Bonjour à tous,
Après la bataille, Astrid était... de mauvais poil. Mais une hache peut tout changer.


Chapitre 81: Une approche par les armes

Comme promis, Harold passa la plupart de son temps avec Göran et son nouvel équipier. Harold essaya de dresser le Groncke en assimilant l'odeur du minerai de fer et à la détecter dans les mines. Mais comme le craignais Harold, le dragon avait du mal à s'habituer à la présence des outils et il craignait que Göran ne lui fasse du mal. Krokmou a apporté sa pierre à l'édifice et a accepté de marcher à côté du mineur toute la journée tandis que le Groncke restait avec Harold. En voyant que le Furie Nocturne ne risquait rien, le Groncke a alors accepté de retourner auprès de Göran.

Ce nouveau duo possède les bases du travail en équipe, mais il faut les mettre en pratique: Harold rentra dans la mine et observait attentivement les réactions du Groncke. Il n'est pas le seul: les autres mineurs se sont arrêtés de travailler et les observaient également. Le Groncke renifla les parois et s'arrête au bout d'un moment: il tira la langue et grattait la terre avec ses pattes.

- Il a trouvé du minerai, fait le reculer et demande aux autres de creuser. Ça commencera à convaincre tout le monde.

Göran réussit à faire reculer son équipier et ordonna à ses amis de creuser à l'endroit des entailles. Malgré quelques réticences, ils creusèrent et des grosses pierres en sortirent rapidement. Cependant, aucun minerai de fer n'est en vu.

- Toute cette débauche d'énergie pour rien, ça n'a servi à rien. se lamente un mineur.

- Pas si vite, intervient Harold. Je n'y connait rien en minerai mais j'ai confiance en mon dressage et aux facultés des dragons.

Harold ramassa quelques pierres et les fait sentir au Groncke, ce dernier ne réagit d'abord mais s'extase au bout d'un moment. Harold la met de côté et continu son stratagème, il parvient à entasser une dizaine de pierres au bout d'un moment.

- C'est à mon tour de rentrer en action, déclare Göran. Si nous avons de la chance, le minerai est apparu lorsqu'il est extrait. Dans le cas contraire, il peut être bien caché. Mais si ce que tu dis est vrai, nous devrions en avoir.

Göran sortit un marteau et frappa aussitôt une pierre: cette dernière se coupa en deux et le mineur l'analysa. Son visage devient livide lorsqu'il constate la présence du minerai.

- Les gars, regardez moi ça: une simple pierre en apparence mais ce que nous cherchons était juste sous nos yeux. Je n'en reviens pas.

Göran fait passer les deux morceaux à ses amis et cassa les pierres restantes. Il est sidéré d'y trouver également du fer.

- Pour lever les derniers doutes, casser les pierres où le Groncke n'a pas réagi: je suis certain que vous ne trouverez rien.

Avec l'aide de ses amis, Göran s'attela à la recherche de fer en cassant les pierres: mais ils ne trouvent même pas la plus petite trace de fer.

- Tu avais raison, déclare un mineur. Il ne s'est pas trompé une seule fois.

- Et attend de voir la suite, répond Harold.

Harold rejoint les mineurs et prend des pierres pour les donner à manger au Groncke qui les mangea rapidement.

- Les Gronckes se nourrissent de poisson, mais ils mangent également des pierres comme suppléments. Mais pas toutes: certaines les rendent malades et ils recrachent de la lave pour les évacuer. C'est l'équivalent de vomir pour les humains. Ce sera ton rôle de découvrir quelles pierres ne seront pas comestibles pour lui.

- Mais alors, en mangeant ces pierres, ça résoudrai le problème de stockage de celles-ci!

- Je vous arrête tout de suite: donner trop de pierres à manger lui provoquera une indigestion. Il pourra vous aider à réduire le stock mais pas drastiquement.

- Pas besoin de le forcer, nous ne creusons pas tout le temps dans la mine. Nous pouvons lui en donner un peu tous les jours, sans pour autant le dégoûter.

- Tu commences à comprendre Göran, c'est bien. Donne lui un minerai pour le récompenser.

- Pourquoi?

- Parce qu'il a travaillé durement pour le trouver et les Gronckes en sont friands. C'est comme si ta femme préparait ton plat préféré mais que tu n'as pas le droit d'y toucher. Que ressentirais-tu?

- Je vois où tu veux en venir, répond le mineur. Tiens mon beau, voilà ta récompense.

- Et trouve lui un nom, ça facilitera les choses.

- Nous allons inspecter les sacs entreposés pour voir si du fer s'y cache.

- Plutôt demain. Je te laisse penser à toutes les actions d'aujourd'hui et qu'est-ce que tu comptes faire à l'avenir. De plus, il faudra lui trouver un endroit où dormir lorsqu'Haaken acceptera de le laisser dehors.

- C'est un peu prématuré, non? demande Göran.

- J'ai confiance en mon dressage, le plus difficile sera que les humains acceptent de cohabiter. Ramenons le à l'arène.

Pendant qu'Harold et Göran ramenaient le Groncke, le reste des mineurs discutaient entre eux de ce qu'ils avaient vu. Bientôt, tout le village est courant de ce qui s'est passé: certains sont sceptiques et déclarent que c'était de la chance, d'autres demandent d'avantages de preuves avant de vouloir y croire. Ces commérages parviennent jusqu'aux oreilles d'Haaken et en parle avec Angus lors du repas du soir: ce dernier arbora un grand sourire avec de déclarer que ce n'était que le début.

Le lendemain, tous les mineurs sont au lieu de stockage des pierres extraites et attendent la réaction d'Ambre, le nom que Göran a choisi pour le Groncke. Ambre renifla les barils les uns après les autres et parvient détecter ceux qui contiennent du fer, les mineurs les mettent immédiatement de côté et une inspection minutieuse de ces derniers commence alors. Ce travail supplémentaire prendra toute la journée, mais le temps passé en vaut la chandelle: pratiquement deux barils de minerai de fer sont remplis. L'équivalent d'un mois de production ajouté à l'entrepôt en l'espace d'un journée.

Inutile de dire qu'Haaken était ravi en apprenant cette nouvelle, de même qu'Herulf qui va pouvoir réparer les armes correctement. Avec ce surplus de travail, Harold s'est naturellement proposé au forgeron pour lui donné un coup. Après un peu de persuasion, ce dernier accepte et lui expliqua sa manière de travailler. Pourtant, un matin, une visite surprise vient animer la matinée d'Harold.

- Salut Harold, j'espérai te trouver à la forge. déclare Angus accompagné d'Astrid. Nos haches ont besoin d'être affutées.

- Herulf est capable de le faire, déclare l'apprenti. Ce serait lui faire une offense s'il n'affutait pas vos armes.

- Harold a forgé ma hache dans un matériau qui vous est totalement inconnu, du moins pour l'instant. Du coup, je veux vraiment que ce soit lui qui l'affute.

- Pas de problème, intervient Herulf. Je me demande quelles sont les limites de ce garçon: il est dresseur de dragon, un forgeron doué, ...

- ... un tacticien hors pair, un très bon ami et un excellent chef! fini Angus. Un adversaire redoutable et un allié fidèle.

Harold ignore totalement le débat qui se déroulait autour de lui et se dirigea vers la meule pour affuter la lame. Cette dernière étant en fer de Groncke, elle s'effrite moins vite qu'une lame ordinaire. Il ne lui a fallu que quelques instants pour rendre le tranchant de cette arme redoutable.

- Et voilà, une arme prête à trancher n'importe quoi ou presque.

- Merci Harold, tu es le meilleur. Astrid, à ton tour.

- Fait attention, déclare Astrid en posant la hache. Mes parents me l'ont offert pour mon dixième anniversaire, j'y tiens beaucoup.

- Pas de problème, répond Harold. Je vais lui rendre son tranchant.

Harold analyse la lame et constate qu'elle est émoussée, qu'il manque quelques bout de fer.

- Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'elle soit dans cet état? demande Harold.

- J'avais besoin de passer mes nerfs sur des arbres ces derniers temps, répond Astrid. Quelqu'un m'a passablement énervé ces derniers jours.

- Oh, réagit Harold en levant les sourcils. Je suppose que tu as provoqué un véritable génocide d'arbres, Angus fait la même chose quand il est énervé. Ce doit être un trait de famille.

- Nous nous entraînons souvent ensemble avant que je ne soit parti, je suppose qu'Astrid a juste copié ma façon de me défouler. Nous ne sommes pas comme toi à forger, voler ou dessiner pour évacuer la frustration.

- Pas faux, gloussa Harold en se dirigeant vers la meule.

Bien que son frère lui a assuré qu'Harold était compétent dans son domaine, Astrid ne quitta pas sa hache des yeux. Elle observe également les mouvements d'Harold et son attitude dans ses tâches, c'est son premier contact avec lui depuis la bataille avec les Bannis. La lame étant en plus mauvaise état que celle d'Angus, Harold mis plus de temps à affuter la hache d'Astrid. Mais au moment de la lui rendre, il observa le bois de la hache et regarda attentivement Astrid de haut en bas.

- Le bois a déjà été remplacé depuis le temps je suppose, mais sa longueur a-t-elle été modifiée? demande Harold.

- Je ne pense, répond Astrid. Mais tant que je peux la lancer et me battre avec, ça me va.

- Quand tu fais des entrainements prolongés, n'as-tu pas mal au dos à l'issue?

- C'est le cas, ils sont même fréquents ces derniers temps.

Harold réfléchit calmement et continue d'observer Astrid, il manipule la hache en veillant à ne rien détruire ou blesser quelqu'un.

- Ça ne va pas, le manche est trop court: c'est ce qui provoque tes douleurs. Je vais le remplacer mais ça me demandera plus de travail, je repasserai chez toi te l'apporter.

Avant qu'Astrid ne puisse intervenir, Angus s'empressa de répondre.

- Alors, tu lui apporteras tout à l'heure. Mon père voudrait te parler avant que tu ne manges chez nous.

- Je serai à l'heure. Vous pouvez partir, j'ai un peu de travail.

Les jeunes Hofferson quittèrent la forge et Astrid s'adressa à son frère.

- Pourquoi lui as tu laissé la hache? Tu sais très bien que j'ai un entrainement aujourd'hui.

- Je le sais très bien, mais je connais Harold: il estime améliorer ta hache et augmenter tes compétences. Crois moi, tu ne le regretteras pas.

Ignorant ce qui se passe, Harold s'entretient quelques minutes avec Herulf pour lui faire part de ses intentions. Comprenant l'idée du jeune homme, le forgeron lui montra les outils spécifiques et l'amena à l'entrepôt. Il en ressorti avec du bois.

- C'est un bois très rare que l'on ne trouve pas dans l'archipel, déclare Herulf. Il est réservé à des personnes très importantes de Stritz, comme la famille du chef.

- Je vois, répond Harold. Je n'ai pas le droit à l'erreur.

Comprenant l'importance de cette denrée rare, Harold se concentra d'avantage. De retour à la forge, il se met au travail et désolidarise la lame de son manche. Il le pose à côté du bois qu'il va travailler et estime la longueur adéquate. Une fois prêt, il travaille sur le manche pour qu'il soit de la bonne taille et vient emboiter la lame. Il nettoya l'arme dès qu'il a fini.

De ce fait, il s'aperçoit que le soleil est déjà sur le déclin. Il ne s'est pas aperçu que le temps a défilé et décide donc d'aller à la hutte des Hofferson. Arrivé, il toque à la porte et est accueilli par Sigrid.

- Harold, nous ne t'attendons pas si tôt.

- Haaken avait demandé à me voir, et j'ai apporté la hache d'Astrid par la même occasion.

- Et bien, ne reste pas planter là. Entre, mon garçon.

Harold entre et patiente près de la table à manger, il entend Sigrid appeler sa fille et Astrid descendit des escaliers peu de temps après.

- Voilà ta hache, déclare Harold en la lui tendant. J'ai remplacé le manche par un quiest plus long. Ça devrait t'éviter des maux de dos, et pouvoir la lancer plus loin sans forcer.

Astrid regarda attentivement sa vieille amie, elle effectua quelques mouvements dans le vide et sourit: elle est entièrement satisfaite.

- Elle est apte à trancher n'importe qui, évite juste de me couper la tête si tu veux que je l'entretienne.

- Aucun risque, rigole Astrid. Je te remercie pour ton attention, ça me touche beaucoup. dit-elle en le regardant dans les yeux.

Astrid remonta immédiatement dans sa chambre et Harold la suivit des yeux, ce n'est que lorsqu'il entend un raclement de gorge qu'il sortit de ses pensées.

- Harold, je te prierai de bien vouloir me suivre. Bien que j'ai parfaitement entendu toutes les rumeurs sur ce que tu as accompli, je voudrais l'entendre de ta bouche.

- J'espère que vous avez du temps à m'accorder alors.

- J'ai tout mon temps.