Avertissement : dénigrement de Albus Dumbledore dans ce chapitre.
Elle toqua doucement à la porte des Dumbledore. Elle voulait leur parler du jeune Harry, et cela rapidement. Elle avait d'autres enfants à accueillir et elle débordait de travail. Heureusement, elle s'était multipliée pour accomplir cette tâche mais cela lui donnait toujours un affreux mal de crâne puisqu'il devait absorber bien plus d'infos qu'à la normale.
Elle entendit des pas derrière la porte, et une splendide jeune femme de la vingtaine lui ouvrit. De longs cheveux châtains en cascade lui tombaient gracieusement sur les épaules, ses yeux noisettes respiraient l'intelligence typique des Dumbledore, une silhouette mince. Elle était vêtue simplement, d'une belle robe bleue et blanche, droite et sans dentelle, avec des manches s'arrêtant au creux du coude.
– Deathanis ? demanda surprise la jeune femme en face d'elle. Qu'est-ce qui nous vaut le plaisir de ta visite ?
– Le fils des Potter est arrivé, les informa Deathanis.
Elle l'avait dit trop brutalement, mais elle manquait de temps… Elle aurait dû y aller plus doucement, elle savait qu'ils étaient devenus proches au fur et à mesure du temps, et ils s'étaient eux aussi beaucoup inquiétés lorsqu'il avait disparu des radars pourtant réputés infaillibles du Monde des Défunts. Mais elle manquait vraiment de temps.
– Il est mort ? s'horrifia Ariana Dumbledore, portant la main à sa bouche, sous le choc.
– Oui, confirma Deathanis.
– Entre, je t'en prie, l'invita Ariana. Je vais chercher Mère, Père et mon neveu.
Elle la laissa dans le couloir alors qu'elle se précipitait dans les couloirs de son appartement. Deathanis se dirigea vers le salon des Dumbledore et l'admira une nouvelle fois. Il était spacieux et à l'ancienne : un plancher de bois de chêne, fraîchement ciré, les murs recouverts d'élégantes tapisseries représentant la Terre et ses plus beaux lieux. Des murs en bois étaient fièrement exposés, et une immense bibliothèque couvrait plus de la moitié du salon. De confortables canapés en cuir, ainsi qu'un fauteuil étaient disposés autour d'une petite table.
Elle alla s'asseoir sur l'unique fauteuil de la pièce et attendit calmement. Elle entendait des éclats de voix : Ariana informait Kendra, Perceval et Aurelius que Harry Potter était mort et les enjoignait de rejoindre le salon.
Ils déboulèrent tous. Kendra, en femme mûre d'un certain âge (Deathanis n'avait jamais compris pourquoi elle refusait de prendre une apparence plus jeune alors qu'elle le pouvait si elle le souhaitait le faire) avec de longs cheveux grisonnant noués en chignon, une robe traditionnelle sorcière, Perceval, du même âge que sa femme, ses cheveux entièrement gris et vêtu d'une robe traditionnelle noire. Aurelius était sans doute celui qui, avec Ariana, avait le plus changé depuis sa mort. Il était complètement rétabli, en pleine forme, ses cheveux noirs fraîchement coupés, quelque peu en bataille, une musculature de dieu et, en règle générale, un sourire franc.
– Harry est mort ? interrogea Kendra calmement en fixant Deathanis.
– Oui, confirma cette dernière.
Mais ce n'était pas le plus dur à annoncer. Elle allait maintenant devoir leur annoncer le pire…
– Il a rejoint James et Lily ?
– Oui, je l'ai emmené là-bas avant de venir vous rendre visite.
– Pourquoi venir nous voir ? interrogea Aurelius pragmatique.
– C'était un obscurus, lâcha finalement Deathanis. C'est pour ça qu'il a brouillé les écrans.
Elle observa les réactions de chacun. Ariana laissa échapper un cri strident qu'elle avala en portant la main à sa bouche. Aurelius se mit à trembler violemment, horrifié. Kendra et Perceval avaient drastiquement pâli.
– Comment ? souffla Ariana. Ce n'est pas anodin !
C'était un euphémisme, pensa Deathanis.
– Et puis, Ariana et Aurelius n'ont jamais brouillé les écrans, intervint Perceval, la voix dans un murmure.
– J'ai une théorie sur la question, répondit l'accompagnatrice des défunts. Il semble qu'il ait été un obscurus particulièrement puissant. D'après les informations que j'ai obtenues, il semblerait qu'il soit responsable de la mort de milliers et de milliers de personnes.
Le silence alourdit la pièce, amplifiant l'atmosphère déjà opprimante.
– Son oncle et sa tante, gronda Aurelius les yeux brûlant d'une fièvre vengeresse.
– En effet, confirma Deathanis. Comme vous le saviez, il était maltraité, il vivait dans un placard par exemple. Même toi Aurelius tu avais ta propre chambre.
Le garçon était profondément en colère et Deathanis était heureuse qu'il ne soit plus un obscurus, sinon, il aurait probablement réduit en cendres la pièce.
– Et pourquoi personne n'a agi ? demanda Ariana horrifiée.
– Je crois que vous l'avez oublié, mais rappelez-vous que c'est Albus qui a envoyé Harry Potter dans cette maison, rappela calmement l'accompagnatrice des défunts.
Des visages dégoûtés et des exclamations dédaigneuses se firent voir et entendre dans toute la pièce.
– C'est un monstre ! s'exclama Aurelius. N'a-t-il jamais pris de nouvelles de Harry ?
– Une femme était censé le surveiller et le protéger. Mme Figg.
– Mais c'est une cracmol, s'étonna Kendra. Comment aurait-elle pu le protéger ?
– Elle a surtout mal fait son travail ! gronda Aurelius.
– On se calme, coupa Deathanis. Vous réglerez vos comptes avec lui à sa mort d'accord ? Pour l'instant, j'aimerai que Aurelius et Ariana, dès que Harry est prêt, essaient de l'aider à comprendre ce qui lui est arrivé. Je lui ai expliqué cela comme une méchante maladie d'accord ?
Tous hochèrent la tête et Deathanis se leva.
– J'ai du travail. Je vous conjure de rester calme et d'attendre que les Potter vous contactent ou moi, avant d'intervenir. Restez tranquilles.
Elle traversa le couloir et sortit de chez les Dumbledore en soupirant de découragement. Une telle horreur ne devrait jamais arriver.
Interchapitre
Dans les cachots les plus sombres de Poudlard, un homme préparait des potions pour la rentrée prochaine. La rentrée approchait, et Rogue avait presque terminé de renouveler les stocks. C'était très important pour les élèves et c'est pour ça qu'il avait commencé dès le début des vacances d'été. Par exemple, il terminait actuellement la préparation de la Pepperup Potion.
Cela faisait plusieurs jours, et même plusieurs semaines qu'il était enfermé dans ces cachots, le seul endroit où il pouvait être lui-même. Plus besoin de faux semblants, non, il pouvait exprimer sa haine envers James Potter, pleurer Lily, s'interroger sur leur fils qui était actuellement sans aucun doute en train d'être chouchouté par une quelconque famille sorcière fortunée, et qui arriverait cette rentrée à Poudlard probablement aussi arrogant que l'avait été son père.
La légende urbaine qui courait était qu'il avait le physique de son père, mais qu'il avait les yeux de Lily. Le professeur Rogue espérait que c'était le cas : les yeux de l'unique personne qu'il avait aimée lui manquaient.
Pourquoi avait-il fallu qu'il rejoigne Voldemort ? Tous les jours, il se sermonnait et nourrissait sa culpabilité grandissante. C'était lui qui s'était éloigné de Lily. C'était lui qui s'était isolé. C'était lui qui avait rejoint le Seigneur des Ténèbres. C'était encore lui qui avait rapporté la prophétie qui avait causée la perte de la femme de sa vie. C'était lui qui avait tout raconté à Dumbledore dans l'espoir qu'il les mette en sécurité. C'était lui qui avait conjuré Voldemort d'épargner Lily Potter. C'était lui qui jouait l'agent double depuis toute cette histoire. C'était lui, et uniquement lui. Tout était de sa faute.
Il espérait toujours revenir en arrière et tout réparer. Il espérait trouver un jour un retourneur de temps suffisamment puissant pour le ramener en arrière. Il était prêt à tout pour réparer ses erreurs. Et pourtant...
Il fut brutalement coupé de ses réflexions morbides par Mme Pomfresh.
– Que veux-tu ? grogna Rogue. Je suis occupé.
– Je n'ai plus de philtre revigorant, de la potion Vitamix, de potion de sommeil sans rêve et de potion de vitamines, répondit Mme Pomfresh.
– Et c'est maintenant que tu le dis ? grogna Rogue. La rentrée approche !
Cette femme était donc inconsciente ! Ces potions étaient longues à préparer et nécessitaient une concentration absolue. Elle était censée refaire ses stocks pour la rentrée quelque temps auparavant, pas aussi proche de la rentrée.
– Je suis désolée, fit Mme Pomfresh choquant Rogue par son utilisation du sarcasme. J'ai dû utiliser tous mes stocks pour le professeur Dumbledore et le professeur McGonagall alors je n'en ai plus !
Rogue tomba de haut. Pourquoi en avoir donné au directeur et à la professeur de métamorphose ? La surprise devait se voir sur son visage parce que :
– Vous n'êtes pas au courant ? s'étonna la médicomage.
– Visiblement non, répondit Rogue agacé. Racontez-moi !
– Harry Potter était l'obscurus qui ravageait les villes.
Rogue s'étouffa avec sa propre salive. Comment une telle chose pouvait être possible ? C'était si rare ! Et pourquoi donc Potter parmi tous les autres ?
– Albus l'avait confié aux Dursley, et ils l'ont battu, ils l'enfermaient dans un placard, le traitaient pire qu'un elfe de maison.
– C'est impossible...
– Et bien si, répondit Mme Pomfresh. J'ai besoin de ces potions Severus !
Rogue hocha la tête machinalement, ruminant ses pensées. Albus était affaibli. Minerva aussi. Potter, celui qu'il avait juré de protéger pour la femme de sa vie, était mort.
Sa vie était encore une fois foutue en l'air. Par sa faute.
C'était lui qui n'était pas allé vérifier si Harry Potter allait bien.
