Chapitre 432 : Damned you !

Me voilà enfermée dans ma chambre.

J'y suis effectivement détenue et, à ma surprise, lorsque vient l'heure des repas, c'est mon bourreau qui apparaît, plateau garni uniquement d'une carafe d'eau et d'un misérable quignon de pain rassis.

Il ferme derrière lui et s'avance, déposant le plateau sur la table en le faisant claquer. "Bien. Etes-vous revenue à la raison ?"

Là. Maintenant. Tout de suite. Je me lève prestement et lui crache en plein visage !

Il cligne, totalement incrédule. Est-ce bien ce qu'il... imagine qui vient de maculer son visage ?...

Il met un certain temps pour sortir son précieux mouchoir et, doigts tremblant de rage et de dégoût, essuyer grossièrement le crachat. Ses pensées trébuchent dans sa tête. Sa parole tarde à se former dans sa bouche.

"Vous êtes... véritablement hystérique... c'est le bûcher qui vous attend... Le bûcher... vous dis-je..." levant une paume au sein de laquelle commencent à danser quelques flammes.

Il est hors de lui !

"Vous venez de me pousser à bout de patience... je vous en félicite... préparez-vous à une terrible agonie..."

Les flammes ne cessent de grossir dans sa paume !...

Je recule d'un pas. Puis de deux.

Nous venons de dépasser les frontières de la simple querelle !...

"Je rechigne d'ordinaire à utiliser... cette répugnante magie... mais vous m'y avez conduit..."

Les flammes viennent soudain l'habiller et seul son regard perçant le rend reconnaissable !

On frappe soudain à la porte. "ROLLO ?! ROLLO, TU ES LA ?!"

La voix le calme instantanément et les flammes tarissent.

"ROLLO, OUVRE CETTE PORTE !"

"Gré... goire..."

Je hausse le sourcil.

"OUVRE OU JE L'ENFONCE !" donnant un premier coup d'épaule contre le bois.

Flamm a retrouvé son aspect usuel. D'un pas calme, il déverrouille la porte et ouvre, offrant son visage le plus impassible. "Inutile de faire tout ce tapage, Grégoire."

Le dénommé Grégoire ose un bref regard à l'intérieur.

Aussitôt le fait me claque au visage ; ces deux-là sont... bien plus que des camarades ou des amis... ils sont... amants ! Cela suinte par tous les pores !...

Le dénommé Grégoire est plutôt joli garçon. Un brin gay, hey !...

"Occupes-toi en. Moi, je n'en ai plus la force." passant la porte. "Elle m'a... usé." tapotant l'épaule de Grégoire, me livrant à sa merci.

Grégoire s'avance dans la chambre, avisant mon plateau. "Eh bien... il n'y est pas allé de main morte..." attrapant le pain avant de le reposer sur l'assiette immaculée. "Qu'avez-vous fait pour... mériter un tel traitement ?..."

"Je crois que j'ai contrarié votre... amant."

Il écarquille les yeux. Tic nerveux sur le visage suivi d'un rire non moins naturel. "Observatrice !..."

"Sauf votre respect, que faites-vous avec un... individu pareil ?"

Petit sourire. "Il faut bien le connaître pour... l'apprécier."


Grégoire se pose à la table sur laquelle Rollo prend son souper.

"Elle est charmante !..."

Rollo hausse le sourcil. "Ne me dis pas que... tu es tombé sous le charme de cette..." estomaqué.

Grégoire attrape une pomme et y mord à pleines dents. "Peut-être."

"Tu me... tournes en bourrique."

"Elle t'a tenu tête. Ici, même les mâles ne s'y aventurent pas. Alors encore une femme..."

"Sa place n'est pas ici."

"Oh, tu veux dire qu'elle... met sens-dessus dessous ton petit univers bien rangé ?"

Rollo renifle. Grégoire a toujours eu l'art de faire mouche chaque fois !...

"Quoi que je dise, tu vas me contrer, n'est-ce pas ?"

"Bingo."

Bref affrontement de regards.

"C'est ridicule, Rollo. Ton attitude est ridicule. Tu la séquestres !..."

"Elle a... manqué de me faire utiliser..."

"Les flammes, je sais. Je sais." retroussant ses manches pour présenter les stigmates de brûlures.

Rollo détourne le regard, révulsé. "Je n'aime pas... voir ces marques."

"Chacune... a été la promesse de moments inoubliables, Rollo."

"Qui sont... à jamais gravés dans ta chair, Grégoire." se couvrant le bas du visage.

"Je ne regrette rien, Rollo."

Le concerné repousse son plateau, appétit coupé.

"Libère-la. Et sois cool avec elle. Comme tu l'es avec moi."

Le terme fait hausser à nouveau le sourcil à Rollo. "Elle va ternir la réputation de cet établissement, Grégoire." grimacé. "Et tu sais à quel point l'honneur de Noble Bell m'est cher."

"Oui, je sais tout ça, Rollo." glissant sa main sur la sienne, réconfortant.


La clé tourne dans la serrure et il apparaît.

Je me tiens sur mes gardes, le dardant d'un regard dur.

"Grégoire a plaidé en votre faveur. Je suis prêt à vous accorder une chance."

"J'imagine... qu'il y a des conditions ?"

"Votre comportement doit être irréprochable. Ainsi que vos résultats. Je ne veux... plus jamais entendre parler de la moindre frasque vous concernant." agitant l'index.

"Une vie... aussi ennuyeuse que la vôtre, si j'ai bien saisi ? La condition à ma... liberté."

"Vous ne ferez plus le mur la nuit et montrerez une assiduité exemplaire aux cours."

J'en soupire, contrariée.

Il hausse le sourcil. "Une... objection ? Encore ?"

"Vous êtes... ennuyeux à mourir, Chairman. Ennuyeux à mourir."


Coup de coude. "A ta gauche."

Rollo jette un coup d'oeil.

"Une véritable amazone." se régale Grégoire alors que je tente de discipliner Na'ir.

"Elle va se rompre le os. Elle l'aura bien cherché."

"Elle est... magnifique. Tu ne trouves pas ?..." s'en pinçant la lèvre.

"Tu... es épris ?" le réalisant enfin.

"Oui. Comme toi."

Rollo se réfugie derrière son mouchoir. "De cette... gourgandine dépravée ?... Elle fait le mur pour retrouver des hommes, Grégoire !..."

"L'as-tu prise sur le fait ? Et toi, ne l'as-tu point fait lorsque la curiosité a dirigé tes pas jusqu'aux flammes devant lesquelles dansait cette bohémienne ?..."

Rollo le dévisage, yeux écarquillés. "Comm... comment le... ?..."

"Je t'ai suivi. En fait, non. C'est elle que je suivais. Et elle m'a conduit jusqu'à toi. Qu'étais-tu allé chercher là-bas, Rollo ?"

"Je... je l'ignore, Grégoire. L'attrait des flammes... et cette... déesse du feu dansant devant elles..."

Grégoire s'avance et dépose un bise sur la joue de Rollo. "Je t'aime, Rollo Flamm."


Me voilà à nouveau convoquée... Qu'ai-je bien pu faire de travers cette fois encore ?

Je frappe à la porte et entre. Il m'y attend, feu ronronnant dans l'âtre.

"Ah, Mademoiselle Von Kreutzberg." se levant, me présentant l'une de mes compositions latines. "Félicitations pour votre travail qui a su se distinguer des autres copies."

Je le fixe. Cynisme ? Non. Moquerie ? Il ne semble guère.

"Votre devoir était très à-propos."

"Vous... me félicitez ?..."

"Je sais reconnaître un travail de qualité." se posant sur le tranchant du bureau.

"Si vous avez terminé..." désireuse de quitter sa présence.

"Oui, bien sûr. Allez-y."

J'attrape la poignée de la porte.

"Oh, Mademoiselle Von Kreutzberg, une dernière petite chose..."

Je soupire et me retourne.

"Ne vous avisez, sous aucun prétexte, à tourner la tête de Grégoire."

Ah !... Nous y sommes.

J'esquisse un sourire. "Vous sentiriez-vous... menacé, Chairman ?"

"Je vous mets en garde contre cette mauvaise habitude que vous semblez entretenir de vous jouer des hommes, Mademoiselle."

"Des hommes tels que vous, peut-être." l'attaquant de front.

"Tss. Dire que je vous pensais revenue dans le droit chemin..." proprement écœuré. "Je ne devrai pourtant ne pas en être étonné ; une mauvaise herbe n'aura jamais d'autre nature que celle d'une folle sauvageonne !..." croisant les bras.

Il est détestable !...

Je crisse des dents.

"Auriez-vous l'audace de rétorquer, Mademoiselle ?"

"Je vous emmerde, Chairman ! Si profondément que vous ne pouvez pas même vous l'imaginer !"

"Quelle grossièreté, Seigneur." se couvrant la bouche de son précieux mouchoir.

Je secoue la tête. Buté. Buté, vous dis-je ! "Poor sexually repressed boy !..." en anglais de le texte.

"Je ne vous permets pas !" quittant le tranchant du bureau.

"C'est vraiment à se demander ce que Grégoire peut bien vous trouver !" claquant la porte derrière moi, furieuse.


"Croissant ? Tout droit sorti du four de notre boulangerie préférée !..." lui présentant la viennoiserie.

"Pose ça là, merci." lui indiquant le coin du bureau.

Grégoire se pose d'une fesse sur le tranchant du bureau. "Quelle mine des mauvais jours !..." amusé. "Un étudiant te causerait-il du tourment, Rollo ?" mordant dans un pain aux raisins.

"Toujours la même." grommelé.

"Encore ? Tu as décidé de t'acharner sur elle, ma parole !..."

"Détrompe-toi. J'ai tenté de la féliciter."

"Hmm ?..." plissant le regard. "Tu ne dis pas tout."

Reniflement en face. "Et l'ai dissuadée de te tourner autour."

Grand éclat de rire. "Rollo, tu es impayable !..."

"Grégoire." plaçant son mouchoir de manière à couvrir le bas de son visage affecté.

"Tu devrais te rendre chez le premier fleuriste venu, faire l'acquisition du plus joli bouquet et aller frapper à sa porte pour t'excuser - platement, de préférence."

"Jamais de la vie !" outré, se levant, faisant presque basculer la chaise, mains à plat sur le bureau.

"Elle a aussi bien compris que moi pour quelles inavouables raisons tu t'acharnes, Rollo. Game over, mon frère. Et même si elle ne l'a pas encore saisi, cela ne saurait tarder."

"Tu... divagues, Greg !..." révulsé.

"Oh, arrête. Ta grimace, je la connais, Rollo !..."

"Je n'éprouve à son égard qu'une vive animosité, une aversion si profonde qu'elle me tord les entrailles !..."

"Et le sexe ?"

"Quoi ?... Le... sexe ?..." désarçonné, visage animé d'un tic nerveux.

"Le fait-elle monter aussi haut que j'en suis capable, Rollo ?"

Mouchoir, le retour. "C'est... proprement inconvenant." grimacé d'horreur.

"Sois honnête et cesse de te cacher." lui faisant abaisser le mouchoir.

"On ne me verra jamais en compagnie d'une telle dépravée !... Par ailleurs, je souhaite conserver ma bonne santé !"

Grégoire hausse le sourcil, peu certain de suivre la pensée de son ami et amant.

"Elle ne fait que courir le guilledou ! Je ne t'apprends rien au sujet des maladies vénériennes transmises dans tous les bas-fonds de la Cité, n'est-ce pas ?"

Grégoire pouffe. "Il existe des moyens de protection, tu sais ? Cela n'atteste rien. C'est un cou d'épée dans l'eau."

"Elle n'est ni fiable ni fréquentable !" s'emportant, respiration vive.

"Doucement, doucement. Tu vas nous faire un arrêt cardiaque, mon vieux." goguenard. "En as-tu terminé de ton argumentaire bancal ?..."

"Bancal ?! Je viens de faire la démonstration que cette fille ne vaut rien !"

"Tu as déjà entendu parler des extrêmes qui s'attirent ?"

"JE NE SUIS PAS ATTIRE PAR ELLE !" hurlé, artères du cou parfaitement saillantes, paume sur la poitrine, doigts écartés, respiration vive et courte.


"Rachel."

"Grégoire."

Petit rire derrière sa main. "Rachel, je suis profondément chagriné. Tu mets mon mec dans un sacré état." sans détour.

"Par... don ?"

"Il ne sait plus où donner de la tête depuis ton arrivée. Oh, il tente bien évidemment de s'en défendre mais... je ne suis pas dupe. Je ne l'ai point vu ainsi depuis qu'il a été troublé par la ravissante beauté de la fille du tanneur. Avant d'apprendre qu'elle était fiancé au fils du boulanger."

A mon tour de pouffer. "God !..."

"La question est : que faisons-nous ?... Parce que tu sais, comme moi, qu'il est buté dans son genre..."

"Ton mec, ton problème, mon cher Grégoire." poussant la lourde porte qui donne sur le square.

"Tu vas me le rendre fou, Rachel !..." amusé et concerné à la fois. "Fou, te dis-je !..." marchant à reculons devant moi avec de grands gestes.

"Permets-moi de te dire que vous êtes curieusement assortis, sauf ton respect, Grégoire."

"Rachel, je vais partir à la guerre. Je compte sur toi pour prendre soin de Rollo."

Je stoppe mon pas. "A... la guerre ?..."

"Oui. Mon père possède un duché dans la région. La Cité demeure sous sa bonne garde et nos ennemis poussent à l'est."

"Je... l'ignorais... Grégoire..." sous le choc.

"Hey, je m'en sortirai. Ce ne sera pas... ma première bataille. Mais... je souhaite vraiment te confier Rollo." attrapant ma main pour en baiser galamment le dos. "S'il te plaît, ma jolie fleur, prends-en grand soin en mon absence."


J'hésite. Beaucoup.

Je finis par m'avancer, m'éclaircissant la voix une fois arrêtée devant lui tandis qu'il lit sur un banc.

Il abaisse son classique de littérature française. "Que voulez-vous ?"

"M'assurer que... vous ne soyez pas trop affecté par le départ de Grégoire."

"Vous... me faites la charité ?"

"Pardon ?"

"Rien ne vous oblige à m'adresser la parole." replongeant dans son bouquin.

"Imbuvable, vraiment." serrant les poings le long du corps. "Dire que Grégoire se soucie de vous..." irritée.

"Grégoire remportera cette bataille. Son retour dans la Cité sera victorieux, comme à son ordinaire." sans me porter le moindre regard. "D'ici là... veillez à ne pas m'importuner."

J'allais lui asséner un magnifique doigt d'honneur lorsque soudain un étudiant arrive comme un dératé vers nous. "MESSIRE FLAMM, MESSIRE FLAMM !"

"Allons bon, quel est encore ce tapage ?..." se pinçant l'arête du nez.

"Une invasion !... De pilleurs !... Par l'Ouest !..."

Flamm se lève prestement et couvre sa tête de son imposant couvre-chef. "Mettez tous les étudiants à l'abri dans la tour Est ! Faites sonner la Bell of Salvation !..."


"C'est... c'est Messire Flamm !" désignant la silhouette que l'on distingue à peine depuis le clocher où nous sommes tous rassemblés.

"Ils vont se ramasser la raclée du siècle !..."

"Poussez-vous, je veux voir !..."

Un homme seul ?... Contre une armée ?...

Je me fraye un chemin, pleine vue en contrebas.

Flamm quitte la cour au petit trot, armé de ce qui me semble être un... sceptre ?...

Il se positionne devant l'école.

Son animal, à la robe sombre, est magnifique !...

Un groupe de pilleurs vient de prendre la tête d'une escouade d'une dizaine d'hommes.

Il s'arrête devant Flamm postés là.

"J'imagine que vos intentions ne sont guère des plus louables, Messieurs. Si je puis me permettre un sage conseil : rebroussez chemin."

Un rire d'une seule voix. Gras. "Il va bien gentiment se pousser, le freluquet !... S'il ne veut pas qu'on lui lacère la face !..."

"Vous ne ferez pas un pas de plus." brandissant le sceptre. "Hellfire !... Donne-moi la force des flammes !..."

Une boule de feu quitte l'objet magique et ravage les rangs.

Flamm charge les plus récalcitrants qui s'enfuient sans demander leur reste !...

Il reste cependant une vingtaine d'hommes derrière eux. Lourdement armés.

Ils serrent les rangs et avancent. "TRANCHEZ LUI LA TÊTE !"

"Tss. Mécréants." descendant de cheval, donnant une tape à sa monture pour qu'elle s'éloigne. "Venez à moi et vous serez chaleureusement reçus." les invite-t-il, bras écartés.

D'où je suis je ne l'entends pas incanter mais soudain des flammes viennent le revêtir - un air de déjà-vu ?... - mettant en fuite les assaillants.


C'est l'attroupement au retour de Flamm, chaque étudiant souhaitant le féliciter personnellement.

Je renifle. Hors de question d'aller lui baiser les pieds de la sorte !

Je trouve finalement refuge dans le clocher, admirant le panorama lorsque soudain...

"Vous ?!"

Il grimace, comprimant son précieux mouchoir entre ses doigts jusqu'à en faire blanchir les jointures.

"L'un de nous est de trop, j'imagine." me préparant à prendre les marches pour quitter le clocher.

"Attendez." me barrant le chemin du bras.

"Quoi encore ?!" agressive.

"Tentons de... cohabiter pacifiquement, voulez-vous ?..."

Mirage auditif ?... Non.

"Laissez-moi vous montrer la Cité le soleil couchant." m'y invitant, galant.

L'animal aurait-il un minimum de manières ?... J'en demeure ébahie. Tout en me demandant quel sera le prochain sujet de querelle...

"Voyez-vous le pont en contrebas ?... Le bâtiment à droite ? Il s'agit de la maison du commerce." me l'indiquant de l'index.

Il connaît chaque bâtiment, chaque pierre, c'est impressionnant !...

"Vous êtes né dans la Cité ?"

"J'aurai beaucoup aimé mais non, je suis de la banlieue toute proche. Mes parents étaient de condition modeste, vous savez. Nous n'avions guère les moyens pour nous y établir."

"Pourtant... vous êtes entré dans cette école... et vous y avez gravi les marches."

"En effet." sur un faible sourire. "Cela n'a pas été simple et m'a demandé un travail acharné." s'ouvrant davantage.

"Cela ne peut que forcer l'admiration." de bonne grâce. "Et... votre pouvoir ?... Celui que vous me destiniez, celui des flammes qui a mis en déroute ces pilleurs, vous le possédez depuis longtemps ?..."

"Il s'est éveillé à mon entrée dans l'adolescence."

Nous nous asseyons sur le rebord du muret, nous faisant face.

"Comment... l'avez-vous vécu ?"

"Assez mal. Encore maintenant, d'ailleurs." abaissant les paupières sur ses yeux cernés. "Je l'utilise... toujours avec une certaine réserve. Malgré tout ce que vous pouvez penser."


Nous avons discuté jusqu'au souper. Il a répondu avec une honnêteté frappante à chacune de mes questions.

Serions-nous enfin parvenus à trouver une entente pour le moins cordiale ?...


Je chemine aux côtés de Flamm dans la coursive couverte qui borde le square.

"Des nouvelles de Grégoire ?"

"J'espère une missive pour la fin de la semaine."


L'été apporte son lot d'activités extra-scolaires, notamment la chasse.

Je découvre Flamm dans une toute autre tenue que la longue tunique portée par tous les étudiants de Noble Bell ; bottes à larges revers, portées sur pantalon bouffant, tunique mi-longue, large ceinture de cuir.

Les femmes ne sont pas autorisées à participer à la chasse à proprement parler. Par contre, elles peuvent accompagner les chasseurs et les attendre au campement.

Cela va me changer les idées et aérer Na'ir qui commence à trouver le temps long.

Le soir venu, après avoir goûté les produits de la chasse cuits au feu, nous nous retrouvons autour d'un vaste feu de camp. Je découvre que Flamm joue de la vielle à roue, accompagnant trois autres musiciens. L'instrument est emblématique de la Cité.

Les garçons se relaient pour monter la garde à tour de rôle pendant la nuit.