Chapitre 2 : Un souffle du passé
Hermione posa la main sur la pierre noire, sentant une énergie étrange la traverser comme une vague glaciale. Son souffle s'accéléra, et en un instant, elle fut arrachée à la réalité. Un tourbillon de lumière et d'ombres l'engloutit, et elle eut l'impression de tomber à travers le temps lui-même, flottant dans un océan sans fin d'images floues et de sons étouffés.
Puis tout s'arrêta brusquement.
Elle ouvrit les yeux, haletante. La chaleur du soleil caressait son visage, et l'air était différent : plus pur, moins oppressant. Les cris de la bataille, les rires glacés de Bellatrix, tout avait disparu. Hermione se redressa, se rendant compte qu'elle était sur une petite colline couverte d'herbe tendre et de fleurs sauvages. Elle se tourna sur elle-même, scrutant l'horizon avec une angoisse croissante.
La Forêt interdite s'étendait devant elle, mais elle semblait différente : plus jeune, plus dense, avec des arbres moins imposants que ceux qu'elle connaissait. Elle aperçut au loin le lac noir, brillant sous le soleil, et, en contrebas, une vision qui la laissa sans voix.
Pré-au-Lard.
Mais ce n'était pas le village qu'elle avait laissé derrière elle, ravagé par les combats et les sorts destructeurs des Mangemorts. Ce Pré-au-Lard était intact, vibrant de vie. Des volutes de fumée s'échappaient des cheminées, et des sorciers et sorcières en robes colorées déambulaient dans les rues pavées, s'arrêtant devant les vitrines de Zonko et de Honeydukes. La vision la transporta des années en arrière, aux journées paisibles qu'elle avait partagées avec Harry et Ron lors de leurs sorties à Pré-au-Lard.
Hermione fronça les sourcils, le cœur battant à tout rompre. Quelque chose n'allait pas. C'était comme un rêve étrange, une illusion. Le village qu'elle connaissait devait être détruit, en ruines, brûlé par les Mangemorts lors de l'assaut final. Mais ici, il semblait sorti tout droit d'un souvenir lointain, d'un passé révolu.
Elle recula d'un pas, la main posée sur sa bouche, cherchant désespérément une explication. Puis, un détail attira son attention : sur la place centrale du village, elle aperçut un groupe de jeunes sorciers. Ils riaient et plaisantaient, comme si rien de mal n'avait jamais perturbé ce monde. Parmi eux, elle distingua une silhouette familière, des cheveux bruns indisciplinés, des lunettes rondes sur un visage souriant.
Hermione sentit son cœur manquer un battement. Harry ? Non, ce n'était pas possible. En plissant les yeux, elle réalisa avec stupéfaction qu'il ne s'agissait pas d'Harry, mais d'un autre jeune homme, légèrement plus grand, dont l'expression insouciante et le rire lui rappelaient irrésistiblement son ami disparu. James Potter.
Les pensées d'Hermione tourbillonnaient, un chaos de souvenirs et de théories. Elle avait voyagé dans le temps, c'était maintenant évident. Mais à quelle époque exactement ? Le visage de James Potter, si jeune et vivant, était une réponse en soi. Elle était à l'époque des Maraudeurs, les années 1970, bien avant la naissance d'Harry, avant la première guerre contre Voldemort.
Elle s'accroupit, le souffle coupé par cette révélation. Le poids de la situation la frappa de plein fouet. Que faisait-elle ici ? Pourquoi la pierre l'avait-elle transportée à cette époque ? Était-ce une coïncidence, ou bien la magie ancienne qui imprégnait cette pierre l'avait-elle envoyée là pour une raison précise ?
Elle se redressa lentement, son regard fixé sur le village en contrebas. Elle devait rester prudente. Si quelqu'un la voyait, surtout des visages familiers comme ceux de Remus Lupin ou de Sirius Black, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la ligne temporelle. Tout ce qu'elle ferait ici pouvait affecter le futur.
Une vague de tristesse l'envahit. Remus, qu'elle avait vu tomber lors de la bataille ; Sirius, qu'elle avait perdu bien des années auparavant. Ici, ils étaient vivants, insouciants, et ignoraient encore tout de la tragédie qui les attendait. Ils étaient jeunes, libres, et le monde ne s'était pas encore effondré autour d'eux.
Hermione ferma les yeux un instant, luttant contre le flot de souvenirs douloureux. Elle devait rester concentrée. La priorité était de comprendre comment elle était arrivée ici et, surtout, comment retourner à son époque. Elle ne pouvait pas rester dans le passé, peu importe à quel point cette époque semblait être une échappatoire à sa propre douleur.
Elle se mit à fouiller dans ses poches, vérifiant ses effets personnels. Sa baguette était là, intacte. Elle tâta également son sac à perles enchanté, qu'elle n'avait pas eu le temps d'abandonner pendant la bataille. Avec un soupir de soulagement, elle en tira un vieux livre relié de cuir : l'ouvrage sur les artefacts anciens qu'elle avait consulté récemment. Peut-être y trouverait-elle une explication sur la pierre qui l'avait transportée ici.
Hermione feuilleta rapidement les pages, ses yeux parcourant les paragraphes à une vitesse vertigineuse. Elle s'arrêta sur une illustration représentant un cercle de pierres identique à celui qu'elle avait vu dans la Forêt interdite. La légende parlait de "Pierres du Destin", des artefacts capables d'ouvrir des passages à travers le temps, mais seulement pour ceux porteurs d'une magie pure et d'intentions profondes.
"Une magie pure…" murmura-t-elle. Était-ce son désespoir, son chagrin face à la perte de ses amis, qui avait activé la pierre ?
Elle s'assit dans l'herbe, fixant Pré-au-Lard avec une intensité nouvelle. Le soleil commençait à décliner, peignant le ciel de teintes dorées et roses. Les ombres s'allongeaient sur les pavés, et les rires des villageois résonnaient comme une mélodie douce et lointaine. Ce village, si vibrant de vie, était à des années-lumière du chaos et de la destruction qu'elle avait laissé derrière elle.
Hermione ferma les yeux, un instant de paix s'emparant d'elle. Ici, dans ce passé lointain, elle n'était plus une survivante de guerre, une orpheline du présent. Elle était simplement Hermione, une sorcière dans un monde qui n'avait pas encore été brisé.
Mais cette paix ne durerait pas. Elle savait qu'elle ne pouvait pas rester ici, qu'elle ne devait pas interférer. Elle devait trouver un moyen de rentrer, de retourner à son époque pour honorer la mémoire de ceux qui étaient tombés. Elle se leva, déterminée.
Pour l'instant, elle resterait sur la colline, observant de loin, planifiant ses prochaines actions. Mais dans un coin de son esprit, une question la hantait déjà :
Et si elle avait été envoyée ici pour une raison précise ?
