Et voici le dernier chapitre de l'arc de l'Enchanteresse démoniaque.
Il apporte quelques éléments supplémentaires, mais il va surtout avoir un rôle de transition.
Sur ce je vous souhaite une bonne lecture.
Chapitre 39 : Pensées troubles
[POV Ariel]
On me résuma la situation concernant le poison.
Je compris que si j'étais là aujourd'hui, c'était parce que Benn avait pris un risque énorme en me liant à lui. Je repensai aux mots de Just, qui m'avait parlé de cette possibilité, même s'il ne l'avait pas trop développée par manque d'information.
En tout cas je fixai avec intensité Benn.
Je me demandai, pour prendre un tel risque… est-ce que lui aussi m'aimait ?
J'avais envie de capter l'attention de Benn, mais étrangement il semblait comme m'éviter. Est-ce que ça l'indispose qu'on fasse des éloges sur ce qu'il avait fait pour me sauver ? Ou bien m'évite t'il moi ? J'espérai que ce n'était que de la pudeur et de l'embarras.
Quoi qu'il en soit, Benn avait risquer sa vie et Crocodile aussi, je leur devais beaucoup.
Et comme si cela ne suffisait pas j'appris que Shanks aussi avait pris de gros risque, permettant à Benn et Crocodile de souffler.
Mon dieu…
J'avais à peine le temps d'assimiler que trois hommes m'avaient maintenue en vie, qu'on me présenta les joyeusetés du poison.
Je frémis quand on me fit comprendre que mon corps pourrissait de l'intérieur. Mais pour une raison assez étrange j'arrivais à me régénérer, comme si j'avais une certaine immunité contre les poisons et que mon corps luttait avec rage pour me maintenir en vie.
Et quand j'entendis ça… je compris. Oui j'avais une immunité et j'en connaissais l'origine, mais je préférai ne pas en parler, car c'était un sujet que je n'avais évoqué avec personne de ce monde. C'était quelque chose qui m'a marqué au plus profond de ma chair….
J'en frémis de dégoût à ces douloureux souvenirs. Pour une fois… j'étais contente que mon immunité m'ait sauvée, car combien de fois je l'avais haï, car elle m'avait empêché de mourir et de quitter mon enfer.
Shanks me questionna à ce sujet, mais je restai silencieuse, je ne voulais pas parler de ça, c'était trop… humiliant. Ma seule réponse fut de manger mon assiette, de me resservir et de tout engloutir, j'avais faim et j'avais besoin de force.
Shanks soupira et me laissa en paix, mais je savais que les hommes autour de moi n'étaient pas dupes, ils ont compris que quelque chose cloche. Mais ils n'insistèrent pas et continuèrent leur récit :
[Flash-Back : Red Force]
- Benn quand tu es prêt tu me dis, fit Shanks.
- Vas-y.
Shanks se lia à Ariel, la tenant dans ses bras, tandis qu'au même instant Benn et Crocodile s'éloignèrent.
Shanks vit Benn vaciller et se retenir au mur le plus proche, avant de s'effondrer au sol :
- Benn ! Ne fait pas le con relève-toi ! S'exclama Shanks.
Crocodile n'était guère mieux, il se sentait transpirant et mal, il se laissa glisser le long du mur en se tenant la tête. Hongo qui était là en retrait s'approcha de Benn et de Crocodile pour les examiner :
- Leur tension est en chute libre, mais ça devrait aller, je les prends en charge de suite, lança Hongo à Shanks en faisant une piqure à Benn et Crocodile. Shanks… ce lien… est-ce que c'est normal qu'ils soient dans cet état ? Et toi ? Est-ce que tu vas aussi subir la même chose ?
- Je suis en pleine forme contrairement à eux qui subisse cela depuis plus d'une journée, ça va aller. Mais… je dois t'avouer que les sensations et douleurs que j'éprouve sont épouvantables, si pourrir de l'intérieur donne ça… c'est horrible… Hongo je me demande si Ariel n'a une immunité contre les poisons qui pourrait expliquer sa résistance….
- Peut-être… qu'est-ce qui te fait penser ça ?
- J'ai sondé l'esprit d'Akainu, visiblement c'est un poison qui aurait déjà dû la tuer. Mais… tu sais elle m'a, avec Benn, confié qu'elle avait été malmenée dans sa jeunesse. Du coup je me demande… si à tout hasard, on ne l'aurait pas empoisonnée pour la tourmenter, la faire souffrir, l'affaiblir…
- Mais ça serait horrible ! Cependant si c'est le cas… alors oui elle peut avoir une résistance aux poisons…
- Il ne faut pas exclure cette possibilité. Hongo je veux que vous examiniez le sang d'Ariel, si elle a un anticorps, même à faible dose il faut le trouver !
- Si on est plusieurs à se pencher sur son sang, c'est du temps qu'on ne pourra pas consacrer à son antidote, j'ai peur qu'on perde du temps et que ça l'achève.
- Je sais, mais je veux que vous meniez l'analyse du sang d'Ariel en ce sens, si jamais je suis dans le bon ça va vous aider pour établir l'antidote.
- C'est vrai aussi… bon je vais donner des consignes et prier qu'on fasse le bon choix.
[Fin du Flashback]
Shanks avait eu le nez creux, car effectivement on avait retrouvé quelques anticorps dans mon sang. Les médecins avaient pu les extraire et les exploiter pour avancer sur l'antidote et même le finaliser avant de me donner.
Cependant quand on me l'injecta, si mon corps répondait favorablement, mon cerveau lui ne répondait plus, j'étais en mort cérébrale. Quand ils m'avouèrent cela, je compris mieux pourquoi ils avaient tous péter un câble et avait malmené les soldats de la Marine. Si près du but, ils ont l'antidote, mais je ne me réveille pas, je ne réagis plus.
Oh bien sûr je ne cautionne rien, mais je comprends et j'ai de la peine pour tous ses hommes qui ont cru m'avoir perdu et qui n'avaient clairement pas la force de me débrancher.
J'imagine que je dois pour le coup la vie à Hadès. Surtout qu'en plus j'étais fatiguée de vivre… et il m'avait motivé à me battre pour la vie… sauf que je n'arrive plus à me souvenir ce qu'il m'a dit.
- Voilà maintenant tu sais tout, conclu Shanks.
- Merci à vous… pour tout ce que vous avez fait pour moi, fis-je. Je ne sais pas quoi dire de plus… je… je manque de mots….
J'ai même honte d'avoir pensé que personne ne me sauverait, de mettre dit que Crocodile n'avait aucun intérêt à me sauver alors que si, il m'aimait. D'avoir pensé que Barbe Blanche n'interviendrait pas à cause de ses doutes sur moi et ce que Scorpius avait fait à son territoire… Et d'avoir pensé que Shanks n'aurait jamais le temps de venir.
J'avais honte, mais j'étais aussi heureuse de m'être trompée.
On finit le repas sur des discussions plus légères, pour détendre l'atmosphère. J'attends le bon moment pour quitter la table et interpeller Benn une fois qu'on n'est plus entouré par la foule du réfectoire :
- Benn… est-ce que je peux te parler ?
- Oui bien sûr belle Ariel.
C'est étrange… je ne sais pas l'expliquer, mais je sens… comme de la distance, comme si je n'étais pas la bienvenue et d'un autre côté il ne me montre que des signes de bienveillance, je suis complètement perdue devant ces deux émotions contradictoires.
- Où préfères-tu qu'on se pose ? Demandai-je.
- A cette heure-ci tout le monde va occuper un peu tous les espaces. Il y a des chances que la bibliothèque soit calme, mais ce n'est pas garantie… sinon on peut aussi aller dans ma cabine.
- Ta cabine alors, ça sera mieux, si cela ne te dérange pas.
- Alors suis-moi.
J'emboite le pas et je regarde les couloirs défiler avant que Benn m'ouvre sa porte.
Je suis déroutée, car ce sentiment de malaise persiste, mais paradoxalement Benn ne fuit pas la discussion puisqu'il me laisse entrer dans ses quartiers pour qu'on échange.
Est-ce que je me fais des idées ? Après tout il est peut-être contrarié par autre chose et c'est ce que je ressens. Peut-être… que c'est ça… mais je n'en suis pas convaincue….
J'essaye de ne pas trop penser à ce malaise. Pour cela je regarde sa chambre, pour me concentrer sur autre chose.
Son lit se trouve à ma droite quand je rentre, à côté je vois un bureau avec des tas de documents et papiers, ensuite il y a une bibliothèque assez fournit. A ma gauche des étagères avec un tas de babioles et trophées divers, c'est sympathique, ça donne de la vie. En face de moi un mur simple avec une fenêtre sur l'extérieur.
Je m'avance un peu avant de me tourner vers Benn, qui reste silencieux… trop silencieux :
- Benn… Crocodile m'a fait part de ses sentiments pour moi et il m'a dit… enfin… c'était plus une supposition, mais… il m'a fait comprendre que toi aussi… tu avais des sentiments pour moi. Du coup est-ce que tu m'aimes ? Dis-moi…, j'ai besoin de savoir, me risquai-je.
Il me fixe et je crois déceler dans son regard de la surprise, puis je le vois passer une main sur son visage, avant de rire et soupirer silencieusement, se secouant la tête.
Je me retourne cherchant à comprendre la cause de son hilarité, mais je ne vois strictement rien qui expliquerait son état :
- Oh oui je suis éperdu d'amour pour toi ravissante belle Ariel, fit la voix langoureuse et charmeuse de Benn.
Je me retourne surprise par cette déclaration et le malaise que j'éprouvais a disparu. Est-ce qu'à tout hasard il angoissait à l'idée d'évoquer le sujet ?
- Et toi belle Ariel as-tu une idée de tes sentiments ? Demanda t'il en faisant un pas vers moi.
- Je… je ne sais pas…
C'est le bordel dans mon esprit.
J'étais tombée amoureuse de Crocodile c'est vrai… mais est-ce que c'était vraiment de l'amour ? Ou j'étais juste conquise et désespérée qu'un homme s'intéresse pour la première fois à moi ? J'avais des certitudes avant, mais celles-ci sont ébranlées maintenant. Surtout que la déclaration de Crocodile m'a touché… mais dans quelle mesure véritablement ?
Et Benn… physiquement il me plaisait, son éloquence, sa chaleur, sa gentillesse, sa douceur, son aura protectrice, tout cela ne m'avait pas laissé indifférente.
Là aussi… je ne savais pas quoi penser, ce dont j'étais certaine c'est que cela me faisait plaisir de me savoir aimée et désirée. C'étaient des émotions nouvelles, plaisantes mais aussi terrifiantes car je ne sais pas où j'en suis à cet instant.
- Tu ne sais pas ? Répéta Benn.
Je le vis s'avancer vers moi, je reculai, il continue de s'approcher et moi je fais un pas en arrière et je me retrouve acculer contre le mur. Benn pose lentement son bras gauche au-dessus de ma tête, y prenant appuie, tandis que sa main droite vient relever mon visage que je sens rougir. Ses yeux se plantent dans les miens et je me sens déglutir, je me sens à sa merci, mais elle est loin d'être menaçante, non elle est à la fois protectrice et séductrice :
- Est-ce que l'idée d'être en couple avec un criminel ou un pirate t'indispose ? Me demanda-t-il d'une voix douce et avenante.
- Je… oui… enfin… cela dépend de ce qu'on met derrière… pour Crocodile non… il veut se racheter et j'ai vu sa sincérité… donc je lui laisse une chance… toi cela ne me posera pas problème, bégayai-je surprise par sa question.
- Merveilleuse nouvelle, soupira Benn plus pour lui-même visiblement. Est-ce que l'écart d'âge te dérange ?
- Non…
Je ne m'attendais pas à ça. J'ai l'impression qu'il élimine des sujets d'inquiétudes. Je m'étais attendu à ce qu'il cherche à se comparer à Crocodile ou à m'aider sur le fait que j'ignorais ce que je ressentais, il m'avait complètement pris de court.
- Tu es vraiment… parfaite, sourit Benn.
- Parfaite ? Répétai-je sans comprendre.
- Hum hum.
Parfaite à quel sujet ? Est-ce qu'il dit ça vis-à-vis des réponses que je viens de lui donner ?
- Oui vraiment parfaite, répéta Benn d'une voix encore plus douce et suave.
Son regard me trouble, il sourit et caresse du dos de ses doigts ma joue gauche :
- Benn… est-ce… que… mon aura… te dis… ce que je ressens ? Bégayai-je sous son contact.
- C'est le principe de toute aura, rétorqua Benn amusé.
- Réponds-moi… qu'est-ce que je ressens pour toi… et Crocodile ? Osai-je formuler.
- Nous y voilà, je te répondrais la chose suivante : Prends le temps de trouver la réponse belle Ariel.
- Mais je ne sais pas ce que je ressens, je suis complètement perdue… et… et… si je me trompe ? Murmurai-je.
- Tu as si peur que ça de te tromper ?
J'hoche faiblement la tête :
- Si tu te trompes… crois-moi que je ne te laisserai pas sur le mauvais chemin, tu mérites d'être heureuse, même si cela implique que je dois te pousser dans les bras de Crocodile et que je dois renoncer à ton cœur. A toi de trouver la réponse belle Ariel, même si j'admets qu'elle ne sera pas évidente.
- Que veux-tu dire ?
- Tu apprécies Crocodile et moi, je vois bien qu'on ne te laisse pas indifférente, mais à toi de déterminer quel est ton degré d'intérêt pour chacun d'entre nous. Est-ce que pour Crocodile et moi tu ressens de la sympathie ? De l'amitié ? Du désir ?
Benn se penche vers moi, je ferme les yeux et je sens son souffle chaud glisser au creux de mon oreille gauche :
- De l'amour ? Dit-il tout doucement avec une voix de velours aussi grave et profonde.
Je rougis de plus belle en entendant sa voix résonner, de le sentir si près, son corps m'irradie de sa chaleur, je n'ose pas bouger :
- Pourquoi ? Soufflai-je.
- Pourquoi quoi ? Précise le fond de ta pensée belle Ariel.
Il s'amuse avec mes nerfs j'ai l'impression, mais je décide de le confronter, je rassemble mon courage et j'ouvre les yeux :
- Pourquoi… me demander de trouver une réponse à ce que je ressens, alors que tu m'accules contre ce mur, tout me porte à croire que tu essayes de me faire comprendre que… je t'aime…. C'est le cas ? N'est-ce-pas ?
Il glousse et plante ses yeux joueurs dans les miens :
- Hum, délicieuse et merveilleuse petite Ariel….
Sa main gauche qui était au-dessus de ma tête glissa à ma droite me bloquant et sa main droite quitta mon visage pour me barrer l'autre côté, m'empêchant toute fuite.
Je vis Benn réduire l'espace entre lui et moi, même si nos corps ne se touchaient pas, je me ratatine contre le mur :
- Comme je te l'ai dit, je ne suis pas sans ignorer que je ne te laisse pas indifférente et c'est très plaisant et savoureux à voir. Ne crois pas que je vais te faciliter la tâche dans ta quête de réponse. J'aime beaucoup trop jouer avec la ravissante et belle petite souris que se tient sous mes yeux. Alors je m'emploierai à te séduire, à te regarder avec amour, tendresse et désir, car je t'aime et je ne me priverai pas te regarder mon joli diamant.
Je pique un fard :
- Tu vas ressentir tout l'amour que je te porte, que ce soit par mes gestes, mes mots, ma voix…
Je fermai les yeux et tourne le visage sur le côté, il était si près, je ne sais pas comment réagir, je suis juste dépassée par les évènements :
- Jusqu'à ce que ça devienne à tes yeux un précieux cadeau… ou un fardeau et là tu sauras ce que tu ressentiras pour moi.
Je sentis ses doigts prendre mon menton, et poser son pouce sur mes lèvres, je me sentis mes joues s'empourprer un peu plus, il… il allait m'embrasser ? J'ouvre incertaine mes yeux :
- Tu es si belle… belle Ariel…
Il pivota mon visage vers la gauche et je sentis ses lèvres embrasser tendrement ma joue, je n'ose toujours pas bouger, mon cœur bat la chamade, mais j'ignore si c'est l'émotion ou si c'est de l'amour.
Je me tends en l'entendant me respirer longuement, dans un soupir rauque :
- Hum… ne te laisse pas trop faire… sinon je vais m'amuser à t'embêter comme je le fais, je suis du genre joueur et taquin, alors résiste-moi… un peu…, chuchote t'il tout doucement.
Benn s'écarta de moi, il prit ma main droite et me fit un baisemain :
- Arrêtons-nous là, souffla Benn.
J'hoche faiblement la tête encore quelque peu sonnée par ce qui vient de se passer :
- Je t'accompagne à ta chambre.
- Ma chambre, répétai-je.
- Oui ta chambre, sourit Benn.
J'étais encore sous le coup de ce moment très… je ne sais pas trop qualifier cet instant.
Je me raclai la gorge et je me repris, ce qui étira un peu plus les lèvres de Benn qui devait me trouver fort divertissante :
- Oui… heu… elle se trouve… sur le Red Force ?
- Tu crois sincèrement qu'on t'aurait laissé dormir sur le Moby Dick ?
- …
- Tu as peut-être pardonné à Barbe Blanche, mais cela ne t'empêche pas d'en avoir peur, cela se voit.
- Beaucoup ? Me risquai-je d'une petite voix.
- Ah bah… le Newgate il le voit qu'il te fait peur.
Je rougis d'embarras :
- Mais ce qui est assez fou c'est que tu n'as pas eu peur de lui tenir tête à lui et à Shanks pour qu'on arrête de torturer les soldats de la Marine.
- Des vies étaient en jeu, c'était différent, coupai-je.
- C'est vrai aussi que cela pèse lourd dans la balance. N'empêche… tu nous as tous impressionné. Un petit bout de femme qui arrive à faire plier deux têtes de bourrique ce n'est pas rien. Tu es une femme fragile, mais forte surtout dans l'art de manier les mots.
Ses dernières paroles me touchèrent, je trouvais que le mot fragile était assez juste, c'était une jolie façon de dire que oui j'étais vulnérable, mais que non je n'étais pas faible, j'avais de la ressource.
- Merci pour ces mots…
- Tu les mérites, j'espère que tu le penses aussi.
- Oui… enfin je crois…
- N'ai pas peur de t'affirmer, tu en as le droit.
Oui j'en ai le droit… mais cela me fait un peu bizarre de me dire que j'ai le droit de…
- J'essaie…
- Je sais, je sens que tu te débats avec tes démons et que tu fais de ton mieux.
- Merci de m'encourager…
- C'est normal, surtout que tu en besoin, n'oublie jamais une chose, un fardeau ça se porte et on peut être plusieurs. Si ça devient trop lourd, viens en parler à moi ou à n'importe qui, en qui tu as confiance.
- J'y penserai.
Benn me regarde avec une douce chaleur dans le regard, cela me fait rougir, il y a tellement de tendresse… pas de doute il est amoureux de moi.
Je commence à comprendre quand il m'a parlé de cadeau ou de fardeau. A cet instant je me sens comme précieuse et si… aimée.
Aimer… un terme que je ne m'autorisai pas, cela changeait depuis que Lila m'a porté secours après mon naufrage.
Savoir en écoutant les récits de tout le monde qu'ils c'étaient démenés, avait pris des risques, c'était indescriptible. Oui... j'étais appréciée et aimée… c'était inestimable… Peut-être même trop inestimable, j'avais tant manqué d'amour et d'affection, que mes sentiments n'étaient pas clairs à mes yeux, j'étais perdue, je passais de rien à tout dans ce monde.
- Tu… tu me montres où est ma chambre ? Demandai-je doucement.
- Oui, suis-moi belle Ariel.
Il s'écarta et m'invita à passer devant lui, je m'avance et je me tends en sentant sa main chaude sur mon dos nu, m'invitant à avancer.
Je ne peux pas dire que sa main reste longtemps collée à ma peau une fois que j'avance. Je sens sa main, sa présence, sa chaleur, mais elle est à peine posée sur mon dos, elle est vraiment là pour m'inciter à marcher, à me guider, pas pour autre chose… enfin… je crois.
- Nous y voilà, fit la voix de Benn me sortant de mes pensées.
Il m'ouvre la porte et j'entre, je note que tous les cadeaux que j'ai reçus de Thatch sont déjà là, ils n'ont pas trainé.
- Merci de m'avoir montré ma chambre… bon… je suppose… que… tu vas y aller, je ne vais pas te retenir plus longtemps, lançai un peu maladroitement.
- As-tu seulement envie que je parte ?
Je me retourne et le regarde incrédule :
- Tu ne réponds pas, tu ne t'opposes pas, j'ai noté que… quand c'est quelque chose qui t'indispose vraiment tu arrives à le faire comprendre ou à le dire. Par contre tes envies tu ne les formules pas ou peu, quand on cherche à pousser la porte sur quelque chose que tu désires, tu ne la refermes pas…. Et là tu ne réponds pas à ma question, tu restes silencieuse, tu as envie que je reste n'est-ce-pas ?
Je le regarde sans rien dire, il me regarde de toute sa hauteur, me sondant.
Benn me soulève, m'arrachant un cri de surprise et il me cale contre le mur le plus proche, avant de lever les yeux vers moi qui le domine de quelques centimètres :
- Que veux-tu belle Ariel ? Dis-moi, me dit-il d'une voix douce et avenante.
- A quoi ça servirait ? Soufflai-je.
- A te sentir mieux ? Proposa Benn le sourire aux lèvres.
- Peut-être, mais…
- Mais ?
- Mais toi ? Murmurai-je à peine audiblement.
- Quoi moi ? Demanda t'il surpris de ma réponse ne comprenant pas où je voulais en venir.
Je m'empourpre désemparée :
- Benn… tu… tu me dis… de trouver des réponses seule… je… je ne sais pas quelle réponse te donner…. Et tu me compliques les choses… je… je voudrais… c'est égoïste… certainement… mais… je voudrais….
C'était terrible, mais à cet instant j'avais envie de câlin et de réconfort, seulement… ce n'était pas une bonne idée ni pour moi, ni pour Benn ou Crocodile ça les ferait souffrir….
Aussi, je détourne le regard en baissant la tête, honteuse de l'aveu que je vais faire :
- Je… crois que j'ai besoin de réconfort, j'aimerai que tu me prennes… juste dans tes bras… mais… je ne peux pas… cela va te faire souffrir… et je ne veux pas… que tu souffres à cause de moi….
- Oh… je vois. Belle Ariel, il y a une différence entre avoir besoin de réconfort et d'une épaule sur laquelle se reposer et avouer ses sentiments. Je te l'ai déjà dit, tu peux tout me dire et tout me demander, ce ne sont pas des paroles en l'air.
Il me décolle du mur et il marche tout en me portant dans ses bras, vers mon lit, il s'assoit et je le regarde rouge de gêne.
Benn s'allonge et m'attire avec lui dans le mouvement, il se met sur le côté et me fait glisser pour que je sois face à lui avant de m'envelopper de ses bras m'attirant doucement à lui :
- Tu encaisses beaucoup Ariel, c'est normal que tu ais besoin de réconfort. Tu as été torturée, empoisonnée, tu as cru être abandonnée, que personne ne viendrait te sauver, tu as frôlé la mort même une fois sauvée de l'exécution. Tu apprends tous les risques qu'on a pris pour toi, tout ce qu'on a fait pour te sauver, tu découvres enfin la vérité sur les accusations qu'on t'a collé, Ariel… tu as le droit de demander d'être réconfortée, ça fait beaucoup, beaucoup à encaisser. Cela me rassure au contraire que tu demandes à ce que je te prenne dans mes bras. Si tu as besoin de réconfort tu as le droit de demander, n'attends pas qu'on prenne l'initiative, demande quand tu en ressens le besoin, cela ne me blessera pas, je suis un homme mature. Je sais faire la différence entre une déclaration d'amour et une demande d'affection car le moral n'est pas là, je ne mélangerai pas les deux, donc tu ne me blesseras pas.
- Tu… tu… es sûr ? Chuchotai-je.
- Oui ma belle Ariel, vient-là.
Il m'attire à lui, me cachant contre son torse et c'est hésitante que je passe mes bras autour de sa taille :
- Merci…, dis-je tout bas.
Je tremble comme une feuille, empoignant avec force ses vêtements, lorsque je sentis les larmes me venir, j'essaye de les ravaler :
- Je t'en prie, ne te retient pas ou plutôt ne te retient plus, car je pense que tu t'es retenue de pleurer depuis ton réveil, lâche prise Ariel, tu as vécu tellement de stress, d'angoisse et de peur.
- J'ai toujours peur de pleurer… on ne m'autorisait pas à pleurer sinon… on me torturait, avouai-je tremblante d'une voix qui était au bord de la rupture.
- Je me doute, les tortionnaires ne sont jamais tendres, tout est prétexte à tout pour te faire vivre un calvaire. Cependant Ariel, t'ai-je frappé ou crié dessus quand tu as pleuré devant moi ou Shanks ?
- Non…
- Alors n'ai plus peur devant des gens qui t'ont vu pleurer et réconforter. Tu as du mal à lâcher prise même quand tu es seule, je peux le concevoir, mais devant une personne qui comme moi t'autorises à te libérer de ce poids, qui ne te porte aucun jugement libère-toi, laisse-toi aller. Avec du temps et de la patience c'est quelque chose que tu t'autoriseras même seule. Alors vas-y ne lutte pas, ne lutte plus ma belle Ariel.
Je l'enserre fort dans mes bras et je laisse mes larmes glisser le long de mes joues, mon corps tremble et convulse quand j'éclate en sanglots. Benn me caresse les cheveux, mon dos, embrasse ma tête pour me réconforter :
- C'est fini, tu es sous notre protection, tu n'es plus seule, tu ne seras plus jamais seule, murmura Benn.
- Merci… merci d'être là….
- Je t'en prie. C'est fini, tout est fini….
Je pleure ainsi silencieusement contre Benn qui ne dit rien, mais il montre sa présence. Cela me fait beaucoup de bien de lâcher prise :
- Tu te sens mieux ? Demanda doucement Benn au bout d'un long moment.
- Oui….
- Heureux de l'entendre et de le voir.
- Reste…, chuchotai-je d'une voix faible.
- Je ne compte pas partir tout de suite.
- Reste…, répétai-je en détournant les yeux.
- Toute la nuit ?
- J'ai peur… de faire des cauchemars….
- Tu en fais souvent ?
J'hoche la tête :
- Un peu moins depuis… que je suis arrivée sur Piacere, mais… enfin… voilà….
- Je vois, je reviens, donne-moi juste 10 minutes, je vais prévenir Shanks où me trouver en cas d'urgence et je ramène quelques affaires d'accord ? Cela ne t'embête pas d'être seule quelques minutes ?
Je secoue la tête :
- Non, je sais que tu reviens, merci Benn et je suis désolée… de t'embêter….
- Je t'en prie belle Ariel, je tiens à toi, je ne te laisserais pas dans le mal, tu ne m'embêtes jamais, pas une seule seconde. D'accord ? Allez je reviens.
Il me dépose un baiser sur mon front et se retire, je touche là où ses lèvres se sont posées, je n'arrive vraiment pas à déterminer ce que je ressens. En tout cas ce baiser était doux et protecteur, c'est fou comment un geste parfois peut nous apaiser.
J'entends qu'on toque avant d'entrer et je vois Crocodile apparaître :
- Ariel je voulais te voir… et j'admets et je n'en suis pas fier, que j'ai entendu toute ta conversation avec Beckman.
Prise de court je reste coite, il s'approche d'un pas vif vers moi, et me prend dans ses bras :
- Je ne suis peut-être pas le meilleur à ce niveau-là, mais si tu as besoin de réconfort, tu peux aussi compter sur moi, me dit-il précipitamment.
Je relève ma tête et le regarde surprise, sous le choc :
- Me regarde pas comme ça… je ne suis pas un monstre insensible, blêmit Crocodile.
- Merci Crocodile, je sais ce qu'est un vrai monstre, tu n'en es pas un….
- Tu es gentille, même si je n'ai pas fait que le bien….
- Je ne dis pas le contraire, mais un vrai monstre ne regrette rien, ne s'excuse pas, ne fait rien pour se racheter. J'en ai connu des vrais monstres et à mes yeux tu ne l'es pas, tu as fait des mauvaises actions, mais j'ai vu aussi que tu voulais rectifier le tir, cela me rend heureuse.
- T'es vraiment une emmerdeuse, tu vas finir par me faire connaître l'embarras…. Puis-je te demander ce que tu as vécu ? Demanda-t-il hésitant.
- Je ne suis pas disposée à en parler… peut-être… demain..., murmurai-je.
- J'attendrai que tu sois disposée, même si c'est plus tard… j'aimerai mieux te cerner, avec ton accord bien sûr.
- Je ne pourrais pas tout te dire, car ça reste douloureux pour moi, mais j'arriverai à dire les grandes lignes.
- Je ne veux pas non plus te forcer malgré ma curiosité, précisa Crocodile.
- Je sais, mais tu sais tu t'es confié à moi, cela m'a touché et cela compte pour moi, je ne te laisserai pas dans l'ignorance ça c'est une certitude.
- Alors merci de ta confiance, dit-il en prenant ma main gauche pour en embrasser la paume.
Je rougis à ce contact :
- Bon… j'imagine que tu veux rester avec Beckman pour ce soir, alors je ne vais pas rester plus longtemps…
- Crocodile, comment tu te sens vis-à-vis du fait que Benn reste avec moi ? Me risquai-je.
- Je ne peux pas dire que ça ne m'affecte pas, mais… tu lui as donné la même réponse qu'à moi, donc je me dis que j'ai encore mes chances, alors je reste calme et je vais éviter des scènes stupides, c'est le meilleur moyen que j'ai de te perdre. Je suis un homme, pas un gamin puéril. Et puis… Beckman est un homme bien, c'est le seul, avec le commandant Thatch, qui m'ont traité sans me regarder de haut et avec méfiance. De plus Beckman m'a permis de t'aider à te rétablir, il aurait pu se lier à toi seul, mais il m'a accordé sa confiance, j'imagine que si tu finis avec lui, cela me conviendra.
Je serre dans mes bras Crocodile qui me regarde surpris, moi je lui souris heureuse de ses mots, il détourne le regard en rougissant légèrement.
- Me regarde pas comme ça….
- Tu es adorable Crocodile.
Il affiche une mine dégoûtée, j'imagine que le mot « Adorable » est trop mièvre pour un homme si viril que lui :
- Emmerdeuse.
- Moi aussi je t'aime, gloussai-je.
- Fichtre.
- ….
- ….
- Attends, tu copies mes blagues ?! M'écriai-je.
Il étire un large sourire fier :
- Ta faute, tu as une mauvaise influence sur ma personne, rétorqua Crocodile.
Je pouffe de rire, c'est plutôt le contraire :
- Je suis fière de mes talents machiavéliques alors, gloussai-je.
- En effet tu te caches derrière tes airs angéliques, alors qu'en réalité t'es une vraie diablesse.
On rit ensemble, cela me fait du bien :
- Merci Crocodile.
- Je t'en prie, je suis ravi de t'avoir redonné un peu le sourire. Bon Beckman ne va pas tarder… je te laisse, dors bien, bonne nuit ma petite Ariel.
- Bonne nuit Crocodile.
Il m'embrasse mes cheveux et part :
- Crocodile !
- Quoi ? Demanda t'il en se retournant.
- Bah… je n'ai pas le droit ?
Il fronce les sourcils, je m'approche et lui fait signe de se baisser, c'est qu'il est beaucoup plus grand que Benn, aussi il pose un genou à terre.
Et avant qu'il ait le temps de demander de préciser mes pensées, je prends son visage entre mes mains et j'embrasse sa joue gauche :
- Moi aussi je veux te faire la bise, murmurai-je, alors la prochaine fois ne part pas comme un voleur.
Je le vois rougir et il détourne le regard :
- Emmerdeuse ! Tu as réussi à m'embarrasser ! Maugréa Crocodile.
J'éclate de rire, surtout qu'il étire un sourire et touche doucement sa joue devant moi, signe qu'il a apprécié que l'embrasse :
- Je prends note pour la prochaine fois, bonne nuit ma beauté fatale, dit-il avec un clin d'œil et sourire complice me faisant rougir et sourire.
- Bonne nuit Crocodile.
Je ne sais peut-être pas vers où va mon cœur, mais ce qui est certain c'est qu'ils savent tous deux me redonner le sourire et me réconforter à leur manière. Et je dois dire qu'à cet instant je me sens bien plus légère, j'ai le cœur moins lourd.
Après ces joyeusetés, un peu de romance va faire le plus grand bien.
Après un Benn qui fait du charme et un Crocodile câlin, place à un petit arc plus sentimental.
Voilà ce qui vous attendra entre le chapitre 40 et 44.
Un petit post-arc, fort sympathique ^^
