il laissa Heine installer pour lui son ordinateur qu'il amenait toujours, protégé par ses soins dans une précaution de sécurité. Longuement, il fit le point pour eux sur ZAFT, expliquant le nouveau fonctionnement alors que les nouveaux arrivants avaient à peine eu accès au dossier de la Réforme et donc n'avaient certainement pas eu le temps de le lire. Il dépeignit la situation actuelle et tout ce que le Conseil devait savoir sur la situation de leur armée et de la défense des colonies. La chose prit la matinée entière avant qu'il n'arrive au bout.

- ZAFT semble en plus mauvais état que je ne l'avais imaginé, remarqua le Chancelier.

- La guerre nous a beaucoup éprouvé, remarqua Kira. Depuis le cessez le feu, nous nous sommes efforcé de ne rien laisser transparaître aussi bien pour ne pas inquiéter la population que pour sécuriser un peu plus les colonies mais les fait sont là. Nous avons subi de lourdes pertes et notre flotte a été très endommagée. Heureusement, nos installations sont intactes. Nous avons donc reconstitué une force de défense avec les vaisseaux et machines les moins endommagés et nous faisons progressivement passer tout notre matériel à l'évaluation et la remise en état lorsque la chose est encore possible ce qui n'est pas le cas pour une bonne partie. Selon nos informations, ZAFT reste pourtant l'armée la plus en forme à l'international. Nous estimons qu'il faudra au moins jusqu'à la fin de cette année pour reconstituer une véritable flotte performante. Nous sommes aussi en train de travailler sur la constitution d'une flotte la plus efficace et la plus complète possible sans dépasser les limites imposées par le traité.

- Avez vous des données sur nos effectifs ? demanda un conseiller.

- Bien sûr, approuva-t-il. Nous déplorons de grosses pertes durant la guerre malheureusement. Cependant, les engagements restent en permanence ouverts et n'ont pas cessé. Le centre d'entraînement forme en ce moment même la nouvelle génération. Si les engagements ont commencé à diminuer depuis le cessez le feu nous accueillons encore un nombre plus que satisfaisant de nouvelles recrues. Suite à la guerre, l'engouement pour la vocation militaire ne semble pas s'affaiblir même si nous nous attendons à voir les engagements diminuer progressivement au fil du temps. Nos effectifs sont pourtant corrects si on prend en compte le contexte de paix. Ce sont nos moyens matériels qui manquent le plus à l'heure actuelle mais nous espérons remédier à cela dans les mois qui viennent. Une inconnue en matière d'effectif sera le nombre de départ.

- De départ ? s'étonna le Conseiller Adaman. Est-ce que vous craignez des démobilisations monsieur le Chef d'État-Major ? demanda-t-il d'un ton légèrement moqueur qui fit tiquer quelques uns. Faites vous donc fuir vos soldats ? dit-il en le le fixant avec une certaine provocation qui fit serrer les poings de Heine et Soléa.

Kira lui ne se démonta pas, plantant un regard assuré et tellement fort sur lui qu'il en perdit un peu de sa superbe.

- Je n'ai guère eu l'occasion de faire fuir qui que ce soit monsieur le Conseiller, dit-il très calmement. La guerre s'en est parfaitement chargée. Beaucoup de nos soldats se sont engagés de manière un peu impulsive suite à la Saint Valentin Sanglante, beaucoup dans une idée de vengeance, d'autres par soucis d'aider sans vraiment savoir dans quoi ils s'embarquaient. La réalité de la guerre a rattrapé beaucoup de soldats et usé bien des énergies de vengeance. La guerre et les champs de batailles que vous n'avez pas expérimenté vous même si je ne m'abuse, sont une épreuve capable de briser beaucoup de monde. Même des soldats de carrières et chevronnés se retrouvent vite épuisés par cette folie. Sans compter que tout ce qu'il s'est passé avec l'ex Chancelier Zala et ses actes ont dégoutté et écœurés beaucoup de nos hommes.

- Si je puis me permettre, intervint à l'attention de ses homologues le Conseiller Orff aussi président du Comité. Le général Lorenne avait anticipé les demandes de démobilisations et nous avons demandé aux officiers de sonder leurs hommes pour évaluer le nombre de possibles départs et surtout leurs raisons. Les actes du Chancelier Zala sont une des raisons principales avec la politique de ZAFT qu'il y avait eu jusqu'alors, la fin de la guerre et le dégoût des combats. Mais depuis que le général Lorenne est passé Chef d'État-major et a réformé ZAFT, le nombre de départ estimé a grandement diminué parce que nos soldats ont confiance en lui, ont été très satisfaits par sa prise en main des choses et sont bien plus sereins sur ce que ZAFT pourrait faire et devenir.

- Nous nous attendons à un nombre de démobilisations relativement raisonnable, reprit Kira. Et nous ne nous opposerons pas aux départs quelque soit le soldat concerné. En tant que soldat de terrain moi même j'ai vu les dégâts que les batailles ont fait sur nos hommes, il est légitime que certains veuillent s'en aller après tout ceci. Une partie a simplement demandé des transferts dans d'autres sections en dehors de possibles champs de batailles même si nous espérons ne plus en arriver là.

- Je crois savoir que vous avez mis en place des programmes de suivis pour les soldats ? releva la Conseillère Oberge. De quoi s'agit-il exactement ?

- J'ai tenu à mettre cela en place dés la fin de la guerre. Cela fait parti de mes premières actions de général. Nous avons eu beaucoup de blessés lourds suite aux combats et beaucoup ont besoin de soins médicaux, de rééducation. J'ai tenu à ce que tous soient soignés au mieux pour se remettre et cela est un des points de ces programmes. Mais les dégâts les plus dévastateurs sont psychologiques. Nous avons des cas de dépressions et de stress post-traumatiques parmi d'autres, surtout parmi les pilotes. Nous avons aussi recensé plusieurs suicides pendant et depuis la guerre. Ces suivis et soins psychologiques s'imposent à mes yeux. Tout nos soldats seront d'ailleurs soumis à une évaluation psychologique dans les prochains mois pour nous assurer de leur état, de leur santé et détecter les possibles cas cachés. Depuis mon engagement et mon entrée en formation et même dans l'histoire de ZAFT, il n'y a jamais eu un quelconque suivi psychologique des soldats, une aberration à mes yeux.

- Des mesures ont-elles été prise vis à vis de cela ? demanda le Conseiller Clarzec.

- Oui, cela faisait partie du dossier santé de la Réforme de ZAFT, répondit-il. Désormais, un entretient psychologique avec un psychologue militaire sera obligatoire au recrutement et tout signe d'instabilité quelconque sera synonyme de refus de la candidature. Une fragilité émotionnelle significative n'est pas compatible avec la pression que doivent endurer des avons eu bien des incidents durant la guerre à cause de soldats mentalement inaptes à l'exercice de fonctions militaires, ne sachant pas se contrôler, impulsifs et faisant passer leurs émotions personnelles avant leurs missions et leur devoir.

- N'est-ce pas ce que vous avez vous même fait ? demanda la Conseillère Leitner avec arrogance.

- Tous s'engagent pour défendre ce en quoi ils croient, remarqua-t-il, cependant, mon devoir de soldat, de protecteur pour nos citoyens et notre nation est toujours passé avant tout et je crois l'avoir prouvé madame. Jamais je n'ai agis au détriment de la morale, des règles militaires, de mes camarades ou pire encore, des PLANTs. Nous avons vu des soldats partir dans de folies meurtrières allant parfois jusqu'à faire tuer certains de leur camarades et échouer certaines missions. Cela n'est pas tolérable. Les soldats ont des devoirs avant de penser à eux mêmes et leurs envies. Les entretiens psychologiques serviront à dire si oui ou non, les futurs soldats sauront faire la part des choses et faire passer leur devoir envers les PLANTs avant le reste, apprendre à le faire si nécessaire. Ce qui est primordial quel que soient les idées que nous défendons. Hormis cet entretient de recrutement, il y aura aussi un suivis psychologique régulier de nos soldats et particulièrement des soldats de terrain. Une chose très importante également est l'ajout d'une préparation psychologique obligatoire dans la formation de tout nos soldats.

- Cela paraît en effet plus que nécessaire, approuva le Chancelier. De nouveaux projets ont-ils déjà été envisagés ?

- Pour le moment, nous nous concentrons sur la reconstruction de notre flotte, sur les soins de nos soldats, la réorganisation de notre armée et l'application de la Réforme, répondit-il. Sur la bonne santé de ZAFT. Les seuls projets sur lesquels nous travaillons en dehors de ceci concernent la sécurité des colonies. Nous travaillons sur des solutions de protection anti nucléaire à mettre en place de manière permanente autour des colonies.

- Que craignez vous au juste ? demanda le Chancelier. Une autre attaque sur les PLANTs ?

- Exactement, dit-il franchement.

- Que de pessimisme, remarqua un conseiller. Nous avons la paix et le traité empêche la mise en œuvre d'armement nucléaire.

- En temps de guerre, tous me qualifiaient de trop grand optimiste en voulant la paix et aujourd'hui on me dit pessimiste, posa Kira. Je m'estime simplement réaliste. Cette paix n'a pas du tout été volontaire de la part de nos ennemis. Ils y ont été forcé et certainement pas de bon cœur. L'Alliance n'a accepté que parce que ses forces ont été anéanties, leurs ressources militaires épuisés et que la pression populaire s'est faîte trop forte. En gros, ils n'ont pas eu le choix. Si j'espère avoir tord, je pense que la paix sans réelle volonté de pacifisme n'est pas stable et sûre. Nous avons gardé un service de renseignement très actif pour nous assurer au mieux du respect du cessez le feu. Nous avons des contacts sur Terre qui nous ont informé que le Blue Cosmos commençait déjà à se reconstruire très rapidement et à se remettre en action. Ils ont visiblement gardé des liens très étroits avec l'Alliance et avec la Fédération Atlantique particulièrement virulente à notre égard et principal moteur de l'Alliance. Et ils sont très remontés suite à leur échec dans la guerre. Malgré la paix et l'apaisement des discours, les propos des têtes de l'Alliance restent contre nous. Si la situation est telle alors même que nous venons de signer le traité, je préfère prévenir que guérir. Les choses pourraient s'améliorer dans les mois et les années qui viennent mais elles pourraient aussi repartir dans le mauvais sens suivant ce qu'il se passera. Je suis quelqu'un de prudent et je préfère donc organiser notre défense en vue du pire en espérant que cela ne serve jamais.

- Je crois qu'aucun d'entre nous ne peut décemment vous contredire là dessus, souligna le Chancelier. Avez-vous déjà des solutions ?

- Pas encore, notre département recherche et développement y travaille aussi vite que possible. Pour ce qui est des autres projets, il y a celui de la réhabilitation de Boaz. Jachin Due s'est auto détruit peu après l'explosion du Genesis suite à une commande entrée par l'ex-Chancelier Zala mais Boaz est toujours là. Nous y avons envoyé des équipes pour estimer son état et évaluer les travaux ou transformation à réaliser. On envisageons aussi de le dérouter de nouveau pour le replacer plus avantageusement en protection des PLANTs. L'astéroïde en lui même n'a subi que de très légers dégâts sur sa surface extérieure, cela devrait donc pouvoir être fait rapidement sans trop de moyens.

Ce fut encore pendant un moment qu'il expliqua les mesures de protections prises et qu'il répondit à leurs questions avant de se voir remercié et congédié. Le lendemain, Kira était convoqué pour un rendez-vous cette fois-ci privé avec le Chancelier. Il se présenta donc à son bureau à l'heure dite, pile à l'heure comme toujours, seul, son uniforme tiré à quatre épingle, Birdy sur l'épaule et le sourire doux. Une secrétaire toqua pour lui, ouvrant pour annoncer son arrivée. Kira entendit le Chancelier demander doucement qu'on le fasse entrer. On lui ouvrit alors complètement la porte et il s'avança, venant se poster face au Chancelier assis à son bureau pour saluer respectueusement et parfaitement. L'homme lui sourit avant de congédier sans cérémonie les quelques personnes présentes avec lui, habillés de costumes chics. Lorsque tous furent dehors il se leva.

- Repos général, autorisa-t-il en s'avançant vers lui pour finalement lui tendre une main en souriant.

Kira la serra sobrement, le Chancelier désignant ensuite le coin salon de son bureau, l'invitant à le suivre. L'homme s'assit avec décontraction et Kira prit place face à lui, plus rigide et droit.

- Je suis heureux que nous puissions nous parler ainsi seul à seul, commença le Chancelier. J'étais très impatient de vous rencontrer après tout ce que vous avez fait pour notre nation. Vous êtes un héros et je ne sais comment moi même vous remercier d'avoir tant fait pour nous tous.

- Il n'y a pas lieu de me remercier monsieur. J'ai fait ce que je croyais juste et bien.

- Ce qui est juste et bien, releva l'homme. Une chose tellement difficile à définir pour tous semble-t-il. J'ai parcourus la Réforme que vous avez écrite et mise en place. Très impressionnant. Vous avez abattu un travail de titan en quelques mois à peine et de ce que j'ai pu en voir, il était grand temps que quelqu'un remette un peu d'ordre dans notre armée. Il semble que le Chancelier Zala n'était pas le plus a même de gérer ZAFT. Il y était une grande figure depuis ses débuts et l'a longuement commandé. Nous en avons ressenti les effets malheureusement.

- Patrick Zala avait sa vision de ce que devait être une armée, un soldat. Une vision quelque peu tordue de mon point de vue. Il n'était pas militaire et n'avait aucune expérience en la matière comme la majorité de ceux qui sont à l'origine de la création et de l'évolution de notre armée. Elle fut construite dans la précipitation et dans les conditions très particulières du début de la prise d'indépendance des PLANTs qui n'avait alors qu'un jeune gouvernement encore instable. Il est normal qu'il y ait énormément de chose à revoir et à remettre en ordre, à améliorer. Le Conseil de la Chancelière Canaver voulait que je Réforme ZAFT selon mon idée d'une armée et de ce que doit être un soldat. Cela est évidemment très différent de Patrick Zala. Je me suis engagé à faire de notre armée une grande armée digne de ce nom et honorable.

- Et vous semblez très bien parti pour cela. J'ai confiance en vous comme notre peuple et nos soldats.

- Merci monsieur, répondit-il sobrement.

- Je dois cependant vous dire que plusieurs Conseillers, plusieurs adjoints du Conseil, hommes d'affaires d'importances et autres personnages en tout genre m'ont fait savoir avec insistance qu'ils vous trouvaient trop jeune pour assumer la charge qui est la vôtre. Trop inexpérimenté. Ils ne sont pas très heureux que vous ayez ce poste et on m'a demandé d'envisager votre renvoi de cette fonction pour y placer un autre général.

- Cela ne tient qu'à vous monsieur, remarqua très calmement le jeune homme. J'ai l'habitude de me voir reprocher mon âge. Mais cela ne m'a jamais empêché de faire mon travail et d'assumer mes fonction au mieux. Je sais pertinemment que beaucoup de monde n'aime guère me voir à cette place mais mon âge n'a pas grand chose à voir là dedans en réalité. Ce qu'ils n'aiment pas, c'est de s'apercevoir que les choses changent et qu'ils n'apprécient pas du tout parce que cela ne va pas dans leur sens.

- En effet, sourit l'homme, j'apprécie votre franc parler. Je ne suis pourtant pas du tout de leur avis. Il est évident à mes yeux que vous êtes fait pour ce genre de poste d'envergure. Et il est amusant de voir que vos détracteurs sont incapables d'avancer le moindre argument valable pour motiver votre renvoi. Vous faîte un travail exemplaire et on m'a fait savoir que vous investissiez énormément pour votre poste. Je n'ai pas du tout l'intention de changer de Chef d'État-major ne vous en faîte pas et puis je ne pense pas que vos soldats seraient d'accord, s'amusa-t-il. Pour en revenir à ZAFT. J'ai encore beaucoup de choses à voir avec vous sur le sujet d'autant plus que je ne suis pas un militaire donc beaucoup de choses me sont encore inconnues. Mais nous verrons cela au fur et à mesure, nous avons le temps et nous nous verrons au moins une fois toute les semaines de toute manière. Je souhaitais aborder avec vous un autre point qui fut sujet de campagne et dont nous avons déjà discuté avec le Conseil. Nous souhaiterions entamer au plus vite la construction d'une nouvelle colonie.

- Une nouvelle colonie ?

- Oui, une nouvelle colonie à usage militaire éloignée des PLANTs cette fois-ci. Une nouvelle base si vous préférez. Il est évident après cette guerre qu'il est indispensable d'entretenir notre armée. Je suis comme vous au sujet du traité. J'espère que la paix s'installera mais je m'attend à tout avec l'Alliance et le Blue Cosmos. La reconstruction et la bonne santé de ZAFT est donc une priorité. Cette nouvelle base devrait aider à votre travail général. Le projet est déjà amorcé et nos meilleurs ingénieurs structure travaillent à sa conception sur la base d'un modèle de colonie type PLANT. J'aimerais que vous participiez au projet en décidant des installations militaires qui seront construites. Vous êtes le plus à même de nous dire quels sont les besoins les plus urgents de ZAFT en la matière.

- Très bien. Je parlerai de la chose en réunion d'État-Major pour vous donner une réponse aussi rapide que possible.

- Qu'en pensez vous ?

- Je pense cela malvenu et superflus, répondit-il avec franchise.

- Pourquoi cela ? demanda le Chancelier visiblement surpris.

- Si je puis me permettre monsieur, la construction d'une base militaire de cette ampleur en ce moment, déclenchée juste après le passage du traité, risque très fort d'être très mal perçu par les autres nations et particulièrement par l'Alliance. Cela pourrait être vu comme une menace et pousser à l'hostilité et à l'agression. Nous pouvons tenter de cacher le projet mais il finira par être connu surtout lorsque les travaux commenceront. Ils ne passeront pas longtemps inaperçu et d'autre, l'Alliance en particulier, pourront se sentir menacés. Il y a cela est le fait que nous avons encore ce qu'il nous faut en installation sur les PLANTs, il suffit de rénover et optimiser ce que nous avons. Ce projet ne dépend guère de ma volonté mais puisque vous demandez, je désapprouve pour ces raisons.

- Je vois, je comprend, remarqua l'homme. J'exposerai ces points au Conseil. Je pense pourtant que c'est une chose nécessaire. Dés que la situation sera entièrement stabilisée, nous reprendrons la production de MS pour compléter nos forces. De nouvelles usines et bases sécurisées vous aideront. De plus, je doute que l'Alliance ait des scrupules à en faire de même voir bien plus.

- À mes yeux, ce n'est pas une raison pour en faire autant. Je soutiens que ce projet n'est pas une bonne idée. Mais si le Conseil le veut, je participerai bien entendu.

- Et je vous en remercie. Il y a aussi un autre sujet entièrement différent dont je souhaitais vous entretenir.

- Lequel ?

- Cela fait un moment que nous n'avons plus vu votre vaisseau, l'Omikron si je ne me trompe pas. Le projet Draco auquel vous participiez a-t-il été stoppé ?

- Absolument pas monsieur. Le projet Draco se poursuit toujours suivant les modalités établies autrefois. L'Omikron est toujours en service. Simplement, il a été construit à la va vite durant la guerre pour être prêt au service et il n'était pas terminé. Avec le cessez le feu et le traité, il a été renvoyé à son chantier naval pour reprendre les travaux et clôturer le projet. Si mon équipage est actuellement en permission pour fêter la paix, il travaille au vaisseau lorsqu'il est en service. Dés que cela sera terminé, l'Omikron reviendra en protection des PLANTs.

- Cela me rassure. Il m'a été dis que votre vaisseau était d'une grande puissance et d'une technologie qui nous est étrangère.

- C'est en effet le cas. Le projet Draco et ses ingénieurs développent leur propre technologie très différente des autres technologie militaires actuelles des autres nations. Mais comme vous le savez peut-être, le propriétaire du projet et ses investisseurs tiennent à garder tout cela secret. En échange de quoi le projet sert à ZAFT à condition que j'en sois l'unique bénéficiaire et commandant.

- Je suis très intrigué. Ce projet doit demander des sommes astronomiques. Que gagnent donc vos bienfaiteurs dans l'opération ?

- Le premier but de ce projet est pour eux de me soutenir et de m'aider dans le combat pour la paix que j'ai fait vœux de mener. Ils partagent mes idées et me font confiance. Ils ont donc voulu participer à leur manière. Il y a cela et le fait que mes données de pilotage des MS qu'ils m'offrent ou celles de l'usage de l'Omikron leur permettent grandement d'avancer dans leurs propres recherches technologiques. Le projet Draco leur permet de mettre en œuvre en conditions réelles, de tester et d'éprouver leurs nouveautés. C'est une source d'informations et de données précieuses.

- Je vois. Je me demande bien quelle nation peut posséder pareille technologie.

- C'est un investissement d'origine privée, aucun gouvernement n'a rien à voir là dedans monsieur. Je n'en dirais cependant guère plus. Je suis tenu au secret quand à l'identité et l'origine de mes bienfaiteurs.

- Bien sûr, pouvez vous néanmoins leur faire savoir que j'aimerais leur parler si possible ? Pour les remercier de l'aide qu'ils vous ont apporté et donc, qu'ils ont apporté aux PLANTs.

- Je soumettrai la demande monsieur mais je doute que vous trouviez satisfaction. Ils aiment leur anonymat.

- Je peux le comprendre.

Ce sujet clos, ils passèrent à d'autres, faisant un peu connaissance au milieu des affaires concernant ZAFT et la protection des PLANTs. La semaine suivante, l'équipage de l'Omikron repartait pour le Nest au grand complet, Kira ravi de voir que ses hommes ne voulaient pas le quitter lorsque l'on commençait à voir arriver les demandes de démobilisation. Il passa les voir rapidement avant leur décollage d'Aprilius alors qu'il n'en n'avait pas eu l'occasion durant leur permission de ces trois dernières semaines. Il n'avait pu que voir Abraham venu lui faire un rapport lorsqu'il était rentré et une partie de son escadron, Ulrick, Jeremiah, Alexander et Raja venus dîner un soir chez lui. Il se libéra donc un moment pour aller les voir et leur parler, tous heureux de le voir, en profitant pour le féliciter pour sa promotion et tout ce qu'il avait déjà fait. De son côté, il les remercia de rester à ses côtés et pour le travail acharné qu'ils fournissaient tous au Nest. Il les laissa ensuite partir, se sentant un peu déprimé de ne pas pouvoir aller avec eux. Il avait parfois l'impression d'étouffer à passer les trois quart de ses journées dans son bureau. L'espace lui manquait, piloter lui manquait, son équipage et son vaisseau lui manquaient. Mais il n'en parlait jamais à personne. Il avait désormais de grandes responsabilités qu'il assumait avec joie, ayant un pouvoir et une emprise sur les choses qu'il n'aurait pu rêver quelques années auparavant. Et il comptait bien tout faire pour servir et protéger, pour la paix pour les PLANTs mais aussi pour tous.

Début Avril et malgré les réticences que Kira avait fait officiellement connaître au Conseil en sa qualité de Chef d'État-Major et donc premier conseiller militaire, le projet Armory One fut lancé en vue de bâtir une colonie militaire. Ce fut aussi un mois de tension avec le nouveau Conseil. Prenant connaissance de la Réforme de ZAFT et apprenant à connaître Kira, se rendant compte qu'il n'était ni impressionnable, ni corruptible et tout à fait à la hauteur de sa tâche, certains virent d'un mauvais œil le nouveau fonctionnement de ZAFT et le Conseil en vint à changer quelques petites choses. Argumentant que le gouvernement devait avoir un peu plus de pouvoir sur l'armée, ils modifièrent quelques points, redonnant davantage de moyens au Conseil et au Chancelier de fourrer son nez parmi les affaires militaires. Kira n'en fut pas vraiment surpris, s'étant attendu à la chose et c'était pour cela qu'on en avait fait beaucoup avec la Réforme. Ainsi, même après les évidentes modifications assurément faîtes par le nouveau Conseil les choses devraient rester correctes. Et ce fut le cas alors que Kira ne vit que peu de changement au final. Le Conseil s'octroyait le droit de faire ses propres projets à sa guise et de recruter qui ils voulaient parmi leurs hommes pour cela. D'autres changements n'étant pas justifiables et risquant de faire penser à un retour en arrière sur une Réforme très appréciée par les soldats et les citoyens, ils n'essayèrent même pas. Et Kira gardait un droit de regard sur ce qu'ils faisaient malgré une obligation de secret. Il n'avait pas réussi à savoir d'où venait cette démarche, probablement de ses détracteurs au Conseil et autour de lui mais le Chancelier lui avait fait savoir qu'il avait toléré ce point pour les forcer à se calmer vis à vis de son Chef d'État-major qui avait compris, s'y attendant de toute façon.

Ce mois vit aussi le retour du Charger au Nest, arrivé de Mars, les travaux de l'Omikron avançant très vite maintenant. Kira quant à lui, ne cessait de travailler. La Réforme était officielle, restait maintenant à la mettre en place et à régler tout les détails. Il fallait continuer à réparer la flotte, réorganiser les ressources humaines. Il y avait les démobilisations à gérer également. Il gardait aussi un œil sur les commissions d'enquêtes pour que les soldats subalternes ne subissent pas les erreurs de leurs supérieurs. On avait d'ailleurs commencé par eux et ils se voyaient blanchi les uns après les autres. Ceux réellement et gravement impliqués étaient l'objet d'enquêtes approfondies, certaines ayant déjà abouti et mené à des sanctions. On estimait que d'ici à la fin de l'année, cela serait réglé. En parallèle, Kira avait gardé le contact avec ses nombreux alliés ou sympathisants partout, parlementant secrètement pour tenter de faire naître une idée qu'il avait eu et qui pourrait peut-être bien aider beaucoup dans l'avenir. Les nations anciennement neutres puis annexées par l'Alliance et de nouveau indépendantes après la signature du traité marquaient toutes leur désir de réaffirmer une position de neutralité. Kira voulait établir une alliance entre ces nations pour qu'elles s'entraident au cas où elles venaient de nouveau à avoir à subir la pression de l'Alliance ou des PLANTs dans l'avenir pour prendre parti. Toutes étaient tombées en se battant seules dans leur coin, ensemble dans cette idée de neutralité, elles seraient fortes surtout au vu de leur armement et technologie. L'Hirondelle était certain qu'il y avait quelque chose à faire en prévention de possibles nouvelles tensions ou pire, d'un nouveau conflit si par malheur cela devait arriver. Sans parler du fait que cela affirmerait la position de ces nations et appuierait la paix. Il commençait donc à y travailler, dans l'ombre, officieusement grâce à ses nombreux contacts amicaux avec les gouvernements de ces nations.

Kira travaillait toujours autant, se remettant aussi sur le projet Draco entre ses nombreuses responsabilités, surveillant aussi le nouveau Conseil de son statu de Guardians. Il commençait à rencontrer de nombreuses personnes qui avaient été d'une grande aide pour lui durant la guerre et qu'il ne connaissait pourtant pas, de nombreux membres de Faith parmi eux. Ce fut ainsi très vite que l'on arriva en Mai. On pouvait alors voir les traces de fatigue sur Kira qui n'arrêtait pas un instant. Heine et Soléa faisaient de leur mieux pour l'aider et le forcer à dormir un nombre d'heures minimum, le ramenant chez lui le soir mais il était plus qu'évident que le jeune général se surmenait bien trop, refusant toujours de son doux sourire les propositions de son entourage de prendre des vacances quelques jours. Ce que Kira ne disait à personne était que cela commençait à s'en ressentir bien plus que de simples cernes et un air fatigué. Il était régulièrement pris de maux de têtes de plus en plus forts et de malaises de plus en plus courants bien qu'il n'en montre rien. Mais il y avait tant à faire encore pour stabiliser les choses, rebâtir la protection des PLANTs et gérer cet après guerre compliquée.

Ce soir là pourtant, il se laissa convaincre de rentrer un peu plus tôt chez lui. Heine insistait beaucoup, argumentant qu'il pouvait bien le jour de son anniversaire. Il avait finalement cédé, ne se sentant pas très bien depuis plusieurs jours déjà même s'il n'en n'avait rien dit à personne. Une nuit un peu plus longue que les cinq ou six heures qu'il se permettait à peine depuis longtemps semblait s'imposer. Et un petit dîner avec son père lui plairait bien pour une fois. Il se laissa donc conduire par ses deux précieux assistants qui le ramenèrent chez lui. Heine et Soléa descendirent de voiture avec lui, voulant certainement s'assurer qu'il rentrait bien en sécurité comme à chaque fois, se faisant aussi garde du corps pour lui. Une belle surprise l'attendait pourtant ce soir. Lorsqu'il entra dans le hall, il y trouva Natasha comme toujours mais aussi son père et Hagen ainsi que Tim qui devait être en permission. Tous vinrent lui souhaiter un bon anniversaire, l'étreignant et annonçant que tout ce petit monde dînerait avec lui pour l'occasion ce soir. Kira en fut absolument ravi et il fut d'autant plus ému lorsqu'on lui montra des messages vidéos de son équipage, de son escadron lui souhaitant son anniversaire et même ses amis sur Terre, Asran, Lacus, Andrew, Léonardi, Sophia, Cagali et les autres lui en avaient envoyé. Celui de la demoiselle à la boule rose qui lui manquait tant lui fit d'ailleurs très chaud au cœur, lui amenant les larmes aux yeux. Tous lui souhaitaient un bon anniversaire, le priant aussi de prendre soin de lui et de se reposer un peu, le félicitant aussi pour ses réussites, ceux de la Terre râlant un peu de ne pas l'avoir vu depuis longtemps. Il regarda et écouta chaque message, cela lui faisant un bien fou, puis il passa à table avec ses proches présents, Heine et Soléa évidemment restés pour l'occasion.

Ils passèrent un dîner tranquille dans la bonne humeur et les sourires, Tim et Heine faisant un peu les pitres pour une fois, relâchant la pression en s'amusant. Kira suivait en souriant, silencieux comme bien souvent avec Birdy sur l'épaule. Il ne se sentait pourtant pas très bien, exténué. Une terrible migraine s'était enracinée. Il peinait à suivre les conversations et encore plus à y participer n'en disant pourtant rien. Ce fut lorsqu'un vertige le prit, plus violent que ceux qui se multipliaient ces derniers jours, troublant sa vue et assourdissant son audition, qu'il décida de quitter la table un moment. Aller se passer un peu d'eau sur le visage et s'allonger quelques minutes semblait être une bonne idée. Il s'excusa donc auprès des autres, assurant qu'il revenait vite, leur donnant son plus beau sourire en se levant. Seulement, il n'eut pas l'occasion de faire plus de trois pas vers la sortie qu'un autre malaise le prenait, plus violent encore. Sa vue se brouilla complètement et il n'eut guère le temps de s'apercevoir qu'il titubait et perdait son équilibre que c'était déjà le trou noir complet.

Le soudain lourd bruit de chute qu'il provoqua en s'écroulant fit tomber un silence tendu dans la pièce. Si tous savaient bien que le jeune homme se surmenait et devait être épuisé, aucun ne s'attendait à le voir s'effondrer de la sorte sans prévenir. Malgré son évidente fatigue et son air un peu pâle, Kira n'avait rien laissé transparaître jusqu'ici même si Wilfried, Hagen, Heine et Soléa pensaient déjà sérieusement à un moyen de lui faire prendre un peu de repos, craignant pour sa santé. Seulement, jusqu'à cet instant, en regardant et en écoutant Kira, on n'avait pas imaginé qu'il pouvait y avoir plus que de la fatigue. Une illusion qui vola en éclat lorsque le général tituba à peine levé de sa chaise, s'effondrant lourdement pour ne plus bouger, Birdy s'envolant en piaillant.

- Kira ! cria Wilfried en se levant en catastrophe.

Il bondit vers son fils, vite suivis par tout les autres soudain paniqués.

- Natasha ! appela-t-il en tombant à genoux près du jeune homme. Kira ? Kira ?

Doucement, aidé de Hagen face à lui, il retourna son fils tombé face contre terre, le redressant un peu en le tenant contre lui. Dans ses bras, le jeune homme était complètement mou, inconscient. Natasha déboula là dessus, choquée lorsqu'elle trouva Kira dans cet état :

- Natasha, appelez le médecin tout de suite, ordonna Wilfried en la faisant détaler. Kira ? répéta-t-il ensuite en tentant de le réveiller sans succès.

En quelques instants, les réflexes de militaire prenant le dessus, on s'empressa de vérifier que le jeune homme respirait bien et que son cœur battait toujours. On ouvrit son col d'uniforme, détachant sa ceinture pour que rien ne sert.

- Il a de la fièvre, constata Hagen.

- On va aller l'allonger dans son lit en attendant le médecin, décréta le père terriblement inquiet.

Sans tergiverser, il souleva son fils se figeant un instant de choc en se remettant debout.

- Bon sang, combien de kilos as-tu perdu Kira ? murmura-t-il en le serrant davantage contre lui.

Plus angoissé encore, il se dirigea vers la chambre de son enfant, suivit de Hagen, Soléa, Heine et Tim tendus et silencieux. Il y fut bientôt, le roux l'aida à retirer les bottes et la veste d'uniforme du jeune général qui fut ensuite allongé sur son lit, désespérément inconscient. Les minutes suivantes coulèrent dans une tension d'enfer, nul n'ouvrant la bouche, tous devinant aisément la cause de ce malaise. Wilfried ne cessait de s'assurer que son fils respirait et que son cœur battait toujours, touchant ses joues et son front brûlant du revers de ses doigts. Ce fut avec un certain soulagement que tous accueillirent l'arrivée du médecin attitré de l'Hirondelle qui avait visiblement fait très vite, conduit par Nathasha jusqu'à la chambre. Tous hormis Wilfried furent mis dehors et l'attente commença. Ce fut sans grande surprise que le diagnostique tomba un peu plus tard : surmenage.

- Il n'y a pas trente six solutions général Lorenne, expliqua le médecin en couvrant le jeune homme inconscient pour se tourner vers son père. Il doit se reposer. J'ai bien compris qu'il avait de lourdes responsabilités et je devine tout l'engagement qu'il y met mais il a besoin de repos, tout de suite. La guerre et les lourdes blessures qu'il a subi ont déjà mis un rude choc à son organisme. Votre fils a beau être le Coordinateur le plus résistant que je connaisse, il a ses limites aussi. Là, il n'y a plus le choix. Je sais qu'il ne peut probablement pas se permettre de prendre des vacances à son poste mais quelques jours au moins, il en a besoin et lorsqu'il reprendra il devra ralentir. Quinze à seize heures de travail par jour, c'est beaucoup trop, surtout sept jour sur sept. Il aurait déjà fallu qu'il prenne le temps de se remettre de la guerre pour enchaîner un rythme pareil. Il n'est pas en état pour cela. Je discuterais avec lui lorsqu'il sera réveillé, je ne serais pas étonné qu'il ait plusieurs problèmes dont-il ne vous a pas parlé.

- Il a perdu beaucoup de poids, remarqua Wilfried sombre.

- Le surmenage et le stress peuvent faire perdre du poids très vite, expliqua-t-il. Dans l'immédiat, il n'est pas en danger, il a juste besoin de repos et d'un peu de tranquillité. Dîtes moi, prend-t-il au moins un peu de temps pour faire des activités qu'il aime loin du travail ?

- Pas vraiment, soupira Wilfried.

- Faire autre chose pour se détendre et se changer les idées lui ferait du bien, ne serait-ce qu'un peu.

- J'en parlerais avec lui.

- Pour l'instant, il faut le laisser dormir, il en a besoin. Il doit se reposer quelques jours au moins et se détendre. Je reviendrai le voir demain.

- Très bien.

Le médecin prit alors congé, laissant entrer les autres attendant dans le couloir qui entendirent le verdict sans grande surprise.

- L'adjudante et moi pouvons prendre le relai le temps qu'il se repose, proposa Heine sur le champs. Mais c'est surtout lui qu'il faut convaincre.

- Je lui parlerais, il finira par comprendre, affirma Wilfried. En attendant, laissons le dormir.

Lorsqu'il commença à se réveiller le lendemain, Kira eut l'impression d'avoir un marteau piqueur dans la tête. Ce fut difficilement qu'il commença à reprendre ses esprits, tendant machinalement la main vers sa table de chevet pour attraper son oreillette d'or le reliant à Alfy, premier geste qu'il faisait toujours en se réveillant. Faisant cela, il commença à se rendre compte qu'il ne savait pas du tout comment il était arrivé à son lit la veille. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas réveillé de lui même sans son réveil pour le tirer des petites heures de repos qu'il se permettait. Il réfléchit à ce qui avait bien pu se passer en mettant son oreillette en place. Il se souvenait être rentré chez lui avec Heine et Soléa, avoir retrouvé Natasha, son père, Hagen et Tim. Il se souvenait des messages qu'il avait reçu de ses amis pour son anniversaire, de Lacus. Il se souvenait du dîner puis il s'était levé parce qu'il ne se sentait pas bien et c'était le trou noir. Il grimaça à son mal de tête.

- Alfy ? bredouilla-t-il la voix pâteuse.

- Bonjour monsieur, répondit l'IA dans un volume bas.

- Bonjour. Quelle heure est-il ?

- Il est treize heure trente sept monsieur.

Kira eut un moment de stupeur totale, ouvrant soudain bien grand les yeux. Son réveil était censé sonner à cinq heure du matin. Il se redressa d'un bond dans son lit, cherchant son réveil du regard, l'appareil étrangement absent de sa table de chevet. Il n'eut cependant pas le temps de réfléchir davantage, son mal de crâne amplifié par le mouvement brusque. Il serra les dents et posa une main sur sa tête, serrant la couverture de l'autre.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé Alfy ? demanda-t-il en respirant pour tenter de faire baisser la douleur.

- Vous avez fait un malaise hier soir monsieur, répondit l'IA. Comme je ne cesse de vous le dire depuis des semaines monsieur, vous êtes atteint de surmenage.

Et en effet, Alfy lui avait souvent fait la remarque ces derniers temps. Si l'IA n'avait pas les moyens d'analyser son état de santé comme il aurait pu le faire dans l'Epsilon ou à l'hôpital de l'Omikron où elle avait accès aux équipements nécessaires, la simple analyse de son mode de vie lui suffisait. Alfy était constamment avec lui et il était un assistant précieux alors qu'il se servait de lui pour tout, s'appuyant sur lui pour travailler plus vite, se souvenir de ses rendez vous même si Soléa était toujours là pour lui rappeler. Alfy savait pour ainsi dire tout ce qu'il faisait et il était un appuis pour tout tant et si bien qu'il s'en servait pour tout que ce soit pour consulter les dossiers secrets défenses dans les bases de ZAFT, contacter tout le monde et même rédiger ses rapports qu'il avait pris l'habitude de dicter pour gagner du temps. Alfy était d'une grande aide et savait tout de lui. L'IA évoluait encore constamment et Kira était plus fier de jour en jour de ce qu'il avait inventé avec Alfy. Et Alfy veillait particulièrement sur son créateur. Cela faisait des semaines qu'il le mettait en garde sur son mode de vie actuel suite à une guerre qui avait déjà fait beaucoup de dégâts sur lui.

- Vous avez perdu connaissance monsieur, votre père était très inquiet. J'ai écouté l'examen de votre médecin à travers votre oreillette monsieur et il préconise plusieurs jours de repos au lit suivis d'une reprise de travail dans un rythme bien plus allégé que jusqu'ici monsieur. Vous avez grand besoin de vous reposer. Le commandant Westenfluss et l'adjudante Karmèle ont assuré qu'ils se chargeaient des dossiers en cours ainsi que d'annuler vos rendez vous.

- J'ai du travail, bredouilla-t-il en dégageant ses jambes pour sortir du lit.

Sa tête tourna et sa migraine sembla être complètement contre cette idée. Il appuya aussitôt sa main sur son front, serrant les dents alors qu'il ne voyait plus très clair. Il entendit vaguement la porte s'ouvrir doucement et très vite, la voix de son père se fit entendre :

- Kira ! s'exclama-t-il.

Le jeune homme grimaça un peu plus au son, serrant ses cheveux entre ses doigts.

- Kira, est-ce que ça va ? demanda la voix de son père bien plus proche et plus basse.

- J'ai mal à la tête, bredouilla-t-il.

- Rallonge toi, ordonna doucement Wilfried en le poussant à s'exécuter.

- J'ai du travail, protesta-t-il faiblement.

- Pas aujourd'hui, répondit son père en le réinstallant avec fermeté. Aujourd'hui c'est repos et je ne te laisse pas le choix.

Ce fut un peu perdu que Kira accueillit le ton intransigeant de son père qui n'avait pas l'air de rire du tout. Il se laissa donc remettre au lit comme un enfant, avouant en lui même qu'il en avait bien envie avec une migraine pareille. Il se rendit compte que sa vision était trouble en regardant l'homme s'éloigner pour sortir la tête par la porte. Il appela Natasha qui ne devait pas être loin puisqu'elle fut là immédiatement. Il lui parla un instant avant de refermer et de revenir vers lui, s'asseyant au bord du lit.

- Tu m'as fait très peur hier soir mon grand, fit-il remarquer la voix basse.

- Désolé, répondit-il. Je pensais pas perdre connaissance comme ça.

- Le médecin a dit que tu faisais un sérieux surmenage, reprit le père. Il n'y a plus le choix maintenant. Tu dois te reposer. Tu vas commencer par rester au lit quelques jours, dormir et manger.

- Mais je..., tenta-t-il de protester.

- Mais rien, coupa son fermement Wilfried. Tu as besoin, vraiment besoin de repos. Kira, je sais que tu voudrais faire toujours plus, plus vite pour améliorer les choses mais tu as déjà fait le plus urgent. Le Traité est signé, la Réforme est faîte, la protection des PLANTs est plus que convenable, tout est en marche pour s'améliorer, les autres généraux ont pris le pli... Tu peux ralentir un peu maintenant. Tu ne pourras plus rien faire si tu t'écroules vraiment et que tu as de plus gros problèmes de santé. Ce ne serait pas long avant que ceux contre toi fourrent leur nez dans tes efforts pour tout gâcher et tu serais trop faible pour y remédier. Tu risquerais de perdre ta place aussi. Sans parler qu'un tel état de fatigue risque de te faire faire des erreurs qui pourraient te coûter cher et tu ne seras pas efficace de toute façon.

Il marqua une pause un moment, voyant déjà qu'il était parvenu à le faire réfléchir un peu avec ça.

- Tu as beaucoup de choses à faire, reprit-il en passant une main dans les cheveux bruns pour lui masser un peu la tête visiblement très douloureuse, je le sais mais il n'y a plus d'urgence maintenant. Il faut te ménager, ce n'est pas un sprint, c'est un marathon très long et à ce rythme, tu ne tiendras pas et tout les efforts que tu as déjà fait, toutes les victoires déjà acquises pourraient s'écrouler. Il faut veiller sur toi et sur ta santé Kira ou tu n'iras nul part. Tu peux raccourcir tes journées, tu peux prendre un jour de repos de temps en temps. Tu as besoin de dormir au moins sept, huit heures par nuit en temps normal, besoin de manger et tu as besoin de prendre le temps de te détendre aussi, de faire un peu autre chose. Nous sommes plus en guerre Kira, du moins plus de la même manière. Il faut prendre un autre rythme aussi. Tu as le droit de vivre aussi un peu pour toi. De lâcher prise de temps en temps, ça ne fera que t'aider crois moi. Je ne dis pas que tu dois arrêter quoi que ce soit, juste te réorganiser autrement dans un rythme plus normal.

Il vit sans peine l'inquiétude de son fils dans son regard, lui souriant alors d'un air rassurant :

- La guerre est finie Kira. C'est fini d'accord ? insista-t-il les yeux planté dans les siens. C'est fini et vu l'état de l'Alliance, on ne risque rien pour le moment. C'est fini et tout le monde est en sécurité, assura-t-il.

- Mais et si...

- Tout va bien, posa-t-il de nouveau en caressant son visage. Tu peux te reposer maintenant, nous sommes en paix et tout vas bien. D'accord ?

Kira approuva d'un petit signe de tête, l'air à la fois fébrile et rassuré. Il savait que son père avait saisi et il commençait à comprendre lui aussi qu'il avait bien du mal à sortir de cette guerre. Cela lui semblait tellement irréel après tout ce qu'il s'était passé sans parler de sa logique, de sa raison et de son instinct lui soufflant que rien n'était terminé. Mais il était aussi vrai que pour le moment, plus rien ne pressait. On était... en paix. Il avait bien du mal à réaliser et à s'y faire. Cette guerre façonnait sa vie depuis si longtemps, depuis toujours peut-être. Il l'avait tellement détesté qu'il était un peu obsédé par le fait de ne plus jamais la laisser revenir. Seulement, peut-être était-il temps de ne plus la laisser diriger sa vie. Après tout, n'était-ce pas là une caractéristique de la paix si durement acquise ? S'il voulait conserver la paix, peut-être fallait-il arrêter de vivre comme s'il était en guerre.

- Aujourd'hui, tu restes au lit et tu te reposes, commanda doucement Wilfried. Le médecin va arriver, il voulait te voir dés ton réveil. Il va t'amener quelque chose pour la migraine.

- Je devais voir le Conseil cette après-midi.

- À quel sujet ?

- Armory One. Soléa a le dossier que je devais leur rendre.

- Je vais y aller et leur expliquer, assura-t-il. Seul ceux qui doivent absolument l'être seront au courant. Toi tu ne penses pas au travail pour l'instant. Tu te reposes, tu dors et tu ne t'inquiètes de rien. Les PLANTs et ZAFT devraient s'en sortir quelques jours sans toi, s'amusa-t-il. Tout ira bien je t'assure. Tu te reposes quelques jours et tu pourras reprendre ensuite comme si de rien n'était mais avec moins d'heures de travail. On fait comme ça ok ?

- D'accord, dit-il en grimaçant à sa migraine lancinante.

- Je te laisse ton oreillette mais pas de travail, c'est compris ?

- Oui.

- Bien. Le médecin arrive et Natasha et les autres n'attendent que de pouvoir prendre soin de toi, sourit-il. Je me charge du reste.

Kira acquiesça simplement et il se pencha pour embrasser son front trop chaud, caressant encore un moment ses cheveux avant de se relever, de remonter la couverture sur lui et de quitter la chambre. Comme promit, il se rendit à sa place à son rendez-vous avec le Conseil, Heine et Soléa l'accompagnant.

- Bonjour général Lorenne, salua le Chancelier alors qu'ils venaient d'entrer dans la salle du Conseil. Excusez moi mais n'était-ce pas votre fils que nous devions voir ?

- Si monsieur, approuva-t-il en se tenant droit et assuré. Je suis ici à sa place pour vous dire qu'il ne sera pas présent. Il a dû prendre quelques jour de repos et...

- Quelques jours de repos ? renifla dédaigneusement la Conseillère Leitner. Est-ce que votre fils se croit en colonie de vacances à la tête de l'armée ? On ne prend pas de vacances à ce poste, surtout sur un coup de tête ainsi. Il l'a voulu, il l'a eu qu'il assume maintenant. Nous ne saurions tolérer un tel laxisme, un tel manque de sérieux, d'investissement et une telle fainéantise monsieur le Chancelier, dit-elle en se tournant vers lui.

- Comment osez-vous ?! gronda Wilfried aussi furieux que Heine et Soléa derrière lui.

- Comment moi j'ose ?! s'offusqua-t-elle. Tenez vous un peu général Lorenne, c'est au Conseil Suprême que vous êtes.

- Que je me tienne ? répéta-t-il. C'est de mon fils que vous parlez et vous avez son père face à vous en ce moment. Vous n'êtes qu'une pauvre ingrate, dédaigneuse, arrogante et égoïste, aveugle, cruelle et complètement stupide, ragea-t-il en irradiant d'une colère largement palpable. Kira ? Laxiste ? Fainéant ? Manquant d'investissement ? De sérieux ? Il ne prend pas de vacances madame la Conseillère, dit-il avec dédain en la fusillant du regard, son médecin et moi même l'avons forcé au repos parce qu'il a fait un malaise hier soir à cause du surmenage qu'il s'est imposé ces derniers temps. Dois-je vous rappeler que c'est grâce à lui si vous n'avez pas pris de bombe nucléaire en pleine figure il y a quelques mois ? Qu'il est quasiment mort en nous protégeant tous et que depuis il n'a pris aucun repos, se démenant pour renforcer la paix, notre défense et améliorer les choses. Il n'a pas arrêté une minute, il a été sur tout les fronts sans se plaindre et en fournissant une quantité et une qualité de travail dont personne d'autre ne pourrait se vanter. Il a bien le droit à quelques jours de repos maintenant que tout se calme enfin.

Vexée et furieuse, la dame voulut répliquer mais elle fut arrêtée net par le Chancelier :

- Il suffit ! claqua-t-il en lui lançant un regard sévère. Le général a raison. Vous pouvez ne pas aimer mon Chef d'État-major mais vous n'avez aucun droit de lui retirer le mérite qui est sien. Il s'est longuement battu au péril de sa vie qu'il a presque perdu de trop nombreuses fois pour nous apporter la paix. Il a réalisé des miracles, s'est toujours montré droit, noble et exemplaire. Il était très lourdement blessé après la bataille de Jachin et pourtant, il s'est remis très vite au travail pour remettre de l'ordre dans cette pagaille et protéger les PLANTs. Avez vous seulement jeté un coup d'œil au registre de présence ? Il est présent à la tour sept jours sur sept pour travailler, il enchaîne les rendez-vous avec ses officiers pour travailler sur la remise en état de ZAFT en plus de nombreuses autres choses dont je ne saurais faire la liste. Lorsqu'il n'est pas ici, il est en déplacement sur nos installations militaires toujours pour travailler et s'assurer lui même que tout est en ordre et avance bien. Lorsque nous sommes encore chez nous le matin, dans nos lits ou tranquillement en train de boire notre café, il est ici, déjà au travail. Lorsque que nous sommes chez nous le soir à profiter un moment de tranquillité dans nos canapés, il est toujours ici à travailler et il n'a pas pris une seule journée de repos depuis Jachin. Il fournit un travail absolument sans tâche bien plus vite qu'on ne pourrait le souhaiter. Vous ne pouvez décemment dire qu'il ne prend pas son poste et ses responsabilités au sérieux, qu'il ne s'investit pas, posa-t-il durement. Ce que nous ne saurions toléré est votre manque de respect envers un homme auquel nous devons certainement nos vies et la paix.

Un silence lourd tomba lorsqu'il se tut, la Conseillère serrant les dents et détournant les yeux pour échapper au regard perçant et lourd du Chancelier. Celui-ci finit par retourner son attention sur Wilfried, se radoucissant :

- Je comprend bien évidemment général Lorenne. Dîtes à votre fils de prendre autant de temps qu'il en aura besoin pour se reposer un peu. Il en a plus le droit que n'importe qui et dîtes lui aussi qu'il n'est guère obligé de s'imposer un tel rythme. C'est grâce à lui si nous sommes toujours là et il a bien le droit de profiter un peu de ce calme retrouvé maintenant. Qu'il prenne son temps pour reprendre des forces puis il reviendra lorsqu'il ira mieux. Quant au dossier qu'il devait nous remettre, cela peut attendre.

- Merci monsieur le Chancelier, je lui transmettrais. Mais vous n'aurez pas à attendre, dit-il en se tournant vers Heine qui avança.

- Le dossier en question est prêt Chancelier, dit-il en venant lui remettre directement. Mon général l'avait déjà terminé. Il ne peut bien entendu pas en parler lui même aujourd'hui mais si vous le désirez, l'adjudante et moi même pouvons éventuellement répondre aux interrogations que vous pourriez vous poser à ce sujet.

- Encore une preuve que nous pouvons faire confiance à notre Hirondelle, remarqua-t-il. Vous remercierez votre général pour son travail. Nous attendrons son retour pour en discuter avec lui si nécessaire.

- Bien monsieur, dit-il en reculant.

- Vous pouvez disposer, dit-il ensuite en les faisant saluer et se diriger vers la porte. Oh et général Lorenne ? interpella-t-il en faisant stopper et retourner l'homme. Prenez soin de votre fils, il nous est précieux.

- Je le sais mieux que personne monsieur, répondit-il avant de s'en aller.