Musique d'écriture : Suno No Oshiro - Kanon Wakeshima


Chapitre 1 : La Comédie

Kureno POV

Elle était là, devant moi, à genoux sur le tatami de sa chambre sombre. Une fois encore, elle avait refusé que les servantes ouvrent les fenêtres. Malgré l'obscurité, je distinguais ses doigts fins crispés sur la couverture, sa tête penchée en avant et ses mèches noires cachant ses yeux. Je m'approchais d'elle, conscient de son aspect de poupée de porcelaine brisée, et je tendis la main vers sa joue. Elle était si froide, si froide.

« Akito » murmurai-je, doucement.

Elle ne me répondit pas. Elle resta dans sa position, recroquevillée, les yeux dans le vague. Savait-elle que j'étais là ? Elle ne semblait pas être consciente de ma présence. Je glissais mes bras autour de sa taille et l'attirais vers moi.

Ses mains lâchèrent le dessus de lit, elle poussa un petit cri de surprise et leva les yeux. Elle me voyait enfin, elle savait que j'étais là.

À genoux sur le sol, je collai son corps frêle et tendre contre le mien. Elle avait l'air si fragile dans son yukata. Je la posai facilement, trop facilement, sur mes jambes pliées. Là, sa tête enfouie dans mon cou, son corps pressé contre moi, je sentis ses bras enlacer mon torse. J'embrassais ses mèches noires et respirais la senteur de jasmin qui émanait d'elle.

Elle me serra si fort que mon cœur me fit mal, blessé par sa douceur.

Je sentis son souffle tiède qui caressait ma gorge.

Ma poupée de porcelaine prit vie et plaça ses mains blanches sur mon torse, déboutonna ma chemise doucement, palpa ma chair.

Je me laissais faire, comme toujours, ému par sa fragilité. Sans amour, mais avec tendresse.

La comédie cruelle des amants, que nous jouions si bien ensemble, alors qu'elle savait que je pensais à la liberté, alors que je savais qu'elle pensait à un autre…

Je l'écartais doucement, et enlevais le yukata de ses épaules. Mes lèvres savourèrent sa petite poitrine, mordillèrent les mamelons durcis sous ma langue. Mes mains dans son dos pour la soutenir, elle, les jambes écartées autour de moi, courbée en un arc parfait, la tête relâchée en arrière, elle soutint mon visage contre ses seins de ses deux mains.

Encouragé par ses plaintes délicates, je l'allongeais sur le sol. Mon corps couvrant le sien, mes lèvres sur les siennes, je l'embrassais profondément, ma langue caressant la sienne.

Je me relevai, et me mis à genoux. J'ôtai ma chemise qui tomba au sol. Akito se leva devant moi, s'approcha. De ses yeux fiévreux, elle m'observait. Attrapant la ceinture retenant encore son kimono, elle se débarrassa du tissu encombrant qui glissa le long de ses hanches sur le sol.

Nue devant moi, à genoux devant sa beauté, je la voyais sourire, innocente, peut-être intimidée par mon regard, par mes yeux qui parcouraient ses courbes délicates.

« C'est ça que tu veux ? » me demanda-t-elle voluptueusement, sa main glissant sur sa poitrine et son ventre.

Je ne répondis pas. Je ne voulais pas son corps, je voulais juste qu'elle arrête de pleurer.

Elle sourit à mon silence et me tourna le dos pour retourner à son futon. Elle s'y allongea sur le dos, une jambe légèrement pliée, et tendit gracieusement le bras vers moi en une supplique silencieuse, les yeux étincelants.

Je me débarrassai de mon pantalon, la rejoignis sur le matelas, et je l'embrassais, enflammé par le contact de sa peau, ses mains sur mon dos. Je la sentis onduler sous moi, se tordre, m'exciter par les mouvements de ses hanches contre moi.

Je l'embrassais encore. Mes mains dessinèrent ses courbes délicieuses. Avec audace, je glissai mes doigts entre ses jambes, découvrant la chaleur de son sexe. Je la caressai. Akito ouvrit la bouche dans un cri étouffé tandis que mes doigts pénétraient son intimité. La température de son corps augmenta. Elle devint moite et chaude, offerte, pour moi.

Ses hanches se levèrent, comme portées par ma main.

Je retirai ma main et écartai ses jambes. Je me plaçai entre ses cuisses chaudes et douces, puis je rentrai en elle. Elle gémit, soupira. Je m'arrêtai, planté profondément en elle, conscient de la douceur de son corps autour de moi.

Posant mes lèvres sur les siennes, j'entrepris de la marteler, doucement, adaptant le rythme à ses soupirs. Le plaisir montai, tandis que je lui saisissais les épaules pour la pénétrer plus profondément. Elle m'enserra de ses jambes et de ses bras, dans une prison parfaite où je finirai par mourir.

Et le souvenir me revint, et un doux nom que je ne murmurerai pas... Arisa.

Frissonnant, troublé, j'enfouis ma tête dans son épaule, la serrais contre moi en donnant les poussées plus profondes, plus fortes.
Non pas elle, ne me laisse pas penser à elle. Je veux rester avec toi, ma princesse, je ne veux pas te quitter. Ne me laisse pas penser à elle, ne me laisse pas l'aimer !

Elle commença à crier, de plus en plus fort, des gémissements passionnés, poussés à chacune de mes pénétrations, l'emmenant vers l'extase.

La tête rejetée en arrière sur l'oreiller, les mains griffant mon dos, elle se courba pour m'accueillir tandis que l'orgasme survint dans son corps tremblant.

Je ne tardai pas à la suivre, le plaisir accélérant mes va-et-vient entre ses cuisses. Je me répandis dans son ventre. Épuisé, je me laissai tomber sur son corps et ses bras se refermèrent sur moi.

Elle tremblait. Ou bien était-ce moi ?

Je fermai les yeux, mon front contre le matelas, ses cheveux me caressaient la nuque. L'étreinte cessa. Sa respiration était profonde, je savais qu'elle s'était endormie. Me hissant sur les coudes, je la contemplai, et la tristesse m'envahissait, celle que nous partagions si bien, elle et moi. La solitude qui suivait notre comédie.

Je l'embrassai une dernière fois, mais sur le front cette fois, protecteur et tendre, et je plongeai à mon tour dans le sommeil.

Fin du Chapitre 1