Bonne lecture, très chers lecteurs
Le printemps aurait dû apporter une atmosphère légère et joyeuse à Poudlard, mais cette année, la saison était marquée par une ombre sombre. L'école venait de subir une tragédie : la mort mystérieuse d'une élève. Myrtle Warren, une élève de Serdaigle, avait été retrouvée sans vie dans les toilettes du deuxième étage. Depuis, une aura de peur et d'incertitude planait sur le château. Le corps enseignant, désemparé face à l'horreur de cet événement, avait décidé d'accorder une semaine de congé aux élèves. Chacun espérait que ce répit permettrait aux esprits de se calmer et aux rumeurs de s'apaiser, mais la plupart savaient que ce n'était qu'une solution temporaire.
Tom Jedusor, pour sa part, voyait ces jours de liberté comme une opportunité. Pour lui, ce répit était une fenêtre idéale pour avancer ses propres plans, loin des regards suspicieux de ses camarades et de ses professeurs. Au lieu de retourner chez les Moldus qui l'avaient élevé, il avait choisi de se rendre chez Avery, son camarade de Serpentard et membre influent de la vieille aristocratie sorcière.
Les élèves de sang-pur, comme Avery, profitaient souvent des congés pour retourner dans leurs somptueuses demeures, là où les réceptions printanières et les bals des débutantes allaient bientôt commencer. Tom savait que ces rassemblements seraient l'occasion idéale pour se rapprocher d'une certaine jeune femme qu'il avait remarquée. Il n'était pas question d'amour, bien sûr — Tom Jedusor ne s'intéressait pas à ce sentiment —, mais il comprenait la puissance des alliances sociales et politiques, même à travers des jeux de séduction.
C'est ainsi qu'il se retrouvait, un matin clair de printemps, devant l'imposante demeure des Avery, prêt à demander des conseils à son ami, ou plutôt, à l'utiliser pour affiner sa stratégie.
Le manoir des Avery dominait la campagne environnante, un édifice en pierre grise aux fenêtres hautes et aux jardins fleuris. Les domestiques l'accueillirent en silence, l'escortant à travers le hall orné de portraits d'ancêtres solennels, avant de le mener au salon où Avery l'attendait déjà, installé dans un fauteuil près de la fenêtre.
Avery se leva en voyant Tom entrer, un sourire fin sur les lèvres. Il semblait surpris, mais agréablement flatté, que Tom ait choisi de le visiter.
« Tom », dit-il en s'inclinant légèrement. « Je dois dire que je ne m'attendais pas à ta visite, surtout en cette période de congé. Que me vaut cet honneur ? »
Tom s'approcha lentement, scrutant la pièce avec son regard perçant avant de se tourner vers Avery.
« La situation à Poudlard est... troublée, disons », commença-t-il d'un ton calme. « Je préfère passer ces jours loin du château. Et puisque ta famille ouvre la saison des bals des débutantes, il m'a semblé pertinent de venir te voir. »
Avery hocha la tête, dissimulant mal sa fierté.
« Oui, ma mère adore organiser ces réceptions. Elle tient à maintenir les traditions, même en ces temps troublés. Mais je doute que tu sois venu simplement pour discuter des plaisirs du printemps, Tom. Qu'est-ce qui t'amène vraiment ici ? »
Tom esquissa un sourire énigmatique et prit place dans un fauteuil en face de lui.
« J'ai besoin de tes conseils, Avery », dit-il, le ton léger mais calculé. « Il semble que je doive courtiser une jeune femme de sang-pur. Et je sais que ces jeux sociaux sont ton domaine d'expertise. »
Les yeux d'Avery s'agrandirent de surprise. Il n'avait jamais imaginé que Tom Jedusor, habituellement si distant et impénétrable, s'intéresserait à courtiser qui que ce soit.
« Je dois dire que tu m'étonnes, Tom », répondit Avery en riant doucement. « Toi, intéressé par une femme ? Cela semble bien inhabituel. De qui s'agit-il ? »
« Ce n'est pas important pour le moment », répliqua Tom avec un geste de la main. « Ce qui importe, c'est de savoir comment obtenir ce que je veux. Les bals de printemps sont des lieux parfaits pour tisser des liens, et je suis sûr que tu connais bien ce terrain. »
Avery se détendit dans son fauteuil, prenant un air pensif. Il savait que cette demande était un test, une façon pour Tom de jauger sa valeur et son utilité.
« Eh bien, si tu veux mon avis, tu devras d'abord te montrer respectueux des traditions », commença Avery. « Les jeunes femmes de sang-pur sont élevées dans l'idée que leur héritage est sacré. Montre-lui que tu connais sa famille, ses ancêtres. Parle-lui d'une vieille coutume associée à sa lignée, évoque une histoire que peu connaissent. Cela la surprendra et captera son attention. »
Tom acquiesça, réfléchissant à cette première étape.
« La flatter par la connaissance de ses racines, oui », murmura-t-il. « Mais cela ne suffira pas à la convaincre. Que devrais-je faire ensuite pour
l'impressionner davantage ? »
Avery se pencha légèrement en avant, comme pour partager un secret.
« Lors de ces réceptions, tout le monde cherche à se démarquer, à prouver sa valeur. Une démonstration discrète de tes talents magiques pourrait faire la différence. Pas quelque chose de trop ostentatoire, bien sûr, mais une magie rare, que peu maîtrisent. Cela éveillera sa curiosité et lui fera comprendre que tu es différent des autres. »
Le sourire de Tom s'élargit, mais ses yeux restaient froids.
« C'est une idée intéressante, Avery. Et si cela ne fonctionne pas ? Si elle ne se laisse pas impressionner par une démonstration de puissance ? »
Avery prit une gorgée de vin, ses yeux bleu perçant fixés sur Tom avec une lueur malicieuse.
« Alors, tu devras adopter une autre approche. Les femmes de sang-pur aiment croire qu'elles peuvent percer un mystère, découvrir une part cachée de quelqu'un. Montre-lui une vulnérabilité feinte, quelque chose qu'elle croira être une part de toi que personne d'autre n'a vue. Cela la poussera à vouloir te comprendre, à vouloir être celle qui te 'sauvera'. »
Tom resta silencieux un moment, ses yeux scrutant Avery comme s'il tentait de lire au-delà de ses paroles. Puis il se leva lentement, visiblement satisfait.
« Tu es plein de sagesse, Avery. Je savais que tu saurais m'apporter les réponses que je cherchais. »
Avery inclina légèrement la tête, flatté malgré lui.
« Je suis heureux d'avoir pu t'aider, Tom. J'espère seulement que mes conseils mèneront là où tu le souhaites. »
Tom esquissa un sourire froid, presque amusé.
« Oh, je le crois aussi. Mais n'oublie jamais : dans ce jeu, il y a toujours un risque, même pour les joueurs les plus habiles. »
Avery haussa les épaules, feignant l'indifférence, mais une lueur d'inquiétude traversa brièvement son regard.
« Peut-être, mais ce sont ceux qui osent qui finissent par triompher. »
Tom ne répondit pas, se contentant d'un dernier regard perçant avant de quitter la pièce. Avery le regarda disparaître dans le couloir, puis se rassit, l'air pensif, fixant un point invisible dans le jardin fleuri.
« Le bal est lancé, Tom », murmura-t-il pour lui-même. « Mais même les danseurs les plus gracieux peuvent finir par chuter. »
Le salon du professeur Dumbledore était plongé dans une lumière dorée, baignée par les premiers rayons du printemps. Dehors, les cerisiers en fleurs dansaient sous la brise légère, mais une atmosphère lourde et solennelle régnait à l'intérieur. Poudlard était en deuil depuis la mort tragique de Myrtle Warren, et les élèves avaient été autorisés à quitter le château pour une semaine de répit. Pourtant, pour Hélène Rosier, ce congé n'avait apporté aucun soulagement.
Assise dans un fauteuil face à la cheminée, Hélène semblait perdue dans ses pensées. Ses longs cheveux noirs encadraient son visage pâle, et ses yeux sombres étaient fixés sur les flammes, comme si elle cherchait à y lire un futur incertain. Elle n'avait pas demandé à voir Dumbledore en tant que professeur, mais en tant que parrain, le seul homme capable de l'aider à comprendre la complexité de son destin.
Albus Dumbledore entra dans la pièce, portant un sourire empreint de tendresse et de tristesse. Il connaissait bien les tourments qui habitaient Hélène, et il savait que ce qu'elle allait lui demander n'était pas simple.
« Hélène, je suis heureux que tu sois venue », dit-il doucement en s'asseyant face à elle. « Tu sais que je suis toujours là pour toi. »
Elle leva les yeux vers lui, un sourire faible et fragile effleurant ses lèvres.
« Merci, parrain », murmura-t-elle. « J'avais besoin de parler à quelqu'un qui comprend… tout cela. »
Dumbledore inclina légèrement la tête, ses yeux bleus perçants fixés sur elle, attendant patiemment qu'elle trouve les mots.
« C'est à propos de la prophétie », dit-elle finalement, brisant le silence. Sa voix était calme, mais teintée d'une inquiétude profonde. « Celle qui me lie à Tom Jedusor. Je ne peux plus l'ignorer. Je sens son poids chaque jour un peu plus, surtout après ce qui est arrivé à Myrtle. »
Dumbledore inspira profondément, ses traits se durcissant légèrement. Il connaissait bien cette prophétie, un ancien présage murmuré par un voyant oublié, que seuls quelques initiés connaissaient. Elle parlait de deux âmes liées par une destinée commune, destinée à s'attirer l'une l'autre, pour le meilleur ou pour le pire.
« Je me suis toujours demandé si tu viendrais me parler de cela », répondit-il doucement. « C'est une lourde charge à porter pour quelqu'un d'aussi jeune. Dis-moi, Hélène, qu'est-ce qui t'inquiète exactement ? Est-ce Tom, ou est-ce ce que la prophétie semble impliquer pour toi ? »
Hélène détourna le regard, fixant les flammes qui dansaient dans l'âtre. Elle semblait hésiter, comme si formuler ses pensées à haute voix risquait de les rendre trop réelles.
« C'est lui, et ce que je ressens en sa présence », avoua-t-elle finalement. « Il y a quelque chose en lui qui m'attire, malgré moi. Une force, un charisme… et pourtant, je sens aussi une obscurité profonde, quelque chose qui me terrifie. Je ne sais pas si je dois chercher à me rapprocher de lui ou me tenir le plus loin possible. »
Dumbledore hocha lentement la tête, réfléchissant à ses paroles. Il avait toujours perçu cette connexion étrange entre Hélène et Tom, une tension palpable, comme deux forces contraires destinées à entrer en collision.
« La prophétie parle d'une union, d'un lien indéfectible, mais elle ne précise pas si ce lien est fondé sur l'amour ou la destruction », dit-il finalement. « Ce que tu ressens est peut-être une manifestation de ce destin qui cherche à s'accomplir. Mais, Hélène, la prophétie n'est pas une condamnation. Elle décrit une possibilité, pas une certitude. Tu as encore ton libre arbitre, ton pouvoir de décision. »
Hélène releva les yeux vers lui, une lueur d'espoir dans son regard.
« C'est ce que j'aimerais croire, Albus », murmura-t-elle. « Mais comment puis-je l'approcher sans me perdre ? Je sens que la prophétie nous pousse l'un vers l'autre, mais je ne veux pas être une simple marionnette. Je veux pouvoir le connaître, mais sans me laisser consumer par lui. »
Dumbledore se pencha en avant, prenant doucement la main d'Hélène dans les siennes.
« La clé sera ta lucidité », dit-il avec gravité. « Tom Jedusor est doué pour déceler les failles dans le cœur des autres. Il sait comment manipuler les sentiments pour obtenir ce qu'il veut. Si tu choisis de te rapprocher de lui, tu devras te montrer plus forte que jamais, garder tes pensées les plus profondes pour toi seule. Ne lui laisse jamais voir tes véritables doutes ou tes peurs. »
Elle hocha la tête, assimilant ses conseils. Ses traits se durcirent légèrement, comme si elle prenait une décision intérieure.
« Très bien », dit-elle doucement, mais avec une détermination nouvelle. « Je jouerai ce jeu, mais selon mes propres règles. Je lui montrerai que je ne suis pas comme les autres, que je ne suis pas une simple victime de cette prophétie. »
Dumbledore esquissa un sourire triste, mais fier.
« C'est la bonne attitude, Hélène. Mais souviens-toi que ce jeu est dangereux. Tom Jedusor n'est pas quelqu'un que l'on peut sous-estimer. S'il perçoit que tu lui échappes, il pourrait chercher à te briser. »
Elle serra la main de Dumbledore, une étincelle de défi dans ses yeux sombres.
« Alors je m'assurerai qu'il ne voit jamais mes faiblesses. Je le courtiserai, mais je garderai toujours mes distances. Je suivrai la prophétie, mais à ma manière. »
Dumbledore hocha lentement la tête, relâchant sa main.
« Sois prudente, ma chère filleule. Le chemin que tu choisis de suivre est semé d'embûches, mais je crois en toi. Tu as une force intérieure que peu de personnes possèdent. Et n'oublie jamais, Hélène : même si la prophétie tente de guider ton destin, c'est toi qui décides de la direction que tu prends. »
Hélène se leva, prête à quitter le bureau. Avant de partir, elle se retourna une dernière fois, un sourire énigmatique aux lèvres.
« Merci, Albus. Grâce à toi, je me sens prête à affronter ce qui m'attend. Je ne laisserai pas cette prophétie dicter ma vie. Je suis Hélène Rosier, et c'est moi qui choisirai mon avenir. »
Dumbledore la regarda partir, le cœur à la fois lourd et empli d'espoir. Il savait que la jeune femme venait de prendre une décision qui pourrait changer le cours de l'histoire, pour elle et pour Tom Jedusor. Il poussa un léger soupir, se tournant vers la fenêtre pour observer le ciel clair.
« Le destin est un tissu complexe », murmura-t-il pour lui-même. « Puisses-tu réussir à en dénouer les fils, Hélène, avant qu'ils ne t'enchaînent à jamais. »
On se revoit pour le premier bal de la saison
