Bonjour à vous ! J'espère que vous allez bien.

Un chapitre où il va y avoir quelques explications.


WARNING : Juste il va y avoir une mention sur le fait d'être déshumanisé. J'ai longtemps hésité à retirer ce passage, mais d'un autre côté l'ayant mentionné auparavant ça aurait été dommage et incohérent de ne pas le mettre.

Ce sera d'ailleurs je pense la dernière information pas très agréable qu'on apprendra sur Ariel et son passé.


Bonne lecture !


Chapitre 48 : Projection émotionnelle

[POV Ariel]

Bon nous sommes sur le départ de Marineford.

Je ne sais pas comment Barbe Blanche a fait, mais il a convaincu Shanks qu'il fallait aller à Sabaody. A ma grande surprise Shanks n'est pas venu me trouver pour me demander des explications, ni lui, ni personne. Est-ce qu'à cause du sort que j'ai réservé à Akainu et tout ce qui en a découlé ? Ils se méfient peut-être et considèrent que j'ai mes raisons, c'est probablement ce qu'ils doivent se dire. Je ne vais pas me plaindre de ne pas être bombardée de question.

D'ailleurs, je ne suis pas mécontente de quitter Marineford, cet endroit me donne la chair de poule. Même s'il faudra être prudent sur Sabaody à cause du commerce d'esclave, mais j'imagine que si j'ai Shanks et Barbe Blanche qui m'escortent c'est pour éviter ce genre d'incident.

De mémoire Rayleigh s'était laissé capturer pour être "vendu" et récupérer l'argent de ses "propriétaires". De plus, il lui arrive de disparaitre pendant plusieurs mois.

Je ne suis donc pas certaine de le rencontrer, mais heureusement j'ai un plan B : Sa femme !

Shakky pourra lui transmettre mon message à ma place.

J'ai jusqu'au premier juillet de toute façon, donc si ça ne marche pas maintenant je reviendrai d'ici quelques temps quand Luffy arrivera. Je vais surveiller de près les journaux, car je veux éviter de rencontrer Luffy trop tôt et de potentiellement changer le cours de l'histoire que j'ai déjà bien changé.

J'entends que l'ordre de lever l'ancre est donné, nous partons donc. Nous voyons Marineford s'éloigner, je respire un peu plus à chaque nouveau mètre qui nous sépare. J'espère ne jamais y revenir.

Je quitte le pont du Red Force et je vais dans ma chambre, que j'ai décidé de réinvestir, pour jouer de la harpe, d'ici une petite heure j'irai me préparer mon déjeuner. Sans grande surprise personne n'a refusé que je vienne en cuisine préparer mes repas le temps que j'aille mieux.

N'empêche... comment vais-je expliquer mes soucis ? Je sais que je ne peux pas repousser indéfiniment les deux sujets que j'évite avec soin... la nourriture et ça...

D'un autre côté une part de moi a envie de l'évoquer, c'est une envie qui est très faible, mais elle est bien là. Alors qu'avant je ne voulais pas en parler, c'est là où je vois que j'avance dans mon cheminement même si c'est dur. J'ai des gens attentifs et adorables autour de moi, ils me donnent beaucoup de force.

C'est juste... comment aborder ces deux sujets qui me sont si sensibles ?

Il faut que je trouve un moyen de poser les mots, mais en faisant le maximum pour ne pas être trop blessée quand je vais m'ouvrir. Cela va être une torture...

- Depuis combien de temps tu en joues Ariel ?

La voix de Crocodile me sortit de mes pensées et de la partition que je jouais, je redresse mon visage et je le vois dans l'encadrement de la porte de ma chambre. Il s'avance, ferme la porte et s'installe près de moi :

- Cela fait presque 12 ans... quand j'ai été libre, assez rapidement on m'a suggéré d'utiliser la musique comme moyen d'aller mieux, mais... je n'étais pas très encline au départ tu sais.

- Vraiment ? Tu en joues si bien... et puis ça te rend encore plus belle, on dirait un ange ou une fée…

- Je pense que c'est à cause de la harpe c'est un si bel instrument.

- C'est vrai, c'est un instrument splendide, mais il ne l'est encore plus car la personne qui en joue l'anime. Je te sens en symbiose avec ta harpe.

- Elle a été une précieuse amie qui me consolait. C'est un instrument que tu prends dans tes bras, qui te berce aussi, c'est si apaisant…. La harpe me détend, me rassure, c'est vraiment un moment magique quand elle est à mes côtés.

- Peut-être que je me trompe, mais j'ai l'impression que tu l'humanises, comme si c'était une vraie personne et non un objet.

- Tu as vu juste, je sais que pour beaucoup de gens c'est qu'un instrument, un objet, mais pour moi c'est bien plus que ça. Elle représente tant de choses pour moi, j'aime lui parler, chanter, jouer avec elle, me confier à elle, expliquai-je.

- Tu en parles avec tellement de douceur et de tendresse, c'est touchant et c'est un homme « insensible » qui te le dit.

- Tu n'es pas insensible, tu t'es juste crée une carapace.

- Une carapace que tu as réussi à fendre…

- Non, si je l'avais fendu… je pense que tu serais resté à mes côtés et non retourné à Alabasta, je dirais plutôt que c'est toi qui t'es autorisé à fendre cette carapace. Probablement car au fond tu te disais que tu loupais peut-être quelque chose.

Crocodile se pencha légèrement vers moi et releva mon visage avec son crochet :

- Tu sais que tu es pénible à constamment vouloir avoir le dernier mot ?

- Tu sais que tu es pénible à refuser le fait que je dise que ce soit toi qui as décidé de changer ?

Je le vois faire un petit sourire contrarié avant qu'il devienne amusé, puis il se pince le nez dans un fou rire silencieux :

- Bon soit, tu as peut-être raison, j'ai décidé de changer, mais… tu m'y as motivé.

- N'est-ce pas ce que je t'ai dit quand je te disais que tu pensais louper quelque chose ? Je pense qu'en réalité tu savais que je disais vrai, mais que tu voulais juste avoir le dernier mot.

- Mais qui m'a mis sur mon chemin une femme qui veut me tenir tête ? Et qui y arrive en prime ! Maugréa Crocodile en levant les bras vers le ciel de manière un peu trop dramatique pour que je le prenne au sérieux.

- Le hasard ? Proposai-je.

Il me lance un regard assassin :

- Tu recommences !

- Tu poses une question je te soumets une réponse, répliquai-je tout à fait innocemment avec un grand sourire.

- Et tu persistes !

- Pas du tout.

- Menteuse ! Ton sourire de banane ne trompe personne.

- En même temps à part toi et moi, il n'y a personne dans ma chambre donc bon… c'est difficile de tromper quelqu'un…

Je le vois rouler les yeux :

- Mais vas-tu me laisser avoir le dernier mot ?

- Non, répondis-je simplement à son plus grand désespoir.

Je me mords les lèvres pour ne pas mourir de rire, je suis beaucoup trop motivée pour avoir le dernier mot. Et je vois que ce petit combat de joute verbal l'amuse, même s'il peine pour gagner. Il faut dire qu'il l'a mal engagé son combat. Pour l'instant je le contre sans aucune difficulté et c'est beaucoup trop drôle et je pense que c'est aussi ça qui l'amuse bien, c'est que j'y vais et que j'arrive à lui donner la réplique :

- Oh j'abandonne !

- Mais non ! C'est amusant, me plaignis-je.

- Peut-être mais j'admets éprouver une certaine satisfaction à te voir frustrer à cet instant, réplique t'il trop content de son effet.

- Très bien Sir Crocodile je vous boude.

Je lui tourne le dos et je croise les bras, soudain je me tends quand je sens ses doigts masser ma nuque :

- Et si je fais ça tu me pardonnes ? Me susurre t'il contre mon oreille droite.

Je penche ma tête en arrière :

- C'était donc ça ton objectif poser ta main sur moi.

- Peut-être bien, qui sait, répondit-il amusé.

- Sadique !

- Ce n'est pas de ma faute si tu aimes les vilains garçons.

- Qui a dit que j'aimais les vilains garçons ? Moi je n'aime que les gens gentils. Je veux me sentir en sécurité, être aimée et choyée, je veux un homme qui ne me frappera pas, qui me protégera, je ne peux pas aimer un homme méchant.

Crocodile me retourne et me prend dans ses bras :

- Je t'en fais la promesse, je ne lèverai jamais la main sur toi et je ne permettrai à personne de s'en prendre à toi. Et si un fou furieux ose, il ne trouvera pas le repos tant que je pourrais encore respirer.

Je lève timidement mes yeux, mais il me presse tellement contre lui que je ne vois pas son visage, par contre j'entends sans mal son cœur battre à un rythme frénétique.

- Je sais… je te remercie de me dire tout ça Crocodile, cela me touche. Que je devienne amie ou petite-amie je te promets de toujours te soutenir de mon mieux, de te défendre et de te protéger. Je sais que je ne suis pas aussi forte que toi en combat, mais je ferai tout pour ceux qui m'aiment et m'apprécient.

- Espérons que nous n'aurons pas à protéger l'autre, j'aimerai éviter d'autres désagréments, je préfère qu'on vive en paix.

- Je préfère aussi que ce soit le cas, gloussai-je. Cela me fait chaud au cœur que tu veuilles prendre autant soin de moi quoi qu'il advienne, merci Crocodile je n'ai pas assez de mot, pour te dire combien ça me touche.

- Ma petite Ariel…, me dit-il d'une voix remplit de tendresse.

Il me fait un gros câlin et j'en profite avec joie, cela me fait du bien, plus que je ne le pensais. J'imagine que quitter Marineford me retourne plus que je ne l'aurais cru, sans parler de mes deux sources d'angoisse qu'il va falloir que j'arrive à extérioriser….

Être dans les bras de quelqu'un à cet instant me procure tellement de sécurité et de sérénité.

- Tu es arrivé au bon moment, je ressassais tellement de mauvaises choses.

- Je m'en doute…. Je te voyais fixer Marineford sur le pont, cela doit te soulager de partir et en même temps ça doit te rappeler des moments désagréables. Je me suis dit que tu aimerais peut-être ne pas être seule.

- Tu as eu raison, merci.

- C'est normal, je t'aime et je me dois d'être présent et de protéger mon trésor.

Je rougis, surtout qu'il joue avec mes boucles tout en me gardant contre lui :

- Crocodile… qu'est-ce qu'on ressent quand on aime quelqu'un ? J'ai conscience qu'il faut que je devine par moi-même ce que j'éprouve, mais… j'ai aussi peur de me tromper. J'ai tellement de doutes….

- Le doute est le reflet du savoir et de la peur. Quand on a des certitudes on ne se pose pas mille questions. Réponds à ces mille questions et je peux t'assurer qu'après tu y verras plus clair. Pour ce qui est ce que je ressens pour toi, comment te décrire cela ? Déjà, le simple fait de te voir illumine ma vie, t'avoir dans mes bras me fait sentir bien, ça m'apaise, même respirer ton doux parfum, c'est une vrai drogue relaxante. Tu me provoques un délicieux sentiment de manque. Je te trouve belle en toute circonstance. Quand je suis à tes côtés je ne pense à rien d'autre qu'à toi. Quand je te vois mon cœur s'affole. Mon désir le plus profond c'est de te voir sourire et heureuse et mon plus grand des bonheurs c'est d'être l'acteur de ce bonheur. Être avec toi me donne des envies folles de t'élever un peu plus haut tant tu es inspirante. Et quand je te vois j'ai juste envie d'embrasser ces splendides lèvres sans retenues, de glisser mes doigts sur ta peau et de te faire l'amour avec ardeur et tendresse. Lorsque je suis près de toi c'est toutes ces émotions que je ressens, tel un feu d'artifice. Quand on aime on ressent beaucoup trop de choses en même temps. T'ai-je éclairé mon trésor ?

- Oui…, bégayai-je.

J'étais toute rouge après sa tirade, surtout la fin où il fait part de son désir pour moi, cependant une chose est sûre, c'est un vrai fouillis dans le cœur de Crocodile, car ça part dans tous les sens. Sa comparaison avec un feu d'artifice est d'ailleurs bien trouvée.

- Merci Crocodile….

- Tu quittes déjà mes bras….

- Toutes les bonnes choses ont une fin.

Crocodile m'attire de nouveau à lui, peu enclin à mettre fin à notre câlin :

- Moi j'ai encore besoin de tendresse, avoua t'il.

- Tu as besoin de tendresse ?

- Que veux-tu les hommes sont aussi faibles que les femmes.

- C'est bon d'entendre un homme considérer la femme comme son égal.

- Dis donc jeune fille je suis peut-être du genre dominateur, mais je ne suis pas macho, tu vas me vexer, reprit Crocodile en me prenant en coupe mon visage de sa main.

- Oh non je ne veux pas te vexer alors que tu as une qualité que j'apprécie énormément chez un homme.

- Hum… bien rectifier beauté fatale… ravi de savoir que je marque donc de précieux points dans ton cœur, quelle délicieuse nouvelle.

- Et bien… oui c'est une bonne chose…, répondis-je.

- Hum… je pense que j'ai autre chose qui va te plaire.

Je le regarde interrogateur :

- Qu'est-ce donc ?

- C'est une surprise, ferme les yeux et fait-moi confiance.

- Si tu veux, tu es vraiment un cachotier.

- Je sais je suis plein de secrets.

Je ferme mes yeux et Crocodile me prend la main, je me sens devenir sable, mais je reprends assez vite ma forme humaine :

- Où m'as-tu amené ? Demandai-je.

- Reste-la ne bouge pas et garde les yeux fermés.

Je le sens s'éloigner de moi, j'entends du bruit, peut-être une chaise qu'il déplace ? Je n'en suis pas certaine :

- Maintenant profite mon amour.

Non !

[POV Narrateur]

Ariel ouvrit ses yeux ses pupilles se rétractèrent, elle posa ses mains sur ses oreilles avant de pousser un hurlement de terreur.

Crocodile s'arrêta immédiatement et regarda Ariel, avant d'être soudain envahit par un sentiment de peur terrifiante et irrépressible.

- Ariel !

Crocodile se leva et réceptionna Ariel qui s'effondra, s'évanouissant :

- Ariel ! Ariel !

[POV Crocodile]

Je soulève Ariel et la porte, mes jambes sont flageolantes et cette peur qui me parcourt, je me sens… si mal… je peine à la porter et à sortir de la pièce où nous sommes. Même voler m'est difficile, j'arrive avec difficulté à aller sur le pont du Red Force :

- Ariel… elle… n'est pas bien…, haletai-je.

Je constate que tout le monde est dans le même état que moi.

Je jette un coup d'œil rapide sur le Moby Dick, eux aussi sont touchés par le même mal que moi, bon sang il s'est passé quoi ?

Je tombe à genoux, je n'ai plus de jambe, pourquoi j'ai envie de pleurer ? Pourquoi est-ce qu'on est tous en train de craquer ?

J'entends que quelqu'un marche vers moi, je redresse péniblement le visage et c'est le commandant Thatch qui se précipite vers moi :

- Qu'est-ce qui… se passe ? Prononçai-je d'une voix chancelante.

J'ai l'impression que c'est bien le seul à tenir debout et à ne pas fondre en larmes :

- Vous permettez ?

J'hoche péniblement la tête, il prend Ariel dans ses bras. Il pose une main sur son front et l'autre près de son cœur, qu'est-ce qu'il fait ?

C'est étrange, je sens mes forces revenir et la peur que je ressentais, l'envie de pleurer, tout s'évanouit progressivement.

Je reprends enfin mes esprits et je ne suis pas le seul :

- C'était quoi ? Demandèrent plusieurs hommes.

- Tout le monde sur le Moby Dick, tout de suite, je vais tout vous expliquer, s'exclama le commandant Thatch d'une voix forte et claire.

On se rassemble en quelques minutes :

- Avec ce qui s'est passé dernièrement j'ai complètement omis de lui en parler, maugréa Barbe Blanche.

- Que lui as-tu encore fait ? Demandai-je d'une voix assassine.

- Crocodile Père n'y est pour rien, intervient le commandant Thatch. La peur que vous avez tous ressentit, le fait que vos forces disparaissent au point de ne plus pouvoir marcher, tout ça c'est le fait d'Ariel. Ariel a débuté depuis quelques semaines, sur Piacere, des entrainements pour développer son haki de l'observation. Ce que nous avons tous subi ça s'appelle la projection émotionnelle. Cette faculté du fluide perceptif permet d'influencer les sentiments d'une personne. Ariel a des prédispositions dans ce domaine, mes sœurs m'avaient informé, même si elles n'étaient pas sûres, que possiblement Ariel serait douée dans ce domaine, car c'était une faculté qui commençait à se détacher des autres lorsqu'elle s'entrainait. Est-ce que vous vous souvenez quand Akainu s'est excusé sous le coup de colère d'Ariel ? Elle a réussi à l'atteindre en usant de la projection émotionnelle, de manière inconsciente, mais elle l'a fait plier par ce biais et cela a été rendu possible car elle était très en colère et aussi car il était très affaibli et bien incapable de parer ce genre d'attaque. J'ai des facultés pour stabiliser les émotions d'une personne, c'est pour ça que je n'ai pas été atteint et que j'ai pu mettre fin à la projection émotionnelle que vous subissiez. Maintenant il faut comprendre l'origine qui a causé tout ça. Crocodile que s'est-il passé avec Ariel ? La peur qui nous a tous envahi c'était avant tout le reflet de la peur d'Ariel. Vous la portiez, avez-vous fait ou vu quelque chose ?

- Je ne sais pas… on était en train de discuter et je l'ai amené dans une salle sur le Red Force, j'avais repéré un piano, j'ai amené Ariel dans cette pièce et j'ai commencé à jouer et elle a hurlé.

- Et c'est tout ? Demanda Beckman.

- Oui c'est tout, bon elle avait juste les yeux fermés, je voulais qu'elle ne sache pas ce que je lui réservais.

[POV Thatch]

Donc il joue du piano et Ariel hurle à la mort et provoque une projection émotionnelle qui nous traverse tous…

- Cela n'a pas de sens… cela voudrait dire qu'elle a peur du piano et que c'est ça le déclencheur, en conclus-je perplexe fronçant les sourcils devant cette hypothèse assez improbable.

On se regarde tous, on pense tous à la même chose, le piano semble être la cause, mais ce que ni moi, ni personne ne comprend c'est : pourquoi ?

- Si vraiment le piano est la cause de ce remue-ménage, cela voudrait dire qu'Ariel l'associe à quelque chose de violent…, continuai-je.

- Thatch… elle a parlé de deux traumatismes, dont un qu'elle a honte… peut-être… qu'elle a honte d'avoir peur d'un instrument, à savoir le piano, s'exclama Leck en s'approchant.

Je baisse mon regard sur Ariel et là quelque chose attire mon attention :

- Ses mains ! Qui voyaient ses cicatrices sur ses mains avant aujourd'hui ? M'exclamai-je.

Je regarde vite fait ceux qui comme moi ont une sensibilité accru au haki de l'observation, visiblement personne ne voyait ces cicatrices. Ses mains en sont recouvertes, si elles sont apparues cela signifie qu'une chose : le piano et ces cicatrices sont liés !

Je prends l'une des mains d'Ariel pour les observer de plus près et là des images floues m'assaillent, je vacille, Leck me soutient :

- Je… je… je crois… je crois…

- Thatch ça va ? Demanda Leck inquiet.

- Le… le piano… ça a été un instrument de torture pour Ariel ! M'exclamai-je. J'ai vu des images quand j'ai touché sa main… des images… du passé d'Ariel…

J'encaisse ce que je viens de dire, mes homologues aussi :

- Qu'as-tu vu exactement ? Demanda Shanks.

- Pas grand-chose, tout était flou, confus et c'est allé si vite… je sais juste que la source de la peur d'Ariel c'est bien le piano.

On est tous silencieux, ce qui nous dérange c'est qu'on a tous du mal à comprendre comment un piano a pu être le vecteur d'une telle peur pour Ariel, même moi. Personne n'ose le dire, mais il y a quelque chose qui nous échappe.

Ariel fronce les sourcils, elle se reprend connaissance, elle regarde autour d'elle, les sens en alerte :

- Ariel est-ce que ça ? Nous avons tous compris que le piano…, commençai-je.

- NE PRONONCE PAS CE MOT ! Hurla Ariel en se tenant les oreilles.

En plus d'être surpris par sa voix tempétueuse, elle tremble dans mes bras et commence à pleurer de tout son être :

- Alors ça veut dire que je t'ai fait du mal…, s'exclama Crocodile d'une voix blanche en ayant la confirmation d'Ariel que le piano est bien la source de ses maux.

Ariel se tourne vers lui en l'entendant ça semble la ramener momentanément à la raison :

- Non… tu… tu… tu….

Ses mots sont comme bloqués dans sa gorge, probablement car elle n'arrive pas à dire qu'il n'est responsable de rien, alors que la vérité, c'est que oui Crocodile a réveillé quelque chose, sans le savoir certes, mais il en est responsable. Et c'est quelque chose qu'elle n'arrive pas à formuler, même si elle en a envie :

- Je suis désolé Ariel… je suis vraiment… un… un…

Oh seigneur… je vois Crocodile être enveloppé d'une aura rouge, il s'en veut, il est en colère contre lui-même d'avoir blessé celle qui chérit par-dessus tout :

- Un monstre ! Hurla t'il.

- Non ! Mes bourreaux ils….

Ariel s'échappe de mes bras et enlace Crocodile dans son dos pour le calmer, s'agrippant férocement à ses vêtements comme pour le retenir de partir :

- Je sais très bien que tu ne voulais pas me faire de mal, sanglota Ariel. Les monstres ce sont mes bourreaux… ils… ils… ils ont eu… l'idée… sadique… de me demander d'apprendre à jouer… du… de… de cet instrument. Ils voulaient que je joue des partitions, mais… je n'ai jamais eu de cours ! Je ne savais pas lire une partition ! Ni jouer de cet instrument ! La vérité c'est qu'à chaque fausse note sans exception soit ils refermaient avec violence, sur mes mains le clapet de… de… de ça… Soit… c'étaient des coups… je n'avais pas le droit à l'erreur, jamais…

Mon dieu ! Alors les marques sur les mains d'Ariel s'expliquent. Je serre les dents, quelle cruauté ! Il n'y a rien de plus dur que d'apprendre un instrument sans initiation, ils lui ont pourri la vie ! Leur sadisme est sans limite ! Ils ont juste trouvé un nouveau prétexte pour la torturer mentalement et physiquement !

- J'ai pendant des années eu peur de la musique ! Hurla Ariel en pleurs. Entendre un son de musique me mettait dans des états d'angoisse impossible…. Et la simple mention de cet instrument, juste son nom… ou entendre les sons qu'il produisait… c'était… une horreur ! Quand on m'a proposé d'utiliser la musique pour combattre le mal par le mal je ne voulais pas ! La harpe m'a sauvé car… je pouvais prendre dans mes bras cet instrument, elle me faisait comme un câlin pour me réconforter et ses notes étaient… d'un son si beau… c'était le seul instrument dont je n'avais pas peur. C'est grâce à la harpe que je me suis réapproprié la musique que je pouvais en jouer, en écouter qu'importe l'instrument. Je peux… s'il est mélangé à d'autres instruments toléré le son du… du… piano…

On sent que dire le mot piano lui coûte, car elle avait esquivé le fait de le désigner :

- Mais seul… je n'y arrive pas, je ne peux pas l'entendre. Je suis désolée Crocodile, je suis certaine que tu voulais me jouer une jolie mélodie… je suis désolée je ne peux pas t'entendre en jouer, je suis sûre que tu es talentueux dans ça… mais tu n'es pas un monstre, tu n'es pas coupable de ce traumatisme… c'est ceux qui m'ont fait subir ça ! Je t'en prie ne t'en veux pas ! Je ne peux pas accepter que mes bourreaux te fassent du mal par ce biais ! C'est moi qui aie tout gâché….

Ses chaines sont en trains de se briser, car elle pleure sans retenue et vide son sac, si elles sont encore présentes c'est à cause du traumatisme lié à la nourriture.

La colère de Crocodile diminue, il se retourne et pose un genou à terre pour être à hauteur d'Ariel, il la prend dans ses bras, cachant son visage contre son torse :

- Tu n'as rien gâché Ariel, si tu veux que j'accepte de ne pas culpabiliser, alors je te demande de ne pas culpabiliser non plus, s'éleva la voix de Crocodile.

Whoua il a une voix… étonnement douce, très rassurante et réconfortante :

- Tu as subi cette infamie Ariel et tu essayes chaque jour de réduire le contrôle que te provoque toutes ces insécurités et ces peurs. Il n'y a pas de personne plus courageuse et méritante que toi mon amour. Je comprends tellement mieux la relation que tu as avec ta harpe, elle t'a vraiment épaulé dans tes moments de solitude, est-ce que tu veux bien que je t'épaule moi aussi ?

Ariel à des hoquets à cause de ses sanglots, elle est touchée par les mots de Crocodile, il a un don pour la réconforter à cet instant, c'est évident qu'il l'aime sincèrement :

- Je suis désolée d'être un tel fardeau…, murmura-t-elle.

- Tu ne l'es pas mon cœur.

- Mais il n'y a rien qui va chez moi ! J'ai peur de la musique ! J'ai peur de faire confiance aux gens ! J'ai peur de la solitude ! J'ai peur qu'on me haïsse ! J'ai peur qu'on me violente de nouveau ! J'ai peur d'être torturé ! J'ai peur de ne jamais m'en sortir ! J'ai peur qu'on me force à ingérer des aliments qui ne sont plus comestibles ! Ou de me faire boire les choses les plus amers et acides comme de l'eau avec vinaigre ! Tout ça car c'était drôle et amusant ! Tu sais comment mes bourreaux m'appelaient ? Je n'étais pas un être humain, ni un être vivant tout cours, juste un objet, pour eux… j'étais… juste… une… poubelle. Si j'ai survécu au poison d'Akainu… c'est que… j'ai ingéré tellement… de choses toxiques… j'ai eu tellement d'intoxications alimentaires qu'on me provoquait que… j'ai eu une santé de fer par la suite… je ne… pouvais même pas espérer mourir… de maladie… jamais… jamais… même quand je n'espérais que ça ! Pendant 3 ans après ma libération j'étais incapable de boire et de manger ! Voir quelqu'un manger c'était une torture mentale ! J'avais juste envie de vomir ! Je ne comprenais pas comment on pouvait aimer prendre un repas ! Je refusais de me nourrir ! Alors pendant 3 ans j'ai eu qu'une sonde pour m'alimenter. Mon déclic a été miraculeux quand j'ai rencontré une patiente qui mangeait devant moi et que je lui ai demandé comment pouvait-elle prendre du plaisir alors que moi, ça me provoquait que des peurs et des angoisses. Comment peux-tu dire que je ne suis pas un fardeau ?! Rien ne va chez moi ! J'ai peur constamment ! Hurle-t-elle tout en donnant des coups de poings sur le torse de Crocodile durant cette longue tirade où elle est en larmes avant de s'effondrer dans les bras de Crocodile.

Quand elle perd connaissance, Crocodile la retient contre lui, la serrant contre son torse pour la cacher, la protéger :

- Dites-moi qu'Ariel ment…, murmura Crocodile d'une voix bien trop calme.

Seul ce lourd silence lui répond :

- DITES-MOI QU'ELLE MENT !

On aimerait qu'elle mente, plus que tout… mais… elle a vraiment subit tout ça.

Bon sang quand Leck m'a notifié qu'elle demandait si elle était bien humaine… ça m'a interpellé et maintenant je comprends…. Cela me retourne, qu'a-t-elle pas subi ?

Bon sang… elle l'a trouvé où cette force ? Cette force de se relever et de ne pas devenir vengeresse ? Comment ? Où a-t-elle puisé cette force ? Surtout en étant seule !

Je pose une main sur mes yeux et je lâche des larmes, c'est trop pour moi.

Crocodile la tient fébrilement contre lui, tremblant de colère et de rage, comme nous tous :

- Je vais retrouver ces enflures qui lui ont fait subir ça, j'aurais leurs peaux !

Je lance un regard discret à Père.

Ah ça on aurait bien aimé refaire le portrait de ces gens… mais ils ne sont pas de ce monde.

- Quand elle me disait n'avoir fait que subir, qu'elle a dû se réapproprier les choses, reprendre le contrôle de tout… c'était vraiment tout…, ce n'était pas exagéré, murmura Crocodile. Cela explique… pourquoi elle a ce tic adorable quand elle mange, elle apprécie maintenant de manger… même des choses simples… car c'est comme une victoire sur son passif.

Oui… tous les morceaux se recollent. Voilà aussi pourquoi elle esquivait tout ce qui était acide et amer, ce n'est pas seulement car elle n'aime pas ça, elle en a une aversion terrible. Si ce sont les seuls saveurs qu'elle a connu et qui l'ont traumatisé il est normal qu'elle les bannisse. J'en viens à me dire aussi que son amour pour le sucre, est certainement dû au fait que c'est cette saveur précise qui lui a permis de lui faire découvrir que manger pouvait être un plaisir. Je suis presque certain de moi, car quand elle voit les desserts son regard change et s'illumine, comme si elle retrouvait quelque chose de précieux et une source de joie.

Des choses anodines comme s'alimenter ou écouter de la musique ont été pour elle une vraie source d'angoisse et de torture. Elle a réussi à reprendre le dessus sur cela, mais maintenant on a tous conscience avec horreur qu'Ariel a eu des peurs constantes pour à peu près tout.

Le seul réconfort que j'ai c'est qu'Ariel n'a plus de chaine qui l'entrave, elle a tout confié, même si tout est sorti d'un coup, elle a réussi à lâcher prise. Une seule chaine demeure, c'est au niveau de son cœur, mais vu la dureté des mots qu'elle a dit à son encontre c'est malheureusement logique. Il va vraiment falloir l'aider à ce niveau-là, elle a une vision d'elle bien plus négative que je ne le pensais.

- Si on excepte son cœur… Ariel n'a plus ses chaines qui l'entourent pour ceux qui les voyaient… cela veut dire qu'elle nous a tout dit de son passé… elle n'a rien subi d'autre… C'est qu'une maigre consolation, mais… je pense que… ça vous soulagera de savoir qu'il n'y a pas autre chose, repris-je d'une voix aussi calme que chancelante.

- C'est quoi c'est histoire de chaine ? Demandèrent certains.

J'expliquai rapidement de quoi il en retournait et je soumis une recommandation pour aider Ariel :

- Vue la faible estime qu'elle a de sa personne, si jamais vous la voyez être dans le mal il faut la consoler immédiatement et sans hésiter, la rassurer et lui dire les mots qu'elle a besoin d'entendre pour prendre confiance en elle. Ses bourreaux l'ont trop conditionné à étouffer ses émotions, à ne jamais se plaindre et à entendre qu'elle ne valait rien, ne méritait rien que d'autre que de la souffrance. Il faut qu'elle entende d'un peu tout le monde, et non d'une poignée, qu'elle est une belle personne qui mérite le bonheur. Plus nombreux on lui dira, plus souvent on lui répétera et plus rapidement ses croyances toxiques profondément ancrées vont s'amenuirent. Il n'y a qu'ainsi qu'on arrivera à l'aider et qu'elle commencera enfin à s'aimer, car c'est là son dernier combat, il faut qu'elle arrive à s'aimer.


Vous vous souvenez d'Impel Down ? Et les prisonniers qui se sont mis à pleurer ? Bah eux aussi ont été victimes de projection émotionnelle ^^

A mercredi.

Je vous laisse je dois partir dans 10 minutes pour un anniversaire.