L'aveu
Je recommence dans le présent! Et je prends quelques libertés pour changer le cours de l'histoire de JK Rowling. Trigger warning: mention d'abus sexuel.
Assis devant un jeu d'échecs version sorcier, les garçons me dévisagent devant mon entrée d'une démarche décidée. J'ouvre la bouche pour tout déballer, les mots sont prêts à se bousculer pour leur avouer ma vérité, d'un goût douteux.
- Les garçons, je souffle d'une traite. J'ai besoin de vous parler. Et vous n'allez pas aimer ce que j'ai à dire.
Leurs sourcils en point d'interrogation me disent qu'en plus, j'aurai l'effet de surprise de mon côté. Merveilleux. Sauf qu'avant de pouvoir aller plus loin, des bruits et des voix se font entendre à l'extérieur. Je pose mon index sur ma bouche, pour leur intimer de se taire malgré les sorts de protection installés autour de la tente. Je sors en marchant doucement, baguette levée. Mes amis me suivent au pas, et nos yeux se croisent quand on aperçoit de trop près les Rafleurs, alertés par une odeur qu'ils ne devraient être en mesure de sentir.
Je cesse de respirer, mon corps se fige, et j'ai tout juste le temps de prendre une dernière respiration avant de réaliser qu'ils nous voient. Nous nous élançons dans une course perdue d'avance entre les arbres d'une forêt qui ne semble pas de notre côté. Quelques sorts sont lancés, puis je trébuche sur une souche en voyant mes amis me suivre de près. J'ai tout juste le temps de lancer un maléfice Cuisant sur Harry pour tenter d'effacer temporairement sa cicatrice.
Ils nous entourent rapidement et nous retirent immédiatement nos baguettes, m'enlevant tous mes plans d'un coup. Ils nous questionnent sur notre identité, nos motifs d'être en pleine forêt, pris en flagrant délit d'avoir prononcé le nom du Seigneur des Ténèbres. Même en tentant de mentir, je sais que nous sommes peu crédibles. Ils se consultent rapidement, sont en désaccord sur environ tout quant à la marche à suivre pour trois inconnus trouvés en pleine forêt. Sauf que sans baguette, nous devons attendre, s'enfuir serait du suicide.
L'un des Rafleurs me fixe avec une intensité qui me met mal à l'aise, je détourne le regard mais je sens ses pupilles brûler ma peau. Il s'approche de moi avec une démarche de fauve, je me sens comme une proie. Il caresse mon visage lentement, du dos de sa main glacée, et me fait un sourire en coin qui me paralyse.
- Si personne n'a rien de mieux à proposer, je prendrais bien un morceau, il grogne en me plaquant entre son corps et un arbre.
- Non. Elle a dit qu'on devait lui amener tout sorcier qui pouvait intéresser le Seigneur, le contredit son collègue aux airs confus. Si tu abimes la fille, on va avoir de plus gros problèmes que ton appétit.
Sauf qu'il ignore complètement les avertissements de son compagnon d'infortune, ainsi que les cris de mes deux amis, qui sont retenus au sol par deux hommes beaucoup trop musclés pour donner un espace d'espoir à Ron et Harry. Il renifle mes cheveux, m'impose son haleine dégoûtante en murmurant à mon oreille:
- Si tu te débats, tu m'excites encore plus…
Je pleure en silence, les larmes mouillent un passage sur mes joues qui tremblent. C'est comme si mon sang s'était arrêté, ma voix est morte avant même d'atteindre ma bouche. Je le laisse glisser ses mains calleuses sous mon chandail, je ferme les yeux quand il agrippe mes seins. Je suis terrifiée, morte de honte d'être touchée ainsi devant mes amis. De ne pas me débattre, car j'en suis incapable, comme si une tonne de briques m'empêchait de bouger. J'ai peur de mourir, je m'aperçois en voyant mes pensées se diriger vers mes parents qui ne savent même pas que j'existe. Je sens son érection contre ma cuisse et les sanglots menacent de m'envahir, je me sens quitter mon corps le plus possible. Je me réfugie dans un coin de ma tête où il n'y a que du vide et du silence. J'accepte de me briser en plusieurs morceaux pour ne pas avoir accès à ce qui se passe, pour me couper du monde.
- J'ai terminé, amenons-les au Manoir, ordonne mon tortionnaire après plusieurs trop longues minutes, me laissant tomber au sol avec mes jeans aux chevilles.
Les Rafleurs nous font transplaner devant de hautes grilles en fer forgé, nous tirant par le bras avec violence pour accélérer notre rythme. J'essaie de rester digne, de regarder devant moi, mais j'ai besoin de toutes mes forces pour ne pas abandonner et m'effondrer. Et puis mon regard croise le sien. Ma Bellatrix, derrière des barreaux de métal, derrière son masque de femme cruelle et désaxée. En une seconde je vois un éclair de furie traverser ses prunelles d'onyx, car il lui est impossible d'ignorer mon visage enflé de larmes, mes vêtements remis à la va-vite et mes cheveux en bataille. Aussi rapidement qu'arrivée, son expression faciale se rétracte, pour laisser place à celle que tous craignent, particulièrement les hommes qui nous détiennent.
- Tiens tiens, de la belle visite, ricane mon amante en leur ouvrant le portail avec sa baguette courbée. Amenez-les au salon.
Elle leur montre le chemin pavé, mais traine derrière pour surveiller leurs moindres faits et gestes. Malgré la situation précaire, je ne me suis jamais sentie si en sécurité. La ressentir proche, son souffle chaud sur ma nuque, comme seul moyen de me communiquer qu'elle est avec moi.
Au salon se trouve la famille Malefoy, assise devant le foyer, leurs yeux cernés et remplis d'ombres. Devant Harry défiguré, leur espoir semble renaître. Mais pour des raisons inconnues, Drago nous protège. Comme s'il ne reconnaissait aucun d'entre nous, comme si nous n'avions jamais existés. Je vois Bellatrix réfléchir à toute allure et se lancer sur moi, me volant au Rafleur qui m'a abusée. Elle me presse avec force sur sa poitrine, une dague appuyée contre ma gorge.
- Amenez les deux autres à la cave. Puisque personne ne parle, on va avoir une petite discussion toutes les deux… de fille à fille, elle hisse d'une voix aïgue que je ne lui connais pas.
Je gémis et pleure pour être crédible, mais de vraies larmes montent, la détresse n'étant pas enfouie bien loin. Les garçons se débattent mais ne parviennent pas à ébranler les Rafleurs, et les Malefoy observent Bellatrix agir comme s'il s'agissait d'une enfant qui vient de recevoir un nouveau jouet pour Noël. Seul Draco me semble sur le point de vomir, s'imaginant probablement le pire. Ma maîtresse m'entraîne avec empressement vers une pièce isolée au fond du Manoir, à l'abri des regards. À la seconde où la porte se referme, elle laisse tomber la dague au sol, m'encercle de ses bras enveloppants. Je me laisse aimer au creux de son cou, son odeur de forêt m'apaise.
- Hermione, regarde-moi, elle m'ordonne en remontant avec ses mains mon visage vers le sien. Est-ce que quelqu'un a osé lever la main sur toi?
Son regard est inquiet, sa voix craque d'émotion. Je sens dans sa question une rage immense, qui a le potentiel de tout brûler sur son passage. Mais également une vulnérabilité, une horreur sans nom que de s'imaginer que j'ai pu vivre les mêmes traumatismes quelle. Que je partage son fardeau. Je n'ai pas le cœur de lui dire la vérité, mais je suis aussi incapable de lui mentir.
- Il m'a…je n'ai… Bellatrix, je bégaie en me laissant finalement tomber au sol, incapable de former une phrase. J'ai à peine le temps de m'éloigner d'elle que je vomis l'entièreté du contenu de mon estomac sur un tapis.
Après un petit sort de nettoyage, mon amante s'assoit à mes côtés, pose une main légère comme une plume sur ma cuisse exposée par mon jeans brisé. Je la sens prendre de grandes respirations, gérer sa colère qui ne sert en effet à rien dans la situation présente.
- Mon ange, elle chuchote au regardant au plafond, les yeux plein de larmes. Je veux savoir lequel de ces imbéciles s'est permis de te mettre dans cet état.
Je ferme les yeux, incapable de prononcer son nom ou de lui décrire, mais je tapote ma tempe doucement. Elle comprend, et en extrait le souvenir pour le mettre en sécurité dans une minuscule fiole de potion qu'elle cache ensuite dans son décolleté.
- Merci… Je vais te demander un dernier effort, et je pourrai ensuite te garantir une soirée de calme. Je vais avoir besoin que tu hurles comme si ta vie en dépendait, Bellatrix m'explique de manière très rationnelle. Comme si j'étais en train de te torturer pour avoir de l'information.
J'agis en mode pilote automatique, avec une confiance aveugle en elle, car je suis incapable de réfléchir. Je crie ma rage, ma douleur, ma panique, ma honte d'avoir figée sous le Rafleur. Je hurle pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce que Bellatrix m'aide à me relever pour me dire que j'en ai fait assez pour ce soir. Je me presse contre elle quand la sorcière nous fait transplaner dans sa chambre, et je m'évanouie d'épuisement toute habillée dans son lit familier.
Je me réveille en sursaut, le cœur qui bat la chamade contre ma poitrine trempée de sueurs froides. Une main rassurante me ramène contre son corps voluptueux, et je me détends un peu, la respiration toujours courte.
- Tes amis sont en sécurité, me murmure une Bellatrix endormie, mais qui me connait trop bien dans mon sens des priorités. Je me calle complètement contre sa poitrine, le visage au creux de son cou.
Elle caresse mes cheveux pendant plusieurs minutes, fredonne une chanson apaisante. Sa voix est étonnamment juste et je classe cette nouvelle information dans le tiroir des faits étonnants sur Bellatrix Black. Elle s'éclaircie la gorge avant de reprendre, prudente.
- Hermione… Je n'ai pas encore regardé ton souvenir, j'attendais ta permission. Je ne veux pas entrer dans ta tête sans ton consentement.
Je sais tout le contrôle qu'a dû lui demander un tel acte de respect, sentant toute son énergie en mode vengeance. Je la serre encore plus contre moi, mes larmes coulent entre ses seins.
- Merci, je parviens à murmurer, la voix étranglée. Je ne me rappelle d'aucun détail, c'est comme si… comme si mon esprit m'a protégé des souvenirs. Tu peux le regarder, mais je ne veux rien savoir.
Mon amante hoche son approbation, et se lève discrètement pour s'enfermer dans la salle de bain avec mon souvenir et une pensine. Je n'entends rien, je me contente de fixer le plafond et de me concentrer sur ma respiration. Je me rappelle brusquement où je suis, que mes amis et moi devront rapidement quitter le Manoir. Que j'étais décidée dur comme fer à expliquer ma relation à mes compagnons, mais que la vie avait d'autres plans.
Juste avant de me perdre trop loin dans ma noirceur, j'entends Bellatrix grogner, puis éclater au sol quelque chose qui a déjà été fragile. Elle sort de l'immense pièce en marbre, plus blême qu'à l'habitude, la lèvre tremblante.
- Attends-moi ici et ne bouge pas, elle peine à articuler, la mâchoire serrée par la rage.
Le temps est interminable, seule dans sa chambre, à la lueur d'une bougie sur la table de chevet. Je prends conscience de l'hostilité du lieu où je me trouve, malgré la bulle intemporelle de bien-être qu'est sa chambre. De la quête qui nous attend encore, et qui me demandera de me remettre de mes émotions. La tête me tourne. Et qu'est-ce que Bellatrix est partie faire, je me demande, en panique, m'imaginant les corps des Rafleurs s'accumuler à ses pieds. Je frissonne de dégoût, m'efforçant depuis le début de notre relation à ne pas penser à elle comme une meurtrière, à occulter ce léger détail.
Ma douce entrouvre alors la porte de sa chambre pour s'y glisser, suivie de sa sœur, Narcissa. Je sursaute, et ramène le drap contre moi, la sueur froide me coulant dans le dos. À ma connaissance, personne dans la famille de Bellatrix n'est au courant pour nous deux. Je fixe ses yeux avec une panique manifeste, cherchant ma baguette en ne les quittant jamais des yeux.
- Hermione, ma sœur est ici pour t'aider, me rassure Bella en s'asseyant à mes côtés sur le lit.
- Bella ne l'admettra jamais, Miss Granger, mais mes talents en potions sont de loin supérieurs aux siens, mentionne avec un sourire en coin la sorcière blonde en déposant quelques fioles sur la table de chevet.
Bellatrix roule des yeux, mais m'explique qu'elle serait plus rassurée si je prenais ces quelques potions pour prévenir de potentielles séquelles physiques et psychologiques de mon agression. Je déglutis, touchée et étonnée par sa solution. Moi qui m'attendais à une pile de corps digne de la Tour Eiffel.
J'accepte la proposition des deux sœurs, et j'avale sans rien dire les trois fioles. À la suite de quoi, Narcissa se lève, digne. Leur deux visages sont si différents, et pourtant, je vois briller dans les yeux de la blonde une lueur de malice que je connais trop bien. Un goût pour le jeu, l'aventure, l'inconnu.
- En espérant pouvoir vous recevoir dans d'autres circonstances sous peu, Miss Granger, Narcissa exprime en se dirigeant vers la porte. Vous êtes la première femme qu'elle me laisse rencontrer, je ne l'oublierai pas.
Sa bienveillance m'est déconcertante, mais loin d'être désagréable. Je la remercie, ayant à peine le temps de poser ma tête sur l'oreiller, que le sommeil généré par l'une des potions m'emporte dans un monde lointain.
Encore une fois, avec du retard!
Merci à qui lisent toujours,
AB xxx
