Mine de rien, Hel ne s'est jamais demandé ce qui se passerait exactement dans le cadre de la mort d'un Archange, même déchu et indigne du terme comme le Serpent. En rétrospective, ça semble être une sacrée omission, et elle se demande vaguement si elle y survivra malgré l'aile de son parent qui la recouvre, protection qui paraît nettement maigre tout de même.
Elle y pense parce qu'elle voit la lueur du couteau dans la main de Gabriel, et le couteau affûté s'apprête à entrer en collision avec l'Astre déchu, et ça ne prendra qu'une fraction de seconde mais c'est fou ce que ça dure longtemps une fraction de seconde quand on a le cerveau surexcité par l'adrénaline et une situation de vie ou de mort.
Elle y pense, parce qu'elle se souvient de cet affreux bonhomme l'ayant enlevée, et le tintamarre avec le déferlement de lumière quand il s'est fait réglé son compte et peut-être qu'elle ne connaît pas son rang exact mais il était certainement placé plus bas qu'un Archange, et ce n'était pas agréable de se trouver juste à côté de ses sursauts d'agonie alors ça va donner quoi quand c'est un gusse de cette catégorie spécifique qui vous claque dans les pattes ?
Est-ce qu'elle doit se raidir ? Est-ce qu'elle doit s'avachir ? Qu'est-ce qui augmentera ses possibilités de survivre, de retourner auprès de Dionysos et Ariane et de passer le restant de l'éternité en leur compagnie ?
Hel s'interroge furieusement l'espace d'une fraction de seconde, et elle ne peut pas trouver la réponse avant que le temps ne lui file définitivement entre les doigts.
La lame se plante dans l'essence primordiale, et le monde se déchire dans un cri.
