Bonjour à vous !

Ainsi commence gentiment l'arc : Anomalie Historique, même s'il n'y auras pas que ça.

Je vous laisse découvrir ce nouveau chapitre ^^.

Bonne lecture à vous ! Et à dimanche.


Chapitre 45 : Quelques notes

[POV Ariel]

Quand je me réveille, je sens des doigts dans mes cheveux qui me caressent furtivement. Où suis-je ? Ah oui… je me remémore ma discussion avec Shanks, visiblement j'ai dormi dans la salle où nous échangions.

J'ouvre les yeux, je vois que je suis allongée sur le canapé, la cape de Shanks repose sur moi en guise de couverture, ma tête repose sur les cuisses de Shanks. Quand je réalise cette information je pique un fard. Oh ce n'est pas vrai….

- Bonjour jolie demoiselle, bien dormi ? Me murmura doucement Shanks.

Je le regarde et j'hoche la tête, je l'entends glousser il doit voir que je suis embarrassée et ça l'amuse.

- Je suis désolée….

- Ne le soit pas Ariel, il est évident que ma présence t'a rassuré. De plus je peux te l'assurer, il ne s'est rien passé entre nous, je n'ai fait que veiller sur ton sommeil, surtout qu'en prime tu en as besoin pour te rétablir.

- … Peut-être… mais tu as dormi assis il y a mieux quand même….

- Bof j'ai connu pire comme position, puis avoir une beauté à contempler ça contrebalance pas mal.

- Ne m'embarrasse pas davantage, suppliai-je.

- Tu es mal tombée ma chérie, je ne suis pas du genre à laisser une belle femme sans compliment.

- J'avais capté que toi et Benn vous étiez du genre charmeur….

- Oui… que veux-tu, je crois que c'est notre passe-temps favoris… si on excepte les nuits torrides.

Ma rougeur augmente, il enfonce le clou et il voit ma gêne, ce qui lui arrache un autre petit rire. Je me redresse doucement avant de me lever :

- Ariel, si dormir seule est un calvaire pour toi, tu n'as pas à avoir honte de demander à Hongo un truc pour dormir, dit-il sur un ton bien plus sérieux.

- Ce n'est pas une solution… et puis… les traitements n'ont jamais vraiment marché avec moi… cela peut fonctionner un temps et après mon corps est habitué et cela ne fait plus franchement d'effet….

- Je vois… si une simple présence te rassure, tu peux solliciter qui tu veux sur la navire, mes hommes savent que tu es terrorisée pour dormir seule. J'ai pris le parti de leur faire savoir cette info pour ne pas te laisser dans le mal s'ils te voient comme cette nuit réveillée ou s'ils t'entendent hurler dans ton sommeil. Tu pourras leur parler librement sans crainte si tu en ressens l'envie et il n'y aura pas de soucis si tu veux que l'un d'eux dorme à tes côtés…

Ça je ne doute pas de cette dernière affirmation, mais je crois que je vais me limiter à Crocodile, Benn et à la rigueur Shanks. Mais je suppose que si aucun des trois n'est là… cela peut être bien en effet…

- En attendant allons reprendre des forces, conclu Shanks.

J'hoche la tête et on part dans le réfectoire du Red Force.

C'est là où je commence à noter que j'ai moins de mal à tenir debout, j'ai le sentiment que je peux tenir la journée sans fauteuil ou qu'on me porte.

C'est sur cette impression que je dévore ce qui me passe sous la main, on ne dirait pas de l'extérieur, mais je suis du genre vorace.

Hongo, le médecin de bord nous rejoint quand je termine de petit-déjeuner :

- Tu veux bien me suivre ? J'aimerai faire un contrôle de ton état.

- D'accord.

Je me lève et le suis, on s'enferme dans l'infirmerie :

- Je vais déjà te faire une prise de sang.

J'hoche la tête, je m'installe sur le lit qu'il désigne et je le laisse me prélever un peu de sang :

- Dis-moi Ariel as-tu mal quelque part ?

- C'est plus de la fatigue, mais la douleur commence à diminuer de jour en jour depuis mon réveil.

- C'est bon signe, surtout que je note que tu te reposes pas mal et que tu évites de forcer. Cependant Shanks, Benn et Crocodile m'ont rapporté que tu t'effondrais de fatigue.

- Oui… c'est vrai… je ne savais pas qu'ils te l'avaient dit….

- Je suis médecin, ils savent qu'il vaut mieux me dire de suite ton état, sans cacher des choses. Enfin la fatigue c'est normal, tu vas en avoir pour encore quelque temps, même si je vois que tu retrouves de la vigueur et des couleurs.

- Combien de temps ?

- Difficile à dire, je pense quelques semaines, tu pourras remarcher sans que ça te mette en âge et mal d'ici une semaine ou deux. Ton organisme se restaure, ça va prendre du temps.

- Je vois….

- J'ai une question et je te promets que ça restera entre nous. Est-ce que dans ta jeunesse on t'a donné du poison pour te torturer ?

Je le fixe et je détourne le regard, gardant le silence :

- Est-ce que… tu en gardes des séquelles ? Je veux juste m'assurer que tu ne souffres pas de quelque chose, car dans le cas contraire dis-le moi, que je te donne ce qu'il te faut. Je n'ai pas l'impression que tu souffres de quelque chose, mais je veux écarter tout doute.

- Je comprends… mais… je n'ai rien, c'est plus psychologique…

- Je vois, veux-tu quelque chose pour te détendre ? Ou en parler ?

- Non, cela ira.

Je vois qu'il est sceptique, mais il n'insiste pas, il a dû sentir qu'il avait touché un sujet sensible. Malgré tout j'apprécie son inquiétude.

Pour l'heure c'est quelque chose que je gère très bien, car je prends des dispositions depuis des années. J'évite comme la peste les trois éléments qui pourrait individuellement déclencher une violente crise d'angoisse, de panique et de peur.

Hongo me libère après avoir fini son inventaire de chose à vérifier :

- J'espère que tu ne m'en veux pas de ne pas t'avoir répondu tout à l'heure, fis-je quand j'étais prête à franchir la porte.

Il s'approche de moi et pose une main sur mon épaule :

- On a tous nos secrets et certains sont plus durs à confier que d'autres, je ne t'en veux pas, je suis juste inquiet. Si tu as besoin de quoi que ce soit, surtout tu n'hésites pas à venir me voir, même en plein milieu de la nuit, idem si tu cauchemardes.

- Merci Hongo, je prends bonne note de tout ça et j'apprécie sincèrement ta sollicitude.

Il me sourit gentiment et me laisse y aller.

Je pars donc, jusqu'à être interpellé par Thatch qui visiblement me cherchait :

- Ah te voilà.

- Tu me cherchais ? Demandai-je.

- Oui on ne peut rien te cacher, vite il faut que tu viennes de toute urgence.

- Il se passe quoi ? Un problème ?

- Non du tout, me sourit-il en me tractant à sa suite.

Non… pas le Moby Dick…. Il m'y emmène et ce que j'entends me mets très mal à l'aise :

- La voici Père.

J'avais évité avec un soin tout particulier Barbe Blanche et visiblement la confrontation était venue. Thatch me tenait par les épaules pour me montrer sa présence et sa protection. Je tremblais intérieurement :

- Jeune femme….

Je me tendis quand Newgate commença à s'adresser à moi, je regardais tout, sauf lui.

- Il ne t'arrivera rien, continua-t-il d'une voix assez calme, je t'ai fait venir pour ceci.

Je ne le confronte toujours pas, je tremble tout ce que je sais, mais je pense avoir une petite idée de quoi il parle. Je vois du coin de l'œil qu'il se lève, cette fois je me dégage de Thatch et je recule et je me précipite vers la passerelle :

- Ariel attend ! S'exclama Thatch.

- Laisse fils.

Je commence à m'éloigner à toute hâte jusqu'à ce qu'un son cristallin résonne, me faisant stopper net et m'apaisant instantanément. Puis j'entends une pluie, une série de notes : une mélodie à la harpe.

Plus de doute… Shanks qui m'en a parlé cette nuit a dû en toucher deux mots à Barbe Blanche c'est certain.

Je croise le visage de Shanks, je ne sais pas trop comment décrypter son regard, il semble perplexe, j'imagine que mon aura doit être un mélange de peur et de sérénité. En tout cas Shanks m'incite à me retourner. Sauf que si je fais ça, cela veut dire confronter Barbe Blanche et je n'en ai pas la force.

Je sens mes larmes monter, je passe mes mains sur mes yeux, je pleure tout ce que je sais et paradoxalement la peur qui me dominait commence sérieusement à diminuer à mesure que la mélodie dure.

La magie est en train de s'opérer, je le sais au plus profond de moi, la harpe a toujours eu cet effet sur moi.

Quand je reprends enfin le contrôle de mes émotions, je décide de me retourner avant de redresser mon regard sur Barbe Blanche qui tient la harpe et en joue.

- J'aimerai t'en faire cadeau, j'ai cru comprendre que tu savais très bien en jouer et que visiblement ça t'apaisait, lança Barbe Blanche tout en continuant de jouer.

Il a compris que s'il arrête je vais partir, alors il continue de pincer les cordes de la harpe.

- Je ne peux pas accepter, répondis-je.

- Pourquoi donc ? Me demanda calmement Barbe Blanche.

- Elle est à vous…

- Ce qui signifie aussi que je peux la donner.

- Elle était dans une salle aux trésors, j'imagine que vous l'avez… volé et ce n'est pas quelque chose que je peux accepter. Pardonnez-moi.

- Elle n'a pas été volée, un de mes territoires nous en a fait don en guise de remerciement, me rassura t'il.

Je vois… il ne me ment pas.

Ce n'est donc ni un vol, ni issu d'argent sale, ce qui signifie que je ne peux plus utiliser ces excuses pour refuser. Mais je ne peux pas accepter, je sais qu'il transfère tout son butin à son île natale, cette harpe en fait partie, je ne peux pas, je sais combien c'est important pour lui.

- Je pense que vous aviez prévu un tout autre usage, plus louable, rétorquai-je en espérant me faire comprendre.

Je vois dans les yeux de Barbe Blanche qu'il percuta que je savais pour Sphinx :

- Ne te préoccupe pas de ça, sourit Barbe Blanche, je veux me faire pardonner et pleinement alors je t'en prie accepte cette harpe.

Je voulu proposer qu'il m'en achète une autre, qui soit moins onéreuse… mais l'argent qu'il utiliserait serait sale… sauf si je précise ce point. Je peux peut-être tenter le coup, cela le fera renoncer… enfin j'espère….

- Elle a beaucoup de valeur… dans ce cas offrez-moi en une moins onéreuse sans user d'argent sale, j'y tiens.

- Tu es une négociatrice compliquée, rit doucement Barbe Blanche.

- Et vous têtu, rétorquai-je piquée au vif.

Mais la seule réaction j'obtiens c'est de l'amusement du pirate.

- Cela sera compliqué d'acheter une harpe avec tes conditions. Celle-ci sera plus en accord avec tes valeurs. De plus, je sens que tu veux en jouer, ça semble être un instrument très important pour toi, alors je t'en prie accepte-la, insista Barbe Blanche.

Je baisse mes yeux sur mes mains, je vois que par réflexe et automatisme je mimai les notes que j'entendais. Oui j'avais une envie furieuse de jouer, je serre mes mains pour tenter de cacher ça, mais je crois que c'était peine perdue, il n'y a pas que Barbe Blanche qui a noté la réaction de mes mains, tout le monde a dû le voir :

- Qu'est-ce qui te bloque mon enfant ?

- C'est trop….

- Tu n'as pas que sauvé Thatch, mais de nombreux fils. Il est vrai qu'on a beaucoup accentué sur Thatch, mais en réalité ce n'est pas qu'une vie que tu as sauvé.

C'est vrai, il y avait aussi Ace, lui et tous ses fils et alliés morts au combat.

Je lui avais raconté ce qui se passerait à Marineford dans les détails après tout, il savait donc quel drame on avait évité :

- Toutes ces vies sont inestimables mon enfant, plus encore à mes yeux, cette harpe n'est rien en comparaison et je n'aurai jamais assez de ce qu'il me reste de vie pour te remercier comme il se doit.

Je commençai à être à court d'argument.

Une partie de moi voulait accepter et d'un autre côté…

- Allez Mademoiselle acceptez, s'éleva plusieurs voix.

Je glisse mon regard, les commandants et leurs hommes se postèrent derrière la balustrade du Moby Dick et ils m'encourageaient avec de grands sourires à prendre cette harpe.

Même derrière-moi j'entendis Shanks et plusieurs de ses hommes qui m'incitaient à y aller.

La harpe m'appelle… c'est si difficile de lutter contre cet appel, je sentais mes doigts picoter et me démanger.

J'éclate en sanglot et je plonge mon visage dans mes mains pour cacher ce torrent de larmes auquel tout le monde assiste :

- Vous ne savez pas ce que ça représente pour moi…

- Dans quel sens le dis-tu ? Dans le sens que ça te coûte d'accepter ? Ou bien dans le sens que cet instrument représente beaucoup à tes yeux ? Demanda Barbe Blanche.

- Elle m'a sorti d'un terrible mutisme, hoquetai-je.

- Elle est donc très importante à tes yeux, vient mon enfant et accepte-la.

Je sanglote un peu plus, je n'arrivai pas à me calmer.

J'avais tellement été marquée par le vol de ma harpe, surtout que je n'avais pas les moyens de m'en racheter une, car c'était une somme faramineuse qu'il me fallait et que je n'avais pas. Alors… accepter ce précieux cadeau n'avait pas de prix à mes yeux. Ce n'était pas qu'un instrument qu'on m'offrait, c'était surtout et avant tout de l'apaisement, du réconfort, de la tranquillité et une précieuse amie.

J'entendis que quelqu'un descendait du Moby Dick, je me tendis, ne sachant si c'était Barbe Blanche qui venait ou pas :

- Tiens Ariel, essuie tes larmes, résonna la voix douce de Thatch.

Je me détendis un peu, ma vision était brouillée et il me tendit un mouchoir, je le pris et l'utilisa, Thatch passa ses bras autour de mes épaules avant de me demander :

- On y va jolie demoiselle ?

J'hoche la tête faiblement, incapable de parler, alors il se mit à marcher à mes côtés, m'entrainant dans sa suite, me tenant toujours, sa présence me rassurait et me donnait aussi de la force. Alors un pas après l'autre je remontai sur le Moby Dick avant de faire face à Barbe Blanche.

Même en ayant un genoux à terre il restait grand et imposant, même si ça réduisait son côté terrifiant. Quand je fus devant lui, il me posa la harpe à mes pieds :

- Merci, arrivai-je à dire d'une voix enrouée.

- Je t'en prie et puis c'est moi qui te remercie, tu m'as évité un drame, je regrette profondément le traitement que je t'ai réservé à ton arrivée.

Je sentis un troisième flot de larmes monter et me brouiller de nouveau ma vision, j'essaye de le réprimer, de contrôler ces émotions, en vain. Je plonge de nouveau mon visage dans mes mains, dans une tentative désespérée de me cacher.

Et c'est avec beaucoup de douceur que je sentis Barbe Blanche m'attirer à lui et m'enlacer pour me réconforter. Et là je craque, toute la terreur, toute la peur, toute la peine et tout le désespoir que j'avais accumulé à cause lui sortent dans des pleurs déchirants et incontrôlables.

- Pardon ma petite, me murmure t'il.

Je tremble contre lui, car le flux émotionnel qui me transperce de part en part est puissant et qu'une partie de moi a encore peur, même si je sens qu'elle en train de disparaitre.

Au final la seule émotion qu'il me reste c'est la tristesse qui s'évacue, au point que ça me vide toutes mes forces car je me sens faiblir et que je vois un voile noir avant de sombrer… encore….

[POV Barbe Blanche]

Je la retiens quand je la vois s'évanouir et je vois du coin de l'œil le Roux venir :

- Avec ta permission j'aimerai que tu me laisses le soin de m'occuper d'elle, demandai-je.

On se jaugeait mutuellement, je vis le rouquin fermer les yeux et réfléchir avant de les rouvrir, de jeter un regard sur Ariel, puis de revenir vers moi :

- D'accord… mais si elle refuse laisse-la partir, elle est très fragile….

- Je ne ferai plus rien qui puisse la blesser, rassurai-je.

Je me relève et je me retire avec la petite dans mes bras.

Je me dirige vers l'infirmerie où je la dépose sur un lit de libre, elle a encore de soubresauts assez violents dû à ses pleurs, malgré qu'elle soit inconsciente.

Je pars prendre une bassine d'eau froide et je plonge une serviette propre dedans avant d'éponger le visage d'Ariel. Ses yeux sont très marqués, je sais qu'elle a beaucoup pleuré ces derniers jours, même si elle m'évitait, je me tenais informé de son état.

De plus… j'avais réussi, durant de très courte période, à user de mon haki de l'observation.

C'est là où j'avais réalisé tout le mal que je lui ai fait. J'avais vu ses cicatrices, son corps abimé et aussi ses chaines, ces mêmes chaines qui au niveau de ses yeux commencent sérieusement à se briser. Le fait qu'elle pleure, qu'elle se libère de toute ses peines lui a fait beaucoup de bien.

Cependant, ce n'est pas tant cela que je retiens, ce sont surtout ses cicatrices, qui sont nombreuses et qui parsèment tout son corps. Je n'ai jamais vue de ma vie quelqu'un d'aussi marqué dans sa chair, clairement on s'est acharné sur cette enfant.

Je passe une main sur mon visage.

Quand j'ai fait Ariel prisonnière, elle avait une attitude assez passive, son discours ne changeait pas, mais elle ne réclamait rien, que ce soit nourriture, vêtement, l'hygiène, elle ne demandait rien. Et j'ai interprété cela comme un aveu silencieux, implicite qu'elle reconnaissait être à la solde de quelqu'un pour semer le trouble sur le Moby Dick.

Maintenant que je vois son corps recouvert de cicatrices, cette passivité était en réalité un moyen de se protéger.

Je pense qu'elle a cru que si elle réclamait quelque chose j'allais durcir ses conditions. Or c'était tout le contraire, oui je voulais qu'elle craque, je voulais qu'elle parle, qu'elle cède. Je pensais à ce moment-là qu'on l'utilisait, c'est aussi pour cela que je doutai de son aura blanche. Car si on l'obligeait à commettre un acte malveillant son aura ne bouge pas, car ce n'est pas ce qu'elle veut au fond d'elle, cependant si elle avait exécuté et surtout réussi les ordres qu'on lui avait donnés, son aura aurait noirci. Alors… j'ai douté d'elle à cause de son attitude butée, qui ne changeait jamais son discours, je l'ai perçu comme de la provocation et j'ai fini petit à petit par croire que menacée ou non elle avait un dent contre mes fils et moi. Ainsi malgré mes offres répétées de la libérer et de la protéger si elle parlait, ses refus systématiques m'ont poussés à croire qu'elle voulait qu'une chose : nous détruire.

Mais la réalité était toute autre, elle n'était à la solde de personne et n'avait pas agi de manière intéressée. Non, cette petite avait simplement un grand cœur, un cœur qui avait souffert de violence et de maltraitance, qui avait dû être enfermée…. Un enfermement que je lui ai fait subir, lui réveillant des plaies et des peurs profondes.

Et je regrettais de ne pas avoir compris à l'époque, de ne pas avoir su voir, lire entre les lignes. Maintenant que j'avais conscience qu'elle avait été violentée, je comprenais sa passivité, c'était son dernier rempart, sa façon de se préserver et non un aveu ou une provocation.

Cependant c'était aussi sa passivité, sa soumission qui m'avait fait douter au fils des jours. La voir protéger Marco et demander à être punie à sa place, c'est là où j'ai commencé à me poser des questions et à agir différemment. C'est là où j'ai envisagé que peut-être elle disait vrai, même si je ne voulais pas me l'avouer et l'admettre, puisqu'il s'agissait de douter de Teach.

Le temps a fini par donner raison à Ariel, mais je n'étais pas fier, elle a subi une tempête et a été accusée à tort de crimes, subissant de nouveau des tortures et maltraitances.

Si j'avais été plus patient et clairvoyant j'aurais assuré sa protection et jamais elle n'aurait été victime de tout ça.

Même si elle disait m'avoir pardonné, je m'en voulais encore terriblement. Alors une des seules façons que j'avais pour réparer mes erreurs, c'était de prendre soin de cette jeune femme et je m'y employais.

Je la vis revenir doucement à elle, elle peine à ouvrir ses yeux qui doivent la faire souffrir :

- Où suis-je ? Demande t'elle d'une voix faible.

- A l'infirmerie, sur mon navire, répondis-je.

Je la vois se tendre légèrement quand elle comprend que je suis à ses côtés :

- Soit je vais chercher quelqu'un d'autre, soit tu me permets de prendre soin de toi. Dis-moi mon enfant ce que tu préfères.

Étonnement elle reste silencieuse, elle semble hésiter, là où il n'y a même pas une heure elle aurait demandé à avoir quelqu'un d'autre.

Avoir discuté avec elle tout en jouant de la harpe avait débloqué la situation, plus que je ne l'espérais, cet instrument l'avait calmé, sans ça il aurait été impossible de dialoguer avec elle.

- … Vous me faîtes moins peur… peut-être que je peux accepter que vous restiez….

- Tu n'as pas à te forcer, j'espère que tu en as conscience. Cela étant si je peux rester cela me ferait plaisir.

- De quoi voulez-vous me parler ? Me demanda-t-elle hésitante.

- Rien en particulier.

Je vois qu'elle est confuse, je pense qu'elle s'attendait à des questions, mais il n'en est rien. J'ai conscience que plusieurs personnes, beaucoup plus proche d'elle, arrivent à la faire parler, à l'écouter et à la rassurer. Je pense que ce n'est pas mon rôle, c'est trop présomptueux au vue du passif que nous avons elle et moi.

Je passe de nouveau le linge froid et humide sur son visage, elle sursaute un peu, mais se laisse faire. Elle me prend même la serviette pour l'appliquer sur ses yeux, j'imagine qu'après tant de larmes verser ça doit la soulager de mettre quelque chose de frais dessus :

- Tu sais, je te suis redevable, si jamais je peux t'aider d'une façon ou d'une autre, que je puisse te rendre service, tu n'auras qu'à demander. Tu n'es pas seulement sous ma protection, tu bénéficies de toute mon aide, ainsi que du soutien de chacun de mes fils.

- Je…

J'arque un sourcil quand elle ouvre la bouche et qu'elle retire la serviette de ses yeux pour me confronter directement yeux dans les yeux :

- Je… ne peux pas tout dire… mais… durant mon coma… j'ai… appris que j'avais commis une grave erreur en vous prévenant pour Thatch. Vous savez d'où je viens… j'ai changé le cours de l'histoire ici et il faut que je rattrape cela…, commença t'elle très hésitante.

Quand elle m'annonce cela, je préfère m'assoir et dresser une barrière de haki pour nous isoler, cette conversation est risquée pour elle. Puis je commence à réfléchir posément, visiblement son intervention était proscrite :

- Peux-tu m'en dire plus ? J'ai dressé une barrière, ça va rendre notre discussion privée.

Ariel est un peu hésitante, mais elle se lance et m'explique que seulement Thatch et moi savons qu'elle vient d'un autre monde.

Beckman et le Roux savent qu'elle s'est réincarnée, mais ils ignorent qu'elle n'est pas de notre monde.

Là elle se libère, elle me raconte sa rencontre avec une divinité, un certain « Hadès » qui lui a permis de se réincarner, qui l'a aussi aidé à sortir de son coma. Elle m'explique aussi que la disparition de ses brulures est le fait de ce Hadès. Puis elle me dit qu'elle avait une mission : rectifier le cours des évènements qu'elle avait modifié.

Elle prend de longues minutes à me donner bien des détails, je l'écoute en silence avant qu'elle se taise.

Je vois dans les yeux d'Ariel de la crainte, la crainte que je ne la crois pas une nouvelle fois, mais cette fois, c'est différent, je la crois même si je ne vois pas son aura.

- Je vois, donc il faut que le petit frère d'Ace fasse un entrainement auprès de ce bon vieux Silvers Rayleigh et que le reste de son équipage profite de ce temps pour aussi devenir plus fort….

Le problème d'Ariel est épineux, toutefois pas insurmontable :

- Je pense que le moyen le plus simple serait de procéder ainsi, commençai-je. Déjà il faudrait dans un premier temps rencontrer Rayleigh et lui demander directement d'entrainer le gamin. Quant au reste de l'équipage, je pense qu'il faudrait les rencontrer également et leur dire tout ce que tu m'as dit….

- Mais je ne peux pas dire que je viens d'un autre monde, il n'y a qu'à vous et Thatch que je peux en parler, si je le fais j'en subirais les conséquences.

- Tu n'as pas à aller jusque-là, certaines personnes dans ce monde sont douées de pouvoir divinatoire, connais-tu à tout hasard une sirène répondant au nom de Shyarly ?

Je vois son visage s'éclairer, elle connait cette femme :

- Oui, confirma-t-elle.

- Dans cas faisons ainsi, dit-leur que tu connais l'avenir, prédit leur que s'ils ne s'entrainent pas pendant 2 ans ils courent à leur perte, ce ne sera pas un mensonge en soit. Et le fait que tu prétendes être prophétesse non plus ne sera pas un mensonge, car tu connais leurs destins, ils peuvent douter c'est vrai. Mais si tu leurs annonces que sous peu ils vont être séparés dans des lieux capables d'accroitre leur spécialités, je peux t'assurer que le jour où ça arrivera l'écho de tes paroles va revenir et qu'ils prendront au sérieux tes propos. Dans le cas contraire c'est là où Rayleigh va avoir son importance, dans sa jeunesse il avait un excellent niveau dans l'utilisation des trois fluides. Il verra si tu mens ou pas quand on le rencontrera et si ce Monkey D Luffy ne t'écoute pas, Rayleigh saura le résonner et l'obliger à donner l'ordre à ses camarades de s'entrainer.

- Vraiment ? Vous pensez que ça marchera ?

- Tu n'as pas d'autre choix que d'essayer, tu m'as dit avoir une date butoir.

Elle hoche la tête faiblement :

- Tout ira bien, déjà demain on va obliger ce Vornégat à laver ton nom et à restaurer ta crédibilité aux yeux du monde. Ensuite, le Roux et moi on a prévu de t'escorter à Piacere, mais si tu me dis que Rayleigh se terre à Sabaody dans ce cas il vaut mieux y aller d'abord. Il va falloir mettre le rouquin dans la confidence.

- Mais… on ne peut pas dire à Shanks que je ne suis pas de ce monde, me rappela-t-elle.

- Tu n'as pas le droit de le dire, mais cela n'inclut pas le fait qu'un tiers puisse le dire à ta place.

- Je ne veux prendre aucun risque, je vous en supplie, je ne veux pas resubir ce que j'ai subi pendant 23 ans….

Mon sang se glace, elle m'a expliqué quelle serait les sanctions possibles si elle ne faisait rien pour réparer le cours des évènements et je comprends parfaitement qu'elle mette ses conditions et je les respecterai.

Ce qui me choque à cet instant c'est de savoir qu'elle a subi de la maltraitance pendant plus de deux décennies et au vue de son jeune âge, cela veut aussi dire que c'est quelque chose dont elle en est sortie il y a peu. Et si on prend en considération le fait qu'elle en souffre toujours, je pense qu'on ne peut pas vraiment dire qu'elle se soit libérée de son passé. De toute façon pour qu'elle soit entravée de chaine c'est qu'elle est toujours traumatisée.

- Très bien, on ne dira rien au rouquin, mais je lui ferai savoir que tu m'as fait part d'une demande et qu'elle est importante pour toi. Le Roux ne me laissera jamais t'escorter à Sabaody si je ne lui donne pas de raison, il est même probable qu'il ne soit pas d'accord et qu'il ne se contente pas de raison aussi floue, il va falloir le travailler et le convaincre.

- Je peux me charger de convaincre Shanks, je pense qu'il sera plus enclin à m'écouter moi que vous.

- Cela est certain, souris-je, te sens-tu mieux ? Car tu étais assez angoissée quand tu m'as exposé ton problème.

- Oui… je sais que j'ai encore du temps devant moi… mais j'admets que je ne savais pas trop comme régler ce problème….

- Tout va s'arranger mon enfant.

- Merci… merci de votre aide… et de m'avoir cru.

Je lui souris et elle aussi, même si c'est timide, je sens que nous repartons sur de bonnes bases.

- Et encore merci pour la harpe… c'est vraiment un cadeau précieux que vous m'avez fait. J'ai une question… elle me démange depuis un moment… les bijoux avec les lys ça vient de vous ? Thatch m'a dit que cette fleur ici signifie le pardon le plus profond et je pense que de toutes les personnes de ce navire seul vous pouviez me demander ce genre de pardon.

- Perspicace… en effet les bijoux qu'on t'a offerts c'est moi qui les ai dessinés. Et je dois t'avouer que ça démangeait aussi mes fils de te le faire savoir, afin d'améliorer notre relation.

Elle me regarde incrédule, très surprise de ma réponse, je pense que lui confirmé est un choc et le fait d'entendre que j'ai imaginé ces bijoux encore plus. Car il y a une sacré différence entre demander à un artisan de faire quelque chose sur la base d'idée et avoir concrètement ce qu'on veut. Et vu le mal que je lui ai fait, je voulais vraiment que tout vienne de moi, cet effort devait venir de moi et pas d'un tiers, c'était à moi de me faire pardonner et à personne d'autre :

- Vraiment ? Vous les avez dessinés ? Alors je vous remercie je les adore, j'ai toujours aimé les lys et leurs parfums, je ne pensais pas que vous étiez à ce point investit…. J'imagine que ça devait vous faire de la peine que je vous fuis….

- Mon enfant je ne t'en veux aucunement, à l'origine le fautif c'est moi, pas toi. Maintenant je pense que la communication est rétablie entre toi et moi, il n'y aura plus de souci et c'est tout ce qui compte.

Elle hoche doucement la tête.


Et oui ça y est Barbe Blanche est pardonné et va devenir même un complice de choix pour aider Ariel dans ce nouvel arc.

Dans quelques chapitres on va rencontrer Silvers Rayleigh =D, c'est un type pas très connu, mais il parait que c'est quelqu'un de bien.

En attendant je vous fais des bisous et RDV dimanche pour la suite !