Chapitre 51 : Danger ?
Harry de son côté passait la journée sous la garde du professeur de potion. Ce dernier profitait largement de ces deux jours seuls avec l'enfant pour lui enseigner l'art minutieux des potions. Et l'enfant était à la hauteur de ses attentes. C'était peu dire. Rogue était parti à la réserve pour prendre les ingrédients nécessaires à la nouvelle potion qu'ils allaient brasser. Une nouvelle recette, que Harry ne connaissait pas. De son côté, Harry était penché sur le livre de potion, il tentait de déchiffrer seul les indications écrites. S'il y avait quelques mots qu'il reconnaissait, la plupart lui étaient inconnus. Et cela le frustrait.
Par moment, Severus comprenait si bien Harry que cela lui faisait peur. Et là, il saisit tout de suite que l'enfant voulait déchiffrer les mots dans le livre de potion. Comment enseignait-on à lire à un enfant ? Il était professeur de collège, pas de primaire ! Et sans trop savoir pourquoi, il se lança. Peut-être que la petite langue entre les dents de Harry lui rappelait l'attitude de Lily lorsqu'un problème lui échappait !
Il tira à lui un parchemin et commença à déchiffrer le premier mot du livre. Quand c'était nécessaire, il montrait à l'enfant sur son papier, les combinaisons de lettre et les lui faisaient répéter. Ensuite ils prenaient le mot entier ou le bout de phrase et cherchaient son sens. En deux bonnes heures, ils avaient décrypté la majeure partie de la formule. Sans plus attendre, ils se lancèrent dans le brassage. Harry s'améliorait de plus en plus dans la préparation des ingrédients. La potion prenait forme…
Et, ils ne virent pas le temps passer. Tiny fit irruption dans le laboratoire vers vingt-deux heures pour rappeler au professeur, que s'il pouvait sauter des repas, ce n'était pas le cas de son petit protéger tout juste sorti du coma !
Le duo contraint et forcé fit donc une pause. Rogue, comme à son habitude, resta stricte sur les règles à table. Assis sur une chaise, les mains sur la table, en se servant de couverts, Harry n'eut d'autre choix que d'obéir. Surtout que Rogue avait trouvé la formule magique : si tu ne fais pas ci… alors on arrête les potions ! La menace était efficace.
L'enseignant connaissait bien la malédiction de Lupin, il savait parfaitement que l'homme viendrait pas à la première heure le lendemain, il s'autorisa donc une heure de potion supplémentaire avec l'enfant avant d'aller le coucher à une heure bien trop tardive pour son âge. L'enfant pourrait toujours faire la grasse matinée pour compenser. Lui, ne dormait que peu. Sauf s'il ingurgitait une potion de sommeil sans rêve. Il était prévu qu'il campe dans les appartements de Lupin afin de ne pas désorienter Harry. L'enfant acceptait sa chambre nouvellement occupée, au plus grand bonheur de Remus. Il veilla à ce qu'il enfile un pyjamas avant de la mettre au lit et de rabattre sur lui les couvertures. Fallait-il qu'il lui chante une berceuse ? qu'il raconte une histoire ?
L'enfant était trop grand pour cela ! Et puis lui ? La chauve-souris des cachots, raconter une histoire ? Non. Ce n'était pas son style. Il se contenta de s'assoir à côté de l'enfant et d'ouvrir son magasine de potion pour le lire. Peut après il baissa son journal pour trouver l'enfant endormis. Il paraissait si innocent comme cela. Pourtant l'épisode de la chambre au fin fond de l'école lui restait en travers de la gorge. Comment le fils de Lily s'était-il retrouvé en si grand danger ?
Cinq petites heures plus tard, Rogue était levé et frais pour sa journée. Il avait prévu de corriger quelques copies avant de passer une heure ou deux sur ses dernières recherches. Il avait un projet. Un projet inspiré par ce foutu loup garou : trouver un neutralisateur à la salive de loup garou. L'objectif : empêcher la contamination, et sur le long terme. On ne pourrait alors plus rien risque face à ces abominations. Mieux encore : il n'y aurait aucune raison d'empêcher la commercialisation à grande échelle de la Tue-loup !
Cependant, l'homme ne put travailler autant qu'il le souhaitait. Harry s'était levé de bonne heure au vu de son horaire de coucher. Cet enfant ne dormait pas assez pensa-t-il immédiatement avant de se souvenir d'une remarque anodine de Ted : le coma risquait de dérégler les cycles de sommeil du gamin.
Et Harry était une vrai boule d'énergie dès le matin. Alors Rogue le descendit dans le parc pour qu'il puisse se dépenser au grand air. C'est à ce moment là qu'il tomba sur les deux Gryffondors infernaux. Il était bien tenté de les empêcher de jouer avec Harry mais ne fut pas assez rapide. L'enfant avait déjà détallé. Il se contenterait de surveiller de loin.
Hermione était soulagée de voir Harry debout et en bon état. Elle avait craint que, par leur faute, son ami ne meure. Elle n'avait pas bien dormi et n'avait qu'une hâte, comme Ron, savoir ce qu'il s'était passé dans la dernière salle avant que les professeurs ne la force à aller l'infirmerie.
Sans attendre, Ron s'empressa de questionner le petit sauvage. Il fallut la combinaison des interprétations de Ron et Hermione pour comprendre ce que Harry leur disait. « Le méchant professeur ». Harry n'avait pas envie de tout leur dire, il avait pas très envie de raconter. Il tira rapidement Ron par la manche et s'élança vers la réserve à balais. Ils n'avaient pas le droit de s'en servir en dehors des cours. Ron lui rappela la règle mais Harry n'en avait rien à faire. Le placard était fermé par des sorts (à l'épreuve des 7èmes années !). Bien entendu, Harry n'étant pas dans la norme, le placard ne lui résista pas. C'est le professeur Rogue qui intervint rapidement pour empêcher l'enfant de voler sans autorisation. Il appela rapidement le professeur de vol afin qu'elle supervise pendant une petite demi-heure le petit groupe.
Ce fut à ce moment là qu'un patronus du directeur apparu. Le phénix argenté attira rapidement l'attention de Harry qui atterrit à côté du sombre professeur.
« Urgent ! Tous les élèves doivent rentrer immédiatement dans leur dortoir. Sirius Black a été détecté dans l'enceinte du château. »
Sans plus attendre, Severus se saisit du col de Harry et hélas les deux Gryffondors. D'un pas vif, il traina Harry dans les couloirs jusqu'à l'appartement qu'il partageait avec le loup garou. Sauf que l'homme était encore à l'infirmerie. Sans attendre, Rogue appela Tiny. La magie elfique est très puissante et il savait de source sur qu'un mangemort aurait peu recours à des défenses contre ses « sous-êtres ». Il continua sons chemin pour déposer les deux garnements dans leur tour avant de se rendre dans les cachots où il devait s'assurer que tous ses serpents aient regagné leur salle commune.
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-C'est le professeur Rogue ! J'en suis sûr s'exclama Ron
-Tu vois bien que ce n'est pas possible. Le professeur Dumbledore ne laisserait jamais un partisan de Voldemort enseigner dans l'école. Ce serait bien trop dangereux pour les élèves et on dit que Poudlard est le lieu le plus sûr de Grande Bretagne.
-Mais c'est un mangemort ! Mon père m'a dit qu'il a même été devant le mageanmagot pour cela. Je ne sais plus comment il a fait pour en sortir mais c'est pas bon. Et puis, souvient toi, la dernière épreuve c'étaient les potions. C'est une preuve !
-Il s'occupe de Harry depuis très longtemps. Pourquoi maintenant ?
-J'en sais rien. Mais n'oublie pas, les parents de Harry étaient des purs Gryffondors. Rogue a toujours détesté les Gryffondors. Tu sais, les familles vont quasiment toujours dans la même maison. Donc Harry sera surement un Gryffondor comme ses parents. Une raison de plus pour Rogue pour le détester.
-Ron, tu as bien vu comme moi, comment le professeur se comporte avec Harry ? Ce ne peut pas être un jeu ?
-Je te dis que c'est le méchant dont parle Harry !
-Il n'a pas dit son nom s'entêta Hermione.
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Remus s'était réveillé à l'infirmerie avec un mal de tête horrible. Et une pensée : Black ! Sans plus attendre, il se redressa sur son séant pour trouver Dumbledore au pied de son lit.
-Professeur ! Black ! Harry !
Le loup garou leva rapidement pour devoir s'assoir à nouveau, un vertige envahissant son corps.
-Remus. Calmez-vous. Harry est en sécurité avec le professeur Rogue. Et Black n'a pas été détecté par les barrières magiques de l'école.
-Professeur. Je suspecte Black d'avoir accès à une magie qui échappe aux barrières de l'école. Il s'est bien enfui d'Azkaban ?
-Ce n'est pas faux. Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il est dans l'école ?
Remus s'était rendu compte que le directeur ne le croyait pas. Il allait devoir sortir les grandes explications. Mais trahir les maraudeurs ? Y arriverait-il ?
-Le professeur Rogue me brasse une potion Tue-Loup améliorée. Elle me permet de ne prendre qu'une seule potion pour être efficace. Elle empêche les douleurs de la transformation. Elle me permet de rester lucide. Je deviens un « loup apprivoisé » comme dit Severus.
-J'étais sou forme de loup, enchaina-t-il, lorsque Black a pénétré dans la cabane hurlante. Il était là. J'en suis certains. Il semblait un peu fou. Pourtant il n'a rien tenté. J'ai eu beau lui grogner dessus, il n'a pas bougé, il n'a pas tenté de me faire du mal. Non. Il était juste là. Je ne comprends pas ce qu'il voulait.
En fait Remus avait son hypothèse sur la question mais il ne pouvait décemment pas la dire à Albus sans révéler la part animagus de Sirius. Sirius, sous forme de Patmol, voulait jouer avec son ancien ami. Comme au bon vieux temps. Il avait définitivement perdu la tête selon l'homme-loup.
S'il y a bien une chose qu'on pouvait accorder au directeur c'est qu'il ne négligeait pas les pistes ou les explications les plus loufoques. L'homme n'attendit pas pour envoyer plusieurs Patronus en succession rapide pour prévenir l'ensemble du château. Le confinement était essentiel.
Mais Albus ne partit pas pour autant.
-Je dois vérifier que vous n'êtes pas sous Imperium.
Et Remus se tendit. Il existait un sort pour vérifier la chose. Elle nécessitait la coopération du corps magique de la personne soumise au contrôle. Le jeteur de sort pouvait imposer au soumis de refuser le contrôle mais cela n'affectait pas le corps magique. Tout sorcier ne pouvait contrôler ce sort de vérification. Il était extrêmement difficile à lancer sans blesser la personne contrôlée, il fallait une énorme énergie magique. Ce qui n'était pas possible sur une bataille.
Cela prit du temps. Et le loup en lui n'apprécia pas ce traitement. Remus eut l'impression de subir une deuxième pleine lune.
-Tout est bon. Dumbledore parut soulagé.
Peu après, plusieurs patronus arrivèrent dans l'infirmerie annonçant que les élèves étaient en sécurité. Severus ajouta qu'il retournait au près du petit après avoir confié ses serpents à Sinistra. Le patronus ne comprenait pas de nom. Black aurait pu l'entendre qu'il n'aurait pas compris la discussion.
Le château fut ratissé de fond en comble. Black n'était pas là. Pas étonnant.
Dumbledore revint peu après. Ce fut l'occasion pour Remus de confier ses craintes vis-à-vis de Harry. Entre la menace de Black et ses derniers jours dans le coma, l'homme était terriblement inquiet pour son pupille.
-Harry a été attaqué par Voldemort dans la salle du miroir. Tom s'était accaparé le corps du professeur Quirrel. Je n'ai rien vu. Toute l'année il a enseigné aux élèves et je n'ai rien vu s'accusa le directeur. Je pense qu'il a prit de la force tout au long de l'année scolaire, ce qui a expliqué les attaques de licorne dans la forêt. D'après ce que j'ai vu dans l'esprit de Harry, Voldemort ne pouvait pas le toucher. Je pense que c'est lié au sacrifice de sa mère. C'est la seule explication que j'ai trouvé à sa survie cette nuit d'octobre. Mais la protection devrait être tombée depuis le temps. Il fallait le sang de Pétunia pour la maintenir. Et Pétunia ne l'a jamais aimé. Elle n'a jamais alimenté la protection. Il reste beaucoup de zone d'ombre dans cette histoire et je ne sais que penser. Il me faut étudier davantage. Si seulement nous n'avions pas à gérer Black en parallèle !
Je vous laisse Remus. Je vais augmenter les protections de l'école et essayer de trouver par quelles failles, Sirius a bien pu pénétrer.
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Sirius était rapidement sorti du domaine. Mais sa curiosité l'avait empêché de partir plus loin sans espionner un peu. Il y avait peu de risque pour que Dumbledore ait senti sa magie ou pour que les centaures l'aient remarqué. Pourtant, un remue-ménage envahit rapidement le château en milieu de matinée. Les élèves dans le parc rentrèrent au pas de course comme s'ils avaient Voldemort à leur trousse.
Un sort made in maraudeurs plus tard, et Remus écoutait les conversations du château. Il mit un moment à trouver la voix qu'il cherchait : Harry.
-Tiny ! Veut balai ! Laisse moi soti ! réclamait l'enfant
Une porte claqua, quelques bruits de pas sur la pierre.
-Pofesseur Rogue ! s'exclama Harry.
Evidemment. Qui avait-on chargé de s'occuper de son filleul le soir de pleine lune ? Le pire ennemi de son père. Pourtant Sirius ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce jour au terrier où Servilus l'avait laisser pénétrer dans son laboratoire de potion sous forme d'animagus. Ce jour où l'homme avait révélé à l'enfant que son collier était un moyen de communication avec lui. Un souvenir de Lily.
-Harry. Ecoute moi bien dit rapidement l'homme.
-Il y a dehors un très méchant sorcier. Il fait beaucoup de mal. Et Rémus et moi on ne veut pas qu'il te fasse du mal. Alors pour le moment, il nous faut rester dans l'appartement. En sécurité. Est-ce que tu comprends ?
-Mésant socié ?
-Oui Harry. Un méchant sorcier. Alors reste toujours soit avec Remus, soit avec moi mais jamais tout seul. Est-ce bien compris ?
La voix de l'homme avait une intonation particulière. Une intonation qui lui rappelait quand ils avaient onze ans et qu'il parlait avec… Non. Ce n'était pas possible. Servilus avait toujours été un salaud. Et c'était un mangemort. Tout le monde le savait. Même sa cousine folle : Bellatrix. Alors à quoi jouait Servilus ?
Pour le moment, il lui fallait disparaitre. Et permettre à Harry de vivre sans barrière. Poudlard avait tant à lui offrir !
Il voulait jeter un dernier regard à l'école qui lui avait tant apporté. Il s'aventura donc dans la forêt. C'était risqué… Surtout quand, sous forme de chien, il aperçut Harry au loin dans le parc. Qui avait eu l'idée de le laisser sortir alors qu'on le suspectait d'être dans les parages ?
Harry avait obtenu d'une étrange professeur de sortir dans le parc. Il avait bien compris qu'il ne devait pas aller sans adulte. Mais cette dame était très bizarre. Il avait qu'une envie : courir partout.
Et il finit pas s'éloigner de son chaperon. Il se retrouva a proximité de la forêt. Ce qui devait arriver arriva : Harry aperçut son chien et ne put s'empêcher de courir le rejoindre.
-Patty !
Sirius n'avait pas le choix. Il ne fallait pas que Harry l'attrape. Il ne fallait pas que quelqu'un le fasse prisonnier. Le ministre de la magie avait promis qu'il recevrait le baiser du détraqueur. C'est le ventre noué que Patty prit ses pattes à son cou. Au loin il entendait Harry lui crier après. Il entendait la détresse dans la voix de l'enfant. Il savait qu'il lui faisait du mal.
Cette dualité était terrible pour le maraudeur. Alors sans attendre, il transplanna une fois les protections passées. Dans les jours suivants, il se montra a de nombreux moldus dans le sud du pays.
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Harry était dans les appartements de Remus sous la surveillance de Tiny. L'elfe de maison s'était montrée d'une efficacité redoutable lorsque Harry s'était aventuré dans la forêt interdite. Elle avait rapporté l'enfant en express au château. Le petit était resté inconsolable pendant des heures. Le retour de Remus fut d'un grand recours pour les adultes qui se relayaient pour le garder.
Maintenant, tous les enseignants étaient réunis dans le bureau du directeur. Ils devaient mettre en place un plan d'action pour protéger tous leurs élèves. Black avait la capacité de passer les protections. Le danger était bien réel. Pourtant, il fut rapidement repéré à l'autre bout du pays.
-Il joue avec nous accusa rapidement Rogue. Les moyens de transports sorciers rendent notre pays aussi petit d'un village ! Qu'il soit là-bas ou ici, c'est du pareil au même.
Une question persistait : pourquoi s'était-il introduit dans l'école ? Pire, pourquoi aller voir un loup garou ? Il n'avait pas fait de mal à Remus, il n'était pas hostile… Que voulait-il ? Black était il fou après son long séjour à Azkaban ?
Ils finirent par penser que Black cherchait Voldemort. Dumbledore était formel : Voldemort était présent dans la salle du miroir quelques jours auparavant avant d'être anéanti par une magie mystérieuse sortie de Harry.
Peut-être même que Black était au courant pour la possession de Quirrel. Peut-être était-ce même lui qui avait tué les licornes pour servir son maitre ?
