Hé regardez j'ai écrit un OS qui fait 11 000 mots! Vous êtes contents? Parce que moi oui.

Heyyyy, j'espère que vous allez bien!

Si vous aussi vous avez fêté votre anniversaire en confinement (j'ai même pas pu avoir un verre de champagne pour fêter ça dignement en pyjama, vous imaginez?) alors cet OS a été un petit peu fait pour vous, par moi, et par Miss MPREG dont c'était l'idée de base!

J'espère qu'il vous plaira!


Joyeux anniversaire !

Zack ne savait absolument pas ce qu'il faisait devant le supermarché de Midgar, avec une liste de courses longue comme Masamune, à faire la file (tout seul) devant les doubles portes dix minutes avant l'ouverture.

À sept heures et cinquante minutes, autrement dit, pendant son jour de repos.

Zack avait la distincte impression qu'un jour, son mentor lui en demanderait un petit peu trop, et se verrait fermer la porte de l'appartement de Zack au nez après s'être fait traiter de tous les noms.

Évidemment ce jour n'était pas arrivé, car aujourd'hui Zack avait eu le malheur d'accepter la requête d'Angeal et attendait patiemment que le manager du supermarché, qui le regardait avec deux petits yeux suspicieux de l'autre côté de la vitre, ne daigne s'activer dans l'ouverture du magasin.

Le vieil homme s'approcha de la porte en verre à la vitesse ahurissante de dix centimètres par seconde. Il se pencha pour tirer le verrou du bas, puis s'étira pour atteindre le verrou du haut, pas trop vite, pour éviter tout claquage.

Zack vérifia qu'il n'avait pas lancé Slow, voire Stop par erreur, mais il n'en était rien ; il n'avait même pas Time équipée. Le jeune SOLDIER en fut tellement impressionné qu'il remit en cause l'entier processus de slow motion au cinéma. Les réalisateurs n'avaient qu'à engager ce type, le déguiser dans n'importe quel personnage du film qui devait éviter une balle au ralenti et PAF !, ça faisait des économies.

Le manager du magasin posa une main ridée sur la poignée de la porte, et leva l'autre à hauteur de son visage. Il fixa la montre qu'il avait au poignet, probablement pour décompter les secondes jusque huit heures précises, et ne prêta plus attention au SOLDIER.

C'en fut trop pour Zack, il se mit à faire ses sacro-saints squats, liste de courses en main, tellement l'anxiété commençait à le gagner. Il sentait ses pieds enfoncer des racines dans le sol et ça l'angoissait.

La trotteuse du manager dût dépasser le douze entre son vingt-et-unième et vingt-deuxième squat, mais c'était impossible à dire avec précision, vu le temps qu'il fallut au vieil homme pour tirer les deux portes.

-Bonjour ! s'exclama Zack. Ça y est, vous êtes ouvert ? J'ai quelques courses à faire, pour un ami.

Zack ne comprendrait jamais pourquoi il avait jugé bon de justifier sa présence devant un supermarché comme s'il s'était apprêté à faire quelque chose de potentiellement répréhensible, mais le regard inquisiteur du manager, qui ne répondit rien à part un « Mmh. » avant de se détourner et de s'en aller dans les tréfonds du magasin, avait dû le forcer à se rendre ridicule par un obscur mécanisme de psychologie.

Il finit par hausser les épaules et entrer enfin dans le supermarché. Derrière lui, une petite grand-mère approchait au trot en trainant son caddy à roulettes derrière elle. Elle avait dû attendre l'ouverture du magasin au chaud dans sa voiture, les yeux rivés sur les portes, et Zack se demanda distraitement si c'était le fait de se faire dévisager par le manager avec deux de tension artérielle qui provoquait le réflexe de se cacher jusqu'à l'ouverture du magasin.

Une fois dans la première allée du supermarché, et juste après que la grand-mère l'ait dépassé au pas de course, faisant rouler au passage son caddy sur son pied droit, Zack jeta un œil à la liste qu'Angeal lui avait laissée :

-Ballons

-Confettis

-Bougies, pas les roses, les bleues

-Sucre en poudre

-Farine

-Oeufs

-Champagne

(avec en dessous, l'écriture calligraphiée de Genesis : )

-Beaucoup de champagne !

La liste semblait continuer sans fin au dos du post-it.

Zack haussa les sourcils. Il ne savait pas de qui ils allaient fêter l'anniversaire, mais il était déjà surmotivé. Il froissa la liste dans sa poche et se mit en chasse.


Quand il fut de retour à la Tour Shinra, à peine trois quarts d'heure plus tard, ce fut avec des sachets plein les bras et une question sur les lèvres :

-Qui est-ce qui fête son anniversaire ?

-On ne dit pas « qui est-ce qui », Zack ! cria Genesis depuis la cuisine de l'appartement d'Angeal.

-On fête l'anniversaire de Sephiroth, expliqua son mentor en le débarrassant d'un sac de provisions et en l'entrainant vers la cuisine.

-Il est né aujourd'hui ?

Angeal haussa les épaules :

-Dans ces jours-ci.

-Comment ça "dans ces jours-ci" ? On ne sait pas quand est son anniversaire ?

-Pas exactement.

Zack resta immobile un instant sur le pas de la porte de la cuisine, les sourcils très froncés.

-Comment c'est possible ?

Angeal soupira et commença à décharger les courses des différents sachets sans répondre. Genesis prit sur lui d'éclairer le brun :

-Personne ne le sait vraiment, pas même Sephiroth lui-même. Hojo l'ignore aussi, apparemment, il dit uniquement qu'il se rappelle que c'était ce mois-ci. Enfin, il le pense.

-Mais… commença à s'indigner Zack. Hojo doit bien avoir des dossiers ! Des rapports ! Un acte de naissance ! Enfin quelque chose, quoi !

-Bien sûr que oui, il le sait, intervint Angeal en déballant les bougies – Zack n'avait pas trouvé les bleues et avait été forcé de prendre les roses. Il ne veut juste pas le lui dire.

-Pourquoi ?

Zack fronça les sourcils. Tout ça ne lui inspirait rien qui vaille – enfin, rien à propos de Hojo ne l'inspirait, pour être honnête, mais là il était complètement perdu.

Angeal haussa les épaules :

-Sûrement pour renforcer ses insécurités. Créer la dépendance. Accentuer ses différences. Le faire se sentir moins…

Angeal chercha le bon mot.

-Humain, compléta Genesis en posant le verre de vin rouge qu'il s'était servi sur le comptoir. C'est pour ça qu'on a décidé que ce serait aujourd'hui.

-Mais du coup, il ne sait pas que vous préparez une fête ?

-Non. Il est en mission aujourd'hui, il devrait rentrer ce soir.

-Et on a du pain sur la planche ! s'exclama Genesis en se décalant du plan de travail et en vidant son verre d'un trait.

Zack décida de s'approcher des casseroles sur le feu, alléché par l'odeur qui s'en échappait, mais Angeal s'interposa entre lui et l'objet de désir de ses papilles gustatives.

-N'y pense même pas, le mit-il en garde, menaçant de le frapper avec sa cuillère en bois si son élève ne faisait que tenter de goûter son plat.

-Ça fait des heures qu'il essaye de réussir sa sauce, expliqua Genesis en se resservant une généreuse rasade de vin.

-Oui, et je suis presque sûr d'y être arrivé cette fois, alors ne pensez même pas à plonger vos sales mains pleines de doigts dedans ! Allez mettre la table chez Seph d'ailleurs, ça m'évitera de vous avoir dans les pieds !

-Angeal, il n'est même pas neuf heures ! tenta de protester Genesis.

-Exactement, Genesis, il n'est même pas neuf heures et tu as déjà presque fini une bouteille de vin alors je te prie de déplacer ton derrière d'alcoolique royal dans l'appartement d'à côté histoire de te rendre utile !

Sur le coup de la surprise, Zack et Genesis échangèrent un regard interloqué, restèrent un moment comme deux hiboux à se fixer avec des yeux larges comme des troncs d'arbres centenaires, puis Zack haussa les épaules. Il ne se rappelait pas qui le lui avait dit en premier, mais cette personne avait bien raison : Angeal était parfois étrange.

Sur le chemin de l'appartement de Sephiroth, les bras chargés de vaisselle, Genesis ne put s'empêcher de se plaindre :

-Tu as entendu ce qu'il m'a dit ?! Alcoolique, moi ?! Je n'en reviens pas qu'il ait osé me dire un truc pareil !

-Un jour j'ai sorti un de ses cakes au citron du four, et c'était plus fort que moi, j'en ai mangé un bout avant qu'il ne puisse le décorer. Il m'a insulté de bouseux sans manières.

Zack fronça les sourcils, comme si ce souvenir lui était toujours douloureux.

-J'ai jamais oublié, ajouta-t-il, penaud.

-Si je comprends bien, il ne faut sous aucun prétexte toucher à ce que prépare Angeal avant que ce soit prêt… Comment est-ce que je n'ai pas remarqué ça plus tôt ?

Genesis était arrivé devant la porte de Sephiroth et cherchait sa carte d'accès dans sa poche en essayant de balancer une pile d'assiettes sur son bras gauche.

-Peut-être parce que tu vides plus de bouteilles de vin que de casseroles ? hasarda Zack.

Genesis le fusilla du regard, mais puisque son bras gauche était occupé à empêcher les assiettes de se briser sur le sol, et que le droit était chargé d'ouvrir la porte, il fut forcé de remettre la mise à mort du brun à plus tard.

La porte de Sephiroth s'ouvrit enfin, et Genesis entra à grandes enjambées pour déposer son chargement sur la table de la salle à manger. Zack le suivit en jetant des regards intrigués partout autour de lui. Il n'était presque jamais entré dans l'appartement du Général, et certainement pas en l'absence du maitre des lieux, aussi enregistrait-il le plus de renseignements possibles à vendre à Kunsel le lendemain. Le problème fut qu'il eut beau chercher quelque chose de croustillant à offrir à son meilleur ami, la simplicité de la déco et la quasi-absence d'objets personnels n'avaient rien d'intéressant à révéler sur Sephiroth. Zack fut forcé de soupirer et d'aider Genesis à arranger les assiettes et les couverts sur l'immense table qui trônait au milieu de l'appartement.

-J'espère qu'il sera à l'heure, râlait Genesis quand Zack daigna se rebrancher sur sa fréquence.

-C'est déjà arrivé que Sephiroth soit en retard ?

Genesis eut l'air de se plonger un instant dans la totalité de ses souvenirs, puis il haussa les épaules :

-Pas que je me souvienne, mais il ferait mieux de ne pas commencer aujourd'hui.

Ils firent encore une paire de voyages entre l'appartement d'Angeal et celui de Sephiroth, le premier pour stocker les innombrables bouteilles de champagne dans le réfrigérateur, et le second pour y apporter les ballons et les confettis. Pendant tout ce temps, Angeal les regarda aller et venir depuis l'encadrement de la porte de sa cuisine, l'expression hostile et le regard calculateur, probablement pour évaluer la distance entre eux et ses casseroles pour pouvoir aboyer si jamais la dite distance se réduisait dangereusement.

Une fois bien à l'abris d'Angeal-psychopathe-de-la-cuisine dans l'appartement vide du Général, Zack et Genesis s'installèrent sur le canapé pour entreprendre de gonfler les ballons. Zack s'y employa immédiatement, les joues gonflées comme un poisson-lune et un œil fermé dans l'effort.

Son supérieur le regarda faire un instant, le temps qu'il gonfle deux ballons et devienne rouge comme une tomate, avant d'en prendre un lui aussi et de le tenir avec deux doigts à hauteur de son visage avec un air suspicieux.

-Il suffit de souffler dedans, dit Zack, pantelant.

Genesis fronça les sourcils, mais retint de justesse le « Oh tiens donc ? » sarcastique qui avait menacé de lui échapper. Il s'exécuta à regret, transférant l'air de ses poumons dans le ballon doré sous l'œil encourageant de Zack. L'inscription « Joyeux anniversaire ! » noire se détendit petit à petit jusqu'à ce que Zack ne tapote son épaule :

-C'est bon là, sinon il va exploser. Maintenant tu dois faire un nœud.

Il démontra alors sur son propre ballon la façon de tirer sur la petite pipette de caoutchouc pour la tordre efficacement en un nœud bien serré. Genesis essaya, après tout, ça ne devait pas être trop compliqué si Zack y parvenait sans effort, mais il eut beau faire exactement ce que son subordonné démontrait, il ne réussit qu'à vider entièrement l'air de son ballon. À bout de patience, il lança le ballon vide sur Zack (il atterrit sur l'une des piques de ses cheveux pour se balancer devant ses yeux et Zack loucha dessus) :

-Occupe-toi de les gonfler, je vais emballer les cadeaux.

À ces mots, le plus jeune releva la tête, abandonnant au milieu du mouvement de son bras son intention de retirer le ballon dégonflé de son visage, et il s'exclama avec un grand sourire et des étoiles plein les yeux :

-Y a des cadeaux ?!

-Bien sûr qu'il y a des cadeaux, répondit Genesis en s'éloignant vers la porte de l'appartement, un sourire mystérieux aux lèvres. Pour quel genre d'amis nous prends-tu ?

Zack n'osa pas répondre à ça. Il regarda Genesis quitter l'appartement de Sephiroth et profita de son absence pour gonfler une demi-douzaine de ballons et commencer à les arranger dans la pièce. Il en posa un au-dessus de la télévision, un autre en évidence sur la table. Il en coinça un entre le grille-pain et la machine à café avant d'en accrocher un bleu après la grande aiguille de l'horloge qui faisait face à la porte d'entrée et un rose à la trotteuse. Il le regarda un instant se balancer à chaque seconde, jusqu'à cogner contre le bleu. Les deux ballons, sous la puissance du mécanisme de l'aiguille, se superposèrent une seconde, puis se séparèrent en frottant leurs caoutchoucs l'un contre l'autre dans un affreux grincement. Zack eut l'air de trouver que c'était une idée de génie puisqu'il les laissa comme ça. Il plaça ensuite le plus gros des ballons sur la chaise de Sephiroth, puis il regarda autour de lui dans l'espoir de trouver l'endroit parfait où placer les deux derniers. Soudainement touché par la grâce, le jeune lieutenant jeta un regard inquiet vers la porte d'entrée et se concentra pour être sûr de ne pas entendre Genesis revenir. Il se glissa ensuite dans le couloir et poussa ce qu'il pensait être la porte de la chambre du Général. Il aurait pu perdre quelques précieuses secondes à se féliciter car en effet c'était sa chambre, mais il préféra se dépêcher. Il souleva la couverture, juste assez pour pouvoir glisser un ballon multicolore sur chaque coussin avant de la rabattre et de filer de la pièce.

Genesis se tenait au milieu du couloir, les bras croisés, et observa Zack refermer la porte en soupirant de soulagement.

-Qu'est-ce que tu faisais là-dedans ? demanda-t-il.

Il aurait bien aimé provoquer une crise cardiaque, mais Zack, même s'il agrippa son pectoral gauche sous le choc en hurlant, ne tomba pas raide mort sur le sol pour autant.

-Genesis ! Je t'ai pas entendu rentrer !

-De toute évidence, non, répondit le roux en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre de Seph ?

-Je plaçais des ballons, expliqua le brun en frottant sa nuque, probablement conscient de son excuse bancale.

Genesis haussa un sourcil :

-Non mais, vraiment, pourquoi tu étais là-dedans ?

-Je plaçais des ballons, insista Zack. Tu veux vérifier ?

-Non ! Je ne rentre pas dans sa chambre sans lui !

Ce fut au tour de Zack de froncer les sourcils :

-Quoi ?

-Oui, alors, ce n'est pas ce que je voulais dire.

Genesis chercha une façon d'expliquer, puis se ravisa ; quoi qu'il dise à ce stade, ça sonnerait mal. Il se contenta de changer de sujet :

-J'ai amené les cadeaux.

-C'est quoi ?! s'enquit tout de suite Zack en le bousculant presque pour retourner dans la pièce de vie.

Genesis le suivit, soulagé que le jeune lieutenant n'insiste pas. S'il oubliait sa phrase involontairement tendancieuse, alors Genesis lui excusait son escapade dans la chambre de son supérieur, et ils étaient quitte.

De toute façon, Zack avait déjà tout oublié, et s'était emparé du premier cadeau sur lequel il avait pu poser la main.

-Qu'est-ce que c'est ?

-C'est un nécessaire de première qualité pour polir une épée.

-Pourquoi il y en a trois ?

Genesis haussa un sourcil en s'installant à table :

-Tu as déjà vu Masamune ?

Zack hocha la tête pour indiquer sa compréhension, mais il n'abandonna pas pour autant. Il prit une pile de livres et les examina. « Guide avancé des materias d'invocation en trois volumes » était frappé en lettre rouges sur une sorte de lourd velours noir qui recouvrait la boite dans laquelle se trouvaient les trois tomes.

-Seph connait tout ce qu'on peut savoir sur les invocations, non ? demanda le plus jeune en secouant les ouvrages sous le nez de Genesis.

Imperturbable, le Commandant continua de découper le papier cadeau sans le regarder :

-Oui, mais cette édition est spéciale. Elle a été illustrée à la main par un artiste qu'il apprécie énormément. Il m'a fallu des mois de recherches pour en trouver un des rares exemplaires encore en circulation, alors si tu pouvais le poser délicatement sur la table ça serait gentil. Chacun de ces livres vaut plus que ta misérable vie, et j'ai une crise d'angoisse qui monte depuis que je t'ai vu poser les doigts dessus.

Zack posa les livres comme s'ils l'avaient brûlé.

-J'aurais jamais cru que tu ferais autant d'efforts pour Sephiroth, fit le brun en laissant son regard se promener sur la montagne de cadeaux.

Pour toute réponse, Genesis le dévisagea avec animosité. Mal à l'aise, Zack sentit le besoin de se défendre :

-Enfin, ce que je veux dire c'est que vous avez toujours l'air de vous détester, et parfois, si Angeal n'avait pas été là je suis quasi sûr que vous vous seriez entre-tués donc, là où je veux en venir c'est que vous avez l'air d'être amis, mais peut-être pas tant que ça, au final, d'où ma réflexion sur le fait que tu fais beaucoup d'efforts, pour quelqu'un qui est ton ami mais pas tant que ça et, même si c'est son anniversaire, enfin peut-être, tu as acheté beaucoup de choses de valeur et ça me laisse perplexe donc-

Zack fut coupé, grâce au ciel, par Genesis :

-Sache, Zack, que Sephiroth et moi sommes très amis, même si nous ne passons pas notre temps à nous démontrer notre affection.

-C'est le moins qu'on puisse dire… grommela Zack en tirant vers lui un des kits de polissage d'épée et en entreprenant de l'emballer avec ses deux frères jumeaux.

Genesis décida de ne pas répondre, et préféra emballer lui aussi quelques cadeaux, histoire d'avancer dans les préparatifs de la journée.

Après les kits, Zack emballa également un nouveau costume que Genesis avait choisi personnellement, un stylo hors de prix qu'Angeal avait ramené de Costa del Sol quelques mois auparavant et qui glissait sans accroc sur le papier de cette manière que Sephiroth adorait, ainsi qu'une brosse à cheveux en argent massif et incrustée d'une émeraude au bout du manche qui forcément avait hurlé « Sephiroth ! » à Angeal dès qu'il l'avait vue dans la vitrine.

Genesis s'occupa d'emballer ses précieux livres, et lorsque ce fut fait, il glissa dans une enveloppe dorée trois tickets d'avion pour Costa del Sol, des vacances qu'il ne pouvait plus attendre de prendre avec ses deux amis, puis il enroula une bouteille de whisky wutaien hors de prix dans du papier coloré et termina par emballer un petit cadre qu'il avait faire une semaine auparavant. Il y avait glissé la toute première photo qu'ils avaient prise tous les trois, juste après leur rencontre, et juste avant de partir pour ce qui se révéla être les prémices de la guerre de Wutai. Genesis, à l'époque, avait insisté pour prendre une photo, tenant absolument à immortaliser le jour où Angeal et lui étaient passés First Class et où ils avaient reçu leur première mission aux côtés de Sephiroth.

On y voyait donc Genesis, tout sourire, le bras tendu vers le côté droit du cliché puisque c'était lui qui tenait son PHS pour capturer l'instant. De l'autre côté de la photo se trouvait Angeal, apparemment surpris par l'initiative de Genesis puisqu'il avait l'air tourné vers le côté. Il avait néanmoins cessé de parler pour adresser un sourire presque aussi rayonnant que celui de Genesis à la petite caméra du PHS. Entre eux deux se tenait Sephiroth, droit comme la justice et les bras croisés, mais ce qu'était en train de lui dire Angeal avait l'air de l'avoir fait sourire légèrement, même si son regard était plus dirigé vers Genesis que vers la caméra.

Genesis contempla quelques secondes la photo avant de la recouvrir de papier doré. Ils avaient encore trop à faire aujourd'hui pour se perdre dans des souvenirs.

Une fois que tous les cadeaux furent emballés et disposés en petite montagne sur la table basse du salon, Genesis et Zack retournèrent voir Angeal.

Le brun avait fini la majorité du repas d'anniversaire, et il les attendait pour commencer à s'occuper du gâteau. Il avait cherché une recette convaincante pour confectionner la pâte de base, à laquelle il était fermement décidé à ajouter des pommesottes. S'il ne se trompait pas, Sephiroth n'en avait encore jamais goûté malgré les années d'amitié qui commençaient à s'écouler entre eux.

Il avait profité de l'absence de son meilleur ami et de son élève pour peser la totalité des ingrédients dont il avait besoin, et après un instant de réflexion il avait déjà cassé les œufs aussi, par précaution. Aussi quand Genesis et Zack décidèrent de venir remettre leurs nez dans sa cuisine, il était presque sûr que l'espace était idiot-proof.

-Hey, Geal, tu t'en sors ? demanda Zack en se soulevant sur la pointe des pieds pour tenter d'apercevoir ce que contenaient les casseroles par-dessus de son épaule.

-Parfaitement bien, oui.

-On vient t'aider pour le gâteau, intervint Genesis.

À la grande surprise d'Angeal, le roux ne se jeta pas sur la bouteille de vin comme il l'aurait fait d'habitude. Sa réflexion d'une paire d'heures plus tôt devait l'avoir atteint plus qu'il ne l'avait laissé paraitre. Angeal pensa distraitement qu'il fallait qu'il s'excuse, quand il en aurait l'occasion.

Il commença par indiquer très clairement à Genesis dans quel ordre mélanger la farine, le sucre, les œufs, la levure et le peu d'huile qu'il avait sorti, puis il dicta à Zack comment s'occuper du four et beurrer le moule.

Une fois que chacun fut lancé dans une liste de tâches relativement longue, Angeal s'installa sur la petite table de sa cuisine et entreprit d'éplucher et de couper en morceaux ses pommesottes.

Il était à peine arrivé au bout de la première, que Zack s'exclamait déjà :

-Aïe !

Angeal ferma les yeux de dépit. Pas assez idiot-proof, sa cuisine.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je me suis juste brûlé. Rien de grave, on ne voit déjà plus rien !

Le brun laissa passer pour cette fois, mais à peine trente secondes plus tard, ce fut au tour de Genesis de demander :

-Euh, Angeal ? C'est normal que ça fasse ça ?

Angeal soupira bruyamment. Genesis pouvait très bien s'en sortir dans une cuisine ; il pouvait être investi d'une recette particulièrement compliquée et Angeal savait que le roux la suivrait à la lettre sans commettre le moindre écart, aussi fut-il persuadé sur l'instant que la pâte pouvait être jetée à la poubelle sans même l'avoir encore vue.

-Si tu juges que c'est anormal, c'est que ça l'est, dit-il, blasé.

Pour preuve, Genesis pencha le plat vers lui. La pâte qu'il s'employait à mélanger était devenue une sorte de grosse brique informe. Angeal secoua la tête :

-Recommence ?

Genesis soupira avant de commencer à ressortir les paquets de sucre et de farine qu'Angeal avait soigneusement rangés.

Après ça, même s'il dût calmer Zack lorsque celui-ci commença à mettre un peu trop de beurre dans le moule, la cuisine fut plongée dans un silence confortable. Enfin, jusqu'à ce que Genesis explose :

-Mais qu'est-ce que je fais mal, pour l'amour de Gaïa !

Zack, sous la surprise du hurlement de son supérieur, laissa tomber le moule qui s'écrasa avec fracas sur le plan de travail. Angeal s'entama la main avec son couteau quand il dérapa en sursautant.

Jurant tout son soûl, Angeal se leva de sa chaise en râlant pour jeter un œil à ce que faisait son meilleur ami. Une fois encore, la pâte, au lieu d'être épaisse et onctueuse, était devenue une sorte de grosse pâte à pain, et elle formait un tas compact au fond du plat.

-Mais qu'est-ce que tu as fait, Genesis ?

-Mais je ne sais pas ! Le problème doit être dans tes proportions, je ne vois pas d'autre explication !

-Bon, je vais faire la pâte, toi finis d'éplucher les pommesottes.

Genesis eut l'air de vouloir se rebeller, mais puisqu'il devait bien admettre qu'il venait de rater une simple pâte à gâteau deux fois, il se retint.

Il ne fallut attendre que quelques minutes pour que l'un d'eux ne reprenne la parole :

-Et moi, qu'est-ce que je fais maintenant ? demanda Zack, appuyé contre le comptoir à côté de son moule parfaitement beurré et du four qui préchauffait.

-Prends un autre couteau et aide Genesis, indiqua Angeal.

À eux deux, les pommesottes furent rapidement épluchées et coupées en petits morceaux. Zack se leva pour jeter les épluchures et Genesis réunit tous les morceaux dans un grand saladier qu'il posa à côté d'Angeal.

Celui-ci finissait de préparer la pâte (la sienne non plus n'était pas aussi lisse et onctueuse qu'il l'aurait fallu, prouvant que Genesis avait raison concernant les proportions, mais il manquait d'œuf pour la recommencer encore), et il fit signe à Genesis de commencer à verser les fruits dans sa préparation.

Ils versèrent le tout dans le moule et Zack l'enfourna.

-Et maintenant ? demanda le plus jeune, toujours surexcité.

-Maintenant, on fait la chantilly.

Genesis écarquilla les yeux :

-Comment ça, on fait la chantilly ?! Tu te fous de nous ? On a raté une pâte à gâteau ! Deux fois ! Comment veux-tu qu'on fasse de la chantilly ?!

Angeal parut ennuyé :

-J'avais prévu qu'on la fasse, je n'en ai pas acheté de toute faite…

Vu que Genesis avait l'air de vouloir étrangler son ami d'enfance, Zack jugea bon d'intervenir :

-On peut essayer de la faire ! Si on réussit tant mieux, et si on rate je pourrai toujours courir jusqu'au supermarché en acheter.

Genesis soupira de dépit, mais Angeal haussa les épaules et entreprit de sortir la crème fraiche du réfrigérateur et le sucre glace du placard.

-C'est tout ? s'étonna Zack.

-Oui. Sur le principe, ce n'est pas compliqué.

-Sur le principe, singea Genesis, dangereusement proche de la bouteille de vin.

-Dites, commença Zack, ça vaut ce que ça vaut, mais ma mère mettait toujours le saladier dans lequel elle faisait de la chantilly au réfrigérateur.

Angeal haussa un sourcil, avant de consulter Genesis du regard.

-Au point où on en est, dit le roux, s'il me disait que sa mère faisait trois fois le tour du plat à cloche-pied avec une cuillère en argent dans la bouche pour réussir, je le ferais.

Angeal ne répondit pas, mais il prit le saladier et le plaça dans le réfrigérateur.

-Et maintenant ? demanda à nouveau Zack.

-On peut faire le sirop de chocolat pour écrire sur le gâteau.

-On va écrire sur le gâteau ?! s'étouffa Genesis.

-Oui on va écrire sur le gâteau Genesis, c'est un anniversaire, pas des funérailles bon sang ! commença à s'énerver Angeal.

-Et j'imagine que tu n'as pas acheté du sirop de chocolat tout fait non plus ?

La voix de Genesis commençait à monter un peu trop dans les décibels, et Angeal cria :

-Non !

-Génial ! hurla le roux. Je le fais alors j'imagine !

-S'il te plait oui !

Genesis saisit la bouteille de vin par le goulot et en avala trois grosses rasades avant de la reposer avec un regard mauvais vers son ami d'enfance. Il s'employa ensuite à sortir une casserole du tiroir et à faire bouillir de l'eau en râlant à mi-voix.

Angeal se tourna vers Zack :

-Combien de temps ta mère laissait le plat ?

-Aucune idée. Assez pour qu'il soit bien froid.

Angeal décida de changer le saladier de place et de le placer dans le congélateur.

Pendant ce temps, Genesis avait fait fondre beaucoup de chocolat noir au bain marie dans son eau. Il ajoutait un peu de crème liquide quand Angeal décida qu'il en avait assez d'attendre et qu'il sortit le saladier pour le poser sur le plan de travail. Il était relativement froid, et Zack s'occupa de jeter le plus petit sort de glace qu'il pouvait produire pour achever le travail (« Pourquoi vous n'avez pas pensé à ça avant ? » avait craché Genesis en mélangeant son sirop, et personne ne lui avait répondu).

Pendant que Genesis plaçait son sirop de chocolat (qui était simplement du chocolat fondu finalement, il ne fallait pas trop lui en demander) sur le côté pour qu'il repose, puis qu'il sortait le gâteau cuit du four et le laissait reposer, Angeal versa la totalité de la crème fraiche dans le saladier maintenant froid. Zack avait bien insisté sur le fait qu'il fallait sortir le récipient de crème fraiche du réfrigérateur uniquement au moment de faire la chantilly, et il l'avait replacée dedans tout le temps de leur attente. Angeal ne savait pas trop d'où il sortait toutes ces astuces mais il était bien content d'avoir Zack sous la main à ce moment. Le brun ajouta le sucre dans le saladier et Angeal brancha le fouet électrique :

-Bon, dit-il, comme s'il partait pour le front.

-Bon, fit écho Genesis, avec un sourire mauvais et la bouteille de vin à la main, comme s'il se délectait de la défaite à venir.

-Non mais ne soyez pas si défaitistes ! Ma mère y arrivait avec un fouet normal, alors avec un électrique ça devrait être du gâteau ! encouragea Zack.

-Tu veux le faire ? s'enquit Angeal en lui tendant l'appareil.

-Alors, c'est tentant hein, mais non merci.

Angeal soupira et posa le bout des fouets dans la crème.

-Bon alors le secret, commença Zack, c'est d'augmenter la vitesse toutes les trente secondes.

-Il inventerait ces trucs au fur et à mesure que ça ne m'étonnerait qu'à moitié, intervint Genesis.

Zack lui adressa un regard blessé, mais il monta sa montre devant ses yeux quand même, et reporta son attention sur Angeal :

-Prêt, Geal ? Vas-y !

Angeal alluma le fouet à la plus petite vitesse, et augmenta d'un cran à chaque fois que Zack le lui indiqua. Doucement, la crème finit par prendre, et quand il arriva à la dernière vitesse et qu'il arrêta le fouet, il put retourner le plat au-dessus du sol sans que la chantilly ne tombe.

-Ah-ah ! fit-il avec un doigt vengeur pointé vers Genesis.

Le roux n'eut pas le temps de se défendre ; dans la main d'Angeal qui ne le pointait pas du doigt, la crème, jusque-là bien collée au fond du saladier encore retourné, s'écrasa sur le sol dans un splash mouillé. Angeal se figea sur place et blanchit. Zack plaqua sa main droite sur sa bouche en fixant le sol, horrifié. Genesis hurla de rire.

-Je vais aller en acheter, dit enfin Zack, sa voix à moitié noyée sous les éclats de rire de Genesis.

-Y a des gils dans l'entrée, indiqua Angeal, frustré, en lançant le plat dans l'évier de rage.

Son accès de colère fit redoubler l'hilarité de Genesis.

Angeal essaya de ne pas trop porter attention au roux, mais il dut bien se résoudre à essayer de l'interpeler pour continuer d'avancer durant l'absence de Zack :

-Genesis, il faut qu'on écrive sur le gâteau.

Il sortit une sorte de petite pipette qu'il avait achetée pour l'occasion, avec un tout petit trou au bout pour écrire assez finement.

Genesis, tout en essayant de se calmer, reprit son chocolat qui avait correctement figé sur le côté du comptoir et le tendit à Angeal. il en versa une petite quantité dans sa pipette et la tendit à Genesis.

-Tu as une plus belle écriture que moi, dit-il seulement.

Le roux prit une seconde pour être sûr de ne plus être pris de fou rire en travaillant, puis il accepta l'outil et entreprit de décorer le gâteau. Pendant qu'il se familiarisait avec son nouveau stylo, Angeal nettoya la défunte crème chantilly du sol en essayant de ne pas se sentir trop déçu.

-Angeal, ça ne marche pas.

-Hein ?

À quatre pattes sur le sol, les mains pleines de serviettes en papier gorgées de sucre, Angeal releva les yeux sur son ami d'enfance.

-Le gâteau boit le sirop, ça ne reste pas bien écrit.

Angeal fut alors touché par l'illumination. Il jeta les serviettes souillées et tendit devant Genesis une petite portion de papier sulfurisé.

-Écris là-dessus, on le mettra au congélateur et on le déposera sur le gâteau après.

Genesis le dévisagea avec un regard appréciateur en hochant la tête d'approbation, comme si Angeal n'avait définitivement pas fini de le surprendre, puis se remit au travail sur le papier cette fois.

Pendant ce temps, Angeal sortit une dernière pommesotte. Un fois épluchée et coupée en fines lamelles, il les disposa de manière assez artistique en arc de cercle sur le gâteau. Quand il eut fini, Genesis achevait le dernier « h » de Sephiroth, et les mots « Joyeux anniversaire Sephiroth » s'alignaient avec grâce sur le papier sulfurisé. Genesis glissa le tout au congélateur en croisant les doigts pour que le froid fige le chocolat fondu correctement.

Zack revint peu après, à bout de souffle mais avec deux bombonnes de crème chantilly. Il entreprit lui-même de former des petites montagnes striées aux quatre coins du gâteau et à les relier par un fin trait de crème. Satisfait, il se redressa et annonça :

-Fini !

Angeal approuva d'un « mmh » appréciateur, puis le gâteau disparut au réfrigérateur.

S'ensuivit l'étape que Zack aimait le moins, c'est-à-dire le nettoyage, mais une fois que la corvée fut derrière eux, ils s'alignèrent tous les trois dans le canapé, épuisés comme s'ils venaient de s'entrainer toute la journée.

Ils finirent par émerger de leur semi-coma quelques heures plus tard. Zack, en sursautant à cause d'un cauchemar, avait accidentellement heurté l'épaule d'Angeal, qui s'était éveillé immédiatement, croyant à une attaque imminente sur le champ de bataille de son rêve, et il avait secoué Genesis comme un prunier en hurlant jusqu'à ce qu'il se réveille. Ils avaient ensuite tous les trois regardé autour d'eux comme des ahuris avant de réaliser que rien ne se passait dans l'appartement.

Genesis jeta un œil à l'horloge. Quinze heures.

-Qu'est-ce qu'il reste à faire ? demanda-t-il en s'étirant sans prêter attention au fait qu'Angeal était littéralement dans le chemin de ses bras.

Zack haussa les épaules en s'étirant de l'autre côté de son mentor. Angeal se leva brusquement pour s'éviter d'être pris au piège.

-Les cadeaux c'est fait, commença-t-il à énumérer. La décoration aussi, la table aussi, le repas aussi, et le gâteau c'est fini. Je pense que c'est bon.

-On n'a plus qu'à aller se préparer alors ? s'enquit Genesis avec un immense sourire.

Angeal soupira :

-Oui, Gen, tu peux aller te préparer pendant six heures, mais rappelez-vous, à dix-huit heures on est tous les trois dans l'appartement de Seph !

-Oui, chef ! scandèrent de concert Genesis et Zack, juste avant de courir hors de l'appartement.

Angeal, laissé entièrement seul sur un temps record d'un huitième de seconde, soupira bruyamment. Il fit le tour de son appartement, réunit les confettis sur le comptoir pour être sûr de ne pas les oublier, et il vérifia la playlist qu'il avait composée sur son PHS avant de se résoudre à aller prendre une douche.

Une fois propre, il s'accorda un peu de temps pour choisir avec soin ses vêtements. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'ils fêtaient l'anniversaire de Sephiroth, mais lorsqu'il commença à se sentir un peu trop comme Genesis avec une dizaine de chemises sorties, il choisit la première à laquelle il avait pensé et l'enfila sans plus se poser de questions.

Angeal entreprit ensuite les voyages entre chez lui et chez Sephiroth avec les casseroles qu'il mit à réchauffer chez son ami, le gâteau qu'il plaça au réfrigérateur, les confettis qu'il déposa aux endroits où lui, Genesis et Zack avaient prévu de se cacher au moment où le Général arriverait, et enfin il brancha la petite enceinte qu'il avait ramenée pour diffuser sa playlist.

Angeal contempla son œuvre pendant de longues secondes, satisfait. La préparation de la journée s'était révélée être un travail de longue haleine, mais il avait hâte de découvrir la réaction de Sephiroth.

Il attendit l'arrivée de Zack et de Genesis en allumant la télévision et en zappant distraitement jusqu'à trouver un reportage relativement intéressant (bien qu'assez souvent erroné sur des détails) sur la guerre de Wutai.

Zack arriva le premier, à dix-sept heures quarante-cinq, et il s'installa à côté de son mentor sans un mot, très intéressé par le reportage. Genesis ne tarda pas à suivre et débarqua cinq minutes plus tard. Le roux entreprit de relever chaque incohérence du programme et d'expliquer à Zack ce qui s'était réellement passé. Après quelques minutes, Angeal baissa le volume pour entendre le retour éventuel de Sephiroth dans le couloir, et ils tendirent tous les trois l'oreille.

Une fois ou deux, des pas dans le couloir les firent bondir sur leurs pieds et éteindre la télévision, mais ils dépassaient toujours la porte d'entrée de Sephiroth.

Enfin, pourtant, ils reconnurent le son de la démarche familière de Sephiroth à peine fut-il sorti de l'ascenseur. Zack bondit pour éteindre les lumières, Genesis ouvrit les paquets de confettis, Angeal prépara son pouce au-dessus de la chanson « Joyeux anniversaire » sur l'écran de son PHS et ils plongèrent tous les trois derrière le canapé.

Le silence s'abattit sur l'appartement, puis il fut rompu par le bip sonore du lecteur de carte d'accès à l'extérieur. La porte s'ouvrit lentement, et la grande silhouette de Sephiroth s'avança d'un pas pour s'immobiliser dans l'entrée. Une main gantée s'avança vers l'interrupteur.

Angeal avait tout prévu. Il n'était pas assez naïf pour croire que Sephiroth ne sentirait pas la présence d'intrus dans son appartement, ni pour croire que s'ils sortaient maintenant tous les trois de leur cachette pour hurler « Joyeux anniversaire » ils entendraient autre chose en réponse que le bruit de leurs trois têtes coupées nettement par Masamune tomber sur le sol, aussi retint-il Zack et Genesis et lança la musique d'abord.

Le résultat fut immédiat, la main qui se tendait vers l'interrupteur acheva sa course et alluma les lumières avec précipitation.

-Mais qu'est-ce que… commença Sephiroth quand son regard tomba sur l'enceinte, puis sur les ballons, la table dressée et la montagne de cadeau.

Angeal jugea que c'était assez sécurisé, maintenant, et il bondit sur ses pieds en entrainant les deux autres :

-Joyeux anniversaire Sephiroth ! hurlèrent-ils en chœur en lançant des pleines poignées de confettis dans la direction de l'argenté.

Zack souffla bruyamment dans une langue de belle-mère, mais Angeal ne savait pas du tout où il l'avait trouvée.

Sephiroth resta coi un instant sur le seuil, mais puisqu'il était lui-même, il se reprit rapidement, et demanda seulement :

-C'est aujourd'hui ?

Genesis ne laissa pas le temps aux deux autres de se lancer dans des explications gênantes et assura avec aplomb :

-Oui ! Alors, qu'est-ce que ça fait d'être vieux ?

-Genesis… râla Angeal. Tu avais promis que tu ne poserais pas cette question…

-Oui, alors à propos de ça, j'ai menti, répondit le roux en se dirigeant vers Sephiroth.

Contre toute attente, il le serra dans ses bras. Sephiroth, plus surpris qu'il ne s'attendait à l'être en rentrant dans son appartement, lui rendit maladroitement son étreinte, puis se retrouva enseveli sous le poids de trois amis apparemment ligués pour l'étouffer.

-Hojo vous l'a dit ? demanda-t-il encore, même si on ne l'entendit pas très bien.

-Non, pas vraiment, on a fait quelques recherches, enchaîna Genesis.

Il avait l'air d'avoir décidé que personne d'autre que lui n'allait risquer de faire une boulette sur la question épineuse de la date d'anniversaire :

-On est sûrs que c'est aujourd'hui, finit-il.

Sephiroth les serra plus fort, seul signe indiquant qu'il avait entendu Genesis. Angeal essaya de dévisager son ami d'enfance par-dessus l'épaule de l'argenté. Il exagérait quand même un peu la vérité, mais il n'eut pas le cœur de protester quand Sephiroth les lâcha et qu'il avait l'air plus ému qu'Angeal ne l'avait jamais vu auparavant.

-Joyeux anniversaire, Seph, répéta-t-il.

-Merci, répondit-il, toujours un peu choqué. Merci pour…

Il agita les bras autour de lui, désignant la pièce entière :

-Pour tout ça.

-Tu n'as encore rien vu ! triompha Genesis en le tirant vers le salon.

-Est-ce que je peux prendre une douche avant de voir ? demanda Sephiroth en suivant le roux de bonne grâce. Je rentre d'une mission, je vous rappelle.

-C'est vrai que tu pues, Seph, intervint Zack.

Sephiroth voulut le fusiller du regard, mais Genesis le poussait déjà vers son propre couloir.

-Et dépêche-toi ! cria le roux en fermant la porte de sa salle de bain sur lui.

Pendant que Sephiroth prenait sa douche, Angeal déboucha la première bouteille de champagne et servit l'apéritif. Genesis dû pousser un peu les cadeaux pour pouvoir poser tout ce que le brun avait préparé comme amuse-bouche sur la table basse, mais il parvint à tout faire tenir dessus.

-Tiens, Genesis, tu n'as pas invité ton nouvel ami Turk, Reno ? se moqua Zack en posant le dernier bol de chips sur la table.

-Non, répondit son supérieur le plus sérieusement du monde. On ne se parle plus. Quand Tseng a eu fini d'investiguer et qu'il s'est révélé que le gars qui s'est suicidé sur ma Rapière n'était en fait pas un simple gars, mais un assassin envoyé pour me tuer et qu'il s'est retrouvé poussé sur mon arme par la bienveillance inconsciente de mes adorés fans – comme quoi le karma existe -, il a insinué que peut-être, ça aurait été mieux pour le monde que cet assassin arrive au bout de sa mission, à savoir me supprimer. Ça ne m'a pas plu, évidemment, et on ne se parle plus.

Zack, qui ne demandait pas tant d'explications à la base, et surtout pas en une seule phrase, hocha la tête avec un « oh » faussement intéressé.

Sephiroth émergea du couloir à ce moment et les rejoignit sur le canapé. Angeal distribua une flûte de champagne à tout le monde et ils trinquèrent à la santé du Général.

-Allez, ouvre tes cadeaux ! s'exclama Zack dès que son supérieur eut bu une micro gorgée.

-Ils sont tous pour moi ?

-Non, on s'attend à ce que tu les partages avec la femme de ménage, cingla Genesis. Bien sûr qu'ils sont pour toi ! Ouvre juste celui-là en dernier.

Genesis mit de côté le paquet qu'il savait contenir le cadre avec la photo d'eux trois, et il poussa les autres vers son ami. Il eut le malheur de commencer par le costume, et Genesis le força à l'essayer, bien qu'il sût déjà qu'il lui irait parfaitement puisqu'il l'avait fait faire sur mesure.

Sephiroth dût donc passer le reste de la soirée dans son nouveau costume, bien malgré lui. Il remercia Genesis pour les livres et les nécessaires d'entretien pour Masamune, puis il déballa les cadeaux d'Angeal, la brosse en argent et le stylo. Ils débouchèrent tout de suite le whisky wutaien et Sephiroth promit de réserver deux semaines dans son agenda pour les vacances prévues par ses deux meilleurs amis. Genesis passa alors le dernier paquet, à savoir la photo, et Sephiroth sourit en le déballant :

-Tu avais encore cette photo ?

-Bien sûr.

-Elle a été prise le jour de notre rencontre, à tous les trois, intervint Angeal. On s'est dit que ça te ferait plaisir de l'avoir aussi.

-Vous avez eu raison, ça me fait énormément plaisir.

Les trois SOLDIERS le laissèrent contempler un peu plus longtemps ce souvenir, puis il posa le cadre en évidence sur le meuble de la télévision. Quand il se réinstalla dans le canapé, Zack se tortilla un peu sur sa chaise :

-Hum, Seph… dit-il.

Il eut au moins le mérite de reporter sur lui l'attention de Sephiroth, jusque-là encore sur la photo, et quand le Général le regarda, Zack prit une grande inspiration et se lança :

-Je sais qu'on ne se connait pas aussi bien que vous trois, et j'ai appris que c'était ton anniversaire uniquement ce matin, donc j'ai pas eu des mois pour préparer ça comme Geal ou Genesis, donc, j'ai fait avec ce que j'ai trouvé aujourd'hui, et voilà, quoi, joyeux anniversaire…

Il sortit de sa poche une petite boite avec un nœud autour et le tendit à son Général sur ces derniers mots.

Sephiroth l'accepta et saisit la boite délicatement. Il tira sur le ruban et ouvrit l'écrin. A l'intérieur se trouvait une sorte de petit bracelet. Une fine plaquette de platine était retenue par une chaine, et il y était gravé « Sephiroth » en élégantes cursives. Le point du « i » de son prénom était constitué d'un minuscule éclat d'émeraude.

-C'est une gourmette, expliqua Zack. Normalement, on la reçoit à la naissance, enfin le plus souvent, et… Enfin, juste, retourne-la.

Sephiroth fit ce qui lui était demandé et une émotion inconnue le saisit à la gorge. De l'autre côté de la gourmette, Zack avait fait graver sa date de naissance, celle qu'ils fêtaient à ce moment-même.

-Fais voir ?

Intrigué par le mutisme de Sephiroth, Angeal et Genesis se penchèrent vers le bijou.

-Oh, Zack… fut la réaction attendrie d'Angeal.

-Quoi ? C'était malvenu ? Maladroit ? J'aurais pas dû ? Désolé je savais pas quoi faire j'ai paniqué j'ai pensé que c'était une bonne idée-

-C'était une excellente idée, Zachary, coupa Genesis.

Le silence après sa phrase s'étira un peu plus longtemps, le temps que Sephiroth ne se reprenne. Il se tourna vers Zack, un léger sourire sur les lèvres, mais les yeux un peu brillants – à moins que ce ne soit la lumière ?

-Merci énormément, Zack, dit enfin Sephiroth. Ça représente beaucoup pour moi, mais tu n'étais pas obligé. Ça a dû te coûter une fortune.

Il ne s'était pas soucié des finances de ses deux meilleurs amis ; après tout ils recevaient un salaire astronomique et des primes de risque quasi quotidiennes, mais ce n'était pas encore le cas de Zack. Soulagé, le brun sourit, ignorant complètement l'inquiétude de Sephiroth sur le montant du cadeau : s'il l'avait offert après tout, c'est qu'il pouvait se le permettre.

-Oh, alors, je suis content ! Que ça te plaise je veux dire !

Il se tordit les mains distraitement ; il n'avait pas réalisé à quel point le silence l'avait rendu nerveux.

-Est-ce que ça te dérangerait de l'accrocher ?

-Non, donne ton bras.

Sephiroth tendit son bras gauche, et Zack accrocha habilement la gourmette autour de son poignet. Une fois son bras libéré de la poigne de son lieutenant, l'argenté admira encore un peu le bijou.

Genesis, sentant que l'atmosphère devenait un peu trop chargée d'émotions pour ce que pouvait en ressentir Sephiroth sans éprouver le besoin de se cacher, intervint :

-Bon, qui a faim ?

Un concert de « Moi ! » lui répondit, et ils débarrassèrent rapidement la table basse pour migrer vers la cuisine.

Angeal avait clairement réussit son coup. Le dîner entier était succulent, comme quoi se débarrasser de Genesis et de Zack le temps de cuisiner au moins le dîner avait porté ses fruits.

Autour de la table, les conversations allaient bon train, et Sephiroth semblait passer une excellente soirée.

À un moment donné, Angeal fit signe à Zack pendant que Genesis et le Général étaient pris dans un de leurs éternels débats inutiles et stériles, et les deux bruns s'éclipsèrent discrètement dans la cuisine. Angeal sortit le gâteau du frigo, Zack s'occupa de déballer les bougies. Ils placèrent les mots en chocolat sur le gâteau et plantèrent les bougies autour. Un petit Fira plus tard, et Zack se glissait dans le salon pour éteindre les lampes.

Angeal, le gâteau dans les bras, avança doucement vers la table en commençant à chanter, le visage illuminé par les flammèches. Zack et Genesis, qui bizarrement abandonna son débat, joignirent leurs vocalises aux siennes et bientôt, Angeal déposa le gâteau juste devant Sephiroth pendant que les deux autres applaudissaient en sifflant.

Le Général souffla les bougies, faisant redoubler les cris autour de la table, puis Zack retourna allumer les lampes après avoir rangé son PHS avec lequel il avait filmé la scène.

Angeal coupa le gâteau, et servit une part à chacun, abandonnant une grosse moitié dans le plat (ils pourraient encore en manger le lendemain, pensa son instinct de mère-poule).

-Ce sont des pommesottes, Seph, expliquait Genesis. C'est de Banora, mais je crois que tu n'y as jamais goûté.

-Non, jamais, confirma l'argenté en prenant sa première bouchée de fruits.

Genesis eut l'air pendu à ses lèvres le temps qu'il lui donne son avis, et ne fut satisfait que lorsque Sephiroth approuva :

-C'est très sucré, mais c'est très bon.

Angeal entama sereinement sa part lui aussi, et il prêta une attention distraite à la conversation entre Genesis et Zack sur Banora, quand soudain, quelque chose attira pleinement son attention dans la phrase de Zack :

-Comment ça peut pousser sur des arbres qui sont tout tord- Seph, qu'est-ce qu'il y a sur ton visage ?

Genesis, de bonne humeur, faillit répondre pour son ami « Du charisme », mais quand il tourna la tête vers l'argenté à son tour, il blanchit :

-Oh Gaïa !

Sephiroth avait posé la petite fourchette avec laquelle il avait entamé son gâteau, ou plus précisément, il l'avait laissée tomber. Ses longs doigts avaient agrippé le bord de la table, et son visage ainsi que son cou s'étaient couverts de plaques rouges.

-Sephiroth ? appela Angeal.

Il se leva, renversant sa chaise.

-Seph ?!

L'argenté ne répondit pas. Apparemment concentré sur sa respiration, il ne jugea pas utile de la dilapider en parole. Zack, par contre, perdit pied :

-Oh mon Dieu, on a tué le Général !

-On n'a tué personne, coupa sèchement Genesis.

Il tapa dans le dos de Sephiroth. Angeal le chassa :

-Arrête, tu vois bien qu'il ne tousse pas !

-Alors qu'est-ce qu'il fait ?! Il s'étouffe ! Il allait bien, et puis maintenant on dirait Ifrit !

Genesis lui tapa encore dans le dos.

-Arrête de faire ça bon sang Gen ! Tu vois bien qu'il n'a rien dans la gorge ! s'énerva Angeal.

Zack, paniqué, se leva mais ne trouva absolument rien à faire pour aider. Il resta là, les bras ballants, les jambes pliées dans l'attente de lui donner une impulsion vers la solution qui ne vint pas.

-Sephiroth ? Tu nous entends ?

Pendant que l'argenté hochait doucement la tête, concentré pour ne pas mourir, Genesis s'emporta:

-Bien sûr qu'il nous entend Geal, tu vois bien que c'est une allergie !

-Une allergie ?

Angeal marqua une pause et réfléchit :

-Ça doit être les pommesottes !

-Impossible ! coupa Genesis, furieux. Personne au monde n'a jamais été allergique aux pommesottes !

-Mais Sephiroth n'est pas n'importe qui dans le monde ! contra Angeal.

Les deux s'étaient mis à hurler de part et d'autre de la table pendant que Sephiroth, de plus en plus rouge et de plus en plus raide, tentait de reprendre le contrôle de sa respiration, en vain. Sa gorge avait gonflé en très peu de temps.

-Il faut l'emmener au centre médical, dit calmement Zack. Maintenant.

Mais aucun des deux autres ne l'écoutait. Genesis hurlait sur Angeal que les pommesottes ne feraient de mal à personne et surtout pas au Général des Armées de la Shinra, et Angeal hurlait qu'il devait bien voir que si.

Zack décida de prendre les choses en main. Il fit le tour de la table, fit sauter les premiers boutons de la nouvelle chemise du Général dans l'espoir de faciliter sa respiration, puis il saisit le bras de Sephiroth et le passa autour de ses épaules. A côté de lui, excédé, Angeal se pencha en avant pour attraper les cheveux de Genesis.

-Mais tu vas te taire ?! hurla-t-il de toutes ses forces en tirant sur la nuque du roux.

L'effet fut immédiat. Genesis, surpris, partit en avant et son visage s'écrasa dans ce qu'il restait de gâteau d'anniversaire.

Tout le monde se figea, Sephiroth aussi, même s'il n'aurait pas pu respirer s'il l'avait voulu. Genesis se redressa lentement, les cheveux couverts de chantilly. Il essuya ses yeux avec une lenteur mesurée.

-Alors ça, dit-il, tu vas me le payer très cher.

Il s'empara de sa part de gâteau encore intacte dans son assiette et la lança sur Angeal, en plein visage. Le tout avait duré une demi-seconde et le brun n'avait pas pu l'éviter.

Sephiroth émit une sorte de gargouillis, sûrement le résultat d'une tentative de demander vocalement de l'aide, et ça sortit Zack de sa stupeur. Il traîna Sephiroth, qui ne l'aida qu'à peine, hors de l'appartement et dans le couloir.

L'ascenseur mis bien trop de temps pour arriver à leur étage, et quand Zack réussit enfin à y entrer avec son supérieur, la respiration de l'argenté se résumait à un sifflement aigu, comme si quelqu'un essayait de souffler autour d'un brin d'herbe entre ses deux pouces.

Juste avant que les portes ne se referment, Genesis et Angeal firent irruption dans la cabine, couverts de morceaux de gâteau. Ils continuèrent à se hurler dessus, mais au moins Angeal soulagea Zack d'une partie du poids de Sephiroth.

Après ce qui parut au jeune lieutenant comme une éternité, les portes s'ouvrirent enfin.

-Medic ! hurla Zack à peine sorti de l'ascenseur, faisant se retourner sur eux la totalité des employés de l'étage.

Angeal suivit, l'autre bras de Sephiroth autour de ses épaules. Genesis, qui avait enfin arrêté de clamer l'innocence des pommesottes, les dépassa en courant en direction du centre médical.

Les murmures s'élevèrent alors. Le grand Général, la gorge gonflée, qui commençait à virer au bleu et affaibli dans les bras d'Angeal et de Zack était une vision encore jamais vue.

Alerté par le cri de Zack, un médecin avait surgi du coin du couloir. Il poussa violemment plusieurs employés sur son chemin pour rejoindre les SOLDIERS.

-Oula, fut la seule chose qu'il dit en apercevant Sephiroth.

Genesis revenait avec deux infirmiers.

-Un brancard ! leur cria le médecin, mais Sephiroth sembla protester.

-Il dit que c'est au bout du couloir et qu'il peut y aller tout seul, traduisit Angeal, un peu dubitatif.

-Non mais t'es dingue ?! explosa Genesis. Un brancard ! exigea-t-il à son tour.

-Mais de quoi tu te mêles Genesis?! S'il ne veut pas de brancard, laisse-nous passer!

Zack en avait largement assez. Il s'énerverait contre la fierté de Sephiroth plus tard, mais pour l'heure, laissant en plan Angeal et Genesis pour la seconde fois, il poussa Sephiroth vers le centre médical. Le médecin qui s'était arrêté pour eux tenta bien de l'aider, mais n'étant pas un SOLDIER boosté de mako, il ne fut pas d'une grande aide.

Zack réussit enfin, après un effort qu'il pourrait qualifier de surhumain, à se traîner jusque dans le centre. Dès que les portes claquèrent derrière eux trois, Sephiroth se laissa tomber sur le brancardier qui se préparait à sortir. Le pauvre homme le repositionna comme il put sur le brancard, aidé de Zack.

-Tout ça pour l'image, bon sang Sephiroth ! s'énerva ce dernier. Tu ressembles déjà à une tomate au four, tout le monde s'en fout que tu sois debout!

Sephiroth ne sût que le foudroyer du regard avant de tourner de l'œil. Les deux brancardiers emmenèrent un Sephiroth à peine conscient vers un lit des urgences pendant qu'Angeal et Genesis faisaient irruption dans le centre.

-On a calmé les civils, dehors, indiqua Angeal.

-Est-ce qu'ils ont déjà dit ce qui a provoqué ça ? interrogea Genesis. Ce ne sont pas les pommesottes, n'est-ce pas ?

Angeal adressa un regard noir à son meilleur ami.

-On ne sait pas encore, il vient de partir, répondit Zack.

Le médecin, d'ailleurs, revenait vers eux :

-On pense qu'il fait un Œdème de Quincke.

-Et en français ? demanda sèchement Genesis.

-C'est une réaction allergique violente. Est-ce que le Général est allergique aux cacahuètes par exemple, ou aux fruits à coque, aux fruits de mer… ?

-Aux pommesottes, indiqua Angeal, récoltant un regard noir de Genesis.

-Ça fait combien de temps qu'il en a mangé ?

-À peine dix minutes.

Les yeux du médecin s'écarquillèrent.

-C'est extrêmement rapide, dit-il, surpris. Comprenez-moi bien, c'est une réaction presque immédiate, mais il aurait normalement eu le temps de parler encore un peu, même mal, et descendre ici sur ses deux pieds. Ça aurait dû commencer par de simples plaques sur la gorge et le torse, puis par une légère difficulté à respirer, la voix qui change, la gorge qui gonfle,...

-Il s'est asphyxié presque tout de suite, dit Zack.

-Bon, c'est assez rare, mais ça peut arriver, conclut le médecin. Surtout, il faut qu'il se tienne très loin des pommesottes à partir de maintenant.

-Bien sûr, souffla Angeal.

-Et maintenant, docteur ? s'inquiéta Zack.

-Il a immédiatement reçu une injection de cortisone puis une d'adrénaline, sa tension avait trop baissé. On a dû commencer une intubation pour lui permettre de respirer. Au moins on a évité la trachéotomie. Normalement on va le garder vingt-quatre heures, pour éviter tout risque de réaction biphasique et –

-En français docteur, s'il vous plait, répéta Genesis.

-Pour éviter une réapparition des symptômes, clarifia le pauvre médecin avec un sourire désolé. On fera un petit bilan allergologique pour être sûrs que les pommesottes sont le seul danger, et puis il sera libre de sortir.

-Quand est-ce qu'on pourra le voir ? demanda Zack.

Il avait recommencé à se tordre les mains et l'envie d'évacuer l'anxiété avec des squats commençait à le démanger.

-Je dirais d'ici une paire d'heures. Il ne devrait pas tarder à être stable et l'intubation ne sera pas nécessaire longtemps. J'enverrai un infirmier vous chercher quand vous pourrez le voir.

-Merci docteur, dit Angeal.

Le médecin les salua tous les trois d'un signe de tête avant de s'éloigner dans le couloir.

Les trois SOLDIERS se dirigèrent vers la salle d'attente. Zack se releva après deux secondes et se lança dans une interminable série de squats. Les deux autres allèrent chacun à leur tour essayer de se débarrasser des derniers bouts de gâteau coincés dans leurs cheveux, puis ils finirent par s'installer dans des petites chaises en plastique blanc et attendre.

Comme promis, après un petit peu plus de deux heures, un infirmier fit irruption dans la salle d'attente, les yeux rivés sur un rapport entre ses mains.

-Général Sephiroth ? appela-t-il.

Il releva les yeux un peu trop tard. Angeal, Genesis et Zack étaient les seuls personnes présentes dans la pièce. Genesis leva un sourcil moqueur.

-Hum, oui, bien sûr, désolé, s'excusa l'infirmier. Suivez-moi messieurs.

Il les conduisit dans le couloir des chambres de repos. Au moins, Sephiroth n'était plus en soins intensifs.

Quand l'infirmier ouvrit la porte, le Général était debout près de la fenêtre, observant Midgar de nuit.

-Général ! s'étouffa-t-il, horrifié, avant de courir dans la pièce et de tirer Sephiroth par le bras, tout respect de la hiérarchie envolé. Vous ne devez vous lever sous aucun prétexte ! Vous avez arrêté de respirer pendant plusieurs minutes, vous êtes inconscient ?! Si vous ne tenez pas à la vie, pensez au moins à mon poste ! Si le docteur apprend que vous vous êtes levé sous ma surveillance, je peux déjà me mettre à chercher une boite en carton à louer dans les taudis !

Il força un Sephiroth surpris à s'allonger sur son lit au-dessus des couvertures, et Genesis, les bras croisés dans l'entrée, échangea un regard impressionné avec Angeal.

-Ne le laissez pas sortir de ce lit ! commanda l'infirmier, furieux, en pointant Angeal du doigt avant de sortir et de fermer la porte, les laissant seul avec son patient.

-Ça va mieux Seph ? demanda Genesis en allant s'asseoir sur le bord de son lit.

-Ça va.

La voix de Sephiroth était devenue très rauque, mais l'intubation était probablement plus responsable de ça que la réaction allergique en elle-même.

-Ils veulent me garder vingt-quatre heures, dit-il en frottant sa gorge.

Le Général eut l'air de dire ça comme s'il n'arrivait pas à faire le deuil de vingt-quatre heures gâchées à attendre dans un lit d'hôpital, apparemment même pas autorisé à se lever.

-Ils nous ont dit, oui.

Angeal alla s'asseoir de l'autre côté du lit et Zack s'appuya contre le mur.

-Tu nous as fait une sacrée peur.

-Désolé. C'est arrivé très vite.

-On a vu ça.

Il y eut un silence appuyé dans la chambre après ça.

-Je suis triste, quand même, indiqua Sephiroth.

Genesis s'inquiéta tout de suite :

-Pourquoi ?

-Les pommesottes. C'était bon.

Genesis ne put s'empêcher de rayonner après avoir entendu ça, et Angeal dut se retenir de le fusiller du regard. Il souriait de toute façon, donc l'effet aurait été peu convaincant.

-On est désolés, Seph, intervint Zack en se décalant du mur et en s'approchant au pied du lit. C'était pas vraiment comme ça qu'on imaginait la fin de ta soirée d'anniversaire…

Genesis et Angeal baissèrent les yeux, un peu honteux.

-Vous ne pouviez pas savoir, dit Sephiroth en haussant les épaules. Et puis même…

Il sembla chercher une façon d'exprimer précisément ce qu'il ressentait. Il eut l'air de vouloir en dire plus, mais il se décida pour un simple :

-C'était le meilleur anniversaire de toute ma vie.


Bon, c'est censé être un recueil humoristique et au fur et à mesure que j'ai écrit ça baaah... c'est devenu du fluff. Sorry not sorry, j'ai envie de dire.

Je précise que je ne suis ni médecin ni allergique, mais comme tout le monde j'ai internet par contre. Si ce que je raconte sur la fin de cet OS est une connerie monumentale, faites-le-moi savoir et je corrigerai!

N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de cet OS, je vous lirai avec plaisir dans le train que je peux de nouveau prendre pour aller bosser!

Portez-vous bien, et restez prudents, on se revoit au prochain OS!