Chapitre 29

J'ouvris les yeux quelques heures plus tard, blottis dans les bras de Scotty, mon dos contre son torse, je sentais sa respiration balayer mon épaule et ma nuque, et pendant quelques secondes, je pris le temps de savourer le calme et la quiétude qui m'entourait.

Je finis par baisser le regard sur la montre que Scotty portait et qui indiquait les 04h20 du matin. Bougeant avec délicatesse, je parvins à pivoter dans ses bras. L'ingénieur dormait profondément à mes côtés, et les lumières extérieures me permettaient de distinguer les traits de son visage.

Réveillé ou non, il était toujours aussi beau, et je ne pu m'empêcher de me dire que j'avais eu raison de céder.

Étant incapable de me rendormir, et sachant que j'allais finir par le réveiller en gigotant, je me dégageais avec douceur de ses bras et sortis du lit, attrapant mon peignoir jeté négligemment sur le fauteuil pour le passer par-dessus mes sous-vêtements. Frissonnant, je le resserrais autour de mon corps et m'approchais de l'immense baie vitrée qui donnait sur la base de Yorktown.

- J'avais raison ! Avait clamé Bones à notre retour. C'est une boule à neige prête à exploser !

Il n'avait pas tort finalement.

M'adossant contre la vitre, je laissais mon regard divaguer sur les rues en contrebas. Je constatais avec un léger amusement que Starfleet ne dormait jamais. Je distinguais les formes sombres des agents de nuit qui marchaient.

Une vraie fourmilière.

Perdue dans mes pensées, je sursautais quand je distinguais un mouvement sur ma gauche. Regardant en arrière, je grimaçais en voyant Scotty se redresser dans le lit, me cherchant des yeux. Malgré mes précautions, je l'avais réveillé.

- Tu es réveillée depuis combien de temps ? Demanda-t-il en finissant par me distinguer.

- Quelques minutes, répondis-je doucement. Je n'arrivais pas à me rendormir, alors je me suis dit qu'en me levant, je t'empêcherais de te réveiller. Je ne dirais pas que j'ai visiblement échoué, mais ça y ressemble.

Je le vis sourire, et il sortit du lit. Vêtu d'un simple boxer, je détournais les yeux, décidant fermement d'ignorer les pensées peu correctes qui me traversèrent l'esprit alors que les images de la soirée me revenaient en mémoire.

Je l'entendis me rejoindre, et je frissonnais quand je sentis ses bras enlacer ma taille pour me plaquer contre lui. Je m'adossais contre lui, fermant les yeux.

A l'abri dans ses bras, je constatais que mon cerveau se mettait en pause, arrêtant de réfléchir et de se torturer. Seul comptait son corps contre le mien.

- Depuis le temps que j'attendais ça, murmura-t-il contre mon oreille.

Je souris, et frémis quand je sentis ses lèvres sur la peau de mon cou. Crispant mes doigts autour de ses bras, je l'entendis ricaner. Je lui lançais un léger coup de coude dans les côtes, et il sourit.

- Tu sais où en est la reconstruction de l'Enterprise ? Demandais-je finalement et il s'adossa à son tour contre le mur, m'entraînant d'autant plus contre lui.

- Encore une bonne semaine de travail je dirais, répondit-il. D'après les plans qu'on m'a présentés, on va avoir un sacré vaisseau entre les mains.

- Sérieux ? M'exclamais-je en me retournant vers lui. Comment ça ?

- Plus grand, plus spacieux, expliqua-t-il en souriant devant mon entrain. Chaque membre d'équipage à sa propre chambre, Jim, Spock et toi vous avez une véritable suite. Il y a une fausse terrasse, une sacrée salle de sport, une piscine, un jardin d'intérieur…

Je levais un sourcil, impressionnée. Mais une chose avait retenu mon attention.

- Une suite ? Répétais-je.

- Chambre et salle de bain privée, expliqua-t-il et je hochais la tête, impressionnée.

- Ah oui tout de même, lâchais-je.

- L'infirmerie est immense, reprit-il. Et côté salle des machines, on est plutôt bien servis aussi. La passerelle est aussi plus grande.

Incapable de contenir ma joie, je souris à mon tour, ayant hâte de repartir en mission. Mon excitation l'amusa, et il caressa doucement ma joue, attirant mon attention.

- Et aléatoirement, où se trouve ta chambre ? Demandais-je en levant un sourcil.

- Quartier des officiers, répondit-il. Même étage que les vôtres.

Je lui jetais un regard sans équivoque, et il baissa la tête vers mes lèvres.

Je le laissais faire sans lutter, et fermais les yeux quand il m'embrassa. Aussi fus-je surprise de le sentir relever la tête sans chercher plus.

Je lui adressais un regard interrogateur, et plissais des paupières en le voyant mal à l'aise. Que se passait-il ?

- Je sais que… tu es plutôt réticente à exposer ta vie privée, lâcha-t-il et je hochais la tête sans parvenir à comprendre ce qu'il cherchait à me dire. Et je sais également que l'équipage est parfaitement au courant pour… nous deux. Mais il n'y a rien de vraiment officiel et je…

- Tu veux une déclaration officielle ? Lâchais-je, pas vraiment surprise, et je le vis clairement gêné.

- Non, enfin… pas vraiment dis comme ça, fit-il. Je ne… oublie ce que je viens de dire…

- Scotty tu ne…, commençais-je, avant qu'il ne plaque de nouveau ses lèvres sur les miennes, m'empêchant à la fois de parler, et de réfléchir.

Le laissant nous attirer vers le lit, je classais dans un coin de ma tête ce début de conversation étrange.

oOoOo

Debout face à la baie vitrée qui donnait dans l'immense hangar, je fixais avec admiration la passerelle de l'U.S.S Enterprise.

Scotty n'avait pas exagéré : le vaisseau était gigantesque, reprenant un temps d'avance sur les derniers modèles de la flotte sortis.

- La construction vous convient-elle ? Demanda l'ingénieur-en-chef qui avait été chargé de la construction, et je lui adressais un regard rempli d'approbation.

Il nous avait fait tout visiter, à nous ainsi qu'aux officiers du vaisseau, et j'entendais clairement les conversations emballées de Chekov, Sulu et Scotty derrière moi. Je n'y connaissais rien en matière de salle des machines ou de poste de pilotage, mais visiblement, ils étaient tout aussi émerveillés que Bones et moi devant notre nouvelle infirmerie.

Trois étages de soin, deux blocs opératoires à la pointe de la technologie, une salle de matériel immense. Même Bones n'avait pour une fois rien trouvé à dire quand j'avais clamé que j'avais hâte de repartir en mission.

- Il est à vous désormais, annonça l'amiral Paris en se tournant vers Spock, Jim et moi. Votre mission de cinq ans va pouvoir redémarrer.

Je vis à la fois l'excitation et la joie dans les yeux de Sulu, mais également la tristesse et le désarroi. Mon cœur se serra à la pensée de cette petite fille qui allait de nouveau voir son papa partir, sans garantie de le revoir prochainement.

Malgré moi, mon sourire se fana quand je me rappelais la promesse que je m'étais moi-même faite des années auparavant, quand j'avais intégré Starfleet.

A la minute où je mettrais un enfant au monde, s'en serait terminé des voyages dans l'espace.

Jamais je ne pourrais infliger à mon enfant ce que j'avais vécu. Se construire sans parents, c'était la chose la plus difficile et dans mon cas, ce serait la chose la plus cruelle possible au vu de mon histoire.

Je posais une main sur le bras de Sulu, et lui souris distraitement quand il me regarda. Il serra mes doigts en réponse, et je rejoignis Jim.

oOoOo

La réunion durait depuis des heures, et Bones abattit sa main sur la mienne furieusement pour m'empêcher une fois de plus d'appuyer sur le mécanisme de mon stylo lui permettant de sortir la mine.

Soupirant de lassitude, je me mis à taper des doigts sur la table sans m'en rendre compte, et je l'entendis siffler.

- Désolée, murmurais-je.

- Je m'ennuie aussi mais ce bruit…, répondit-il et je souris.

M'adossant contre mon dossier, je grimaçais en massant la cicatrice que m'avait laissé l'attaque de l'Enterprise quelques semaines auparavant. Elle avait bien cicatrisé, mais continuait à m'élancer. M'occasionnant quelques nausées au passage, comme en cet instant.

Déglutissant légèrement, j'arrêtais de passer les doigts dessus. Bones m'adressa un regard sans équivoque, m'indiquant qu'il examinerait ça après cette réunion.

Chose qu'il avait déjà faite plusieurs fois, sans jamais rien trouver d'anormal. Même les échographies et les prises de sang étaient normales.

Je ne cessais de lui expliquer que c'était normal, que la plaie était encore fraîche. Mais Monsieur craignait tellement d'avoir mal soigné la plaie qu'il n'entendait rien.

- Je vous souhaite à tous une bonne journée, clama notre formateur, et je me retins de crier de joie en bondissant sur mes pieds.

- Enfin ! Gronda Bones en m'imitant.

- Du soleil ! M'exclamais-je comme si je ne l'avais pas vu depuis des jours.

- C'est un peu exagéré, me fit remarquer Bones mais je haussais les épaules.

Avec plaisir, je constatais que le reste de notre équipage se trouvait à la cafétéria, et j'accueillis avec joie les frites servies.

- La réunion était bien ? Demanda Nyota quand je me calais entre elle et Scotty.

- Magique, répondis-je tandis que les doigts de ce dernier caressaient deux secondes ma jambe pour me souhaiter la bienvenue.

- La prochaine fois, pensez à retirer tout stylo de sa main ! S'exclama Bones en m'indiquant, et je lui servis un grand sourire innocent. Elle est impitoyable !

Je ricanais en tendant la main vers la bouteille de Ketchup, mais la nausée commença à se pointer quand je m'en servis dans mon assiette.

Des flashs de l'attaque me revinrent en mémoire. Le sang.

Dégoûtée, je repoussais mon assiette sous les regards interloqués de ceux qui m'entouraient.

- Tu mourrais de faim il y a deux minutes, me fit remarquer Nyota.

- Ben c'est passé, murmurais-je en respirant lentement pour calmer la nausée qui pointait de plus en plus le bout de son nez.

Je tentais de repousser les images loin de ma pensée, mais rien n'y faisait.

- Je vais prendre l'air, lâchais-je en me levant précipitamment.

Quittant le self en catastrophe, je respirais l'air frais qui me heurta.

Tremblante, je m'approchais du muret, et m'y accoudais, soufflant lentement.

- Est-ce que ça va ? Demanda Scotty que je n'avais pas vu me suivre.

Il se glissa dans mon dos, et je sursautais en sentant sa main se poser sur ma nuque. Elle était froide, et je constatais que ma nausée disparaissait doucement.

Je tremblais, et il le sentis. Je le vis esquisser un geste pour m'attirer contre lui, mais il jeta un regard autour de lui et sembla se raviser.

Je savais qu'il ne voulait pas me mettre mal à l'aise en public, moi qui n'étais pas démonstrative.

Aussi pris-je l'initiative de poser ma tête sur son épaule. Je le sentis marquer la surprise, avant que ses bras de se referment autour de moi.

- Ça va mieux, murmurais-je, fatiguée.

- Qu'est ce qui s'est passé ? Demanda-t-il en caressant doucement mon dos.

- C'est idiot… j'ai repensé à l'attaque de l'Enterprise, et ça m'a déclenché une nausée, répondis-je et il embrassa légèrement mes cheveux. Désolée.

Il ria doucement, et me serra doucement contre lui. Bougeant légèrement la tête, je posais le nez dans son cou, utilisant son odeur pour calmer mes tremblements.

Je restais toujours surprise de l'effet qu'il me faisait.

- ça va, finis-je par dire en me redressant.

Son regard bleu me dévisagea et je levais un sourcil, le mettant au défi de dire le contraire. Il sourit alors que je voyais les autres arriver.

- Je vais bien ! Clamais-je quand Bones me tomba dessus. Je n'aurais pas dû penser à certaines choses en mangeant, c'est tout !

Et je passais les trente prochaines minutes à lutter contre lui pour éviter de me retrouver de nouveau sur la table d'examen.

oOoOo

Admirative, je restais plantée devant la chambre qui était la mienne.

Contrairement aux chambres que nous avions dans le précédent vaisseau, celle-ci était spacieuse et aérée. Je voyais même l'espace par ma fenêtre.

- Je me suis permis, lança Scotty en pénétrant dans la pièce. Tu comptes rester planter là ?

- Je ne me remet pas encore, lui répondis-je en indiquant la chambre. Je vais me perdre là-dedans.

Il sourit, et m'attira contre lui.

M'abandonnant contre lui, je le laissais poser ses lèvres sur les miennes. Comme à chaque fois qu'il avait le malheur de m'embrasser, je perdais pied.

Nous étions sur le point de partir en mission, mais mon esprit n'avait qu'une seule préoccupation.

En l'occurrence : le débarrasser de son uniforme.

- Si tu n'arrêtes pas maintenant, on va avoir des problèmes, soufflais-je alors que ses lèvres descendaient le long de ma gorge, et que ses doigts effleuraient la fermeture éclair de mon propre uniforme.

Je l'entendis râler, et je souris.

Plongeant mes yeux dans les siens quand il recula la tête, sans pour autant me lâcher, je pris une inspiration.

- Je sais que tu as une chambre aussi, murmurais-je. Mais si tu le souhaites… tu peux t'installer ici.

Sous le choc, il me fixa en clignant des yeux.

Comme pour tout ce qui concernait notre relation, j'avançais à pas de fourmi. Lui donner mon accord pour qu'on vive dans la même chambre alors que l'on était en mission était une étape de plus, qui donnait à notre couple une officialisation dont je savais il avait besoin.

Et cela ne me dérangeait guère.

- Anna, tu es sûre de toi ? Murmura-t-il et je posais mes doigts sur ses lèvres.

- Est-ce que tu m'as une seule fois vu incertaine pour ce genre de décisions importantes ? Demandais-je doucement et il attrapa mes doigts.

- Tu sais ce que ça signifie…, fit-il.

- Qu'on est ensemble ? Fis-je. Tout l'équipage est au courant. Ce n'est qu'une étape de plus dont il doit peu se soucier pour être franche.

Il m'analysa du regard, et je lu dans le sien une incertitude. Je savais qu'il craignait que je ne fasse cela que pour lui faire plaisir.

- Je le fais parce que j'en ai envie, murmurais-je. Alors arrête de réfléchir, ça c'est mon rayon, pas le tien.

Il sourit, avant de m'attirer contre lui. Serrant mes bras autour de sa taille, je ne pu m'empêcher de me dire une fois de plus que j'avais été idiote de ne pas lui céder avant.

Et je comptais bien me rattraper à présent.

« Le vrai amour : avoir l'impression d'être dans sa vie, pas à côté. Au bon endroit. Ne pas avoir besoin de se forcer, de se tortiller pour plaire à l'autre. Rester comme on est »