Je ne possède aucun des personnages du film

Rien ne prédestinait Ahmed Ibn Fahdlan à rencontrer et à vivre une aventure en compagnie de Vikings et rien ne le prédestinait non plus à rencontrer parmi eux, un vrai ami.

En espérant que cela vous plaise !

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


Où le vent rencontre le sable

La nuit était particulièrement froide dans les terres du Nord. Ahmed Ibn Fahdlan, enveloppé dans des fourrures qui lui auraient semblé barbares quelques mois plus tôt, montait la garde aux côtés de Herger. Le feu projetait des ombres dansantes sur les visages endormis de leurs compagnons, tandis que le vent du nord murmurait entre les arbres des histoires que seuls les hommes de ces terres semblaient comprendre.

- Tu fixes encore les étoiles, petit frère, remarqua Herger avec un léger sourire. Elles ne sont pas différentes de celles de ton désert.

Ibn Fahdlan détourna son regard du ciel.

- Elles racontent les mêmes histoires, mais les hommes les interprètent différemment selon leurs terres, répondit-il, sa voix portant la sagesse acquise durant ses années d'études. Dans mon pays, nous les utilisons pour naviguer dans les sables comme vous les utilisez pour naviguer sur les mers.

Herger jeta une branche dans le feu, observant les étincelles s'élever vers le ciel noir.

- Et que te disent-elles ce soir, ces étoiles si savantes ?

- Elles me rappellent une histoire...

Ibn Fahdlan s'interrompit, cherchant ses mots.

- Dans mon pays, nous avons un conte sur deux guerriers qui étaient aussi différents que le jour et la nuit. L'un venait du désert, l'autre des montagnes. Ils se détestaient au début, chacun considérant l'autre comme un barbare.

- Comme nous, ricana doucement Herger, mais son ton était affectueux.

- Comme nous, acquiesça Ibn Fahdlan avec un sourire. Un jour, ils se sont retrouvés perdus ensemble dans une tempête. Pour survivre, ils ont dû apprendre l'un de l'autre. Le guerrier du désert connaissait les étoiles, mais le guerrier des montagnes savait lire le vent. Ce n'est qu'ensemble qu'ils ont pu trouver leur chemin.

Herger resta silencieux un moment, son regard perdu dans les flammes.

- Nous avons une histoire similaire, dit-il finalement, mais dans la nôtre, ce sont deux frères séparés à la naissance. L'un a grandi parmi les loups, l'autre parmi les hommes. Quand ils se sont retrouvés, chacun pensait que sa façon de vivre était la seule valable.

- Et comment se termine cette histoire ? Demanda Ibn Fahdlan, intrigué.

- Ils ont appris que la force du loup réside dans la meute et la force de l'homme dans sa tribu. Ensemble, ils sont devenus plus forts que séparés.

Herger se tourna vers son ami.

- Comme toi et moi, petit frère. Tu m'as appris à voir la beauté dans les mots, et je t'ai appris à voir la poésie dans le combat.

Ibn Fahdlan hocha la tête, méditatif.

- Au début, je pensais que vos façons étaient brutales et primitives. Je ne comprenais pas la profondeur de vos traditions, la sagesse cachée dans vos sagas.

- Et moi, répondit Herger, je pensais que tu n'étais qu'un scribe faible, trop préoccupé par ses livres pour comprendre la vraie vie. Je ne voyais pas que ta connaissance était aussi une forme de force.

Un hurlement de loup résonna au loin, faisant lever la tête aux deux hommes. Ibn Fahdlan avait appris à ne plus craindre ces sons de la nuit nordique. Au contraire, ils étaient devenus presque réconfortants, comme un rappel que la vie continuait son cours, sauvage et libre.

- Tu sais, dit Herger après un moment, quand Buliwyf t'a choisi pour être le treizième guerrier, beaucoup d'entre nous pensaient que c'était une erreur. Un étranger, un homme qui ne connaissait même pas notre langue... Comment pourrait-il être l'un des nôtres ?

- Je le pensais aussi, admit Ibn Fahdlan. Je me souviens de ta façon de me regarder, comme si j'étais un enfant perdu dans une tempête.

Herger rit doucement.

- Et maintenant, tu manies l'épée presque aussi bien qu'un Viking, tu bois notre hydromel sans grimacer... Tu es devenu l'un des nôtres tout en restant toi-même. C'est peut-être ça, la vraie sagesse.

Le silence s'installa entre eux, mais c'était un silence confortable, le genre de silence qui n'existe qu'entre de vrais amis. Ibn Fahdlan sortit de sous sa fourrure un petit carnet où il avait pris l'habitude de noter ses observations et ses pensées.

- Qu'écris-tu maintenant ? Demanda Herger avec curiosité.

- J'écris sur nous, répondit Ibn Fahdlan. Sur comment deux hommes de mondes si différents peuvent devenir frères. Sur la façon dont la vérité peut avoir plusieurs visages, comme la lune vue de différentes terres.

Herger secoua la tête avec un sourire.

- Toujours des mots compliqués. Un Viking dirait simplement : le sang versé ensemble crée des liens plus forts que le sang de naissance.

- C'est peut-être la même chose, exprimée différemment, suggéra Ibn Fahdlan. Comme nos étoiles qui sont les mêmes mais portent des noms différents.

Un craquement dans les bois les fit se tendre tous les deux, leurs mains cherchant instinctivement leurs armes. Ce n'était qu'un animal nocturne, mais cette réaction simultanée les fit sourire. Ils avaient appris à se mouvoir comme un seul homme, à anticiper les mouvements de l'autre, à se faire confiance aveuglément.

- Quand tout cela sera terminé, dit Herger, tu devrais rester. Tu as prouvé ta valeur, tu aurais ta place parmi nous.

Ibn Fahdlan sentit son cœur se serrer.

- Mon destin me ramènera vers mes terres, tu le sais. Mais une partie de moi restera ici, avec la meute.

Herger acquiesça, comprenant ce qui n'était pas dit. Leur amitié avait transcendé les frontières de leurs mondes, mais chacun avait sa propre voie à suivre. Pourtant, ce qu'ils avaient construit ensemble ne mourrait jamais, préservé dans les histoires qu'ils raconteraient, dans les leçons qu'ils transmettraient.