Disclaimer: Ca va être une nouvelle incroyable, je le sais, mais... Je ne suis pas le propriétaire de la franchise Harry Potter. Je sais, c'est décevant pour moi aussi, croyez-moi...

Ukronia: Il faut sauver Fortuna, dis-tu ? Très bien, ainsi soit-il. Je te laisse lire le chapitre ;). Passe une bonne journée, et bonne lecture à toi !


04/09/1995, 13H19, Paris, France:

Fortuna contempla avec une peur grandissante le sortilège mortel se rapprocher inexorablement de sa poitrine. Pourquoi cette attaque n'avait-elle pu être déviée ? Elle savait pertinemment que ses sortilèges élémentaires, bien que puissants, étaient insuffisants pour anéantir complètement un Avada Kedavra. Néanmoins, l'impact de l'un d'eux suffisait habituellement à dévier la trajectoire de ce sort maudit.

C'était ainsi qu'Hadrian avait pu échapper à maintes reprises à une mort certaine. Ses tempêtes de feu, l'enveloppant de leurs flammes, jouaient à la fois le rôle de prédateur féroce et de bouclier protecteur.

Pourtant, cette fois-ci, il semblait évident qu'elle avait sous-estimé la détermination de ses adversaires. Et elle s'apprêtait à en payer le prix fort. Soudain, alors que la mort semblait imminente, le temps se suspendit. Elle reconnut instantanément la marque indélébile de la magie temporelle d'Hadrian. Toutefois, sa présence était impossible. Les barrières ensorcelées interdisant toute apparition dans cette zone étaient toujours actives, et elle ne percevait aucune trace de son aura dans les environs.

"Tout va bien, Fortuna. C'est moi", fit entendre la voix d'Hadrian, émanant cette fois de sa propre tenue. Elle se remémora alors les insistances répétées du chasseur de primes pour qu'il apporte quelques modifications à son équipement.

'Voilà donc à quoi servaient ces fameuses modifications…', médita-t-elle, une lueur d'espoir renaissant en elle. Une fois de plus, il avait réussi à la sauver. Quand pourrait-elle bien effacer cette dette qui ne cessait de s'alourdir ? À ce rythme, elle serait à jamais redevable à son bienfaiteur, tant dans cette vie que dans celles à venir.

"Comme tu t'en doutes, j'ai modifié ton équipement et y ai infusé une parcelle de ma magie. Cela devrait te permettre de survivre à une attaque mortelle. Si tu entends ce message, c'est que mon plan a fonctionné", poursuivit Hadrian.

Fortuna poussa un soupir de soulagement mêlé d'amertume. Elle détestait ces visions prémonitoires qui tourmentaient son amant. Le fait qu'Hadrian souffrait en permanence de ces cauchemars la remplissait d'une rage incontrôlable. Néanmoins, elle devait reconnaître que sans ces visions, elle serait déjà morte. Une partie d'elle aspirait à ce que ces visions cessent, afin qu'Hadrian puisse enfin connaître la paix. Mais une autre partie d'elle redoutait que l'avenir ne se répète, que d'autres tragédies comme la mort de Remus ne surviennent si Hadrian ne pouvait plus anticiper les événements.

"Au cas où, j'ai mis en place une autre mesure de sécurité, mais j'espère que tu n'en auras pas besoin. Si cette attaque s'est déroulée comme je l'avais prévu, tu devrais te retrouver face aux Siena. Sois extrêmement prudente. Son pouvoir est immense, et elle n'hésitera pas à tout mettre en œuvre pour m'atteindre", conclut la voix désincarnée de son amant, avant que le temps ne reprenne son cours normal.

Le sortilège mortel recula sur ses pas, retournant vers les Siena avant de s'anéantir dans une explosion de lumière. Le temps avait repris ses droits dans cette ruelle obscure.

La plus jeune des deux sorcières demeura un instant interdite, incapable de saisir l'improbable tournure des événements. Son regard se posa sur Fortuna, cherchant une explication rationnelle à cette évasion miraculeuse.

"Grrr... Hadrian ! S'il a pu utiliser cela... Il n'est pas loin...", grogna la Siena la plus âgée, sa voix empreinte d'une rage contenue.

"Tant pis, retirons-nous ! J'ai besoin de plus d'informations sur ce nouveau pouvoir", déclara-t-elle d'un ton catégorique avant d'agripper sa complice et de battre en retraite.

Contre toute attente, la plus jeune se débattit, révélant ainsi un caractère bien plus affirmé qu'il n'y paraissait. Fortuna reconnut aisément en elle les traits indélébiles de son aînée.

"Mais pourquoi ? Tu me l'as toi-même dit ! Ce genre de magie requiert une énergie colossale. Nous n'avons qu'à l'attaquer à nouveau et à en finir !"

La sorcière expérimentée fronça les sourcils. "Crois-tu que je ne le sais pas déjà ? Le problème, ce n'est pas elle ! C'est celui qui se dirige vers nous en ce moment !"

"Parce que vous croyez que je vais vous laisser partir après que vous ayez tenté de m'ôter la vie ?", intervint alors Fortuna, déclenchant une pluie de sorts sur ses adversaires.

Celles-ci parvinrent à parer l'assaut et à riposter avec une précision redoutable. La plus jeune se lança corps et âme dans la mêlée, révélant une agilité surprenante.

De son côté, la seconde Siena sembla hésiter un instant avant de se joindre au combat. Elle ne pouvait s'échapper seule, quoi qu'il en coûte. La seule solution viable restait d'éliminer Fortuna Moon et de quitter les lieux au plus vite, avant l'arrivée d'Hadrian.

Non pas qu'elle craignait le chasseur de primes, mais elle préférait l'affronter dans des conditions plus favorables. Un espace ouvert lui permettrait d'exploiter pleinement l'étendue de ses pouvoirs.

Il l'avait déjà vaincue une fois alors qu'elle profitait d'un avantage numérique. Elle ne commettrait pas encore une autre erreur.

La chasseuse de primes, virevoltant avec une grâce déconcertante au milieu des étincelles magiques, concentra une puissante décharge d'électricité qui frappa la plus jeune sorcière en plein cœur. Celle-ci fut projetée en arrière et s'écrasa contre un mur, inerte.

La Seigneur des Ténèbres encore debout intensifia son assaut, enchaînant les incantations avec une rapidité déconcertante. Fortuna se retrouva rapidement sur la défensive, contrainte de parer les attaques de son adversaire. La différence de puissance était flagrante, et sans ses dons élémentaires, elle aurait déjà succombé.

"Tu as des décennies de retard si tu crois pouvoir me vaincre aujourd'hui", railla Siena, parvenant à infliger une blessure superficielle à la chasseuse de primes à l'aide d'un sort de coupe.

Fortuna grimaça, sentant le sang couler le long de sa hanche. Elle arracha un morceau de mur et l'utilisa comme bouclier improvisé, puis soigna rapidement sa blessure.

'Comment une sorcière d'une telle puissance a-t-elle pu demeurer si longtemps dans l'ombre ? Et quel lien l'unit à Hadrian ?' s'interrogea la jeune femme, blessée et surprise, tandis que son fragile rempart magique s'effondrait sous les assauts répétés de ses ennemies. Une vague de désespoir l'envahit lorsqu'elle réalisa l'ampleur de la menace qui pesait sur elle.

"Ne m'oublie pas, ma chère," ironisa une voix derrière elle. Fortuna se retourna brusquement, découvrant avec stupéfaction la jeune Siena, censée être hors de combat. La puissante décharge électrique, combinée à l'effondrement du mur, l'avait visiblement affaiblie, mais la sorcière maléfique était loin d'être vaincue. Ses yeux scintillaient d'une rage froide qui glaça le cœur de Fortuna.

La chasseuse de primes fut contrainte de reculer, parant désespérément les attaques qui pleuvaient de toutes parts. Chaque sort esquivé était une victoire momentanée, mais elle savait que ses réserves magiques s'épuisaient à vue d'œil. 'Est-ce ainsi que cela va se terminer ?' se demanda-t-elle, le cœur lourd, réalisant l'imminence de sa défaite.

"Non ! Je ne me laisserai pas vaincre si facilement !" s'exclama-t-elle, rassemblant ses dernières forces. D'un geste déterminé, elle planta sa baguette dans le sol, libérant une énergie colossale qui résonna dans toute la ruelle.

Un grondement sourd secoua les fondations, annonçant l'avènement d'une tempête cataclysmique. Les murs se fissurèrent, le sol s'affaissa, et le ciel se teinta d'une noirceur menaçante, zébrée d'éclairs aveuglants. La fureur de l'élémentaire se déchaîna, transformant la ruelle en un champ de bataille apocalyptique. Le vent hurlait, la pluie tombait à torrents, et la foudre frappait le sol avec une violence inouïe.

Les cris de terreur des Moldus résonnèrent dans la nuit, tandis que la colère de Fortuna s'abattait sur la ville.

Les deux sorcières noires, prises au dépourvu par la violence de l'assaut, tentèrent de résister. Mais le vent les repoussa, la pluie les aveugla, et les éclairs menaçaient à chaque instant de les foudroyer. Elles se débattirent avec acharnement, mais la tempête était une force de la nature bien supérieure à elles.

Fortuna avait consacré sa vie à l'entraînement, à la recherche de la perfection. La mort ne l'effrayait pas, du moins, pas avant sa rencontre avec Hadrian. Depuis lors, elle vivait pour lui, prête à tout pour le revoir.

Elle savait que si cette attaque échouait, elle serait condamnée. Elle n'avait aucune échappatoire. En déclenchant cette tempête, elle avait scellé son propre destin.

Néanmoins, elle refusa d'abdiquer. Malgré ses blessures et l'épuisement qui l'accablaient, elle se releva péniblement, son corps meurtri mais son esprit indomptable. D'un geste faible mais déterminé, elle leva sa baguette, pointant son extrémité vers ses ennemies. Ses yeux, remplis d'une détermination inébranlable, fixaient les siennes.

Son noyau magique était à sec, incapable de soutenir un sort d'une quelconque complexité. Néanmoins, sa magie élémentaire, bien que limitée, offrait une alternative. Espérant désespérément trouver une échappatoire, elle conjura un puissant brouillard électrique autour d'elle, créant un écran protecteur contre ses poursuivantes. Puis, bravant les décharges qui crépitaient autour d'elle, elle s'engouffra dans la tempête qu'elle avait elle-même déclenchée.

"Déjà fatiguée ?" railla son adversaire la plus expérimentée, observant sa retraite désordonnée. "Dans ce cas..." D'un geste assuré, elle invoqua une créature infernale, un félin noir consumé par des flammes noires. "Tu reconnais cette version modifiée du Feudeymon ? Elle est plutôt réussie, n'est-ce pas ?" questionna-t-elle, un sourire cruel aux lèvres.

Fortuna reconnut instantanément le sortilège d'Hadrian, déformé et perverti par Siena. Elle se jeta au sol pour éviter les griffes acérées de la bête. Ce feu noir, si puissant et destructeur, était une arme redoutable, capable de consumer tout sur son passage. La chaleur irradiait, brûlant sa peau à travers ses vêtements.

Pendant ce temps, la jeune Siena, sans perdre de temps, érigea un puissant bouclier magique, Atlas, isolant les deux sorcières du chaos ambiant. Le sortilège brillait d'une lumière céleste, contrastant avec les ténèbres de la tempête et les flammes infernales du Feudeymon.

Fortuna comprit rapidement que sa tempête, aussi violente fût-elle, ne suffirait pas à repousser cette créature infernale. Elle se mit à courir, espérant désespérément trouver refuge en dehors de cette ruelle. Chaque pas était une épreuve, le sol glissant sous ses pieds, tandis que le vent glacial la fouettait.

Le brouillard électrique se dissipa progressivement, laissant la chasseuse de primes exposée aux assauts de son ennemi. La tempête, qui avait été son unique alliée, s'apaisa peu à peu, laissant place à une faible bruine. Les dernières gouttes d'eau glissaient sur son visage, mêlant leurs larmes aux siennes.

"Finissons-en ! Avada Kedavra !" cria la jeune Siena, tandis que son aînée, l'air soudainement paniqué, se détournait.

Fortuna savait que cette fois, sa protection magique ne la sauverait pas. Elle était à bout de forces, et le sort de mort qui se dirigeait vers elle était inévitable. Elle ferma les yeux, se préparant à l'impact.

Et puis, un événement inattendu se produisit de nouveau. Le rayon de lumière verte fut dévié par un mur de flammes noires. Un nouveau Feudeymon, identique à celui des Siena, mais d'une puissance infiniment supérieure, se dressa entre Fortuna et ses ennemis.

"Siena ?" murmura Fortuna, ne comprenant pas ce qu'il se passait, mais soulagée.

Cependant, lorsqu'elle leva les yeux, ce n'était pas la sorcière maléfique qu'elle vit, mais Hadrian. Il avait réussi à la retrouver et à intervenir juste à temps. Son aura magique, puissante et rassurante, illuminait l'obscurité de la ruelle.

"Harry ! Quelle joie de te revoir !" s'exclama la Siena la plus âgée, un sourire sarcastique aux lèvres.

Fortuna fut prise de court par le prénom utilisé pour désigner Hadrian. "Harry ?" répéta-t-elle, totalement perdu dans l'incompréhension de la situation dans laquelle elle se retrouvait.

Grâce à leur combat, les deux sorcières avaient épuisé une grande partie de leurs forces. C'était presque une victoire assurée pour le "Soldat Invincible".

"Siena..." grommela Hadrian, ses yeux brillants d'une colère froide. Sa magie, puissante et destructive, envahissait l'espace, étouffant lentement ses adversaires.

Sa colère, impérieuse, contraignit la jeune Siena à s'agenouiller, tremblante. Ses yeux, dilatés par la terreur, le fixaient comme s'ils contemplaient non un sorcier, mais un démon échappé des enfers.

La Siena plus âgée l'observa avec une curiosité non dénuée d'intérêt. "C'est étrange", fit-elle, "d'un côté, tu me parais plus puissant que lors de notre dernière rencontre. Pourtant, de l'autre, il semble que tu souffres autant que nous... alors que cette magie est la tienne."

Soudain, l'aura d'Hadrian s'intensifia, immobilisant l'intégralité de la rue dans un instantané temporel. "Je n'ai aucune idée de ce que tu cherches, Siena. Si ton objectif c'est l'analyse de mon état, alors dans ce cas fais-toi plaisir. Cependant, tu as outrepassé les bornes en t'attaquant à Remus et à Fortuna", lança-t-il d'une voix tonitruante.

Sans plus attendre, il leva sa baguette, prêt à mettre fin aux jours des deux sorcières.

"Tu ne penses tout de même pas m'éliminer aussi facilement", rétorqua la mage noire, parvenant à se mouvoir légèrement en dépit de l'arrêt temporel, le surprenant.

"Je dois te remercier de m'avoir ramenée. Grâce à cela, tu m'as offert une seconde chance", souffla-t-elle avant de se jeter sur lui, le déséquilibrant.

Réagissant avec une agilité surprenante, il la projeta de côté et effectua une roulade. Il dégaina son révolver et tira six coups en direction de la sorcière qui les bloqua à l'aide d'un bouclier magique.

"J'ai déjà fait face à ta magie temporelle, ainsi qu'à tous tes artifices. Tu n'auras pas ma peau aujourd'hui, Potter !"

Ils échangèrent rapidement quelques sorts. Siena fut touchée à l'estomac et tituba en arrière, alors celle-ci concentrait ses efforts sur sa jambe de bois afin de le déstabiliser.

Hadrian se releva malgré tout, prêt à reprendre l'assaut. Néanmoins, il s'effondra, épuisé par l'effort fourni pour briser les barrières, transplaner au bon endroit et immobiliser le temps dans toute la ruelle pendant tout l'échange.

La sorcière en profita pour saisir sa version plus jeune, figée dans le temps, et lança un dernier regard à Hadrian.

"La prochaine fois, Potter, je vous tuerai tous. Toi, et tous tes petits camarades qui oseront se mettre en travers de mon chemin !" cracha-t-elle avant de disparaître dans un éclair de lumière.

'Je comprends. Étant donné que je l'ai transportée avec moi dans le flux temporel, elle en a acquis une certaine compréhension. C'est pour cela qu'elle n'a pas été figée...' déduisit-il en mettant fin au sort qui drainait son énergie.

"Fortuna ! Tout va bien ?!" s'exclama-t-il en s'approchant de la femme qu'il aimait.

"Je vais bien, grâce à toi et à tes protections", répondit-elle, s'accrochant à son bras comme à une bouée de sauvetage.

Voyant la fatigue extrême d'Hadrian, Fortuna les fit transplaner sur un toit éloigné, préférant quitter les lieux avant l'arrivée des Aurors français ou de la police moldue.

"Je suppose que tu as beaucoup de questions à me poser... N'est-ce pas ?", demanda Hadrian, soupirant à l'idée des longues explications qui l'attendaient.

Un bref silence suivit sa question, tandis que Fortuna méditait.

"Une en particulier, en réalité", dit-elle. "D'où connais-tu cette femme, et pourquoi te confond-elle avec Harry ?"

Hadrian, ses forces revenant progressivement, saisit sa baguette et la pointa en direction de la rue dévastée au loin.

"Réparo...", murmura-t-il, tandis que les bâtiments endommagés retrouvaient leur aspect d'origine. Contrairement au sort de retour temporel, tout n'était pas exactement comme avant la confrontation.

Néanmoins, les dégâts majeurs étaient réparés, et les traces qu'il aurait pu laisser avaient disparu.

"Siena...", commença-t-il, "était une femme que je traquais avant d'arriver ici. Une puissante mage noire, aux ambitions démesurées... L'histoire habituelle, pour ainsi dire."

"Cependant, elle se distinguait de mes autres cibles par un détail."

Fortuna pencha la tête, intriguée, et demanda ce détail. "Je ne l'ai pas tuée. Je l'ai laissée en vie... Et maintenant, j'en paie les conséquences", expliqua-t-il.

La blonde comprit qu'il ne disait pas toute la vérité. Bien sûr, cette femme avait été l'une de ses cibles. Et il était évident qu'il ne l'avait pas tuée.

Toutefois, la présence d'une seconde version de cette femme, plus âgée, et qui de plus s'adressait à Hadrian sous le nom de son neveu, rendait l'affaire bien plus complexe.

"Je veux la vérité, Hadrian. S'il te plaît. Je la mérite, tu ne crois pas ? Après tout, c'est moi qu'elles ont tenté d'assassiner aujourd'hui."

Le chasseur de primes hocha la tête en se mordant les lèvres. Il passa ses mains dans ses cheveux, un geste nerveux dont il avait l'habitude dans sa jeunesse, et prit la main de Fortuna.

"Je vais tout t'expliquer", soupira-t-il. "Mais avant tout, rentrons chez nous. Je ne souhaite pas d'oreilles indiscrètes..."

Ils disparurent aussitôt, ne laissant derrière eux que le souvenir d'une confrontation sans vainqueur.

17/09/1995, 20h34, Poudlard, Ecosse:

Harry et Daphné se trouvaient dans leur salle de classe désaffectée, ce lieu qui leur servait habituellement de refuge, transformé aujourd'hui en véritable cellule de crise.

En effet, ils avaient été rejoints par Neville et Hermione pour leur réunion hebdomadaire, consacrée à la situation à Poudlard et à l'avancement de leur entraînement. L'atmosphère était tendue, palpable, chacun sentant le poids de l'imminence d'un nouveau conflit.

"J'ai reçu une lettre de mon oncle il y a quelques jours", annonça Harry, sa voix grave et chargée d'émotion.

Daphné serra sa main, connaissant déjà le contenu de ce message, mais garda le silence, les yeux fixés sur lui.

"Que disait-elle ?", demanda Neville, inquiet. Peu de nouvelles auraient pu parvenir à mettre son meilleur ami dans cet état. Si ce dernier était ainsi troublé, c'est que qu'un évènement désastreux s'était déroulé.

"Tante Fortuna a été attaquée, mais a survécu. Apparemment, les deux puissantes sorcières à l'origine de l'attaque sont encore en fuite", expliqua-t-il, prenant une profonde inspiration. Il remercia silencieusement ses amis et sa compagne de ne pas l'interrompre, car il savait que les nouvelles qu'il allait leur annoncer allaient les bouleverser.

"Ces sorcières sont extrêmement puissantes. Elles ne devraient pas s'en prendre à Poudlard, surtout avec Dumbledore aux commandes, mais soyez extrêmement vigilants. Je sais que vous êtes déjà prudents, mais redoublez de vigilance lorsque vous vous rendrez à Pré-au-Lard."

Il baissa les yeux, tentant en vain de dissimuler la larme qui humidifiait sa joue. La douleur se lisait sur son visage, accompagné d'un mélange de colère et de tristesse.

"Elles ont réussi à tuer Remus Lupin... L'un des meilleurs amis de mon père...", parvint-il à articuler, la voix brisée.

Daphné passa son bras autour de lui, cherchant à l'apaiser, mais les mots lui manquaient. C'était la première fois qu'Harry était confronté à un décès aussi proche.

En effet, son oncle et Alexander Greengrass ayant survécu, Remus était le premier de ses proches à rejoindre ses parents dans la tombe.

'Et le dernier, je l'espère', pensa-t-il, serrant les poings d'impuissance.

"Le... Le professeur Lupin est mort ?", balbutia Hermione, se couvrant la bouche de ses mains, sous le choc. Elle avait toujours admiré le professeur Lupin. Sa bienveillance et sa sagesse lui avaient permis de se démarquer des autres professeurs.

'C'est vrai qu'il a enseigné ici quand j'étais parti', se souvint Harry en essuyant ses yeux larmoyants.

Neville prit Hermione dans ses bras tandis que la jeune Gryffondor fondait en larmes. "C'était le seul... le seul bon professeur de Défense... C'est injuste !" sanglota-t-elle.

Cette phrase arracha un faible sourire à Harry. Une partie de lui était soulagée de voir que l'homme avait laissé une telle trace.

Après tout, la vie du loup-garou avait été marquée par un manque de confiance en lui, lié à sa condition. Sans cela, il ne l'aurait peut-être pas laissé chez les Dursley. Sans cela, il aurait peut-être cherché Sirius à Azkaban et découvert la vérité plus tôt.

Qui pouvait dire ce qu'il se serait passé ?

La réaction d'Hermione attestait pourtant de l'empreinte indélébile laissée par l'homme, bien au-delà du cercle intime des Potter. Et rien que pour cela, Harry en éprouvait une certaine fierté. Il avait réussi à marquer le cœur des autres, en dépit de sa lycanthropie.

Le temps passant finit par assécher les larmes d'Hermione. Quant à Harry, il avait déjà fait son deuil de l'homme. C'est plutôt l'idée de l'absence définitive de celui-ci dans sa vie qui le troublait.

'Absence définitive ?' interrogea une voix intérieure qu'il reconnut aussitôt.

La bague à son doigt frémit légèrement. Plus exactement, la pierre qu'elle renfermait se mit à vibrer, comme un signe.

'La pierre de résurrection', se remémora-t-il, avant de retirer sa main de celle de Daphné et de la poser sur la pierre précieuse. Instinctivement, il la fit tourner en sens inverse des aiguilles d'une montre.

La première fois, rien ne se passa. Ni à la seconde. Ce fut à la troisième tentative, alors qu'il concentrait toute son énergie sur Remus, qu'une émanation fantomatique de l'homme apparut.

"Remus ?", "Professeur Lupin ?" s'exclama le groupe, profondément bouleversé.

"Harry ? Est-ce que c'est toi qui fait ça ?" demanda l'ancien professeur, le visage crispé par la douleur.

Le jeune Gryffondor comprit que ce rappel dans le monde des vivants devait être éprouvant pour l'âme.

"O-Oui… Remus… Je suis tellement…" commença Harry, mais l'homme l'interrompit.

"C'est moi qui devrais m'excuser, Harry. Une fois de plus, je t'ai abandonné…" avoua-t-il, la tête baissée, rongé par un puissant sentiment de culpabilité.

"Remus… Ne te reproche rien. Je t'ai pardonné depuis longtemps", le rassura Harry. "Et puis, je doute que tu aies souhaité ta mort. Ce n'est pas de ta faute, Lunard."

Un léger sourire illumina le visage de l'homme. "Merci, Harry. J'espère que tu conserveras de bons souvenirs de notre temps passé ensemble."

Hermione, semblant sortir d'une profonde stupeur, demanda d'une voix fébrile : "Harry… Depuis quand es-tu capable de faire cela ?"

"C'est… une longue histoire, Hermione. Et pour l'instant, je préfère ne pas en parler", répondit-il d'un ton ferme, ne laissant aucune ouverture à la discussion.

La jeune fille fronça les sourcils, insatisfaite de cette réponse évasive, mais décida de ne pas insister… pour le moment.

"Professeur… Que s'est-il passé ?" demanda-t-elle, rejointe dans sa curiosité par Neville.

"De mon côté, je devais localiser une sorcière du nom de Siena. Mes recherches se sont rapidement heurtées à une impasse, un véritable mur de silence. Jusqu'à ce que je commence à déceler des indices ténus, des miettes de vérité éparpillées ici et là. Des indices trop nombreux pour être le fruit du hasard, mais surtout trop nombreux pour provenir d'une seule personne. J'ai fini par remonter sa trace jusqu'en Italie, où j'ai été confronté non pas à une, mais à deux Siena, identiques en apparence, mais aux auras distinctes."

Neville fronça les sourcils, un geste imité par Harry. "Comment peut-il y avoir deux Siena ?" demanda-t-il, visiblement troublé par cette révélation, qui défiait toute logique sorcière.

"Excellente question. Malheureusement, je n'ai pas d'explication rationnelle à cela. C'est là que les choses deviennent obscures, entachées d'une part d'ombre que je n'ai pu percer."

Il tourna alors son regard vers Harry, l'air grave. "Néanmoins, avant d'être découvert, j'ai pu surprendre une conversation au sujet d'Hadrian, une conversation à voix basse, mais dont les mots ont résonné avec une étrange familiarité dans mon esprit. Cela m'a permis d'élaborer une théorie quelque peu… fantaisiste, dirons-nous, mais une théorie qui pourrait expliquer bien des énigmes."

Harry se leva d'un bond, l'impatience le gagnant. "De quoi parles-tu, Remus ? Explique ta théorie."

L'ancien professeur secoua la tête, hésitant un instant. "Ce n'est pas à moi de te révéler cela, Harry. Toutefois, je t'invite à la plus grande prudence concernant ton oncle. Ce n'est pas un mauvais homme, je le crois sincèrement. Mais il dissimule beaucoup de choses, des secrets lourds de conséquences. Cela dit, si mon hypothèse s'avère exacte, cela expliquerait non seulement la présence de ces deux Siena, mais aussi les événements étranges qui ont marqué ces derniers mois."

Hermione tenta d'intervenir, excédée de ne pas comprendre ce qui se tramait, mais Harry la devança, sa curiosité inextinguible.

"Remus… Est-ce que cela a un lien avec ses pouvoirs temporels ? Avec les manipulations du temps dont il est capable ?" demanda-t-il, les yeux brillants devant les théories se formant dans son esprit.

Le sorcier plus âgé se contenta d'un léger hochement de tête en guise de réponse, laissant planer le mystère.

"Harry, autant que je regrette de te quitter, je dois retourner là où je dois être", dit-il, la voix chargée d'émotion.

"Tu as raison, excuse-moi Remus… Puis-je te demander une faveur ? Prends soin de Papa et Maman là-bas pour moi, s'il te plaît." Après cette requête, Harry fit tourner la pierre en sens inverse… trois fois.

Remus acquiesça, tandis que son corps commençait à se dissoudre progressivement, laissant derrière lui une empreinte de lumière fantomatique.

"Harry, tu es un jeune homme exceptionnel. Lorsque tout cela sera terminé, profite de la vie. À ton âge, tu n'aurais jamais dû endurer de telles épreuves. Alors, pour moi, pour tous ceux qui t'attendent de l'autre côté… Sois heureux."

Harry hocha la tête, une nouvelle larme coulant sur son visage. Daphné s'avança et l'enlaça, suivie par Hermione et Neville.

Ils savourèrent cette étreinte collective, remerciant les cieux de les avoir réunis, conscients que leur destin était désormais indissolublement lié à celui d'Harry.

En effet, sans sa rencontre avec Harry, Daphné aurait probablement connu un destin bien plus sombre, enchaînée à un mariage arrangé avec Théodore Nott. De même pour sa sœur qui serait toujours liée à Drago Malefoy.

Quant à Neville, il serait resté cloîtré dans sa timidité, évoluant seul dans l'ombre. Sans Hermione, il n'aurait jamais osé s'épanouir, et serait encore célibataire.

La jeune sorcière aux cheveux touffus ne voulait pas imaginer une existence privée de l'amitié d'Harry et de Neville. Grâce à eux, et plus particulièrement à Harry, elle avait pu s'émanciper, nouer des liens sincères et grandir en tant que sorcière, échappant ainsi à une existence stérile.

Harry lui-même, s'il avait été livré à lui-même, aurait sombré dans les ténèbres, obsédé par la quête du pouvoir, un pantin aux mains de la Mort.

Tous étaient redevables à Harry, mais inversement, il éprouvait une profonde gratitude envers chacun d'entre eux.

Après un long silence, ils reculèrent légèrement, laissant à Harry l'espace nécessaire à la réflexion.

"As-tu déjà tenté d'invoquer tes parents grâce à ce pouvoir ?" demanda Neville, curieux.

Harry secoua négativement la tête. "Non. Je crains que si je les invoquais, je serais incapable de les renvoyer dans les Limbes. Et comme tu peux l'imaginer, cela leur causerait une souffrance indicible", expliqua-t-il, le regard lointain.

En réalité, il ne ressentait pas le besoin impérieux de les revoir. Leur souvenir était vivace en lui, surtout qu'il avait eu la chance de les rencontrer dans l'au-delà, de partager avec eux quelques instants précieux. De plus, il avait trouvé une nouvelle famille désormais : Sirius, Fortuna, Daphnée et bien sûr, Hermione et Neville.

Il n'était plus seul. Alors, à quoi bon s'accrocher au passé ?

Neville hocha la tête, comprenant parfaitement les sentiments d'Harry. Il savait par expérience qu'une absence était moins douloureuse que de voir constamment souffrir un être cher.

"Pfiou !" souffla Hermione, s'affalant dans un fauteuil. "Avec tout cela, nous n'avons même pas abordé le sujet des cours d'Ombrage", lança-t-elle, cherchant à détendre l'atmosphère.

Daphné, saisissant l'opportunité de changer de sujet, renchérit :

"C'est vrai ! Nous pouvons tous convenir qu'elle est parvenue à surpasser tous les professeurs de Défense contre les Forces du Mal que nous avons connus, en termes d'incompétence et de cruauté."

Neville acquiesça avec véhémence. "Elle est indigne du titre de professeur. Elle se contente de nous imposer une lecture fastidieuse, puis de nous harceler de questions. Où est la pédagogie dans tout cela ?" s'indigna-t-il.

"J'avais déjà des doutes quant à ses intentions, et ils se sont confirmés avec le temps. Je pense que nous devrions mettre ton plan à exécution, Hermione", déclara Harry, se souvenant de la proposition audacieuse de son amie.

En effet, la jeune fille avait émis l'idée audacieuse d'organiser un vaste réseau de résistance au sein même de l'école, un groupe d'élèves volontaires, prêts à apprendre à se défendre. Et qui de mieux placé pour les former que Harry, dont les prouesses étaient connues de tous ?

"Tu es de loin le plus doué de l'école dans la matière", avait-elle affirmé avec conviction. Il n'avait pu que reconnaître la justesse de ses propos. Après tout, il avait affronté Voldemort en personne. Peu d'adultes pouvaient se vanter d'un tel exploit, alors des élèves…

Afin de jauger leur potentiel, ils avaient simulé un cours. Harry avait choisi un sortilège complexe et l'avait enseigné à ses trois amis, qui s'étaient révélés être des élèves particulièrement réceptifs.

"Tu as un véritable talent pour l'enseignement, Harry ! Je suis certaine qu'avec toi, nous pourrions aisément compenser l'incompétence d'Ombrage", avait assuré Hermione, le regard pétillant d'espoir.

Harry, bien qu'hésitant, ne pouvait refuser une telle proposition. Non seulement il était le plus qualifié pour assumer ce rôle, mais il était également conscient de l'urgence de la situation. De nombreuses familles d'élèves avaient déjà été confrontées à des attaques de mangemorts, et le groupe d'Hadrian, bien qu'actif, ne pouvait être partout.

"Je le ferai", déclara-t-il d'une voix ferme. "Il nous faudra simplement trouver un lieu sûr pour nos entraînements et réfléchir à une stratégie pour contrer le veritaserum d'Ombrage."

Neville hocha la tête. "C'est vrai que distribuer de l'antidote à tout le monde serait risqué. Cette femme est sans scrupule. Sans la potion que tu m'as procurée, elle m'aurait contraint à révéler tous les secrets de ma famille, y compris ceux te concernant."

Harry éleva un sourcil, intrigué. "Elle pose des questions sur moi ?"

"Sur la famille Potter, plus précisément", répondit Hermione. "J'ai interrogé d'autres élèves ayant été soumis à ses interrogatoires, et ils m'ont tous confirmé qu'elle s'intéressait de près à ton oncle et à toi."

"Je comprends mieux la mission d'oncle Hadrian", murmura-t-il. "Il s'attendait à ce que nous soyons ciblés."

"La mission ?" demanda Daphné, surprise.

"Mon oncle m'a chargé de rassembler des preuves afin de faire tomber Ombrage", expliqua-t-il, décidant de ne pas révéler la véritable étendue de sa mission.

Daphné le regarda fixement, un sourire énigmatique aux lèvres.

"Je vois. Ne serait-ce pas le moment de restructurer notre groupe ?" suggéra-t-elle, "et de l'élargir ?"

Harry réfléchit un instant, puis acquiesça. "Excellente idée. Nous aurons besoin de toutes les compétences possibles."

"On reprend les rênes de notre petite équipe, alors ?" demanda-t-elle en s'approchant de lui.

"Exactement", répondit-il, un sourire naissant sur ses lèvres.

Daphné l'embrassa tendrement, un baiser interrompu par le toussotement gêné de Neville et d'Hermione.

"Oh, allez, ne faites pas vos timides ! A croire que vous ne vous êtes jamais embrassés", s'exclama-t-elle en éclatant de rire.

Harry gloussa à son tour, avant de reprendre son sérieux. "Bon, à présent, concentrons-nous sur notre mission. Nous avons beaucoup de travail devant nous."

02/10/1995, 22h53, Manoir Potter, Angleterre:

"Putain de merde !" s'écria Hadrian d'une voix tonnante, projetant son verre contre le mur. Le cristal se brisa en mille éclats, éparpillant un nuage de poussière scintillante.

"Réparo", murmura-t-il, d'une voix rauque, avant de se laisser tomber lourdement dans son fauteuil.

Il ne pouvait plus reculer. Depuis son retour au manoir avec Fortuna, il s'était plongé corps et âme dans son passé pour rassembler méticuleusement tous les éléments susceptibles d'éclairer la femme curieuse sur son passé. Souvenirs enfouis, notes éparses, tout avait été minutieusement analysé.

Et demain, il livrerait la vérité à Fortuna. L'idée le glaçait.

Que se passerait-il si elle le rejetait ? Si elle ne parvenait pas à accepter la complexité de son identité ? Il ne pouvait envisager une telle éventualité.

"Qui suis-je donc ?" se demanda-t-il à voix haute, le désespoir l'envahissant. "Je ne suis plus Harry Potter. Ce nom appartient à un autre. Je ne suis pas Hadrian Potter non plus... J'ai simplement inventé cette identité."

Il frappa violemment son bureau du poing, exaspéré. "Mais qui suis-je donc ?"

Cette question le hantait depuis des semaines. Plus le temps passait, plus il oubliait son véritable moi, noyé sous les couches d'identités qu'il s'était forgées.

Le retour de Siena et la perspective de révéler tout à Fortuna l'avaient contraint à plonger dans les abysses de son passé.

Épuisé, il prit une profonde inspiration.

"Je ne peux plus fuir. Peu importe les conséquences. Je suis à deux doigts de mon objectif", murmura-t-il, le cœur battant la chamade.

"Même affaibli, je triompherai", grommela-t-il, se remémorant les paroles menaçantes de Siena. "Que ce soit Voldemort, toi Siena, ou bien même la Mort elle-même... Je les réduirai tous à néant !"

Il saisit sa baguette, l'inspectant sous tous les angles, avant de la ranger dans son étui. "Après tout, c'est dans ses derniers moments qu'une étoile brille au plus fort."