42kg… Ça suffit !

Hatori jeta son stylo à terre et prit le téléphone.


Maison de Shiguré - 15h

" Bonjour tout le monde !"

Shiguré sortit de sa chambre encore somnolant, son kimono desserré.

" Shiguré, je t'ai déjà dit de faire plus attention à ton rythme de vie, dit Yuki accoudé à la table, lisant un magazine universitaire."

" Calme-toi Yuki," répondit Shiguré en attrapant une pomme sur le meuble de la cuisine. "Il ne fait pas encore nuit.

- Oui, mais il est tout de même 15h ! répliqua le jeune homme, en feuilletant toujours sa revue, visiblement agacé par le comportement de son aîné.

Shiguré s'agenouilla devant la table et ouvrit son journal. Il le lut quelques minutes, mais fut surpris de ne pas entendre plus d'animation dans la maison.

Elle est pourtant bruyante d'habitude.

" Où est Kyo ?

- À son entrainement.

- Tohru?

- Partie faire des courses.

- Haru et Rin ?...

- En train de déménager Haru.

- Et où vont-ils aller ?

- Je pense que Maître Kazuma va les héberger le temps qu'ils trouvent un endroit où vivre. Ils ne peuvent pas rester au manoir. Akito ne sera pas d'accord même si je ne pense pas qu'il essaiera à nouveau de les séparer."

Le visage de Shiguré s'assombrit soudain et il murmura:

" Elle n'en pas la force pour le moment de toute façon.

- Quoi ? demanda Yuki.

- Rien, je me parle à moi-même."

La voix de Shiguré avait perdu son timbre amusé. Elle était sèche, teintée d'amertume et une ombre passait sur son visage. Yuki fut surpris par cette froideur inhabituelle, mais il sembla y discerner enfin une émotion authentique, la face réelle derrière le masque. Il fut sur le point de demander pourquoi Shiguré se montrait moins jovial que d'habitude quand la porte s'ouvrit avec un grand fracas.

"Tu as vraiment une grâce naturelle Kyo", s'exclama Shiguré en apercevant le visage du nouvel arrivant. "Tu devrais faire encore plus de bruit !

- La ferme, Shiguré. J'ai faim alors je ne suis pas de bonne humeur," répondit le Chat en s'asseyant à table.

Shiguré lui lança un regard glacé, se leva et partit dans son bureau dont il claqua la porte coulissante, laissant les deux adolescents dépités.

"Qu'est-ce qu'il a ?" demanda Kyo.

- J'en sais rien, il ne va pas très bien depuis un moment.

- Ça lui passera.

- Non, je ne pense pas que cela soit aussi simple, dit finalement Yuki se levant. Je vais dans ma chambre.

- Te sens pas obliger de me dire où tu vas, je n'ai pas l'intention de venir te voir, sale rat.

- Kyo !

- Quoi ?

- La ferme."


Maison de Shiguré, 19h

Un vrai repas de famille !

Tohru avait garni la table de différents plats et elle n'avait pas manqué de préparer du bœuf au gingembre pour Haru et des boulettes de viande aux échalotes pour Kisa.

Rin et Haru étaient venus dîner après avoir fini de s'installer chez Kazuma.

L'ambiance s'annonçait des plus joyeuses.

Momigi taquinait Kyo qui pestait contre le plat de boulettes à l'échalote.

Yuki observait la scène avec un sourire, lançant de temps en temps un regard vers la porte du bureau qui ne s'était pas rouverte depuis le départ de Shiguré.

Personne n'entendit la porte d'entrée s'ouvrir.

"Salut."

Tous se tournèrent vers le couloir.

"Hatori ! Quelle bonne surprise !" s'exclama Tohru en se levant pour l'accueillir.

- Génial, comme si on n'était pas assez nombreux, dit Kyo. Je suppose que la porte était ouverte et que tu t'es permis d'entrer…

- Je ne viens pas seul," répondit Hatori en tirant par le bras… Kureno.

Tout le monde resta bouche bée, figé sur place.

- Bonsoir, murmura Kureno, mal à l'aise en présence d'autant de membres du Juunishii. Mais il ne reçut qu'un silence.

- Hé! Quand on est poli, on essaie de ne pas laisser un hôte mal à l'aise, s'énerva doucement Hatori. »

Haru fut le premier à sortir de sa torpeur. Il s'approcha de Kureno et lui tendit la main. Troublé, Kureno hésita, puis la serra.

« Merci pour tout, merci. Pour Rin et moi. Tu es le bienvenu ici, dit Haru, ému de voir l'homme qui avait sauvé la femme qui l'aimait, malgré sa fidélité à Akito.

- Tu ne devrais pas parler pour tout le monde Hatsuharu ! dit une voix glaciale. Shiguré apparut dans le salon. " C'est chez moi ici. Et moi seul peux dire si une personne est la bienvenue ou non." Il leva les yeux vers Kureno et lui lançant un regard dur et haineux. "Or, ce n'est pas le cas."

Visiblement très gêné, le jeune homme ne put soutenir le regard du chien et baissa les yeux.

"Je ne veux pas t'importuner, dit-il doucement, je venais voir comment aller Rin et Hatori m'a proposé de l'accompagner ici…

- Bien sûr, tu voulais savoir si ta bonne action avait porté ses fruits, dit Shiguré, d'un accent mauvais et cynique. » Il s'approchait du jeune homme, droit et menaçant. « J'avais oublié à quel point tu étais généreux envers ceux qui souffrent. Mais tu ne peux pas avoir l'image d'un héros pour tout le monde.

- Shiguré, tu te trompes…, tenta de l'interrompre Kureno, blessé par ces paroles. Il avait envie de reculer.

- Que t'imaginais-tu en venant ici? demanda Shiguré, de plus en plus agacé. Que je t'accueillerais à bras ouverts? Tu as sauvé Rin ? Bien joué ! Mais ce n'est pas ça que j'attends de toi. Et ça ne t'ouvre pas la porte de ma maison!"

Personne n'avait jamais vu Shiguré parler de cette manière à quiconque et tout le monde resta pétrifié devant l'homme empli de mépris, cet inconnu.

La plupart des jeunes étaient confus de l'attitude de leur cousin. Haru ne bougeait pas. Kyo gardait les yeux sur son assiette, ne voulant pas affronter ou s'énerver avec un "Shiguré" qu'il ne reconnaissait pas et craignait quelque peu. En inclinant la tête vers Rin, il se rendit compte que celle-ci faisait de même. Tohru ne savait que faire. Elle tentait de montrer par des regards son soutien à Kureno, mais ne pouvait montrer d'irrespect envers Shiguré qui l'avait recueilli. Le visage de Yuki ne trahissait aucune émotion, mais il murmura doucement "il n'y a que son visage qui sourit", les mots de Tohru, comme si la réaction de Shiguré lui avait apporté une réponse secrète.

Hatori se plaça entre les deux hommes et leva les mains vers son ami en signe d'apaisement.

- Shiguré, s'il te plaît, tu dois nous écouter. Kureno est aussi venu te parler de quelque chose de plus grave. Ce serait bien de laisser ta rancune de côté pour ce soir.

- Ma rancune... répéta Shiguré, amer. Mais il recula en acquiesçant. "Très bien alors, de quoi souhaites-tu me parler Kureno ?

- D'Akito," dit Kureno, incertain.

Shiguré eut un rire sec et sans joie.

- On ne peut pas dire que tu choisisses le meilleur sujet de discussion pour engager une trêve... grinça-t-il. Asseyez-vous tous les deux, vous êtes ridicules à rester debout comme des statues. Toi aussi Haru.

Hatori et Kureno s'installèrent devant la table, Haru au côté de Rin.

"Qu'est-ce que je vous sers ? demanda Tohru, essayant de radoucir l'atmosphère. Du bœuf ? Je peux aussi faire autre chose ? Du poulet au curry peut-être ? Oh non, peut-être que manger de la volaille vous gênerez ? Je peux faire cuire de riz aux algues ou des gyôza ?

- J'aime le bœuf au gingembre, merci, dit Kureno en riant doucement, amusé par la vivacité de la jeune fille.

- Et voilà, ça va en faire moins pour moi ! s'exclama Haru.

- De quoi tu te plains, on en mange chaque fois que tu te pointes ici ! répliqua Kyo.

Au moins Tohru a le mérite de détendre un peu l'atmosphère, pensa Yuki.

Le reste du repas fut plus joyeux, presque une ambiance familiale, que Kureno découvrait pour la première fois. Il parla beaucoup avec Momigi et Kyo, chose qu'il n'avait jamais faite, et remarqua le sourire doux que lui adressait Rin, comme un « merci »silencieux et sincère qu'il acceptait par un petit hochement de tête…

Cette atmosphère aurait été parfaite si…. Akito n'en était pas exclue.

Il regarda Shiguré. Lui aussi souffrait de cette absence, il en était sûr, il en souffrait plus que quiconque. Il se mit à nouveau à l'admirer comme auparavant quand ils étaient enfants. Sa capacité à masquer ces souffrances avec une telle agilité le surprenait. Personne ne pouvait se douter qu'à l'instant présent, alors qu'il riait avec Hatori, il était terrifié à l'idée de perdre celle qu'il aime.

" Tu n'as pas eu de problèmes avec Akito pour nous avoir aidés ? demanda soudain Haru, désireux de savoir si Kureno avait subi les foudres de leur Dieu.

- Et pour être venu ici ? ajouta la jeune Tohru.

Les deux questions ramenèrent Kureno à la réalité.

Sa déesse... C'était pour elle qu'il était venu.

"Non, dit-il, soudain sérieux, Akito est en état de choc. Je n'ai rien à craindre. La seule personne qui va me réprimander c'est la vieille servante qui est sans cesse à ses côtés, mais je n'en ai rien à faire.

Tout le monde à table se tue.

- En état de choc ? Répéta Tohru.

- Akito ne parle plus et a beaucoup maigri, expliqua Hatori. Sa santé est mauvaise et ne fait qu'empirer.

- Elle reste couchée toute la journée sans bouger et sans parler, ajouta Kureno.

- Kureno…, murmura Hatori.

La pièce devint silencieuse. Shiguré serra la mâchoire.

« Pourquoi tu dis « elle »en parlant d'Akito ? demanda Yuki.

Kureno voulut répondre, mais Hatori le coupa :

- C'est une simple erreur Yuki.

- Une simple erreur que Shiguré a également faite un peu plus tôt dans la journée ! répondit-Yuki, énervé et conscient qu'on lui mentait. Vous vous fichez de nous !

- Akito est une femme, dit Kureno, sèchement, désireux d'en finir avec les mensonges.

La pièce redevint silencieuse, l'information s'insinuait doucement dans leur esprit, puis ce fut l'éclat des voix.

- Vous délirez là! s'exclama Kyo.

- Ce n'est pas croyable, murmura Rin.

- Je n'arrive pas à le croire. Akito déteste les filles ! dit Momigi, en fixant le vide.

- Vous en êtes sûrs ? dit Hatsuharu, d'une voix dure.

- Si c'est des photos que tu veux, je peux t'en montrer, répondit Shiguré visiblement amusé par la réaction des adolescents.

- Shiguré ! s'exclama Hatori.

- Je plaisante !..." Son visage se ferma à nouveau. "Si j'en avais, je les garderais pour moi. Je partage déjà assez avec les "douze"...

Hatori ignora la remarque et respira profondément:

"L'important est que nous ne pouvons pas laisser Akito comme ça.

- Je n'ai plus rien à faire avec lui ! s'exclama Hatsuharu.

- Elle, corrigea Yuki.

- Je m'en fous !" Il se leva, la colère lui colorait les joues. "Que ce soit une fille ne change rien à ses actions. Akito est mauvaise et dangereuse. Quoi! j'ai presque failli battre une fille, j'ai menacé une fille? et alors! cela ne change rien, rien du tout. Elle a jeté Rin par la fenêtre! Et maintenant c'est une fille? Qu'est-ce qu'Akito va encore trouver pour nous pourrir la vie !"

Il se tut, se rendant compte de l'incohérence de son discours.

La vérité, c'était qu'il n'avait pas compris. À nouveau il n'avait pas compris ce qu'il se passait autour de lui. Comme lorsqu'on lui faisait croire qu'il était stupide et qu'il s'était mis à détester le rat, comme quand il n'avait pas compris que Rin essayait de le protéger. À nouveau il s'était laissé tromper...

Il se rassit et ne dit plus rien.

Kureno prit la parole, d'une voix douce.

- On ne vous demande pas de lui pardonner, mais de la comprendre et de ne pas la laisser tomber. Je sais ce qu'elle vous a fait, c'est pour ça que je voudrais vous laisser le temps de réfléchir. On pourrait organiser une sorte de réunion au manoir où on déciderait comment envisager la situation…

- On n'a pas besoin d'envisager la situation, on est libre! dit Rin.

- Libre de quoi ? s'exclama Kureno. Vous appartenez à la famille Sohma, à Akito ! Le fait de ne pas venir au manoir pour Nouvel An ou de faire un petit coup d'éclat ne change pas le fait que vos parents travaillent dans des entreprises de la famille Sohma, que cette famille vous donne de l'argent pour vos études, pour votre maison. Rien ne vous appartient en propre. Quoi que vous achetiez, c'est la famille qui paye. Où est votre liberté ? Si vous voulez votre indépendance, il faut frapper plus haut et la solution se trouve aussi du côté d'Akito. Ce n'est pas en la blessant qu'on arrivera à quelque chose. Ce qu'il faudrait… » Sa voix se perdit, rongée par l'émotion. « Ce que je voudrais... C'est qu'on s'en sorte, tous ensemble. "

Oui, tous ensemble, avec Akito.

Personne ne parlait, tous étaient perdus dans leurs propres songes, leurs propres souffrances et souvenirs.

Momigi approuva doucement.

"Kureno, tu ne parles pas souvent, mais quand tu le fais… Tu es très convaincant. Moi aussi, je voudrais qu'on s'en sorte tous... même Akito. Je crois qu'il…, non qu'elle souffre aussi beaucoup, dit Momigi.

- Alors c'est décidé… dit Haru. Il semblait déçu.

- On ne perd rien en allant à cette réunion Haru, dit Yuki en essayant de rassurer son cousin et ami.

- C'est toi qui dis ça ? s'exclama Haru. J'aurais cru qu'aller au manoir pour décider de la meilleure façon d'aider Akito aurait été plus écœurant pour toi que pour quiconque !

- Je n'oublie pas le passé Haru ! répliqua Yuki, en colère et blessé. Je sais ce qu'Akito a fait, que ce soit à moi ou aux autres ! J'ai souffert aussi pendant des années à cause de lui, à cause d'elle ! Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai pleuré à cause d'elle quand j'étais enfant ! Le nombre de fois où elle a été cruelle ! Mais...

- Mais quoi ? insista Haru.

Yuki sembla hésiter, puis il ajouta :

- Je ne compte plus non plus le nombre de fois où je l'ai vu pleurer… " Il se tourna vers Kureno. "Je viendrai".

- Moi, aussi, dit Momigi, et je préviendrai Kisa et Hiro. Ça ne sera pas facile, mais ils nous suivront si nous y allons tous.

- Haru et moi viendrons aussi," dit Rin. Elle prit la main de Haru et le regarda dans les yeux, où il put lire tout ce qu'elle ne disait pas. Pour notre avenir ensemble, pour notre liberté, pour la vie que je veux que nous ayons… Allons-y aussi.

Il passa la main dans les mèches soyeuses de Rin, ses mèches courtes maintenant.

"Très bien", dit-il. Quel bonheur de la voir sourire…

- Alors, autant le faire le plus vite possible, dit Hatori. Demain soir, vers 20h.

- Je m'arrangerais pour tout préparer, dit Kureno, soulagé.

- Il n'y aura que nous ? demanda Kyo.

Kureno hésita et répondit:

- En fait j'aimerais que d'autres personnes soient présentes, Tohru entre autres.

La jeune fille parue interloquée.

- Moi, mais pourquoi ?

- Parce que tu pourras nous aider, répondit Kureno. C'est inutile de te mettre à l'écart, car ce qui se passe dans cette famille te concerne de près d'une certaine façon.

Tohru ne sut pas quoi répondre à cela.

- Tu viendras, n'est-ce pas ? dit Momigi, c'est important pour nous que tu sois là tu sais."

- Oui, je veux venir. Mais j'espère que je ne causerai pas plus de mal que de bien...

- Non, je ne pense pas, dit Kureno. Alors c'est arrangé.

Kureno se tourna doucement vers Shiguré, qui n'avait pas donné signe d'approbation. Celui-ci l'ignora.

"Shiguré, tu ne dis rien, dit Hatori. Tu viendras n'est-ce pas? Ne serait-ce que pour être sûr que nous n'empiétions pas sur ton territoire.

Cette dernière remarque propagea un trouble parmi les jeunes. Yuki fronça les yeux.

Shiguré avait les yeux perdus dans le vide et semblait réfléchir, indifférent.

- Je ne sais pas trop ce que vous envisagez de faire, dit-il enfin, alors je viendrais par curiosité.

- C'est justement parce que nous ne savons pas quoi faire que nous organisons cette rencontre ! dit Kureno qui sentait la fureur monter en lui devant le ton désinvolte de Shiguré. Comme si cette histoire ne le concernait pas du tout. " Tu pourrais mettre du tien. On essaye d'aider Akito ! "

- Je sais, dit calmement Shiguré. On verra bien le résultat. La réaction d'Akito devrait être très intéressante…

Je vais l'étrangler,furent les pensées de Kureno.

Hatori, désireux d'empêcher une bagarre, interrompit la conversation:

"Il se fait tard, on devrait rentrer. À demain, on compte sur vous."

Après avoir salué tout le monde, les deux hommes partirent.

Les jeunes allèrent rapidement se coucher, épuisés par la journée. Ou du moins c'est ce qu'ils dirent alors que des murmures se firent entendre jusque tard dans la nuit.

Shiguré était assis à son bureau et pianotait sur son ordinateur. Son dernier roman était presque achevé et il se demandait déjà quel tour mesquin il pourrait jouer à Mitchan avant de lui donner les dernières pages de son manuscrit.

La fin était presque bouclée quand, soudain il s'arrêta, comme paralysé. Ces mains se crispèrent doucement tandis que ces yeux parcouraient les lignes sur l'écran.

Encore un roman à l'eau de rose tel que les femmes aiment en lire, où les deux amants héroïques sont séparés et traversent de nombreuses péripéties pour se retrouver et à la fin, finissent à nouveau ensemble et passent le reste de leur vie à s'aimer, comme toujours.

Non pas comme toujours !

Ça ne finit pas comme cela.

Shiguré effaça les dernières lignes et se remit à pianoter avec énergie.

Satisfait, il s'adossa à son siège et appuya nonchalamment sur le bouton de l'imprimante.

Alors que la machine laissait couler les feuilles blanches où le texte était gravé, Shiguré ouvrit le tiroir de son bureau et y prit un livre corné et l'ouvrit à l'endroit où était placé le marque-page qu'il regarda un instant avec des yeux doux, puis lut ces vers qu'il connaissait déjà par cœur.

« Je t'aime sans trop savoir comment,
Ou même d'où, depuis quand ?
Je t'aime de tout mon cœur,
D'un amour modeste et pur.
Ainsi je t'aime, car je ne sais que t'aimer.
Nous sommes tels que tes mains
de mes doigts se prolongent.
Si proches que lorsque tu fermes les yeux
le sommeil me gagne. »

Shiguré referma doucement le livre en y replaçant avec soin le petit marque-page, une petite photo d'Akito, les yeux fermés, endormie.

Il s'allongea sur son futon et posa le livre sur sa poitrine et ferma les yeux.

Si proche que lorsque tu fermes les yeux, le sommeil me gagne…

Akito…

Fin du Chapitre 3


Notes d'Autrice : Le dernier poème est une adaptation de la traduction du poème de Pablo Neruda.

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