Chapitre 18 : Les Dieux de la Montagne

Victoria Neuman se tenait sur la dernière crête avant d'atteindre le temple de Dudhkunda. Devant elle, les montagnes s'étendaient à perte de vue, baignées dans une lumière douce et dorée qui contrastait avec la lourdeur de ses pensées. Le voyage avait été long et éprouvant. Les sentiers sinueux des montagnes népalaises l'avaient obligée à faire appel à un guide local robuste, mais discret. Dans sa poche, elle sentait le poids rassurant de la petite caméra GoPro qu'elle avait dissimulée dans sa veste. Tout ce qu'elle vivait ici serait enregistré, non seulement pour prouver qu'elle avait fait ce voyage, mais aussi pour garder une trace de chaque interaction avec Hector.

Alors qu'elle approchait du temple, une structure modeste nichée dans une vallée paisible, Victoria ressentit une étrange appréhension. Elle avait fait ce voyage avec un plan bien défini : renforcer son contrôle sur Hector, l'amener à jouer un rôle crucial dans ses ambitions politiques. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle n'était pas elle-même en train de perdre pied. Hector, l'homme qu'elle avait conseillé, était en pleine transformation, non seulement physique mais aussi spirituelle, et cela éveillait en elle des sentiments contradictoires. Elle s'était toujours considérée comme une stratège, une manipulatrice. Mais aujourd'hui, elle ressentait une once de respect pour cet homme en quête de rédemption.

Les moines la saluèrent avec respect en la laissant entrer dans le temple. L'atmosphère intérieure était calme, empreinte de sérénité. Les drapeaux de prière flottaient doucement dans le vent, et une odeur d'encens apaisait ses nerfs. Elle activa discrètement l'enregistrement de sa caméra tout en ajustant son écharpe, feignant un geste anodin. Il était temps de rencontrer Hector.

Elle le trouva dans une grande salle de méditation, assis en tailleur devant une statue de Bouddha. Hector portait une robe de moine bouddhiste, sa tête rasée et ses yeux fermés, plongé dans une concentration profonde. À sa vue, Victoria se sentit soudainement petite. Il émanait de lui une tranquillité et une force intérieure qui la déstabilisèrent. Elle l'avait toujours vu comme une arme potentielle, mais l'homme devant elle semblait avoir transcendé cette violence.

Hector ouvrit lentement les yeux et un sourire chaleureux se dessina sur ses lèvres lorsqu'il aperçut Victoria. « Vous êtes venue, » dit-il simplement en se levant.

Victoria, surprise par l'accueil chaleureux, s'approcha de lui, troublée par l'accolade sincère qu'il lui offrit. Elle se sentait vulnérable pour la première fois depuis longtemps, mais elle chassa rapidement cette émotion. Il était essentiel de rester concentrée.

« Hector, je suis vraiment heureuse de voir que vous allez bien. Vous semblez… transformé. » Ses mots étaient sincères, mais elle garda à l'esprit les véritables raisons de sa venue.

Hector hocha la tête, son visage calme, presque détaché. « Je suis en paix, Victoria. Grâce à votre conseil, j'ai trouvé quelque chose que je pensais avoir perdu pour toujours. La colère est toujours en moi, mais elle ne me contrôle plus. Elle est là, comme une ombre, mais je l'ai acceptée. Hulkzilla n'est plus une bête incontrôlable. Il fait partie de moi maintenant, mais c'est moi qui décide quand et comment l'utiliser. »

Victoria l'écoutait attentivement, mais ses pensées étaient en ébullition. Chaque mot qu'Hector prononçait résonnait comme une promesse de pouvoir, un pouvoir qu'elle pourrait manipuler pour servir ses objectifs politiques. Si elle pouvait convaincre Hector de revenir à Washington, de jouer le rôle du super repenti, elle deviendrait une héroïne aux yeux du public. Mais il y avait un risque. Si Hector perdait le contrôle ou si Hulkzilla faisait surface au mauvais moment, cela détruirait sa carrière. Sa caméra cachée était là pour cela aussi, pour documenter la transformation d'Hector, mais aussi pour lui servir de preuve de ses bonnes intentions si les choses tournaient mal.

Elle garda un visage neutre en lui répondant, maîtrisant parfaitement son ton : « Vous avez fait un long chemin, Hector, et je suis honorée d'avoir pu vous aider à le parcourir. Mais je crois que votre transformation pourrait être un exemple pour le monde. J'aimerais que vous envisagiez de revenir avec moi à Washington. Ensemble, nous pourrions montrer à Vought, et au monde entier, qu'un homme peut changer, qu'un super peut retrouver son humanité. »

Hector fronça légèrement les sourcils, prenant le temps de réfléchir à ses paroles. L'idée de retourner dans le monde extérieur, de quitter cette paix qu'il avait enfin trouvée, lui semblait insurmontable. Washington représentait tout ce qu'il avait fui : la pression, la manipulation, la violence. Ici, dans ce temple, il avait réussi à s'éloigner de tout cela, à se reconstruire.

« Je ne sais pas, Victoria… Ici, j'ai trouvé une paix que je ne pensais pas possible. Revenir à Washington, c'est replonger dans ce monde qui m'a détruit. » Ses yeux, qui étaient auparavant pleins de rage, étaient maintenant calmes, mais on pouvait y lire une hésitation profonde. « Je sais que vous avez fait beaucoup pour moi, et je vous en suis reconnaissant. Mais je ne suis pas sûr d'être prêt à retourner là-bas. Pas maintenant. Peut-être un jour, si c'est vraiment nécessaire. Mais je ne veux pas perdre ce que j'ai trouvé ici. »

Victoria, bien qu'elle soit une experte en manipulation, fut touchée par l'honnêteté brute de sa réponse. Mais elle savait aussi qu'elle devait agir avec précaution. Elle ne pouvait pas le forcer à revenir, pas maintenant. Il devait croire que c'était son choix.

Le Protecteur fixait son téléphone d'un regard glacial. Le message venait d'arriver : « La Bête se trouve au temple de Dudhkunda - Dolakha au Népal. » Pas de signature, pas d'explications, juste ces quelques mots.

Butcher avait suivi Victoria Neuman à la trace, anticipant son voyage et ses manœuvres politiques. Il savait que la confrontation entre le Protecteur et Hulkzilla serait inévitable, et ce message était la clé pour déclencher cet affrontement. Dans l'esprit de Butcher, ce plan allait forcer les deux forces les plus destructrices à s'entre-déchirer, et dans cette bataille, l'un des deux tomberait. Si tout se passait comme prévu, ce serait le Protecteur.

Le Protecteur serra le téléphone si fort que l'écran se fendit légèrement sous ses doigts. La rage bouillonnait dans ses veines, mais son visage restait impassible. Il n'avait jamais supporté l'idée qu'une autre créature puisse rivaliser avec sa puissance. Hulkzilla, une abomination selon ses termes, osait non seulement exister mais aussi attirer l'attention des médias. Cela était inacceptable.

Il se leva, abandonnant son téléphone brisé sur la table, et quitta la pièce sans un mot.

En une fraction de seconde, le Protecteur s'envola, brisant le mur du son alors qu'il se dirigeait à toute vitesse vers le Népal. L'idée même qu'Hector – ou Hulkzilla, peu importe comment on l'appelait maintenant – puisse être vu comme un rival était insupportable pour lui. Il le traquerait, l'écraserait et montrerait une fois de plus au monde qu'il était et resterait le seul leader indiscutable.

Le Protecteur volait à une vitesse fulgurante, traversant les nuages comme une comète en furie. Le paysage en contrebas défilait à une vitesse vertigineuse, mais il n'y prêtait aucune attention. Son esprit était focalisé sur une seule chose : la confrontation à venir avec Hulkzilla. Depuis des années, il s'était toujours vu comme l'être le plus puissant sur Terre, et la simple idée qu'une créature comme Hector puisse représenter une menace pour lui, ou pire, un potentiel remplaçant, était inacceptable.

Pendant ce temps, dans le temple de Dudhkunda, Hector se préparait à un tout autre type de confrontation. La rencontre avec Victoria l'avait ébranlé plus qu'il ne l'aurait imaginé. Malgré sa transformation intérieure, malgré la paix qu'il avait trouvée auprès des moines tibétains, il sentait toujours le poids du monde extérieur peser sur lui. Victoria, avec ses ambitions et ses calculs, lui avait offert un chemin de réintégration dans le monde moderne. Mais était-il vraiment prêt à revenir ? Était-il capable de contrôler Hulkzilla en pleine civilisation, loin de la tranquillité de ce temple ?

Il observait les montagnes, méditant sur ce qu'il devait faire. Sa maîtrise de sa colère s'était améliorée, certes, mais il savait qu'il était toujours en lutte avec cette partie de lui-même. La bête n'était jamais loin, et les situations stressantes pouvaient la faire ressurgir à tout moment. La paix qu'il avait trouvée ici était précieuse, mais fragile.

Hector raccompagnait Victoria vers la sortie du temple. L'air frais des montagnes enveloppait chaque pas, apportant une sensation de calme, presque irréelle après l'intensité de leur échange. Le crépuscule baignait les sommets d'une lumière dorée, conférant au paysage une atmosphère mystique. Les montagnes semblaient veiller silencieusement sur eux, et pour un moment, Hector oublia tout ce qui l'attendait en dehors de ce sanctuaire spirituel. La paix qu'il avait trouvée ici se reflétait dans chacun de ses mouvements, ses pensées ne se dispersant plus dans la confusion constante qui l'avait autrefois habité.

À ses côtés, Victoria marchait en silence, absorbée par ses propres réflexions. Elle jetait des coups d'œil discrets vers Hector, se demandant si la tranquillité qu'il affichait maintenant allait résister à la réalité brutale du monde extérieur. Il était apaisé, mais elle savait que le monde qu'ils habitaient tous deux n'était pas indulgent pour ceux qui cherchaient la paix. Elle avait vu bien des hommes et des femmes brisés par le système, et elle craignait que le même sort ne guette Hector s'il décidait de revenir dans la société.

« Je dois dire, tu sembles être un homme transformé, » dit-elle finalement, rompant le silence. « Je ne te reconnais presque plus. »

Hector sourit, un sourire rare, mais sincère. « Ce temple m'a apporté ce que je n'aurais jamais cru possible. Mais je ne suis pas dupe, Victoria. Je sais que la paix que j'ai trouvée ici est fragile. Le monde dehors ne laissera pas cette paix intacte. »

Victoria le regarda, son visage empreint d'une mélancolie qu'elle cachait habituellement bien. Elle avait toujours été pragmatique, calculatrice. Mais ici, face à Hector, elle se sentait désarmée. « C'est un combat constant, Hector. Le monde ne te laissera jamais tranquille. »

Le temple de Dudhkunda se dressait dans le calme crépusculaire, ses pierres millénaires baignant dans une lumière dorée qui semblait bénir la terre. Hector, vêtu de sa robe de moine, raccompagnait Victoria Neuman vers la sortie, le cœur étrangement léger après leur échange. Chaque pas sur le sol rocailleux renforçait en lui le sentiment d'une sérénité qu'il n'avait jamais connue auparavant. Il avait trouvé une paix fragile, mais précieuse, parmi ces montagnes, loin des conflits et de la violence du monde extérieur.

Victoria, elle aussi, semblait apaisée, presque en harmonie avec cet environnement serein. Elle et Hector parlaient doucement, leurs voix se mêlant au murmure du vent. Ils partageaient des souvenirs, des pensées, des rêves brisés et des espoirs encore naissants. Pour un bref instant, tout semblait si normal, comme s'ils étaient deux êtres ordinaires, loin des ténèbres qui les attendaient au-delà de cette vallée.

Mais cette paix fut soudainement brisée par un changement brutal dans l'atmosphère. Victoria s'arrêta, levant les yeux vers le ciel, une terreur glaciale s'emparant de son cœur. Hector sentit la tension dans l'air avant même de voir ce qui en était la cause. Ses sens, affinés par des mois de méditation, captèrent le danger imminent.

Le Protecteur flottait dans le ciel, tel un dieu vengeur descendu pour juger les mortels. Ses yeux rouges brillaient d'une lueur menaçante, ses lèvres retroussées en un rictus de mépris. En cet instant, Victoria comprit qu'elle avait gravement sous-estimé la situation. L'angoisse monta en elle comme une vague destructrice. C'est la fin, pensa-t-elle, résignée. Elle ferma les yeux, s'attendant à une mort brutale et instantanée.

Mais au lieu du choc attendu, elle sentit le sol trembler sous ses pieds. Rouvrant les yeux, elle découvrit une vision à couper le souffle : Hulkzilla, dans toute sa puissance colossale, se tenait devant elle, sa masse écailleuse formant un rempart indestructible.

Hulkzilla se dressa, indemne, défiant le Protecteur du regard.

D'un geste presque délicat, Hulkzilla attrapa Victoria dans sa main droite et bondit avec une vitesse inouïe. En quelques secondes, il la transporta hors de portée, à plusieurs kilomètres du champ de bataille, la déposant sur un promontoire rocheux en sécurité. Son regard pénétrant croisa celui de Victoria, comme s'il lui disait silencieusement de rester à l'écart.

Puis, d'un bond, il revint sur le lieu de la confrontation.

Le Protecteur flottait toujours au-dessus du sol, ses yeux étincelants de colère. « C'est donc toi, la créature dont tout le monde parle, » grogna-t-il. « Tu crois vraiment pouvoir me défier ? »

Hulkzilla ne répondit pas par des mots. Il rugit, un cri de défi qui résonna dans toute la vallée, faisant trembler la terre sous leurs pieds. La créature, immense et redoutable, fixait maintenant le Protecteur avec une détermination glaciale.

Le Protecteur ne se fit pas prier. Il se jeta sur Hulkzilla avec une violence fulgurante, frappant la créature avec une série de coups rapides et puissants. Mais Hulkzilla, bien qu'en difficulté face à l'agilité du Protecteur, ripostait avec toute la force brute dont il disposait. Chaque coup qu'il portait faisait trembler le sol, et chaque impact faisait s'écrouler des rochers et des arbres autour d'eux.

Le combat s'intensifiait à chaque seconde. Les montagnes, autrefois paisibles, devenaient le théâtre d'un affrontement titanesque. Le Protecteur était rapide, esquivant les coups massifs de Hulkzilla avec une aisance déconcertante, tandis qu'Hector, dans sa forme monstrueuse, tentait de saisir son adversaire, frappant avec une force capable de réduire des montagnes en poussière.

Le combat déchaîna une violence inouïe. Le sol se fissurait sous l'impact de leurs coups, les arbres étaient arrachés de leurs racines et les rochers éclataient en mille morceaux. Le Protecteur, voyant que Hulkzilla commençait à faiblir sous le poids de ses attaques, esquissa un sourire cruel. Il jouissait de la supériorité que lui conférait son agilité, se délectant de chaque moment où il voyait son adversaire ralentir, où il sentait que la victoire était à portée de main.

« C'est tout ce que tu as, la bête ? » railla-t-il en concentrant son énergie pour un dernier assaut, prêt à anéantir Hulkzilla une fois pour toutes.

Il se prépara à porter le coup de grâce, ses yeux s'illuminant d'une lueur rouge intense. Concentrant toute son énergie dans une ultime rafale optique, il visa la tête de Hulkzilla, décidé à l'anéantir une fois pour toutes.

Mais à cet instant, un sifflement aigu perça l'air. Un missile, tiré à pleine vitesse, se dirigea droit sur eux. Le Protecteur, pris au dépourvu, n'eut que le temps de tourner la tête pour voir l'hélicoptère émerger au-dessus des montagnes. À bord, Butcher, son visage marqué par un sourire sadique, fixait son ennemi juré avec une haine froide. À ses côtés, Mother's Milk tenait fermement la rampe de lancement, prêt à faire feu à nouveau si nécessaire.

Le missile frappa sa cible, et l'explosion enveloppa les deux combattants dans une boule de feu et de fumée. Le fracas résonna dans la vallée, faisant écho à des kilomètres à la ronde. Victoria, qui observait la scène à distance, retint son souffle, incapable de détourner les yeux de ce spectacle apocalyptique.

Alors que la fumée se dissipait lentement, une silhouette émergea des débris. Le Protecteur, son uniforme à peine marqué par l'explosion, se tenait là, indemne mais furieux. Ses yeux rouges brûlaient d'une colère que rien ne semblait pouvoir apaiser. Il leva la tête vers l'hélicoptère, prêt à riposter avec une violence sans précédent.

Le Protecteur se précipita vers l'hélicoptère de Butcher, déterminé à détruire celui qui était à l'origine de cette machination. Propulsé à une vitesse supersonique, il fonçait tête baissée, ses yeux flamboyants de haine et d'arrogance, concentrant son énergie pour une attaque qui mettrait fin à cette confrontation. Mais au moment où il était sur le point de frapper, une force titanesque le tira violemment vers le sol. Hulkzilla, dans un élan de force colossale, agrippa la jambe du Protecteur avec ses griffes acérées, l'arrachant de son vol à une vitesse vertigineuse.

Le choc fut terrible. Le Protecteur s'écrasa avec une violence telle que le sol trembla. Un cratère béant se forma autour de lui, soulevant poussière et débris. Alors qu'il se relevait, encore sonné par l'impact, il fut frappé par une vague de peur inattendue. Cette créature, ce monstre qu'il avait sous-estimé, venait de lui prouver que même lui, le Protecteur, n'était pas invincible.

Le monstre s'imposait devant lui, ses écailles irradiant d'une lueur inquiétante.

Butcher était allé en Allemagne récupérer un M-29 Davy Crockett Weapon System, un système d'arme nucléaire composé d'un lance roquette et il l'avait utilisé sur les deux titans.

Hulkzilla avait absorbé l'énergie des radiation, devenant encore plus puissant.

Le Protecteur observa son adversaire d'un regard féroce, masquant avec peine l'effroi qui commençait à s'infiltrer en lui. Personne n'avait jamais pu lui tenir tête ainsi. Personne n'avait jamais osé.

Dans l'hélicoptère, Butcher observait la scène avec une satisfaction glaciale. Il jeta un coup d'œil à Mother's Milk, qui vérifiait le compteur Geiger qu'il tenait à la main.

« Tu avais raison, » déclara Mother's Milk, d'une voix où se mêlaient tension et soulagement. « Les radiations sont stables. Hector les a absorbées. S'il est assez fort pour contrer le Protecteur, peut-être qu'on a une chance. »

Butcher, sans quitter la scène des yeux, hocha la tête avec un sourire en coin. « On est plus proche de notre but qu'on ne l'a jamais été. »

Le Protecteur, désormais debout, essuya le sang qui coulait de sa lèvre. Une expression de rage pure déformait ses traits. « Je suis le Protecteur ! » rugit-il, ses poings serrés. « Personne ne me surpasse. Personne ! »

Le combat reprit de plus belle.

Le Protecteur, fou de colère, se jeta sur Hulkzilla avec une agressivité décuplée. Ses coups, rapides et précis, frappaient avec une violence inouïe, chacun résonnant dans la vallée comme un coup de tonnerre. Mais Hulkzilla, alimenté par les radiations, encaissait les attaques avec une résistance presque surhumaine. Ses griffes massives balayaient l'air, cherchant à attraper le Protecteur, mais ce dernier esquivait avec une agilité déconcertante, utilisant sa vitesse pour compenser la force brute de son adversaire.

Malgré la fureur du Protecteur, Hulkzilla tenait bon. Chaque coup qu'il recevait semblait nourrir sa puissance. Les montagnes environnantes tremblaient sous la violence des affrontements. Des morceaux de roche tombaient des falaises, les arbres se déracinaient sous la force des impacts. Mais peu à peu, le Protecteur sentait une étrange fatigue s'emparer de lui. Il avait toujours été plus rapide, plus puissant que ses ennemis, mais cette fois, chaque coup qu'il portait semblait moins efficace, comme si Hulkzilla absorbait son énergie, comme si sa propre force se retournait contre lui.

Le Protecteur grogna, sa rage se transformant lentement en panique. « Non… c'est impossible… » se murmura-t-il, frappant Hulkzilla encore et encore, espérant le voir s'effondrer. Mais la créature ne faiblissait pas. Pire encore, elle semblait se renforcer à chaque seconde.

Hulkzilla, sentant le Protecteur faiblir, décida de frapper. Il balaya le Protecteur d'un coup de queue colossal, l'envoyant s'écraser contre une paroi rocheuse. Le Protecteur se redressa avec difficulté, grognant de rage. Il concentra toute son énergie dans ses yeux, préparant une rafale optique d'une puissance dévastatrice. Le rayon rougeoyant jaillit de ses yeux, se dirigeant droit vers la tête de Hulkzilla. Mais cette fois, le monstre ne chercha pas à esquiver.

Avec une puissance infernale, Hulkzilla ouvrit grand sa gueule et projeta un souffle atomique incandescent qui vint contrer la rafale du Protecteur.

Les deux énergies colossales s'affrontèrent dans un déferlement de lumière et de chaleur, créant une onde de choc si puissante qu'elle fit trembler toute la vallée. Les montagnes grondèrent, et le ciel lui-même sembla s'embraser sous l'intensité du duel. Le Protecteur, réalisant qu'il était en train de perdre, sentit pour la première fois une véritable peur s'emparer de lui.

Ses pensées se mirent à tourbillonner, comme un vertige insupportable. « Je suis le Protecteur… je ne peux pas perdre… je ne peux pas mourir… » Mais ses forces l'abandonnaient. La lumière de sa rafale faiblissait, tandis que celle du souffle atomique de Hulkzilla gagnait en intensité.

D'un ultime effort, Hulkzilla avança, ses griffes massives déchirant l'air. Il saisit le Protecteur, l'attrapant avec une violence inouïe. Le super-héros tenta de se débattre, mais c'était trop tard. Dans un cri déchirant, Hulkzilla, poussé par une rage implacable, déchira le corps du Protecteur en deux.

Le hurlement de douleur du Protecteur se perdit dans l'écho des montagnes tandis que son corps se séparait, réduit en deux morceaux informes. Hulkzilla, dans un geste de triomphe furieux, lança les restes du super-héros à travers les cieux. Le tronc sans vie du Protecteur disparut dans les montagnes, perdu à jamais dans les étendues enneigées.

Le silence s'abattit sur la vallée.

Le règne de terreur du Protecteur venait de prendre fin.

Hulkzilla, épuisé, s'effondra au sol. Son immense corps monstrueux se contracta, puis lentement, très lentement, se transforma de nouveau en Hector. Il était là, nu et vulnérable, allongé dans la neige, inconscient. Son souffle était faible, mais il vivait encore.

L'hélicoptère de Butcher se posa près de lui, ses pales soulevant un tourbillon de neige. Butcher en sortit, ses bottes crissant sur la neige fondue, ses yeux fixés sur Hector. Il s'approcha lentement, son expression indéchiffrable, tandis que Mother's Milk restait en retrait, silencieux.

Butcher se pencha sur Hector, le regard sombre. La mission était accomplie, le Protecteur était mort, mais quelque chose dans son cœur restait lourd, oppressant. Il avait gagné, mais à quel prix ? La fin du Protecteur marquait-elle vraiment le début d'un monde meilleur, ou était-ce simplement le prélude à un chaos encore plus grand ?

Un an plus tard, Hector était assis sur un banc en bois, sur la terrasse du chalet isolé, perdu dans la contemplation des arbres qui entouraient sa retraite solitaire au cœur des forêts du Minnesota. Ici, tout semblait paisible, loin des combats qui avaient marqué sa vie. Les mois écoulés depuis l'affrontement avec le Protecteur lui avaient permis de retrouver une certaine stabilité intérieure. Le chaos qui avait autrefois régné dans son esprit semblait avoir été maîtrisé, du moins pour l'instant.

La lumière dorée du soleil couchant projetait des ombres longues et tranquilles sur le sol, tandis qu'une légère brise faisait frémir les branches des pins. Hector ferma les yeux, savourant la quiétude du moment. Le tumulte qui l'avait habité pendant tant d'années s'était atténué, laissant place à une forme de paix qu'il n'aurait jamais cru possible.

Au niveau de Hulkzilla, il avait appris à maîtriser cette partie de lui, à vivre avec sans qu'elle ne le consomme.

Le bruit caractéristique d'un hélicoptère résonna soudainement dans le ciel, interrompant la sérénité ambiante. Hector ouvrit les yeux, fixant l'appareil qui se posait doucement à quelques mètres de lui. Il plissa les yeux pour distinguer l'emblème présidentiel américain sur la carlingue, réalisant rapidement qui venait à sa rencontre. Il se leva lentement, sans précipitation, observant avec une pointe de curiosité l'hélicoptère qui se stabilisait. La silhouette élégante qui en descendit lui était familière.

Victoria Neuman s'avança avec une assurance tranquille, ses talons s'enfonçant légèrement dans la terre meuble. Elle avait gravi les échelons du pouvoir jusqu'à devenir Présidente des États-Unis, une ascension fulgurante qui ne surprenait plus personne dans le milieu politique. Pourtant, en s'approchant d'Hector, quelque chose dans son attitude semblait différent. Elle n'était plus seulement cette stratège froide et calculatrice qu'il avait connue. Il y avait en elle une touche d'humanité, comme si les événements de l'année passée avaient changé quelque chose en elle.

« Mme la Présidente, » dit Hector en souriant légèrement, une touche d'ironie dans la voix.

Victoria répondit par un sourire sincère. « Hector, je suis contente de te voir ici, apaisé. Je devais venir te voir en personne. »

Elle s'approcha davantage, ses pas résonnant dans le calme de la forêt environnante, avant de s'asseoir à ses côtés sur le banc. Il la regarda un moment, se demandant ce qu'elle avait en tête. Leur dernier échange, bien qu'empli de tension, avait été crucial dans la transformation qui s'était opérée en lui. Elle l'avait guidé vers ce chemin, et même si Hector avait d'abord résisté, il lui en était aujourd'hui reconnaissant.

« Alors, que penses-tu de la vie ici ? » demanda-t-elle, les yeux posés sur l'horizon.

Hector hocha la tête, son regard toujours fixé sur les arbres. « C'est exactement ce qu'il me fallait. De l'espace pour réfléchir, pour comprendre ce que je suis et comment vivre avec. »

Victoria hocha la tête, ses pensées semblant voyager loin du Minnesota. Elle savait que la paix qu'Hector avait trouvée ici n'était pas une fin, mais plutôt une étape. « Je voulais voir ça de mes propres yeux, » dit-elle en tournant enfin son regard vers lui. « Voir comment quelqu'un peut passer d'une existence de violence à une vie de calme. »

Hector la regarda, captant quelque chose dans ses paroles qu'elle ne disait pas clairement. « Tu cherches quelque chose, Victoria ? »

Elle resta silencieuse un moment, comme si elle pesait le poids de ses mots avant de les prononcer. « Peut-être que je cherche ce que tu as trouvé ici. Mais il est trop tard pour moi. »

Hector ne répondit pas tout de suite. Il savait que Victoria, malgré son pouvoir et son influence, portait en elle des blessures profondes. Elle avait sacrifié une partie de son humanité pour atteindre les sommets, et aujourd'hui, elle semblait le regretter, d'une manière ou d'une autre.

« Il n'est jamais trop tard, » répondit-il calmement.

Victoria détourna le regard, esquissant un sourire triste. « Pour toi peut-être. Mais pas pour moi. J'ai fait trop de choses… certaines que je ne pourrais jamais réparer. »

Hector sentait la sincérité dans ses paroles, et pour la première fois depuis longtemps, il voyait en elle non pas la politicienne machiavélique, mais simplement une femme, épuisée par ses propres choix.

Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de là, un homme se trouvait seul dans un appartement sombre, luttant avec ses propres démons.

Butcher était assis dans le noir, ses pensées engluées dans un marasme de souvenirs et de regrets. L'appartement en désordre reflétait l'état chaotique de son esprit. Des bouteilles d'alcool vides jonchaient le sol, preuves de nuits passées à noyer une douleur qu'il ne parvenait plus à apaiser. La vengeance, qui avait été le moteur de toute sa vie, s'était accomplie avec la mort du Protecteur. Mais loin de lui apporter la satisfaction qu'il avait espérée, elle avait laissé un vide béant, un gouffre qu'il ne pouvait plus ignorer.

Le Protecteur était mort, arraché au monde par la fureur d'Hulkzilla. Mais rien de tout cela n'avait ramené sa femme. Rien n'avait effacé les horreurs qu'il avait commises, ni la noirceur qui habitait encore son âme. Butcher se demandait désormais ce qu'il avait réellement accompli. La vengeance avait-elle été une finalité, ou simplement un leurre pour masquer son propre désespoir ?

Il fixa le plafond, sa respiration lente et pesante, le visage marqué par des nuits sans sommeil. Ses mains tremblaient légèrement à chaque fois qu'il portait la bouteille à ses lèvres. Les souvenirs de cette bataille, de ce moment où le Protecteur avait enfin chuté, ne cessaient de hanter ses pensées.

Il avait gagné. Mais dans cette victoire, il avait perdu la seule chose qui le maintenait en vie : sa raison de se battre.

Butcher laissa échapper un rire amer, se demandant ce qui viendrait ensuite

.24 heures après la bataille…

Le Protecteur flottait entre la vie et la mort, sa conscience vacillant dans un brouillard de douleur et de confusion. Son corps, autrefois invincible, était maintenant un amas de chair déchirée et de nerfs en feu. Chaque souffle était un supplice. Il tentait de se rappeler les événements, de comprendre ce qui s'était passé, mais tout était flou. Il se souvenait des coups, de la rage, de Hulkzilla le dominant, et surtout de la douleur lancinante qui avait envahi son corps lorsqu'il avait été littéralement déchiré en deux. Mais ce qui suivait… c'était un trou noir.

Le Protecteur avait toujours été celui qui contrôlait, qui dictait les règles du jeu. La peur ne lui était pas familière, et pourtant, elle l'avait envahi au moment où il avait compris que cette bataille serait différente de toutes les autres. Il n'avait pas été préparé à ça. Il n'avait jamais imaginé qu'il puisse perdre.

Des bruits indistincts lui parvenaient. Des voix. Des ordres aboyés. Il tenta de bouger, mais son corps ne répondait plus. Il sentait des mains le soulever, manipuler ce qui restait de lui. C'était comme s'il n'était plus qu'un objet, sans force, sans puissance. Un sentiment d'impuissance qu'il n'avait jamais connu auparavant l'envahit.

Le Protecteur tenta d'ouvrir les yeux, mais la douleur qui irradiait de son visage lui fit réaliser l'ampleur de son état. Il ne voyait plus. Le monde était devenu un voile noir, infini et effrayant. Pour un homme habitué à tout voir, tout savoir, cette cécité était un coup fatal, pire encore que ses blessures physiques.

Des voix s'élevaient à nouveau autour de lui, des voix qui parlaient une langue qu'il ne comprenait pas immédiatement. Un mélange de panique et de confusion s'empara de lui alors que les mots commençaient à s'assembler dans son esprit. Il reconnaissait enfin la langue : c'était du chinois.

Le Protecteur sentit une peur sourde monter en lui. Il avait entendu parler des forces chinoises cherchant à capturer des supers, mais jamais il n'aurait imaginé tomber entre leurs mains. L'idée même qu'il puisse être capturé était inimaginable. Pourtant, c'était ce qui était en train de se passer. Il était devenu une proie, une arme à exploiter.

Les soldats chinois parlaient rapidement, leurs voix se superposant. Il ne comprenait que des fragments, mais cela suffisait. Ils parlaient de le transférer dans une base secrète, de le « reconstruire ». L'effroi s'intensifiait alors qu'il saisissait l'ampleur de la situation : il allait être transformé, modifié, utilisé à des fins qu'il ne contrôlait plus.

Il tenta de bouger à nouveau, mais son corps le trahit. La douleur était insupportable. Chaque mouvement réveillait en lui une souffrance qui le clouait sur place. Il n'était plus le Protecteur. Il n'était plus rien.

La rage montait en lui, une rage qu'il ne pouvait plus canaliser. Le Protecteur, jadis invincible, n'était plus qu'un pantin aux mains d'une puissance qu'il ne comprenait pas encore. Mais une chose était claire : il n'était plus le maître de son propre destin.

Fin.