Chapitre 3 : Une bière au beurre et un nouveau reflet
Hermione dévala la pente de la colline et se faufila discrètement vers les rues de Pré-au-Lard. La vie du village se déroulait paisiblement autour d'elle, sans que personne ne semble remarquer sa présence, ce qui la rassura un peu. Elle avait besoin de reprendre ses esprits, de réfléchir à ce qu'elle allait faire ensuite. Les Trois Balais lui semblaient être l'endroit parfait pour cela. Elle n'avait pas goûté à une bière au beurre depuis des mois, et l'idée d'une boisson chaude et sucrée la réconfortait.
Elle poussa la porte du pub, et une cloche tinta doucement, signalant son arrivée. L'intérieur était chaleureux, baigné par la lumière douce des chandelles qui flottaient au-dessus des tables. Le parfum de la bière au beurre et du pain chaud emplissait l'air. Les conversations des clients formaient un bourdonnement agréable, loin du chaos de la guerre.
Hermione s'installa à une petite table près de la fenêtre. Elle se sentait à la fois hors de sa propre vie et comme si elle retrouvait un souvenir oublié. C'était étrange d'être ici, dans un passé si familier et pourtant inconnu.
« Qu'est-ce que je vous sers, ma chère ? » demanda une voix joyeuse.
Madame Rosmerta, plus jeune que dans ses souvenirs, se tenait devant elle, souriante, un plateau en main.
« Une bière au beurre, s'il vous plaît, » répondit Hermione en essayant de ne pas paraître trop nerveuse.
Rosmerta hocha la tête et s'éloigna. Hermione se pencha légèrement pour observer les clients. Près du comptoir, deux sorciers discutaient de leurs achats à Honeydukes, se plaignant du prix des Chocogrenouilles. Un peu plus loin, un commerçant aux cheveux grisonnants, qu'elle reconnut vaguement, semblait abattu, son visage marqué par la fatigue.
« Ils vont me manquer, ces trois-là, » grommela-t-il à un autre client. « La fin de l'année approche, et ils vont quitter Poudlard pour de bon. »
« Qui donc ? » demanda l'autre homme, intrigué.
« Les Maraudeurs, bien sûr ! James Potter, Sirius Black, Remus Lupin… Mes meilleurs clients, toujours là pour mettre un peu de chaos dans la boutique, mais aussi pour me vider les étagères. »
Hermione sentit une vague d'émotion la traverser. Ils étaient encore là, vivants, insouciants, tout comme le village autour d'elle. Elle prit une gorgée de sa bière au beurre, savourant la chaleur sucrée qui glissait dans sa gorge. Cette époque semblait si paisible, comme une bulle de bonheur avant que tout ne s'effondre.
Après quelques instants, elle se leva et se dirigea vers les toilettes, sentant qu'elle avait besoin de se rafraîchir. L'endroit était presque désert, et elle profita du calme pour se laver les mains dans le petit lavabo en porcelaine. L'eau fraîche la revigora, et elle releva les yeux vers le miroir, prête à retourner à sa table.
Mais ce qu'elle vit la fit reculer d'un pas, le souffle coupé.
Ce n'était pas son visage.
Le reflet dans le miroir était à la fois familier et étranger. Ses cheveux, autrefois épais et indomptables, étaient maintenant plus longs, tombant en boucles soyeuses et disciplinées. Ils encadraient un visage légèrement plus mature, avec une bouche plus pulpeuse, des pommettes hautes, et des yeux d'un ambre éclatant, presque dorés. Ses traits étaient plus affirmés, plus adultes. Hermione réalisa avec un choc qu'elle semblait avoir vieilli, comme si elle était dans sa petite vingtaine.
Elle baissa les yeux, regardant son corps. Sa poitrine était plus pleine, son décolleté moulé par la chemise simple qu'elle portait. Sa taille paraissait plus fine, ses hanches plus marquées, et ses fesses étaient plus rebondies qu'elle ne s'en souvenait. C'était elle, mais pas vraiment. Une version d'elle-même plus adulte, plus séduisante.
Elle toucha son visage, ses doigts tremblant légèrement. Qu'est-ce que c'était ? Un effet secondaire du voyage temporel ? Ou bien la pierre avait-elle modifié son apparence en fonction de l'époque à laquelle elle se trouvait ? Elle n'avait jamais entendu parler de ce genre de phénomène.
Hermione se força à respirer lentement, essayant de calmer son esprit qui s'emballait. Ce n'était pas le moment de paniquer. Elle devait s'adapter, pour le moment, et continuer à jouer le jeu jusqu'à ce qu'elle comprenne ce qui s'était passé.
Elle sortit des toilettes, se sentant étrangement vulnérable dans ses vêtements actuels, trop ajustés pour sa nouvelle silhouette. Les regards des quelques clients présents se posèrent sur elle brièvement, comme s'ils la trouvaient différente. Elle fit de son mieux pour rester naturelle et se dirigea vers la sortie.
En traversant la rue, elle aperçut une petite boutique de vêtements à l'enseigne poussiéreuse : "Robes de sorcières et accessoires pour dames". L'endroit semblait modeste, mais c'était exactement ce dont elle avait besoin.
La cloche au-dessus de la porte tinta lorsqu'elle entra. Une vieille sorcière à la peau ridée et aux yeux perçants l'accueillit d'un signe de tête.
« Je peux vous aider, ma chère ? » demanda-t-elle d'une voix rauque.
Hermione sourit poliment. « J'aurais besoin d'une robe… quelque chose de classique, noir, qui m'aille bien. »
La vieille femme plissa les yeux, la regardant de la tête aux pieds. « Oui, je vois. Venez par ici. »
En quelques minutes, Hermione se retrouva dans une petite cabine d'essayage, une robe noire simple mais élégante entre les mains. Elle l'enfila, sentant le tissu doux épouser ses nouvelles courbes. La robe était parfaite, tombant juste au-dessus des genoux, soulignant sa taille fine et ses hanches.
Elle se regarda dans le miroir de la cabine, tournant légèrement pour observer le résultat. Elle paraissait différente, mais aussi plus sûre d'elle, plus forte. Peut-être que cette apparence reflétait la femme qu'elle était devenue, après toutes ces années de lutte et de douleur.
Hermione sortit de la boutique, une nouvelle confiance en elle. Elle savait qu'elle n'était pas ici par hasard, et cette transformation soudaine, aussi déroutante soit-elle, faisait partie de ce nouveau destin qu'elle devait affronter.
Elle se dirigea lentement vers les rues de Pré-au-Lard, se mêlant à la foule. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait l'impression de recommencer à zéro.
