12 – Les presque prochains

01 septembre 1987

Cette rentrée était nulle. La plus nulle de toutes les rentrées depuis la première de toutes ses rentrées. Elizabeth n'avait pas voulu sortir du lit – sa maman avait dû la menacer de la priver de balai. Elle avait bu son jus de citrouille et avait mangé sa tartine de marmelade, sans même embêter Harry – même lui en avait étonné. Elle s'était couchée devant son armoire, attendant une magie accidentelle qui l'habillerait. Elle n'était pas venue. Son papa s'était fâché contre elle, lui rappelant qu'ils seraient en retard si elle continuait son « cinéma ». La différence était qu'Elizabeth ne jouait pas un rôle, elle n'interprétait pas une quelconque nonchalance, tristesse, colère ou peu importait l'émotion qu'un adulte chercherait à lui trouver. Non. C'était vraiment elle.

Elizabeth avait enfilé sa toute nouvelle robe de sorcière. Elle ne comprenait pas cette manie d'acheter de beaux vêtements juste pour une futile rentrée des classes. Bien sûr, c'était la première fois que cette pensée la traversait. Contrairement aux autres années, Elizabeth n'avait pas glissé sur la rambarde pour descendre d'un étage en riant aux éclats. Elle s'était arrêtée, deux pieds à chaque marche, en soufflant.

Ses parents avaient commencé à s'impatienter et son papa lui avait pris la main en la tirant vers la porte. Ils avaient pris la voiture – sa maman avait le permis de conduire. Elizabeth s'était accoudée à la fenêtre, observant le paysage défilé. Tout était moche. Les feuilles des arbres étaient déjà marron. Le ciel était gris. La pluie cognait contre le pare-brise, alors Elizabeth regarda une goutte d'eau faire la course avec une autre sur le carreau. Comme si cette journée n'était pas assez nulle, la goutte qu'elle avait choisie perdit. Elle soupira.

— Je suppose que tu ne décrocheras pas un sourire ? remarqua son papa en tapotant son genou.

— Non, la vie n'a aucun sens.

Dans le rétroviseur intérieur, Elizabeth surprit sa maman rouler des yeux.

— Quoi ?

— Quoi, quoi ? demanda son papa.

— J'ai vu maman, faire ce truc avec ses yeux.

Elizabeth imita sa maman – en exagérant – et Harry l'imita. Il ressemblait exactement à leur maman à cet instant, donc elle désigna son frère à leur papa.

— Je me disais que tu n'étais pas la fille de ton père pour rien, reconnut sa maman.

— Ça veut dire quoi, ça ? s'outra son papa.

D'un regard complice, Elizabeth et Harry posèrent leurs coudes sur les genoux, puis leurs mains sur les genoux – prêts à assister au beau spectacle à venir. Leur maman haussa la tête en rigolant, alors que le papa replaçait ses lunettes rondes en haut de son nez.

Ô wage ! Ô désespoiw ! prit une voix de comédienne leur maman, d'un bon français – elle répétait souvent cette phrase.

— Non, c'est faux ! se défendit leur papa.

— Le drama des Potter, inscrit dans les gènes, héréditaires à cent pour cent.

— Si mes parents t'entendaient parler, ils t'aimeraient beaucoup moins !

— Ta mère serait entièrement d'accord avec moi.

Elizabeth enfouit sa bouche entre la paume de ses mains pour étouffer son rire. Harry eut la même réaction. Puis, ils admirèrent le dernier acte. Leur papa passa la mains dans ses cheveux tout ébouriffés – héréditaires à cent pour cent aussi – et approcha son visage de leur maman.

— Ne serait-ce pas pour ce trait de caractère que tu es tombée folle amoureuse de moi, Evans ?

— Pense ce que tu veux, Potter.

Leur maman lâcha sa main droite du volant pour l'écraser sur le visage de leur père en le secouant. Tous les quatre pouffèrent de rire et leur papa embrassa sur la joue leur maman.

Dans sa journée bien nulle, Elizabeth s'accorda deux minutes de rêve. Même si ce n'était pas avec Bill, elle aimerait trouver le même amour qu'avaient son papa et sa maman.

Un jour.

Quand elle serait plus grande.

D'abord, Elizabeth devait affronter cette journée pourrie.


— T'es malade ?

Quand Cedric chuchota ces mots à l'oreille, Elizabeth se redressa. Elle était allongée sur la table en pierre de la cour depuis au moins trois heures – quatre minutes, en fait – les yeux rivés vers le ciel dégagé de nuages. Elle s'imaginait sur balai, s'entraîner à être la plus rapide du monde. Elle sourit à son ami, qui avait toujours un visage joyeux.

— Pourquoi tu chuchotes ? demanda-t-elle.

— Si tu avais mal à la tête, tu aurais eu encore plus mal.

Cedric s'inquiétait toujours pour eux, il s'assurait toujours qu'ils allaient bien. Elizabeth le rassura. Non, elle n'avait pas mal à la tête. Non, elle n'était pas malade.

— J'ai mal au cœur, expliqua-t-elle.

— Je croyais que tu n'étais plus amoureuse de Bill ? l'interrogea Cedric, apparemment surpris.

— AH ARRETEZ ! J'ai mal au cœur, car…

— BETTY ! CEDRIC !

A l'autre bout de la cour, deux garçons courraient vers eux en agitant leur bras. Ils étaient suivis par un autre garçon qui prit une direction différente – vers Harry – et la plus jeune hésita avant de trouver une fille, Emilia. Derrière eux, Molly et Arthur tentaient – tant bien que mal – de garder le rythme qui leur était imposé par leurs enfants.

Les jumeaux bousculèrent Cedric et Betty pour se faire une place entre leurs deux amis. Ils tirèrent les cheveux d'Elizabeth et elle chatouilla Fred qui était le plus proche d'elle. Elle éclata de rire, jusqu'à ce qu'elle se rappelle qu'elle allait TRES mal. Les jumeaux cessèrent, bien tentés de continuer et se pivotèrent vers Cedric.

— Elle a mal au cœur, répéta-t-il.

— PERCY VA A POUDLARD ! cria-t-elle. Et nous, nous devons attendre encore DEUX ans. C'est tellement injuste ! Et je n'ai encore jamais vu le Poudlard Express, moi.

— Moi non plus, ajouta Cedric.

— Nous, oui. Il est SUPER grand, décrivirent les jumeaux d'une même voix.

Elizabeth blottit ses jambes contre sa poitrine. Les garçons avaient trop de chance. Ses parents n'avaient jamais accepté qu'elle y aille avec les Weasley. Ils estimaient que chaque chose venait en son temps, ce qu'elle trouvait riddikulus car Harry le verrait à neuf ans et les jumeaux l'avaient presque toujours connu ce train.

Rapidement, ils furent rejoints par Roger et Emily – cette dernière avait accompagné son frère, de quatre ans de plus au Quai 9 ¾ aussi. Elle raconta à Elizabeth toute la beauté du train et à quel point la fumée dessinait de belles images quand elle se dissipait dans la gare. Elizabeth ne l'écoutait que d'une oreille, elle aurait aimé le découvrir de ses propres yeux.

— Fais pas la tête, Beth, lui fit un câlin Cedric.

— Tu auras le temps de t'entraîner au Quidditch, ajouta Roger.

— On est les presque prochains ! s'enthousiasmèrent les jumeaux.

Comme l'équipe de l'année qu'ils étaient, ils posèrent leur main les unes sur les autres et s'écrièrent d'une voix à se faire gronder par Augusta :

— LES PRESQUE PROCHAINS !


Ca faisait super longtemps, dis donc ! Pourtant, ces chapitres vont vite à écrire, mais il faut trouver la foi dans tout le bazar ahah.

Alors, ce petit chapitre vous a plu ? Elizabeth, n'est-elle pas insupportable ou juste mignonnement insupportable ou simplement juste une Potter ?

Ils sont les presque prochains ! Je ne voulais pas mettre trop de mois d'écart entre deux chapitres, mais je pense qu'on va directement passer au dernier chapitre de cette période "Ante-Poudlard".

Quand sortira ce chapitre me demandez-vous ? Mmhh... Un jour ?

A bientôt !