Chapitre 7

« Il est difficile de dire adieu lorsqu'on veut rester. Compliqué de rire lorsqu'on veut pleurer. Mais le plus terrible, c'est de devoir oublier lorsqu'on veut aimer »

Devant moi, Sulu tapait à pleine vitesse sur son écran tandis que tout autour de nous, nos collègues rejoignaient leurs places, s'attendant à se battre. Et moi, assise à la place du capitaine, j'attendais patiemment que Jim et Spock atteignent le vaisseau.

Ils nous ont repérés ! cria Jim, et sa voix résonna dans le cockpit. Scotty, on a atterri juste devant eux !

J'ai dit que vous arriveriez incognito si leur vaisseau était construit avec un minimum de bon sens, riposta ce dernier depuis la salle de téléportation.

Ce n'est pas le cas ! répliqua Jim.

Vous avez autre chose à faire que de vous disputer ! coupais-je finalement quand j'entendis des coups de feu retentir en arrière-plan dans l'interphone.

Jetant un coup d'œil sur ma droite, je vérifiais en vitesse l'état de mes deux collègues. Les technologies d'aujourd'hui nous permettaient de mieux évaluer la situation. Si l'un d'entre eux venait à être blessé, l'écran afficherait immédiatement l'endroit exact. Il me permettait également de suivre leur progression dans le vaisseau ennemi. Et de ce que je pouvais voir, Spock et Jim avançaient avec rapidité et fluidité.

Il faut gagner le vaisseau où se trouve la matière rouge, souffla Jim dans mon oreillette.

Je ne sais pas si je serais capable de contrôler cet appareil ! fit remarquer Spock.

L'essentiel est de l'éloigner du Narada, ripostais-je à bord de l'Enterprise.

Les suivant à l'écran, je restais figée sur mon fauteuil d'où je surplombais toute l'assistance. Le fait de voir Sulu et Nyota concentrés sur leur tâche ainsi que d'avoir Bones à mes côtés me rassura quelque peu. Juste avant que des coups de feu ne retentissent à nouveau.

Ils sortent la foreuse ! hurla Jim dans son oreillette et je me tendis, sachant ce qui m'attendait. Anna, c'est à toi maintenant ! Sors-nous de là dès que vous le pourrez !

Trouve Christopher, répondis-je à mon frère, les yeux rivés devant moi. Je ferais ce que j'ai à faire.

Puis, brutalement, les communications avec nos deux collègues se stoppèrent. Immédiatement, je pris les commandes.

Sulu, préparez le vaisseau à entrer en action ! ordonnais-je froidement avant d'appuyer sur l'interphone. Monsieur Scott ?

Oui Capitaine ? répondit l'intéressé qui avait pris sa place sans rechigner.

Dès que vous les avez à nouveau, vous les rapatriez sur le vaisseau, lançais-je.

A vos ordres ! fit Scotty tandis que je me tournais vers Bones et Christine qui attendaient mes ordres en silence. Préparez l'infirmerie !

Christine hocha la tête et partit rapidement, suivie quelques instants plus tard par Bones quand ce dernier se fut assuré que je pouvais tenir seule. Un bref sourire dessina mes lèvres quand je perçus son inquiétude, avant que je ne retrouve mon sérieux.

Nyota ! appelais-je

Capitaine ! répondit-elle à ma droite.

Essaie de rétablir la communication, ordonnais-je. Dès que la foreuse sera détruite, nous devons récupérer le signal de Jim et Spock !

A vos ordres ! obéit Nyota.

Tout le monde s'activa et ça me rassura quelque peu. Chacun voulait voir revenir nos agents en entier. Je n'étais pas seule à le souhaiter et j'avais l'impression d'être entourée, de ne pas être seule malgré les responsabilités qui étaient les miennes.

Le vaisseau de Monsieur Spock est entré en distorsion, lança Tchekov. Et le Narada se prépare à le faire.

Ne les suivez pas ! ordonnais-je et tout le monde se figea, pourtant prêt à partir. Sulu, sortez le vaisseau des anneaux de cette planète, et préparez-vous à la distorsion pour apparaître de l'autre côté de la Terre !

Ne discutant pas mes ordres, Sulu se fia à mon instinct et je priais pour ne pas me tromper. Mais je n'avais pas vraiment le temps de réfléchir. Si on m'avait nommé Capitaine, c'est que je possédais les capacités requises. Et surtout, je comprenais la logique de Spock.

Je me retrouvais plaquée à mon siège quand l'Enterprise prit de la vitesse pour apparaître de l'autre côté de la planète Terre.

Le vaisseau de Monsieur Spock vient de réapparaître, clama Tchekov tandis que l'on entrait en distorsion. Le Narada aussi !

Préparez les tirs ! ordonnais-je dans l'interphone. Salle des machines, vous êtes prêts ?

Oui Capitaine, répliqua l'un des employés. Nous sommes prêts à tirer !

Ils viennent de tirer sur le vaisseau de Spock ! clama Sulu. Mais qu'est-ce qu'il fait ?!

Il jette la matière rouge sur le Narada, expliquais-je brièvement. Détournez les tirs et empêchez-les de toucher le vaisseau de Spock !

Pivotant vers l'interphone, je gardais les yeux rivés sur l'écran d'en face.

Monsieur Scott ? appelais-je à nouveau.

Capitaine ? demanda ce dernier.

Vous arriverez à téléporter trois personnes qui se trouvent à deux endroits différents ? questionnais-je en espérant une réponse positive.

Ce sera dur mais je pense que oui, confirma Scotty.

Alors rapatriez-les ! clamais-je en gardant la communication ouverte.

A cet instant même, les communications avec les autres vaisseaux furent reprises. Spock avait détruit la foreuse et mettait les pleins gaz sur le Narada.

Un autre vaisseau arrive ! fit la voix d'un Romulien dans l'interphone, ignorant sans nul doute que leur interphone était ouvert.

Allez-y ! criais-je au moment même où notre vaisseau tirait ses missiles.

Cela secoua profondément notre vaisseau qui trembla et j'ouvris à nouveau mon interphone, veillant à ne pas communiquer avec le Narada.

Docteur McCoy ? appelais-je.

Anastasia ? répondit Bones.

Rejoignez le transmetteur, repris-je. Nous ignorons dans quel état sera le Capitaine Pike !

Très bien, accepta-t-il tandis que je coupais l'interphone.

Reposant mes yeux sur la baie vitrée devant moi, je vis le vaisseau de Spock se rapprocher dangereusement du Narada. Attendant le moment où Jim donnerait l'autorisation de le rapatrier, je me tendis sur mon siège.

Préparez-vous à ramener Spock ! ordonnais-je à Scotty. Et gardez la communication !

A ma droite, je vis Tchekov s'acharner sur les missiles, tentant de protéger au maximum Spock tandis que l'interphone principal du vaisseau s'activait.

Allez-y ! cria la voix de mon frère dans la pièce.

Monsieur Scott, c'est à vous ! criais-je à ce dernier. Nyota ! Rejoignez-le !

Elle hocha la tête et partit en courant pour le transporteur tandis que le vaisseau que Spock avait commandé se précipitait rapidement sur le Narada.

Continuez à le bombarder ! lançais-je à Sulu et Tchekov. Mais ne vous rapprochez pas du Narada !

Le trou noir qui serait créé par la matière rouge allait devenir fatal pour tout ce qui se trouverait autour de lui. A commencer par notre vaisseau.

Ils sont à bord ! m'apprit Scotty dans mon interphone et je ne m'attardais pas là-dessus malgré mon soulagement. Tous les trois !

Puis il y eut un grand silence quand la matière rouge heurta le Narada, avant qu'un bruit identique à celui d'un violent coup de tonnerre ne retentisse. Et ce fut la tempête.

M'agrippant à mon siège, je vis le Narada se faire couper en deux par le trou noir, et malgré moi, le sentiment de vengeance se calma. Au nom de mes parents et de tous ceux qui étaient morts par sa faute.

Anna ! clama la voix de Jim quand il arriva en courant dans le centre de commande.

Jim, répondis-je en lui jetant à peine un regard.

Mais je me levais du fauteuil où j'étais assise, lui signifiant ainsi que je lui rendais sa place.

Appelez-les ! demanda Jim, et je le rejoignis devant la baie vitrée.

Ce fut d'abord une salle de commandes en plein chantier qui nous apparut avant que Néro ne se présente devant l'objectif. Son visage était furieux et ses yeux haineux. Un regard qui devait trouver écho dans le nôtre.

Nous sommes disposés à vous accorder de l'aide, lança Jim et je levais un sourcil en pivotant vers lui en même temps que Spock.

Hum... Capitaine, je pourrais vous parler ? demanda d'ailleurs ce dernier tout aussi revanchard que nous.

Les deux hommes pivotèrent vers moi, tournant le dos à Néro qui sembla peu touché par cela. Il vrilla son regard au mien et je lui lançais toute la haine possible.

Je ne suis pas pour, expliqua Spock pendant ce temps-là. Il a détruit Vulcain ainsi que de nombreux vaisseaux de la Fédération...

Je sais bien, mais que serais-je si je ne leur laissais pas la chance de se rendre, répondit Jim avec un sourire calme.

Me jetant un coup d'œil, il pivota à nouveau vers l'écran. Mais ça ne changea en rien l'expression de Néro. Et je savais qu'il n'aurait pas de seconde chance.

Je préfère encore assister une nouvelle fois à la destruction de Romulus que de vous demander de l'aide, cracha-t-il de l'autre côté de l'espace.

Accordé ! conclut Jim et je souris malgré moi en constatant qu'il n'avait proposé cela que parce qu'il se devait de le faire.

La communication se coupa instantanément et Jim se plaça sur son siège.

Bombardez-les ! ordonna-t-il, ses yeux se glaçant de la même rage que les miens. Qu'on en finisse !

Aussitôt, les tirs reprirent et je me plaçais derrière Jim tandis que Spock rejoignait sa place. Normalement, j'aurais dû rejoindre l'infirmerie, mais actuellement, mes devoirs se trouvaient bien derrière ma vengeance et ma colère.

Avec soulagement, je vis le trou noir engloutir le Narada que nous attaquions avec ferveur. Son imposante stature disparut dans l'immensité de l'espace, condamnant ses occupants à une mort lente et douloureuse.

Mais il apparut très rapidement que nous les suivrions dans la mort si nous restions sur place. Et Jim le comprit aussi rapidement que moi quand l'écran commença à se briser.

Monsieur Sulu ! On rentre ! ordonna-t-il.

Bien Monsieur ! clama ce dernier en mettant les pleins gaz à l'arrière.

Mais la puissance du trou noir fit faire un embargo à notre vaisseau et des cris de douleur se mirent à retentir dans le couloir. Me doutant que je n'étais plus d'aucune utilité ici, je me précipitais vers eux.

Restez allongés ! criais-je en voyant les membres de l'équipage dans le couloir tenter de se relever. Ne tentez pas de bouger !

Quand le vaisseau fit un nouveau mouvement sur la droite, je fus projetée contre le mur et grinçais des dents quand ma cheville frappa le bord. Puis je me jetais aux côtés d'un des blessés.

Appuyez ici ! ordonnais-je. Ce n'est rien, vous devez juste avoir une ou deux côtes cassées. Ne tentez pas de vous relever !

Me tournant vers son voisin, j'entendis Jim donner des ordres dans la salle voisine. Ma tête cogna légèrement contre la rampe du pont où j'étais installée, mais je n'y fis guère attention. Quelqu'un passa à mes côtés en courant et tenta lui aussi de venir en aide aux blessés.

Il faut les conduire à l'infirmerie ! hurla la jeune femme.

C'est deux étages au-dessus, répondis-je. Et on ne peut pas utiliser les ascenseurs. Il va falloir attendre que la situation se calme. Placez ceux qui peuvent bouger sans risque contre le mur, quant aux autres, essayez de les éloigner du bord !

Car certains se trouvaient en équilibre vraiment précaire sur le pont qui nous séparait de l'autre côté du vaisseau. Et quand ce dernier subit un nouveau choc, ce fut moi qui me rattrapai de justesse à la rampe.

Puis, brutalement, mes oreilles se mirent à se boucher, comme lorsque l'on montait en altitude et je devinais que le vaisseau entrait en distorsion.

Accrochez-vous ! hurlais-je au moment même où mon estomac protesta quand l'apesanteur nous prit.

Ce fut un sentiment étrange que de se voir aussi léger qu'une plume dans un univers si familier. Jamais nous n'avions été entraînés à ça et je sentis le malaise poindre.

La nausée me prit à la gorge et je tentais désespérément de la repousser, me battant également contre la migraine qui me prenait la tête et me donnait l'impression de souffrir atrocement.

Puis ce fut à nouveau le calme. Les alarmes cessèrent de retentir de toutes parts, les lumières se rallumèrent correctement et les ascenseurs se mirent au vert, prouvant ainsi qu'ils étaient à nouveau utilisables.

Et quand des cris de joie retentirent dans la salle d'à côté, je posais la tête sur le sol, soupirant de soulagement. Nous nous en étions sorti !

Vous allez bien ? me demanda ma voisine.

Oui, répondis-je dans un sourire. Je vais bien.

Trouvant la force de me relever, je me remis à aider les autres comme l'exigeait la situation. Et ma conscience. Nous avions gagné cette bataille ! Les miens pouvaient reposer en paix.


J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me donner vos avis en commentaires.

J'espère vous retrouver sur le prochain chapitre qui sortira samedi ou dimanche.

En attendant, je vous souhaite à tous une bonne semaine.

A très vite,

Lana