J'imagine que c'est convenable que je m'excuse du délai? Infiniment désolée.

J'espère que vous allez bien!

J'espère aussi que vous apprécierez ce nouvel OS, histoire que vous ne l'ayez pas attendu pour rien...

Enjoy!

Vamos a Costa

-Aaah! On n'est pas bien là?

Se disant, Genesis entrecroisa ses doigts derrière sa nuque et offrit son visage au soleil.

Il avait fallu un temps considérablement long pour réussir à aligner deux semaines de permission communes aux trois Firsts Class pour s'offrir enfin les vacances que Sephiroth avait reçues pour son anniversaire, mais ça y était, enfin, et ils n'avaient pas su résister à l'envie de s'allonger sur le sable à peine arrivés.

-Il fait chaud, quand même, objecta Sephiroth, assis à côté d'Angeal.

De l'autre côté du brun, Genesis se redressa sur un coude:

-Tu pourrais essayer d'en profiter un peu. On est là pour toi.

-Ce n'est pas parce que j'ai servi d'excuse pour planifier ces vacances que je dois en apprécier chaque seconde. Je vous rappelle que personne de compétent n'est en charge du SOLDIER pendant qu'on meurt de chaud ici.

Angeal haussa les sourcils:

-Sympa...

Comme d'habitude, ils avaient laissé Zack en charge, mais Zachary Fair ou personne, c'était du pareil au même pour le Général.

-Vous pensez que Lazard va nous rappeler? demanda distraitement Genesis en dessinant des formes abstraites dans le sable.

-Je suis étonné qu'il ne l'ait pas déjà fait quand on a décollé, cingla Sephiroth.

Genesis souffla d'amusement, puis singea:

-« Désolé messieurs, il n'y a plus de pain à la cafétéria c'est une urgence vous devez revenir à Midgar »

Ce fut au tour de Sephiroth de rire. Angeal, entre eux et en voulant frapper légèrement leurs bras de chaque côté, perdit l'équilibre et bascula en arrière. L'hilarité des deux autres redoubla, et même Angeal dut réprimer un petit sourire en coin et frottant ses mains l'une contre l'autre pour se débarrasser du sable:

-C'est ça, moquez-vous... Il appréhende simplement d'envoyer ses trois First Class en vacances en même temps. On verra comment vous réagirez quand il appellera pour une vraie urgence.

-J'espère pas, dit Genesis. J'ai besoin de dormir pendant deux ans. Ou alors j'ai besoin d'un mètre de shots. Au choix.

-Et on commence par quoi?

Genesis regarda Sephiroth par-dessus l'épaule d'Angeal pour lui répondre:

-Par les shots évidemment! Ça me permettra de mieux dormir.

-Logique imparable, soupira Angeal.

-N'est-ce pas? sourit Genesis avec une petite tape sur l'épaule de son ami d'enfance. Le dernier au bar ne mérite même pas de rentrer dans l'infanterie!

Le roux sauta sur ses pieds dans le sable en hurlant ça et en se mettant à courir vers la ville. Immédiatement, Sephiroth en fit autant, et Angeal soupira. Il réunit les quelques effets personnels qu'ils avaient posés autour d'eux et sans lesquels ses deux amis étaient partis: une bouteille d'eau à moitié entamée mais chaude qu'il ne pouvait se résoudre à abandonner là dans la nature, la veste de Genesis (Sephiroth avait fait l'effort d'attraper la sienne avant de se mettre à courir), et une paire de lunettes de soleil aux couleurs de Costa qu'on leur avait offerte à leur arrivée.

Le brun vérifia une dernière fois qu'il ne laissait plus rien derrière lui, puis se mit à marcher calmement vers le bar. Quand il y arriva, Sephiroth et Genesis étaient déjà attablés près d'une fenêtre ouverte, deux cocktails extravagants posés devant eux et semblaient se disputer pour savoir lequel des deux était arrivé le premier. Peu importe la conclusion qu'ils atteignirent à ce moment, puisqu'elle fut oubliée à la seconde où Genesis repéra Angeal avancer vers eux:

-Alors ça fait quoi de ne même pas avoir le niveau d'une unité d'infanterie, Geal?

Pour toute réponse, Angeal lui lança sa veste en plein visage. Elle le recouvrit comme un fantôme carmin, et Genesis se débattit une seconde pour retrouver la lumière du jour. Pendant ce temps, Angeal s'installa sur la dernière chaise disponible autour de la table, pendant que le barman arrivait près de lui pour poser un verre identique à ceux de ses deux amis devant lui.

-Cadeau de la maison, Commandant! annonça-t-il avec un grand sourire. Bienvenue à Costa del Sol!

-Merci. Est-ce que cela vous dérangerait de jeter cette bouteille?

Ce disant, Angeal tendit la bouteille d'eau chaude qu'il avait ramenée de la plage.

-Bien sûr que non, donnez, dit le barman sans se départir de son immense sourire ravi.

Angeal donna la bouteille en plastique en remerciant l'homme. Il s'en saisit et reprit la parole:

-J'aurais un service à vous demander en échange, si ça ne vous dérange pas...

Si Genesis parut sur le point de s'insurger de la requête alors qu'on ne demandait qu'à jeter une bouteille d'eau, Sephiroth le fit efficacement taire d'une main sur l'avant-bras.

-Quel genre de service? s'enquit le Général.

Puisque c'était Sephiroth qui demandait, et plus Angeal, le barman sembla hésiter plusieurs secondes, et le Général pensa bien qu'il allait se rétracter, comme il l'avait voulu, avant que l'autre ne se reprenne:

-Il y a un monstre qui terrorise les enfants qui veulent se baigner, là-bas, sur la plage. Il y a une sorte de baie où les jeunes de Costa se retrouvent pour faire des barbecues et des petites soirées, loin de la plage des touristes. Ça fait quelques jours qu'ils ne peuvent plus y aller, mon fils y compris... Il a bien failli y perdre sa main la semaine dernière... C'est probablement présomptueux de ma part, et j'en suis désolé, je suppose que vous êtes ici en vacances, mais j'ai pensé... Enfin aucun de nous n'a réussi à le tuer ou à le faire fuir...

-Il ressemble à quoi, ce monstre? soupira Angeal.

-À un gros chat aquatique, plus ou moins quatre mètres au garrot, mais il nage comme un poisson. De ce qu'on a vu, du moins. Il a des dents assez longues mais il semble se servir bien plus souvent de ses griffes et de son espèce de nageoire qui lui sert de queue, pour balayer les jeunes et les entraîner dans la mer ensuite.

-Vous voulez dire qu'il a déjà noyé des gamins? s'enquit Genesis.

Sephiroth regardait nerveusement autour d'eux; la salle entière s'était tournée vers eux, des dizaines d'yeux suppliants suivaient le moindre de leurs mouvements et autant d'oreilles buvaient leurs mots dans l'espoir d'entendre un « d'accord ».

-Ça lui est arrivé, oui, deux fois.

Angeal soupira.

-C'est bon, dit Sephiroth. On va s'en charger.

Genesis haussa les sourcils de surprise mais ne dit rien de plus.

-Ça nous prendra une paire d'heures, tout au plus, renchérit Angeal.

-Oh merci, merci mille fois! Bien sûr vous ne payerez rien de toute la durée de votre séjour, ni boisson, ni repas, ni chambre! s'enflamma immédiatement le barman pendant que la salle se fendait d'exclamations de joie dissimulée.

Genesis se retint de signaler qu'ils ne payaient déjà rien, puisque leurs vacances, même si offertes pour l'anniversaire de Sephiroth, avaient en grande partie été prises en charge par la Shinra.

Sephiroth se contenta de hausser les épaules avant de retourner à son cocktail pendant que le barman s'éloignait.

-Il va falloir qu'on appelle Lazard pour le tenir au courant, soupira Angeal en sortant déjà son PHS de sa poche.

-Le tenir au courant de quoi ? demanda Genesis.

-Du fait qu'on va abattre un monstre à Costa.

-Pourquoi ?

Dubitatif, Genesis croisa ses bras sur son torse et attendit, comme s'il venait de poser la question la plus compliquée de l'univers et qu'il s'attendait à ce qu'Angeal passe quelques heures à lui répondre.

-Parce que.

-C'est tout ? s'étonna son meilleur ami après un court silence.

Mais Angeal avait déjà composé le numéro de Lazard et attendait patiemment que le Directeur décroche.

-Et dire qu'on pensait que c'était lui qui allait appeler, se désola Sephiroth en reposant son verre vide sur la table.

-On va passer pour des dépendants, renchérit Genesis. On aurait très bien pu faire ça sans lui en parler.

-Et mentir ? s'étonna Sephiroth. Angeal a quand même raison, on va potentiellement se mettre en danger pour chasser ce monstre, la Shinra devrait connaitre notre position s'il nous arrive quelque chose.

-Que veux-tu qu'il nous arrive ? Apparemment ce monstre s'en prend aux gamins…

-Tu es donc potentiellement visé, je trouverais ça inquiétant si j'étais toi.

-Ah-ah, très drôle, se força à répondre Genesis pour ne pas écraser le pied de son supérieur sous la table.

A côte d'eux, Angeal avait réussi à joindre Lazard.

-Bonjour, Directeur, Angeal Hewley à l'app-

Il fut brutalement coupé, de toute évidence, à peine sa phrase terminée.

-Oui, nous sommes bien arrivés. Non, du tout… En fait, nous… Oui. Alors, concernant ça, nous- En effet. Non, il faudrait-

-Mais il ne le laisse pas en placer une ? s'étonna Genesis.

-Tiens, ça me rappelle quelqu'un, cingla Sephiroth en adressant un signe au barman pour avoir un verre de plus.

Sous le regard désapprobateur de Genesis, il se sentit obligé de se justifier :

-Quoi ? C'est gratuit, il a dit.

Pour toute réponse, le roux soupira bruyamment. Angeal, de son côté, n'était toujours pas parvenu à se faire entendre :

-Oh, alors je suppose que vous devriez- Non attendez. Vous voulez que je vous passe Sephiroth ?

Sephiroth fit de grands gestes de ses deux bras pour bien signifier qu'il ne voulait pas, mais alors pas du tout, discuter avec son Directeur, et ensuite il mima le fait de dormir avec ses deux mains jointes sous sa joue droite. Pendant qu'Angeal traduisait par un « Oh, non, désolé, il dort en fait », Genesis dévisageait le Général avec deux énormes yeux.

-Quoi ?

-Je ne sais pas ce qui me choque le plus, le fait que tu refuses de parler à ton supérieur, le fait que tu aies secoué les bras comme un oisillon hors de son nid ou alors le fait que tu viennes de te faire passer pour endormi, simplement pour ne pas devoir résoudre un problème de l'armée.

-Ne pas devoir résoudre un problème de l'armée en vacances, souligna l'argenté en sirotant son cocktail. Maintenant arrête de me faire parler, ou tu vas faire sauter ma couverture.

-Eh bah ça commence bien, soupira Genesis en reportant son attention sur Angeal.

Après plusieurs minutes de conversation apparemment importante mais impossible à suivre pour quiconque n'avait pas la seconde partie de la ligne téléphonique, Angeal réussit à expliquer la raison de son appel :

-Je voulais simplement vous prévenir que nous allons traquer un monstre marin qui menace les côtes de Costa del Sol. Les habitants sont inquiets pour leurs enfants, apparemment plusieurs incidents se seraient déjà produits… Oui. C'était simplement par souci de transparence. D'accord. Je transmets, Directeur. Bonne journée à vous aussi.

-Alors, demanda Genesis à la seconde où Angeal posa son PHS sur la table en soupirant comme s'il venait de courir un marathon, il a retrouvé ses lunettes sur le bout de son nez ?

Angeal ignora la pique pour expliquer :

-En gros, il s'en fout. Il a dit, je cite « Ah d'accord, bonne chance ! »

-Et donc tu transmets quoi ? demanda Sephiroth.

Angeal haussa les épaules, désintéressé :

-Le souhait de bonne chance.

-Merveilleux, conclut Genesis en s'étirant. Ça valait clairement la peine de perdre cinq minutes de nos vacances.

-Ah et sinon, Seph, il voudrait savoir comment s'allume le tableau de la salle de réunion, celui avec les cartes tactiques interactives.

-Avec… Le bouton ? On/Off, c'est littéralement écrit dessus, fit le Général avec un regard clairement concerné par la santé mentale de leur supérieur.

-C'est pas à moi qu'il faut l'expliquer. J'ai dit que tu rappellerais. Il a l'air hyper tendu, il a une réunion avec Rufus Shinra dans une heure.

Le « J'ai pas envie de rappeler, il trouvera bien tout seul » de Sephiroth fut inaudible sous la voix de Genesis :

-Il est tout le temps hyper tendu dès qu'un Shinra est impliqué dans sa journée de toute façon, que ce soit le père ou le fils, est-ce qu'on peut se mettre en chasse maintenant ? Avec un peu de chance si on se dépêche, on sera revenus pour le barbecue sur la plage, ce soir.

-Ils allaient réellement organiser un barbecue sur la plage avec la menace de ce monstre ? s'étonna Angeal.

-C'est ce qui est écrit sur la pancarte, dit Genesis en haussant les épaules. Seph, finis ton verre.

-Attendez cinq minutes ! On est en vacances, on peut profiter, non ?

-Les vacances commenceront vraiment quand on aura tué ce monstre, allez dépêche-toi, j'ai faim déjà ! commença à s'énerver le Commandant en tirant sur la manche de sa veste.

Sephiroth soupira en enlevant la paille de son verre et en l'achevant d'une traite.

-Maintenant si j'ai envie de vous laisser faire tout le boulot, je n'ai qu'à dire que je suis saoul, fit l'argenté en se levant et en lissant sa veste.

-Ca aurait été bien tenté si on n'avait pas commandé des cocktails sans alcool, contra Genesis avec un sourire moqueur.

Le Général soupira de dépit en suivant ses deux amis dehors.

Le cadavre du monstre marin à leurs pieds sur le sable, Genesis, Angeal et Sephiroth se tournèrent les uns vers les autres.

-Bon, fit enfin Genesis, brisant le lourd silence. J'imagine qu'il est trop tard pour le barbecue ?

Ils avaient poursuivi le monstre sur plusieurs kilomètres de côtes, attendant inlassablement qu'il fasse surface assez longtemps pour pouvoir lui porter quelques coups. Leur traque les avait emmenés loin dans la nuit, et s'ils devaient compter leur retour à l'hôtel, ils atteindraient la ville aux alentours des premières heures du matin.

Angeal soupira de fatigue et passa le dos de sa main sur son front trempé de sueur. La chaleur tombait à peine sous la barre des vingt-cinq degrés la nuit, et Angeal se félicita d'avoir enfin tué le monstre pour pouvoir prendre le temps de retirer le haut de son uniforme. Il le tint à la main pendant qu'il commençait la route du retour avec ses deux amis.

-Est-ce que maintenant on peut se souhaiter des bonnes vacances ? demanda Sephiroth en prenant exemple sur Angeal et en ôtant sa trop lourde veste.

-J'imagine qu'on peut, répondit Genesis.

Le reste du trajet se fit dans le silence, les trois SOLDIERS de toute façon trop fatigués pour entretenir une conversation.

Une fois dans le hall de l'hôtel, ils ne répondirent même pas aux exclamations de joie et aux remerciements du patron et des quelques clients déjà debout. Ils s'emparèrent de la clef de leur suite et filèrent dans leurs chambres pour rattraper au moins quelques heures de sommeil.

Leur repos, malheureusement pour eux, fut de courte durée.

À peine trois heures après s'être couché, Angeal fut réveillé en sursaut par des hurlements juste sous sa fenêtre, quelques étages plus bas. Sephiroth fit irruption dans sa chambre, torse nu, Genesis sur ses talons. Les deux intrus ne prêtèrent aucune attention à sa forme recroquevillée sous ses couvertures mais filèrent droit sur la fenêtre. Sephiroth l'ouvrit à la volée et se pencha à l'extérieur.

-C'est quoi ce bordel ? s'indigna un Genesis plus furax qu'indigné par le manque de sommeil en s'asseyant sur le bord du lit d'Angeal.

Le brun se força à se redresser et à tenter de reprendre quelques repères de l'espace-temps dans lequel il existait.

-Je ne vois rien, répondit l'argenté. Il y a juste une foule dehors.

-Ils doivent bien être là pour quelque chose.

Se disant, Genesis s'allongea de tout son long sur le lit pourtant King Size d'Angeal, bloquant les jambes de son ami d'enfance sous son dos.

-Ah, oui, en effet, ils sont là pour quelque chose, se reprit l'argenté en se redressant et en fermant calmement la fenêtre.

-Ah oui, et quoi ?

-L'étage du dessous brûle, fit simplement l'argenté en quittant la pièce.

-HEIN ?!

Genesis fut sur ses pieds et hors de la chambre en une fraction de seconde, broyant les genoux d'Angeal sous l'impulsion.

Le brun sortit de son lit, même si un peu plus lentement que Genesis, a une vitesse record. Après avoir rapidement pesé le pour et le contre, il s'empara de sa Buster Sword et de son passeport avant de courir pour quitter l'hôtel derrière ses deux meilleurs amis.

Le Commandant rejoignit la foule hurlante au dehors au moment où les flammes commençaient à s'attaquer à leur étage. À ses côtés, Genesis soupira.

-J'ai laissé mes materias à l'intérieur évidemment. Léviathan aurait vite réglé le problème…

Angeal vérifia ce qui était équipé dans son épée. Cure et Glace.

-Apparemment c'est ton jour de chance, Genesis, dit-il en sortant la seconde materia de son orifice et en la tendant à son ami d'enfance.

-J'aurais pas dit ça comme ça mais bon... J'imagine que ça fera l'affaire.

Quelques secondes plus tard, l'incendie était éteint... et l'hôtel piégé dans un gigantesque iceberg.

-Plus qu'à attendre que ça fonde, soupira Sephiroth.

Autour d'eux, la foule eut l'air d'hésiter entre exploser de joie et désespérer profondément de tomber de Charybde en Scylla.

Tout le monde sauf le gérant de l'hôtel.

Lui courut droit sur Genesis pour lui serrer énergiquement la main, forçant le roux à rendre en catastrophe la materia Glace à Angeal pour éviter de la laisser tomber.

-Oh merci! Merci! D'abord le monstre hier soir et maintenant l'incendie!

-Justement, soupira Sephiroth en frottant distraitement son biceps et en observant le glaçon géant, ça m'a tout l'air qu'on vous porte malheur.

Le gérant le dévisagea un long moment sans savoir comment réagir, la main de Genesis toujours étroitement serrée dans la sienne, puis il décida que le Général devait plaisanter et partit d'un grand rire. Genesis secoua distraitement sa main pour la dégager. L'hôtelier le laissa faire, puis donna une légère tape sur son épaule comme si le Commandant avait été son ami de toujours, s'exclamant quelque chose comme quoi Sephiroth aurait fait une « très bonne blague », puis il s'éloigna.

-Bon, fit Angeal en replaçant son épée dans son dos. Où est-ce qu'on dort maintenant?

Aucun de ses deux amis ne répondit, mais Genesis sortit son PHS de la poche de son pyjama.

-À qui tu téléphones? demanda Sephiroth.

-À Reno.

Les sourcils du Général se froncèrent de suspicion.

-Je pensais que vous ne vous parliez plus?

Angeal soupira discrètement d'abattement.

-Si, si, fit distraitement Genesis en attendant que le roux décroche. On a rediscuté l'autre jour, et en fait c'est bon.

Sephiroth chercha le regard d'Angeal, qui lui fit clairement comprendre de ne pas creuser davantage les affres amicales de Genesis. Le Général haussa les épaules et contempla la foule d'habitants se munir de petites pioches et autres outils pour tenter de fendre la glace sous le soleil déjà écrasant de neuf heures.

-On ferait peut être bien de manger, aussi, remarqua Angeal, malgré la fatigue qui le poussait à ne trouver qu'un lit où se rendormir.

-C'est vrai qu'on n'a pas eu droit au barbecue… renchérit Genesis en recomposant le numéro de Reno.

Le roux était peut-être occupé, mais personne ne faisait attendre le légendaire maitre du feu. Au bout de la cinquième sonnerie, Reno finit par répondre, la voix encore rauque de sommeil :

« Ouais c'est pour quoi ? »

-C'est pour un tuyau.

« D'habitude on me le demande pas comme ça, mais ça peut se négocier. »

-Pas ce genre de tuyau, Reno ! grinça Genesis, déjà excédé par le manque de sommeil et la faim combinés.

« Tu sais pas ce que tu rates. »

Le roux choisit de purement et simplement ignorer cette dernière réplique pour s'éviter d'exploser son PHS sur le sol. Déjà qu'il avait laissé la quasi-totalité de ses affaires dans sa chambre gelée…

-Où est-ce qu'on peut dormir à Costa del Sol, si par hasard l'hôtel se trouvait… Impraticable ?

« Mais qu'est-ce que vous avez encore foutu ? »

-Réponds juste à la question et ce sera largement suffisant, grogna le Commandant en tentant de garder à distance deux amis déjà hilares.

« Bah vous êtes un peu coincés. Y a rien d'autre que l'hôtel. Enfin, je sais pas, trouvez-vous une petite vieille qui veut bien vous louer la chambre d'un mari décédé, ou pieutez à poil sur le sable, ça doit pas manquer les plages privées dans le coin. Et puis je peux savoir pourquoi tu m'emmerdes moi avec tes questions ? Appelle Tseng, je bosse pas aux renseignements. »

Avant que Genesis ne puisse rétorquer que justement si, Reno bossait littéralement aux renseignements, le Turk avait déjà raccroché.

-Je retire ce que j'ai dit, trancha le Commandant, on ne se parle plus.

Angeal haussa les épaules pendant que Genesis rangeait son PHS d'un geste rageur.

-Il fait beau. Trouver un coin à l'ombre sur la plage le temps que les choses s'arrangent ici est une bonne idée, finalement. On pourrait s'acheter des sandwichs en chemin.

Sephiroth hocha la tête pour simple accord, mais Genesis préparait déjà sa vengeance sur Reno et ne prit pas part à la discussion. Il suivit simplement ses deux amis sans discuter, l'esprit déjà lancé sur quinze plans différents.

À cette heure pourtant encore peu avancée pour le nombre d'enfants présents, la plage principale de Costa del Sol était déjà bondée, et trouver un coin d'ombre pour s'allonger au calme releva de l'impossible. Les trois First Class finirent par abandonner et par s'installer sous un palmier le plus à l'écart possible des enfants hurlants qui jouaient entre eux un peu plus loin.

Angeal planta son épée dans le sable derrière eux pour se faire le maximum d'ombre possible et s'allongea à même le sable sans demander son reste. Genesis prit quand même le temps d'ôter son pantalon de pyjama pour tenter un minimum de commencer à bronzer en caleçon, se figurant que ça serait sa tentative personnelle de sauver son début de vacances.

Seul Sephiroth ne fit que s'asseoir aux côtés de ses deux amis, les jambes croisées et les coudes appuyés sur ses genoux. Se sachant incapable de se rendormir dans ces conditions, le Général porta son attention sur les enfants qui jouaient au bord de l'eau. Il se surprit quelques fois à serrer les dents quand l'un d'eux s'éloignait un peu trop de la côte, ou lorsque leurs jeux dégénéraient en bataille de sable un peu violente, mais les parents présents avaient l'air de garder un œil sur eux malgré tout et intervinrent à chaque fois assez rapidement pour éviter à Sephiroth de devoir exercer pour la première fois son instinct paternel.

-Quelle heure il est ? demanda soudain Angeal, que les cris et les rires empêchaient de vraiment dormir.

Genesis grogna :

-J'en sais rien, demande au maître-nageur.

-Au maitre-nageur ?

Angeal ouvrit un œil qu'il couvrit presque immédiatement avec le côté de sa main.

-Sephiroth ? Tu ne dors pas ?

-Non. Et il doit être dix heures.

Ce fut au tour d'Angeal de grogner de frustration :

-On arrivera jamais à se reposer…

À ce moment, Sephiroth repéra une femme marcher d'un bon pas vers eux, et la mauvaise humeur du Général eut raison de lui. Il s'allongea prestement et serra fort ses yeux fermés :

-Quelqu'un vient vers nous, faites semblant de dormir !

-C'est déjà fait, fit Genesis sans bouger d'un iota.

Angeal leva les yeux au ciel, mais se redressa.

-Général, Commandants ! s'exclama la femme en agitant les bras.

-Raté, fit théâtralement Genesis. Mon interprétation du cadavre était pourtant parfaite.

Angeal étant le seul apparemment disposé à l'écouter, la femme s'arrêta juste devant lui.

-Je suis désolée de vous déranger, mais je dois absolument emmener ma fille à l'infirmerie, elle s'est coupée avec un coquillage, est-ce que je peux vous demander de garder un œil sur mes deux garçons le temps que je revienne ?

-Sinon, on a une materia Cure, Sephiroth par exemple pourrait guérir la gamine, fit distraitement Genesis, les yeux toujours fermés.

-Je dors, grogna l'argenté.

Heureusement, la mère n'eut pas l'air de les entendre, et Angeal fut forcé d'accepter quand elle poussa devant elle deux gamins d'environ six et dix ans et qu'elle les obligea à s'asseoir devant le Commandant avec un regard de mise en garde. Elle fit ensuite demi-tour, lança un « Merci beaucoup, je ne serai pas longue ! » avant de rejoindre une enfant encore plus jeune que ses frères, de la soulever du sol et de partir au pas de course vers un petit bâtiment en bord de plage.

-Geal, dis-moi qu'elle ne les a pas laissés là, exigea Genesis sans jamais daigner ouvrir les yeux pour vérifier par lui-même.

-J'aimerais bien, mais…

Angeal n'eut pas besoin de finir sa phrase.

-Bonne chance, le coupa le roux.

-Oui, bonne chance, renchérit Sephiroth, qui fut soudain très concerné par le manque de sommeil et qui daigna tenter de le rechercher malgré le bruit, cette fois.

Angeal soupira. Les deux enfants devant lui le regardaient avec des grands yeux, immobiles comme des statues.

-Comment vous vous appelez ? demanda le Commandant en tentant d'adoucir ses traits pour avoir l'air moins menaçant.

Vu le silence qui suivit sa question, il supposa que ça n'avait pas marché. Il entreprit alors de fixer les deux enfants en attendant le retour de leur mère, toute considération pour leur impression de lui envolée. Après tout, les rendre en vie mais traumatisés était plus important que de les rendre distraits mais morts.

Il les surveilla ainsi pendant trente secondes à tout casser, puis les deux enfants, mis en confiance par ces quelques instants passés sans qu'aucun mouvement inquiétant ne soit venu de la part du grand monsieur flippant, commencèrent à jouer entre eux en creusant dans le sable et en discutant à voix basse.

Évidemment, après plusieurs minutes sans recadrage, les gamins se mirent à hausser la voix et à rire, ce qui eut pour effet de faire grogner Genesis. Il se redressa sur un coude et daigna enfin jeter un œil aux deux enfants.

-Dites les mioches, vous voudriez pas aller vous baigner ? Il fait chaud, non ?

-Genesis, intervint Sephiroth en se redressant à son tour.

Mais c'était trop tard. Comme s'ils n'attendaient que l'autorisation, les deux garçons se jetèrent sur leurs pieds et coururent vers la mer en hurlant de joie.

-Bon sang, Gen… soupira l'argenté pendant qu'Angeal bondissait en avant pour les rattraper.

-Quoi ? J'ai besoin de dormir, ils ont assez d'une seule baby-sitter.

Sephiroth réfléchit un instant à ces paroles, avant d'hausser une épaule, d'admettre que c'était vrai, et de se recoucher.

Les deux furent réveillés quelques minutes plus tard par des gerbes d'eau gelée. Genesis hurla.

Angeal était debout devant eux, un sourire machiavélique aux lèvres, les deux enfants armés de seaux en plastique de chaque côté de lui.

-Je leur ai trouvé une occupation, dit-il seulement.

Genesis se mit lentement debout, secouant ses cheveux trempés, puis son pantalon de pyjama qu'il utilisait comme coussin jusque-là. Sephiroth se contenta de se redresser en position assise en soupirant.

-C'est puéril, Angeal, fit le Général en passant une main sur son visage pour en chasser la majorité de l'eau salée.

-Peut-être, mais ça fait un bien fou.

La mère des deux enfants revenait de toute façon vers eux, une petite fille en pleine santé dans les bras.

-Merci beaucoup de les avoir surveillés ! J'espère qu'ils n'ont pas été trop insupportables !

-Si, grinça Genesis à voix basse.

-Pas le moins du monde ! De vrais amours, répondit Angeal.

Pendant qu'elle s'éloignait avec ses trois enfants, le brun se réinstalla sur le sable en soupirant.

-Je crois qu'on peut définitivement oublier l'idée de dormir ici.

-Vous pensez que l'hôtel a fondu ? demanda distraitement Genesis.

Sephiroth haussa les épaules, mais ne répondit pas. À la place, il changea de sujet :

-J'ai chaud, je vais aller me baigner. Vous venez ?

Angeal secoua la tête :

-Allez-y, je surveille les affaires.

-« Les affaires », tu veux dire ton épée ? cingla Genesis. Parce que c'est certainement pas pour mon pyjama que tu t'inquiètes.

Angeal se contenta de lui répondre par un regard aussi expressif que celui d'une vache, le menton dans sa main droite, et ce fut assez pour que Genesis triomphe :

-Il me semblait bien ! Allez Seph, le dernier à l'eau ne mérite même pas de signer l'admission à l'infanterie !

-Mais qu'est-ce que vous avez tant contre l'infanterie ?

Angeal ne fut évidemment pas entendu, puisque ses deux amis étaient déjà très loin. Il soupira avant d'appuyer son dos contre la largeur de sa Buster Sword et de fermer les yeux.

Il réussit à grappiller une bonne demi-heure de sommeil avant d'émerger au doux son d'un « Matteo, reviens ici avec ce crabe ! » hurlé à moins de trois mètres de lui. Il fut de ce fait réveillé juste à temps pour pouvoir contempler, en compagnie de la totalité de la plage, Sephiroth et Genesis sortir de l'eau.

Au-delà du fait qu'Angeal se sentit à la fois coupable de s'être endormi au lieu de les surveiller et à la fois impressionné qu'aucun des deux ne soit en train de flotter les bras en croix sur le ventre, il ne put que constater que le fait de placer deux super SOLDIERS à moitiés nus et mouillés sur une plage bondée n'avait probablement pas été la plus brillante idée de sa longue carrière de baby-sitter pour hommes adultes.

Il fut donc obligé de regarder tour à tour les différents rangs de parasols et leurs occupants pivoter lentement tels des aimants pour dévorer des yeux ses deux amis au fur et à mesure de leur progression vers lui.

Ce ne fut que lorsque Genesis se retourna pour se laisser tomber assis à côté d'Angeal qu'il interrompit brutalement sa phrase pour laisser échapper un « Oh » surpris.

-Quoi, « oh » ?

Sephiroth s'assit à son tour, puis, lorsqu'il prit lui aussi conscience des dizaines de regards peu discrets braqués sur eux, s'exclama aussi :

-Ah. En effet.

-Est-ce qu'on est censés dire quelque chose ? demanda Genesis en se penchant discrètement vers Angeal, un faux sourire sur les lèvres.

Angeal soupira pour toute réponse :

-On ferait peut-être mieux d'aller voir à l'hôtel s'ils ont pu vous sauver des vêtements.

Peu désireux de rester ainsi exposés, Sephiroth et Genesis se levèrent pour suivre Angeal vers la ville.

Apparemment, à la force des pioches des quelques habitants pressés, mais surtout à celle du soleil, la glace qui emprisonnait l'hôtel avait disparu, et les trois SOLDIERS purent récupérer une bonne partie de leurs affaires. Ils étalèrent leurs vêtements sur des bancs publics pendant que le gérant leur expliquait qu'ils pourraient réintégrer leur suite le lendemain au soir, le temps que le reste de l'eau soit évacué, le mobilier en bois remplacé et la literie séchée.

-Ce qui implique qu'on doit trouver une solution pour le logement cette nuit, déduisit Sephiroth en regardant Genesis tenter d'étaler au soleil la quinzaine de chemises rouges qu'il avait emportée.

-J'en suis vraiment navré ! assura le gérant en se tordant les mains. Mais j'ai une solution si vous le voulez !

-Laquelle ? demanda Angeal en s'approchant, laissant Genesis seul avec son dressing à essorer.

-Ma mère possède une maison avec vue sur la mer, avec une grande chambre de libre. Elle se sent très seule depuis la mort de papa, elle peut vous accueillir cette nuit ! Elle sera ravie d'avoir de la compagnie !

Si Angeal se rappela le conseil de Reno, il ne chercha pas davantage à savoir comment le Turk avait bien pu être au courant de cette combine. Il préférait largement être ignorant qu'en thérapie à vie.

Sans autre option à considérer, les trois SOLDIERS furent forcés d'accepter pour ne pas se retrouver à la rue pour la nuit, suite à quoi ils se retrouvèrent à sonner à la porte d'une charmante petite maison en bord de plage.

Une vieille dame d'à peine un mètre cinquante, le pas trainant mais un sourire radieux, vint leur ouvrir.

-Bonjour messieurs ! Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle de sa voix chevrotante.

Genesis se fendit d'un immense sourire et saisit sa main ridée pour y déposer un baiser :

-Madame, salua-t-il, charmeur, nous sommes infiniment désolés de vous déranger, mais nous avons rencontré des difficultés pour notre nuit dans l'hôtel de votre fils, ce soir, et il nous a envoyés vous demander votre aide.

-Oh oui, cette histoire de glace ! Quel terrible incident ! se désola-t-elle en commençant à tirer Genesis à l'intérieur par la main qu'elle n'avait pas lâchée.

-Pas plus terrible qu'un incendie, fit Sephiroth juste avant de recevoir le coude d'Angeal entre deux côtes. Aïe, Geal !

Mais la vieille dame ne semblait pas l'avoir entendu, et elle les entrainait déjà à l'étage de sa maison :

-Je vous ai préparé la chambre d'amis ! Mais je ne savais pas que vous étiez si grands, ce sont des petits lits…

-On s'en sortira, madame, rassura Angeal.

Après tout, ils avaient déjà fait face à bien pire situation pour se reposer, et à l'instant même on aurait pu lui proposer un berceau qu'il l'aurait pris sans sourciller.

Ils furent tous les trois emmenés jusque dans une charmante chambre qui avait dû appartenir à un enfant dans ses heures de gloire, mais qui était visiblement devenu un genre de bureau-grenier. Un lit deux places -certes petit mais qui avait l'avantage d'exister- occupait le centre de la pièce, et contre le mur opposé un canapé vert bouteille avait été recouvert d'une couverture et d'un coussin brodé.

Le Paradis.

Genesis aurait pu serrer la vieille dame dans ses bras de reconnaissance s'il n'avait pas été sûr de lui broyer la cage thoracique.

-Merci beaucoup de nous héberger cette nuit, madame, dit Sephiroth en posant précautionneusement sa valise sur le sol.

-C'est normal, voyons ! Allez-y, installez-vous !

Elle parut un instant ennuyée, sur le point d'ajouter quelque chose, puis elle se lança :

-Je sais que ça ne se fait pas, mais j'aurais quand même aimé vous demander un petit service, en échange… Je ne sais plus le faire toute seule, et mon fils est rarement à la maison pour m'aider… Est-ce que l'un d'entre vous aurait l'amabilité de jeter un œil à l'évier de ma cuisine ? Il fuit depuis des semaines, je suis sûre que ce n'est rien de grave mais je n'arrive pas à me baisser pour resserrer les tuyaux…

-Oui, bien sûr, montrez-moi.

Angeal fut surpris de voir que Sephiroth avait l'air parfaitement disposé (et encore assez en forme) à aider leur hôte, et celle-ci l'emmena au rez-de-chaussée bras dessus bras dessous, ravie.

Ce fut à ce moment que Genesis, devenu blanc comme un linge, se tourna vers lui, ses sacs encore dans les bras :

-J'ai un mauvais pressentiment, Angeal. Ça cache quelque chose de louche.

Ils ne revirent pas la chambre avant deux heures du matin, heure à laquelle ils se couchèrent tout habillés à même les couvertures pour s'endormir comme des masses.

Après l'évier, la vieille dame avait demandé à ce qu'ils regardent à son capricieux radiateur électrique de la salle de bains, puis ils avaient tondu la pelouse et taillé les haies, sorti le chien, nettoyé la remise de jardin et aidé à la préparation du repas. Après le dîner, ils avaient fait du thé et avaient parlé de guerres avec leur hôte jusqu'à cette indécente heure de la nuit, quand elle eut l'air d'avoir enfin exorcisé ses démons de petite fille ayant vécu les mêmes atrocités qu'eux.

Le réveil fut personnifié en la maitresse des lieux qui débarqua à six heures tapantes pour leur annoncer que le petit déjeuner était servi avant de quitter la pièce comme elle y était entrée.

-Je ne sais pas sur qui ça va tomber mais je vais tuer quelqu'un, annonça Sephiroth de but en blanc, le visage encore profondément enfoui dans son coussin.

D'instinct, Angeal roula le plus loin possible de l'argenté.

-Je préfère encore bosser à Midgar, fit Genesis en se redressant sur son canapé. Au moins on sait qu'on se lève tôt pour une bonne raison.

-Venez on rentre, enchaîna Sephiroth en s'asseyant à son tour.

-Je serais presque d'accord, répondit le roux en s'étirant, mais d'abord j'aimerais aller goûter à ce petit déjeuner.

Angeal était loin d'être du même avis que son ami d'enfance, et s'il avait pu l'exprimer avant que le roux ne soit sorti de la pièce, il aurait approuvé l'idée de Sephiroth. Il préférait encore passer la fin de sa permission dans son appartement pour se reposer, que de rester ici à devoir carburer sur trois heures de sommeil. Le Général eut l'air de lire dans ses pensées, et il tenta de le rassurer :

-Au moins, ce soir on pourra réintégrer l'hôtel.

Le brun grogna pour toute réponse, mais il daigna suivre son ami dans la cuisine.

Après leur (trop) copieux petit déjeuner, les trois SOLDIERS décidèrent de passer par l'hôtel sur leur chemin pour la plage en espérant pouvoir déjà y déposer leurs affaires. Le gérant finissait de racler le sol de la réception quand ils entrèrent.

-Ah vous voilà ! J'allais appeler ma mère pour savoir si elle ne vous avait pas trop pris de votre temps.

-Pas le moins du monde, se força à répondre Angeal. A vrai dire, on aurait aimé déposer nos affaires ici, si on le peut déjà.

-Oui bien sûr ! Les chambres sont encore en train d'être nettoyées, mais donnez-moi vos valises, je vais les cacher derrière le comptoir.

Ils entassèrent alors leurs sacs comme ils le purent derrière le tout petit comptoir d'accueil, mais ils refusèrent de se séparer de leurs épées (Sephiroth avait assez paniqué de devoir laisser Masamune prisonnière de la glace pendant une journée et une nuit, merci bien), et de toute façon, les appuyer contre le mur n'aurait fait que fuir les clients.

Lorsqu'ils s'installèrent sur le sable, au même endroit que la veille, ils hésitèrent un instant avant de s'allonger, comme s'ils ne croyaient pas à la possibilité d'enfin pouvoir se reposer.

-Je maintiens qu'on devrait partir, grogna Sephiroth en regardant ce qui semblait être la même bande d'enfants que la veille s'asperger d'eau en riant un peu plus loin.

-Je suis d'accord avec toi, fit Angeal en chassant de ses cheveux les quelques grains de sable qui s'y étaient accrochés.

-Allez, détendez-vous, fit Genesis. Ce soir on rentre à l'hôtel et on aura enfin une nuit complète. Ça serait bête de rentrer maintenant alors qu'on peut enfin commencer nos vacances.

Angeal haussa les épaules et Sephiroth n'eut aucune réaction.

-Hé ! Vous venez jouer au volley avec nous ?

La mâchoire de Sephiroth saillit violemment pendant qu'il retenait ce qui devait être un très puissant Firaga en direction du jeune homme de vingt ans qui leur avait hurlé sa proposition.

-Il nous manque trois joueurs, continua le jeune en s'approchant, inconscient du danger. Ça serait vraiment cool que vous jouiez avec nous !

Angeal posa d'instinct sa main sur l'avant-bras du Général pour le calmer et avec tout autant d'instinct, il claqua :

-Non, Genesis.

-Mais ça pourrait être drôle ! s'indigna le roux. Venez, juste une partie !

-Oui, juste une partie ! renchérit le jeune en lançant la balle à Genesis, qui se leva prestement.

C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tous les trois en plein soleil, Angeal et Genesis dans une équipe avec deux jeunes filles, et Sephiroth dans l'équipe adverse, avec le jeune qui les avait appelés et deux autres filles du même âge.

Contre toute attente, ils se révélèrent au début assez piètres joueurs de volleyball. Incapables de communiquer avec leur équipe et un peu trop individualistes, ils se jetaient tous les trois sur la balle même quand un équipier était bien mieux placé qu'eux pour la récupérer. Trop fiers et frustrés pour abandonner maintenant qu'ils avaient accepté de jouer, les trois SOLDIERS persistèrent, et la petite bande de jeunes se retrouva forcée de les coacher pendant toute la journée pour espérer atteindre un niveau de jeu correct.

Le soir venu, ils furent enfin en mesure de disputer un vrai match, que l'équipe de Sephiroth remporta d'un cheveu, juste assez pour faire exploser un certain roux -devenu de toute façon écrevisse à cause du soleil - de colère.

-C'est pas vrai, t'as triché !

-Comment veux-tu que je triche, Gen ?

-T'étais sorti !

-N'importe quoi…

Même lorsqu'ils saluèrent leurs jeunes amis pour la soirée et commencèrent à réunir leurs affaires pour retourner vers l'hôtel, Genesis n'en démordit pas. Sephiroth avait triché, et il faudrait vraiment qu'ils rejouent, ensemble, un jour où ils seraient moins fatigués, pour les départager. Angeal intervint une fois ou deux pour recadrer son ami d'enfance, qui dans sa tirade déviait un peu trop sur la route quand même pas mal fréquentée par les automobilistes, et pour le ramener sur le trottoir.

L'hôtel était à peine en vue, et Sephiroth sentit que quelque chose n'allait pas. Au loin, le gérant de l'hôtel discutait avec un policier.

-C'est une plaisanterie ?

Genesis, grâce au ciel, interrompit enfin son monologue sur la droiture et l'importance de remettre son titre en jeu pour porter lui aussi son regard vers le bâtiment.

-Tu te souviens ce matin quand tu as dit que tu allais tuer quelqu'un ?

Sephiroth hocha distraitement de la tête.

-Je peux t'aider à cacher le cadavre, si tu veux.

-Bien reçu.

-Arrêtez, c'est sûrement juste pour l'incendie, tenta de se convaincre Angeal en reprenant sa marche vers l'hôtel.

Marche déjà beaucoup plus raide qu'auparavant.

Lorsque le gérant de l'hôtel les aperçut, il blanchit visiblement, confortant Sephiroth dans l'idée qu'ils avaient vraiment la poisse. L'argenté croisa le regard du brun et haussa les sourcils, l'air de dire « Alors, qu'est-ce que je t'avais dit ? ».

À peine arrivés à portée de voix, Genesis s'enquit immédiatement :

-Alors, qu'est-ce qui se passe encore ?

Le gérant sembla se tordre les mains et lancer un regard implorant au policier, qui fit un travail remarquable de l'ignorer et de se plonger dans le petit rapport qu'il tenait à la main, lui laissant tout le soin d'annoncer la nouvelle à l'élite du SOLDIER.

-Nous… Nous avons été cambriolés, annonça le pauvre homme en venant à leur rencontre.

-Personne n'a été blessé ? Pas d'otages ? demanda immédiatement Angeal.

-Non, non, et d'ailleurs personne n'a vu l'auteur des faits… On était tous tellement pris par le nettoyage de l'hôtel que… Enfin, la réception n'était pas surveillée, et les caméras de surveillance sont HS depuis l'incident, donc… Personne ne sait qui a fait ça…

-Qui a fait quoi ? insista Genesis, le regard suspicieux.

-Eh bien… Vous vous rappelez, vos valises qu'on a déposées derrière le comptoir… ?

C'en fut trop pour Sephiroth. Il saisit le bras gauche d'Angeal et le tourna vers lui.

-On part, dit-il. Maintenant.

-Mais, et nos affaires ? On devrait chercher qui a fait ça ! s'indigna le brun.

-On ne trouvera rien ni personne, et tu le sais, Geal, dit Genesis, fataliste, en échangeant un regard entendu avec le policier.

-Mais, et le soleil, et les vacances, et la mer ?

-Angeal je pensais que tu étais d'accord avec moi ce matin ! s'exclama Sephiroth.

-Oui ! Ce matin… Mais je ne pensais pas qu'on devrait vraiment écourter…

-Si ça peut te faire plaisir j'achèterai un jacuzzi et une lampe à UV, dit Genesis. Mais là je suis épuisé, et je préfère encore dormir dans l'avion ou dans mon appartement que de ne pas dormir du tout sous prétexte qu'on est en vacances.

-Genesis marque un point.

Et ça y était, le retour du point de connivence entre ses deux meilleurs amis… Mais contre lui. Angeal fut forcé d'abandonner.

-Bon, si vous êtes sûrs, alors…

Ils firent demi-tour sans un dernier regard pour le gérant de l'hôtel défait et le policier blasé.

Les trois SOLDIERS entrèrent dans l'aéroport à peine quinze minutes plus tard, et leurs billets pour Midgar furent achetés dans la foulée. Genesis discutait déjà de ses plans une fois rentrés à la Tour en patientant devant la porte d'embarquement, et il en parlait encore une fois assis à sa place, apparemment trop heureux de rentrer.

Sephiroth, pour une fois, ne jugea pas utile de le faire taire ou d'émettre ses habituels commentaires sarcastiques, se contentant de profiter du confort du siège de l'avion, les yeux mi-clos et un demi sourire aux lèvres, seuls témoins de son plaisir à rentrer aussi.

Angeal profita d'avoir encore un peu de réseau pour téléphoner à Lazard et le tenir informé de leur retour imminent. Le Directeur s'en montra ravi, même s'il en témoigna le contraire et assura qu'il ferait tout son possible pour que leurs affaires volées soient « remplacées » au plus vite avant leur retour dans leurs appartements.

L'avion démarra ses moteurs et opéra quelques mètres de chauffe sur la piste de décollage.

Puis il s'arrêta, complètement.

Un steward jaillit du cockpit comme s'il avait Shiva aux trousses, et il s'arrêta juste devant leur rangée. Angeal sentit ses deux amis prêts à imploser.

-Général, Commandants, salua nerveusement le steward. Je suis infiniment désolé de perturber votre vol avant même qu'il n'ait commencé, mais… Notre pilote vient de faire un malaise, et le co-pilote se sent mal lui aussi… Est-ce que l'un de vous peut piloter ce genre d'avion ?

Angeal se pinça violemment pour vérifier qu'il ne rêvait pas.

Ils se consultèrent tous les trois du regard, soupirèrent un grand coup puis se levèrent tous en même temps. Sur leur passage entre les deux allées de sièges pour rejoindre le cockpit, Angeal se tourna vers ses deux amis et assura, le regard furieux :

-Plus jamais je ne pars en vacances !

Et voilà!

J'espère donc que cet OS vous aura plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en aurez pensé, et on se retrouve (plus vite, j'espère) pour le prochain!

Prenez soin de vous, des bisous!