Titre : Tu m'emmerdes, sale nerd !
Disclaimer : Les personnages et l'univers de My Hero Academia ne nous appartiennent pas, ils sont la propriété pleine et entière de Kõhei Horikoshi.
Pairing : Léger Katsuki/Izuku ou Izuku/Katsuki comme vous voulez. C'est vraiment très léger... Limite sous entendu...
Genre : OS / Friendship / Humour.
Béta : La merveilleuse et inégalable Loute.
Résumé : Pourquoi ? Sérieusement, pourquoi lui ? Il n'avait rien demandé lui. Absolument rien. Si seulement cet abruti avait pu fermer sa gueule ! Déjà qu'en temps normal il le faisait pas mal chier, mais là c'était le pompon !
Note des auteures : Une petite histoire, légère, un peu drôle (on espère du moins). Rien de bien sérieux.
Bonne Lecture,
Yzan & Lili.
Tu m'emmerdes, sale nerd !
Assis à la cafétéria, Izuku déjeunait tranquillement avec ses amis. Tenya et Shoto s'étaient lancés dans une discussion sur les derniers entraînements héroïques, Ochako et lui-même intervenant régulièrement pour donner leur avis. Aucun d'eux ne prêta attention au groupe de lycéennes qui vint s'installer à la même table qu'eux. Jusqu'à ce que l'une d'elles les apostrophe :
- Excusez-moi, mais vous êtes bien en seconde A n'est-ce pas ?
Un peu surpris, Tenya s'empressa cependant de répondre :
- Oui, tout à fait.
- Oh super alors ! s'exclama la jeune fille. Vous allez sûrement pouvoir me renseigner.
- On fera au mieux, assura le délégué avec un sourire, toujours prêt à aider autrui.
- Vous savez si Baguko-kun est célibataire ?
Ochako manqua de s'étouffer en entendant la question. Shoto se figea, ses baguettes dans la bouche, tournant son attention vers l'adolescente et ses amies. Tenya cligna plusieurs fois des yeux, son sourire bloqué sur ses lèvres. Il lui fallut plusieurs secondes pour réussir à ouvrir la bouche et répondre :
- Ah... euh... C'est que...
- Katsuki est assez discret sur sa vie privée, finit Shoto à la place de son ami.
- Oh allez, vous devez bien avoir une idée, non ? soupira la demoiselle déçue.
- En quoi ça te regarde ?
Les deux groupes d'amis se tournèrent vers Izuku, surpris par le ton dur de sa voix. Le paisible et souriant Izuku fixait la demoiselle d'un air sévère et peu engageant. Cela ne sembla pas impressionner son interlocutrice qui lui répondit avec des cœurs dans les yeux :
- J'aimerais tellement lui demander de sortir avec moi ! Et s'il est célibataire, il dira plus facilement oui.
- Sortir avec toi ? cracha Izuku avec une animosité flagrante. Pourquoi il voudrait sortir avec toi hein ?
L'adolescente fronça les sourcils mais ne se démonta pas, haussant le ton pour tenir tête à Izuku.
- Et pourquoi pas ? Je suis jolie, intelligente et très drôle ! Pourquoi Baguko-kun ne voudrait pas sortir avec moi hein ?!
Tout en parlant, elle s'était levée, surplombant son adversaire, criant sur la fin de sa tirade, attirant ainsi l'attention de tous. Ochako, Tenya et Shoto regardaient, hallucinés, le combat entre les deux autres, échangeant des regards désolés avec les amies de la demoiselle. A quelques tables de là, Katsuki s'était retourné en comprenant qu'il était le sujet d'une dispute. Ses yeux s'écarquillèrent quand il vit son nerd personnel se lever, les poings serrés, le regard noir, pour faire face à celle qui visiblement voulait sortir avec lui. Il le sentait pas... pas du tout.
- Tu ne sais absolument rien de lui ! gronda Izuku d'une voix féroce. Absolument rien ! Tu ne veux sortir avec lui que parce qu'il est beau. Tu es comme toutes les autres ! Pourquoi Kacchan s'intéresserait à des pouffiasses dans ton genre ?! Je suis sûr que tu ne lui as même jamais parlé. Tu ne t'intéresses pas vraiment à lui ! Pourquoi il voudrait sortir avec une pauvre conne superficielle et tellement imbue d'elle-même qu'elle ne voit même pas le problème ? Tu te trouves jolie ? Intelligente ? Ton comportement prouve que tu n'es qu'une dinde sans cervelle ! Et achète-toi des lunettes, parce que tu n'es pas si jolie que ça ! Kacchan mérite bien mieux qu'une pauvre cruche dans ton genre.
Tout le monde fixa Izuku, choqué autant par ses propos que par son attitude si éloignée de ce qu'il était habituellement.
- De... Deku-kun, souffla Ochako, qu'est-ce qu'il te prend ?
Mais Izuku ne lui répondit pas, trop occupé à fusiller des yeux la lycéenne qui s'était mise à pleurer. Ce fut une de ses amies qui vola à son secours, se redressant brutalement pour invectiver Izuku.
- Non mais ça va pas ? Espèce de connard ! Elle a bien le droit de lui demander de sortir avec elle si ça lui chante, je vois pas en quoi ça te regarde ! Ni en quoi ça te donne le droit de lui parler comme ça !
Le rire sec et mauvais qui franchit les lèvres d'Izuku fit froid dans le dos de tous ceux qui l'entendirent.
- Si elle ne voulait pas que je m'en mêle, elle n'avait qu'à pas poser des questions connes pour commencer, claqua le jeune homme. Et Kacchan est mon ami, je sais que ça le gonfle les pouffes comme vous.
Furieuse, la jeune fille leva le bras pour gifler l'impertinent, mais sa main n'atteignit jamais sa cible, Izuku lui bloquant le poignet avec force. Le sourire d'Izuku n'augurait rien de bon pour la demoiselle.
Plusieurs choses se passèrent alors simultanément. Tenya et Shoto sortirent de leur torpeur, provoquée par l'attitude inédite de leur ami, et se jetèrent sur lui pour l'empêcher de commettre l'irréparable. Ochako se jeta sur l'inconsciente lycéenne pour l'éloigner au plus vite d'Izuku, visiblement très en colère. La demoiselle, repoussée par Ochako, tendit sa main libre devant elle et effleura le torse d'Izuku du bout des doigts, dans le but de l'attraper pour lui mettre la gifle qu'il méritait.
Soudainement, une fumée verdâtre entoura Izuku, faisant reculer Tenya et Shoto.
- C'est quoi ça ? s'affola Ochako après quelques secondes d'un silence de mort.
- Mon alter, pleura la lycéenne responsable de la fumée. Je suis désolée, je voulais pas...
- Et il fait quoi ton alter ? s'enquit Shoto en essayant de chasser la fumée.
- Il libère les aspects cachés de la personnalité. Ça désinhibe les personnes... Enfin normalement. Mais là je l'ai déclenché sans le vouloir... et vu la quantité de fumée... Je voulais pas je vous jure !
- Putain mais quelle conne !
L'exclamation attira les yeux de tous vers un certain blond réputé pour son caractère explosif et objet principal de la dispute précédente. Ce dernier traversa au pas de charge la distance le séparant de la demoiselle et la saisit par le col avec force.
- Aspect caché de la personnalité hein ? Sois plus explicite putain ! Quel genre ?! s'enquit-il d'un ton féroce.
- C'est des émotions qu'on refoule, des envies qu'on contrôle. Mon alter permet de les libérer, expliqua la jeune fille paniquée devant le regard flamboyant de rage du blond.
- Et le rapport avec la fumée ? insista Katsuki.
- Plus il y a de fumée, plus il y a d'émotions ou d'envies libérées. Et plus ça dure...
- Tu pouvais pas te contrôler pauvre conne ?! rugit Katsuki en agitant vigoureusement la malheureuse lycéenne.
Il la relâcha finalement et se tourna vers son ami d'enfance qui commençait à être à nouveau visible, la fumée se dissipant lentement.
- On est dans la merde, putain ! souffla-t-il.
- Ça peut pas être si terrible que ça, souffla Tenya, ayant quand même un doute.
Après tout si Katsuki Bakugo disait qu'ils étaient dans la merde, il y avait de fortes chances pour que ce soit vrai.
- Ce mec passe son temps à refouler ses putains d'émotions et ses saloperies d'envies, tonna Katsuki se dirigeant à pas rapides vers la sortie.
Juste avant de quitter la cafétéria, encore relativement silencieuse, il se tourna vers les lycéennes responsables de la situation et lâcha :
- Au fait, il a raison. Les pouffes dans votre genre ça m'intéresse pas. Alors évitez de me faire chier avec vos déclarations de merde.
Puis il quitta le self, laissant une bonne partie des étudiants de Yuei encore sous le choc de la scène. Il ne voulait pas être là quand Izuku sortirait de cette fumée. Il le sentait pas cette histoire... Pas du tout !
~oOo~
Assis sur sa chaise, se balançant nonchalamment en arrière, le visage levé vers le plafond de la salle de classe, Katsuki réfléchissait, les mains enfoncées au fond de ses poches. Après l'esclandre du midi, cet abruti de Deku avait été emmené en catastrophe à l'infirmerie par le délégué trop zélé. Double face et tête ronde avaient, eux, prévenu Aizawa-sensei de l'incident. Il jeta un coup d'œil aux trois potes de son ami d'enfance qui discutaient avec les autres élèves de la classe, leur expliquant la situation pour la énième fois.
D'après ce qu'ils disaient, cet abruti de Deku était en état d'assister aux cours. Selon la vieille baveuse d'infirmière, il n'y avait pas grand chose à faire à part attendre que les effets de l'alter se dissipent. Et surtout il ne fallait pas brusquer la pauvre petite chose fragile qu'était ce sale nerd. Toujours selon la bisouteuse, le brusquer risquait d'aggraver la situation. Et bien sûr, tout le monde l'avait regardé avec insistance quand le délégué avait transmis les instructions de la vioque. Ce dernier les avait même répétées une deuxième fois sous son nez, comme s'il était trop con pour comprendre du premier coup.
Katsuki reporta son attention sur le plafond, ses poings se serrant dans ses poches. Vraiment, il le sentait mal cette histoire. Déjà la scène au self en elle-même n'augurait rien de bon sur les aspects cachés de la personnalité de Deku. Même lui avait été surpris de le voir si... gratuitement méchant. Et pourtant, il le connaissait suffisamment bien pour que peu de choses le surprennent venant de lui. C'était lui, Katsuki Bakugo, normalement qui envoyait chier les autres. Pas ce con de Deku trop gentil. Ouais, vraiment, il le sentait pas cette histoire...
La porte s'ouvrit avec force, attirant tous les regards. Izuku pénétra dans la salle de classe. C'était bel et bien lui aucun doute possible. Pourtant, ce n'était pas tout à fait lui. Son attitude était totalement différente de d'habitude. Il se tenait très droit, une main dans la poche de son pantalon, l'autre tenant la bandoulière de son sac à dos qu'il ne portait que sur une épaule. Le regard hautain qu'il lança à ses camarades fit refermer la bouche à tous ceux qui avaient commencé à l'ouvrir pour lui parler.
Il transpirait littéralement d'une assurance orgueilleuse. D'un pas étonnamment nonchalant, il se dirigea vers sa place. Il s'arrêta à la hauteur de Katsuki, qui n'avait pas bougé, guettant du coin de l'œil les agissements du nouveau venu. Izuku posa son sac sur sa table, puis déplaça celle-ci, la mettant dans l'allée, perpendiculaire à la chaise de Katsuki. Et sans plus de manière, il s'assit sur les genoux du blond, tourné vers son propre bureau.
Katsuki retint une explosion en voyant, et sentant, ce crétin de Deku le prendre pour une chaise. Il ne devait pas le brusquer... Il pouvait le faire...
- Oï Deku, gronda-t-il. Qu'est-ce que tu fous ?
- Je m'installe pour le cours, Kacchan, répondit Izuku d'un ton d'évidence.
- T'as une chaise... grogna le blond en se contenant pour ne pas jeter son squatteur au sol.
- Je mérite mieux qu'une simple chaise particulièrement inconfortable, rétorqua Izuku avec snobisme.
Inspirer... expirer... ne pas s'énerver... ne pas brusquer cet abruti... Oui, il pouvait le faire.
- Va te chercher un coussin, suggéra Katsuki en serrant les dents.
- Aucun coussin n'est à la hauteur de tes genoux Kacchan, répliqua Izuku avec toujours ce ton pédant. Et je mérite ce qu'il y de mieux. Tes genoux sont parfaits pour moi.
Katsuki fusilla des yeux Denki qui s'étouffait de rire derrière ses mains, et grimaça en voyant certains de ses camarades avec leurs portables, sûrement en train de prendre des photos.
Il envisageait sérieusement de les exploser eux, faute de pouvoir se défouler sur la version snob de Deku, quand Aizawa-sensei entra, annonçant ainsi le début imminent du cours. Katsuki souffla discrètement. Leur professeur allait demander à Izuku de s'installer à sa place et il serait libéré. Surtout que ce sale nerd pesait lourd l'air de rien. Et il n'était assis que sur une seule de ses cuisses, la faute à sa mauvaise habitude de s'asseoir les jambes bien écartées. Il commençait déjà à avoir des fourmis dans la jambe.
Aizawa leva un sourcil surpris en voyant Midoriya installé sur les genoux de Bakugo. Avec un soupir il l'interpella :
- Midoriya... Bakugo a besoin de sa main droite pour prendre des notes...
Katsuki se serait giflé pour ne pas avoir pensé de lui-même à cet argument. Installé comme il l'était, Izuku l'empêchait de se servir de sa main droite, toujours coincée dans la poche de son pantalon.
Mais ses espoirs volèrent en éclats quand Izuku répondit platement :
- Il est ambidextre. Il peut parfaitement prendre des notes avec la main gauche.
- Putain, tu fais chier Deku, grogna Katsuki qui avait réussi à cacher ce fait durant des années.
- Je suppose que c'est vrai donc, soupira Aizawa. Bien, alors le cours d'aujourd'hui...
Comprenant qu'il ne se débarrasserait pas de son squatteur de suite, Katsuki s'agita, frustré.
- Kacchan, si tu gigotes je ne vais pas pouvoir prendre de notes, le gronda Izuku.
- T'es lourd, connard, tonna Katsuki. Je sens plus ma jambe !
Avec un soupir, Izuku daigna se relever un peu. Puis, voyant que le blond se contentait de sortir sa main droite de sa poche, Izuku se pencha et lui rapprocha d'un geste ferme les deux jambes, pour s'y asseoir à nouveau, sur les deux cuisses cette fois.
- C'est mieux ? demanda-t-il légèrement narquois.
- Ce serait encore mieux si tu prenais ta putain de chaise, gronda Katsuki à deux doigts d'exploser.
- Non.
Le ton était sans appel et ne souffrait aucune réplique, hérissant le poil du plus âgé.
- Midoriya, Bakugo, merci de ne pas perturber le cours, intervint Aizawa-sensei.
Le professeur cacha habilement son amusement face à la scène. Il vit Bakugo ouvrir rageusement son cahier et commencer à écrire de la main gauche. Ainsi Midoriya avait raison, ce sale gosse était bel et bien ambidextre. Il ne dit rien en voyant Kaminari prendre discrètement une photo du duo, songeant qu'il devrait demander à son élève de la lui envoyer, histoire de garder un souvenir de la scène.
Tout en poursuivant son cours, Aizawa nota les regards en douce et les sourires en coin de ses élèves, eux aussi très amusés. Voir Midoriya assis sur les genoux de Bakugo était déjà en soi totalement inédit. Mais si on ajoutait à ça l'air dédaigneux et hautain du plus jeune et celui furibond du blond, à demi caché par son squatteur personnel, c'était absolument savoureux. Il avait hâte de voir la suite des événements.
Quand la sonnerie annonça enfin la fin de la journée, Katsuki était à deux doigts de l'implosion. Il avait passé l'après-midi entier avec ce sale nerd sur les genoux ! Aucun des profs ne l'avait délogé de là ! Du coup, il avait mal aux pattes et une furieuse envie de pisser. Parce que oui, son squatteur personnel s'était appuyé sans vergogne contre lui, jugeant le haut de ses cuisses plus confortables que ses genoux. Et il avait appuyé sur sa vessie, durant des heures ! Foutu nerd de merde !
D'un pas rapide, il se dirigea vers les toilettes les plus proches, pressé de se soulager. Il poussa la porte, et s'installa devant un des urinoirs. Il était en train de vider sa vessie quand il entendit la porte s'ouvrir dans son dos. Il n'y prêta pas particulièrement attention, du moins jusqu'à ce que le nouveau venu ne s'installe juste à côté de lui.
- Y'a pas assez d'urinoirs que tu sois obligé de venir me coller connard ?! tonna-t-il en lançant un regard furieux à l'importun.
- Serais-tu complexé Kacchan ? répondit une voix moqueuse qui fit se figer ledit Kacchan. Il n'y a aucune raison, tu es tout à fait normalement doté par mère nature. On est à égalité sur ce point là.
Les joues et les oreilles rouges de gêne, Katsuki s'empressa de ranger sa tuyauterie intime avant d'aller se laver les mains. Il se retenait d'encastrer cet abruti dans le mur après lui avoir foutu la tête dans l'urinoir. Ne pas le brusquer qu'elle avait dit la vieille baveuse. Elle en avait de bonnes celle-là tiens ! Juste avant de sortir, il ne put s'empêcher malgré tout de maugréer :
- D'où t'as vu qu'on était à égalité sur quoi que ce soit, sale nerd ?
- Tu as raison, rétorqua Izuku d'un ton narquois. Je te suis supérieur en tout point, après tout, JE suis l'élu !
La réponse figea Katsuki sur place, ses poings se serrant avec force pour retenir une explosion malvenue. S'il explosait ce crétin dans les chiottes il aurait juste des tas d'emmerdes. Semblant totalement se foutre de l'état d'esprit du blond, Izuku reprit d'un ton placide :
- Mais tu es le seul dans cette école de minables à mériter mon intérêt, Kacchan.
Décidant qu'il était définitivement plus prudent pour lui d'éviter Deku jusqu'à nouvel ordre, sous peine d'homicide, Katsuki quitta précipitamment les toilettes et piqua un sprint jusqu'à sa chambre où il s'enferma, bien décidé à ne pas en sortir avant qu'il en soit forcé.
~oOo~
Le lendemain matin, Katsuki se félicita intérieurement d'avoir brillamment réussi à éviter son nerd depuis l'instant où il était sorti des toilettes. Assis à sa place, attendant le début des cours, il écoutait d'une oreille distraite les lamentations de ses camarades. La soirée avait été un enfer, Izuku les prenant tous de haut, et les traitant comme des moins que rien. Il n'avait visiblement pas été le seul à avoir eu envie d'encastrer Izuku-snobinard dans le mur.
- Et vous l'avez vu ce matin ? demanda finalement le blond à ses deux pots de colles.
- Non, répondit Eijiro assis sur le bureau de son ami.
- Je l'ai croisé au petit déjeuner, avoua Denki, trônant sur le bureau d'Izuku.
Devant les regards interrogateurs des deux autres, il précisa :
- Il semblait normal... En tout cas, il n'avait plus cet air d'insupportable Monsieur-je-pète-plus-haut-que-mon-cul.
La porte de la salle de classe s'ouvrit, laissant entrer les derniers retardataires : Ochako, Shoto, Tsuyu et Izuku. Ce dernier semblait effectivement très égal à lui-même. Il souriait comme à son habitude, discutant avec ses trois amis. Mais son regard se posa sur Katsuki et son sourire disparut, remplacé par un air contrarié. Plantant ses amis là, Izuku traversa la classe jusqu'au bureau du blond, inconscient de la crispation soudaine de ses camarades qui se demandaient ce qu'il allait faire.
- Salut Izuku, lança courageusement Eijiro avec son éternel sourire.
Mais il ne reçut pour seule réponse qu'un regard noir qui le fit déglutir difficilement. Puis, sans prévenir, Izuku lui saisit le bras et le fit violemment descendre du bureau où il était assis, le jetant littéralement au sol. Toujours sans un mot, le porteur du One for All poussa le pupitre de Katsuki jusqu'aux fenêtres, puis il fit suivre le même chemin à la chaise où Katsuki était assis, ignorant les regards noirs que l'occupant du meuble lui lançait.
Se retournant, Izuku jeta un regard peu amène à Denki, qui descendit de lui-même de son perchoir. Ledit perchoir se fit déplacer et coller au bureau de Katsuki. Enfin, Izuku prit sa chaise et s'assit tout près de son ami d'enfance, fusillant des yeux les deux amis de ce dernier. Ceux-ci jugèrent judicieux de ne pas répliquer et allèrent s'installer à leurs places respectives.
Katsuki assista à toute la scène en silence, notant qu'effectivement ce crétin de Deku n'avait plus cet air puant d'arrogance de la veille. Bon, il semblait décidé à le faire chier aujourd'hui aussi, mais au moins il n'était plus sur ses genoux ce qui était une nette amélioration. Il sortit ses affaires pour le cours, qui n'allait plus tarder à commencer, en soupirant lourdement, remerciant intérieurement le sale nerd de ne pas ouvrir la bouche.
Aizawa-sensei entra dans la classe, son regard se portant automatiquement vers l'allée la plus proche des fenêtres, curieux de voir ce que Midoriya avait bien pu inventer aujourd'hui. Il eut un très léger rictus en le voyant assis près de Bakugo, très près. Il n'était pas sur ses genoux, mais suffisamment près pour que leurs épaules se touchent. Et Bakugo était littéralement coincé entre la fenêtre et son voisin. Il nota, avec un amusement certain, les regards noirs que lançaient Midoriya à Kirishima et Kaminari. Mais il ne dit rien et commença le cours tout à fait normalement.
La situation aurait pu rester ainsi toute la matinée, si durant la pause de dix heures, Mina ne s'était pas précipitée vers Katsuki un grand sourire aux lèvres, sûrement pour lui raconter quelques inepties. Katsuki avait l'habitude de sa camarade un peu trop expansive à son goût, et se prépara mentalement au flux de paroles dont elle allait l'abreuver. Mais à la surprise générale, Mina fut coupée en plein élan.
Tel un chien de garde protégeant son maître, Izuku s'était redressé d'un bond à l'approche de la demoiselle. Il poussa Katsuki derrière lui, manquant faire tomber ce dernier qui se rattrapa in extremis à la poignée de la fenêtre, sa chaise basculant dangereusement vers l'arrière.
- Dégage !
Le rugissement féroce fit écarquiller les yeux de l'apprentie héroïne qui recula prudemment devant l'air de bête sauvage d'Izuku.
Un pouffement fit tourner brutalement la tête d'Izuku en direction de Kaminari qui leva les mains l'air en signe d'apaisement. Mais la version bestiale d'Izuku ne sembla pas sensible au geste, comme le prouvèrent les lèvres qui se retroussèrent méchamment, dévoilant des dents blanches et menaçantes. Un bruit sourd résonna dans la pièce.
- Oh putain, souffla Hanta choqué. Il... grogne...
- A quoi tu joues sale nerd ? s'énerva Katsuki.
Ayant réussi à retrouver son équilibre, et à reposer les quatre pieds de sa chaise au sol, il se leva et obligea Deku à se tourner vers lui.
- Je te protège, expliqua Izuku avec un sourire lumineux.
Katsuki fronça les sourcils devant le changement d'attitude de son ami d'enfance. Quelques secondes auparavant il grognait, en montrant les dents et là... Il le fixait comme... un chien qui vient réclamer une récompense à son maître.
Merde ! Il venait réellement de comparer cet abruti de nerd à un chien ? Un chien de garde... Bordel, si Deku avait des attributs canins, Katsuki était sûr et certain qu'il serait en train de remuer frénétiquement la queue. Chassant cette image, légèrement dérangeante, de son esprit, le blond se décida à répliquer, d'un ton aussi calme que possible :
- Tu n'as pas besoin de me protéger crétin. Ils ne vont pas me faire de mal. Ce sont mes potes bordel !
La vitesse avec laquelle Izuku changea d'expression impressionna Katsuki. En un clin d'œil, le regard et le sourire lumineux avaient laissé place à une bestialité sombre.
- Tu es à moi ! rugit Izuku. A moi seul ! Et je ne te partage pas !
Voyant son ami s'avancer vers lui, l'air dangereux, Katsuki eut alors l'image d'un chien féroce prêt à se jeter à sa gorge.
Il se promit que plus tard il se maudirait pour ça, mais là tout de suite maintenant c'était la seule solution qui lui venait à l'esprit (à part celle de passer ce débile par la fenêtre mais cette option n'était pas la bonne vu la tonne d'emmerdes qu'elle lui vaudrait). Levant la main, il tapota doucement le sommet du crâne de son ami d'enfance et souffla, totalement blasé :
- D'accord... Sois sage maintenant...
Sous les regards médusés du reste de la classe, Izuku se calma immédiatement. Pire, il frétilla littéralement, sa tête suivant la main de Katsuki réclamant ainsi plus de contact. Ils durent se mordre les lèvres pour ne pas éclater de rire en entendant Izuku couiner de bonheur quand le blond, cédant à la demande silencieuse, lui caressa le crâne. Se penchant sur son pupitre Denki souffla assez fort pour être entendu de presque tous :
- C'est qui le gentil chien-chien à son pépère ?
Katsuki fusilla des yeux son ami qui se foutait ouvertement de sa gueule. Ses joues et ses oreilles le chauffaient, signe qu'il devait rougir comme un coquelicot. C'était la deuxième fois en deux jours que ce crétin de Deku le faisait rougir ! Bordel, il n'était pas une foutue collégienne, merde ! Enfin, au moins il avait réussi à calmer son nerd personnel. Ce dernier le regardait, dégoulinant d'adoration, semblant attendre la suite.
Désignant la chaise, Katsuki lui intima de s'asseoir avant de reprendre sa place, juste à temps pour l'arrivée tonitruante de Present Mic. Mais voilà, Izuku semblait décidé à le faire chier jusqu'au bout. Katsuki se retrouva avec un Deku souriant et frétillant (frétillant bordel !) glissé sous son bras droit, se frottant contre son épaule et son cou, tel un putain de chien en manque d'amour. Et évidemment, ses camarades riaient avec la discrétion d'un troupeau de hyènes hystériques.
Present Mic observa, avec un amusement non dissimulé, les deux élèves près de la fenêtre. L'air totalement désespéré du blond était absolument hilarant de son point de vue. Après tout ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait voir l'indomptable Bakugo avec une tête pareille. Patiemment, il attendit l'explosion qui ne tarda pas.
- Bordel, Deku ! Prends des notes !
Au ton colérique de la voix de Katsuki, Izuku se recroquevilla immédiatement sur sa chaise, la lèvre tremblante et les yeux humides. Il prit un stylo et commença à écrire, le nez baissé sur son cahier. Voyant la mine de chien battu de son insupportable voisin, Katsuki soupira lourdement, changea son stylo de main, le passant dans la gauche, et sans un mot il ébouriffa de la droite les cheveux verts de Deku.
Ce dernier lui lança un regard empli de reconnaissance, son sourire lumineux revenant en force. Et non ce n'était pas pour que ce putain de sourire reste en place que Katsuki garda la main dans les cheveux de son nerd tout le reste de la matinée. C'était juste la meilleure solution pour suivre les cours tranquillement et que cet abruti ne prenne pas de retard. Katsuki se jura qu'il exploserait les dents de la pouffiasse responsable de cette situation de merde dès qu'il en aurait l'occasion.
~oOo~
La sonnerie annonçant la fin des cours fut une libération pour Katsuki. A force de garder le bras levé pour caresser la tête de son voisin, il avait mal à l'épaule. Bien sûr il avait essayé de récupérer sa main, mais Izuku la lui avait systématiquement reprise pour la remettre à sa place : dans ses cheveux. Il rangea rapidement ses affaires et sortit de la classe, prenant la direction de la cafétéria. Evidemment Izuku le suivit à la trace, menaçant du regard toute personne s'approchant à moins d'un mètre de lui. Au moins, songea le blond, ce midi il n'allait pas se retrouver collé par des indésirables divers et variés.
Il finissait son repas, tout en écoutant Eijiro, Denki et Hanta babiller joyeusement, ceux-ci ayant réussi l'exploit de s'asseoir à sa table. Cela avait nécessité que Katsuki laisse Izuku se coller à lui et de nombreuses caresses sur le haut du crâne, mais ce dernier avait cessé de grogner sur les trois autres. Bref, il finissait son repas, quand soudain Izuku soupira :
- Je suis fatigué.
Puis, il s'écroula sur la table, sous le regard médusé des quatre autres.
- Putain, il nous fait quoi là ?! Oï Deku !
Katsuki secoua sans douceur son pot de colle. Celui-ci se contenta d'ouvrir un œil avant de souffler :
- Kacchan... Je suis fatigué...
- T'endors pas là, abruti ! tonna Katsuki. On doit retourner en cours !
- Pas envie de marcher... Tu me portes Kacchan ?
Denki et Hanta éclatèrent de rire, avant de partir en courant devant le regard meurtrier de leur ami blond. Ce dernier décida finalement que Deku pouvait bien se démerder tout seul. Il avait assez donné depuis la veille. Il prit ses affaires et commença à s'éloigner, laissant Eijiro, seul et désemparé, avec Izuku. Mais à peine eut-il fait quelques pas qu'il entendit une longue plainte larmoyante :
- Kacchaaaaaaaaannnnnnnnn... M'abandonne paaaaaaaas...
Tous les regards se tournèrent vers ledit Kacchan qui poussa un soupir désespéré, avant de faire demi-tour pour retourner près de son emmerdeur personnel. Il lança son sac à Eijiro qui semblait se demander quoi faire, puis il lui lança aussi celui d'Izuku.
- Tu portes les sacs, grogna-t-il.
- Kacchan, tu vas pas me laisser là, hein ? pleurnicha Izuku sans bouger de sa place, avachi sur la table, les yeux pleins de larmes.
Les sourcils froncés, et en ignorant les regards amusés posés sur lui, Katsuki saisit Izuku par le bras et le tira à lui, l'obligeant à se lever. Mais ce dernier se laissa mollement tomber dans les bras du blond qui se retint de le balancer à l'autre bout du réfectoire. Au lieu de ça, il le glissa sur le bord de la table et le souleva, non sans mal, il pesait lourd le bougre, pour l'asseoir sur ladite table.
Izuku se laissa docilement faire, n'aidant cependant absolument pas son ami. Quand Katsuki lui tourna le dos, Izuku passa ses bras autour de son cou, l'enlaçant mollement, lui soufflant à l'oreille :
- J'ai pas envie de marcher, Kacchan...
- Ça va, j'ai compris, merde ! grogna Katsuki, les nerfs à vif.
- Hey Miss Gravité ! Interpella-t-il en apercevant la demoiselle en question. Ramène toi et allège le moi ! Ce crétin m'a déjà ruiné les cuisses hier, il va pas en plus me bousiller le dos.
Ochako eut un sourire, très amusée par la situation, et s'approcha du duo. Elle posa rapidement le bout de ses doigts sur Izuku qui décolla immédiatement de la table.
- Kacchan ! s'affola-t-il en agrippant le cou de son ami d'enfance.
Mais il se retrouva brusquement collé au dos de son ami, ce dernier lui ayant agrippé les cuisses et le retenant contre lui.
- Oh ! soupira Izuku en posant sa tête sur celle de son porteur. Kacchan est tellement génial.
- Je trouve surtout que Kacchan est étonnamment patient, souffla discrètement Eijiro à Ochako en emboîtant le pas au duo, très amusé par la situation.
Pas assez discrètement, puisque ledit Kacchan l'entendit et rugit, exaspéré :
- C'est vous qui m'avez fait chier avec ce bordel de pas le brusquer sous peine d'aggraver la situation ! Je me retiens de pas lui exploser la tronche juste pour que cette merde se termine plus vite. Et là, putain il va prendre cher cet abruti ! Sérieusement, pourquoi moi ? Il m'emmerde !
Ochako et Eijiro rirent de bon cœur, rire qui s'accentua quand Shoto, qui les avait rejoint, se permit d'intervenir :
- Je crois qu'Izuku refoule beaucoup d'envies et d'émotions par rapport à toi.
- Bordel Double Face, t'as vraiment le don pour sortir des évidences d'une putain de platitude à mourir !
- Ah ? s'étonna Shoto troublé. Je pensais que tu ne l'avais pas compris.
- Me prends pas pour un débile dans ton genre ! rugit Katsuki en accélérant le pas, pressé de se débarrasser de son squatteur.
Arrivé en classe, il plaqua Izuku sur sa chaise, l'y maintenant le temps qu'Ochako annule son alter. Puis, après avoir très vaguement remercié la jeune fille, il poussa la chaise et son occupant, puis le bureau dudit occupant avant de réinstaller le sien, dans la configuration d'origine : l'un derrière l'autre, et pas l'un à côté de l'autre ou l'un sur l'autre. Izuku s'avachit sur son pupitre, papillonnant des yeux, semblant lutter contre le sommeil. Il tendit cependant la main, allant agripper le dos de la veste d'uniforme de son ami d'enfance.
Katsuki tenta de se dégager de la prise dans son dos, mais en vain.
- Attends Katsuki, s'exclama Denki en voyant le blond prêt à se retourner. Il dort...
Un très léger ronflement confirma les dires de l'adolescent électrique, provoquant des rires pas discrets du tout.
- Il va se démerder pour ses cours, bougonna Katsuki en enlevant sa veste, l'abandonnant aux mains de l'endormi.
L'après-midi aurait pu se passer tranquillement, les cours à peine dérangés par les doux ronflements d'Izuku. Mais voilà, cet après-midi il y avait entraînement héroïque. Et Aizawa-sensei, en bon prof, refusa tout net l'excuse de la paresse plus qu'évidente d'un de ses élèves pour le dispenser de cours. Bien sûr, ce fut Katsuki qui se retrouva à hisser le nerd sur son dos, ce dernier refusant toujours de faire le moindre effort et pleurant comme un chaton abandonné dès que Katsuki s'éloignait. Tenya et Shoto proposèrent bien de s'occuper d'Izuku mais ce dernier hurla comme un cochon qu'on égorge quand ils tendirent les mains vers lui. Il ne voulait que Kacchan et personne d'autre !
Katsuki dut donc le trimballer jusqu'au vestiaire, le déshabiller et le rhabiller avec sa tenue de héros, Izuku ayant la flemme de le faire lui-même, puis le porter à nouveau jusqu'au terrain d'entraînement. Aizawa-sensei, en bon sadique, décida, devant le manque flagrant de motivation de Midoriya tant pour l'entraînement que pour se décoller de Bakugo, que ce dernier ferait tout l'exercice avec son camarade sur le dos.
- A toi de t'assurer qu'il ne lui arrive rien de fâcheux, annonça platement Eraser à son élève au bord de l'implosion. Ce sera un excellent exercice.
Évidemment, ses camarades s'amusèrent beaucoup de ce handicap, et il fut leur cible privilégiée. Somnolant sur son dos, Izuku se contentait de souffler quelques "Kacchan est génial" d'un ton extatique, ce qui n'était d'aucune utilité audit Kacchan qui devait se démerder avec une seule main, Aizawa ayant refusé qu'il arrime ou allège son fardeau d'une manière ou d'une autre. Il avait donc dû maintenir ce dernier d'un bras, Izuku ne faisant absolument aucun effort pour l'aider. Et une fois l'entraînement fini, il dut ramener son koala au vestiaire, le doucher, le changer à nouveau et le ramener aux dortoirs.
Quand il se coucha ce soir-là, Katsuki était épuisé. Le dos et les bras en compote, il pria pour que cette mascarade s'arrête rapidement qu'il puisse enfin exploser les dents de cet emmerdeur qui avait le don pour le faire chier de toutes les manières possibles et imaginables. Il avait dû lui donner la becquée pour qu'il mange, le doucher, le mettre en pyjama et le border ! Et il avait dû faire un choix : donner son tee-shirt à Izuku comme doudou ou dormir avec lui. Le choix avait été vite fait et il était monté dans sa chambre torse nu. Il avait hâte que ça se termine.
~oOo~
Izuku soupira lourdement, mâchonnant sans grande conviction le bonbon gélatineux qu'il venait d'enfourner. Ce n'était pas encore ça. Depuis son réveil il avait faim, atrocement faim. Mais rien de ce qu'il avait pu avaler ne le satisfaisait. Absolument rien. Il avait pourtant mangé son petit déjeuner habituel, mais sans avoir cette sensation de bien-être qu'il lui procurait en temps normal. Au contraire, ça l'avait laissé étrangement frustré.
Dépité, il avait piqué dans les assiettes de ses camarades, qui l'avaient laissé faire amusés. Après bien des essais culinaires, il était arrivé à la conclusion que le sucré lui plaisait plus que le salé. Il avait dévalisé le distributeur avant de venir en cours, et depuis il goûtait chaque confiserie, espérant assouvir cette faim étrange. Mais en vain... Non, vraiment, il avait envie d'autre chose. Mais il ne savait pas de quoi.
Distrait, il sursauta quand un paquet de feuilles surgit devant son nez. Il cligna bêtement des yeux, fixant les pages blanches imprimées de noir qui se balançaient devant lui. Ses yeux dérivèrent vers la main qui les tenait suspendues dans les airs. Son ventre se tordit de cette faim étrange. Il se mit à saliver abondamment. Voilà, c'était ça qu'il voulait ! Ça et rien d'autre !
Sans attendre il se saisit de la main qui le tentait tant, retira les feuilles qui le gênait et enfourna l'index dans sa bouche, le suçotant avec avidité. Il ferma les yeux pour mieux savourer sa gourmandise, soupirant de bonheur au goût si particulier. Mais un truc clochait, un léger détail n'allait pas. Il retira le doigt, une légère moue boudeuse tordant sa bouche fine. Il y avait un arrière goût de savon fort déplaisant.
Il leva la tête, la main toujours prisonnière des siennes et tomba sur deux yeux largement écarquillés, les iris rubis reflétant le choc du propriétaire de la main et de l'index. Mais Izuku ne prêta nullement attention à ça. Là, juste devant lui, il y avait une bande de peau nue qui assouvirait pleinement sa faim, il le pressentait. Lâchant la main, il se pencha vers la peau si tentante et, en fermant les yeux, il la lécha sur toute la longueur, un gémissement de bonheur lui échappant. Oui, c'était exactement ça ! C'était ça qu'il voulait !
Il se retrouva brutalement au sol, sur les fesses. Surpris, il fixa Katsuki qui se tenait à l'autre bout de la classe, emprisonné dans les rubans d'Aizawa-sensei, une main tendue comme s'il allait lancer une de ses explosions dévastatrices, l'autre se tenant le cou, le visage déformé par la rage.
- Putain de pervers de merde ! Je vais t'exploser ta sale tronche Deku ! D'où tu me lèches connard ?!
Aizawa avait assisté à toute la scène comme la quasi totalité de la classe. Il avait vu Bakugo tendre la main derrière lui pour passer les feuilles à Midoriya. Il avait vu celui-ci tarder à les prendre. Et au moment où Bakugo se retournait pour, sûrement, lui dire de se bouger, Midoriya avait sucé l'index du blond comme si c'était la plus délicieuse des sucreries. Dès cet instant, Aizawa s'était préparé à devoir intervenir, soit pour éviter à Bakugo d'être violé, soit pour éviter à Midoriya de se faire trucider. C'était finalement Bakugo qui avait craqué quand le plus jeune s'était penché pour lui lécher le cou, sur toute la longueur.
- Bakugo, tais-toi ! ordonna-t-il à son élève qui vociférait des menaces de mort imminente tout en s'agitant malgré les rubans l'emprisonnant.
Ce dernier lui obéit, non sans le fusiller du regard. Sale gosse impertinent ! Aizawa relâcha ses rubans et se dirigea vers Midoriya, toujours assis par terre. Celui-ci boudait, comme un enfant.
- Midoriya, l'interpella le professeur. Pourquoi as-tu léché Bakugo ?
- J'ai faim, avoua Izuku d'une voix boudeuse.
- Je suis pas comestible bordel ! rugit le blond concerné.
- Mais tu as tellement bon goût, soupira Izuku les yeux brillants d'envie. Pas tes mains, elles ont un arrière goût de savon et j'aime pas. Ça gâche tout.
- Excuse moi d'avoir un minimum d'hygiène enfoiré !
- Mais Kacchan, tu as si bon goût au naturel, c'est nul le savon. Je me demande si tu as le même goût partout. Non, sûrement que non. C'est normal, les parties du corps où tu transpires le plus sont forcément plus fortes en goût. C'est pour ça que je voulais tes mains, mais le savon c'est vraiment pas bon. Peut-être que je pourrais lécher tes aisselles, ou tes pieds...
Aizawa retint un rire en entendant les marmonnements de son élève perdu dans ses réflexions comme souvent. Il chassa rapidement de son esprit l'image de Midoriya léchant les aisselles de Bakugo, se concentrant sur le problème présent. Si les jours précédents il avait laissé faire, voyant que Bakugo s'accommodait tant bien que mal de la situation, il ne pouvait décemment pas laisser l'un de ses élèves se faire léchouiller toute la journée par un autre, surtout contre son gré. Et il était certain que Bakugo n'accepterait jamais ça.
- Si je trouve quelque chose qui a exactement le même goût que Bakugo, cela te suffirait ? s'enquit-il auprès de son étudiant.
- Seulement si c'est vraiment le même goût, bougonna Izuku. Je veux le goût de Kacchan ! Sans savon !
- Peux-tu me décrire le goût ? insista-t-il.
- C'est le meilleur goût du monde, s'extasia Izuku, les yeux scintillant de mille étoiles.
Aizawa se tourna vers le blond, réfléchissant à une solution qui satisferait l'envie d'Izuku sans risquer de traumatiser Bakugo.
- Je lui ai déjà filé un de mes tee-shirts, grogna Katsuki. Je vais quand même pas lui filer mes chaussettes non plus à ce pervers !
- Tes chaussettes non, admis Aizawa, mais un des gants de ton costume de héros devrait faire l'affaire. S'ils n'ont pas encore été lavés par la buanderie.
Quelques minutes plus tard, Izuku suçotait avec un plaisir plus qu'évident le doigt d'un desdits gants. Par chance, la buanderie avait eu un souci de machine à laver et avait pris du retard dans le nettoyage des tenues héroïques des étudiants, et celle de Katsuki n'avait pas encore été lavée. Izuku avait longuement examiné l'accessoire, dubitatif. Ce n'est qu'après l'avoir reniflé qu'il avait fini par se laisser convaincre d'y goûter. Et pour son plus grand bonheur, le goût de Kacchan était bel et bien présent, fortement imprégné dans le tissu.
La situation résolue, Aizawa reprit son cours, gardant malgré tout un œil sur son élève victime d'un alter qui lui faisait faire des choses décidément très étranges. Quand il avait appris la scène s'étant produite au self moins de deux jours plus tôt, il avait vaguement songé que Bakugo risquait d'être une victime collatérale. Mais il n'avait pas envisagé que ce serait à ce point là. Midoriya ne jurait vraiment que par son précieux Kacchan.
Il devait admettre ceci dit, qu'il ne s'attendait pas à voir ledit Kacchan prendre autant sur lui pour ne pas aggraver la situation, se pliant plus ou moins aux lubies de son ami d'enfance. Recovery Girl avait été formelle : brusquer Midoriya risquait de déclencher des émotions négatives fortes qu'il ne saurait pas gérer dans son état. Visiblement, le moins conciliant de ses élèves avait bien compris le message et faisait tout pour ne pas brusquer son camarade. Ces deux-là avaient vraiment une relation particulière.
Toute la matinée durant Izuku suçota le gant, changeant régulièrement de doigt quand il estimait que la saveur tant désirée n'était plus assez prononcée. Ses camarades ne manquèrent pas de le taquiner à ce sujet à la moindre occasion, même s'il n'en comprenait pas la raison. Aimer le goût de Kacchan était tout à fait normal. Ledit Kacchan resta bien silencieux, un air renfrogné sur le visage, maugréant de temps en temps dans sa barbe inexistante.
Il maugréait encore à midi, assis en face d'Eijiro et d'Hanta et à côté de Denki, tout en fusillant des yeux son pervers léchouilleur qui ruinait consciencieusement son gant. C'était pas une putain de friandise, c'était un accessoire indispensable à sa tenue de héros ! Et l'autre était en train de le mâchouiller !
- C'est bizarre quand même, lâcha Denki. Je savais qu'Izuku t'aimait bien, mais à ce point là j'avoue que je m'y attendais pas.
Devant le regard surpris de son ami, il précisa :
- Si on en croit ce qu'on a vu depuis le début de cette histoire, il te considère comme le seul qui soit à sa hauteur. Il te protège comme un bon chien de garde, et réclame des caresses.
- Et est super triste si tu lui cries dessus, renchérit Hanta amusé.
- Veut aller nulle part, sauf si c'est toi qui l'emmène, pleure si tu le laisses tout seul, ajouta Eijiro.
- Et te considère comme la meilleure friandise du monde, reprit Denki. A ce niveau là, il ne te reste qu'une seule chose à faire...
Katsuki plissa les yeux en fixant son voisin. Il sentait venir la connerie. Et une grosse ! C'était Denki après tout. Ce mec avait un réel talent pour sortir les pires conneries du monde juste pour faire une bonne blague. Ledit Denki sourit de toutes ses dents avant de conclure, un début de rire dans la voix :
- L'épouser !
Et voilà, il savait qu'il allait sortir une connerie plus grosse que lui, songea Katsuki en essayant de ne pas s'étouffer avec sa gorgée d'eau avalée de travers. Ses trois potes riaient à gorge déployée, lui promettant entre deux rires qu'ils seraient ses témoins et que la robe de mariée lui irait à ravir.
- Et pourquoi c'est moi qui porterai cette foutue robe de merde ? grogna-t-il, un léger sourire aux coins des lèvres, amusé du délire de ses amis.
- Parce que c'est toi qui fait le mieux la cuisine, énuméra Eijiro en riant. Et le ménage !
- Et que tu lui cries déjà dessus comme une mégère, s'esclaffa Denki, en essuyant les larmes perlant aux coins de ses yeux.
- Et puis la robe meringue t'irait tellement bien, renchérit Hanta hilare.
- Je suis sûr que des robes roses à fanfreluches, ça vous ira super bien, mes chères demoiselles d'honneur, plaisanta Katsuki, faisant rire un peu plus ses crétins d'amis.
Mais l'ambiance se refroidit soudainement, une aura noire et meurtrière coupant court aux plaisanteries du quatuor. En tournant la tête, ils virent Izuku, visiblement furieux.
- Izuku, tenta Hanta avec un sourire hésitant. Tu vas bien ?
Le regard noir qu'il se prit le dissuada de rouvrir la bouche. Izuku se tourna vers Katsuki et le fixa sévèrement.
- Quoi ? grogna Katsuki, fatigué d'avance de la nouvelle lubie de son nerd.
- Tu fais quoi là ? demanda ledit nerd avec aigreur.
- Je mange avec mes potes, soupira Katsuki.
- Tes potes hein ?! Et moi je suis quoi ? Une plante verte ?
Le ton acide et empli de reproches fit froncer les sourcils du blond qui ne voyait pas où voulait en venir son ami d'enfance.
- Tu me fatigues Deku, souffla-t-il, agacé.
- Je te fatigue ?! Moi ?! rugit Izuku, attirant l'attention de tous sur lui, une fois encore. On se connait depuis la maternelle, on habite le même quartier, nos mères sont amies, mais tu préfères passer du temps avec ces trois crétins plutôt qu'avec moi ! Parce que je te fatigue ! C'est une putain de blague ?!
Katsuki cligna des yeux, ayant peur de comprendre ce que disait exactement Izuku.
- Tu... commença-t-il choqué. T'es jaloux ?
- Et alors ? tonna Izuku. J'en ai marre que tu passes ton temps à me snober, à m'ignorer ! Les seules fois où tu t'intéresse à moi c'est lors des entraînements. Et avec eux, tu plaisantes, tu rigoles ! Ils ont quoi de plus que moi ?!
Denki se pencha discrètement vers Eijiro et lui souffla :
- Une crise de jalousie... On va les marier avant la fin de la semaine à ce rythme.
- Prépares les faire-part, rit Eijiro sur le même ton.
Hanta pouffa discrètement, ne lâchant pas des yeux le duo près de lui. Katsuki semblait hésiter entre rire aux éclats et exploser celui qui lui faisait une crise de jalousie monstrueuse.
Inconscient de tout ça, Izuku continua sur sa lancée :
- Ils ne savent pas le quart du tiers de ce que je sais sur toi Kacchan ! Alors pourquoi tu leur fais confiance ? Tu crois qu'ils seraient toujours tes potes s'ils savaient tes petits secrets ? Secrets que JE connais ! Que j'accepte !
- Je vois pas de quoi tu parles, gronda Katsuki tout en essayant de garder son calme.
- Ah ouais, siffla Izuku d'un air mauvais. Donc ça te gêne pas si je leur dis que tu as fait pi...
La main qui s'abattit sur sa bouche le fit taire efficacement.
- Ta gueule d'accord ! cracha-t-il, debout près de son ami. Viens, on va causer ailleurs !
- Non, décréta Izuku. Je ne me tairai pas et n'irai nulle part avec toi tant que tu n'auras pas dit à ces trois glues que c'est moi qui compte le plus.
Katsuki hésita, mais en voyant le regard déterminé et blessé de son ami d'enfance, qui effectivement connaissait un certain nombre de choses gênantes à son sujet, il se tourna vers ses trois amis.
Ceux-ci le fixèrent, hilares.
- C'est Deku que je préfère, souffla Katsuki avec toute la mauvaise volonté du monde.
Puis se tournant vers ledit Deku, il grommela :
- T'es content ? C'est bon, on peut y aller, sale nerd ?
Izuku plissa les yeux, semblant hésiter, puis finalement il prit le bras de Katsuki avant de se coller à lui.
- J'aime pas quand tu rigoles avec eux et pas avec moi, dit-il d'une voix tristounette.
Le blond soupira lourdement, se disant qu'il avait décidément un karma de merde cette semaine.
- Je suis pas drôle, c'est pour ça ? reprit Izuku d'un ton tremblant.
- Mais si, t'es drôle, crétin, concéda Katsuki. Plus que Double-face ou le délégué en tout cas.
- Et je suis plus intelligent ? s'enquit le plus jeune, sa voix pleine d'espoir.
- C'est pas dur d'être plus intelligent que Pikachu et Tête d'ortie.
Tout en rassurant son emmerdeur attitré sur ses diverses qualités, Katsuki sortit du réfectoire, peu désireux de donner l'occasion à ce dernier de dévoiler ses vilains petits secrets. Non il ne tenait pas à ce que tout le monde sache qu'il avait fait pipi au lit jusqu'à trois ans, ou qu'il avait sucé son pouce jusqu'à ses cinq ans. Qu'Izuku le sache était déjà suffisamment gênant.
Et bien sûr Katsuki n'eut d'autre choix que de se coltiner son ami d'enfance tout le reste de la journée. Il dut passer son temps libre (entre deux cours et après les cours) à le rassurer sur tout et n'importe quoi, son bras prisonnier de ceux de son pot de colle vert. Quand il put enfin se coucher, non sans avoir dû rassurer Izuku une énième fois, il était épuisé. Vraiment, il avait hâte que toute cette merde se termine. Son nerd personnel, le vrai pas celui qui ne contrôlait plus ses envies, lui manquait. Et il nierait farouchement avoir pensé ça !
~oOo~
Ce matin-là, Katsuki se leva en retard. Ce fait était suffisamment rare pour être noté. Le blâme n'était nullement à incomber au réveil qui avait sonné en temps et en heure, avec sa ponctualité habituelle. Mais voilà, il s'était échiné à réveiller son propriétaire profondément endormi pendant de très longues minutes. Le vaillant réveil avait chanté encore et encore, de plus en plus fort, pendant une bonne demi-heure avant qu'enfin on lui coupe le sifflet.
Katsuki Bakugo avait peu dormi. La faute à un certain ami d'enfance victime d'un alter de merde, lancé par une pouffiasse incompétente. Durant de très longues heures d'insomnie, le jeune homme avait pensé encore et encore aux différents aspects cachés de la personnalité de son nerd qu'il avait découverts récemment. Et c'était bien là tout le problème : ce n'était absolument pas une révélation. En y réfléchissant bien, il les connaissait déjà presque tous.
Certes, en temps normal, ils étaient bien moins marqués, et il n'en était pas systématiquement la cible. Mais ces aspects là étaient déjà perceptibles par moment. Deku avait gagné en assurance depuis son entrée à Yuei, c'était principalement visible durant les entraînements ou les combats. Et même s'il ne prenait pas les autres de haut, Katsuki pouvait comprendre, qu'au fond de lui, l'ego de son ami ait gonflé un peu après avoir été choisi comme successeur à All Might. Finalement, le côté Monsieur-je-vaux-mieux-que-tout-le-monde-et-vous-n'êtes-que-des-chiures-de-mouches n'avait rien de surprenant. Agaçant, exaspérant, mais pas surprenant.
Et qu'il le considère comme le seul être digne d'intérêt n'avait, là encore, rien d'étonnant. Après tout, Katsuki avait enfin compris ce qui poussait cet abruti à le coller encore et toujours malgré toutes les crasses qu'il avait pu lui faire. Izuku le considérait comme un modèle, au même titre qu'All Might. Donc finalement, le seul à mériter son intérêt d'élu. C'était gratifiant certes, même si poussé à ce point ça le faisait juste profondément chier, mais encore une fois, il n'était pas vraiment surpris.
Tout comme l'aspect de chien garde qu'Izuku avait montré. Cet abruti avait toujours voulu protéger tout le monde. Et Katsuki avait plus d'une fois râlé sur ce fait, surtout qu'il était déjà une cible privilégiée en temps normal. L'attitude de toutou loyal, dévoué et sensible du nerd n'était finalement pas très différente de celle qu'il avait d'habitude. Katsuki avait aussi remarqué que cet abruti prenait plus à cœur les choses quand c'était lui qui les disait. Il était le seul à réussir à le transformer en pleurnichard avec quelques mots, ou à lui soutirer un sourire lumineux au moindre semblant de compliment ou de conseil. La jalousie et le besoin d'être rassuré en permanence n'étaient, finalement, que la suite logique des aspects courants de sa personnalité.
Bon, en revanche, le côté paresseux était vraiment très très bien caché. Katsuki avait eu beau se torturer les méninges et la mémoire, il n'avait pas trouvé d'instant où Deku avait pu être fainéant. Mais le côté pot de colle poussé à outrance, ça c'était connu. Après tout, il avait passé des années à repousser Deku et pourtant celui-ci ne l'avait jamais lâché.
Katsuki s'était alors penché sur les envies de léchouille de son abruti. Celles-là il ne les avait pas vues venir... pas du tout. Et il en était encore sur le cul. Depuis quand Deku voulait le lécher ainsi ? Avait-il des envies cannibales à son encontre ? Ou des envies plus... charnelles ? Il n'était pas innocent au point de ne pas faire le lien entre les deux. Mais cela le perturbait un peu, voire beaucoup. Et il ne savait pas vraiment quoi en penser. Aussi décida-t-il ne pas trop s'attarder sur ce point là.
Bref, tourmenté par toutes ses pensées, Katsuki n'avait pas fermé l'œil. Il se leva donc en retard, s'habilla en vitesse, râlant qu'il n'avait pas le temps de prendre une douche, se brossa les dents et dévala les escaliers jusqu'à la salle commune. Il n'avait pas le temps de prendre un petit déjeuner, mais espérait pouvoir piquer un petit quelque chose à grignoter sur le chemin.
Arrivant en trombe dans le réfectoire, il se saisit rapidement d'un petit pain au melon et s'empressa de mettre ses chaussures avant de sortir du bâtiment. Il vit, à quelques mètres devant lui, quelques-uns de ses camarades et il accéléra le pas pour les rattraper, puis les dépasser. Au moins, il ne serait pas le dernier à arriver en classe. Il aperçut, un peu plus loin, Eijiro, Denki et Hanta et se hâta de les rejoindre.
Il arrivait à leur hauteur quand deux bras l'enlacèrent par derrière, une voix suave soufflant à son oreille :
- Kacchan...
Avec un soupir désabusé, Katsuki voulut se retourner pour faire face à son emmerdeur attitré, mais il se figea net quand les mains dudit emmerdeur se glissèrent sous sa chemise, allant caresser ses abdominaux.
- Tu m'as manqué cette nuit, souffla Izuku en se collant un peu plus au dos de son ami d'enfance.
Ses mains naviguèrent sur le torse de ce dernier, profitant éhontément du fait que le blond n'avait pas pris le temps de rentrer le vêtement blanc dans son pantalon.
Izuku alla mordiller doucement le cou pâle, remontant jusqu'à l'oreille, en grande partie dissimulée sous une masse de cheveux, pour en léchouiller le lobe. Il eut un sourire carnassier en voyant les rougeurs s'étaler à vitesse grand V sur les pommettes de son si précieux Kacchan. Il le trouvait tellement mignon quand il rougissait. Une de ses mains descendit, de manière totalement impudique, jusqu'à la ceinture du pantalon.
Immobile, Katsuki subissait les attouchements, incapable de bouger ne serait-ce qu'un orteil. Sûrement à cause de la surprise et de la fatigue. Il frissonna violemment en sentant des dents sur son cou dénudé et un truc humide sur son oreille. Il se sentit rougir. Il se passait quoi là ? Qu'est-ce que cet abruti de Deku était en train de faire ? Et pourquoi il ne bougeait pas bordel ?
Puis tout s'arrêta. Brusquement.
Figé sur place, les yeux écarquillés, les joues rouges écrevisses, Katsuki vit Eijiro se placer à ses côtés, son alter enclenché. Doucement, il se retourna pour voir Deku enroulé dans le scotch d'Hanta, se débattant contre ses entraves et les bras de Shoto et Denki qui tentaient de l'immobiliser. Il croisa le regard d'Izuku et frissonna. Deku le dévorait littéralement des yeux. Bordel, c'était quoi encore cette merde ?!
- Katsuki, l'interpella Eijiro. Casse-toi !
- Hein ? répondit le jeune homme avec une intelligence remarquable.
- Il va te violer, là, expliqua Eijiro. Et on le retiendra pas pendant des plombes. Alors casse-toi vite !
Encore sous le choc, il observa la scène devant lui, son ami d'enfance se débattant pour se libérer, et ses camarades se démenant pour le retenir. Deku ? Le violer ? L'idée lui semblait totalement hallucinante. Même si Deku avait ce type d'envie à son encontre, il n'arrivait pas à imaginer qu'il ferait quoique ce soit contre sa volonté. Si Deku avait ce genre de désir, il voudrait sûrement que ce désir soit partagé, et non imposé. Non ?
En voyant les éclairs verts parcourir la peau de son nerd personnel, il se secoua finalement. Il devait faire quelque chose avant que ça finisse mal pour l'un des protagonistes.
- Lâchez-le, dit-il d'un ton décidé.
- Quoi ? Mais Katsuki ! protesta Denki.
- Ça va aller, je vais gérer, assura Katsuki. Lâchez le.
Après un échange de regards, les adolescents relâchèrent leur ami. Ce dernier se précipita immédiatement vers Katsuki, passant ses bras autour de sa taille pour aller poser ses mains directement sur les fesses du blond. Ce dernier ne bougea pas, fixant son ami d'enfance d'un air sévère. Il prit les poignets de celui-ci et écarta les mains baladeuses de son postérieur.
- Tu veux coucher avec moi Deku ?
La question était directe, posée d'un ton calme, calme surprenant pour le jeune homme explosif, qui rougissait légèrement, gêné au-delà des mots bien qu'il essaye de le cacher.
- Oh oui, Kacchan, répondit Izuku avec un sourire gourmand, se rapprochant un peu plus de lui. Si tu savais tout ce que je veux te faire...
Katsuki fronça un peu plus les sourcils, ses mains se resserrant sur les poignets de son nerd pervers. Puis, son ton toujours aussi calme et posé, il demanda :
- Et si moi je veux pas, tu me forcerais ?
Izuku perdit son sourire, fixant d'un air surpris le blond si près de lui. Voyant le regard froid de ce dernier, il recula doucement mettant un peu de distance entre leurs corps. Katsuki lâcha les poignets qu'il tenait toujours, retenant un soupir de soulagement. Il avait eu raison de faire confiance à Deku.
- Non, souffla Izuku. Bien sûr que non, Kacchan.
La réponse confirma ce que le blond pensait et le rassura sur le respect de son intégrité physique. Maintenant il fallait juste rester calme et trouver une solution pour éviter que ça parte en couilles.
- Alors évite de me tripoter comme tu l'as fait tout à l'heure, finit-il par dire, toujours calmement. J'aime pas ça.
Une moue déçue tordit les traits d'Izuku qui souffla timidement :
- Je peux quand même te faire un câlin ?
Katsuki hésita, avant de se souvenir du gant et du tee-shirt qu'il avait dû sacrifier pour éviter de servir de friandise ou de doudou. Une petite concession pouvait lui assurer plusieurs heures de tranquillité.
Sans un mot il écarta les bras, laissant son nerd trop affectueux s'y nicher.
- Garde tes mains sur mes fringues et pas sur mon cul, grogna-t-il en l'enlaçant.
- Hm.
Tout en laissant cet idiot le câliner, Katsuki fusilla des yeux Denki qui pouffait, appuyé sur Hanta tout aussi hilare. Il n'avait pas fini de se faire chambrer par ses abrutis de potes.
- On va finir par être en retard, intervint Shoto, mettant fin au câlin entre les deux rivaux/amis.
Katsuki relâcha Izuku, et reprit le chemin de la salle de classe, inconscient du regard lubrique que ce dernier posait sur lui. Mais les autres le remarquèrent et échangèrent des sourires entendus.
Même s'ils étaient tous amusés par l'attitude d'Izuku, ils avaient cependant eu très peur au début. Voir ce dernier tripoter sans vergogne un Katsuki figé par le choc leur avait donné des sueurs froides. Ils étaient donc intervenus, peu désireux de laisser un de leur camarade se faire violer. La réaction du blond les avait surpris, et ils s'étaient tenus prêts à intervenir à nouveau au moindre signe de dérapage. Mais finalement, la situation avait été gérée sans drame.
Izuku ne quitta pas Katsuki des yeux de toute la matinée, le dévorant littéralement du regard pour le plus grand amusement du reste de la classe, informée de l'incident survenu plus tôt. Katsuki ignora avec soin le regard de son ami d'enfance et les ricanements peu discrets de ses camarades. Tant qu'il se contentait de le regarder, ça lui allait. Mais plus de mains baladeuses !
Il n'avait jamais aimé les contacts physiques et était très mal à l'aise avec les marques de tendresse. Donc tant qu'Izuku ne s'amusait pas à le tripoter, il pourrait gérer. Même s'il devait admettre que le fait que Deku le touche lui posait moins de soucis que quand c'était quelqu'un d'autre. Sûrement parce qu'il le connaissait depuis longtemps et qu'il lui faisait totalement confiance. Éventuellement, il pourrait accepter de lui refaire un câlin, uniquement en cas de force majeure.
La pause de dix heures arriva et Katsuki resta à sa place. Quelques-uns de ses camarades se levèrent et vaquèrent à diverses occupations. Denki alla aux toilettes, comme souvent à cette heure-là. Il chantonna gaiement en soulageant sa vessie, puis se lava les mains, se jetant un regard appréciateur dans le miroir. Il se recoiffa et se fit un clin d'œil. Il allait sortir quand un gémissement suspect attira son attention.
Jetant un regard dans la pièce, il ne vit personne. Pourtant un soupir fortement prononcé lui confirma qu'il n'était pas si seul que ça. Curieux, il s'avança discrètement vers les cabines, un peu en retrait des urinoirs. Arrivé là, d'autres bruits très évocateurs, se firent entendre. Un sourire malicieux étira ses lèvres et il se fit plus discret, bien décidé à découvrir lequel de ses camarades se faisait un petit plaisir manuel entre les cours.
- Ah…
Le sourire Denki s'agrandit, ayant confirmation que quelqu'un était en train de se faire du bien, beaucoup de bien, dans l'une des cabines. Il se pencha discrètement cherchant à voir, sous les portes fermées, une paire de pieds. Il la trouva rapidement et son sourire se figea un bref instant avant de revenir en force. Il connaissait ces chaussures rouges et surtout leur propriétaire.
Il se redressa et hésita sur la marche à suivre. Devait-il surgir brusquement dans la cabine pour lui faire peur ? L'idée de ce qu'il pourrait voir lui fit rapidement écarter l'idée. Non, il ne tenait pas à voir ce qu'Izuku faisait exactement. L'attendre pour le chambrer quand il sortirait ? Oui, ça pourrait être drôle. Ou... Un sourire machiavélique éclaira son visage. Il avait trouvé mieux.
Quelques minutes plus tard, il surgit dans la classe, totalement hilare. Il se précipita immédiatement vers Katsuki qui écoutait Eijiro blablater.
- Katsuki ! s'exclama-t-il. Regarde ça !
Puis, il lui mit son téléphone sous le nez et lança la vidéo. Sur la vidéo on voyait la porte de la cabine des toilettes, et les chaussures rouges parfaitement identifiables.
- Qu'est-ce que tu veux que... commença Katsuki avant de s'interrompre brusquement.
Un gémissement indécent venait de sortir du téléphone. Un gémissement qui provoqua des rougeurs soutenues sur les joues de beaucoup des élèves présents dans la salle.
- Kacchaaaaaannn... hmmm...
Denki éclata de rire en voyant ledit Kacchan rougir, puis blêmir, puis rougir à nouveau, ses yeux exorbités fixant l'écran affichant toujours la même image.
La porte de la salle de classe s'ouvrit et Izuku entra au moment où un "Oh putain oui ! Kacchan !" résonnait depuis le téléphone. Tous le fixèrent, tous ayant une teinte proche de l'écrevisse bien cuite, certains plus gênés que d'autres qui étaient plus hilares qu'autre chose. Katsuki fit naviguer son regard du téléphone à son ami d'enfance, incrédule, choqué et aussi rouge que les autres.
Izuku eut un sourire lubrique et se rapprocha de Katsuki qui buggait. Sans un mot, il prit le téléphone des mains de Denki et arrêta la vidéo, interrompant un "Si bon... Kaa" très évocateur. Son rictus toujours en place, il caressa du bout des doigts le visage écarlate de son fantasme blond et souffla, ses lèvres à quelques millimètres de sa joue :
- J'aurais adoré que tu me rejoignes, Kacchan...
Ce fut le geste, les mots de trop. Katsuki explosa. Littéralement. Izuku vola à travers la pièce, le bruit d'une puissante déflagration accompagnant son vol plané.
- Me touche pas, pervers ! rugit Katsuki hors de lui.
- Pervers... souffla Izuku d'une voix ne présageant rien de bon, en se relevant du sol où il avait atterrit brutalement. Juste parce que je fantasme un peu sur toi ? C'est un peu fort non ?
Izuku releva la tête et plongea son regard émeraude dans celui rubis du blond. Leurs camarades eurent des sueurs froides en voyant toute l'animosité présente dans les prunelles du plus jeune. Katsuki se maudit mille fois en voyant son ami d'enfance se redresser. Il avait pris sur lui toute la semaine pour éviter ça. Et là, juste parce qu'il avait perdu son sang froid, pour une connerie, il avait déclenché ce qu'il voulait à tout prix éviter.
Face à lui, Izuku l'assassinait du regard.
- Mais tu sais pas faire autrement hein, Kacchan ? Taper fort, vite et là où ça fait bien mal. C'est ta spécialité hein ?
Le ton était dur, grondant d'une colère froide et meurtrière. Katsuki recula d'un pas, jetant un coup d'œil rapide autour de lui. Il devait éloigner Izuku des autres. Et vite.
Izuku s'avança lentement, ne le quittant pas des yeux, des éclairs verts parcourant son corps. Sa puissance était écrasante, terrifiante.
- L'extraordinaire Katsuki Bakugo ne peut pas s'abaisser au niveau du commun des mortels, hein, cracha Izuku. Surtout des sous-merdes comme moi ! Mais les choses ont changé, Kacchan. C'est toi qui va me servir de punching ball maintenant !
Et Izuku s'élança, poing en avant. Katsuki esquiva le coup en se propulsant à travers une fenêtre ouverte, à l'aide d'une explosion. Juste avant de s'éloigner rapidement, espérant que son opposant le suivrait, il hurla :
- Prévenez Aizawa-sensei ! Et ne nous suivez pas !
Puis s'adressant à Izuku, il rugit :
- Ramène toi, sale nerd ! Je vais te défoncer !
Son rival ne se fit pas prier, et poursuivit le blond qui se propulsait dans les airs, se dirigeant vers le toit du bâtiment le plus proche. Il s'y posa, satisfait d'avoir isolé cet abruti. Au moins il n'y aurait pas de blessés supplémentaires. Parce qu'il ne se faisait pas d'illusion : il allait prendre cher. Et c'était entièrement sa faute. Mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir, Izuku se jetant sur lui avec force.
Dans la salle de classe, la stupeur laissa place à la panique. Ilda piqua un sprint pour prévenir Aizawa-sensei de ce qui était en train de se produire. Les autres sortirent rapidement à sa suite, courant vers le bâtiment sur le toit duquel leurs amis se battaient. Depuis le sol, ils voyaient les éclairs verts typiques d'Izuku, ils entendaient les explosions caractéristiques de Katsuki, et les cris des deux adversaires.
Aizawa-sensei arriva, accompagné d'All Might et de Present Mic. Tous trois ordonnèrent aux étudiants de rester en bas, et grimpèrent quatre à quatre les étages menant au toit. Tenya revint quelques minutes plus tard, Recovery Girl sur le dos. La vieille femme soupira lourdement, marmonnant qu'elle avait prévenu qu'il ne fallait pas brusquer son patient sous peine que ça finisse mal.
Sur le toit, Katsuki encaissait les coups de son ami d'enfance, incapable de tous les esquiver. Izuku était foutrement rapide. Il aurait pu essayer de rendre les coups, mais il avait déjà merdé, autant éviter d'aggraver la situation.
- T'es qu'un connard, hurla son nerd fou de rage. Je vais te faire payer tous tes coups, tes moqueries. C'est toi la sous-merde maintenant, Kacchan !
Les coups s'enchaînaient, rapides et puissants. Un coup de pied dans le ventre. Katsuki se plia en deux. Un autre dans le dos. Katsuki trébucha vers l'avant. Un poing sur son bras. Un vol plané. Une rencontre brutale avec un mur. Katsuki se releva péniblement, la tête douloureuse. Un coup en plein visage. Un étourdissement trop important. Katsuki vacilla. Recula d'un pas. Sa vue se brouilla. Son pied ne rencontra que du vide. Il perdit connaissance. Et tomba du toit.
Les trois professeurs arrivèrent sur le toit à l'instant où le corps du blond basculait dans le vide. Trop loin... Ils n'arriveraient jamais à le rattraper. Une clameur monta du sol. Les élèves voyaient leur ami tomber. Faisant confiance à ses élèves pour rattraper Bakugo, Aizawa se retourna vers Izuku, prêt à l'intercepter. Il le vit se métamorphoser. Toute trace de rage disparut. Ses yeux émeraudes s'agrandirent brusquement. Et un hurlement désespéré couvrit tous les autres bruits :
- Kacchaaaaaaaannnnnnnnn !
~oOo~
Katsuki papillonna des yeux, tombant sur un plafond blanc. L'infirmerie. Son combat contre cet abruti de Deku lui revint en mémoire et il grimaça. Il se souvenait vaguement être tombé dans le vide, juste avant de sombrer dans l'inconscience. Merde. Cet abruti ne l'avait pas raté. Certes il avait plus cherché à se protéger qu'à se défendre, mais quand même. Il avait salement morflé. Deku était devenu sacrément puissant.
Il se passa une main lasse sur le visage, soupirant lourdement. C'était sa faute bordel. Tout ça parce que Pikachu, jamais le dernier pour faire des conneries, lui avait mis sous le nez la preuve que son ami d'enfance avait bel et bien des envies lubriques à son égard. Bordel, ils avaient seize ans, c'était carrément normal d'être facilement excités à leur âge. Et de se taper une bonne branlette de temps en temps aussi.
Et être le sujet des fantasmes d'Izuku n'aurait pas dû le déstabiliser à ce point. Surtout après avoir subi ses léchouilles et son tripotage le matin même. Mais voilà, mis devant le fait accompli, il en avait perdu tous ses moyens. Quand Deku lui avait parlé, l'avait touché, il avait pété un plomb, infoutu de gérer ça. Et ce qu'il voulait tant éviter était arrivé. Deku avait mal réagi, très mal. Il finissait donc à l'infirmerie après s'être fait salement amoché par son nerd personnel.
Ouais, il s'était contrôlé tous les jours précédents, supportant les humeurs capricieuses de son ami d'enfance. Il savait bien que sous ses grands sourires et sa gentillesse à toute épreuve, Izuku ne lui avait pas pardonné tout ce qu'il lui avait fait subir avant Yuei. Et lui ne s'était jamais excusé. Foutue fierté de merde ! Alors, oui s'il avait pris autant sur lui, c'était pour éviter que ces émotions là ne ressortent. Et il avait tout fichu en l'air en deux secondes, pour une bête histoire de pudeur mal placée.
Il n'était pourtant pas le premier à lui faire des avances, même aussi tactiles. Katsuki savait qu'il avait un certain succès auprès des filles. Il s'en moquait royalement et ne comprenait pas pourquoi, mais les faits étaient là. A chaque Saint Valentin il se retrouvait avec son lot de lettres enflammées et de chocolats. Il ne lisait jamais les lettres, les jetant dans la première poubelle qu'il trouvait, et donnait les chocolats à ses potes ou ses parents qui, eux, étaient ravis.
Et ça c'était sans compter les quelques courageuses qui venaient lui demander de sortir avec elles. Il disait toujours non. Mais certaines insistaient lourdement, posant leurs sales pattes pleines de doigts sur lui, ce qu'il détestait. Il n'en avait rien à faire de ces filles qu'il ne connaissait pas. Pour certaines, il ne les avait même jamais remarquées. Et bordel, d'où elles se permettaient de le tripoter ! Le consentement semblait être une notion très abstraite pour ces pouffes. Et puis merde, il avait mieux à faire que de perdre du temps avec ces conneries. Il devait s'entraîner, faire ses devoirs, s'entraîner, et encore s'entraîner. Il devait devenir le numéro un.
S'il voulait se détendre et se changer les idées, il avait ses potes pour ça. Pas besoin d'une glue pendue du matin au soir à ses basques en lui réclamant de l'attention. Il avait déjà Deku pour ça, songea-t-il, un peu amusé malgré lui. Deku qui, visiblement, fantasmait sur lui. Pourquoi ? Ça, il n'en savait rien... Il ne comprenait pas cet abruti. L'idée était gênante, comme si... Ouais il n'était vraiment pas doué pour gérer ce genre de truc.
Et qu'Izuku, entre tous, puisse le voir comme ça, clairement il pouvait pas gérer ça en quelques heures. Il avait besoin de temps pour y réfléchir, pour ne pas faire ou dire des trucs qu'il regretterait. Il s'était promis, bien avant cette histoire, de ne plus lui faire de mal. Alors il avait encaissé les coups, la colère, la rancune parfaitement justifiée de son ami d'enfance, essayant juste de gagner du temps pour qu'Aizawa-sensei intervienne.
La porte s'ouvrit, le sortant de ses pensées. Il se redressa sur le lit, saluant d'un signe de tête son professeur.
- Comment vas-tu ? demanda ce dernier en s'asseyant sur la chaise près du lit.
- Ça va, grogna Katsuki. Et Deku ?
- Aucune blessure, répondit platement Aizawa. Recovery-girl est en train de l'examiner. Il semblerait que l'alter dont il était victime ait fini d'agir.
Katsuki soupira de soulagement. Enfin cette merde était finie.
- Comment... commença Katsuki avant de s'interrompre, ne sachant trop comment formuler sa question.
- On est arrivé sur le toit au moment où tu en tombais, l'éclaira son professeur. Tes camarades t'ont vu tomber et t'ont rattrapé avant que tu touches le sol. Pourquoi tu ne t'es pas défendu ?
- Il n'était pas lui-même, grimaça Katsuki. Il est vraiment redevenu comme avant ?
- Au moment même où tu es tombé, assura Aizawa. Je crois que toute la ville l'a entendu hurler. On a même dû l'empêcher de sauter du toit pour te rattraper.
Le silence s'étira dans la pièce. Katsuki fixait ses mains posées sur le drap qui le couvrait sans vraiment les voir. Aizawa observait son élève, se demandant ce qu'il pouvait bien se tramer dans cette tête blonde. Il avait toujours été le plus difficile à décrypter, cachant merveilleusement bien ses émotions.
- Je sais que ces derniers jours n'ont pas été faciles pour toi, finit-il par dire. Mais je pense que tu es assez intelligent pour ne pas lui en vouloir.
- Je lui en veux pas, confirma Katsuki en secouant la tête. J'en veux à cette pouffe et son alter de merde.
- Elle a déjà été punie, l'informa Eraser. Inutile que tu la punisses davantage.
Aizawa se leva finalement. Il commença à se diriger vers la porte, mais s'arrêta en entendant la voix de son élève :
- Deku... Il se souvient de tout ?
- Oui, confirma Aizawa. Il semblerait que durant toute cette période il ne voyait pas ce qu'il faisait d'inhabituel. Mais il se souvient de tout ce qu'il a fait, dit etc... Le moment où il a pris conscience de ses actes était... amusant. Je n'aurais jamais cru qu'on pouvait rougir à ce point, ni réussir à bégayer en hyperventilant.
L'adulte et l'adolescent échangèrent un regard complice. Katsuki visualisait parfaitement la scène et Aizawa le savait. Juste avant de sortir, le plus vieux posa une dernière question :
- Il voudrait te voir. Je lui dis quoi ?
- Qu'il se ramène si ça lui fait plaisir, soupira Katsuki. De toute façon si c'est pas maintenant, ce sera plus tard. Autant en finir le plus vite possible.
Aizawa hocha la tête et quitta la chambre, abandonnant son étudiant.
Il ne resta pas seul très longtemps, Recovery Girl venant l'examiner et lui ordonner de rester se reposer jusqu'au soir, pour se remettre de ses émotions. Katsuki ne dit rien, mais râla intérieurement. Il allait bien, il ne voyait pas pourquoi il ne pourrait pas retourner en cours cet après-midi. Ses émotions allaient très bien aussi merci bien ! Puis, Eijiro, Denki et Hanta débarquèrent, lui racontant en long, en large et en travers son sauvetage héroïque.
Aucun d'eux n'évoqua les propos d'Izuku dans la classe, juste au début de ce bordel. Katsuki leur en fut reconnaissant. Il ne tenait pas particulièrement à s'expliquer sur ce sujet. Ça ne concernait que Deku et lui. Ils le laissèrent finalement, devant retourner en cours pour l'après-midi. Ils lui promirent de tout prendre en notes pour qu'il puisse rattraper son retard. Ils rirent de bon cœur quand le blond leur cracha qu'ils avaient intérêt à écrire correctement et pas avec leurs pattes de mouches habituelles.
Puis, timidement, son dernier visiteur entra. En silence, Katsuki observa Izuku. Ce dernier le fixait, gêné, agitant nerveusement ses doigts.
- Kacchan, souffla finalement Izuku. Tu vas bien ?
- Ouais, grogna Katsuki. Ça me fait juste chier de devoir rester là cet après-midi. Et toi ?
- Ça va...
Izuku ne savait visiblement pas où se mettre, son regard naviguant de la porte à la chaise posée près du lit. Cela agaça Katsuki qui cracha :
- J'vais pas te bouffer merde ! Pose ton cul bordel !
Prestement, Izuku s'assit sur la chaise, n'osant cependant toujours pas regarder son ami d'enfance.
Il se souvenait parfaitement de ce qu'il avait fait ces derniers jours. Il s'était assis sur ses genoux. Il lui avait réclamé des caresses. Il l'avait obligé à le porter toute une après-midi. Il l'avait collé comme jamais. Il lui avait fait une crise de jalousie. Il lui avait sucé l'index, léché le cou et l'avait tripoté ! Pire encore, il s'était masturbé dans les toilettes en pensant à lui... et Katsuki le savait ! Il l'avait entendu ! Et pour finir, il l'avait frappé... Jusqu'à le faire sombrer dans l'inconscience et le faire tomber du toit. Et Katsuki ne lui avait rendu aucun de ses coups.
Il se souvenait de l'horreur absolue qu'il avait ressentie en voyant le blond chuter dans le vide, inconscient. Il n'avait jamais voulu ça. Il n'avait jamais voulu tuer Katsuki. Jamais. Et pourtant... Sans l'intervention de ses camarades, la chute aurait pu lui être fatale. Il s'était précipité sur le bord du toit, prêt à s'y jeter à la suite de son ami pour le rattraper. Il n'avait jamais voulu ça. Jamais.
- Je suis désolé.
Izuku releva brusquement la tête en entendant ces mots. Il tomba sur le visage étonnamment calme de Katsuki.
- Kacchan ? s'étonna-t-il. C'est moi qui...
- Et ça ne serait jamais arrivé si j'avais pas été un putain de connard avec toi avant, gronda Katsuki ses sourcils à nouveau froncés. Et si je n'avais pas pété un plomb dans la classe.
Izuku se sentit rougir jusqu'aux oreilles et marmonna :
- Je t'ai pardonné depuis longtemps Kacchan. Je sais que tu as changé, tout comme moi.
Devant le regard dubitatif du blond, il s'empressa d'ajouter :
- On s'est déjà expliqué tous les deux, je te jure que je t'ai pardonné depuis longtemps. Je ne voulais pas te faire du mal comme ça...
Puis d'une toute petite voix, il avoua :
- J'ai eu si peur quand tu...
- Ça va, j'ai rien, le coupa Katsuki. Tu te souviens vraiment de tout ?
Le rougissement sur les joues du plus jeune fut une réponse en soi, ses bégaiements aussi.
- Je... oh mon Dieu... Kacchan... Désolé... comprendrais... plus me voir...
Katsuki leva les yeux au ciel et interrompit les marmonnements de son nerd personnel.
- La ferme Deku !
Ce dernier se tut et posa un regard inquiet sur le blond.
- Si on résume ce bordel, tu voudrais pouvoir passer plus de temps avec moi, et qu'on soit plus proche, souffla ce dernier en lui demandant muettement de confirmer.
Le plus jeune hocha doucement la tête, sans mot dire. Il se demandait où Katsuki voulait en venir. Sûrement l'envoyer paître. Son cœur se serra à cette pensée. Mais il respecterait les choix de son ami, comme toujours. S'il ne voulait plus avoir affaire à lui, il l'accepterait. Même si ça lui brisait le cœur. Katsuki avait toujours été une part importante de sa vie. Et depuis quelques temps, ils s'entraînaient ensemble, passaient plus de temps ensemble, pour sa plus grande joie. Si Katsuki ne voulait rien de plus, il ne s'imposerait pas.
Le blond fixa son visiteur, pensif. Depuis leur entrée à Yuei, et particulièrement depuis leur combat nocturne, ils s'étaient rapprochés tous les deux. Visiblement cet abruti de Deku voulait plus que simplement s'entraîner ensemble. Katsuki repensa à ces derniers jours. Avoir son nerd personnel collé à lui à longueur de journée n'avait pas été si insupportable que ça. Peut-être pouvaient-ils effectivement être plus que de simples camarades s'entraînant ensemble. Il verrait bien où ça les mènerait. De toute façon, à l'heure actuelle, il ne pouvait pas proposer mieux que ça.
- Si tu veux, on pourra se faire des trucs ensemble, dit-il finalement sortant Izuku de ses pensées. Des trucs autres que des entraînements.
Devant l'air incrédule de son emmerdeur attitré, Katsuki ajouta :
- Avec les trois débiles on a prévu de se faire un ciné vendredi soir. Tu peux venir avec nous, si ça te dit.
Le sourire lumineux d'Izuku illumina la pièce, éblouissant Katsuki, qui ne put s'empêcher de comparer son ami d'enfance à un brave toutou à qui son maître offre une friandise.
- Ce sera avec plaisir, Kacchan ! s'exclama ce dernier. Quel film ?
- Une comédie d'action, soupira Katsuki, blasé. C'est Pikachu qui a choisi, j'ai pas retenu le titre. Il a pas trop mauvais goût en cinéma donc bon... ça devrait pas être si nul que ça.
Izuku rit doucement, posant un regard pétillant de bonheur sur son ami.
- Merci Kacchan.
- C'est juste un foutu ciné entre potes, bougonna ledit Kacchan.
- Non, souffla Izuku, plus sérieux. Merci pour ces derniers jours. Je sais que j'ai été difficile à supporter et pourtant tu as été super patient avec moi. Alors merci...
- Tsss... T'étais pas toi-même, rétorqua Katsuki avec agacement. J'avais juste hâte que tu reviennes à la normale. T'es déjà chiant d'habitude mais là, putain, t'étais foutrement casse-couilles !
Izuku éclata de rire, admettant à voix haute que Katsuki avait raison. Ils discutèrent tranquillement, se taquinant mutuellement, plus complices qu'ils ne l'avaient été depuis des années.
Quand Recovery Girl entra dans la chambre pour les renvoyer dans leurs dortoirs, elle les trouva hilares, riant visiblement d'une bonne blague. De ce qu'elle comprit il était question de robe de mariée et de demoiselles d'honneur. Elle sourit en songeant que cette histoire avait finalement rapproché les deux élèves les plus problématiques de la seconde A. Son sourire s'agrandit quand elle les vit quitter la chambre, en se disputant gentiment. Elle ne comprit pas ce qu'Izuku dit, mais elle le vit partir en courant, riant de bon cœur, poursuivi par un Katsuki furax qui hurla :
- Putain, tu m'emmerdes, sale nerd !
Fin.
Commentaires des auteures :
Et voilà, une nouvelle petite histoire. Un truc léger, sans prétention. On espère que ça vous a plu.
Bureau des plaintes et personnages martyrisés :
Les deux auteures sont tellement concentrées sur leurs écrans qu'elles n'entendent pas le vacarme dans leurs dos, jusqu'à ce qu'elles se fassent brutalement bousculer. Se retournant, furieuses, prêtes à invectiver le responsable de ce bousculage, elles se figent net en voyant ce qu'elles ont sous les yeux.
Les mains ligotées par du scotch, Katsuki fusille des yeux ses potes hilares, engoncé dans une magnifique robe de mariée meringue pleines de fanfreluches. L'absence de cris s'explique par le large morceau de scotch collé sur sa bouche.
Près de lui, vêtu d'un costume de chien, Izuku a subi le même traitement : mains ligotées et bâillon. Un collier en cuir orne son cou et une jolie laisse rose à paillettes va du collier aux mains de Katsuki.
- Vous faites quoi là ? demande finalement Yzan aux énergumènes responsables de la scène.
- On les marie, explique Denki avec un grand sourire.
- Pourquoi Izuku a un costume de chien ? Kitty-chan est zoophile ? s'enquiert Lili, soucieuse.
- Non, pas du tout, proteste Eijiro. C'est juste pour aller avec son côté "gentil chien chien à son pépère."
- Et qui doit officier ? demandent en chœur les deux autrices.
- Moi, intervient Aizawa-sensei depuis son sac de couchage.
- Ok, tous nos vœux de bonheur aux mariés ! s'exclament les deux auteures avec un grand sourire, avant de retourner à leur occupation précédente.
Tout sourire Hanta se tourne vers les lecteurs :
- Alors ? Vous pensez qu'ils survivront à leur mariage ? Une petite review pour le dire ?
