La clairière de la Lothlórien baignait dans une lumière douce et argentée qui filtrait à travers les frondaisons majestueuses, projetant des reflets de lune sur la terre et les visages recueillis de la Communauté. Les membres de la Communauté étaient rassemblés autour de Galadriel, immobiles dans ce moment solennel, leurs regards tournés vers la Dame de la Lothlórien. Drapée dans des voiles diaphanes, elle se tenait là, entourée d'une aura mystérieuse, presque irréelle, et devant elle, posés sur un tissu finement brodé, reposaient des présents choisis avec soin pour chacun d'eux.

Galadriel les contempla tour à tour, son regard perçant et bienveillant s'attardant sur chaque membre de la Communauté. Elle s'approcha d'Aragorn et tendit vers lui un fourreau orné avec magnificence pour Andúril, gravé des symboles anciens d'Elendil. « Porte-le avec fierté, descendant d'Isildur, et puisses-tu y trouver la force d'accomplir ta destinée, » murmura-t-elle. Aragorn inclina la tête, l'air grave et reconnaissant.

À Legolas, elle donna un arc gracieux, fait du bois des arbres de la Lothlórien lui-même, d'une puissance et d'une beauté incomparable, accompagné d'un carquois rempli de flèches aux plumes finement ouvragées. Elle tendit ensuite à Gimli trois mèches de ses propres cheveux dorés, un don qu'il reçut avec un respect et une émotion visibles, conscient de l'honneur rare qui lui était fait.

Les hobbits s'avancèrent ensuite, et Galadriel offrit à chacun d'eux un présent unique : un flacon de cristal contenant la lumière de l'Éärendil pour Frodon, « une lumière pour des jours bien sombres, » dit-elle doucement ; et des dagues elfes pour Sam, Merry et Pippin, destinées à les protéger dans les dangers qui les attendaient.

Lorsque Calion s'avança, un silence plus profond encore sembla s'installer autour de la Dame et de lui. Galadriel fixa son regard lumineux et pénétrant sur Calion, ses yeux semblant sonder chaque recoin de son esprit, comme si elle scrutait les ombres qui y demeuraient. Elle laissa s'écouler un instant avant de murmurer si doucement que seul Calion put l'entendre, d'une voix aussi douce que puissante : « Calion, Témoin des Premiers Souffles. »

Elle s'approcha, et au lieu d'un objet, posa sa main délicatement sur le front de Calion. Une chaleur douce s'infiltra en lui, apaisante, et, derrière ses paupières closes, une vision fugitive s'éveilla : il se vit dans un autre monde, entouré de visages chaleureux, des présences indistinctes mais réconfortantes, comme un écho d'un foyer oublié. Il ne comprit ni les noms ni les mots, mais la sensation de sécurité et d'appartenance était indéniable. La vision s'effaça aussitôt, mais la douceur de ces souvenirs lui resta gravée dans le cœur, comme un baume sur des plaies anciennes.

Galadriel retira sa main, et leurs regards se croisèrent, chargés d'une compréhension silencieuse. « Ces souvenirs reviendront peut-être à toi un jour, » murmura-t-elle. « Mais souviens-toi de ceci : parfois, la quête des souvenirs doit céder la place à celle du présent. Ta place est ici, et ton destin t'attend. »

Calion, troublé mais reconnaissant, inclina la tête, sentant le poids des paroles de Galadriel comme une promesse, mais aussi une responsabilité. Ce don, aussi intangible fût-il, semblait bien plus précieux que n'importe quelle arme.

La Dame, son devoir accompli, se tourna vers eux une dernière fois. « Allez maintenant, mes amis, et que la lumière de la Lothlórien vous accompagne. La route sera sombre, mais votre courage et vos cœurs peuvent éclairer même les ténèbres les plus profondes. »

Ils se préparèrent à quitter la clairière et à embarquer sur l'Anduin, chacun portant en lui la bénédiction des présents de Galadriel. Calion, resté en arrière, scrutait l'eau argentée du fleuve, une étincelle nouvelle brillant dans ses yeux. En lui persistait ce fragment de souvenir, une part retrouvée de l'homme qu'il avait été autrefois.


La Communauté s'avançait silencieusement sur l'Anduin, glissant dans des barques élancées, taillées dans le bois argenté des forêts elfiques. Autour d'eux, le fleuve s'étirait en courants lents, bordé d'épaisses forêts qui s'élevaient en parois végétales, presque infranchissables. L'air était frais, empreint d'une odeur douce et subtile de mousse et de terre humide, portant l'arôme distant de l'écorce et du feuillage lourd des forêts de l'est.

Le silence était si dense qu'il en devenait presque oppressant. Aucun oiseau ne chantait dans la pénombre matinale, aucun souffle de vent ne plissait la surface de l'eau. Tout autour, la lumière du jour, timide, s'insinuait entre les nuages denses et bas qui obscurcissaient le ciel, donnant à la scène une allure presque irréelle. L'ombre des falaises projetait des reflets sombres, et parfois un rai de lumière argentée se posait sur les visages de la Communauté, révélant la fatigue et la tension accumulées.

Legolas, installé à l'avant de la première barque avec Gimli, était aussi immobile qu'une statue de bois, les yeux scrutant les ombres des rives. Son visage restait impassible, mais son regard se faisait perçant, prêt à capter le moindre mouvement suspect. Sa main caressait doucement le bois de son arc, comme pour se rassurer, mais ses traits trahissaient une vigilance extrême.

Dans la barque qui suivait ou Merry et Pippin semblaient plongés dans leur pensées, une main posé sur leur ventre, Aragorn guidait les rames en silence, les bras tendus et fermes, tout en surveillant les alentours. Son regard se posait fréquemment sur Boromir, installé devant lui, dont les épaules s'étaient affaissées. Une ombre paraissait planer sur le Gondorien, et Aragorn notait les signes subtils de tension dans sa mâchoire crispée et dans ses poings fermement serrés sur ses genoux. Les souvenirs de Moria semblaient encore peser lourdement sur lui, mais quelque chose d'autre, de plus sombre, semblait le hanter.

À l'arrière de la troisième barque, Calion scrutait les eaux devant lui, l'esprit préoccupé, les sourcils froncés. La traversée de la Lothlórien avait éveillé en lui des souvenirs confus, et la beauté des lieux n'avait fait qu'accentuer son propre questionnement intérieur. Sa main effleurait distraitement la garde de son épée, noire comme les ombres, un reflet argenté jouant parfois sur sa lame comme un murmure. Les yeux rivés sur l'horizon, il laissait son esprit vagabonder, ses pensées tournées vers les mystères de son passé. Pourtant, un sentiment de responsabilité l'empêchait de se perdre dans ses réflexions. De temps en temps, il jetait un regard à Frodon, conscient que l'Anneau pesait de plus en plus sur lui.

Puis, entre les falaises, d'immenses silhouettes se découpèrent à l'horizon, dressées telles des colosses. Les Argonath, les statues majestueuses des anciens rois du Gondor, s'élevaient au-dessus du fleuve, leurs mains levées comme pour arrêter le passage de quiconque ne serait pas le bienvenu.

Calion sentit un frisson le traverser tandis qu'il levait les yeux vers ces figures imposantes. La lumière filtrée des nuages denses venait caresser leurs visages solennels, soulignant chaque détail des visages sculptés, chaque pli de leurs robes de pierre. Une étrange familiarité naquit en lui, et un souvenir flou remonta des profondeurs de son esprit, une vision lointaine de ces mêmes statues en cours de construction, entourées d'échafaudages, avec des ouvriers humains et nains œuvrant côte à côte, des chants de travail résonnant contre les falaises. C'était un moment si ancien qu'il lui semblait irréel.

L'image d'une rivière de marteaux et de burins, le bruit constant de la pierre taillée et des voix énergiques des bâtisseurs, résonnait dans sa mémoire, contrastant étrangement avec le silence pesant de l'instant présent. Le souffle lui manqua un instant alors que le passé et le présent se confondaient dans son esprit, lui rappelant une époque où les hommes du Gondor étaient encore fiers et puissants, bâtissant de telles merveilles pour protéger leurs frontières.

Il cligna des yeux, ramené à l'instant présent par le mouvement léger de sa barque. Autour de lui, les autres membres de la Communauté fixaient les statues avec admiration et respect. Aragorn, en particulier, était figé, les rames relâchées dans l'eau alors que son regard montait lentement vers les visages de ses ancêtres. Une lueur de fierté et de gravité s'animait dans ses yeux, et son visage semblait rajeuni, comme s'il portait l'héritage de sa lignée avec une intensité renouvelée.

Les barques glissaient silencieusement sous les regards pétrifiés des Argonath, leurs ombres couvrant les membres de la Communauté de leur majesté intemporelle. Calion sentit une étrange paix mêlée de mélancolie en traversant l'ombre des anciens rois. Ces statues représentaient un passé glorieux, mais aussi une époque de force et de dignité qu'il savait bien fragile. Il n'avait pas conscience, en ce temps-là, qu'il verrait cette grandeur s'effacer.

Le soleil commençait à se retirer derrière les falaises, et une ombre douce et dorée enveloppait le paysage alors que Calion, dans la dernière barque, menait silencieusement Frodon et Sam sur les eaux de l'Anduin. Les deux hobbits étaient assis l'un près de l'autre, un peu en retrait dans la barque, observant le courant qui les portait, chacun plongé dans ses pensées.

Après un long moment de silence, Sam, mal à l'aise, glissa un regard vers Frodon, l'inquiétude marquant ses traits. Frodon, lui, fixait l'Anneau à travers sa tunique, ses doigts l'effleurant distraitement, ses yeux lourds de fatigue et d'un fardeau qu'il semblait à peine pouvoir porter.

Calion les observait discrètement, son regard s'adoucissant à la vue des hobbits si jeunes et si pleins de courage malgré leurs peurs. Il sentait la tension qui pesait sur eux et décida de briser le silence.

« Vous avez parcouru un chemin que beaucoup d'hommes plus forts auraient redouté, » murmura-t-il d'une voix basse et apaisante. « Peu seraient capables de porter un tel fardeau sans faillir. Les hobbits… vous avez une force particulière, que je n'ai vue chez aucun autre peuple. »

Sam redressa la tête, surpris d'entendre Calion parler de la sorte. « Nous ne sommes pas plus forts que d'autres, Monsieur Calion, » dit-il modestement, serrant le bord de la barque. « C'est juste… eh bien, c'est pour aider Frodon que je suis là. Et c'est tout ce qui compte. »

Frodon, en silence, lança un regard à Calion, cherchant un réconfort dans les paroles de son compagnon. Calion le sentit et répondit d'un regard bienveillant.

« Parfois, le courage se cache dans les gestes les plus simples, Sam, » répondit doucement Calion. « Peu sont capables de braver l'obscurité avec si peu d'arrière-pensées, avec une loyauté aussi pure. Dans bien des histoires, ce sont ces petits actes de bonté qui éclairent les ténèbres les plus épaisses. »

Un léger sourire étira les lèvres de Sam, et Frodon, bien que préoccupé, sembla se détendre un instant.

Après un moment de silence, Calion reprit, ses paroles teintées de gravité : « La Dame de la Lothlórien m'a confié quelque chose. Elle m'a dit que chacun de nous a une part à jouer dans cette quête, une raison d'être ici. J'ignore tout de votre destin, Frodon, mais je crois fermement que vous avez été choisi pour une raison. Et c'est peut-être la chose la plus importante que chacun d'entre nous puisse faire : rester fidèle à cette raison. »

Frodon hocha la tête, prenant les paroles de Calion comme un baume à ses tourments. Ses doigts se desserrèrent légèrement autour de l'Anneau, comme s'il prenait une inspiration plus profonde et retrouvait une force intérieure.

« J'ai peur, » avoua Frodon d'une voix douce, presque en un souffle. « Chaque jour, ce poids devient plus lourd. Et je crains de ne jamais y arriver. »

Calion, en silence, laissa ses paroles s'envoler dans la brise qui les entourait. Puis, se penchant légèrement en avant, il posa une main rassurante sur l'épaule de Frodon. « La peur est naturelle, Frodon, surtout quand on fait face aux ténèbres. Mais si j'ai appris une chose au fil des siècles, c'est que la peur est la compagne du courage. Ce sont ceux qui ressentent la peur et avancent malgré elle qui accomplissent les plus grands exploits. Et je sais que vous en êtes capable. »

Sam, touché par les mots de Calion, acquiesça fermement, la détermination remplaçant l'inquiétude dans ses yeux. « Monsieur Frodon, je ne vous laisserai jamais tomber. Peu importe ce qui nous attend. Je vous accompagnerai jusqu'au bout. »

Frodon leva les yeux vers Sam, un sourire fragile mais sincère éclairant ses traits fatigués. Calion regarda les deux hobbits, son regard s'adoucissant encore tandis qu'un sentiment profond de respect naissait en lui pour leur simplicité et leur dévouement. Les paroles de Galadriel résonnèrent en lui, et il comprit un peu mieux ce qu'elle avait vu dans ces créatures minuscules et pourtant immenses par la force de leur loyauté.


La lumière de l'après-midi commençait à faiblir alors que la Communauté s'attelait à installer un camp sommaire pour la nuit. Calion observa Boromir s'approcher d'Aragorn, les traits tirés et le regard sombre. Ils s'étaient éloignés du camp pour parler, sans se douter que Calion, resté en retrait près des arbres, les surveillait. Il sentait depuis un moment la tension grandissante en Boromir, une inquiétude qui dépassait celle de la simple guerre.

Le Gondorien, la voix vibrante de passion et de frustration, parlait de l'Anneau avec une intensité qui ne laissait aucun doute : l'objet pesait déjà sur son esprit. « L'Anneau pourrait sauver notre peuple, Aragorn ! » disait-il avec une urgence désespérée, les poings serrés. « Tout ce que nous pourrions accomplir si seulement nous avions la force de le maîtriser ! Pourquoi le laisser entre les mains d'un hobbit, si fragile, si vulnérable ? »

Calion, toujours en retrait, sentit une lourdeur s'installer en lui. Cette obsession grandissante chez Boromir rappelait les murmures noirs de l'Anneau, cette tentation sournoise et implacable qui ne cessait d'éveiller la convoitise chez les âmes fières. Il fixa le dos de Boromir, partagé entre la crainte et la tristesse, conscient que chaque mot semblait rapprocher le Gondorien d'un point de non-retour.

Aragorn, d'une voix calme mais inflexible, tenta de le raisonner, parlant des dangers de l'Anneau et du sacrifice qu'ils devaient tous faire pour le détruire. Mais Calion voyait bien que les paroles d'Aragorn, bien qu'emplies de sagesse, glissaient sur la cuirasse de Boromir comme l'eau sur la roche. Une ombre persistait sur le visage de Boromir, trahissant un besoin presque dévorant de saisir le pouvoir de l'Anneau pour sauver sa cité.

Calion se recula d'un pas, soudain conscient que sa propre inquiétude allait bien au-delà de Boromir. Il craignait ce qui pourrait arriver si l'Anneau continuait d'imprégner l'esprit de ses compagnons de sa sombre tentation. Les mots de Galadriel lui revinrent alors en mémoire, et un frisson le parcourut. La tentation de Boromir n'était qu'un avant-goût des épreuves qui les attendaient tous, et le silence lourd dans lequel il se tenait semblait résonner de cette sombre promesse.

Calion, sans un mot, se joignit aux autres pour dresser quelques couvertures, vérifier les rations et préparer un maigre feu. À côté de lui, Gimli l'observait du coin de l'œil, l'air intrigué, tout en déplaçant des pierres pour entourer le foyer.

Calion s'était éloigné du camp pour ramasser du bois, utilisant une petite hache trouvée dans leurs provisions pour couper des branches tombées. Gimli, passant par là, s'arrêta net en le voyant manier l'outil, les bras croisés et le sourcil relevé, l'air dubitatif.

« Eh bien, Calion, » lança le nain avec un ton bourru, « on dirait qu'on t'a donné une hache, mais, malgré tout tes talents à l'épée, tu as l'adresse d'un vieillard pour couper ce bois! »

Calion leva les yeux, une lueur amusée dans le regard. Il hésita un instant, puis reprit calmement, comme s'il savourait d'avance sa réplique : « La hache fait parfaitement l'affaire, Gimli. Je pensais simplement te laisser un peu de travail pour te montrer comment tu t'y prendrais… mais tu as l'air bien trop occupé à surveiller pour t'y risquer toi-même. »

Gimli resta figé un instant, surpris par la réplique, avant de laisser échapper un grand rire, dont les éclats résonnèrent entre les troncs d'arbres. « Hah ! Voilà donc un homme de mystère avec une langue acérée, tiens ! Je n'aurais jamais parié un sou là-dessus ! »

Alors que le rire de Gimli s'estompait, un léger bruit de pas attira leur attention. Ils tournèrent la tête et aperçurent Merry, s'approchant d'eux, visiblement troublé. L'hobbit avançait d'un pas hésitant, le regard préoccupé.

« Avez-vous vu Frodon ? » demanda Merry, ses yeux inquiets passant de Calion à Gimli et cherchant des réponses dans leurs visages.

Le sourire de Calion s'effaça instantanément, et une ombre de préoccupation se posa sur ses traits. Il regarda autour de lui, scrutant les recoins de la clairière, puis répondit, la voix basse et sérieuse. « Non, je ne l'ai pas vu depuis que nous avons quitté les barques… »

Mais ce n'était pas tout. En balayant la clairière du regard, il remarqua un détail supplémentaire, et cette fois, son expression se fit encore plus sombre : Boromir manquait à l'appel, lui aussi. Une tension glaciale serra la poitrine de Calion alors qu'il réalisait la coïncidence inquiétante. Il songea à la conversation agitée qu'il avait surprise plus tôt entre Boromir et Aragorn, aux mots passionnés et fiévreux de Boromir à propos de l'Anneau.

Se tournant vers Gimli et Merry, il murmura, comme pour lui-même : « Il faudrait peut-être… voir où ils sont passés. »

Calion, le cœur battant et l'esprit en alerte, s'élança à travers les sous-bois, son instinct lui murmurant que quelque chose n'allait pas. L'air, lourd et oppressant, portait un silence étrange, presque anormal, qui éveillait en lui une inquiétude sourde. Les racines et les branches basses accrochaient ses jambes et ses vêtements, mais il les ignorait, avançant à grands pas, déterminé. Frodon et Boromir manquaient tous deux à l'appel, et son esprit s'emballait en imaginant ce qui pouvait se passer.

Il finit par apercevoir Boromir, assis sur un tronc d'arbre, les épaules affaissées et le regard perdu dans le vide, comme s'il luttait intérieurement. Frodon, lui, n'était nulle part en vue. Une ombre de colère et d'appréhension s'installa en Calion alors qu'il s'approchait rapidement du Gondorien, son cœur battant à tout rompre.

« Boromir, » dit-il d'une voix grave, son ton trahissant sa nervosité, « où est Frodon ? »

Boromir leva les yeux vers lui, mais son regard était vague, hanté par quelque chose qu'il ne semblait pas prêt à révéler. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n'en sortit. Calion, sentant la tension monter, se pencha en avant, son regard perçant et insistant.

« Que s'est-il passé ? » reprit-il, sa voix plus pressante. Devant l'absence de réponse, il attrapa Boromir par les épaules, secouant légèrement le Gondorien pour le ramener à la réalité. « Dis-moi, Boromir ! Qu'as-tu fait ? »

La réaction de Boromir fut d'abord de détourner le regard, honteux. Après un moment d'hésitation, il murmura d'une voix brisée, à peine audible, comme s'il avouait un crime : « J'ai… j'ai essayé de prendre l'Anneau. Je… je voulais le protéger… le protéger pour Gondor. Mais Frodon… il s'est enfui. »

La confession parut s'arracher de lui comme un poison qu'il rejetait enfin. Boromir semblait perdu, submergé par la honte et le remords, incapable de lever les yeux pour affronter le regard de Calion. Calion, frappé par une vague de compassion mêlée à une compréhension amère, serra doucement l'épaule de Boromir, adoucissant son regard.

« Écoute-moi, Boromir, » dit-il d'une voix plus douce, presque fraternelle. « Ce pouvoir… il murmure à tous ceux qui l'approchent, leur promettant ce qu'ils désirent le plus. Tu n'es pas faible pour avoir voulu protéger ton peuple. Tu n'es pas le premier à subir l'influence de cet Anneau. »

Boromir releva doucement la tête, cherchant dans les yeux de Calion un semblant de réconfort, une forme de rédemption. Calion, plongeant dans ses propres souvenirs, pensa aux ténèbres qui l'avaient tenté autrefois, aux murmures qui l'avaient presque détourné de sa propre voie. Avec un léger sourire triste, il continua.

« J'ai été confronté à des forces sombres, bien au-delà de l'Anneau. J'ai entendu leurs promesses et senti leur poids s'abattre sur mon âme. Et pourtant… nous sommes encore là, Boromir, capables de choisir. Toi, tu as résisté à ce pouvoir en fin de compte, et cela, seul un esprit fort en est capable. »

Boromir inspira profondément, un éclat de soulagement traversant brièvement son regard. Il hocha la tête, sans mots, mais avec un peu moins de douleur dans les yeux. Calion serra une dernière fois son épaule et se redressa, son inquiétude pour Frodon revenant le hanter.

Mais soudain, des cris éclatèrent non loin d'eux, et le fracas d'une bataille retentit à travers la forêt.

Calion et Boromir se précipitèrent dans la forêt, guidés par les cris désespérés de Merry et Pippin. En s'approchant, ils aperçurent enfin les hobbits, cernés par une horde d'Uruks-hai, des créatures massives, laides et terrifiantes. Les Uruks-hai avaient des visages grossièrement marqués, leurs yeux rougeoyants reflétaient une lueur de cruauté. Leurs bouches béantes révélaient des crocs acérés, et une odeur âcre de terre et de sang émanait d'eux, rendant leur simple présence oppressante. Les Uruks-hai étaient faits pour la guerre, pour le massacre, et chaque mouvement de leur corps massif transpirait une violence pure.

Calion, les sourcils froncés, sentit une rage froide monter en lui face à ces créatures. Sans perdre un instant, il dégaina son épée et se jeta dans la mêlée, se plaçant entre les hobbits et les Uruks. Boromir, à ses côtés, combattait avec toute la force de ses bras, mais le flot continu d'ennemis semblait impossible à contenir.

Le fracas des armes résonnait dans l'air, chaque coup porté par Calion fendait l'espace avec une précision mortelle. Il se mouvait avec une fluidité presque surnaturelle, sa lame dessinant des arcs brillants dans l'obscurité de la forêt. Son regard était fixé, sa concentration totale ; il parait les coups, esquivait avec adresse, puis frappait en retour, chaque coup étant un mélange parfait de force et de grâce.

Soudain, au milieu du chaos, Calion aperçut un Uruk s'approcher trop près de Merry. Un sentiment profond de protection s'éveilla en lui, comme un élan instinctif. Sa lame, d'un noir d'obsidienne habituel, s'illumina alors d'un éclat argenté, brillant comme une étoile dans la pénombre, émettant une lumière vive qui repoussa momentanément les ombres autour d'eux. D'un coup sec et puissant, Calion abattit l'Uruk, le renvoyant dans la poussière, l'éclat de son épée se dissipant aussitôt que la créature tomba à terre.

Malgré leurs efforts, les ennemis étaient trop nombreux, et ils continuaient de surgir des arbres en un flot incessant. Boromir, le souffle court, commençait à être dépassé. Son regard se porta brièvement sur les hobbits, et une détermination sans faille s'installa dans ses yeux. Il porta son cor à ses lèvres et souffla un coup puissant.

Le son du cor de Boromir résonna à travers la forêt, un son grave et profond, qui traversa les arbres et résonna contre le sol, comme un appel à l'aide désespéré. Le son semblait vibrer dans l'air, atteignant jusqu'aux tréfonds de la forêt, un écho puissant qui parlait de courage mais aussi d'urgence, d'une bataille perdue d'avance où il fallait pourtant tenir.

Calion, reprenant son souffle un instant, entendit l'appel de Boromir et comprit toute la gravité de la situation. Les Uruks-hai les entouraient de plus en plus, et il savait qu'il leur faudrait toute l'aide possible pour protéger les hobbits et repousser cette marée de ténèbres.

Alors que le fracas de la bataille se poursuivait, un Uruk massif, plus imposant que les autres, se distingua dans la mêlée. Brandissant un arc gigantesque, il arma une flèche noire, son regard cruel fixé sur Boromir. Calion, trop loin pour intervenir, vit la flèche siffler dans l'air. Elle transperça la poitrine de Boromir, qui émit un râle étouffé, la douleur se lisant sur ses traits.

« Non ! » cria Calion, son cœur s'affolant alors que l'Uruk rechargeait. Une deuxième flèche suivit, puis une troisième, chaque impact faisant vaciller Boromir davantage, le sang imbibant sa tunique, éclaboussant les feuilles sous lui d'un rouge vif.

L'air autour de Calion se fit lourd, saturé d'une tension presque palpable. Une rage froide et implacable monta en lui, chaque fibre de son être tendue vers un seul objectif : éliminer cette abomination. Son regard, d'habitude calme, se fit plus perçant, une lueur glaciale s'y allumant tandis qu'il sentait une magie ancestrale affluer en lui, intensifiant chaque mouvement, chaque pas, chaque coup.

Se frayant un chemin dans la mêlée, il leva son épée, sa lame rayonnant faiblement alors qu'il concentrait toute sa force dans son bras. L'énergie magique qui l'animait rendait ses mouvements plus rapides, plus précis, chaque coup frappant avec une puissance décuplée. L'Uruk se retourna au dernier moment, surpris par la fulgurance de Calion.

Dans un éclat de fureur et de lumière, Calion porta un coup final, l'épée tranchant avec précision à travers la chair et l'armure de l'Uruk. La tête de la créature bascula, séparée de son corps, avant de rouler lourdement au sol. L'Uruk massif s'effondra, et un silence tendu s'installa, comme si la forêt elle-même retenait son souffle.

Calion se précipita alors vers Boromir, qui gisait au sol, chaque respiration laborieuse marquée par la souffrance. La rage de Calion se dissipa pour laisser place à une profonde tristesse, l'air autour d'eux chargé de douleur.

Calion s'agenouilla auprès de Boromir, qui respirait avec peine, son torse se soulevant lentement sous le poids de ses blessures. Les yeux de Boromir s'ouvrirent à demi, et il croisa le regard de Calion, une lueur de reconnaissance dans ses prunelles. Sa voix, faible et entrecoupée, résonna avec une sincérité poignante.

« Calion… » murmura-t-il, un léger sourire apparaissant sur ses lèvres malgré la douleur. « Promets-moi… Aide Aragorn. Protège notre peuple… pour Gondor. » Boromir marqua une pause, sa main cherchant celle de Calion avec une force vacillante. « Et… merci, pour tes paroles. Tu m'as… ramené, au dernier moment. »

Calion, la gorge nouée, hocha la tête, serrant la main de Boromir. « Je te le promets, Boromir. Je serai là pour ton peuple, pour Aragorn. Et sache que tu as fait preuve de la plus grande force en te battant jusqu'au bout. »

À cet instant, des bruits de pas précipités se firent entendre, et Aragorn, Legolas, et Gimli arrivèrent en courant, leurs regards se posant avec horreur sur Boromir, couché à terre, percé de flèches. Aragorn se précipita auprès de Boromir, prenant délicatement son visage entre ses mains. Le regard de Boromir s'adoucit en voyant Aragorn, et il parvint à articuler d'une voix rauque, brisée par la douleur :

« J'ai… J'ai essayé de prendre l'Anneau de lui. »

Aragorn, les yeux embués de larmes, secoua doucement la tête. « Je sais. » Sa voix était chargée de compassion et de tristesse.

Boromir, luttant pour respirer, reprit, le visage empreint de remords et de regret. « Les orques… ils ont pris les petits. »

Aragorn hocha la tête, son expression déterminée. « Reste calme, » dit-il doucement, mais ses yeux trahissaient la peine qu'il ressentait. « Nous allons les récupérer. »

Le visage de Boromir s'illumina faiblement d'un sourire, et il murmura, chaque mot se frayant un chemin douloureux. « Je t'aurais suivi… mon frère… mon capitaine… mon roi. »

Les larmes aux yeux, Aragorn inclina la tête, profondément ému. « Sois en paix, fils de Gondor. »

La dernière étincelle de vie quitta les yeux de Boromir, et sa main retomba lentement, inerte, tandis qu'un silence lourd s'abattait sur la clairière. Calion, figé, ressentit une douleur sourde se répandre en lui. Bien que Boromir et lui aient partagé peu de moments, cette perte réveillait un sentiment profond en lui : un élan de détermination, de loyauté renouvelée envers ceux qui restaient à ses côtés, envers cette quête qu'ils avaient commencée ensemble.

Ce qu'il restait de la communauté s'était rassemblée sur les rives de l'Anduin, le visage grave, le silence lourd, pesant sous le ciel voilé. Dans une barque en bois ornée de motifs elfiques reposait le corps de Boromir, enveloppé dans son manteau aux couleurs du Gondor. Son épée était posée sur sa poitrine, ses mains refermées dessus. Son cor reposait à ses côtés.

Aragorn se tenait sur la rive, tenant la barque, le regard voilé par la peine, tandis que Legolas et Gimli observaient en silence, les traits marqués par la douleur de cette perte. Calion, légèrement en retrait, fixait le visage apaisé de Boromir, rendant hommage à cet homme qu'il avait vu se battre avec tant de vaillance pour ses compagnons.

Avec un léger mouvement de tête, Aragorn donna le signal, et ensemble, ils poussèrent doucement la barque dans le courant de l'Anduin. Celle-ci dériva, emportant Boromir vers l'horizon, son corps disparaissant peu à peu sous la lumière mourante du jour. Les eaux semblaient se calmer autour de lui, comme si la rivière elle-même offrait un dernier adieu à cet homme tombé au combat.

Calion resta figé, suivant la barque du regard jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un point indistinct sur l'eau. Un murmure lui échappa, presque inaudible, mais empli de respect : « Que les Valars veillent sur ton âme, Boromir du Gondor. »

Il jeta un regard lourd de tristesse vers Aragorn, puis vers Legolas et Gimli. Boromir, leur frère d'armes, n'était plus, mais son sacrifice, son combat, résonnait comme un rappel puissant de ce pourquoi ils devaient continuer. Calion, la mâchoire serrée, comprit qu'il devait désormais veiller sur ses compagnons avec une force et une détermination nouvelles, cette même force qu'il avait autrefois oubliée, mais qu'il retrouvait peu à peu dans cette bataille contre les ténèbres.

Aragorn s'approcha de Calion, le visage grave. « J'ai laissé Frodon et Sam poursuivre la quête seuls, » annonça-t-il doucement, scrutant le visage de son ami pour capter sa réaction.

Calion, bien qu'inquiet, hocha lentement la tête. Il comprenait les enjeux et le danger que représentait l'Anneau pour chacun d'eux. « Nous devons leur faire confiance. Pour l'instant, notre priorité est Merry et Pippin. Ils comptent sur nous. »

Calion, sans même y réfléchir, prit les devants avec une assurance calme et déterminée. Calion se tenait droit, une main posée sur la garde de son épée, l'autre désignant les différents éléments qu'ils devaient emporter ou laisser derrière eux. Sa silhouette se découpait, robuste et assurée, parmi les troncs sombres de la forêt. Son regard, acéré et vif, balayait chaque recoin, chaque branche brisée, chaque empreinte infime laissée par leurs ennemis. Il semblait lire dans la terre elle-même, traquant les traces comme s'il sentait, dans l'air humide et silencieux, l'ombre lointaine de Merry et Pippin.

D'un ton mesuré, à la fois calme et ferme, il donnait des instructions : « Prenez seulement le nécessaire. Le poids ralentira ceux qui ne l'ont pas appris à leurs dépens. Les vivres légères dans une sacoche, l'eau dans des gourdes faciles d'accès. Pas d'armures lourdes, seulement le métal qui ne freine pas la course. »

Sa voix, posée et précise, ne laissait aucune place au doute. Il avait pris les devants comme si cela avait été toujours son rôle ; pourtant, ce n'était pas par ambition ou par calcul. C'était l'appel de la situation, le besoin impérieux d'assurer la survie des hobbits et la réussite de leur quête. Sans même y penser, Calion incarnait une force tranquille, une certitude ancrée dans sa posture droite et sa démarche déterminée, qui inspirait à tous la certitude de pouvoir compter sur lui.

Aragorn l'observait avec attention. Il y avait d'abord eu, dans son regard, une ombre de surprise en voyant Calion prendre si naturellement cette position de meneur. Mais cette surprise se dissipa rapidement pour laisser place à un sourire, discret et empreint de fierté. Aragorn ressentait un profond respect pour son ami, qui, sans qu'il en ait conscience, venait d'endosser la responsabilité avec une volonté brûlante. Calion n'était pas le chef, mais il agissait avec l'autorité que l'urgence avait fait naître en lui, son dévouement à leurs amis comme unique boussole.

Legolas et Gimli n'eurent aucun mal à suivre les directives de Calion. Ils reconnaissaient en lui une résolution rare, un désir si puissant de protéger qu'il semblait animer chacun de ses gestes. Chacun savait, dans ce moment précis, que c'était la voie à suivre.

Une fois prêts, ils s'élancèrent à travers la forêt, Calion en tête, ses pas rapides et assurés. Le silence les entourait, seulement brisé par les bruits légers de leurs mouvements et les murmures du vent à travers les arbres. La lumière déclinante du soleil peignait des ombres dorées autour d'eux, et l'air frais de la forêt semblait porter la promesse lointaine de l'aube. La conviction de Calion semblait palpable, guidant chaque pas comme un fil invisible, le menant toujours plus loin sur la piste de leurs amis.

Alors qu'ils émergeaient des ombres profondes de la forêt pour se lancer sur les collines arides, le terrain se fit plus difficile. Les herbes desséchées et le sol rocailleux n'épargnaient aucun marcheur, et Gimli, bien que robuste, peinait de plus en plus à maintenir le rythme soutenu imposé par Calion. Chaque pas devenait une lutte silencieuse, et son souffle se faisait plus lourd tandis qu'il avançait, le front perlé de sueur. Mais le nain, trop fier pour se plaindre ouvertement, grognait entre ses dents, lançant à intervalles réguliers des regards irrités vers Calion, qui marchait en tête, imperturbable et infatigable.

« Ce Calion… » marmonna-t-il dans un souffle bourru, la voix basse mais teintée d'un mélange d'agacement et de respect. « On dirait un elfe qu'on aurait lâché dans une forêt de gobelins ! Il ne s'arrête jamais, c'est pas naturel, je te le dis ! »

Legolas, qui courrait en silence à côté de lui, un sourire en coin, glissa un regard amusé vers le nain. « Eh bien, Gimli, tu n'as qu'à imaginer une horde de trolls sur tes talons. Ça te donnera peut-être des ailes, non ? »

Gimli renifla bruyamment, secouant la tête. « Si je devais courir comme ça pour échapper aux gobelins, crois-moi, même eux seraient fatigués avant moi ! Mais ce fichu Calion… même un troll ralentirait au bout d'un moment ! »

Calion, qui avait perçu les murmures derrière lui, tourna légèrement la tête, un sourire amusé aux lèvres. « Si jamais tu tombes, Gimli, je te promets de ne pas te laisser aux mains des gobelins ! »

Gimli renifla en croisant les bras d'un air bourru, mais dans ses yeux, brillait une lueur de respect tacite pour cette endurance presque surnaturelle. Le nain, malgré ses protestations, savait au fond de lui qu'il ferait tout pour suivre cet homme qui, à chaque pas, révélait davantage de cette force indomptable, inspirant ses compagnons à persévérer sans relâche.

A mesure que la lumière du deuxième jour s'atténuait, le paysage devint rocailleux et désertique. Une sécheresse s'insinuait dans l'air, faisant craquer la terre sous leurs pas. Calion menait toujours, ses pas constants et son regard fixé sur l'horizon. Il semblait être le seul à ne montrer aucun signe de faiblesse, animé par une endurance rare. Aragorn, tout en suivant de près, observait cette détermination avec un respect renouvelé, reconnaissant en Calion cette force discrète qui galvanisait chacun d'eux.

Alors que la lumière du soleil se dissipait complètement, plongeant le paysage dans des tons bleutés, Calion ralentit un instant pour marquer une pause, permettant à chacun de reprendre son souffle. Gimli s'assit immédiatement sur une pierre, soufflant lourdement, ses mains sur les genoux. Legolas posa un regard bienveillant sur lui, tandis qu'Aragorn se rapprochait de Calion, un air intrigué sur le visage.

« Comment fais-tu pour garder ce rythme ? » demanda-t-il dans un murmure.

Calion, toujours concentré sur leur route, répondit sans hésiter, sa voix ferme et douce à la fois. « Lorsque ceux que tu veux protéger dépendent de toi, la force se trouve d'elle-même. Nous sauverons nos amis, Aragorn, quoi qu'il en coûte. »

Ces mots, chargés de promesse et de détermination, apportèrent une énergie nouvelle à leur petit groupe. Ils reprirent rapidement leur course, Calion à l'avant, la tête haute et le regard fixe, inspirant sans le savoir ses compagnons à continuer.