13 – Onzième anniversaire
08 avril 1989
Depuis cinq heures du matin, Elizabeth était assise sur le canapé. Elle feuilletait le nouveau numéro du Quidditch Times sans en lire le moindre mot. Aujourd'hui, son esprit était distrait, dispersé entre son envie de dormir et ce que signifiait ce jour.
Cet après-midi, elle fêtait son onzième anniversaire au Terrier avec les jumeaux. Ils avaient accepté de partager leur fête d'anniversaire après de nombreuses supplications – de toute façon, Elizabeth ne serait pas allée au leur s'ils avaient refusé sa proposition. Fred et George l'avait qualifiée de « tyran », Elizabeth préférait le terme « persuasive ». Sa marraine dirait que tout était une question de point de vue.
Au treize coups de l'horloge – heure à laquelle, elle devait être au Terrier –, Elizabeth devait donc avoir entre les mains son bien tant attendu sinon les jumeaux se moqueraient d'elle et Elizabeth ne souhaitait pas bouder le jour de sa fête d'anniversaire.
Il était près de sept heures trente quand sa mère descendit. Sa chevelure rousse était emmêlée et ses yeux émeraude encore à demi-clos. Elizabeth sourit. Sa mère était vraiment la plus belle femme du monde, peut-être qu'Elizabeth avait hérité de ses gènes et qu'elle serait aussi belle un jour. Pour le moment, elle avait hérité des gènes de son père : être la meilleure au Quidditch, ce qui était le plus important.
Sa mère s'arrêta à l'entrée du salon, cette fois ses paupières s'étendirent comme si elle avait vu un fantôme.
— Beth, p'tit cœur, tu es déjà réveillée ?
— J'attends.
— Bien sûr que tu attends, petite impatiente.
A côté d'elle sur le canapé, sa mère la prit dans ses bras et l'embrassa sur la tempe – comme si ses lèvres ne quitteraient jamais la peau d'Elizabeth.
— Joyeux anniversaire, susurra sa mère sans avoir quitter le contact.
— Merci, maman.
— Tu grandis beaucoup trop vite. Je t'aime.
Même à onze ans, Elizabeth n'eut pas l'envie de se dégager de l'étreinte maternelle. Elle était si réconfortante, aussi chaleureuse qu'un feu de cheminée en plein hiver. Jamais Elizabeth n'aurait claqué des dents avec sa mère auprès d'elle. Car sa mère restait sa maman.
— Rendors-toi, lui conseilla sa mère. Ce serait dommage d'être fatiguée pour cet après-midi.
— Mais…
— Je te promets de te réveiller si elle arrive pendant ton sommeil. Je vais préparer des pancakes pour ton petit-déjeuner.
Sa mère se releva et la força à se coucher. Elle la borda d'un froncement de sourcil. La rébellion ne serait pas appréciée. Elizabeth ferma les yeux et s'endormit aussitôt. Cinq heures du matin était bien trop tôt.
— JOYEUX ANNIVERSAIRE, BETH ! hurla Harry, ce qui la réveilla.
Son petit-frère arracha le plaid que leur mère avait s'était appliqué à poser sur elle quelques minutes et Elizabeth grogna. Harry lui sauta dessus et l'attaqua de chatouilles. Elizabeth se débattit du mieux qu'elle put et chercha à se dégagea de son frère. Celui-ci était tenace. Elizabeth porta ses genoux contre sa poitrine, plaqua ses pieds sur le torse de son frère et l'éjecta avec force. Harry s'envola et, grâce à la force de la gravité, il s'étala au sol dans un vacarme.
— Que se passe-t-il ici ? arriva en trombe leur père.
— J'ai dit « bon anniversaire » à Beth et elle m'a frappé, se plaignit Harry.
— OH ! QUEL MENTEUR ! ÇA NE S'EST PAS PASSE COMME ÇA ! Il…
— Je ne suis pas intéressé, déclara leur père. Le petit-déjeuner est prêt.
Harry bondit et courut jusqu'à la cuisine, d'un air fier. Un jour, Elizabeth lui enverrait un cognard à la figure et il ne se réveillerait que deux semaines plus tard. Pendant ce temps, elle profiterait de sacrées vacances.
— Tu n'auras pas ton frère pendant des mois à Poudlard et je suis sûr qu'il te manquera, constata son père.
Peut-être qu'elle avait pensé à voix haute, ou peut-être était ce la crispation de son visage – qu'elle s'empressa de détendre – qui avait aiguillé son père.
— Ouais… T'as sûrement raison, soupira-t-elle.
Les jambes lourdes de son manque de sommeil qui pesait, Elizabeth traîna des pieds. Elle frôla son père qui l'arrêta en l'empoignant par les épaules. Le dos d'Elizabeth fut plaqué contre son père. Il enroula ses bras autour d'elle, comme un filet de diable qui ne souhaitait que son bonheur.
Son père la souleva du sol, comme si elle s'apprêtait à décoller pour voler dans les airs. Il la fit tournoyer, comme si Elizabeth n'avait jamais quitté ses trois ans. Elle aurait pu s'en énerver, mais seuls des éclats de rire la parcoururent, des puissants qui s'élevèrent haut dans le ciel.
— Joyeux onzième anniversaire, p'tit cœur ! L'avenir magique ne fait que commencer !
Si elle en avait eu le temps, Elizabeth lui aurait répliqué qu'elle n'attendait que cela. Malheureusement, son père prit les devants. Il la porta et l'aplatit contre son épaule – comme on traîne un sac à patates, dirait sa mère –, pour l'asseoir autour de la table familiale. Un semblant de vie de princesse.
Devant elle, son assiette était déjà prête. Un château de pancakes était construit, du dessus s'écoulait du chocolat au lait fondu. Son verre de jus de citrouille était rempli à ras bord. En prime, un muffin au chocolat patientait sur sa serviette. Elizabeth se corrigea : elle avait une vie de reine.
D'un bon coup de fourchette, Elizabeth dévora son petit-déjeuner. Elle attrapa son verre et but quelques gouttes quand des claquements la stoppèrent. Son verre se brisa sur la table, le jus de citrouille s'écoula au sol. Elizabeth occulta les exclamations autour d'elle et se précipita vers le salon.
ENF…
Un buste maigre l'arrêta net. Son front cogna contre la personne. Elizabeth releva la tête en se frottant le visage. Ce n'était définitivement pas un hibou.
— Oh… Ce n'est que toi, parrain.
La maison fut réduite au silence. Elizabeth fit demi-tour, le menton contre sa poitrine. Elle regagna sa place – nettoyée par son père – et constata son assiette vide. Elle n'avait plus de réconfort.
— Comment ça « que toi » ? constata son père avant de chuchoter. Depuis quand accueille-t-elle Remus avec si peu d'enthousiasme.
— J'admets être légèrement vexé, approuva son parrain.
— Vous devriez la comprendre plus que moi, remarqua sa mère en la regardant d'une moue attendrie.
Elizabeth abandonna le débat et lança un regard noir à Harry quand celui-ci alla parler. Elle n'avait pas envie d'entendre sa voix maintenant.
De nouveaux claquements s'empressaient vers eux, encore moins un hibou songea Elizabeth. Une forte odeur de parfum boisé ainsi qu'une douce odeur vanillé embaumèrent la pièce.
— Perdu, Patmol, se moqua son parrain.
— J'étais pour sûr d'être là avant, cette fois ! s'emporta Oncle Patmol. Si Mary n'a…
— Ferme-la, Black, l'arrêta Tante Mary. Rien ne t'empêchait de prendre tes deux jambes ou tes quatre pattes et te rendre ici sans moi.
Le rire d'Elizabeth explosa comme des Pétards mouillés du Dr Flibuste, accompagné de celui d'Harry – elle ne lui en voulut pas. Tante Mary lui offrit un long baiser sur la joue où Elizabeth était sûre de garder une trace rouge. A côté d'elle, Oncle Patmol et son parrain se disputaient sur celui qui auraient le meilleur cadeau pour elle. Si elle comprenait bien, elle devrait attendre cet été pour le cadeau de son parrain. Puis…
CLAC. CLAC. CLAC.
Tout le monde se tut. Leurs yeux parcoururent le même trajet jusqu'à la fenêtre de la cuisine, juste au-dessus de l'évier.
Il était là.
Bêtement, Elizabeth demeura immobile et ses mains tremblotaient. Pourquoi n'arrivait-elle pas à se lever alors qu'elle avait attendu ce moment toute sa vie et qu'elle était impatiente.
— T'attends quoi ? demanda Harry en rigolant.
Aucune idée. Son corps ne voulait pas se déplacer. Peut-être que le hibou venait lui annoncer que son inscription à Poudlard n'avait pas été validée. Peut-être qu'il y avait trop d'élèves cette année et qu'elle devrait attendre la suivante. Peut-être même que ce n'était pas un hibou pour elle.
Harry se leva à sa place et attrapa l'enveloppe que Remus lui tendait. Son petit frère s'assit à côté d'elle et lui posa l'enveloppe devant les yeux. Il lui prit la main en souriant.
Ou peut-être qu'elle ne serait pas acceptée car elle était trop souvent méchante avec son frère.
Elizabeth Lily Potter
C'était bien pour elle. Derrière le sceau de Poudlard fermé le contenu. Elizabeth le déplia de manière minutieuse, ce bien était plus précieux que le diadème perdu de Rowena Serdaigle – si la moindre personne savait où il se trouvait bien sûr.
COLLEGE POUDLARD, ECOLE DE SORCELLERIE
Directeur : Albus Dumbledore (Commandeur du Grand-Ordre de Merlin, Docteur en Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers)
Cher Ms Potter,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au Collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité. La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, cher Ms Potter, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall, Directrice adjointe.
— JE VAIS A POUDLARD ! s'écria-t-elle.
— … Joyeux anniversaire, Elizabethfredgeorge, chantonnaient les personnes autour d'eux. Joyeux anniversaire.
D'un même souffle – comme des triplés –, Fred, George et elle éteignirent les onze bougies. Les applaudissements les félicitèrent, aussi fort que la Coupe du Monde de Quidditch gagnée. Elizabeth regarda un à un ses deux meilleurs amis de toujours et pour toujours.
— On va faire ça chaque année !
— Sans façon, ricanèrent-ils.
Les yeux des garçons pétillèrent de malice. Décidément, après toutes ces années, ils la sous estimaient toujours. Elizabeth retroussa ses manches, leva les bras, les étira. D'un geste rapide, elle plaqua ses paumes de main sur l'arrière de la tête des jumeaux. Elle les écrasa sur les gâteaux.
— Sans façon, répéta-t-elle, moqueuse. Vous allez voir si vous avez le choix !
Fred et George se relevèrent, le visage crémeux de vanille et de chocolat. Ils s'analysèrent et Elizabeth s'empressa d'empoigner du gâteau avant qu'il ne soit trop tard. Elle recula pour s'enfuir en courant alors que les garçons la pourchassèrent des boules de gâteau dans les mains.
— LES ENFANTS, STOP ! hurla Molly.
— J'aurais aimé que Percy soit là, plaisanta Ron.
Elizabeth lança à l'aveugle sa boule de gâteau, elle n'avait pas le temps de viser. Elle jeta un rapide coup d'œil en arrière. Ouf. Elle avait atterri sur Oncle Patmol qui les rejoignit dans leur bataille de gâteau.
— Peut-être qu'on pourrait envoyer Sirius à Poudlard aussi, entendit-elle sa marraine.
— Je m'en passerai, rit son parrain.
— La relève est assurée, en tout cas, constata avec fierté son père alors qu'il lui écrasait un doigt plein de crème sur la joue quand elle passa à côté de lui.
Il avait raison. Et Elizabeth avait hâte d'être à Poudlard. Avec ses amis. Et beaucoup de Quidditch.
SURPRISE ! :)
J'avais vraiment hâte de terminer cette partie "Ante-Poudlard" ! Je reprends doucement l'écriture et le What If est parfait pour me motiver à écrire, donc voilà. Vous en profitez !
Ce chapitre vous a-t-il plu ? :D
Un petit moment préféré ?
Bon, eh bien, je suppose que la prochaine fois qu'on se verra ici, ce sera pour la partie 2 "Première année". J'éteins votre enthousiasme, tout de suite. Ne croyez pas qu'on sera à Poudlard immédiatement, il y aura 2-3 chapitres avant (2, c'est sûr). Mais j'ai hâte, surtout pour les prochaines années. :D
A bientôt (coeur)
