On est condamnés à rester ensemble un bout de temps apparemment.
J'espère que vous allez bien!
Voici le petit OS de Pauvre Angeal écrit pour un thème demandé par certains d'entre vous!
J'espère qu'il vous plaira!
En attendant Godo
Wutai, 20:30
La pénombre régnait sur le camp.
Tapis là, dans les ténèbres, les SOLDIERS de la Shinra attendaient depuis la tombée de la nuit, en embuscade, que les troupes du roi Godo ne traverse la forêt. Au milieu de la chaleur humide et écrasante qui ne tombait même pas une fois le soleil couché, le légendaire Général de la Shinra, en première ligne, était le seul encore attentif. Il scrutait les alentours sans bouger un muscle, alerte comme à son habitude.
Soudain, agacé, il se retourna et donna un léger coup de pied dans un tas de tissu qui se trouvait au sol derrière lui.
Le tas en question sursauta et se redressa légèrement :
-Quoi ? Ça y est ? A l'attaque ?
Sephiroth se contenta de renifler de dédain :
-Comment puis-je être pris au sérieux lorsque même mes seconds se permettent de dormir en embuscade ?
-Tu surveilles pour nous tous, fit Genesis -car le tas, c'était bien lui- en agitant sa main.
-Et puis moi je ne dors pas, intervint Angeal, assis certes, mais pas endormi, de l'autre côté de Sephiroth.
Un ronflement sonore leur répondit, d'un peu plus loin parmi les troupes. Sephiroth redressa la tête.
Kunsel se racla la gorge de gêne en imitant son Général et en donnant un coup de pied peu discret à son voisin de droite, pendant que Luxiere, à sa gauche, pinçait déjà l'arête de son nez de désespoir. Zack sursauta :
-Oui, non, enfin je veux dire, si, je dors pas !
Sephiroth ferma les yeux. S'il devait appliquer le protocole et démobiliser Zack du SOLDIER, nul doute qu'Angeal ne le laisserait plus jamais en paix, après tout le mal qu'il s'était déjà donné pour le former. Sans compter qu'il faudrait, dans l'état actuel des choses, également démobiliser la grande majorité de ses troupes -incluant Genesis, aussi décida-t-il de passer l'éponge, non sans se promettre de trouver un moyen de leur faire payer leur inattention.
Il s'écoula une paire d'heures dans le silence le plus total, avant que Genesis ne s'étire paresseusement sur le sol, émergeant d'un sommeil apparemment profond.
-Ah, et bien ça m'a fait du bien cette petite sieste ! Tu devrais essayer, Geal.
-Non, gronda Sephiroth, qui n'avait pas bougé d'un iota, et d'ailleurs personne ne devrait « essayer » de faire une petite sieste sur un champ de bataille.
-Possible futur champ de bataille, corrigea le roux en se levant. Ils se font drôlement attendre, quand même.
-Est-ce qu'on est seulement sûrs qu'ils passeront par ici ? demanda Luxiere, qui étonnamment ne s'était pas encore endormi.
Pas encore endormi, certes, mais vu le regard de tueur que lui envoya le Général, il aurait tout aussi bien pu l'être.
-Bien sûr qu'ils passeront par ici. Lazard lui-même a mis en place cette stratégie.
-Sans vouloir t'offenser, Seph, intervint Genesis, c'est toi le stratège ici. En quel honneur c'est Lazard qui a dû pondre cette mascarade ?
Sephiroth haussa les épaules :
-Je n'avais pas le temps, il a dit qu'il s'en chargerait. J'ai pleinement confiance en lui, et vous devriez tous en faire autant.
-Ça me coûte de te le dire, Sephiroth, insista Genesis en s'appuyant sur lui pour essayer de faire déguerpir les fourmis qui parcouraient sa jambe endolorie, mais je te fais plus confiance à toi qu'à lui. Après tout, si quelqu'un risque sa vie avec ses troupes en pleine guerre, c'est toi, pas lui.
-Ce n'est pas parce que tu me complimentes que je vais te laisser te servir de moi comme d'un poteau.
Sur ces mots, Sephiroth fit un pas vers la gauche, son premier mouvement depuis des heures, laissant Genesis s'écraser mollement à ses pieds.
Angeal, qui jusque-là avait jugé judicieux de garder le silence, soupira discrètement. Si même lorsqu'ils se respectaient, ces deux-là trouvaient un moyen de se faire la guerre, il était véritablement perdu.
Heureusement pour lui et pour la réussite de leur planque, Genesis ne se mit ni à hurler ni à râler, il resta sur le sol, puis dit d'une voix blasée :
-Puisque tu insistes tant sur le fait que je reste allongé, je vais me rendormir.
Angeal se crispa, les yeux rivés sur le Général. Grâce au ciel, Sephiroth ne sembla pas entendre son second, et resta de marbre, toujours tourné vers l'obscurité de la forêt.
Les jeunes SOLDIERS, derrière lui, se détendirent aussi. Angeal retint un rictus. Ça l'amusait toujours de savoir que même les plus jeunes recrues étaient dans le même état de stress que lui en présence de ses deux amis – bon, probablement pas pour les mêmes raisons, mais tout de même, il se sentait soutenu et ça faisait du bien.
-Ça vous dit qu'on joue à un jeu ?
Angeal redressa la tête et leva les yeux. Zack, Kunsel et Luxiere s'étaient levés et rapprochés d'eux, et Zack avait lancé cette phrase avec beaucoup trop d'entrain pour un soldat censé être en embuscade.
Il risqua un regard vers leurs troupes, derrière eux. Sur la quarantaine d'hommes en planque avec eux, chacun semblait somnoler, discuter à voix basse ou penser profondément à ce qu'ils préfèreraient faire plutôt que d'être là. Sûr que quand on avait dû annoncer à ces gamins qu'ils partaient en mission avec leurs Commandants et le Général, rester des heures accroupis dans la terre en attendant que quelque chose ne se passe n'était certainement pas ce qu'ils espéraient.
-Bien sûr que non, claqua d'ailleurs la voix du Général, ramenant Angeal dans la conversation qui se déroulait devant lui.
Genesis s'était redressé, maintenant allongé et appuyé sur un coude à la romaine, un sourire de prédateur tout à fait désagréable concernant l'avenir très proche d'Angeal, et Sephiroth s'était à moitié tourné pour pouvoir dévisager Zack, incrédule.
-Quel genre de jeu ? questionna Genesis, bien trop intéressé pour quelqu'un qui semblait être obsédé par son ascension dans le SOLDIER.
-J'ai dit non, répéta Sephiroth en se tournant complètement vers eux et en croisant ses bras sur son torse.
Dans un odieux signe de non-respect, qui fit que même Kunsel s'étouffa une seconde, Zack ignora le Général pour répondre à Genesis :
-Je pensais à Action ou Vérité. Ça vous dit quelque chose ?
-Et est-ce que le jeu « démobilisation immédiate » vous dit quelque chose, Lieutenant ? grogna Sephiroth.
Kunsel et Luxiere reculèrent d'instinct, mais Zack leva les yeux au ciel et insista :
-Allez Seph ! Détends-toi un peu !
-C'est en se détendant que la plupart d'entre vous vont mourir, se désintéressa soudainement Sephiroth.
Genesis roula des yeux, à l'abri du regard de Sephiroth, mais Zack interpréta son désintérêt comme un feu vert, et il s'installa en tailleur sur le sol entre Genesis et Angeal. Ce dernier jugea bon de ne pas s'opposer, sa bonne vieille méthode de ne pas choisir de camp ayant déjà largement porté ses fruits auparavant.
Bien vite, Kunsel et Luxiere échangèrent un regard, haussèrent les épaules et s'installèrent chacun d'un côté de Zack.
Il y eut quelques secondes de flottement, comme si Zack testait quand même la patience de Sephiroth, puis il se lança :
-Bon, Kunsel ! Action ou Vérité ?
L'interpelé ouvrit la bouche pour répondre, mais la voix de Sephiroth l'interrompit :
-Répondez à cette question idiote, soldat, et vous êtes de corvée de plonge pendant les deux prochaines années.
-Allez, Seph !
-C'est toujours Général pour toi, Lieutenant, et si tu continues à t'obstiner c'est toi qui hériteras de la plonge.
Zack se renfrogna comme un enfant sur le sol.
-Mais comment est-ce qu'on peut faire passer le temps alors ? maugréa-t-il dans sa barbe.
-On ne fait pas passer le temps, justement, répondit Sephiroth. Angeal, ne me dis pas que tu n'as pas encore appris à ton élève ce qu'était une embuscade ?
-Ah, ne m'entraine pas dans tout ça ! prévint le brun d'entrée de jeu. Laissez-moi tranquille avec vos chamailleries ce soir.
-Et puis de toute façon qu'est-ce qu'on attend ? Ça fait des heures que nous sommes là à nous tourner les pouces !
-On attend Godo, indiqua Sephiroth. Lui et ses troupes doivent obligatoirement passer par notre position pour rejoindre la réunion des seigneurs de guerre qu'il a organisée demain. Je croyais que tout cela était indiqué dans vos assignations de mission, messieurs, finit-il avec dédain.
-Si tu savais comme je m'arrête de lire à partir du moment où je sais que je pars avec toi, dit Genesis en s'étirant.
-Et pourquoi donc ? s'étonna le Général en se tournant imperceptiblement vers le roux.
-Eh bien parce que je sais que tu connais les détails par cœur. Du coup je n'encombre pas mon cerveau avec tout ça.
-« Avec tout ça » tu veux dire… Avec la mission ? clarifia Angeal, exaspéré.
Genesis haussa l'épaule qui ne soutenait pas son poids :
-Peut-être, oui.
Il y eut encore quelques secondes de silence, que Zack passa à bouder, pendant que Sephiroth et Angeal se forçaient au calme.
-Quelqu'un a une histoire à raconter ? demanda brusquement Luxiere.
-Est-ce que vous m'écoutez ? s'exaspéra Sephiroth en se tournant brusquement vers eux et en s'abaissant à leur hauteur. On ne joue pas, on ne rit pas, on ne s'amuse pas, on ne raconte pas d'histoires, nous sommes en mission, par Minerva, pas en colonie de vacances !
-Tu sais ce qu'est une colonie de vacances, Seph ? s'étonna Genesis.
-Bien sûr, j'ai lu ce que c'était, expliqua-t-il.
Ça ne sembla pas ravir le roux, mais il décida de changer de sujet :
-J'en ai une bonne, d'histoire.
Alors que le Général semblait prêt à l'incendier sur place, il ajouta rapidement :
-C'est une aventure qu'Angeal et moi avons vécue il y a de cela bien longtemps.
Le susnommé ferma les yeux et pria pour avoir rêvé entendre cette phrase. Lorsqu'il osa les rouvrir, non seulement il dût constater que son ami d'enfance avait réellement prononcé cette phrase, mais qu'en plus de cela il semblait s'être vu accordé l'attention de tout le monde, y compris celle de Sephiroth.
-Oh oui, raconte Gen ! s'enthousiasma Zack en se penchant vers lui.
-Je ne sais pas ce que tu comptes raconter, mais énonce-moi d'abord le sujet de l'histoire, que je sache si je m'y oppose ou pas, grommela Angeal.
Genesis haussa encore une fois son épaule libre, jeta un dernier regard à Sephiroth qui semblait avoir décidé définitivement de s'asseoir avec eux pour écouter, puis il annonça :
-Je voulais raconter la fois où nous sommes allés pêcher près du-
-Non, pas celle-là, coupa Angeal, catégorique.
Genesis sembla surpris un instant, mais, pas pour autant à cours d'idée, il reprit :
-Alors peut-être celle où tu m'as aidé à préparer la meilleure tarte aux pommes du monde ?
Pour le coup, Angeal mit un petit temps à se rappeler de ça, mais il était probable que c'était la façon dont Genesis pitchait l'histoire qui l'avait induit en erreur.
-Mais tout le monde la connait, celle-là… soupira-t-il à partir du moment où il remit le doigt sur l'anecdote dans sa mémoire.
Le roux sembla s'agacer un instant, mais visiblement son envie de se distraire supplanta celle de se rebeller contre son meilleur ami car il se mit à chercher une autre histoire, jusqu'à ce que ses deux yeux ne s'agrandissent comme des soucoupes.
-Les bois, dit-il seulement.
-Quoi, les bois ? demanda Angeal. Qu'est-ce qu'il s'est passé dans les bois ?
-Justement, c'est ce que je vais raconter !
Genesis se redressa, comme monté sur ressorts, et Angeal sentit la crise d'angoisse monter. Il était hyper conscient de la quarantaine d'hommes qui s'était tue derrière eux dans l'espoir de pouvoir écouter discrètement leur conversation, et s'il n'était pas en mesure de se rappeler de ce que Genesis voulait raconter à temps pour l'interrompre si besoin, c'était son entière réputation qui volait en éclats. Mais c'était de toute façon déjà trop tard pour Angeal, comme ça l'était très souvent dès que Genesis décidait d'ouvrir la bouche :
-Nous étions très jeunes, à l'époque. Angeal, tu devais avoir dans les quinze ans, j'en avais quatorze.
-Vous n'avez qu'un an d'écart ? s'étonna Kunsel.
-J'aurais dit que le Commandant Hewley avait quand même quelques années de plus que vous, s'étonna Luxiere.
Angeal soupira de dépit.
-Bon, est-ce que vous allez me couper comme ça à chaque phrase ? s'agaça déjà Genesis. Seph, garde un œil sur eux, j'aimerais bien finir mon histoire.
-Je ne suis pas ton chien de garde, grommela Sephiroth, mais il devait avoir très envie d'entendre cette anecdote car il adressa tout de même un regard d'avertissement aux plus jeunes SOLDIERS.
-Bien alors, comme je le disais, nous étions de jeunes adolescents. Il faut que vous sachiez qu'à ce moment-là, et dans un village comme le nôtre, nous vivions une certaine liberté que vos parents ne vous ont jamais accordée si vous êtes né à Midgar ou dans une autre grande ville. Nous étions très peu surveillés, et comme chaque soir à l'époque, je me suis rendu chez Angeal pour qu'on puisse jouer ensemble. J'ai traversé tout le village pour l'apercevoir, accroupi derrière un muret, et j'ai appelé :
-Angeal !
Le jeune Angeal se redressa brusquement à l'appel de son nom. Genesis courait vers lui, évitant habilement les flaques de boue pour ne pas salir ses nouvelles chaussures qui avaient certainement dû coûter à ses parents une fortune qu'Angeal ne pouvait pas encore s'imaginer.
-Ah pas trop tôt ! On avait dit vingt heures !
-Il n'est que vingt et une heure trente, s'indigna le jeune roux en arrivant enfin à sa hauteur et en s'appuyant des deux mains sur ses genoux pour reprendre son souffle.
-Alors comme ça, tu étais déjà ultra ponctuel, se moqua Sephiroth.
Pour toute réponse, Genesis lui adressa un regard noir et continua son histoire.
-Soit, j'étais en retard, mais j'étais en retard pour finir quelque chose de la plus haute importance. La veille, on avait repéré le vieux père Marotte qui enterrait quelque chose au fond de son champ.
Angeal fronça les sourcils; rien de tout cela ne lui disait quelque chose, et il en était même arrivé à se dire que Genesis devait inventer. Le roux reprenait d'ailleurs :
-Nous avions prévu de déterrer ce que c'était, on était beaucoup trop curieux pour notre âge. Alors quand on a été
-Prêt à y aller ? demanda Genesis en sortant une sorte de petite pelle à main d'une large poche intérieure de sa veste en jean (il avait choisi de porter celle-ci justement grâce à la profondeur de ses poches, mais il commençait à regretter son choix maintenant que le soleil s'était couché et que la fraicheur du soir s'était levée).
-Qu'est-ce que tu fabriques avec une truelle ? s'étonna Angeal.
-C'est pour creuser, pardi.
-Pour creuser ? Dans le sol ?
Genesis le fixa, blasé :
-Non, dans un arbre. Bien sûr dans le sol, imbécile.
-On verra qui sera l'imbécile quand tu essayeras de creuser un trou avec une truelle…
-J'admets que ce n'est pas votre idée la plus brillante, Commandant, commenta Kunsel.
-Dites, c'est pas bientôt fini de m'interrompre ? Je pensais que vous vouliez être distraits.
-Pas vraiment, non, répondit Sephiroth, et Angeal ne put qu'acquiescer.
-Soit, fit Genesis, imperturbable. Après avoir discuté de ce point, et à l'aide d'une petite lampe de poche, nous nous sommes
-Infiltrés dans le champ, c'est fait ! triompha Genesis en s'accroupissant près du tas de terre fraîche retournée de la veille.
Angeal ne fit lui aucun commentaire, par peur de se faire attraper par le vieux père Marotte, malheureusement pour eux presque toujours accompagné de sa fourche. Il commençait pourtant à faire nuit noire, et la maison du vieux fermier était située à une paire de kilomètres du champ, lequel vieux fermier devait -s'il ne dormait pas encore- avoir la tête à autre chose que d'aller vérifier son champ.
Angeal se mit malgré tout à creuser à côté de son ami.
Au fond du trou qu'ils formèrent (plus grâce aux mains d'Angeal qu'à la truelle de Genesis), ils trouvèrent un petit coffre en bois taillé.
-C'est un coffre au trésor ! s'émerveilla Genesis en le sortant du trou et en jetant négligemment sa truelle de côté.
Il le tenait entre ses deux mains, comme il aurait pu tenir un livre un peu épais, et le tourna dans tous les sens.
-Qu'est-ce qu'il y a dedans ?
-Je ne sais pas, je n'arrive pas à l'ouvrir…
-Fais voir !
Angeal s'empara du coffret et tira assez fort sur le cadenas pour en faire sauter la fermeture. Il ouvrit le couvercle, Genesis penché sur son épaule. A l'intérieur, une rivière de perles.
-Comment ça, une rivière ? coupa Zack. Juste des perles ?
Genesis leva les yeux au ciel en soupirant bruyamment.
-Je crois qu'une rivière de perles est une expression souvent utilisée pour désigner un collier de perles de grande valeur, expliqua Sephiroth.
-Bien, maintenant que monsieur Parfait nous a fait profiter de sa science, puis-je en venir au fait ?
-Parce qu'on n'y est pas encore ? s'étonna Angeal.
Il ne se rappelait pas, mais alors pas du tout, avoir déterré des perles dans le champ de son voisin.
-Non monsieur, et si tu accordais autant d'importance que moi à tes souvenirs d'enfance, tu le saurais ! fit Genesis en se redressant en position assise. Bref, il n'y avait pas que le collier, dans le coffret, il y avait aussi
-Une photo ?
-Oui, regarde. On dirait une maison, ou un chalet…
Angeal tendit le cliché à son ami.
-Je sais où c'est, s'exclama Genesis.
Angeal lui écrasa sa main sur la bouche, Genesis la lui enleva, et continua sans le regarder et sans modifier son ton extrêmement enthousiaste :
-C'est de l'autre côté du petit bois, dans la clairière ! Tu vois d'où je parle ?
-Vaguement, mais peux-tu te taire ?!
-Allez viens, allons-y !
-Allons-y où ?!
-Au chalet !
-Pourquoi faire ?
-Si la photo est dans le coffret au trésor, c'est qu'on peut probablement y trouver quelque chose d'intéressant !
-À cette heure-ci ? Traverser le bois pour partir à la chasse au trésor dans un chalet abandonné ? Tu es devenu fou ?
Mais malgré les protestations d'Angeal, le courageux Genesis le tirait déjà à travers le champ pour rejoindre l'orée du petit bois. Le brun finit par abandonner, probablement lui aussi très curieux, et se décida à docilement suivre son ami entre les arbres pour le moment encore bien épars.
Bien vite, pourtant, il leur sembla que la forêt se resserra sur eux, et leur pauvre petite lampe de poche peina à éclairer toutes les racines et tous les trous du chemin. Angeal, qui marchait derrière Genesis et la lampe et qui par conséquent voyait encore moins bien que son ami, trébucha violemment sur une racine et s'étala de tout son long dans la terre. En tentant de se rattraper, la paume de ses mains racla le sol, déchirant la peau, et une ronce le griffa le long de son avant-bras, laissant de fines lignes sanguinolentes sur son passage.
-Ça va ? s'enquit Genesis, qui s'était retourné et éclairait maintenant son ami au sol du faible faisceau de la lampe.
Angeal en profita pour jurer tout son saoul en se redressant péniblement à quatre pattes, puis en s'asseyant sur ses talons pour inspecter ses mains.
-Ça va probablement s'infecter, avec la terre, remarqua le roux en s'approchant.
-Non, ça va, grogna Angeal en se relevant et en se débarrassant de ce qu'il pouvait de saleté en frottant ses mains contre son jean, grimaçant de douleur.
-Bon, on continue alors !
-Genesis, on n'y voit rien ! On va finir par tomber dans une rivière ou trébucher jusqu'à ce qu'il ne nous reste plus de peau sur les genoux !
-Mais non, regarde !
Genesis brandit la petite lampe devant eux.
-On y voit très bien !
Avant même qu'Angeal n'ait pu protester, Genesis s'était remis en route et prenait déjà de dangereux mètres d'avance. Le brun pressa le pas, trébuchant encore quelques fois, mais sans s'étaler au sol cette fois, pour tenter de le rattraper et de garder le faible champ de vision que leur accordait leur lampe de fortune. Après encore quelques longues minutes qu'Angeal passa à patauger dans la boue, à trébucher sur des racines et à ruiner ses pauvres vêtements dans les ronces, ils débouchèrent enfin sur la petite clairière dont parlait Genesis, avec en son centre, le fameux chalet.
-J'y crois pas Angeal, tu t'es fait victimiser par la forêt, pouffa Zack, s'attirant les foudres du regard de Genesis, et bizarrement, celles de tout le monde sauf de son mentor.
Chacun s'était réellement trouvé happé par l'histoire de Genesis, même Sephiroth qui avait fini par poser Masamune à côté de lui et baisser la garde.
Tout le monde sauf Angeal, qui ne se rappelait toujours pas cette histoire et qui commençait à ne pas aimer la manière dont Genesis le dépeignait, sans compter que lui aussi trouvait qu'il se faisait quand même fort « victimiser » par la forêt.
Genesis n'attendit cependant pas plus de temps avant de reprendre :
-Nous avions donc devant nous le chalet que nous recherchions. Il faisait nuit noire à présent, et c'est là que nous avons entendu
Un loup hurla quelque part, assez proche d'eux pour que les deux adolescents ne se rapprochent sensiblement l'un de l'autre.
-Rentrons dans le chalet, trancha Genesis en pivotant sur ses talons pour se diriger vers la porte d'entrée.
Angeal ne discuta même pas de savoir si c'était une bonne idée ou non, il suivit son ami sans protester : il était déjà couvert de boue et d'entailles, inutile d'ajouter une attaque de loup dans l'équation.
À l'intérieur, la plupart des meubles étaient cachés par de grands draps blancs pour les protéger de la poussière qui était tombée en grande quantité sur tout ce qui n'était pas couvert, en témoignaient les quelques livres abandonnés sur l'étagère.
À peine eurent-ils mis les pieds à l'intérieur que Genesis se rua sur eux pour les retourner dans tous les sens. À la seconde où il s'empara d'un ouvrage en particulier, caché derrière les autres, il sembla que l'édifice entier se mit à trembler.
Genesis recula vers Angeal, toujours à l'entrée du chalet, qui avait sursauté violemment.
-On devrait partir, fit le brun.
-Attends une seconde ! On n'a rien exploré encore !
Mais Angeal, tout peureux qu'il était de se faire manger par un loup dehors, attrapa le bras de Genesis, l'autre étant toujours serré autour du livre, et le tira au dehors.
L'orage qui avait menacé toute la journée avait enfin éclaté, et avec lui des trombes d'eau qui rendaient le sol encore plus boueux qu'il ne l'était déjà.
Dans la précipitation, ils avaient oublié la lampe de poche que Genesis avait posée sur l'étagère, mais ils ne se retournèrent pas pour aller la chercher. Ils se dirigèrent à la lumière occasionnelle des éclairs, Angeal aggravant encore son état en s'écorchant les genoux et les coudes sur le sol inégal, ainsi que les bras et les côtes à cause des branches d'arbres qui le griffaient. Genesis, dans son sillage, semblait s'en sortir bien mieux que lui, même si ses nouvelles chaussures étaient déjà fichues et remplies d'eau boueuse.
Ils coururent tant bien que mal jusque chez Angeal, et se laissèrent violemment tomber sous son porche.
Genesis sortit le livre qu'il avait emporté de sous sa veste.
Tailladé de partout, les vêtements en lambeaux qu'il se voyait déjà apporter penaud à sa mère, Angeal lui adressa un regard mauvais :
-Tu l'as volé ?
-Ne dis pas de bêtises ! Personne n'habitait là. En plus c'était hanté, et dès que j'ai pris ce livre, l'orage a éclaté, ça doit être un signe que ce livre est important !
-Ah si, ça y est ! triompha Angeal. Je vois enfin de quoi tu veux parler !
Il marqua une petite pause, le temps de bien recouvrir tous les détails de sa mémoire.
-Mais tu as menti sur toute la ligne !
-Absolument pas ! s'indigna Genesis.
-Bien sûr que si ! Déjà on n'est jamais allés creuser dans le champ du père Marotte, on a trouvé la boite -une bête boite en plastique- qu'on a pensée tombée de son sac de commissions dans un recoin de son jardin, et elle contenait un simple collier en toc, pas une rivière de perles ! Et plus tard on a appris que c'était le cadeau d'anniversaire de sa maitresse qu'il cachait de sa femme dans le jardin avec la photo du chalet pour l'y inviter à… lui donner rendez-vous pour… Enfin je ne vais pas raconter cette partie-là de l'histoire !
Zack émit une petite exclamation de déception.
-Oui, bon… admit Genesis. J'ai un peu enjolivé le contexte, c'est vrai.
-Et le chalet ? demanda Kunsel. Il y en avait vraiment un ?
-Oui, admit Angeal. Mais il était vide et inoccupé, il y avait juste quelques meubles, et en tout cas il n'a jamais tremblé ! C'était simplement à cause de l'orage, et puis il n'y a jamais eu de loup à Banora non plus !
-Mais tout ce qui s'est passé dans le bois, intervint Sephiroth, ça s'est bien produit ? Toutes les fois où tu es tombé et où tu t'es blessé ?
Angeal se pétrifia de honte, puis grommela :
-Ça s'est bien produit, oui…
-Mais c'est quand même de cette façon qu'Angeal et moi avons trouvé le plus merveilleux des trésors ! s'exclama Genesis en brandissant son premier exemplaire de Loveless, réellement trouvé tout poussiéreux dans ce chalet, réalisa Angeal.
Il y eut une seconde de silence pendant lequel chacun redouta que Genesis n'ouvre le livre, avant qu'il ne le pose et ne s'exclame :
-Fin !
-Bien.
Sephiroth se releva :
-Est-ce qu'à présent on peut se concentrer sur la mission ?
-Tu n'as pas une autre histoire, Genesis ? demanda Zack avec un immense sourire. Angeal ne m'a jamais rien raconté sur votre enfance !
Silencieux mais attentifs, Kunsel et Luxiere hochèrent la tête de concert avec entrain.
-Bon, si vous insistez…
Sephiroth leva les yeux au ciel mais ne fit aucun commentaire tandis que Genesis, malgré les protestations d'Angeal, commençait à raconter la fois où ils avaient décroché un petit boulot étudiant dans l'auberge du village.
-C'était en plein été, on s'ennuyait, alors on a décidé d'aller voir
-Monsieur Funke, nous voudrions vous parler !
Le tenancier de l'auberge releva les yeux de son journal pour contempler les deux gamins qui venaient le déranger. Sans surprise, dès qu'il se passait quelque chose dans ce village, c'était le jeune Rhapsodos et son ami/otage, Angeal Hewley.
-C'est pour quoi, les mioches ?
-C'est pour un travail, affirma le jeune roux en glissant sur son comptoir deux bouts de papier.
Sur l'un d'eux, Genesis avait collé sa photo et avait inscrit une liste impressionnante de qualités que Funke ne prit pas la peine de lire, et sur l'autre, Angeal (ou peut-être était-ce l'œuvre de Genesis) s'était dessiné, et avait écrit en-dessous d'une écriture un peu penchée :
« Études primaires à l'école libre de Banora
Compétences :
Cuisine
Nettoyage
Notions de comptabilité (j'aide ma mère à tenir les comptes de la famille)
Qualités :
Débrouillard
Déterminé
PS : J'apprends vite »
Funke releva les yeux sur eux. Nul doute que le jeune Hewley ne mentait pas, mais il les regarda tout de même avec suspicion :
-Pourquoi est-ce que vous me donnez vos CV ?
Genesis haussa les épaules et pointa du doigt l'écriteau accroché à la vitre.
-Parait que vous recherchez du personnel. On s'ennuie, on aimerait bien vous aider. Moyennant un petit salaire, bien sûr.
-Bien sûr, oui, grinça le tenancier sans les quitter de son regard perçant. Autant toi, Angeal, je comprends, mais toi (se disant, il pointa un index accusateur sur Genesis) que fais-tu réellement ici ?
Genesis, pour la deuxième fois, haussa les épaules :
-Je m'ennuie, je vous ai dit. Et puis vous pouvez bien donner ma part de salaire à Angeal si vous voulez, je n'en ai pas besoin.
Le brun tourna brusquement la tête vers son meilleur ami, prêt à s'indigner de sa charité, mais Funke fut plus rapide, trouvant là un arrangement très profitable à tout le monde :
-Parfait, vous commencez tout de suite. Genesis tu vas aller aider en cuisine, c'est bientôt l'heure du dîner, tu ne devrais pas être débordé nous n'avons que deux clients ces temps-ci. Angeal, viens avec moi derrière le comptoir, tu vas m'aider avec les comptes de l'auberge.
-J'y crois pas, soupira Angeal en cachant ses yeux d'une main.
-Quoi ? claqua Genesis en fixant sur lui son regard blasé qu'on le coupe encore.
-J'y crois pas que tu sois en train de raconter ça !
-Et pourquoi donc ? C'est un beau souvenir !
-Tu te rappelles que juste après ça, tu as mis le feu dans la cuisine, on t'a déplacé au nettoyage des chambres, tu as mis trois heures et demie pour refaire un lit, on t'a déplacé à l'entretien du jardin et tu as déterré toutes les plantes « par accident », et puis on s'est fait virer à cause de toi parce que j'ai voulu te couvrir et que j'ai dit que c'était de ma faute, tout ça sur la même journée !
Cette fois, Zack ne fut pas le seul à pouffer. Kunsel et Luxiere reniflèrent d'amusement et même Sephiroth se permit un sourire, toujours attentif bien qu'à nouveau tourné vers la pénombre de la forêt.
-Mais j'allais changer tout ça ! s'énerva Genesis en agitant les bras.
-À quoi ça sert de changer la façon dont les choses se sont réellement passées ? demanda Angeal en levant les yeux au ciel.
-C'est plus joli.
-C'est plus à ton avantage, surtout, grogna le brun.
-Bon, alors que dirais-tu de la fois où-
-Ah non, hein, c'est fini maintenant ! s'énerva Angeal en fusillant Genesis du regard. Me ridiculiser devant quarante recrues ça va bien cinq minutes !
-Mais je ne t'ai pas du tout-
C'est ce moment que choisit un loup pour hurler. Zack échangea un regard avec Kunsel :
-Tiens, faites attention les gars, la terre va trembler.
-On devrait peut-être chercher le livre magique, se moqua Luxiere.
-Est-ce qu'il y a un chalet, dans ce périmètre ? ajouta Kunsel.
La fureur d'Angeal, qui devenait rouge comme une pivoine de rage, fut coupée nette par la sonnerie du téléphone de Sephiroth.
L'argenté ne fit qu'y jeter un œil avant d'annoncer :
-On lève le camp. Tous aux hélicoptères, on rentre.
Alors que leurs troupes se dressaient péniblement sur leurs pieds et commençaient à rassembler leurs affaires, Luxiere s'adressa à Sephiroth :
-Et Godo, mon Général ?
L'argenté haussa les épaules :
-Il aurait modifié son itinéraire. Il ne viendra pas.
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J'espère que cet OS vous aura plu! Comme d'habitude si vous avez des remarques, n'hésitez pas à m'en faire part!
Des bisous, et portez-vous bien!
