Enfinnnn ! Je suis de retour (pour vous jouer un mauvais tour !) (oui je vais la faire à chaque fois) ! Je suis si excitée d'enfin poster cette fic, je l'ai commencée 3 ans, et j'ai failli craquer plus d'une fois mais je voulais absolument l'écrire en entier avant de commencer à poster (histoire de pas faire comme pour DCO pour celles et ceux qui étaient là dans ces anciens temps… oui, c'était une époque très ancienne). Tout n'est pas encore parfaitement écrit mais il me reste très peu à faire, donc à priori j'aurais largement (bon ok peut-être pas largement) le temps de finir les derniers chapitres pendant que je poste les premiers. Il y aura 20 chapitres (peut-être 21 si je dois couper un chapitre en deux) et je compte poster une fois par semaine, à priori le mardi aprèm.
Warning: Des thèmes matures seront abordés dans cette fic et notamment de l'esclavage sexuel (principalement dans le passé mais ça reste un thème assez présent). Ce ne sera absolument pas romantisé, au contraire, mais si vous êtes très sensible à ce genre de thème, je préfère vous prévenir. Après la fic n'est pas que de l'angst, c'est plus action/romance 。 ◕ ‿ ◕ 。/ fluff/humour (j'espère).
Comme n'accepte pas les liens, pour trouver le trailer, il suffit de chercher "Mirachan" sur Yt, et soit vous cliquez sur mon profil (c'est un fanart Miraculous Ladybug", soit vous descendez un peu et vous trouverez "Malja - Ereri Fanfic Trailer" juste en-dessous.
Pour les dessins, il faut aller sur mon tumblr "mirachan-tb", Drawings and fanarts.
Voilà voilà, j'espère vraiment que ça vous plaira, ça fait un peu peur de se lancer après autant de temps ! ( ◍ • ᴗ • ◍ )
Et bien sûr, le disclaimer :
Les personnages de l'attaque des Titans ne m'appartiennent pas et sont la propriété intellectuelle d'Hajime Isayama. (Le reste est de moi ^^)
Bonne lecture !
Chapitre 1 : Les sables de Maria
"Je vais le tuer."
S'il y avait un endroit où Livai n'avait pas envie de se trouver la nuit, c'était le désert, et s'il y avait quelque chose dans le désert qu'on ne voyait pas la nuit, c'était les trous.
"Pourquoi tu me regardes, toi ?" marmonna Livai en fusillant son cheval du regard.
La belle jument noire ne broncha pas, se contentant de le regarder se relever péniblement, s'époussiérer et récupérer les rênes avec douceur malgré son humeur exécrable.
S'il se pétait une cheville, on pouvait lui faire confiance pour revenir à Sina rien que pour bousiller celles de Pixis. Cela faisait presque deux semaines qu'il était parti de Stohess sous l'ordre de ce vieux chauve, qui lui avait promis qu'il n'y aurait pas plus de dix heures de trajet entre Utgard et Khemia. Que dalle. Il était parti à l'aube d'Utgard, censée être la dernière escale avant Shiganshina, et le soleil était maintenant couché depuis une heure déjà.
Il espérait que la base de Khemia pourrait l'accueillir parce qu'il lui restait encore au moins deux heures pour parvenir à Shiganshina, et Livai préférait encore dormir sur le plancher dégueulasse d'un camp militaire que de passer deux heures de plus à marcher sur ce sol inégal sans voir où il posait les pieds.
Même en ayant tenté de ménager sa monture, cela faisait quelques heures qu'il était descendu de sa selle pour continuer à pied. Elle avait beau être la plus robuste des juments, elle devait porter non seulement Livai mais également ses affaires, et l'épuisement avait fini par la gagner.
Sa capacité à voir les trous, par contre, restait intacte. Bien plus efficace que la sienne en tout cas, parce que c'était déjà le troisième dans lequel il se prenait les pieds en trente minutes.
Livai poussa un soupir et réajusta le voile autour de son cou. Les derniers tons orangées du ciel derrière lui se fanaient, laissant place aux étoiles au-dessus de sa tête.
"On est bientôt arrivé", affirma-t-il, plus pour lui que son cheval.
Il pouvait voir l'ombre de Khemia se dessiner malgré l'obscurité, et Livai n'avait plus qu'un objectif : arriver. Maria avait beau être un pays magnifique, le désert était loin d'être agréable à traverser. La chaleur le jour, le froid la nuit, le sable dans les yeux ou qui frotte à l'intérieur des sandales : autant de nouvelles raisons d'envoyer Pixis se faire foutre et Erwin avec. Et il ne parlait même pas de l'état de son cul après des heures sur une selle.
Livai n'avait rien demandé, lui. Il considérait qu'il faisait plutôt bien son boulot, aussi avait-il du mal à comprendre pourquoi on l'avait envoyé dans ce trou à rat.
Sina était un pays vindicatif. Rose et Maria en avaient fait les frais. Cependant, Rose, contrairement à Maria, avait réussi à repousser les attaques avant d'être totalement envahie. Maria quant à elle n'avait eu aucune chance. Ce pays était petit mais regorgeait de ressources, seulement protégé par le désert au Nord et les montagnes à l'Ouest. Quand les sinayens avaient réussi à franchir le désert, Maria était tombée en quelques semaines à peine. C'était il y a déjà sept ans, mais les tensions ne s'étaient jamais vraiment calmées, et aujourd'hui les autorités craignaient que les attaques récentes sur les bases sinayennes ne dissimulent un mouvement de résistance organisée.
En théorie c'était pour ça qu'il était là. Ça et la magie noire. Comme s'il s'y connaissait mieux que les autres. Mais c'était justement là le problème : personne ne s'y connaissait. Cette magie était très récente, très secrète et surtout très dangereuse. La plupart de ceux qui s'y tentaient voyaient leur énergie spirituelle se faire grignoter ou mouraient tout simplement. Autant dire qu'on avait arrêté de faire des expériences dessus assez rapidement.
Jusqu'à six mois plus tôt.
Livai s'arrêta soudain, et sa jument manqua de lui rentrer dedans. Quelque chose clochait. Le ciel encore quelques instants auparavant bleu nuit se teintait d'une lueur rougeâtre au-dessus de Khemia, et il pouvait sentir d'ici une odeur de fumée. Qui faisait cramer sa maison à une heure pareille ? Livai enfourcha rapidement sa monture et tira sur les rênes. Il semblerait qu'on ait besoin de son aide avant qu'il ne puisse aller se coucher.
o O o
"Battez en retraite !"
"On a tout le monde ?" cria en retour une silhouette encapuchonnée en repoussant un soldat de son épée.
"Mikasa vient d'emmener la dernière !" répondit Eren et Jean hocha la tête avant de se replier.
Une demi-douzaine de personnes masquées par des foulards devant leurs visages et une capuche sur la tête s'éloignèrent des baraques en flamme en courant, poursuivies par quelques soldats. Eren attendit que ses amis soient passés à sa hauteur avant d'activer le talisman qu'il avait rapidement tracé dans le sable. Celui-ci s'illumina d'une lueur bleue, luisant dans la nuit alors qu'Eren lui transférait son énergie spirituelle en plaquant sa paume dessus. Il ne put s'empêcher de ricaner lorsque deux soldats se cognèrent dans le mur invisible qu'il venait d'ériger. Ça marchait à chaque fois.
Les silhouettes noires se dispersèrent derrière lui dans les rues de la ville, emportant avec elles des jeunes personnes habillées en blanc et les soldats se mirent à frapper la barrière de leurs épées. Bien que celles-ci soient également chargées d'énergie spirituelle, le talisman ne se romprait pas avant une bonne minute. Bien assez pour que les autres aient le temps de déguerpir sans laisser de traces.
Eren s'apprêtait à lui aussi battre en retraite quand il sentit une nouvelle présence surgir de nulle part. Il eut à peine le temps de lever les yeux qu'un homme abattait son épée sur la barrière, la faisant voler en éclats.
Qu- Eren écarquilla les yeux et roula en arrière juste à temps : une seconde plus tard et il aurait eu sa nuque tranchée.
Il est rapide.
Son foulard avait glissé, dévoilant son visage, mais Eren n'eut pas le temps de le remettre en place que déjà l'homme aux cheveux d'un noir de jais l'attaquait à nouveau. Il réussit à se relever et parer le coup de justesse avec sa propre épée, absorbant le choc avec une grimace. Non seulement il était rapide, mais il n'était pas exactement faible non plus. Eren parvint à se stabiliser avec difficulté et croisa le regard de son adversaire. Les sourcils froncés par la concentration, quelques mèches de cheveux devant les yeux, il émanait de lui une aura écrasante, et parfaitement contrôlée. Les alphas de Shiganshina devraient en prendre de la grai- Ooh putain ! manqua-t-il de s'exclamer en repoussant l'homme qui avait fondu sur lui. Il fit un bond en arrière pour remettre son foulard en place et détailla son adversaire du regard.
Cet homme n'aurait pas dû être là. Il portait le brassard pourpre sinayen mais Eren était sûr qu'il ne faisait pas partie de la base qu'ils avaient attaqués… Un rapide coup d'œil à son apparence suffisait à lui indiquer qu'il n'avait pas l'habitude de Maria. Ses vêtements -bien plus adaptés au désert qu'à la ville- étaient couverts de poussière et de sable : il avait sûrement voyagé toute la journée. Heureusement qu'il ne s'était pas pointé plus tôt celui-là, parce qu'ils se seraient fait massacrer.
Eren vit du coin de l'œil les soldats se séparer, une partie se lançant à la poursuite de ses compagnons et il attrapa un talisman dans une poche intérieure de sa cape.
Oh que non, pensa-t-il en activant son énergie spirituelle dans le bout de ses doigts. Des dizaines de talismans placés par Jean se déclenchèrent sur la plaine, enflammant l'huile sur le sol, créant une barrière de flammes. Les soldats reculèrent immédiatement avec des exclamations de surprise alors qu'Eren continuait de surveiller le voyageur. S'il avait le malheur de lui tourner le dos ne serait-ce que quelques secondes, il était mort.
La bonne nouvelle, c'était que les autres soldats avaient abandonné l'idée de poursuivre les autres, la mauvaise nouvelle c'était qu'ils étaient en train de l'encercler à la place.
"Lâche ton arme," ordonna l'homme et Eren haussa un sourcil.
D'un point de vue extérieur, il avait peut-être l'air un peu en difficulté -d'accord, très en difficulté -, mais il avait encore plus d'un tour dans son sac. Littéralement.
Eren passa sa main dans la petite sacoche attachée à sa taille et en sortit un morceau de papier déjà couvert d'inscriptions à l'encre noire. Il vit le voyageur reconnaître le talisman et se précipiter vers lui, mais Eren avait déjà plaqué le parchemin sur le sol, y insufflant toute son énergie spirituelle restante. Un cercle magique d'un bleu éclatant illumina la nuit et des vagues d'énergie s'en dégagèrent, obligeant les soldats autour de lui à faire quelques pas en arrière.
"Reculez !" s'écria un soldat à sa droite, mais l'ordre était inutile.
Seul le voyageur parvint à rester en place, et leurs regards se croisèrent un bref instant. Eren eut le temps d'aborder un sourire suffisant avant que la lumière ne devienne trop éblouissante.
Une seconde plus tard, il avait disparu.
o O o
Eren se matérialisa dans le salon de thé, désert à cette heure-ci, et s'écrasa lourdement au sol en entraînant une table avec lui.
Pourquoi les talismans de téléportation consomment-ils autant d'énergie, pensa-t-il face contre terre avec un grognement.
Ces talismans avaient beau être très impressionnants et très puissants, ils avaient également de gros désavantages. Premièrement ils étaient super chers -seul le vélin supportait la charge d'énergie suffisamment longtemps- mais en plus ils étaient également extrêmement difficiles à manipuler correctement et demandaient une quantité d'énergie phénoménale. Si on ajoutait à cela le fait qu'il était déjà spirituellement affaibli au moment de l'utiliser, il pouvait être sûr que ses pouvoirs mettraient au moins quelques jours à retrouver leur pleine puissance.
Tout était calme, les rayons de lunes éclairaient tranquillement les tapis sur le sol du salon de thé, les dépouillant de leurs couleurs vives habituelles. Les secondes commencèrent à s'étirer mais Eren n'avait même pas la force de se lever. Il n'attendit cependant pas très longtemps avant que la lueur d'une lampe à huile n'entre dans son champ de vision. Au bout du bras qui la tenait se trouvait une jeune femme blonde à l'air perpétuellement blasé, vingt-cinq ans passés, alpha, célibataire et qui le tuerait si jamais elle l'entendait un jour la présenter comme ça. Sûrement alertée par le boucan, Annie slalomma entre les tables jusqu'à Eren, redressa celle qu'il avait fait tomber et y posa la lampe.
"Le tapis n'est pas comestible."
"Oué oué", marmonna le jeune homme en guise de réponse, toujours face contre terre.
Il faudrait vraiment qu'il trouve un moyen de réduire les pertes d'énergie de ce talisman, ça le rendait totalement con en plus de lui aspirer toute son énergie.
"Où sont les autres ?" demanda Annie sans même essayer de le relever dans une position plus confortable.
"Hmm, ils devraient arriver dans un peu moins de deux heures," répondit-il quand il se fit un peu plus confiance pour parler, "Ils ont eu le temps de s'enfuir avant que je me téléporte, à priori ils ne pourront pas les rattraper."
"Vous avez eu des ennuis ?"
"Pas au début. Tout le monde était déjà parti quand un mec sorti de nulle part est arrivé. Un alpha. Je sais pas qui c'était mais il était super fort. Il a cassé ma barrière comme ça," ajouta-t-il avec un petit geste de l'index.
"Impressionnant," répondit Annie d'un ton plat.
Il fallait dire que son geste avait un peu manqué de vitalité.
"Il a vu mon visage," ajouta-t-il en se retournant enfin sur le dos et cette fois Annie ne fit pas de remarque sarcastique.
Parce que si on découvrait son identité, ils finiraient tous à l'échafaud, et ça ils en étaient tous les deux parfaitement conscients.
"C'était à Khemia, il y a peu de chances que vous vous recroisiez," finit-elle par répondre, mais il pouvait entendre l'inquiétude dans sa voix.
Eren repensa aux habits de voyage, à l'aura se dégageant de l'alpha.
"J'espère."
o O o
Deux heures plus tard, le calme du salon de thé fut rompu par des murmures alors qu'une dizaine de silhouettes se faufilaient à l'intérieur du bâtiment par la porte de derrière. Eren s'était relevé depuis et s'était posé sur une chaise à côté d'Annie, attendant que tout le monde revienne sain et sauf avant de pouvoir aller se coucher.
"Eren," soupira de soulagement une jeune femme aux cheveux noirs en l'apercevant, "on a vu la lumière du talisman de téléportation de loin, mais on était pas sûrs que tu aies réussi à t'échapper."
"Tout va bien Mikasa, ça fait deux heures que je suis rentré. Et vous, pas de soucis sur le chemin du retour ?"
"Une patrouille est passée un peu trop près de nous à mon goût, mais sinon rien d'inhabituel."
Parfait.
"Une mission accomplie de plus," sourit Eren malgré sa fatigue, "on est les meilleurs."
Il allait se tourner vers Reiner quand une voix claire s'éleva soudain.
"On peut savoir ce que vous allez faire de nous ?"
Les conversations s'arrêtèrent et tout le monde se tourna vers la jeune femme qui venait de parler. Elle ne devait pas avoir plus de dix-huit ou dix-neuf ans, ses longs cheveux noirs tombaient sur ses épaules et ses sourcils bien dessinés étaient froncés dans une expression d'hostilité. Sa robe blanche contrastait avec sa peau mat, bien qu'elle n'avait pas dû être lavée depuis au moins une semaine, mais même Eren devait bien avouer que la jeune femme était très belle. Elle était manifestement mal à l'aise devant l'attention qu'on lui portait soudainement, mais croisa les bras sur sa poitrine et releva un peu plus le menton, essayant de masquer sa nervosité.
Eren se leva de sa chaise et la vit suivre le mouvement des yeux.
"Je ne sais pas ce qu'ils ont eu le temps de vous dire pendant le trajet mais-"
"La seule chose qu'on nous a dite c'est que vous étiez là pour nous délivrer et que vous répondriez à nos questions plus tard," le coupa la jeune femme, et les autres jeunes gens habillés en blanc lui lancèrent un regard d'avertissement apeuré. "Comme si vous vous attendiez à ce qu'on vous croie."
Eren retint un sourire. Il fallait avouer qu'elle avait du cran. Ce n'était pas la première fois qu'il recevait ce genre de réaction mais la plupart du temps, personne n'osait le dire à voix haute. Cette jeune femme lui faisait penser à Isabel, et peut-être même un peu à lui.
"Excusez-nous, mais on avait d'autre choses à gérer que de répondre à vos questions," intervint Jean avant qu'il ne puisse lui répondre, "comme revenir sans se faire repérer par des patrouilles après le couvre-feu avec des omégas supposés dans un bordel de Khemia par exemple ".
La jeune oméga pinça les lèvres et Eren le fusilla du regard. Merci Jean. Ça faisait bientôt deux ans qu'il délivrait des omégas traumatisés et il n'avait toujours pas compris comment il était censé se comporter face à eux. C'est-à-dire pas comme ça.
"Je ne demande pas à ce que vous nous croyez sur parole," répondit-il en s'adressant à la jeune femme, "mais c'est vrai. Nous sommes Heidan."
"C'est un mensonge," affirma-t-elle d'un air qui se voulait assuré, "Heidan capturent des omégas, ils ne les délivrent pas."
"Parce que le trafic d'oméga par l'armée n'est pas censé exister. Mais vous savez mieux que quiconque la vérité," répondit Eren et la jeune femme soutint son regard.
Les omégas n'étaient pas très nombreux, seulement dix pourcents de la population, mais cette proportion était encore plus faible à Maria ces derniers temps. Jugés fragiles et délicats, ce second genre les désignait comme nés pour la reproduction, l'éducation des enfants et les tâches ménagères. Globalement ils étaient les servantes de la maison, rien d'autre.
Depuis l'occupation sinayenne, en plus d'être considérés comme des objets, les omégas devaient craindre les agressions sexuelles par les soldats, et leur trafic avait explosé. Par la mafia, que plus personne ne semblait arrêter, mais aussi par les soldats sinayens eux-mêmes. La plupart du temps, les omégas finissaient dans ce qu'ils appelaient une maison de réconfort ; un joli nom pour un vieux manoir ou école reconvertie en lieu d'esclavage sexuel.
"Nous sommes là pour vous aider. Si vous avez de la famille qui accepterait de vous récupérer, on peut vous y renvoyer, sinon on peut vous faire passer de l'autre côté de la frontière. Il existe des camps de réfugiés à Rose."
La jeune femme le regardait toujours d'un air méfiant, mais il pouvait dire que deux des trois autres omégas avaient l'air un peu plus enclins à le croire.
Il faudrait Elena et Marco maintenant. Eren les sentit arriver quelques secondes avant qu'ils ne franchissent le rideau de perles en bois séparant le salon de thé des quartiers privés. Des phéromones remplirent la pièce et tous les omégas se détendirent imperceptiblement. Eren se mit un peu en retrait, se laissant aller contre une table. Mieux valait laisser faire les pros.
"Vous venez de rentrer ?" demanda Marco, "on ne vous a pas entendu revenir."
"Oui tout juste," répondit Jean, et vu la légère rougeur sur sa nuque, il n'y avait pas que les omégas sur lesquels les phéromones de Marco faisaient effet.
Pendant ce temps, Elena avait tout de suite ciblé les omégas et s'approchait d'eux avec un doux sourire. Elle était redoutable.
"Je suis Elena et lui c'est Marco," présenta-t-elle d'un air chaleureux. Elle avait toujours été douée pour faire semblant d'être sympa. "Je ne sais pas ce qu'Eren vous a dit, mais nous sommes là pour vous aider. Vous pouvez retourner chez vous dès demain si vous voulez."
"Mes parents habitent à Yarckel," murmura d'une voix incertaine celle qui semblait être la plus âgée des omégas. Elle ne devait pas avoir plus de trente ans.
"C'est pas Thomas qui doit se rendre à Yarckel dans pas longtemps ?" demanda Connie en se tournant vers Berthold qui confirma.
"Si, il va voir sa mère."
"Bon bah une chose de réglée," sourit Elena avant de se retourner vers les autres, "et vous ?"
Les trois omégas restants secouèrent légèrement la tête et le sourire d'Elena glissa un peu avant qu'elle ne se ressaisisse.
"Ce n'est pas grave ! On en reparlera demain ! Vous devez avoir faim, mais ne vous inquiétez pas, je vous ai préparé des chawarmas !"
Eren grimaça, et il n'était pas le seul. Tous ceux qui avaient déjà goûté ses chawarmas s'en souvenaient comme du jour où ils avaient perdu leurs langues. Au lieu de l'aïoli, Elena se plaisait à bourrer ce petit sandwich de harissa.
"Je reviens, je les ai laissé dans ma chambre pour que personne n'y touche !" dit-elle en les regardant d'un air suspicieux avant de disparaître derrière le rideau.
Eren leva les yeux au ciel. Personne sain d'esprit n'irait toucher à ces trucs.
"Enlevez autant de harissa que vous pouvez avant de les manger ou vous allez finir la bouche en feu," prévint Reiner pendant qu'Eren retournait chercher son épée qu'il avait laissée sur la table.
Il vint se planter devant l'oméga qui avait parlé en premier.
"Avant qu'elle ne revienne, il va falloir qu'on vous ôte ça," dit-il en désignant -épée toujours en main- le collier qui lui serrait la gorge. "Tu veux commencer… euh… ?"
L'oméga continua de le jauger du regard, sans donner aucun signe de bien vouloir lui communiquer son nom, aussi Eren dut-il le lui demander clairement :
"Euh.. ton nom s'il-te-plait ?"
L'hésitation et la méfiance étaient inscrits en gros sur son visage, mais elle finit par le lui donner avec réticence :
"Soraya".
"Soraya, peux-tu me donner ta main ?"
La jeune femme regarda les autres omégas d'un air hésitant mais finit par la lui tendre. Eren esquissa un sourire qui se voulait rassurant et la rapprocha de lui avant de sortir son épée. Quand il voulut la faire se tourner pour qu'elle lui présente sa nuque, Soraya planta fermement ses talons dans le sol.
"Pourquoi il y a besoin d'une épée ?" demanda-t-elle, inquiète.
"Seule une arme embuée d'énergie spirituelle peut enlever ces colliers," expliqua patiemment Eren, "mais ne t'inquiètes pas, je sais m'en servir. Tant que tu ne bouges pas, ça ne fera pas mal."
Jean fit un bruit dubitatif et Eren eut envie de lui balancer son épée à la tête. Heureusement, Soraya lui jeta un regard de travers mais finit par se retourner et retint sa respiration. Autant faire vite.
Il sectionna le collier d'un geste fluide et celui-ci tomba au sol avant de s'évaporer lentement. Soraya rouvrit les yeux et Eren savait qu'elle arrivait soudain beaucoup mieux à respirer.
Ce lien était utilisé par les soldats de sinayens pour empêcher leurs adversaires d'utiliser la magie. Cela s'appliquait aussi aux omégas de réconfort, bien que la plupart d'entre eux ne l'aient jamais apprise. Il empêchait l'énergie spirituelle de circuler, et bien que ce ne soit pas particulièrement douloureux, ça restait plutôt désagréable.
"Je m'appelle Eren," dit-il en lui tendant sa main.
La jeune femme la serra timidement, et un petit sourire prit place sur son visage alors que l'espoir refaisait surface.
o O o
"C'est ta chambre," expliqua Eren en ouvrant la porte et la laissant entrer en premier. Soraya fit quelques pas dans la pièce de manière hésitante. Ce n'était clairement pas la plus grande de l'établissement d'après ce qu'elle avait pu voir, mais ça restait bien plus spacieux que tout ce qu'on lui avait accordé au cours de sa vie. Un lit était placé au milieu de la pièce, une petite fenêtre aux volets fermés ornait le mur du fond, et d'après ce qu'elle pouvait en voir, la chambre était propre.
Eren déposa sans entrer la lampe à huile sur une petite table à côté de la porte, et Soraya se retourna pour lui faire face. Elle ne savait pas trop quoi penser de lui. Il avait l'air digne de confiance, mais il puait l'alpha à plein nez. Et disons qu'elle n'avait pas eu de très bonnes expériences avec les alphas dernièrement.
"Cette chambre est à toi maintenant, et jusqu'à ce que tu partes. Personne n'a le droit d'y entrer sans ton autorisation," dit-il, et elle remarqua qu'il n'avait pas franchi le pas de la porte. Étonnement, cela la réconforta.
"Des vêtements de rechange sont dans le placard, tu as de l'eau sur la table et les toilettes sont au bout du couloir."
Soraya acquiesça et attendit qu'il parte, tendue. Son inquiétude devait se voir sur sa tête car l'alpha sourit de manière un peu triste.
"Je sais ce que vous ressentez, mais ce n'est pas trop beau pour être vrai. Vous êtes libres maintenant. Et bien que ça ne veuille pas dire que tous vos problèmes sont résolus, tant que vous restez ici vous êtes sous notre protection," affirma-t-il avec tant de conviction qu'elle avait envie de le croire.
Quelques secondes s'écoulèrent pendant lesquelles il semblait attendre une réponse, et quand il fut clair qu'il n'en recevrait aucune, il se passa une main sur la nuque d'un air gêné.
"C'est tout ce que je voulais dire…", marmonna-t-il maladroitement et elle aurait presque pu croire qu'il était plus mal à l'aise qu'elle. "S'il y a le moindre problème, la chambre de Mikasa est juste là, et celles de tes amis sont le long du couloir. Sur ce, je te laisse te reposer, je pense que tu en as bien besoin."
Soraya acquiesça, mais ne baissa sa garde que lorsque la porte se referma. Des murmures étouffés lui parvinrent du couloir et elle colla son oreille contre le panneau de bois.
"...et Mina et Jahan préfèrent dormir dans la même chambre, du coup on les a mis dans la grande à côté de Mikasa."
C'était l'oméga, Marco, qui parlait.
"Ça marche. Je prends le premier tour de garde. Mikasa prendra la relève."
Soraya se décolla de la porte et parcourut la pièce. Le lit était trop lourd à déplacer, la table était collée au mur et la chaise n'était qu'un simple tabouret. Rien qui ne puisse bloquer cette porte sans verrou. Et si on se rendait compte qu'elle avait essayé de bloquer la porte… Mieux valait rester dans cette chambre et prier pour que ces gens soient bien ceux qu'ils prétendaient être.
o
Bien qu'elle soit épuisée, Soraya ne ferma pas l'œil de la nuit. Elle eut le courage de sortir de sa chambre quelques heures après que tout le monde soit allé se coucher, mais à peine avait-elle ouvert la porte qu'elle tomba nez à nez avec une grande alpha aux cheveux noirs et à l'air intimidant. Celle-ci -Mikasa d'après ses souvenirs- avait commencé à lui demander si elle avait besoin de quelque chose mais Soraya avait vite refermé la porte et n'avait pas réessayer de la rouvrir depuis. Alors elle avait attendu toute la nuit, terrée dans un coin de la pièce, les genoux repliés contre son corps.
Les rayons de soleil filtraient à travers les volets lorsqu'elle commença à somnoler. Seul le gazouillement matinal des oiseaux se faisait entendre au dehors lorsqu'un coup sourd dans sa porte la fit sursauter. Elle redressa la tête à temps pour voir la poignée s'abaisser lentement et avec difficulté. Soraya inspira pour se donner du courage.
La porte s'ouvrit finalement et un enfant qui ne devait pas avoir plus de quatre ans déboula dans la pièce.
"Bonjour Madame !" s'exclama-t-il avec un grand sourire quand il l'aperçut, et Soraya le regarda d'un air perplexe avant de sentir le soulagement l'envahir.
L'enfant courut se cacher derrière le lit sous ses yeux incrédules et des bruits de pas se firent entendre dans le couloir.
"Aslan !"
Soraya se tourna vers le petit garçon caché derrière son lit qui mit un doigt devant sa bouche.
"Chhut !"
"Aslan ?"
Une tête brune fit irruption dans le cadre de la porte d'un air inquisiteur et l'enfant sortit de sa cachette d'un bond :
"Bouh !"
Eren leva les yeux au ciel et secoua la tête, un petit sourire aux lèvres.
"Qu'est-ce que j'ai dit à propos d'entrer dans la chambre des gens sans leur demander ?" demanda-t-il d'un ton patient et l'enfant eut la décence de baisser les yeux. "Allez, viens là," ajouta-t-il en pénétrant dans la pièce mais en s'arrêtant aussitôt.
Soraya fronça le nez et se replia un peu plus contre le mur. Eren dut remarquer son mouvement de recul car il fit quelques pas en arrière.
"Aslan, viens là, tu vois bien que tu l'embêtes".
"Il ne m'embête pas," s'empressa de le contredire Soraya.
Elle ne voulait pas qu'il se fasse battre par sa faute.
"Tu vois je ne l'embête pas !"
"Ne m'oblige pas à venir te chercher," le prévint Eren.
Soraya regarda attentivement les expressions du petit garçon mais elle n'y décela que de l'amusement, aucun signe de peur. En général les enfants n'aimaient pas trop les alphas, et ceux-ci le leur rendaient bien. Mais ici, Aslan semblait totalement à l'aise même alors qu'il venait de se faire gronder. D'ailleurs il se précipitait vers son père, passant sur le lit à quatre pattes au passage, et Eren fit les gros yeux.
"J'espère qu'il ne t'a pas trop dérangé, il peut être un peu intrusif," s'excusa-t-il en se tournant vers elle, la main passant distraitement dans les boucles brunes de l'enfant désormais accroché à sa jambe comme une huître à son rocher. "Le petit déjeuner est servi si tu veux. Mina et Jahan y sont déjà mais Amelia a décidé de rester dans sa chambre. Je te laisse choisir ce que tu préfères. Bien que personne ne vous fera de mal ici, tout ça peut être un peu…nouveau."
Soraya osa enfin lever les yeux, les plantant dans le regard chaleureux de l'homme. Il ne lui faisait pas particulièrement peur, étonnement.
"J'imagine que je n'ai pas d'autre choix que de vous croire ?"
"Tu n'as qu'à venir déjeuner avec nous si tu veux des preuves supplémentaires," répondit-il avec un petit sourire et Soraya eut l'impression qu'il savait exactement ce qu'elle pensait. "Marco et Elena seront là. Tu peux leur parler, et tu peux poser toutes les questions que tu veux, que ce soit à moi ou aux autres. Vous êtes libres maintenant, et vous devez apprendre à -"
"J'ai faim !" le coupa Aslan en tirant une énième fois sur sa jambe d'un air insistant.
"Oui j'ai compris," répondit Eren avant de se tourner vers la jeune femme, "Je crois qu'on devra continuer cette conversation plus tard. Tu viens ?"
Soraya n'hésita pas très longtemps et se leva avec fébrilité.
"C'est où ?"
"Juste à côté," sourit Eren en se dirigeant vers la sortie, le garçon toujours accroché à la jambe, "viens je te montre !"
Soraya attendit quelques secondes avant de finir par se lever.
"Hey la sangsue, je n'arrive pas à marcher", parvint la voix d'Eren depuis le couloir, suivi d'un éclat de rire enfantin.
Soraya sourit et leur emboîta le pas.
Au même instant, Livai posait pied à terre à Shiganshina.
À suivre…
Et voilà pour le premier chapitre ! Encore une fois, j'espère que ça vous aura plu, même si c'est que le début ! N'hésitez pas à laisser une review (dans n'importe quelle langue sauf l'Elvish que je ne maîtrise pas encore assez bien), ça refait toujours ma journée, un follow ou favorite !
Passez une bonne journée et prenez soin de vous !
A+
Mirachan
(Oui mon ancien pseudo c'était Miraculous Shinichi mais j'avais 15 ans ok ?)
