Bonjour à tous
Nous voici partis pour une petite bricolette que j'ai commise au printemps dernier (car même si je n'écris pas pour les Liens, je suis toujours en train d'écrire autre chose ;) ). Une dizaine de chapitres dans un univers un peu différent, celui du monde médical; un HPDM tout simple, pas forcément joyeux tous les jours, un point de vue unique au fil de la vie de Draco et de leurs rencontres...
Un grand merci à Emmaiwenn pour sa relecture attentive et ses corrections!
Bonne lecture!
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Draco tourne ses clefs dans la serrure mais la porte est déjà déverrouillée; il les retire, actionne la poignée d'une main et récupère le sac de courses qu'il a posé par terre avant de se faufiler par l'ouverture. L'entrée et la cuisine baignent dans l'obscurité mais le salon, lui, est éclairé comme en plein jour, égayé par un fond de musique pop un rien trop fort. Il abandonne ses clefs dans un vide-poche, ses courses au sol le temps d'enlever son manteau et ses chaussures puis il reprend les sacs pour aller les déposer sur la table de la cuisine. Il ne lui faut que quelques instants pour les ranger, l'épicerie dans les placards, la viande au frais et les fruits dans le compotier, mais chaque geste lui coûte. La journée a été longue et pénible, il n'aspire qu'à se couler dans un bon bain jusqu'à s'endormir dedans, et ce n'est visiblement pas le programme qui l'attend.
– C'est toi? crie une voix depuis le salon.
Draco soupire. Qui d'autre? Un voleur n'aurait pas eu les clefs, ni passé cinq minutes à ranger les courses avant de se préoccuper de l'occupant de l'appartement ou de ce qu'il pourrait voler.
– T'es passé chez le boucher récupérer la viande?
La tentation de soupirer à nouveau est criante mais même ça lui coûterait une énergie qu'il n'a plus. Ce soir, il n'a pas le courage ni de se disputer, ni de faire la moindre réflexion.
D'un pas lourd, il se dirige vers le salon pour découvrir Olivier assis sur le canapé, penché sur un calepin qu'il noircit de son écriture irrégulière. La table basse juste devant lui est couverte de journaux et de magazines grands ouverts sur les pages sportives. Dans un coin, une bouteille de bière à moitié vide a laissé une auréole sombre sur le papier.
Tandis qu'Olivier se redresse en passant une main dans ses cheveux déjà bien décoiffés, Draco se penche vers lui pour glisser un baiser sur ses lèvres.
– Tu aurais pu préparer le dîner…
– Mais tu cuisines tellement mieux que moi! se défend Olivier en souriant.
Il a tout de même l'heureuse idée de paraître un peu gêné mais sa contrition ne va pas plus loin.
– … Et puis j'avais cet article à finir urgemment…!
– Ce soir, ce sera sans moi, soupire Draco en s'affalant sur un fauteuil, la tête rejetée sur le dossier et les yeux clos. Ce sera traiteur ou rien. Commande ce que tu veux.
À défaut de se traîner jusqu'à la salle de bains, il aurait voulu enlever sa veste, desserrer sa cravate, retirer ses chaussettes… Savourer le contact doux des poils du tapis sous ses orteils… Mais il n'a tout simplement plus envie de bouger.
Il sait qu'Olivier va traîner quelques minutes, temporiser en espérant qu'il se charge de passer une commande par cheminette… Il s'en fiche; il peut aussi bien aller se coucher sans dîner. Ou alors après une bouteille de bière bien fraîche. S'il en reste…
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Quand la cheminée s'allume dans un Woof sonore, Draco croit qu'il s'est endormi quelques instants et qu'Olivier a fini par se lever sans un bruit pour passer cette fichue commande. Mais la voix qui s'élève n'est pas celle de leur traiteur habituel.
– Docteur Malfoy? Docteur Malfoy?
Le simple mot «docteur» signe la fin du monde, l'adieu irrémédiable à l'idée d'un dîner ou au plaisir d'un bain tranquille. La lassitude le dispute à la résignation… Draco soupire et redresse péniblement la tête, les paupières lourdes d'un sommeil qui n'aurait mis que quelques minutes de plus à l'emporter.
– Oui?
– Vous devez revenir à l'hôpital! Un patient VIP arrive sous transplanage d'escorte et le Ministère veut que ce soit vous qui le preniez en charge!
Draco hausse un sourcil puis le fronce de dépit. Ce boulot aura sa peau. Si ce n'est pas par épuisement, ce sera par la faim et par la soif. Et depuis quand le Ministère se mêle-t-il de la prise en charge des patients, même VIP?! La contrariété le fait grogner tandis qu'il se lève. Il attrape la bouteille de bière sur la table basse pour en avaler une gorgée puis s'approche de la cheminée. La pendule au-dessus du manteau de marbre marque vingt heures trente; il n'est pas près de se coucher.
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À Sainte-Mangouste, l'effervescence est vite redescendue, pour la bonne et simple raison que le patient n'est pas encore là. Les infirmières ont revérifié trois fois leur matériel, les deux autres médecins du service ont préparé quelques sortilèges d'urgence qu'ils peuvent déclencher d'un mot-clef; ils ont fourbi leurs armes en quelque sorte, prêts à toute éventualité.
Puis ils ont tourné en rond en échafaudant des hypothèses à partir de leurs maigres renseignements: est-ce qu'on leur amène un personnage haut-placé? le Ministre en personne? et pour quel type de problème? Une infirmière a évoqué une chute de cheval puisque le Ministre est féru d'équitation; une autre a suggéré en ricanant un problème cardiaque pendant une partie de jambes en l'air. L'atmosphère s'est détendue, ils ont plaisanté un moment entre une ironie bon-enfant et un humour noir.
À présent, ils sont tous assis – affalés – sur les chaises de la salle de repos, en train de se morfondre dans le silence morbide de l'hôpital. Draco maugrée, fatigué de tout et en particulier de cette attente morne qui s'étire dans la nuit.
– Bon sang! Si j'avais su, j'aurais eu le temps de manger un morceau!
– Vous voulez que j'aille vous chercher un truc à grignoter?
– C'est gentil, Emily, mais ne vous en faites pas, ça va aller…
L'infirmière esquisse un sourire et se lève malgré tout, sans un mot. Elle revient quelques instants plus tard avec un petit paquet de cookies qui devait traîner dans les réserves du service et une tasse remplie d'un café brûlant autour duquel Draco s'empresse de réchauffer ses mains.
– Merci, sourit-il avec gratitude.
Le café est trop clair, trop amer, trop aigre, comme tous les cafés des hôpitaux, mais il a le mérite de contenir malgré tout assez de caféine pour lui permettre de reconnecter les quelques neurones qui tambourinent de fatigue à ses tempes. Et le sucre des gâteaux lui met un peu de baume au cœur…
– Bon sang! Mais qu'est-ce qu'ils foutent?! râle Emily.
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Le calme se déchire soudain quand une silhouette sombre apparaît brusquement au beau milieu de la salle d'urgence. Un grand type sombre, avec des robes de combat sombres et un visage sévère et peu avenant. Draco et ses collègues ont à peine le temps de réagir et d'ébaucher un mouvement pour se lever qu'une baguette les vise et qu'un sort fuse vers eux.
Un grand jet de lumière inonde l'espace et les traverse lentement, les sondant des pieds à la tête. Draco a encore les cheveux hérissés sur la nuque et les poils dressés sur ses bras que l'homme jette un regard circulaire sur la pièce puis des sorts à la volée pour s'assurer de la sécurité de l'endroit.
– Hé! crie-t-il. Arrêtez vos conneries! Vous allez ruiner notre matériel et nos sortilèges de soins!
L'homme le regarde sans même daigner lui répondre puis touche brièvement un bracelet à son poignet. Aussitôt, au milieu de la pièce, se matérialise une civière qui lévite entre quatre hommes. Un dernier apparaît un instant plus tard, fermant la marche, et l'enfer personnel de Draco commence.
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Ils se sont tous levés. Précipités. Fouillant du regard la civière et le corps meurtri qu'elle transporte.
Parmi les hommes, Draco reconnaît l'uniforme de deux aurors médicomages d'urgence et c'est à eux qu'il s'adresse.
– Qu'est-ce que c'est que ce cirque?! Qu'est-ce que vous foutiez, merde?!
– Ça va! On a eu du mal à le stabiliser avant de pouvoir faire le transfert!
– Et qu'est-ce que c'est que ces types?!
– Département des Mystères. Ils ont supervisé l'exfiltration…
Draco soupire, agacé au possible contre la situation et contre lui-même. Il n'est pas là pour se disputer avec ces armoires à glace du Ministère mais cette mise en scène l'exaspère. Un patient attend des soins d'urgence et une prise en charge efficace, le reste n'est qu'un décorum inutile.
– Racontez-moi, souffle Draco en s'approchant d'un médicomage.
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Les infirmières, déjà affairées auprès du corps inerte, ont lancé les premiers sortilèges; les chiffres des premières mesures de pouls ou de tension artérielle s'affichent sur l'écran de contrôle; les premières alarmes retentissent d'un son criard.
Mais c'est un autre son qui attire l'attention générale et un semblant de silence: une espèce de gargouillis sanglant s'élève brusquement de la civière, puis c'est une voix éraillée qui émerge du drap.
– Salut Malfoy… Désolé de… t'avoir fait attendre…
Le gloussement amusé s'éteint sur un gémissement alors que les alarmes retentissent à nouveau, plus fortes. Et plus nombreuses.
Le souffle coupé, Draco s'approche de la civière où la tête ballotte brusquement sur le côté.
– Potter?!
– Il est inconscient! s'écrie Emily.
Tandis que ses collègues s'affairent, Draco lève les yeux vers le type sombre à deux pas de la civière.
– C'est Harry Potter, votre patient VIP?!
– Affirmatif.
Draco lui jette un regard noir.
– Qu'est-ce que c'est que ce bordel?! D'où est-ce qu'il sort comme ça, à moitié mort?!
– Pas votre problème. Vous avez trois jours pour le remettre sur pied et il repart.
Draco écarquille les yeux avant de le fusiller du regard.
– Vous plaisantez?!
– Bon! souffle le médicomage des aurors. On peut peut-être s'occuper du patient…? Vous réglerez vos différents plus tard.
– Vous, racontez-moi. Et vous, fulmine-t-il à l'encontre du grand type sombre, foutez-moi le camp d'ici! Vous n'avez rien à faire dans une salle de soins!
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Il est un peu plus de cinq heures du matin quand Draco s'estime le droit de quitter le service pour glaner quelques heures de sommeil. En ôtant sa blouse blanche pour enfiler sa veste de costume, il sent toute la fatigue de cette journée à rallonge lui tomber sur les épaules. Il a mal aux pieds, mal au dos, sa nuque craque avec un son bizarre quand il penche la tête de côté et il a l'impression que son cerveau bourdonne de fatigue. La porte du vestiaire se referme avec un bruit grinçant trop aigu. Une petite tache de sang orne le poignet de sa chemise. Malgré la nausée due au manque de sommeil, son estomac semble se réveiller et crier famine…
Sans savoir pourquoi ni comment, il se retrouve à l'extérieur de l'hôpital. Ses pas hagards et harassés l'ont porté à travers le grand hall désert, seulement hanté par le silence de la nuit et quelques lumières blafardes. Dehors, l'obscurité s'accroche au ciel, un réverbère fend les ombres, le froid est vif. Salutaire.
Draco inspire à pleins poumons; la brûlure de l'air glacial est doucement réconfortante, chassant l'odeur de désinfectant, de sang, de chair calcinée et le parfum d'ozone des sortilèges de soins. L'air du dehors est frais; neutre. Avec ce quelque chose de vivant de l'odeur de la terre humide, des parterres de fleurs et de l'herbe tendre du printemps.
Le banc, un peu plus loin, l'accueille avec tendresse et réconfort. Et un bruit sourd quand il se laisse tomber dessus. La froideur du métal traverse rapidement la mince épaisseur de son pantalon, et bientôt l'humidité fera de même. Peu importe. Il appuie même son dos contre le dossier, renversant la tête en arrière et fouillant le ciel à la recherche des étoiles. Des scintillements épars. Faibles. Mais une impression de profondeur et d'absolu. Des années-lumière de distance, des galaxies en spirale, des nuages de poussière d'étoile et des mondes en pagaille… Ils ne sont tous que des confettis dérisoires face à cet univers somptueux. Des étincelles de vie à peine allumées et aussi vite éteintes. Des anecdotes.
Il faut que le jour commence à se lever et qu'Emily l'aperçoive en quittant l'hôpital pour qu'il se ressaisisse un peu. Les pas de la jeune femme dévient de leur chemin pour passer plus près de son banc. Elle a l'air plus fraîche que lui…
– Pas encore parti, Doc?
Draco se contente de hausser les épaules avec un sourire un peu trop déconfit à son goût.
– Dure nuit, hein? fait-elle encore en portant son gobelet de café à ses lèvres.
Il lâche un soupir qui vaut toutes les réponses du monde puis hoche la tête.
– Il va bien, dit-elle encore. Enfin… il ira bien. Bref. Vous savez, quoi…
Elle glousse un instant, lève son gobelet de café pour le saluer et reprend son chemin.
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L'eau ruisselle sur son dos, chaude, presque brûlante. Il a l'impression qu'elle liquéfie et emporte avec elle les douleurs de ses membres, les courbatures et les contractures. Il a mal partout comme s'il s'était battu toute la nuit… Peut-être bien, en fait. Et une fois la douleur partie, ne reste que la fatigue.
Il n'a pas résisté à la tentation d'une douche avant de se coucher, mais une fois dessous, il n'arrive plus à en sortir. S'il était capable de dormir debout, il pourrait s'endormir là, ses bras croisés appuyés contre le carrelage, son front posé dessus, avec l'eau qui tombe sur son dos et ses reins. Ou roulé en boule dans le fond de la douche. Ce qui, ma foi, ne serait pas très digne…
Même sous la douche, Draco soupire. Des flashs lui reviennent en mémoire. Des images sordides. Des décisions erronées. Des choses qu'ils n'ont comprises que bien tard. Des sortilèges de haute lutte et des incantations interminables. Potter leur a donné sacrément du fil à retordre.
Draco ne sait toujours pas d'où il sort, ni quelle rencontre presque funeste l'a mis dans cet état-là mais il était bien amoché. Entre les blessures physiques, une fracture ouverte du bras ou des orifices étonnants là où il n'y a pas lieu d'en avoir, Potter avait essuyé un certain nombre de sortilèges plus noirs les uns que les autres.
Mais ils ont fait le job; Potter va – ira – bien. Ses organes vitaux sont sauvés, il pourra se servir de son bras et même marcher, il a récupéré un peu de peau là où il le faut, son cerveau semble fonctionnel – si le cerveau de Potter a jamais fonctionné un jour –, le côté physique ira bien… Le reste est l'affaire des briseurs de sorts. Pas une mince affaire, là non plus… Il retournera voir ce qu'il en est tout à l'heure. Après quelques heures de sommeil.
La perspective de dormir le fascine d'un coup et avant même de l'avoir décidé, Draco coupe le jet d'eau et attrape une serviette pour s'essuyer avec de grands gestes mécaniques. Il se brosse les dents rapidement, ravi de retrouver une certaine fraîcheur dans sa bouche. Puis son regard erre dans la salle de bains à la recherche d'un sous-vêtement. D'habitude, il dort en boxer, mais celui-là a vécu toute une journée de travail et de transpiration. Et le linge propre est dans la chambre, dans cette vieille armoire grinçante… Tant pis, il se couchera nu. Il apprécie ça, après tout. Ça a été son habitude pendant des années; avant Olivier. Il espère juste que celui-ci ne prendra pas ça pour une invitation.
Dans la chambre, entre les volets clos et les rideaux opaques, l'obscurité est profonde. D'un pas raide et à tâtons, Draco se dirige vers son côté du lit et se glisse silencieusement entre les draps frais. Il s'installe sur le côté, les jambes légèrement repliées, la main sous un oreiller moelleux. La sensation d'être allongé vaut presque un orgasme… Mais brusquement, un corps chaud vient se coller contre le sien, et un bras possessif autour de sa taille.
– Mmh… Tu rentres tard… Tu as ramené les croissants?
Draco se retient de soupirer. Il pourrait trouver l'énergie pour ça, et même pour une dispute, mais il veut juste dormir.
– Non.
– Dommage! glousse Olivier en se serrant contre lui. Ça me faisait envie. Et ça, ça te fait envie?
Une main aventureuse vient directement caresser ses fesses et Draco grimace dans l'obscurité.
– Non plus.
Olivier glousse à nouveau, repose sa main sur son ventre et se réinstalle pour se rendormir. Draco sombre dans le sommeil en quelques secondes.
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– Malfoy…, sourit une voix épuisée. Content de te revoir…
Draco quitte le dossier de soins des yeux pour tourner la tête vers la tignasse ébouriffée de Potter. Moins ébouriffée que dans ses souvenirs, d'ailleurs… Au milieu d'un oreiller immaculé de blancheur, les cheveux de Potter sont sales, collés de poussière, de sueur et de sang. Une bonne toilette s'impose mais les infirmières n'ont sans doute pas osé les sortilèges d'hygiène au vu de son état.
– Potter…
Un sourire fatigué traverse ce visage mangé par une barbe sombre. Ses yeux sont clos, auréolés de cernes gris et plissés de dizaines de minuscules rides d'expression. Il est déjà moins pâle, grâce aux potions de régénération sanguine. Si ce n'est ce pansement qui va de la tempe à la mâchoire, Potter a juste l'air de s'être roulé dans la boue et d'avoir pris un sacré coup de vieux, mais Draco sait la réalité qui se cache sous le drap.
– … Bienvenue dans le monde des vivants. Comment tu te sens?
– Au paradis! glousse Potter avant de grimacer fugacement.
Draco soupire et parcourt à nouveau les résultats biologiques de son patient. Tout ça est encore loin d'être correct mais ils remontent la pente rapidement. À ce rythme, dans quelques jours, il n'y paraîtra plus.
– Paraît que la nuit a été longue? glousse Potter. Désolé d'avoir gâché ta soirée et ton sommeil…!
– Arrête de t'excuser, grogne Draco, vaguement agacé. C'est mon boulot. Et tes gardes du corps ne m'ont pas trop laissé le choix.
Le drap remue en même temps que les épaules de Potter quand il émet un rire bref et amusé mais il ne répond pas.
– Qu'est-ce qui t'est arrivé pour te retrouver dans un état pareil? T'as croisé à nouveau Voldemort?
Cette fois, Potter rit plus franchement avant de s'arrêter pour se mordre la lèvre.
– Voldemort était un petit rigolo… Si je te dis que je suis tombé de mon balai, tu me crois?
La douleur passée, Potter sourit largement, plissant toutes ces petites rides au coin de ses yeux qui mettent presque de la lumière dans son regard. Ou peut-être est-ce qu'il a simplement ouvert ces incroyables yeux verts que Draco n'a pas vus depuis tant d'années. Il reste un instant subjugué, remontant loin en arrière dans ses souvenirs et ses sensations. Les odeurs de nourriture des repas dans la Grande Salle, les matchs de quidditch avec le vent dans les cheveux, les corps des garçons dans les dortoirs ou dans les vestiaires, cette façon de s'asticoter avec Potter dès qu'ils se croisaient, de se comporter comme les gamins qu'ils étaient alors… Ça avait été des années sombres et amères à cause de la guerre, mais Draco en garde un souvenir sucré et nostalgique, tiède comme un feu de cheminée dans la salle commune et doux comme un bon lit après une journée harassante.
Il secoue cependant la tête.
– D'où tu sors, Potter?
Des années qu'il n'a plus entendu parler de lui… On ne le voit plus nulle part, à peine une fois de temps en temps pour les commémorations du Deux Mai, il ne travaille pas au Ministère, même Granger ou les Weasley semblent avoir perdu contact avec lui…
– Secret défense. Même si je le voulais, je ne pourrais pas te le dire. Serment inviolable, tout ça.
Draco tourne la tête si vite que sa nuque craque douloureusement. Puis il hausse les sourcils. Potter a refermé les yeux, les traits un peu tirés, mais il conserve un sourire doux sur les lèvres.
La porte qui s'ouvre sur une blouse d'infirmière interrompt leur semblant de conversation.
– Salut, Doc. Monsieur Potter…
Le ton de l'infirmière est suave et délicieusement moqueur en s'adressant à Potter, comme s'ils avaient partagé tout un monde de connivence. Et d'ailleurs, son sourire s'étire avec amusement.
– Mademoiselle Emily…, répond Potter sur le même ton. Bien dormi?
– Puisque vous avez figure humaine aujourd'hui, on va essayer de faire un brin de toilette!
Potter glousse, sortant péniblement une main de sous les draps pour l'observer en grimaçant.
– Ce ne serait pas du luxe.
Ses mains, ses bras, sont sales, ses ongles cassés, noirs de crasse, avec un liséré tout aussi sombre sur le pourtour, comme si la saleté s'était glissée partout dans les interstices de peau, sous la peau, dans la peau, il donne l'impression d'avoir creusé la terre à mains nues…
– Je vais vous laisser, je repasserai plus tard, fait Draco en reculant d'un pas. S'il y a le moindre problème, faites-moi appeler.
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Quand il repasse, plus tard dans l'après-midi, Potter dort. Un peu plus propre; du moins, en apparence. Sa main posée sur le drap n'a plus que des ombres grises autour des ongles, ses cheveux ont retrouvé leur aspect de tignasse sauvage et indomptable… On y voit même quelques cheveux blancs qui brillent comme de l'argent.
Draco consulte rapidement son dossier. Potter récupère vite et bien. C'en est presque miraculeux. Il reste un instant pensif puis hoche la tête avec une moue satisfaite.
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La soirée est calme; aussi tranquille que Draco en avait envie – ou besoin. Olivier est de sortie, quelque part en train d'assister à un match pour le compte de son journal… Et s'il prolonge la soirée en fêtant la victoire de l'une ou l'autre des deux équipes, il ne va pas rentrer de sitôt.
Draco en profite pour faire ce qu'il ne peut jamais faire en sa présence: il se fait couler un bain moussant dans lequel il s'éternise si longtemps qu'il manque de s'endormir. En sortant de l'eau, ses doigts fripés lui font penser un instant aux mains noires de Potter. Il secoue la tête, se sèche rapidement puis enfile un simple bas de pyjama.
Dans la cuisine, il se prépare un dîner rapide qu'il avale sur le comptoir avant de s'installer au salon avec un bon livre et un fond de musique classique. Et pour que le plaisir soit complet, il se sert un petit verre de liqueur de mirabelle, une vieille bouteille artisanale que lui a ramenée une ancienne patiente après des vacances à l'étranger. Et puis, l'immanquable chocolat…
Il ne se souvient pas avoir eu cette attirance pour le chocolat, à Poudlard… Il en mangeait occasionnellement, pour Noël, pour Pâques, quand ses parents proposaient des chocolats avec le café lorsqu'ils recevaient des invités. Une gourmandise toujours bonne à prendre. L'addiction n'est venue que plus tard, quand il a découvert cette petite épicerie fine proche de l'hôpital, pendant ses études. Le chocolat est devenu rituel, pour se remonter le moral après une journée difficile, pour s'encourager à réviser quand il était déjà épuisé, pour se récompenser d'une quelconque réussite… Le compagnon indispensable de ses soirées studieuses ou de ses coups de mou.
Aujourd'hui, le chocolat est toujours là. Il a ses marques fétiches, ses boutiques de référence, ses parfums préférés… Il se limite, pourtant; pour la ligne. Mais il ne se passe pas un jour sans un carré de chocolat ou une quelconque ganache.
Ce soir-là, malgré le plaisir tranquille de sa soirée en célibataire, Draco se couche tôt, bien avant le retour d'Olivier. Il se sent encore fatigué de sa nuit passée au chevet de Potter et de l'énergie déployée à le sauver. Il n'a plus vingt ans, quand il pouvait enchaîner des journées entières suivies de nuits de garde tout aussi harassantes… Aujourd'hui, il va mettre quelques jours à récupérer complètement.
Malgré tout, une fois couché, il ne réussit pas à s'endormir. Les images de la nuit précédente ne cessent de repasser dans son esprit. Ces heures interminables à lancer des sortilèges de soins, à réparer des fractures, des brûlures, des plaies, à désespérer à chaque fois que les résultats n'étaient pas ceux escomptés, à chaque fois que les bilans biologiques se cassaient un peu plus la figure, à chaque fois qu'une fonction vitale semblait leur filer entre les doigts… Il a fallu des heures avant de le stabiliser et de voir les premières améliorations… Des heures de doute, au goût d'échec.
Et à présent que Potter semble sorti d'affaire, à présent que Draco connaît par cœur les chiffres de sa fonction rénale ou de son bilan hépatique, à présent qu'il a vu et revu les images de sa fracture humérale ou de son scanner thoracique, il s'aperçoit qu'il ne sait toujours rien de lui. Ni d'où il sort, ni pourquoi il s'est retrouvé dans cet état-là, ni où il vit, ni ce qu'il est devenu… Rien. Et il se demande incidemment si Potter s'est foutu de sa gueule en disant qu'il ne peut rien lui révéler. «Secret défense»… quelle blague!
Reste ce grand type sombre du Département des Mystères, sa mine peu avenante, sa baguette un peu trop leste et ses injonctions ridicules. Trois jours pour le remettre sur pied?! Seul dans son lit, Draco lève les yeux au ciel et soupire. Pendant un moment, ils n'ont même pas été certains de le garder en vie plus de quelques heures! Ces types sont ridicules…
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– Bordel, Potter! Qu'est-ce que tu fous?! Mais t'es con ou tu le fais exprès?!
Pris en faute, Potter s'interrompt dans son élan. Il se tient au milieu de sa chambre, à moitié plié en deux, appuyé d'une main sur le dossier d'un fauteuil. Les cheveux hirsutes d'un côté, aplatis de l'autre, pieds nus sur le sol jauni de l'hôpital. Vêtu en tout et pour tout d'une blouse de patient, fermée par un seul bouton au niveau de la nuque et ouverte dans le dos, bâillant allègrement au niveau de ses reins et de ses fesses nues.
– Retourne dans ton lit, bon sang! aboie Draco. T'es même pas censé te lever, et encore moins sans surveillance!
Potter a la décence d'afficher un sourire penaud et vaguement contrit. Puis il se tourne pour faire demi-tour et regagne péniblement son lit, tâtonnant pour s'appuyer où il le peut.
– Je ne te connaissais pas si vulgaire, Malfoy! glousse-t-il en se rallongeant. Je… faisais un test? T'inquiète pas. Je sais bien que vous avez bossé comme des damnés pour me rafistoler… J'allais pas tout bousiller!
À présent étendu entre les draps immaculés, Potter a le souffle court et un peu sifflant mais il conserve un sourire destiné à le rassurer.
– Je vais bien…
Draco grogne un son dubitatif puis attrape le dossier de soins pour consulter les derniers résultats et les observations des infirmières.
– Comment tu te sens?
– À merveille! glousse Potter en lui faisant un clin d'œil. Prêt à courir un marathon!
– Encore des douleurs?
– Rien de méchant. Le briseur de sort a un peu de mal avec un des sortilèges mais il m'a assuré que ce serait réglé d'ici ce soir…
Draco parcourt les notes des briseurs de sorts qui rencontrent effectivement des difficultés à annuler un sortilège d'écrasement sur le bras fracturé de Potter. Ce qui explique sans doute sa position repliée et sa façon de s'en servir le moins possible.
– Merci…
Surpris, Draco relève la tête pour plonger dans le vert émeraude des yeux de Potter.
– Je sais que vous vous êtes donnés du mal, et toi en particulier. Alors… merci.
Draco hausse les épaules et baisse le regard sur le dossier.
– C'est mon job, marmonne-t-il. J'aurais fait la même chose pour n'importe qui d'autre.
C'est vrai, sans doute. Pour n'importe qui, il déploierait la même énergie, la même volonté d'aller jusqu'au bout et jusqu'au bout de la nuit s'il le faut. Mais c'est Potter… Il ne peut pas nier qu'il y a eu un côté émotionnel, qu'il y a mis un peu plus de cœur, que cela a remué des souvenirs profondément enterrés en lui. Il n'est pas resté aussi neutre et froidement professionnel qu'il l'est le reste du temps… Ce qu'il n'est déjà pas, d'ailleurs.
– Tu récupères étonnamment bien, marmonne Draco. Mais il te faut du repos! ajoute-t-il en le fusillant du regard.
Potter glousse, bien conscient qu'il évoque sa petite escapade à travers la chambre, puis il passe sa main dans ses cheveux pour y remettre un peu de désordre. Ses yeux brillent, vivants, pétillants de malice. Draco s'attend à chaque instant à ce qu'il se lève à nouveau, ou qu'il fasse une autre bêtise, juste pour le provoquer.
Et puis brusquement, à force de le regarder, il remarque que Potter ne porte plus son pansement sur le visage, laissant apparaître une longue balafre rougeâtre qui court verticalement de la tempe à l'angle de la mâchoire, là où les poils de sa barbe ont été rasés le temps de la cicatrisation.
… Barbe qui a d'ailleurs été taillée depuis la veille; courte et propre. À dire vrai, Potter a l'air incroyablement plus frais qu'à son arrivée. Hormis cette cicatrice sur le visage et une ou deux contusions, son apparence est soignée, et il paraît même quelques années de moins. Et cela tient sans doute beaucoup à son sourire permanent et à ses incroyables yeux verts, plissés de malice.
– Tu garderas probablement cette cicatrice sur le visage, grimace Draco. La lame devait être enduite d'un quelconque produit caustique et je t'avoue, que sur le moment, ce n'était pas notre priorité…
Sans se départir de son éternel sourire, Potter hausse les épaules.
– Ça n'a pas grande importance. Je vis avec une cicatrice sur le front depuis que je suis gosse, Malfoy… Tant que je peux me servir de mon bras.
Disant cela, il lève légèrement son bras gauche, plie et déplie le coude pour en apprécier la mobilité, ce qui finit par lui tirer une moue inconfortable. Mais pour cette douleur, Draco ne peut rien faire de plus que les potions prescrites, tant que le briseur de sorts n'a pas trouvé la clé du sortilège.
– Tu auras besoin de rééducation, avertit Draco. Et sans doute pour marcher également…
Potter se remet à sourire, avec ce petit air horripilant qui dit qu'il ne tiendra aucun compte de ses recommandations, ce qui l'agace légèrement. Mais après tout, ce n'est pas son problème. Il est là pour gérer les situations d'urgence, pour réanimer des presque morts, pour tirer d'affaire des patients dans des états catastrophiques… Une fois fait, la suite n'est plus de son ressort et si Potter ne veut pas faire de rééducation, il assumera les séquelles et la raideur de son bras.
Draco soupire et repose le dossier médical dans la bannette des infirmières. Il se sent obligé de poser la question, lui plus qu'un autre.
– Potter… Je suppose que ça fait partie du boulot des types qui t'ont amené ici, mais… est-ce que tu veux que je prévienne quelqu'un pour toi? Tu n'as eu aucune visite… Je suppose que tu as des proches, quelqu'un qui partage ta vie, je peux… appeler Granger ou les Weasley?
Cette fois, Potter perd son sourire, remplacé par un air embarrassé et un peu éteint.
– C'est gentil de proposer, Malfoy. Mais… je n'ai plus de contacts avec Hermione ou les autres.
– Qu'est-ce qui s'est passé? souffle Draco avant même de réfléchir.
– Eh bien… Je suppose que c'est ce qui se produit quand tu disparais pendant des mois, sans donner aucune nouvelle ni aucune explication, quand tu n'es jamais là quand les autres ont besoin de toi ou de s'épancher sur une épaule compatissante, quand tu n'es pas là pour les anniversaires, pour les Noël, pour les fêtes de famille ou même les naissances… Je n'étais jamais là quand il le fallait… C'est mieux comme ça.
Draco détourne le regard de ce visage résigné et de ces regrets insidieux pour tomber sur les mains de Potter. Propres et… puissantes.
– Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre que je puisse prévenir? Une femme…?
Potter éclate de rire, ramenant la lumière dans son regard et l'amusement dans les rides au coin de ses yeux.
– Certainement pas et Merlin m'en préserve! C'est adorable, Malfoy, mais mes seuls «proches» étaient avec moi quand ça s'est passé…
– Et tu ne me diras pas ce qui s'est passé?
Potter le regarde en souriant, puis plisse le nez avec une moue d'enfant pleine d'espièglerie, qui le taquinerait tout en gardant ses secrets.
– De toute façon, je ne vais pas rester très longtemps, ajoute-t-il avec un clin d'œil.
– Très bien, fait Draco en se détournant.
Pas son problème, après tout.
Il a la main sur la poignée de la porte quand Potter le rappelle d'une voix toujours amusée.
– Malfoy… Si je me suis levé, c'est parce que j'avais envie de pisser. Si tu veux bien m'envoyer Mademoiselle Emily pour régler ce petit problème…
– Aucun souci. Je suis sûr qu'elle sera ravie de te la tenir.
L'éclat de rire de Potter résonne encore quand il referme la porte derrière lui. Mais c'est méchant pour Emily.
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Olivier est déjà là quand Draco rentre, quelques heures plus tard, et il y a même un semblant de dîner qui cuit dans le four. Ce soir-là, il avait le temps et presque l'énergie de cuisiner, mais c'est aussi bien comme ça. Draco attrape une bouteille de bière dans le frigo, la décapsule d'un sortilège et rejoint son compagnon dans le salon. Après un baiser rapide, il s'assied dans son fauteuil préféré, observant les cernes prononcés sous les yeux de son amant. La fête a dû finir tard.
– Alors, ce match hier?
– Fabuleux! s'enthousiasme Olivier avant un petit sourire en coin. Et la soirée d'après-match, encore plus!
Draco sourit doucement. Il n'en doute pas une seule seconde.
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Au moment de se coucher, Draco hésite un instant dans la salle de bains, puis met tous ses vêtements au sale. Il a apprécié de dormir à nouveau nu, même si Olivier le prend pour une invitation.
Dans la chambre, celui-ci glousse en le voyant arriver dans le plus simple appareil.
– Alors? Ce soir, tu es d'humeur?
Draco ne répond pas, mais un petit quart d'heure plus tard, il est déjà en sueur, en train de donner des coups de reins véhéments. Olivier est sous lui, à plat ventre sur le lit, ahanant en rythme avec ses mouvements.
En contemplant un instant la tignasse ébouriffée et les épaules musclées de son compagnon, Draco repense à la silhouette de Potter, debout dans sa chambre et à moitié plié de douleur. La blouse grande ouverte sur son dos et ses reins. Et sur ses fesses… Et ce n'est sans doute plus le quidditch qui le maintient musclé de cette façon.
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Le lendemain, Draco est de garde pour la nuit. Il profite de ses heures libres en journée pour faire quelques courses, traîner dans une librairie, et faire le plein de chocolat. Le soleil est généreux, et s'il n'était pas aussi chargé, il irait bien se promener dans le jardin de roses de Regent's Park ou dans le jardin japonais derrière Kensington…
En fin d'après-midi, il prend la cheminée pour se rendre à l'hôpital. En théorie, sa garde ne commence qu'à dix-neuf heures, mais il aime bien arriver un peu avant, pour faire le tour des patients et faire le point sur les dossiers. Sans savoir pourquoi, il a gardé la chambre de Potter pour la fin; pour avoir le temps de prendre le temps, sans doute…
Un mauvais pressentiment l'agite au moment d'ouvrir la porte. Pas comme une complication inattendue, non… Plutôt comme… une bêtise, avec ce sourire d'enfant espiègle.
Et bien entendu, quand il ouvre enfin la porte, la chambre est vide.
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Potter n'est plus là, ni dans la salle de bains, ni parti à un quelconque examen médical quand Draco pose la question aux infirmières. Les draps du lit sont vaguement tirés, pour donner un semblant d'ordre, mais Potter a disparu.
De son séjour, il n'a eu aucune affaire personnelle avec lui – et ce fait saute brusquement aux yeux de Draco –, pas même sa baguette, et donc il ne manque rien de plus que le corps même de Potter, vivant ou inanimé. Sa blouse est posée au pied du lit, pliée sommairement (est-ce que Potter est donc parti nu ?!) Et puis rien…
Un peu abasourdi, Draco se dirige vers le poste des infirmières qui ne sont au courant de rien, pas plus que lui. La dernière a vu Potter une heure auparavant, pour une prise de sang, et à présent la chambre est vide, sans que personne ne l'ait vu partir.
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Quelques heures plus tard, au beau milieu de la nuit, Draco se tient dans le poste de soins désert avec une feuille de papier à la main. La garde est calme aujourd'hui, les infirmières sont parties manger un morceau en salle de repos, l'autre médecin est parti s'allonger un moment. Le silence règne dans le service, entrecoupé des bips réguliers et presque hypnotiques des sortilèges de surveillance des patients.
Sur la feuille que Draco tient à la main, les résultats sanguins de Potter sont bons. Excellents, même. Un fond d'anémie, due à la quantité de sang qu'il a perdue, un peu d'inflammation, quelques marqueurs perturbés qui reviennent doucement à la normale… Le seul hic est que Draco n'a plus aucun dossier où ranger ce résultat.
L'infirmière lui a dit que pendant qu'il s'occupait d'un autre patient, le grand type sombre du Département des Mystères est venu réclamer le dossier de Potter. Avec un ordre officiel signé du Ministre lui-même. L'infirmière a bien tenté de tergiverser mais il a récupéré le dossier d'un sortilège et il a disparu aussi soudainement qu'il était venu. L'existence de Potter a été effacée de tous les registres de l'hôpital, de l'historique des patients, de tous les dossiers administratifs. Une chimère.
Ne restent plus que ce bilan qu'il tient à la main et une radio du thorax de Potter qui traîne sur son bureau. Il a parié avec Emily et l'autre médecin sur le nombre d'anciennes fractures de côtes qu'on peut y voir et il a voulu recompter à tête reposée… Sans doute qu'il doit s'estimer heureux de ne pas avoir reçu un Oubliettes.
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Au plaisir
La vieille aux chats
