Chapitre 02 Réflexion

Réflexion : Retour de la pensée sur elle-même en vue d'examiner plus à fond une idée, une situation.

Cela faisait deux jours qu'elle avait fait ce rêve étrange, et alors qu'elle était assise à son bureau, fixant le carnet où elle avait prit des notes et écrit ses réflexions, elle se demandait si elle devait suivre son instinct ou la logique...

La logique disait que c'était juste un rêve, ou peut-être un cauchemar, basé sur des peurs intérieurs, et que rien de tout cela n'était réel. L'instinct... L'instinct lui criait que c'était prophétique, des souvenirs du futur pour la mettre en garde et éviter de faire les mêmes erreurs.

Alors elle avait fait ce qu'elle savait faire le mieux : des listes... Des listes de pour et contre, mais aussi sur ce qu'elle avait fait comme erreurs et comme réussites, ce qu'elle voudrait changer ou garder...

C'était étrangement cathartique de voir écrit tout cela, de voir les souvenirs étranges dans sa tête sur le papier...

Et même si elle voulait croire que tout était faut, que la logique prévalait, qu'elle était une jeune femme préférant les faits aux illusions, elle n'arrivait pas à s'empêcher de croire qu'il avait une raison, que c'était la voie à suivre. Elle n'avait pas aimé ce qu'elle avait vu. Elle ne voulait pas vivre une vie misérable subjuguée par ses peurs, ne pas avoir le courage de se battre pour ce qui était important et finalement tout perdre. Elle voulait se croire meilleurs que cela, mais si le rêve... si c'était vrai alors elle était faible et ce n'était pas ce qu'elle voulait de sa vie.

Elle pouvait changer les choses, peut-être pas tout mais au moins une partie. Elle ne voulait pas avoir de regrets... Et si elle était honnête avec elle, elle pouvait s'avouer qu'elle avait déjà des regrets.

Elle redressa ses épaules, prit son courage à deux mains, attrapa son sac à main et sortit de la maison. Heureusement sa mère se trouvait à l'auberge alors elle n'avait pas besoin de trouver une excuse quelconque alors qu'elle montait dans sa voiture et partait en direction de Hartford.

Finalement après une demi-heure de route, elle se trouvait devant une maison. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait ici, en fait elle l'avait fait à plusieurs reprises depuis qu'elle allait à Chilton, et plus particulièrement après le désastre de diner où elle avait rencontré ses grands-parents Hayden.

Désastre... En fait c'était plutôt un euphémisme pour ce qu'elle avait vraiment ressenti ce soir-là... Elle avait voulu détester Straub et Francine Hayden pour leur parole, mais elle était assez lucide pour comprendre qu'elle n'avait pas été la véritable cible de leur méchanceté... Et ce n'était pas eux qui avait commencé la dispute, c'était sa mère qui avait débuté cela avec un commentaire inapproprié. Peut-être fait exprès ou juste un moyen immature de tenter de détendre l'atmosphère tendu de cette rencontre, dans tous les cas c'était le début du désordre... Les mots avaient volé et des horreurs avaient été dîtes.

Au début, elle était en colère, mais aussi déçu et triste... Ses émotions partaient dans tous les sens, et ses sentiments n'allaient pas mieux. Au bout de quelques jours elle s'était calmée. Elle avait toujours eu le désir de connaître sa famille. Bien sûr elle avait sa mère, ainsi que tout Stars Hollow pour prendre soin d'elle, mais une partie d'elle voulait savoir d'où elle venait, surtout qu'elle ne voyait son père que de temps à autres, lorsqu'il avait envie de revoir sa mère, revivre pendant quelques jours leur amour de jeunesse. Elle était intelligente, elle avait comprit qu'elle n'était qu'une pensée passagère pour son père lorsqu'il venait, un plus qu'il fallait rendre heureux pour avoir la femme qu'il voulait réellement.

Lorsqu'elle avait commencé à être assez vieille, elle avait recherché des informations sur les Gilmore et les Hayden... Bien sûr elle savait que ses grands-parents étaient riches puisque sa mère parlait souvent de l'horreur de grandir dans leur monde, ainsi que des femmes trophées et les héritiers forcés de suivre le chemin tracé pour eux. C'était de jolies histoires qui tenaient chaud la nuit alors qu'ils vivaient dans le cabanon se trouvant dans le parc de l'Indépendance : l'adolescente forte et indépendante qui avait fuit la tyrannie de ses parents, de tout un monde, pour élever sa fille avec amour. Mais... un petit doute subsistait, un désir inassouvi de connaître la vérité sur ses origines, de savoir plus que ce qui disait sa mère.

Alors elle avait cherché... Elle avait regardé qui était Richard et Emily Gilmore ainsi que Straub et Francine Hayden. Les deux familles avaient une riche histoire, elles étaient arrivées par le Mayflower pour s'installer en Amérique du Nord. Richard était le propriétaire d'une société internationale spécialisée dans les Assurances. Emily était une femme au foyer, elle gérait la maison tout en s'occupant de leur vie sociale, elle était membre de l'association "Les filles Américaines de la Révolutions", Francine était la même. Straub était juge à la cour fédérale, mais avant cela il avait été avocat pendant des années et possédait un cabinet réputé dans le monde avec plusieurs filiales. Elle avait découvert que les Hayden étaient riche... plus riche que les Gilmore qui n'avait pas grand chose à craindre non plus. En fait, d'après Forbes, les Hayden faisait partie du Top 3 des anciennes richesses américaines, et du top 5 si on ajoutait les fortunes plus récentes, moins de vingt ans d'histoires. Les Gilmore étaient dans le top10 pour la première catégorie et dans le top20 pour la seconde. Rory en avait apprit encore plus après avoir rencontré Lorelai Gilmore la première, surnommée Trix, et mère de Richard Gilmore, elle vivait en Angleterre et avait vu beaucoup de choses, elle était une amie proche de la reine Elizabeth II, elles prenaient régulièrement le thé ensemble, c'était fascinant pour l'adolescente qu'était Rory, elle adorait écouter les histoires de son arrière grand-mère. La femme était tout aussi riche que son fils, mais avait préféré vivre dans son pays d'origine, ne venant en Amérique que pour voir son fils, surtout depuis qu'elle était veuve.

Bref... Elle était intéressée par sa famille et après ce diner, elle avait regretté de ne pas avoir parlé, de ne pas avoir vraiment rencontré sa famille. Elle était déçu, et parfois elle prenait son courage pour se rendre jusqu'à la maison mais la peur prenait place et elle se retrouvait devant la maison, sans la force de faire un pas de plus, puis elle faisait demi-tour et rentrait chez elle. Mais pas cette fois... Non elle allait faire fit de ses peurs et prendre son courage à deux mains pour faire ce qu'il fallait.

Un premier pas vers le changement.

Elle sortit de sa voiture et marcha vers la maison. Elle arriva devant le portail ouvert, regarda le manoir immense, plus grand que celui des Gilmore qui était déjà vaste à son avis, elle s'avança sur le chemin qui menait à la porte, passant devant une belle fontaine décorative, elle fixa la porte, elle était en bois massif à deux battants avec un heurtoir représentant un aigle. Elle le prit et le cogna, une fois, deux fois puis une troisième fois, attendant patiemment l'arrivée de ce qui serait sûrement un employé. Soudain la porte s'ouvrit et une femme apparut, elle était clairement une femme de ménage car elle avait un uniforme.

- Bonjour, que puis-je pour vous ?

- Bonjour, je suis Lorelai Gilmore... Enfin Rory... Je... Je voudrais savoir si Monsieur et Madame Hayden sont là... Je sais que j'aurais dû prévenir avant de venir comme ça... Je suis désolé...

Elle était clairement tendue et avait du mal à aligner les mots, ainsi que ses idées.

- Veuillez patienter Mademoiselle Gilmore, je vais me renseigner.

La femme ferma la porte et laissa Rory seule devant la maison. Elle avait du mal à rester immobile, elle était tendue et combattait son instinct de fuite. Finalement la porte s'ouvrit à nouveau.

- Ils vont vous recevoir, suivez moi je vous prie.

Rory prit une longue inspiration, redressa les épaules et suivit la femme à l'intérieur. C'était aussi beau que le manoir Gilmore mais plus moderne dans sa luminosité, de grandes baies vitrés donnaient sur l'extérieur et apportaient de la lumière dans le salon où elle fut guidée. Ses grands-parents se trouvaient déjà là, assis côte à côte sur un canapé, rigide et fixant leur tasse. Ils levèrent la tête lorsqu'elle entra.

- Monsieur Hayden. Madame Hayden... Je vous remercie de prendre le temps de me recevoir alors que je viens sans prévenir.

- Lorelei... Je dois avouer que je suis surpris par ta visite... Notre dernière... rencontre n'était pas des plus... engageante.

- Nous avions du temps aujourd'hui. Prends place et appel nous Straub et Francine pour le moment.

- Merci.

Elle s'installa sur la canapé en face d'eux. Straub, qui avait le premier à parler, était un homme plus fin que son grand-père Richard mais tout aussi grand, alors que le patriarche Gilmore était taillé comme un lutteur, avec des épaules carrés, le patriarche Hayden était plus comme un nageur à son avis. Il avait des yeux gris bleutés et un air strict, il la fixait comme s'il essayait de lire son âme. Francine était une belle femme, et avait dû être superbe dans sa jeunesse, elle se tenait droite tout en tenant sa tasse avec élégance, elle avait les cheveux coiffés dans un chignon strict. Elle lui fit signe pour qu'elle se serve, ce que fit Rory, cela lui permit d'avoir les mains occupés tout en perdant un peu de temps pour mettre ses pensées en place.

- Je... Je sais que ma venue vous surprend... J'ai toujours voulu venir vous rencontrer mais ma peur m'a tenu éloignée, ainsi que notre précédente rencontre qui a été, avouons le, désastreuse.

Elle avala une gorgée de café puis reprit.

- Je vous prie de me laisser dire ce que pourquoi je suis venue, de peur que je perde une nouvelle fois mon courage...

Elle attendit un signe puis commença.

- J'ai toujours été intéressée à en savoir plus sur ma famille, savoir d'où je viens, connaître mes origines. J'ai, bien sûre, écouter les paroles de ma mère, mais en grandissant j'ai compris que toute histoire avait plusieurs versions en fonction d'où on se positionne. Rien n'est noir ou blanc mais plutôt dans des nuances de gris, et ma mère... Je l'aime... et je la remercierais jamais assez pour tout ce qu'elle a fait pour moi... mais je ne suis pas aveugle à ses défauts. Elle a des œillères en ce qui concerne le monde qu'elle a quitté, elle ne se souvient que des choses qu'elle déteste et cela assombrit les bons souvenirs qu'elle pourrait avoir. Mon père... J'aime Christopher mais j'avoue ne pas vraiment le connaître, il était à peine présent pour m'élever, revenant dans notre vie que lorsqu'il désirait jouer au papa et à la maman avec Lorelei, passant quelques jours, peut-être une semaine ou deux puis repartant sans un regard en arrière...

- Que... Quoi... Mais...

Elle s'arrêta en entendant Francine. Elle regarda la femme qui avait l'air étonnée.

- Je ne sais pas ce que vous savez de ma vie. Je me souviens ce que vous avez dit cette nuit-là... Que j'avais gâché l'avenir de votre fils par ma naissance, qu'il avait tout abandonné pour m'élever mais la vérité c'est qu'il en ai rien... Ma mère a tout abandonné mais mon père... il était à peine présent. Il est mon père biologiquement mais émotionnellement... Je suis désolé que Luke, le propriétaire du café de Stars Hollow, a été plus présent et plus soucieux de moi que lui.

- Comment ça ? Ce n'est pas ce qu'on nous a dit !

C'était cette fois Straub qui parlait et il était en colère.

- Je ne sais pas ce qu'on vous a dit, je ne peux que vous dire ce que j'ai vécu. Je n'ai aucun intérêt à vous mentir. J'ai pu passer des mois sans le voir, et j'avais de la chance s'il pensait à appeler une fois par semaine, et encore plus s'il se souvenait des évènements importants comme mon anniversaire, ou même Noël, même s'il n'a jamais oublié celui de ma mère.

Elle prit une autre gorgée lorsqu'elle se rendit compte que son ton était amère à la fin de sa phrase. Elle voyait bien qu'ils voulaient démentir mais ils n'étaient pas sûrs que c'était possible.

- Alors que nous vivions dans le cabanon, ma mère me racontait des histoires sur vous, ses parents ou encore mon père, maintenant je peux voir qu'elle voulait me faire détester ce... monde... autant qu'elle, mais cela n'a fait que me donner envie d'en savoir plus, connaître ma famille, savoir d'où je venais. Je suis quelqu'un de curieux par nature, j'adore lire et écrire, ainsi qu'apprendre et faire des recherches, je suis douée pour cela, je me débrouille avec un ordinateur.

Elle dit cela avec un petit sourire en coin, gardant pour elle son talent pour l'informatique. Elle ne cachait peut-être pas autant de choses que Lane à sa mère, mais elle avait apprit de sa meilleure amie et avait ainsi ses propres secrets.

- En grandissant j'ai pu voir que ma mère avait certaines... attentes pour moi... bien sûr pas les mêmes que celles de sa propre mère comme le fait de se marier et d'avoir des enfants, de devenir membre de la DRA, ... non ses attentes étaient bien différentes. Je devais être sa mini-moi, ne pas vouloir être membre de la Haute-Société, voir détester tout en ce qui était lié... Je devais avoir envie d'aller à Harvard et devenir journaliste... Un reporter qui irait partout dans le monde pour tout écrire... Et alors que ce sont de bonnes choses et que certaines d'entre elle me plaisent réellement... Je ne peux pas nier qu'il y avait des raisons cachées derrière tout cela.

- Comment cela ? Tu es allée à Yale, ainsi que Chilton.

- Alors que Chilton était une décision que ma mère avait accepté parce que cela m'ouvrirait plus de portes, et que si elle avait comprit que cela ramènerait ses parents dans nos vies, elle aurait refusé. Yale est une autre histoire... Je sais que Yale est l'alma-mater de Richard et que Princeton est la vôtre, alors elle a choisi une autre université... Je ne sais pas si elle s'en rend compte mais je crois fermement que me voir réussir, aller à l'université avec de très bon résultat, avec ma propre force, est la façon de dire à Emily qu'elle a réussi là où elle-même a échoué...

- Que veux-tu dire ?

- Emily a eu une fille qui n'a réalisé les désirs de sa mère, son enfant n'est pas allé à l'université, elle n'a pas un bon mari et a eu son propre enfant à seize ans... Elle a fuit et maintenant elle est propriétaire d'une auberge... Alors que ma mère réussit bien dans sa vie, il ne fait pas être aveugle pour comprendre que ce n'était pas ce que voulait ma grand-mère pour elle. Et je... Ma mère se sert de moi pour dire à Emily qu'elle a réussit là où la femme a échoué.. C'est malsain, et je ne pense qu'elle s'en honnêtement compte mais ce que j'ai compris avec le temps et voyant comment elles sont ensemble. Enfin bref... Lorsque je devais choisir une université, j'ai accepté le fait que je devais postuler à plusieurs d'entre elles.

- Et lesquelles as-tu choisi ?

- Harvard, Yale, Princeton, Columbia, Duke, ...

- Et tu as été acceptée ...

- Dans toutes... La plupart j'avais postulé pour avoir une solution de rechange en cas de besoin mais je visais particulièrement la Ivy League. Alors j'ai fait comme je le fais souvent... J'ai fait des listes pour et contre... Rapidement Yale, Princeton et Harvard se trouvaient en tête de liste, puis petit à petit Yale prit la première place. J'aimais le fait de pouvoir revenir à la maison si besoin, de pouvoir aller aux différents festivals, d'aller à Hartford facilement, ... et cela tout en étant un peu à l'écart. J'avoue que pouvoir aller dans l'université où ma famille avait une histoire était aussi très attrayant, il en était de même pour Princeton mais c'était un peu trop loin à mon goût. La première grosse dispute que j'ai eu avec ma mère c'était en rapport avec cela... je ne suivais plus le plan, elle pensait que je n'allais postuler qu'à Harvard et la première chose qu'elle m'a dit lorsqu'elle l'a découvert était "Nous... Nous allons à Harvard... Nous postulons..." C'était nous et pas moi. Finalement elle a dû se rendre compte que je n'allais pas écouter et elle a accepté que j'avais choisi Yale. J'ai fait un semestre pour le moment et alors que j'adore cela, c'est difficile surtout avec ma mère qui désire que je rentre chaque weekend et chaque vacance.

Elle reprit une gorgée de café.

- Je sais que maintenant vous vous demandez pourquoi je dis tout cela. C'est pour que vous compreniez où j'en suis et une partie de qui je suis. J'ai toujours regretté ce diner... Des mots horribles ont été prononcés et je sais que je n'étais pas particulièrement visée mais cela coupé court à toute relation que nous aurions pu avoir... J'aurais aimé vouloir vous parler, vous faire comprendre que...

- Lorelei... C'est nous, les adultes, qui étaient en tord ce soir-là, tu étais innocente et je n'aurais jamais dû dire ce genre de choses. J'ai dépassé les bornes, et comme toi, nous avons regretté nos mots à peine sorti mais la colère... la colère avait prit le dessus.

Straub avait tendu la main pour tenir celle de sa femme. Francine reprit la parole.

- Nous avons toujours cru que Christopher était parti rejoindre Lorelei pour t'élever et donc avait tout abandonner pour jouer à la famille. Je... Christopher était notre bébé miracle, il était difficile de l'avoir et nous avions beaucoup d'attente pour lui... Lorsque nous avons découvert la grossesse, nous voulions que tes parents se marient parce que c'était ce qu'ils devaient faire, mais nous pensions qu'ils étaient amoureux et qu'ils auraient été heureux... Ce n'était pas une grossesse dû à une relation d'une seule fois... Ils se connaissaient depuis toujours. Emily était une amie proche, et Richard et Straub se sont rencontrés à l'université par le biais d'un... club. Nous étions amis et nos enfants ont grandit ensemble, nous étions heureux lorsqu'ils se sont mit en couple et je l'avoue nous espérions qu'ils se marieraient alors la grossesse était peut-être une mauvaise surprise, et quelque peu décevant, mais c'était parce qu'ils étaient si jeune... Christopher voulait faire ce qu'il fallait, il était d'accord... Lorsque Lorelei a refusé, nous avons pensé à un autre plan... Nous allions t'élever tous les quatre, permettant ainsi à nos enfants d'aller à l'université la semaine pour revenir s'occuper de toi le weekend.

- Nous sommes allé à l'hôpital... Je t'ai tenu dans mes bras, tu étais si petite, si fragile... Je voulais tout pour toi et je sais que Richard pensait la même.

- Nous pensions que Lorelei était d'accord, les premiers mois elle suivait le plan mais une nuit...

Rory écoutait avec attention. Elle voyait la tristesse dans les yeux du couple. Elle vit Francine inspirer puis se redresse comme si elle remettait ses idées en place.

- Une nuit elle avait disparu, t'emportant avec elle... Il n'y avait qu'une note disant qu'elle ne pouvait pas faire ça, que nous ne pouvions pas la forcer, ... Nous aurions pu discuter, trouver un terrain d'entente... Mais ta mère... Elle est têtue et ne veut pas lâcher prise...

- Nous avons cherché et avons pensé que Christopher savait quelque chose car il n'avait pas l'air inquiet... Il a été à l'université comme prévu mais il disparaissait tout le temps, abandonnant... Nous avons réellement cru qu'il venait vous rejoindre...

- Non... Tu sais... Je ne savais même pas qu'il était allé à l'université... Il n'en parle pas... En fait il ne me parle pas de grand chose... J'ai toujours été qu'une pensée après coup pour lui...

- La nuit où nous avons dîné... Nous étions en colère pour autre chose à cause de Christopher... Puis Lorelei...

- Elle a parlé... Et c'était fini... Je ne peux pas dire ce que pensait ma mère le jour où elle est partie... Je ne sais pas ce que j'aurais fait à sa place, même si j'aimerais croire que j'aurais les choses différemment... Mon enfance était difficile... Emily et Richard le savent... Je n'en ai pas honte mais c'était compliqué, je garde en mémoire le bon, préférant laisser le mauvais dans le passé.

- Comment ça ?

- Ce que je sais sur ses débuts à Stars Hollow c'est ce qu'elle a dit... Elle est partie d'ici pour se rendre là-bas, elle a rencontré Mia, la propriétaire de l'auberge de l'Indépendance, et a obtenu un poste de femme de ménage, nous avons vécu pendant quelques années dans un cabanon dans le parc, les hivers les plus froid nous restions dans l'auberge ou chez quelques amis de maman. Les premières années d'école ont été difficile, et je pense que c'est ce qui m'a rendu la tâche difficile pour me faire des amis. Les gens savaient que j'étais la fille de la cabane, que je n'avais même pas de maison... Et les enfants peuvent être méchants... J'étais moquée alors je me réfugiais dans les livres, et restais avec maman. Papa nous rendait parfois visite mais je ne suis pas sûr qu'il savait pour notre logement, je le voyais toujours ailleurs.

- Que... Je... Nous ne savions pas.

- Je sais... Honnêtement je ne comprends pas pourquoi ma mère a quitté une maison chaude, un endroit où elle était nourrit et pouvait avoir de l'aide pour ça... Je sais qu'elle voulait la liberté mais mettre un bébé dans cette situation... Mais finalement les choses se sont améliorées et vers mes dix ans elle a pu acheter une petite maison où nous sommes depuis.

- Dix ans... Elle avait vingt-six ans ?

- Oui ?

- Et bien... Je ne sais pas si tu sais mais Christopher avait une fiducie qu'il a obtenu lorsqu'il a eu vingt-cinq ans.

- Une fiducie ?

- Oui... La plupart de ceux qui ont un héritage comme nous, les Gilmore, les McCrae, ... et bien d'autres... nous mettons en place un compte bancaire avec des restrictions pour nos enfants, cela permet de payer les études mais aussi avoir un bon départ dans l'avenir. Une chose que peu savent c'est que la fiducie, une fois créé ne peut être retirée.

- D'accord...

Il y avait clairement une question dans son mot, comme pour demander où ils voulaient en venir, même si une idée faisait place dans son esprit.

- Christopher avait une fiducie, il a eu accès à 20% à ses seize ans, puis en vieillissant ce pourcentage a augmenter. A dix-huit c'était 40%, vingt-et-un 50% et vingt-cinq c'était la totalité. En fonction des familles il peut y avoir des actions de l'entreprise, des biens physiques, ...

- Et donc ? Tu crois que ma mère avait cela ?

- Je pense que cela peut être une idée...

- Honnêtement je ne sais pas et je n'ai pas envie de savoir... Cela ne regarde que ma mère et ses parents...

Il eut quelques instants de silence avant que Straub reprenne.

- Tu es venu nous voir... Je suis sûre qu'il y avait une raison...

- Je... Je ne voulais pas avoir de regret... Je sais que c'est peut-être impossible mais vous êtes ma famille autant que Richard et Emily... C'est important. Je ne veux pas, un jour, regarder en arrière et regretter de ne pas avoir fait fit de mes peurs et mes craintes.

Francine sourit à sa petite fille, elle était si heureuse que l'enfant ai osé venir car elle savait que Straub ne l'aurait pas fait... Par fierté ou peut-être par crainte du rejet... mais il n'aurait pas agit. Elle-même n'aurait rien fait sans l'accord de son époux.

- Lorelei... Nous sommes heureux que tu sois venu et même s'il est trop tôt pour être appelé Grand-père et Grand-mère, au moins utilise nous prénoms, ce qui te rend le plus à l'aise.

- Et que vas-tu dire à ta mère ?

- Je ne pensais rien dire pour le moment... J'ai décidé que c'était ma vie et que je devais faire ce que je désirais... Je repense à mon avenir, mes désirs et mes envies. J'avoue que j'ai beaucoup pensé à devenir journaliste, et alors que j'adore écrire je ne pense pas être de celle qui vont à travers le monde, dans des zones de guerre, de pauvreté et malheur pour écrire ce qu'elle voit... Alors je dois y penser...

- Il faut que tu saches quelque chose, et que tu y pense... Même si nous ne te connaissions pas vraiment, nous avons suivit tes prouesses comme tes résultats scolaires et le fait que tu es été major de ta promotion, et même si nous ne savions pas pour les autres universités, nous avons été heureux que tu ailles à Yale. Ton père a refusé, alors nous avons décidé que tu serais notre héritière...

- Héritière ?

- Tu n'es pas obligé de faire des études de droit ne t'inquiète pas... Et je t'expliquerais tout cela si tu veux un jour...

- Et qu'est-ce que cela signifie ?

- Tu as une fiducie à ton nom avec les mêmes règles que celle de ton père, ainsi à dix-neuf ans tu as accès à 40% du compte. A part cela rien ne change avant tes vingt-et-un an puisque tu auras des parts de l'entreprise à ton nom, et peut-être... si tu accepte, et te sens prête... nous pourrons annoncer que tu es notre petite-fille... Et même si nous le disions pas à voix haute jusque là, nous aimerions que tu accepte notre nom.

- Comment cela ?

- Que tu sois légalement Lorelei Leigh Gilmore Hayden III.

- Je...

C'était beaucoup... Elle ne s'attendait vraiment pas à ça et elle n'était pas du tout venu pour ça.

- Tu sais que... ce n'est pas pour de l'argent que je suis venue, n'est-ce pas ?

- Nous le savons. Nos testaments font de toi notre héritière. Et je crois qu'il en est de même pour Richard et Emily, je ne serais pas surprise qu'ils aient aussi créé une fiducie pour toi.

- Je...

- Il faut que tu comprennes qu'importe ce que la vie a fait pour nous, tu es notre seule petite fille et depuis le jour de ta naissance j'ai espéré que tu serais dans notre vie. Je suis déçu que nous ayons perdu pratiquement vingt ans mais je ne veux pas en perdre plus.

Francine s'était levé et assise à côté d'elle pour lui prendre la main.

- Lorelei... Chérie... J'ai toujours voulu être ta grand-mère et j'aurais aimé être dans ta vie... J'espère que tu me donnera une chance, ainsi qu'à ton grand-père... Peut-être nous rencontrer une fois par semaine pour faire connaissance... Un peu comme le diner du vendredi soir avec Richard et Emily...

- Je...

Elle regarda la femme dans les yeux et vit de l'honnêteté mais surtout de l'amour et de l'espoir. Elle hocha doucement la tête et accepta l'offre.

- Je dois vérifier mon emploi du temps avant de décider d'une date.

Elle devait voir ce qu'il en était. De toute façon, elle avait déjà prévu de se rendre moins souvent à Stars Hollow et de profiter un peu plus du fait qu'elle était une étudiante. Après cela, ils discutèrent encore quelques instants mais finalement il était temps pour Rory te partir, elle devait rencontrer les Gilmore assez rapidement après avoir découvert pour l'héritage.