Bonjour, bonsoir,

Voici un nouveau chapitre ! Je pense en poster deux par semaine, un au début et le 2e le weekend. N'hésitez à m'encourager haha !

Bonne lecture,

Likocham.


Malefoy

La nuit suivante, Drago se réveilla en nage. Ses os craquaient, son corps se tordait : la session de torture était déjà bien entamé. Avant qu'il n'est pu le retenir, un hurlement à s'en déchirer les cordes vocales lui échappa et il sombra l'instant d'après.

Quand la crise fut passée et que Drago rouvrit les yeux, il était à même le sol. Il se dit que ça ne pouvait plus durer, il ne pouvait subir cette douleur une nouvelle fois. Il se redressa alors dans l'obscurité, le corps lourd, et voulut marcher jusqu'à sa porte. Mais ses jambes lui semblaient maladroites, ses pieds immenses, alors il se remit à quatre pattes, plus à l'aise ainsi et s'aventura dans le couloir.

Le son de plusieurs voix qui murmuraient lui parvinrent du rez-de-chaussée. Il comprit même quelques bribes de phrase :

— … déjà trouvé ?

— … vois rien dehors… ta baguette Sissi…

Drago reconnaissait les voix de son père et de sa mère. Il était étonnant qu'il parvienne à les comprendre alors qu'ils parlaient si bas, mais Drago mit cela sur le compte de l'isolation de la maison. En effet, ils avaient transplané chez une vieille tante dans le nord de l'Angleterre. Une demeure en pierre, un peu rustique, qui était loin du prestige du Manoir Malefoy mais qui était l'endroit idéal pour se cacher des aurors actuellement à leur trousse.

Alors qu'il avançait sur le parquet, une latte grinça sous son poids. Aussitôt, il entendit ses parents se précipiter en bas des marches et l'aperçurent à l'étage. Leur réaction quand ils le virent fut tout le contraire de l'aide dont il avait besoin. Sa mère poussa un cri d'horreur, se recroquevillant derrière son père, tandis que celui-ci pointait sa baguette dans sa direction, la peur se lisant dans ses yeux.

Dérouté, Drago regarda derrière lui à la recherche d'un danger, mais rien. Il fit alors un pas en avant immédiatement stoppé par un sort qui passa à quelques centimètres de lui, puis un deuxième qui lui brûla la joue gauche. Il recula, prit de cours face à son père qui l'attaquait, lui, son propre fils. Il voulut s'exprimer « Père ! Mère ! C'est moi ! » mais seul un grondement sourd sortit de sa gorge. Un troisième sort fusa, le loupant de peu. Drago reculait dans le couloir du premier étage, cherchant désespérément une explication à ce qu'il se passait. C'est à ce moment que sa tante sortit également de sa chambre, juste derrière lui :

— Par Salazard ! Quelle est cette ignominie ?

Drago sentit l'angoisse monter en lui. C'était lui qu'elle fixait en disant ces paroles ! Il observa autour de lui et aperçut enfin son reflet dans un vieux miroir au fond du couloir. Ça lui faisait face. Il reconnut en premier les yeux bleus qu'il avait croisé la veille dans l'eau du lac. Puis il vit le reste, il vit le monstre qu'il était devenu. Sa contemplation ne dura qu'une demie seconde car sa tante avançait vers lui, baguette brandit. Terrorisé et toujours à quatre pattes, il voulut se remettre debout pour s'enfuir, mais trébucha dans l'escalier. Il le dévala et atterrit sur le dos. Bon sang, ça faisait mal ! Il entendit alors sur le palier du dessus :

— Allons Lucius ! Il faut tuer cette chose !

La panique s'empara complètement du jeune Malefoy : « Non c'est moi ! Drago ! » Mais encore une fois, il n'émit qu'un vague grognement. Alors, un dernier recours s'imposa à lui ; fuir. Abandonnant l'idée de se mettre sur ses deux jambes, Drago sortit dans la nuit et galopa pour se cacher derrière les imposants arbres qui bordaient le terrain de sa vieille tante.

Drago vit le ciel s'éclaircir à travers les feuillages avant de tomber à terre. La douleur était de retour et le même processus se répéta. A son réveil, il se sentit de nouveau lui-même. Il porta ses mains à ses yeux avec appréhension… Oui, il était redevenu humain.

Quand il retourna à la maison de sa tante, ses parents l'accueillirent avec soulagement. Sa mère le serra même dans ses bras, heureuse de le revoir en vie et non dévoré par le monstre qui avait sévi cette nuit.

Le jeune sorcier leur conta alors le récit de sa mésaventure et implora à la fin de celle-ci :

— Vous devez m'aider ! C'est sûrement de la magie noire ! Vous devez connaître un contre-sort n'est ce pas ?

— Oh, mon enfant… souffla sa mère.

— Je… J'ai déjà lu ce sortilège quelque part. Certainement dans un de nos anciens grimoires au manoir. Je ne saurais t'en dire plus.

Lucius passa une main sur son visage, las. L'emprise du Seigneur des Ténèbres lui avait beaucoup coûté. Il avait maigri, des cernes noires creusaient encore davantage son visage blafard. Et alors que son fils lui racontait ce qu'il avait subi, une vague de culpabilité l'envahissait. Tout était de sa faute, tout ce que sa famille avait vécu, tout ce qu'ils avaient perdus, à commencer par le manoir, et maintenant ça. Il ne pouvait même pas aider son fils. Il avait échoué sur toute la ligne, incapable de servir correctement le Maître, incapable de protéger sa famille. Il était un perdant.

— Je suis désolé Drago… Je ne peux pas t'aider.

Et c'était tout ? Son père allait à nouveau le laisser vivre un enfer ? Mais alors qu'il allait protester, sa mère fut plus rapide. Elle se leva d'un bond, son regard, habituellement impassible, aussi froid et dur que la glace, braqué sur son mari.

— Voilà donc votre conclusion ? Vous allez laisser votre fils souffrir de vos erreurs toute sa vie durant ? Et pourquoi ? Parce que vous êtes lâche ? Il suffit. Vous dites que vous avez déjà lu ce sortilège dans un de vos livres, et bien soit, nous irons le chercher !

— Mais enfin, Narcissa, ce sera infesté d'Aurors et…

— Je n'en ai que faire. Drago est un adolescent, il n'a rien fait de mal. Ils le laisseront vite tranquille. Il pourra alors trouver ce qu'il cherche et nous allons l'aider. Au plus vite, au mieux ! Avant qu'ils ne réquisitionnent tout ce qui nous appartient.

— Nous serons arrêtés…

— N'est ce pas un moindre coût à payer pour la paix de notre enfant ? Lucius, nous y allons maintenant. Avec ou sans vous. Et si c'est sans vous, j'aspire à ne plus jamais vous revoir.

Drago, ébahi, regardait sa mère prendre les choses en main et poser un ultimatum à son père. La guerre l'avait changée, elle se réveillait enfin sur ce qui avait vraiment de l'importance pour elle : son fils. Et elle se battrait pour ça. Ils n'étaient pas très expressifs ni expansifs dans sa famille, mais Drago ressentait à cet instant tout l'amour que sa mère lui portait. Chose extraordinaire et assez rare, le jeune blond sentit un pincement au niveau de sa poitrine : il n'était pas seul.

Sa mère visa le premier objet lambda à proximité, un chandelier sans bougie, et le transforma en Portauloin. Elle tendit sa main droite à Drago qui la saisit et l'autre vers son mari. Hésitant, celui-ci resta en retrait.

— Je… Je serais condamné au baiser du détraqueur…

Lucius regardait la main de sa femme tendue vers lui avec une terreur peu commune, comme si c'était cette main qui allait lui arracher son âme à l'instant où il la prendrait. Drago sentit l'espoir s'évaporer à mesure que les secondes passaient.

— Sissi… Je… Je ne peux pas.

La main de Narcissa retomba contre son flanc, comme morte. L'étincelle qu'avait ressenti Drago quelques instants plus tôt fut soufflée comme la flamme d'une bougie. Il regarda sa mère et la larme qui dévalait sa joue blanche.

— Vous devez comprendre… tenta de justifier son père.

— Adieu, Lucius.

Narcissa saisit le portauloin et, elle et Drago furent instantanément aspirés dans un tourbillon de couleur.

Ils atterrirent dans le hall d'entrée du manoir. Narcissa lâcha la main de son fils et essuya sa joue. C'est alors qu'ils l'entendirent : un brouhaha sourd venant de l'extérieur. Drago s'approcha discrètement d'une des grandes fenêtres et inspecta l'extérieur. Au loin, près du grand portail, une dizaine d'aurors s'époumonait en sortilège pour tenter de détruire les défenses magiques du manoir.

— Ils sont là.

— Nous n'avons donc pas beaucoup de temps. Pressons-nous.

Ensemble, ils se dirigèrent vers le sous-sol de la demeure. Ils descendirent les marches en pierres froides et se retrouvèrent face à trois ouvertures dont deux grilles de cachot ; là où les ennemis de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom étaient enfermés et torturés. Il prirent donc la troisième ouverture et se hâtèrent jusqu'à une tapisserie en mauvais état. Derrière, se cachait une petite porte en bois verrouillée. D'un coup de baguette, Narcissa l'ouvrit. Ils pénétrèrent dans une pièce aux murs de pierres grises, et encombrés d'objets en tout genre exposés sur une dizaine d'étagères. On y retrouvait notamment des fioles de potions, des ingrédients à l'aspect douteux, des objets de magie noire comme ce coffret doré ou encore cette main du diable. Mais ce qui intéressait surtout les Malefoy, c'était les grimoires. Deux grandes bibliothèques allant du sol au plafond en étaient remplies.

— Ce dont tu souffres est de la magie noire alors c'est ici que nous devons chercher.

Drago acquiesça. Et ils commencèrent la fouille. Les livres étant ensorcelés, ils devaient les feuilletés un par un pour en connaître le contenu, impossible pour eux d'utiliser la magie.

BRRR ! Après trente minutes de recherche, ils entendirent comme un coup de tonnerre. Les sorts de protection étaient tombés.

— Vite, Drago ! Nous n'avons plus beaucoup de temps.

Rabaissant la tête, le jeune homme se concentra à nouveau sur le livre qu'il tenait entre ses mains. Ils avaient déjà parcouru le tiers de la bibliothèque mais étaient encore loin d'avoir fini. Il ne put s'empêcher de penser que si son père les avait suivis, ils auraient été beaucoup plus efficaces. Amer, il ravala cette idée et ferma le grimoire. Il n'y avait rien concernant son maléfice là-dedans.

Alors qu'il allait prendre un nouveau livre, le vacarme se fit désormais au-dessus de sa tête. Il entendait les pas du groupe de sorciers et leurs incantations pour se débarrasser des dernières défenses du manoir.

Narcissa et Drago se pressèrent davantage dans leur recherche, la panique les gagnant. Ils n'avaient rien, pas même la moindre petite allusion au sort qu'avait subi le jeune Malefoy.

Ils entendaient les Aurors fouiller les étages du manoir. Mais le désespoir commença à poindre quand Drago se rendit compte qu'ils entamaient tout juste la deuxième bibliothèque. Et alors qu'il se disait qu'ils n'y arriveraient jamais, sa mère l'appela :

— Drago ! Je crois que j'ai trouvé quelque chose !

Laissant tomber son livre sur les potions de mort (on ne sait jamais), Drago se précipita vers sa mère. Elle tenait un vieux grimoire en cuir marron sur lequel était gravé en latin « Maledictio et mors ». Le blond se pencha sur la page que sa mère était en train de lire.

« Maledictio Felimalis.

Incantation : Maudicus Animalis. »

Il n'eut pas le temps d'en lire plus, la porte de la cave en haut de l'escalier venait de claquer et des pas résonnaient sur la pierre. Aussitôt, il arracha la page du grimoire, la plia et l'enfonça dans la poche de sa veste. Il saisit le bras de sa mère.

— Nous devons partir mère, chuchota-t-il.

Ils sortirent de la pièce où ils se trouvaient et avancèrent le plus vite et le plus discrètement possible dans le sens opposé à leur chemin d'arrivée. Le cœur de Drago battait la chamade, ils ne devaient surtout pas se faire prendre, sinon sa mère serait sûrement envoyée à Azkaban et il ne pourrait jamais se le pardonner. Ils passèrent la porte au bout du couloir. Celle-ci menait à une cave où se trouvait une échelle qui les mènerait au rez-de-chaussée. Drago pria pour que personne ne soit à l'étage, mais ses prières ne furent pas entendues car la trappe au-dessus de leurs têtes s'ouvrit. Drago pointa sa baguette vers le haut mais sa mère l'en empêcha.

— Non Drago, c'est trop tard.

Dix secondes plus tard, ils étaient encerclés par les aurors.

— Narcissa et Drago Malefoy, vous êtes en état d'arrestation. Veuillez poser vos baguettes magiques sur le sol.

Ils s'exécutèrent.

— Passez-leur les menottes, ordonna un homme d'une grande taille.

Les autres aurors attachèrent les bracelets magiques autour des poignets de Narcissa et de Drago. Aussitôt, le jeune sorcier se sentit prit au piège. Toute la magie qui l'habitait était comme enfermée tout au fond de lui. On les fit remonter à l'étage et on les guida jusqu'à l'imposante cheminée en marbre qui ornait le salon. Sans plus de cérémonie, l'auror en chef les poussa dans l'âtre où ils furent engloutis par d'immenses flammes vertes.