Titre : Saint Valentin.

Disclaimer : Les personnages et l'univers de My Hero Academia ne nous appartiennent pas, ils sont la propriété pleine et entière de Kõhei Horikoshi.

Pairing : Aucun.

Genre : OS / Friendship / Humour.

Résumé : La Saint Valentin, moment parfait pour déclarer son amour. Certains l'attendent avec espoir, d'autres avec angoisse. Katsuki, lui, ne l'attend pas... En fait, il avait même totalement oublié ce jour.

Note des auteures : Une petite idée toute simple, et sans prétention.

Bonne Lecture,

Yzan & Lili.


~ La Saint Valentin.~

Ce matin-là, Katsuki fit sa routine habituelle. Levé à six heures, il courut dans les bois près du dortoir pendant une demi-heure avant de faire quelques exercices. Pompes, abdominaux, tractions, pendu à la branche d'un arbre, et divers exercices de musculations. Il finit, comme toujours, son rituel matinal par quelques étirements avant de rentrer prendre une bonne douche, un solide petit -déjeuner et se préparer à aller en cours.

S'il nota, avec une certaine indifférence, l'agitation plus matinale qu'habituellement de certains de ses camarades, il ne s'en formalisa nullement. Après tout, si ceux-ci s'étaient enfin rendu compte qu'il leur fallait un peu plus de cinq minutes pour se préparer et ne pas être en retard en cours, c'était plutôt une bonne chose. Il ne prêta donc aucune attention aux discussions autour de la table du petit-déjeuner, préférant revoir ses leçons dans sa tête, comme chaque matin.

Ce fut sur la route menant au bâtiment où se tenaient les cours, que Katsuki commença à s'inquiéter un peu. En effet, ses camarades ne semblaient pas les seuls à être particulièrement enthousiastes ce matin. Tous les élèves qu'il croisa avaient un comportement étrange. Certains sautillaient, un air béat et impatient sur le visage, d'autres se tordaient les mains d'angoisse, et d'autres, encore, chuchotaient frénétiquement entre eux.

Katsuki fronça les sourcils, se demandant ce qu'il se passait aujourd'hui. Habituellement, les mines de ses comparses à cette heure-ci étaient tirées, fatiguées, encore mal réveillées, du moins pour la plupart. Se serait-il passé quelque chose qu'il ignorait ? Jetant un coup d'œil discret autour de lui, Katsuki repéra celui qui lui donnerait la réponse à sa question, sans même qu'il le lui demande : Denki Kaminari, commère en chef.

Ralentissant subrepticement l'allure, Katsuki laissa Denki, Eijiro et Mineta le rattraper, tout en faisant semblant de rien. Les trois garçons discutaient avec entrain, et Katsuki tendit discrètement l'oreille pour capter leurs échanges.

- J'ai bon espoir, assura Mineta avec un sourire légèrement arrogant. Après tout, je suis en filière héroïque !

- Tu crois que ça suffira ? demanda Denki dubitatif.

- Evidemment, assena le petit apprenti héros. Elles vont toutes être à mes pieds ! Je vais crouler sous les déclarations !

- Moi, j'espère que j'aurai des chocolats, soupira Denki. J'adore le chocolat.

A l'entente de cet échange, Katsuki sentit une sueur froide couler sur son dos. Non ? Pas déjà ? Si ? Putain, ça pouvait pas déjà être ce foutu jour de merde ?!

- Et toi, Eijiro ? s'exclama Denki, inconscient de l'éclat de peur luisant dans les yeux de Katsuki.

- Oh moi, tu sais, rit Eijiro. Je n'attends rien, et ne prévoit rien non plus.

- Je suis sûr que toi aussi tu vas crouler sous les lettres, le rassura Mineta.

En ayant assez entendu, Katsuki accéléra l'allure, peu désireux que ses amis lui demande ce qu'il pensait de ce merveilleux jour de merde. Discrètement, il sortit son portable de sa poche pour vérifier la date. Hélas, l'écran lui confirma ses pires craintes. Aujourd'hui, c'était bel et bien le quatorze février, jour de la Saint Valentin. Et merde ! Rangeant son téléphone, Katsuki tenta de se rassurer lui-même.

Il n'était plus au collège. Il n'avait plus un troupeau de pintades gloussantes le lorgnant en permanence avec des airs énamourés pour lui filer la gerbe. Non, depuis son entrée au lycée, il avait une paix royale de ce côté-là. Plus de groupes de filles piaillant comme des dindes à chaque fois qu'il les croisait, ou de déclarations amoureuses plus ou moins enflammées. Avec un peu de chance, il ne recevrait rien pour cette Saint Valentin, et cela lui conviendrait parfaitement.

Katsuki n'aimait pas la Saint Valentin. Déjà, il ne voyait pas pourquoi il fallait un jour spécifique dans l'année pour se déclarer. Ensuite, il trouvait lâche de le faire via des cartes ou des cadeaux, souvent anonymes, plutôt que de le faire de visu. Certes, se prendre un râteau ne faisait sûrement pas plaisir, mais quand on se prétendait amoureux, la moindre des choses était de l'assumer. Ou de fermer sa gueule. Au choix.

De toutes les filles qui lui avaient montré leur intérêt, seules trois avaient eu les couilles de le lui dire en face. Et même s'il avait décliné leur proposition de rendez-vous, Katsuki y avait mis un peu les formes, par respect pour leur courage. Toutes les autres n'avaient eu droit qu'à son mépris ou son indifférence. Cependant, la Saint Valentin semblait donner des ailes à ses admiratrices.

Outre les lettres, qu'il ne lisait jamais, et les chocolats, qu'il ne mangeait jamais non plus, ce jour-là, il devait souvent faire preuve d'agilité pour esquiver les tentatives, pas très subtiles, de ses camarades féminines pour lui voler un baiser. Et cela agaçait sérieusement Katsuki. Ces même filles qui hurleraient au viol si un garçon se rapprochait un peu trop d'elles, ne semblaient en avoir rien à foutre de son consentement à lui. Bref, Katsuki détestait la Saint Valentin. Et les pintades gloussantes !

Arrivé au bâtiment où se trouvaient les salles de classes, il y entra rapidement et se dirigea d'un pas vif vers son casier. Chaque casier était personnel, le nom de l'élève l'utilisant étant écrit sur une étiquette collée sur la porte. Ces rangements permettaient aux lycéens d'y laisser leurs chaussures et leurs manteaux quand ils arrivaient, et leurs chaussons quand ils repartaient. Ils avaient cependant le grand inconvénient de ne pas fermer à clé.

Ce fut donc avec une certaine appréhension que Katsuki ouvrit la porte du casier à son nom. Un léger soupir de soulagement lui échappa. Les années précédentes, au collège, son casier débordait de lettres et de boîtes de chocolat dès le matin. Visiblement ses espoirs que cette année soit plus tranquille avaient été entendus, puisqu'il ne trouva que deux enveloppes, une rose et une mauve, avec ses chaussons.

Glissant rapidement les enveloppes dans son sac, Katsuki troqua ses baskets blanches contre ses pantoufles et referma la porte de son casier. Il passa derrière Todoroki et Ilda, lequel expliquait à son camarade, surpris, les rites de ce jour si particulier, lui faisant promettre de bien lire toutes les lettres qu'il recevrait, par respect pour celles qui les avaient écrites. Un rictus moqueur ourla les lèvres de Katsuki quand il vit le tas, impressionnant, d'enveloppes que Double Face tenait dans ses mains. Mentalement, il lui souhaita bien du courage.

Arrivé en classe, Katsuki s'installa à sa place et attendit patiemment le début des cours. Il observa du coin de l'œil ses camarades arriver les uns après les autres, discutant joyeusement pour certains, se lamentant pour d'autres. Une bonne moitié des garçons avaient des enveloppes entre les mains, sûrement trouvées dans leur casier respectif. Quelques filles en avaient aussi.

Aizawa arriva finalement et les cours commencèrent. Katsuki écouta attentivement, oubliant totalement ses craintes sur ce jour honni. Quand la pause arriva, il resta à sa place, s'étirant sur sa chaise pour détendre son dos.

- Katsuki !

L'exclamation rieuse le fit tiquer un peu et il tourna la tête vers Hanta en grognant un "Quoi ?" à peine aimable.

Avec un immense sourire Hanta déposa devant lui un nombre conséquent de boîtes de tailles, de formes et de couleurs diverses et variées.

- C'est pour toi, annonça Hanta avec amusement. On les a trouvé devant la porte de la classe. Il y a ton nom sur toutes.

- Et merde, soupira Katsuki en voyant les cadeaux laissés à son intention.

- Veinard, geignit Denki. J'ai pas eu de chocolats moi !

- La journée n'est pas finie, le rassura Eijiro. Tu en auras sûrement plus tard.

- Tu as plus de succès que je ne l'imaginais, avoua Mina avec un léger sourire.

- Comment c'est possible ? protesta Mineta. C'est une racaille !

- Certaines filles fantasment sur les bad boys, expliqua Izuku. Elles soutiennent qu'il y a un petit cœur fragile et blessé sous leur carapace et espèrent les faire sortir des ténèbres.

Devant les regards dubitatifs de ses condisciples, Izuku s'empressa de préciser :

- J'ai entendu des filles en discuter entre elles une fois, c'est pour ça que je sais ça.

- Tsss, marmonna Katsuki en fixant les boîtes d'un air dépité, que des conneries.

- Oh ! gagatisa faussement Denki. Tu as un petit cœur fragile et blessé Katsuki ?

- Et ma main dans ta gueule, elle est fragile et blessée peut-être ? rugit le blond déclenchant l'hilarité de ses amis.

Laissant les autres rirent à ses dépends, Katsuki se pencha vers son sac de cours et le fouilla, espérant que par un quelconque miracle il aurait pensé à prendre un autre sac pour transporter tout ça. Hélas, ayant totalement oublié la date du jour, il n'avait nullement anticipé et ne trouva donc pas ce qu'il cherchait. Maudissant la Saint Valentin, et les filles un peu trop romantiques à son goût, Katsuki se résigna à vider entièrement sa sacoche pour y ranger les boîtes de chocolats.

- Kacchan, l'appela discrètement une voix. Je peux mettre tes affaires dans mon sac si tu veux, j'ai encore de la place.

Tournant la tête, Katsuki fixa d'un œil torve son ami d'enfance, avant d'accepter d'un simple hochement de tête sa proposition. Il tendit donc à Izuku ses cahiers, livres et autres affaires scolaires, dont il n'aurait pas l'usage pour le prochain cours, et vit Deku les ranger soigneusement dans son cartable. Present Mic arriva sur ces entrefaites et le cours d'anglais débuta.

A la fin de la journée, le sac de Katsuki débordait de boîtes en chocolat et il en avait plein les bras. Si Denki et Mineta étaient désespérés, n'ayant pas eu de chocolats juste quelques lettres, Shoto et Ojiro étaient dans le même cas que le blond explosif, leur sac et leurs bras débordant de présents. Eijiro et Hanta avaient eu aussi leur lot de cadeaux, mais bien moins que leurs trois camarades. Dans leur classe, seuls deux d'entre eux n'avaient rien reçu, ni lettres, ni cadeaux : Tsuyu et Izuku.

- C'est triste que vous ayez rien eu, soupira Ochaco.

- Ah ne t'inquiète pas, lui sourit Izuku avec un grand sourire, je n'attendais rien de toute façon. Et je suis très content que toi tu aies reçu quelque chose.

- Je suis soulagée de ne rien avoir, confirma Tsuyu. Je serai bien embêtée pour répondre.

- Surtout si j'en avais reçu autant que Kacchan ou Shoto, conclut Izuku avec un léger rire.

- Tenya dit qu'il faut tout lire, soupira Shoto en fixant la pile d'enveloppes rangées dans son sac grand ouvert. Je vais y passer la soirée. Il faut y répondre en plus ?

- C'est la moindre des choses. Enfin pour celles qui auront laissé leur nom, affirma Tenya avec emphase. Mais si tu ne partages pas leurs sentiments, dis le leur avec tact et douceur.

- Qu'est-ce qu'il fait Katsuki ? s'étonna Ochaco en voyant le blond explosif s'arrêter à quelques mètres devant eux, et poser ses nombreuses boîtes de chocolat au sol avant de fouiller dans son sac.

- Ah... euh... commença Izuku. Il cherche sûrement les lettres qu'il a reçues. Vite, dépêchons nous de rentrer, on a plein de devoirs à faire !

Ayant assisté chaque année au rituel Saint Valentinesque de son ami d'enfance, Izuku savait parfaitement ce que ce dernier allait faire, et ne tenait pas à ce que Tenya y assiste. Son ami brun ne comprendrait certainement pas le geste de Katsuki et s'en offusquerait sûrement. Si Izuku pouvait éviter d'assister à une énième prise de tête entre ces deux là, il était preneur.

Hélas, il ne fut pas assez rapide pour éloigner ses amis de Katsuki. Ceux-ci virent donc parfaitement le blond extirper les nombreuses enveloppes colorées de son sac et les jeter, purement et simplement, dans la poubelle près de laquelle il s'était arrêté. Puis, d'un geste vif, Katsuki plongea sa main dans la corbeille extérieure et déclencha une explosion, détruisant ainsi la correspondance épistolaire.

- Tu aurais au moins pu nous laisser les lire ! protesta Denki avec vigueur.

- Ouais, plaida Hanta, on aurait pu se marrer un bon coup.

- Oh Katsuki ! Tes yeux de braise me rendent merguez ! clama Eijiro en riant.

- Ta douce voix berce mes nuits enfiévrées, ajouta Hanta sur le même ton.

- Tes mains sur mon corps me font exploser de plaisir, renchérit Denki hilare.

- La ferme putain ! grogna Katsuki en léger rictus amusé aux coins des lèvres. Lisez les vôtres, et foutez moi la paix avec ces conneries !

- Katsuki, intervint Tenya d'un ton sévère. Ces demoiselles ont pris la peine de t'écrire et cela leur a demandé du temps et du courage, tu pourrais prendre ceci en considération.

- Du courage ? tonna Katsuki avec colère. Si elles ont quelque chose à me dire, elles peuvent venir me le dire en face bordel ! Je vais pas les bouffer merde !

- Non, mais tu risques de les rejeter violemment, assura Tenya en remontant ses lunettes. Ce qui...

- T'en sais foutrement rien, contra Katsuki. Je suis peut-être un connard, mais je sais ce qu'est le tact et le respect ! Alors garde ta leçon de morale à deux balles pour Double face !

Puis, sans un mot de plus, Katsuki ramassa ses boîtes de chocolats et partit d'un pas rageur vers le dortoir. Il ne prêta aucune attention aux protestations de ses amis, ni aux remontrances de Tenya. Il ne lirait pas ces foutues lettres, point ! Et il préférait les détruire plutôt que de laisser quiconque les lire. Il en avait lu une, une fois, par curiosité. Et ce n'était qu'un tas d'inepties mielleuses et dégoulinantes de guimauves. Un frisson désagréable le traversa. Il détestait vraiment ce genre de merde.

Arrivé dans sa chambre, il jeta les boîtes encombrant ses bras sur son lit et y vida son sac. Il compta rapidement, soupirant avec lassitude. Vingt-cinq. Il avait reçu vingt-cinq cadeaux. Et il avait compté une bonne cinquantaine de lettres. C'était encore pire qu'au collège. Katsuki ne comprenait pas l'intérêt que pouvaient avoir les filles pour sa modeste personne. Il n'avait rien de bien agréable, ni de gentil. Et il se trouvait assez banal physiquement. En plus, il était certain de n'avoir jamais échangé un seul mot avec la quasi-totalité d'entre elles. Il ne parlait qu'avec les filles de sa classe. C'était quoi leur putain problème à toutes ces pouffes ?!

Décidant que les boîtes pouvaient attendre, il commença par troquer son uniforme scolaire par une tenue plus décontractée, pantalon souple, noir, et tee-shirt noir. Puis, il déposa les boîtes au sol et s'assit devant sa table basse. Des coups à sa porte le firent grogner.

- Quoi ? râla-t-il sans bouger de sa place.

- Kacchan, c'est moi, répondit la voix de Deku à travers la porte. Je...

- Entre !

Izuku poussa la porte et pénétra dans la chambre, refermant le battant derrière lui.

- Je t'ai ramené tes affaires, dit-il en posant lesdites affaires sur le bureau. Et un saladier.

Katsuki hocha la tête en remerciement et soupira :

- Pose ton cul.

Avec un sourire, Izuku prit place en face de Katsuki posant le saladier entre eux.

- T'en as eu plus que l'année dernière non ? s'enquit-il en voyant la pile de présent.

- Ouais, bougonna Katsuki. Ça me gonfle.

Sans un mot de plus, le blond se saisit d'une boîte, l'ouvrit et en examina le contenu. Il sortit la carte décorée de cœurs rouges et la jeta dans sa corbeille sans même la lire. Puis, il déversa les chocolats sur la table basse. Se saisissant d'un marqueur, il écrivit "Deku" sur le couvercle cartonné du contenant maintenant vide.

- T'aimes toujours les caramels et les pâtes d'amandes ? s'enquit-il en examinant les chocolats étalés devant lui.

- Oui, confirma Izuku avec un grand sourire.

- Tête d'ortie aime le pralinée, énuméra Katsuki en séparant les friandises en divers tas. Pikachu c'est le chocolat blanc, Sauce Soja le noir. La grenouille, elle aime quoi ?

- Hmm, réfléchit Izuku en attrapant une seconde boîte et lui faisant subir le même sort que la celle que Katsuki avait prise quelques secondes plus tôt. Je crois qu'elle a un faible pour tout ce qui est fruité.

- Ok. Tiens !

Izuku prit le marqueur tendu par son ami d'enfance, et écrivit soigneusement "Tsuyu" sur la boîte qu'il venait de vider sur la table. En silence, les deux amis trièrent les chocolats, les répartissant dans les boîtes au nom de leurs camarades, mettant dans le saladier tous ceux qui ne correspondaient à aucun des goûts de leurs amis. C'était le même rituel chaque année, à cette date précise.

Même à l'époque où ils ne s'entendaient pas, ce jour-là signait une sorte de trêve entre les deux garçons. Ils se retrouvaient sur le chemin du retour et allaient chez les Bakugo pour faire le tri. Katsuki était très difficile en matière de chocolat et refusait tout net de manger quoique ce soit d'offert par des pintades gloussantes. Mais il ne voulait pas gaspiller non plus. Alors, il triait ses offrandes, les donnant à ses parents, à Izuku et à sa mère, les seules personnes à qui il avait envie de faire des cadeaux. Et s'il restait des chocolats, Katsuki allait les donner aux gamins du quartier qu'il connaissait.

Cette année, ses parents et la mère d'Izuku n'auraient pas de chocolats. Le temps que Katsuki ou Izuku aient un jour de libre pour leur rendre visite, ceux-ci risquaient d'être perdus.

- C'est gentil de penser à Tsuyu, lâcha Izuku en prenant la dernière boîte de la pile.

- Elle n'a rien eu, expliqua platement Katsuki en haussant les épaules.

- Mineta n'a pas eu de chocolats non plus, plaida innocemment Deku.

- Ouais, mais lui, je l'aime pas, rétorqua Katsuki. La grenouille, ça va, elle est cool.

Izuku ne répondit pas, se contentant de rire discrètement. La dernière friandise fut jetée dans le saladier, y rejoignant ses consœurs. Les boîtes aux noms de Denki, Eijiro, Hanta, Tsuyu et Deku étaient bien pleines, les couvercles ne fermant pas totalement. Attrapant les rubans qui avaient entourés de nombreuses caissettes, Katsuki les noua soigneusement autour des écrins, s'assurant ainsi qu'aucun chocolat ne se ferait la malle.

- Tiens, prend le tien, et tu donneras le sien à la grenouille, décida Katsuki en poussant les deux présents désignés vers son ami d'enfance.

- Merci Kacchan ! sourit Izuku en se relevant.

- Tsss, va pas croire que je fais ça pour te faire plaisir, Deku ! bougonna Katsuki. J'aime pas le gaspillage, c'est tout !

- Je sais, le rassura Izuku. On se voit au dîner ?

- Ouais, ouais, dégage maintenant !

Izuku quitta la chambre avec un grand sourire, deux boîtes soigneusement maintenues fermées par des rubans rouges dans les mains. Katsuki posa les trois écrins restant dans le saladier déjà bien plein et sortit dans le couloir avec son chargement dans les bras. Il toqua à la porte voisine de la sienne, et tendit sans un mot d'explication le petit carton enrubanné nommé "Eijiro" à son ami aux cheveux rouges.

Ce dernier le fixa longuement, éberlué.

- Euh... Katsuki... commença-t-il.

- Va pas te faire des films espèce d'abruti ! l'interrompit le blond. C'est les miens, je t'ai mis tous ceux au praliné. J'aime pas ça !

- Ah, ok, merci alors ! sourit largement Eijiro rassuré de ne pas devoir expliquer à son ami que malgré toute l'affection qu'il avait pour lui, ce n'était qu'une affection purement amicale.

Après avoir eu des scènes similaires en donnant leurs présents à Denki et Hanta, Katsuki descendit dans la salle commune. Il y trouva quelques-uns de ses camarades, dont Double Face qui lisait les lettres qu'il avait reçu avec un air désespéré sur le visage.

- Je comprends pas, soupira ce dernier. Qu'est-ce qu'elle veut dire par : Ton regard de glace m'enflamme ? Ça n'a pas de sens.

- C'est une façon... euh... poétique... de dire qu'elle aime beaucoup tes yeux, expliqua Ochaco avec un léger rictus aux coins des lèvres.

Voyant Katsuki se rapprocher de la table basse, et donc du canapé où il était installé, Shoto leva les yeux vers lui et avoua :

- Je comprends mieux pourquoi tu n'as pas lu les tiennes, et pourquoi tu les as détruites.

- Une chance que Tête ronde soit là pour te faire une traduction soft hein, ricana Katsuki.

- Soft ? s'étonna Shoto.

- Ouais, confirma Katsuki. En vrai, ce que ton admiratrice veut dire, c'est que quand tu la regardes, elle mouille sa culotte !

Ochaco s'étouffa en tentant de ne pas éclater de rire, amusée et choquée à la fois par les propos crus et vulgaires du blond. Mais elle ne put retenir son hilarité quand Shoto demanda, un air un peu traumatisé sur le visage :

- Elle fait pipi dans sa culotte quand je la regarde ?

- Oh putain, s'esclaffa Katsuki. T'es encore pire que ce que je croyais !

Curieux, Shoto posa quelques questions pour essayer d'éclaircir le mystère, mais ni Katsuki, ni Ochaco ne lui répondirent, Katsuki finissant simplement par lui conseiller d'en parler avec Denki ou Mineta qui se feraient un plaisir de parfaire ses connaissances dans ce domaine. Shoto opina du chef, se promettant d'avoir une discussion avec ses deux amis. Visiblement, il avait des lacunes à combler.

Voyant le saladier plein de chocolats divers et variés que Katsuki posa finalement sur la table basse, Ochaco demanda :

- C'est quoi ?

- Les chocolats que j'ai reçus, répondit platement Katsuki. J'aime pas ça.

- Donc tu nous les donnes ? C'est gentil ! Merci Katsuki ! s'exclama Ochaco en plongeant immédiatement sa main dans le saladier. J'adore le chocolat.

- J'en ai beaucoup trop moi aussi, soupira Shoto. Je pense que je vais faire comme toi.

- Fais ce que tu veux, je m'en fous, assena Katsuki en repartant vers sa chambre.

Il avait des devoirs à faire, et maintenant que cette journée de merde était finie, il était tranquille pour une année entière. Il mit une alarme dans son téléphone pour être sûr de ne plus oublier cette date maudite. L'année prochaine, il prévoirait un sac en plus pour transporter tous ces présents. Arrivé dans sa chambre, il s'empressa de faire disparaître toutes les preuves, jetant les boîtes vides, ainsi que les cartes, dans un sac poubelle, et rangeant les rubans dans un tiroir. Ça pouvait toujours servir. Au pire, il les donnerait à son couturier de père qui leur trouverait un usage quelconque.

Dans l'aile des filles, Izuku toqua à la porte de Tsuyu. La porte s'ouvrit et la jeune fille sourit à Izuku.

- Tiens Tsuyu-chan, lui dit le porteur du One for All, en lui tendant la boîte enrubannée à son nom. C'est pour toi. C'est de la part de Kacchan.

- Katsuki ? s'étonna Tsuyu en prenant le présent.

- Oui, ce sont quelques-uns des chocolats qu'il a reçus. Je lui ai dit que tu aimais les choses fruitées, alors il t'a mis tous ceux avec des fruits.

- Oh, c'est gentil de sa part, sourit Tsuyu.

Puis, voyant qu'Izuku avait une autre boîte dans les mains, elle s'enquit :

- Et l'autre ? C'est de lui aussi ?

- Ah oui, sourit Izuku. C'est pour moi ça. Il en a fait aussi pour Eijiro, Denki et Hanta. Et je crois qu'il va laisser le reste dans la salle commune pour tout le monde.

- Il n'en garde pas pour lui ? s'étonna Tsuyu.

- Kacchan est difficile en friandise, expliqua Izuku. On se voit au dîner ! A tout à l'heure, Tsuyu-chan.

Tsuyu salua Izuku et referma la porte de sa chambre un doux sourire aux lèvres. C'était la première fois que quelqu'un pensait à elle pour la Saint Valentin. Et même si ce n'était certainement pas une déclaration amoureuse, elle était touchée que Katsuki Bakugo ait pensé à elle. Elle se promit de le remercier ce soir quand elle le verrait dans la salle commune.

Dans sa chambre, Izuku ne tarda pas à ouvrir la boîte et à croquer un délicieux chocolat fourré au caramel. Il s'installa à son bureau pour faire ses devoirs, et sourit en voyant le petit écrin sobre posé sur son bureau, étiqueté : Kacchan. Oui, Katsuki était difficile pour les chocolats, et Izuku savait que son ami d'enfance détestait la Saint Valentin. Mais Izuku prenait quand même le temps de lui faire des chocolats chaque année.

Des chocolats comme Katsuki les aimaient : épicés. Cannelle, gingembre, piment, muscade et même curry... Katsuki aimait le mariage du chocolat avec les épices. Alors, Izuku lui en faisait. Il les lui offrirait demain, discrètement et en main propre. Kacchan les accepterait en silence. C'était leur petit rituel chaque année depuis qu'ils avaient été en âge de comprendre que les cadeaux de la Saint Valentin servaient surtout à montrer à l'autre qu'on tient à lui, sans forcément parler d'amour.

Fin.


Commentaire des auteures :

Une petite idée toute simple. Et non, pas de relation amoureuse là, juste un peu d'ambiguïté. Et oui, on peut offrir des cadeaux à ses amis pour la Saint Valentin sans forcément en être amoureux.


Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :

Pendant que Lili et Yzan dégustent les délicieux chocolats qu'elles se sont offerts mutuellement pour la Saint Valentin, dans le canapé Endevor, All Might et Aizawa discutent.

- Il y a toute une partie de son éducation qui est à revoir, assure All Might.

- Son éducation était parfaite ! proteste Endevor.

- Il y a quand même de sacrées lacunes, soupire Aizawa. Tu aurais pu faire l'éducation sexuelle de ton fils !

- Je l'ai faite, s'insurge Endevor. Je lui ai offert un livre sur la reproduction humaine.

Devant les regards torves des deux autres, le héros incandescent soupire lourdement.

- D'accord, j'admet qu'il a des lacunes à ce niveau là.

- Pas qu'à ce niveau, assène Aizawa.

- Il manque totalement de second degré, confirme All Might.

- Vous proposez quoi ? demande Endevor.

Sans un mot Aizawa et All Might tendent une clé USB à leur collègue.

- Donne lui ça et regarde là avec lui, explique Aizawa.

- Il y a les bases. Ce sera un bon début, ajoute All Might.

- Et regarde avec lui, tu pourrais apprendre deux trois trucs ! assène les deux en chœur.

Boudeur, Endevor se tourne vers les lecteurs :

- Ils veulent pervertir mon petit Shoto. Vous en pensez quoi vous ? Un petit mot pour le dire ?