Je vous écris actuellement de quarantaine, faites gaffe à vous c'est une belle merde.
Hey!
Je reviens avec un petit OS plus court que ceux dont j'ai l'habitude (je fais ce que je peux avec ce qui me reste de cerveau, désolée), et qui ne mérite pas excessivement le titre de Pauvre Angeal, je le laisse un peu tranquille, pour une fois...
J'espère qu'il vous plaira quand même!
La boite à plaintes
Lazard venait de passer une horrible journée. Elle avait commencé avec une réunion totalement imprévue avec Scarlet au détour d'un couloir. La jeune femme (qu'il évitait comme la peste depuis une semaine) avait tenu à lui exposer les avantages indéniables de sa nouvelle arme (qui était justement la raison pour laquelle il l'évitait) et il avait dû trouver une excuse bidon pour la refuser, totalement pris au dépourvu.
Alors qu'il fuyait Scarlet, il était tombé sur Genesis qui lisait un livre en marchant. Littéralement tombé, donc. Il avait marché sur les pages de son roman dans sa chute et en avait déchiré une bonne partie, provoquant la colère noire du Commandant.
Alors qu'il fuyait Genesis, il avait croisé Angeal qui rentrait de vacances et, de honte, il s'était enfui aussi.
Maintenant qu'il arrivait enfin devant les portes de son bureau et qu'il s'imaginait pouvoir souffler, il fut forcé de constater que les fameuses portes étaient ouvertes, et que par extension, il y avait forcément quelqu'un qui l'attendait à l'intérieur.
Pitié, n'importe qui mais pas…
-Rufus… salua-t-il froidement en entrant dans la pièce.
À son entrée, le Vice-président posa le dossier pioché au hasard sur le bureau qu'il était en train de lire sans aucune retenue.
-Lazard.
-Que me vaut l'honneur de ta présence ?
Lazard croisa les bras, debout dans l'entrée. Il n'allait quand même pas accepter de s'asseoir de l'autre côté de son propre bureau. Rufus s'étira négligemment en jetant un œil au décor qui l'entourait. « Comme s'il n'avait pas déjà fait le tour en arrivant… » pensa Lazard.
-J'aurais adoré aborder en long et en large la question des vacances du Commandant Hewley…
Lazard serra les dents mais ne dit rien.
-Mais j'ai une question plus urgente.
Le plus jeune se pencha sur le côté du bureau, sembla soulever du sol quelque chose d'imposant et finit par poser sur le meuble une sorte d'énorme boite aux lettres rouge criard. Il la désigna d'une main.
-Qu'est-ce que c'est que ça ?
-Oh, ça !
Lazard en oublia presque de retenir son sourire amusé. Presque.
-C'est une boite à plaintes.
Rufus haussa un sourcil.
-Je te demande pardon ?
-Une boite à plaintes, que j'ai installée la semaine dernière. C'est en fait un système qui permet de-
-Je sais ce qu'est une boite à plaintes, ma question est « qu'est-ce que ça faisait dans le couloir ? »
Lazard observa un instant Rufus comme s'il était devenu fou.
-Elle… était placée pour… recevoir des plaintes ?
-À la Shinra ?!
-Oui, bon…
Lazard leva les yeux au ciel.
-Je l'ai mise en place anonymement. À la base, c'était une idée de Zack.
-Seconde Classe Zack Fair ? clarifia Rufus en poussant vers lui le dossier qu'il lisait avant que Lazard n'entre.
C'était le dossier personnel de Zack. Lazard serra les poings.
-Ces informations sont confidentielles.
-Pas pour moi. Tu ne veux pas t'asseoir ?
-Non.
-Tu comptes donc rester debout pour lire les plaintes des employés ?
-Ah parce qu'on compte les lire, maintenant ?
Rufus haussa les épaules :
-Vois ça comme un test. Si les plaintes sont pertinentes, ta boite pourra continuer d'exister.
Le Directeur leva les sourcils pour lui-même. Il ferait peut-être mieux de lui dire adieu dès maintenant dans ce cas. Il oublia cette pensée pour faire le tour du bureau et se pencher pour récupérer la clé de la boite dans le premier tiroir de son bureau. Rufus le regarda faire sans bouger d'un iota. Une fois un considérable paquet de feuillets extrait de la boite, ils s'entreregardèrent.
-Tu vas vraiment rester debout ?
-Tu vas vraiment rester dans mon siège ?
Il y eut un moment de flottement, puis Rufus haussa les épaules :
-Oui.
Lazard soupira. Il finit par s'asseoir à même le bureau en soupirant.
-Bon, commençons.
Rufus tendit la main et s'empara d'un premier bout de papier. Il le parcourut pour lui seul dans un premier temps, et Lazard l'observa avec curiosité hausser progressivement les sourcils de stupeur.
-C'est anonyme ?!
-Bien sûr que oui c'est anonyme. C'est une boite à plaintes dans la Shinra… Je tiens à la vie de mes hommes.
Rufus croisa son regard, prit une grande inspiration et commença :
-« Chère boite à plaintes, je suis ravi de te voir accrochée ici et de t'inaugurer avec ce qui m'a donné ton idée : un deuxième self pour le SOLDIER. Le temps qu'Angeal me laisse partir de l'entrainement et de faire la file pour avoir mon repas, et je dois déjà être à une autre réunion/entrainement/conseil de sécurité. Un second self me parait régler le problème. » En effet, très anonyme.
Lazard soupira, le front dans sa main droite.
-Je me demande bien qui c'est, enfonça le Vice-président, l'index sur son menton.
-Oui, bon, ça va ! Qu'en est-il du problème ?
-De quel problème ?
-Il s'agirait de se concentrer, railla Lazard en pointant le papier du doigt. Le problème du self.
Rufus agita la main.
-C'est puéril, comme problème.
-On pourrait allonger les temps de pause midi ? avança le Directeur.
-Et baisser la rentabilité ? Hors de question.
-Plus d'employés dans les cuisines pour aller plus vite ?
-Ca fait trop de salaires à verser, le budget est trop restreint.
-Un deuxième self ?
-C'est « budget » ou « restreint » que tu ne comprends pas ?
Lazard se leva de frustration.
-Mets-y un peu du tien !
-J'essaye ! Mais déjà, est-ce que c'est un problème récurrent ou est-ce qu'il n'y a que Fair - pardon, que ce jeune SOLDIER anonyme, qui souffre du problème ?
-Le connaissant, c'est sûrement uniquement lui. On allonge son temps de pause midi ?
-Et puis quoi encore ? Si on commence à faire du favoritisme on va se noyer sous les demandes… soupira Rufus.
-Alors je ne vois qu'un seul moyen.
-Lequel ?
Lazard haussa une épaule :
-Avoir une discussion avec le Commandant Hewley pour qu'il laisse Zack partir à l'heure pour déjeuner.
À son tour, Rufus haussa une épaule :
-Je peux m'occuper de ça.
-Au cas où ça t'aurait échappé, je suis Directeur du SOLDIER. Si tu veux parler au Commandant, laisse-moi ta place à la tête de la compagnie ?
Rufus haussa un sourcil devant l'audace de Lazard, mais il ne se laissa pas avoir pour autant :
-Oui, d'accord, parle-lui, et tu pourras en profiter pour lui demander comment ses vacances se sont déroulées.
L'autre se renfrogna en une seconde.
-D'un autre côté j'imagine que ça ne peut pas faire de mal que la demande vienne de toi…
Lazard manqua le petit sourire satisfait du Vice-président, en s'emparant d'un second papier.
Sous la phrase « Exposez votre plainte », il était écrit :
« Je n'arrive pas à battre Sephiroth au combat, c'est agaçant. »
Et sous « Quelle solution voudriez-vous voir apportée à votre plainte ? » :
« Virer Sephiroth. »
Lazard déchira discrètement le feuillet.
-Qu'est-ce qu'il y avait d'écrit ?
-Rien. C'était un papier vide.
Grâce au ciel, Rufus n'insista pas et en prit un autre.
-Plainte : « Il n'y a pas d'alcool au self. » Solution : « Proposer de l'alcool au self. » Simple, concis, efficace…
-Tu peux déchirer celui-là aussi…, soupira Lazard en ôtant ses lunettes pour les nettoyer nerveusement.
Rufus s'exécuta sans discuter.
-Plainte, commença Lazard, « Les drills sont trop tôt », solution : « Programmer les drills l'après-midi ».
Rufus retroussa le nez de dégoût.
-Et c'est rentré dans le programme du SOLDIER, ça ?
Lazard haussa les épaules, pour une fois d'accord avec son cadet.
-Apparemment.
-Considère qu'il n'y est plus.
-C'est anonyme, contra le Directeur.
-C'est anonyme pour ta stupide boite, pas pour les caméras de surveillance.
-Comment tu vas savoir qui a bien pu laisser ce mot sur la dizaine qu'on a reçu ?
Rufus se pencha vers lui, faisant crisser le cuir du fauteuil sous ses coudes et il dit sur un ton de conspirateur :
-Les Turks.
Lazard jugea assez sain pour sa santé mentale de ne pas insister, et Rufus reprit confortablement sa place dans le fond de son fauteuil avec un autre papier.
-« Il y a un bourdonnement dérangeant dans le baraquement numéro 61 la nuit. Nous soupçonnons que c'est le chauffage. »
-Il y a une solution de proposée ? demanda Lazard en s'asseyant à nouveau sur le bord de son bureau.
-Non, aucune, mais elle est toute trouvée. On coupe le chauffage du baraquement 61 la nuit, plus de bourdonnement et on gagne de l'argent, plainte suivante.
-On ne peut pas couper le chauffage de tout un baraquement la nuit, ils vont mourir de froid en hiver !
-Ce sont des SOLDIERS ou pas ?
-Pas encore.
Rufus leva les yeux au ciel, agacé.
-Tu as une meilleure solution alors ?
-Avec l'argent que tu économises en coupant le chauffage, on leur achète des couvertures plus épaisses. Ce sera un début de solution.
Rufus eut l'air de peser le pour et le contre une poignée de secondes avant de hocher simplement la tête et de s'emparer du papier suivant.
Au fur et à mesure de sa lecture, ses yeux s'agrandirent et Lazard aurait pu jurer le voir rougir très légèrement.
-Qu'est-ce que ça dit ?
-Rien !
Le Vice-président eut l'air de vouloir déchirer le papier mais Lazard fut plus rapide. Il fut en possession de la plainte et à l'autre bout de la pièce avant que Rufus n'ait pu esquisser un seul mouvement.
-Hé ! Rends-moi ça !
-Je rêve, il a signé ! se moqua Lazard avec un sourire en coin. Tu peux bien critiquer mes SOLDIERS !
-C'est pour une question de transparence, tenta de justifier Rufus en croisant les bras sur son torse.
-On est en train de parler des Turks et tu oses invoquer la transparence ? Laisse-moi rire.
Lazard se racla la gorge et commença :
-« Directeur Lazard, j'ai une requête des plus sérieuses à vous faire. Un de vos hommes, dont je tairais le nom mais qui se trimballe partout avec une veste rouge et un bouquin, commence sérieusement à me sortir par les yeux. Au début il était sympa (bon, pas au tout début), mais là c'est vraiment devenu une plaie, donc je veux me plaindre de lui. » Solution : « Virez-le. Ou alors dites-lui d'arrêter de m'embêter. Je dis ça pour vous, parce que sinon je trouverai la solution tout seul comme un grand. Signé Reno. »
Un long silence tomba sur le bureau, durant lequel Rufus fixa obstinément le bord du dossier de Zack en essayant d'ignorer le regard moqueur de Lazard sur lui.
-Tu peux cesser de me regarder ainsi, maintenant, dit-il au bout d'un trop long moment.
Lazard soupira et effaça de son visage son sourire suffisant :
-Je parlerai à Genesis. À moins que tu ne veuilles aussi t'en charger ?
Rufus secoua simplement la tête et saisit un autre papier, désireux de changer de sujet :
-« Serait-il possible d'avoir une serviette en plus pour les douches ? »
-C'est tout ? interrogea Lazard.
-Oui.
-Je crois que ce système d'anonymat a ses limites.
-Il me semble, oui.
Rufus ne fit même pas l'effort de masquer son mépris pour le fameux système d'anonymat avant de prendre le dernier papier :
-« J'aimerais arrêter de m'occuper de Zack. Il me prend tout mon temps et il est insupportable avec » la mention « mon meilleur ami » est barrée, et a été remplacée par « mes meilleurs amis », et ensuite, dans solution, il est écrit « Rétrograder Zachary Fair à l'infanterie ». C'est signé Commandant Angeal Hewley.
-Le Commandant n'aurait jamais écrit ça, dit Lazard, catégorique.
-Il me semble que non, à moi aussi. C'est probablement une farce, et si c'est pour recevoir des farces, j'estime que ta boite n'a pas sa place sur le mur du couloir.
Lazard ouvrit grand les yeux et protesta avec véhémence :
-Quoi ?! Mais il y avait de très bonnes plaintes dans le lot ! Et puis tu ne l'as laissée qu'un seul jour, on pourrait au moins essayer une semaine !
Rufus inspira longuement, les yeux dans le vide, apparemment plongé dans une profonde réflexion.
-Disons que j'accepte, dit-il enfin. Qu'est-ce que j'obtiens en échange ?
Lazard faillit s'insurger, mais il ravala cependant le « Rien ! » rageur qui allait franchir ses lèvres pour dire :
-Le droit de continuer à lire les plaintes avec moi, dimanche prochain.
Rufus sourit discrètement. C'était vrai que la lecture de ces petits papiers l'avait amusé pour un temps. Ce n'était pas vraiment l'offre à laquelle il s'attendait, mais il pourrait faire avec.
De son côté, Lazard était entré dans une colère noire contre lui-même. Déjà, il n'estimait pas avoir de comptes à rendre au Vice-président, ensuite il avait été assez furieux de le voir prendre ses aises dans son bureau comme s'il était chez sa nounou, et enfin il ne réfléchissait pas et l'invitait à pourrir son dimanche suivant. Vraiment la meilleure journée de sa vie. Il priait pour que Rufus refuse.
-C'est d'accord.
« Et merde. »
-Même heure, même lieu, dimanche prochain.
Sur ce, Rufus se leva, ne se donna même pas la peine de serrer la main du Directeur et quitta la pièce comme s'il venait d'y passer la réunion la plus ennuyeuse du siècle, laissant tout le soin à Lazard d'aller raccrocher sa boite dans le couloir.
Genesis arrêta Sephiroth d'un bras en travers du torse au beau milieu d'une phrase.
-Tu veux bien cesser de faire ça ? s'agaça le Général en repoussant son bras avec dégoût.
Genesis l'ignora avec superbe :
-Regarde ! Ils ont remis la boite.
-Merveilleux. Du coup, je disais, pour l'examen des cadets-
-Non mais, Seph, ils ont remis la boite !
Sephiroth ferma les yeux de dépit.
-Et ?
-Et tu crois qu'ils ont rétrogradé Zack ?
-Bien sûr que non, sinon Angeal nous aurait déjà atomisés, tu as d'autres questions stupides dans le genre ?
-C'est vrai qu'ils ne t'ont pas viré non plus…
-Je te demande pardon ?
-Non rien.
-Tu as demandé à ce qu'on me vire ?!
Genesis eut la décence de rougir.
-Je me suis dit que je pouvais tenter.
Sephiroth dévisagea son ami un long moment, incrédule au milieu du couloir.
-Tu sais que si moi, je tente de te faire virer j'y parviendrai ?
-Non mais ne le prends pas comme ça !
-Mais comment veux-tu que je le prenne ?!
Sephiroth avait repris sa route mais se dirigeait à présent droit sur la boite. Il s'empara d'un papier vierge au-dessus de la pile prévue à cet effet.
-Non, Seph, qu'est-ce que tu fais, sois raisonnable !
Genesis tenta en vain de saisir le poignet de son supérieur. Sephiroth commençait déjà à écrire « Virer Genesis » sur le papier, et surtout il s'apprêtait à le signer, il n'était pas stupide, quand Reno fit son apparition.
-Vous vous plaignez pour quoi, Général ? s'enquit-il, appuyé nonchalamment contre le mur.
Genesis, encore occupé à essayer de stopper Sephiroth, se tourna à demi et lui envoya un regard noir qu'il ignora.
-À votre avis ? contra Sephiroth sans même le regarder.
-Je peux co-signer, si ça aide, répondit Reno.
-Non mais si je vous gêne, tous les deux, surtout dites-le ! s'énerva Genesis.
-C'est ce que je suis en train de faire, dit tranquillement Sephiroth en glissant son papier dans la boite.
-Je ne te le pardonnerai jamais.
-Comme si ça avait une quelconque importance.
Sephiroth tendit le stylo relié à la boite par une chainette à Reno, qui haussa un sourcil interrogateur.
-Je suppose que si vous êtes là, c'est parce que vous avez aussi une plainte à déposer, expliqua Sephiroth. Ce couloir n'est d'ordinaire pas fréquenté par les Turks, et je ne me permettrais pas de penser que votre présence ici puisse être justifiée par quelque chose de moins… professionnel.
Les deux hommes s'affrontèrent du regard pendant quelques secondes durant lesquelles même Genesis n'osa pas s'interposer, puis Reno haussa les épaules, se décolla du mur et accepta le stylo. Il s'empara rageusement d'un papier qu'il déchira à moitié, gribouilla quelque chose dessus et le fourra dans la boite.
-Voilà.
-Parfait, dit simplement Sephiroth avant de tourner les talons.
-Tu as écrit quoi ? s'enquit Genesis en se tournant vers le Turk, une expression profondément curieuse sur le visage.
-Excuse-moi, ça te regarde ?
Genesis roula des yeux mais n'ajouta rien avant de suivre Sephiroth.
Zack, Kunsel sur ses talons, se dirigeait sur la pointe des pieds vers le couloir du bureau de Lazard.
-On peut savoir où est-ce que tu m'emmènes ? chuchota furieusement Kunsel en tentant de rattraper son ami sans se faire repérer. Il est trois heures du matin, on va se faire surprendre et hériter de toutes les corvées pour la semaine !
-Relax, souffla Zack en se cachant au coin d'un couloir, accroupi.
Incapable d'interrompre son élan si brusquement, Kunsel lui shoota dans le bas du dos sans faire exprès avant de l'imiter, mais Zack n'eut pas l'air d'en avoir cure.
-Lazard a remis la boite à plaintes hier, continua le brun comme s'il ne s'était rien passé. Et j'ai quelque chose à aller écrire.
-Et tu ne pouvais pas le faire en pleine journée, comme tout le monde ?!
-En pleine journée, Angeal est tout le temps dans les parages. J'avais besoin de venir seul.
-Alors qu'est-ce que je fais là ?
Kunsel fut cordialement ignoré pendant que Zack continuait d'exposer la raison de leur présence :
-Angeal est venu me voir hier, et il m'a dit que dorénavant, il me laisserait partir deux ou trois minutes plus tôt des entrainements pour que j'aie le temps d'être bien placé dans la file du self pour manger à midi.
-Mais qu'est-ce que ça a à voir avec moi ? s'agaça Kunsel.
Zack, qui avait fini de vérifier que la voie était libre au coin du couloir, se releva brusquement pour continuer sa progression vers la boite, administrant à ce pauvre Kunsel derrière lui un coup de coccyx sous le menton.
-Aïe ! Bon sang, Zack, fais attention…
-C'est de bonne guerre, protesta le brun sans se retourner. Bref, ça veut dire que la boite à plaintes marche ! Et donc j'ai plein d'autres demandes à faire !
Le menton dans sa main, Kunsel s'arrêta à côté du Lieutenant, enfin arrivé devant la boite.
-Ah oui ?
-Oui. À commencer par…
-« Une sortie au Gold Saucer. »
Le silence plana longtemps dans le bureau. Rufus posa doucement le papier sur la pile.
-Est-ce qu'on a eu seulement une seule bonne idée ? demanda soudainement Lazard.
-Oh, alors, voyons voir.
Rufus passa en revue les plaintes sorties de la boite :
-Sephiroth a demandé à ce qu'on vire Genesis.
Lazard cacha ses yeux dans sa main mais laissa Rufus continuer.
-Ensuite, j'ai apparemment demandé -avec une écriture fort proche de celle de Reno- qu'on vire Sephiroth.
Lazard s'assit dans le plus proche fauteuil, dépité.
-Et enfin, il y a une vingtaine de « propositions » de la part de Zachary Fair, qui ont littéralement bouché la boite et m'ont forcé à te voir plus tôt que prévu.
Ratatiné sur son fauteuil mais pas encore totalement découragé, Lazard osa demander :
-Et elles sont valables, ces propositions de Zack ?
Rufus s'éclaircit la gorge avant de commencer :
-Eh bien, ça va d'une sortie de garnison à la ferme des Chocobos, à cette fameuse soirée au Gold Saucer, en passant par un restaurant par semaine pour les SOLDIERS et des appartements plus grands. Il y a aussi, « engager des hommes réceptionnistes pour que l'entreprise ait une image moins sexiste… »
-C'est une bonne idée ça ! triompha Lazard.
Rufus lui jeta une œillade désolée avant de terminer :
-« … et pour qu'il y en ait pour tous les goûts. »
Lazard se laissa tomber dans le fauteuil comme un soufflé.
-C'est tout… ?
-Oh non ! Mais je t'épargne ici.
-Merci de ta condescendance...
-Y a pas de quoi.
Le silence se prolongea longtemps. Rufus contemplait la pile de plaintes, les mains croisées derrière sa nuque, pendant que Lazard écoutait distraitement les secondes s'écouler sur l'horloge accrochée au mur.
-C'était une mauvaise idée, dit soudainement le Directeur.
Rufus haussa les épaules.
-Au moins tu t'en rends compte. Bon, ça a été un plaisir d'obtenir la preuve de la médiocrité de ton personnel, mais il faut que je te laisse, j'ai une réunion.
Rufus se leva et, comme trois jours plus tôt, quitta la pièce en laissant à Lazard la responsabilité de son énorme boite aux lettres rouge.
Quelques jours plus tard, Lazard tomba nez à nez avec une boite bleue, accrochée exactement à l'endroit où son ancienne boite à plaintes avait sa place. Angeal, qui était avec lui, s'arrêta à son tour :
-Tout va bien, Directeur ?
-Qu'est-ce que c'est que ça ?
Le regard d'Angeal suivit celui de son supérieur.
-Oh, ça, c'est une nouvelle boite à plaintes. Il semblerait qu'il y en ait eu une, la semaine dernière, mais qu'elle ait été enlevée. Zack en a accroché une nouvelle après que plusieurs employés et SOLDIERS lui aient confié avoir apprécié sa fonction.
Lazard blanchit.
-Où est Zack, en ce moment ?
-Probablement en train d'entrainer des cadets… Pourquoi ? Directeur ?
Mais Lazard traversait déjà le couloir dans l'autre sens au pas de charge vers les classes des cadets. Une fois sur place, il fit irruption dans la pièce avant de se stopper, interdit, sous deux douzaines de regards curieux.
-Hum, Lieutenant Fair, un mot je vous prie. Dehors.
Zack sembla surpris l'espace d'un instant, puis il intima à ses élèves de relire la théorie des matérias avant de suivre Lazard dans le couloir.
-Je peux savoir pourquoi vous avez accroché une boite à plaintes dans le couloir du soixantième ?
Le visage de Zack s'éclaira.
-Vous aimez l'initiative ? Il y en avait une la semaine dernière, une autre, mais elle a été enlevée, et-
-Je sais qu'il y en avait une, coupa Lazard. C'était la mienne. Je l'ai enlevée parce qu'il y a eu… Des dérives. Alors j'aimerais savoir pourquoi vous en avez mis une nouvelle.
-Des dérives ? C'est étonnant, ça, parce que beaucoup de personnes m'ont dit que la boite leur manquait. Certaines demandes avaient été entendue et des solutions trouvées, alors beaucoup ont pensé que c'était une façon efficace et discrète de se sentir plus écouté, ou considéré, à la Shinra. Alors je me suis dit que j'allais en refaire une ! Niveau catharsis, on a rarement fait mieux !
Le sourire de Zack lui remontait presque à ses tympans. Reno passa à ce moment derrière le jeune SOLDIER.
-Faites gaffe, Directeur, ça commence comme ça et dans deux mois il crée un syndicat.
-C'est quoi un syndicat ? s'intéressa Zack en se tournant vers le roux.
-C'est rien du tout ! coupa Lazard.
D'un regard, il menaça Reno des pires morts, ce à quoi le Turk répondit par un sourire en coin un peu moqueur, si Lazard devait donner son avis, avant de disparaitre au coin du couloir.
-Ce mec est toujours dans mon dos, j'ai l'impression…
-Ce n'est probablement pas qu'une impression, dit distraitement Lazard. Bon, revenons-en à la boite. C'est vous qui lisez les plaintes ?
Zack haussa les épaules :
-Oui.
-Et vous résolvez les problèmes ?
-Pas tous. Ceux que je peux résoudre, oui.
-Et ça ne vous dérange pas ?
-Non. Pourquoi ça me dérangerait ? Quand j'ai le temps, je vais ouvrir la boite, je prends les plaintes, je jette celles qui concernent des gens à virer, et celles qui sont irréalisables et je garde les autres.
Lazard plissa les yeux, suspicieux.
-Vous en avez gardé combien, jusqu'à maintenant ?
Zack fixa le bout de ses chaussures.
-Deux seulement… Une sur un problème informatique à la réception et une autre sur un auvent cassé, là où les comptables font leur pause cigarette…
Lazard se força au calme et réfléchit un instant. L'idée de boite à plaintes qu'il trouvait bonne était mise en place, Zack s'occupait de perdre le temps de lire les plaintes, il s'occupait des petites demandes, et il jetait spontanément les requêtes que même lui trouvait irréalisables/stupides/suicidaires, et -point non négligeable- Rufus n'en savait rien.
L'un dans l'autre, il y gagnait sur tous les plans. Il se fendit donc d'un large sourire, posa sa main sur l'épaule de Zack et dit :
-Très bien, je suis fier de vous, soldat. Vous prenez soin de vos collègues et c'est un comportement exemplaire. Continuez comme ça.
Alors qu'il tournait les talons pour laisser Zack à sa classe et retourner à son bureau, il entendit le jeune Lieutenant l'apostropher :
-Oh, et, Directeur… Vous pensez qu'on pourrait organiser une sortie à la Ferme des Chocobos ? C'est pour un ami…
J'avais prévenu que c'était court...
J'espère que cet OS vous aura plu!
Faites attention à vous, vraiment. On se retrouve au prochain!
