Titre : Assumer les conséquences.

Disclaimer : Les personnages et l'univers de My Hero Academia ne nous appartiennent pas, ils sont la propriété pleine et entière de Kõhei Horikoshi.

Pairing : Aucun

Genre : OS /Hurt, Confort.

Béta : Yzanmyo

Résumé : Il déglutit difficilement. Il devait le dire. Même si ça lui arrachait la gueule. Il devait le dire... Avant que quelqu'un d'autre ne le fasse.

Note des auteures : Pour tous ceux qui ne suivent que l'anime, il y a du spoil ! On évoque des événements qui ne se sont pas encore produits dans l'anime. On les évoque simplement, mais bon on préfère vous prévenir.

Bonne Lecture,

Yzan & Lili.


- Assumer les conséquences -

Assis sur l'un des fauteuils de la pièce, Katsuki se frotta nerveusement les mains l'une contre l'autre. Il leva les yeux, croisant les regards un peu curieux des personnes face à lui. Tous le fixaient, attendant qu'il se décide à expliquer la raison de leur présence ici. Ils étaient là à sa demande après tout. Katsuki déglutit difficilement. Ouais, c'était lui qui avait demandé à leur parler, lui aussi qui avait demandé à ce qu'ils soient là, eux, précisément : Aizawa-sensei, le directeur de Yuei, ses parents, les deux délégués de sa classe et la mère de Midoriya. Tant qu'à faire, il préférait les affronter tous d'un coup, plutôt que de devoir recommencer plusieurs fois.

Il devait le dire. Il le savait. Il voyait la merde que c'était dehors. Il voyait les civils lyncher les héros, montrant du doigt leurs moindres petites erreurs, leurs moindres faiblesses, les accusant de tous les maux juste parce qu'ils n'étaient pas parfaits. Suite à la grande bataille contre l'armée de libération et la ligue des vilains, ces enfoirés ne s'étaient pas gênés pour balancer les côtés sombres des héros. Endevor, Hawks et même Best Jeanist avaient été montrés du doigt pour leurs actes.

Tout le monde avait appris qu'Endevor était un père et un époux pas des plus glorieux, que Hawks était le fils d'un criminel et qu'il avait tué de sang-froid l'un des vilains. Même Best Jeanist avait dû se justifier sur sa disparition, orchestrée dans le but de tromper la ligue. Les civils s'étaient retournés contre ceux qu'ils vénéraient encore, quelques jours auparavant, ne leur faisant plus confiance pour les protéger, les défendre. Bon nombre de héros pros avaient raccroché, dégoûtés par l'attitude de la population.

Et la situation était loin de s'arranger. Cet abruti de Deku s'était barré, All Might avec lui. La ligue et All for One avaient libéré des centaines de prisonniers, les lâchant dans la nature, les laissant s'en prendre à tout le monde. Il n'y avait plus assez de héros pour assurer la sécurité des civils. Les élèves des filières héroïques avaient tous été mis à contribution, affrontant le désamour des civils et la haine des vilains sans y être pleinement préparés.

Les gens s'entretuaient, ne faisant plus la différence entre les vilains, les civils et les héros. C'était l'anarchie, le chaos. Le directeur de Yuei avait transformé l'académie en centre d'accueil pour tous ceux qui étaient persécutés. Et les gens affluaient, cherchant désespérément un peu d'aide, un soutien, une protection. Ceux-là avaient encore espoir que les héros, pros ou apprentis, les aideraient, les protégeraient.

Alors oui, il devait le dire, même si ça lui arrachait la gueule. Même s'il n'était pas sûr de réussir à former des mots, des phrases, tant sa gorge était nouée. Il devait le dire. Avant que d'autres ne le fassent à sa place. Parce qu'un jour ou l'autre, quelqu'un balancerait ça sur les réseaux sociaux ou aux journalistes. Et ce jour-là, l'académie aurait des tas d'emmerdes supplémentaires. Et il en avait causé assez comme ça.

Soufflant bruyamment, il prit son courage à deux mains et balança cash :

- J'ai harcelé De... Izuku... pendant des années...

Sans attendre de réponse, et en ignorant volontairement les réactions des autres, il enchaîna, ayant peur de perdre tout courage s'il s'arrêtait maintenant. Il parla des moqueries, des insultes, des coups, des menaces, de la destruction volontaire des affaires de sa victime. Il avoua ses crimes et ses méfaits. Il raconta comment il lui avait même suggéré de sauter d'un toit, quelques heures avant que Deku ne vole à sa rescousse, affrontant le vilain gluant dont il était prisonnier.

Quand il se tut, ayant tout dit, il avait le cœur qui battait à mille à l'heure et il était essoufflé. Il avait l'impression d'avoir couru un marathon. Voilà, il l'avait dit. Et bizarrement il se sentait infiniment soulagé... Comme s'il s'était enfin débarrassé d'un fardeau trop lourd à porter pour lui. Il l'avait dit, avait avoué. Maintenant, il allait assumer. Il posa enfin son regard sur les visages de ses auditeurs, et il se retint de grimacer. Il s'attendait à ces réactions de toute façon, même si les voir n'était pas plaisant.

Aizawa-sensei avait les sourcils froncés, l'œil noir et réprobateur. Le directeur était visiblement déçu. Ses parents... Ouais, ça allait chauffer sévère pour son matricule. Il le voyait au regard furax de sa mère et à la bouche pincée de son père. llda le fixait d'un air encore plus sévère que d'habitude. Momo était choquée et horrifiée. Il osa finalement regarder la mère d'Izuku. Cette dernière l'observait, en colère, les yeux humides, les poings serrés.

La gifle résonna dans la pièce, et Katsuki encaissa sans mot dire. Il s'y était attendu. Il la méritait largement. Bordel, il méritait même pire que ça.

- Pourquoi ?

Katsuki leva les yeux, affrontant celle qui venait de lui poser cette question. Elle méritait une réponse, elle plus que tout autre.

- Parce que c'était facile, avoua-t-il. Parce qu'il m'a tenu tête une fois. Parce qu'il me gonflait. Parce que ça faisait marrer les autres.

Tous deux se fixaient en silence, la plus âgée frémissante de rage devant le plus jeune faussement bravache.

- Il t'admirait, t'adorait, souffla finalement Mme Midoriya, la voix tremblante. Kacchan est génial... Kacchan sait faire ça... Kacchan par ci, Kacchan par là... Kacchan, tout le temps...

- Je sais, admit-il sans baisser les yeux, soutenant son regard, s'accrochant désespérément à sa foutue fierté.

Sans un mot de plus, elle se rassit, se détournant pour cacher ses larmes.

- J'ai moi aussi une question, intervint alors Nezu. Pourquoi nous le dire maintenant ?

Katsuki se passa une main nerveuse dans les cheveux avant de répondre, d'une voix atone :

- Parce que je veux pas vous attirer plus d'emmerdes que ce que vous avez déjà. Et un jour ou l'autre quelqu'un aurait bien fini par me balancer. Je suis même surpris que ça ne soit pas déjà arrivé. Après tout, je ne me cachais pas. A l'école, au collège, tout le monde le savait.

- Et personne ne t'a jamais rien dit ? s'enquit Aizawa, la colère sous-jacente parfaitement perceptible dans sa voix.

- Non, répondit Katsuki en haussant les épaules. Ni les autres élèves, ni les profs...

Le silence reprit ses droits dans la pièce, crispant Katsuki. Il s'était attendu à beaucoup de choses, mais pas à ce silence lourd et pesant. Il aurait préféré des cris, des larmes, des reproches... Ce silence était trop lourd, trop angoissant.

- Et qu'est-ce que tu attends de nous ? finit par demander Nezu, d'un ton totalement neutre.

- J'en sais rien, avoua Katsuki. Mais quoi que vous décidiez, je l'accepterai.

- Même si c'est ton renvoi pur et simple ? s'enquit le petit mammifère, son ton toujours aussi neutre.

Katsuki serra les poings, mais il ne flancha pas et fixa le directeur avec détermination :

- Oui.

Ce dernier hocha la tête, et l'invita à quitter la pièce pour les laisser discuter. Katsuki obéit en silence. Juste avant de sortir, il s'inclina profondément devant les autres et souffla :

- Je suis désolé... Pour tout.

Puis, il quitta la pièce, fermant la porte derrière lui. Il fit quelques pas dans le couloir, avant de se laisser glisser le long du mur. Assis par terre, il plia les genoux, enserra ses jambes et plongea la tête entre ses bras. Et en silence, il versa toutes les larmes de son corps.

Il savait qu'il risquait le renvoi. C'était même la solution la plus logique. En le renvoyant, Yuei se mettrait à l'abri de tous reproches le concernant. Son image n'était déjà pas des plus glorieuse auprès du public à cause de son attitude lors de la remise des prix du tournoi et de son enlèvement lors du camp d'été. Même s'il faisait tout ce qu'il pouvait pour se rattraper, il voyait bien la façon dont les civils recueillis dans l'académie le regardaient. Il les entendait régulièrement murmurer dans son dos qu'il ressemblait plus à un vilain qu'à un héros. Yuei ne pourrait plus le défendre quand cette histoire se saurait, même avec la meilleure volonté du monde. Parce qu'il en était certain, ça se saurait, un jour ou l'autre. En le renvoyant, Yuei s'éviterait une montagne d'emmerdements.

Mais ce renvoi, c'était aussi la fin de son rêve de devenir un héros. Aucun établissement scolaire n'accepterait de le prendre, pas alors qu'il aurait été renvoyé de Yuei, pas alors que ses agissements seraient écrits noir sur blanc dans son dossier scolaire. Ça faisait deux jours... Deux jours qu'il tournait et retournait encore tout ça dans sa tête. Depuis l'instant où il avait demandé cette entrevue, il ne pensait qu'à ça.

Qu'allait-il faire de sa vie s'il ne pouvait pas devenir un héros ?

Il y avait longuement pensé, essayant de réfléchir rationnellement. Déjà, il devrait retourner vivre chez ses parents, et se prendre la soufflante du siècle dans la tronche et la punition qui irait forcément avec. Mais ses parents l'aimaient, et ne le lâcheraient pas. Il le savait. Même s'il les avait déçu, il savait qu'il pourrait compter sur eux, qu'ils le soutiendraient. Ils seraient sûrement d'accord pour qu'il suive des cours par correspondance, un cursus normal, basique, mais qui lui permettrait d'obtenir son diplôme de fin d'études.

Il pourrait aussi trouver un petit boulot pour aider ses parents, même si ceux-ci n'étaient pas vraiment dans le besoin. Mais ça lui éviterait de passer ses journées à ruminer dans sa chambre. Un petit boulot dans un combini ou un café serait parfait. Au pire, il pourrait faire du baby-sitting ou promener les chiens du quartier. Il le faisait souvent pendant les vacances. Ça, c'était la partie facile. La suite serait plus dure.

Que faire de sa vie, une fois son diplôme en poche ?

Il avait pensé un moment à devenir policier, mais avait vite renoncé. Les critères d'entrée aux écoles de police étaient drastiques, et le motif de son futur renvoi lui interdirait tout espoir dans cette carrière. Il ne se voyait pas dans l'administratif. Passer toute sa journée derrière un bureau, à s'exploser les yeux sur un ordinateur, ça ce n'était pas du tout fait pour lui.

Il avait écarté une à une les possibilités. Puis, il avait trouvé une carrière qui pourrait peut-être lui convenir : Pompier. Il était possible de devenir pompier volontaire, sans passer par une école. Il ne serait sûrement jamais gradé, mais au moins il ferait un métier avec de l'action, un métier où il pourrait encore sauver des gens et utiliser ses talents. Ce n'était pas tabasser du vilain, mais il s'y ferait. Il n'aurait pas le choix de toute façon. Ça ne paierait pas très bien, mais rien ne l'empêcherait de faire un autre boulot à côté, un boulot sûrement chiant et ennuyeux. Mais l'un dans l'autre, il devrait réussir à en vivre. Il ne comptait pas rester indéfiniment à la charge de ses parents, comme un putain de looser.

Enfin tout ça, c'était s'il était renvoyé. Avec un peu de chance, le directeur trouverait une autre solution moins drastique. Peut-être une évaluation psychologique. Ou un changement de filière. Ou une mise à l'épreuve. Peut-être même les trois en même temps. Dans tous les cas, la décision ne dépendait pas de lui. Et il s'était promis de l'accepter, quelle qu'elle soit. Oui, il avait merdé. Il avait été un véritable connard, un enfoiré, mais il allait assumer ses conneries. Il ne serait pas lâche. Il assumerait les conséquences de ses actes.

Combien de temps resta-t-il là, assis dans le couloir, recroquevillé sur lui-même à fixer d'un regard vide le mur face à lui ? Il n'en savait rien. Il s'en foutait. Il n'avait plus rien d'autre à faire de toute façon. Attendre... Attendre que d'autres décident de son avenir.

La porte s'ouvrit, le tirant de sa léthargie. Il tourna la tête et vit Aizawa-sensei qui le fixait durement. Lentement, il se leva pour faire face à son professeur. Ce dernier nota ses yeux rougis, les traces de larmes sur ses joues pâles, les mains tremblantes, mais aussi la farouche détermination brillant dans les prunelles écarlates. Preuve que son élève était sérieux quand il disait qu'il accepterait n'importe quelle décision, et qu'il ne se laisserait pas abattre. Il n'était pas surpris de cette attitude. Mais il ne dit rien et, d'un geste, il l'invita à revenir dans la pièce, signifiant ainsi qu'une décision avait été prise.

Katsuki souffla discrètement et serra les poings. Il était prêt à faire face. Prêt à assumer. Il emboita le pas à son professeur. Dans quelques minutes, il serait fixé sur son avenir. Il assumerait les conséquences... toutes les conséquences... Et il le ferait la tête haute. Il referma la porte derrière lui, le battant claquant doucement dans le couloir silencieux. Et il fit face à ceux dans les mains de qui il avait déposé son avenir.

Fin.


Commentaires des auteures :

Oui ça s'arrête là. Tout à fait, oui. Et non, pas de suite de prévue à l'heure actuelle. Peut-être un jour...
Pourquoi on s'arrête là ?

Parce que l'idée de cet OS c'était juste de montrer ce qu'il pourrait se passer dans la tête de notre blondinet explosif s'il décidait d'avouer ses crimes. Pas de savoir quelle serait la décision prise au final.

Et, histoire que tout soit bien clair, non, on ne cherche pas à défendre le harcèlement scolaire. Ni le harcèlement de manière générale.

Voilà, on espère que ce petit texte vous a plu.


Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés.

Pendant qu'Yzan et Lili discutent paisiblement tout en sirotant café et coca, Izuku se jette sur Katsuki en braillant :

- Je t'interdis de faire ça ! Tu m'entends Kacchan ! Tu n'as pas intérêt à faire un truc pareil !

Tout en vociférant sur le blond, Izuku l'attrape par le col et le secoue fortement.

- Putain, mais lâche moi Deku de merde ! rugit Katsuki en se dégageant de la prise de son ami d'enfance. Tu n'as pas d'ordres à me donner ! C'est clair Deku ?!

- Mais Kacchan, pleurnicha Izuku. Si tu es renvoyé, comment je vais faire moi, hein ? Promets moi que tu ne feras pas ça !

Blasé, Katsuki se tourne vers les lecteurs, ignorant les larmes de sa sangsue personnelle :

- Vous croyez que je devrais faire ça vous ? Pas que votre avis m'intéresse, hein ? Mais les deux tarées là, elles aiment bien avoir des reviews alors... Et putain, Deku, arrête de te moucher dans mon tee-shirt bordel !