Chapitre 12
« Je ne suis pas parfait, mais je suis fidèle aux personnes que j'aime »
Regagner la terre ferme après autant de temps dans l'espace faisait un bien fou. Même si j'adorais voyager, j'appréciais ces retours sur terre, où je pouvais à nouveau respirer l'air frais et profiter des rayons naturels du soleil.
Cependant, quand mon téléphone de service sonna à 04h00 du matin alors que nous étions Dimanche, je sus immédiatement que j'aurais largement préféré être encore dans l'espace.
Allo ? fis-je d'une voix endormie.
Commandant Robau, lança mon interlocuteur.
Amiral Pike ? demandais-je en ouvrant grands les yeux. Que se passe-t-il ?
Rejoignez immédiatement mon bureau, m'ordonna-t-il avant de raccrocher.
Ebahie par la sécheresse de ses paroles, je me dépêchais de me lever, d'attraper mes vêtements et de filer sous la douche.
Quand j'en ressortis, Nyota m'attendait, assise sur mon lit. Elle se leva en me voyant arriver tandis que j'étais occupée à coiffer mes longs cheveux.
Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en me voyant attraper ma veste.
Je ne sais pas, avouais-je en haussant les épaules. Mais quelque chose me dit que ce n'est pas bon. Et que ça a à voir avec notre dernière expédition.
Elle m'adressa un regard anxieux, sachant très bien ce que j'encourais. Enfilant mes bottes, je lui adressais un signe de la tête avant de quitter la chambre.
Anna ! clama Jim quand j'arrivais dans la cour, accompagnée de Spock que j'avais croisé dans le hall.
Tu es aussi convoqué ? demandais-je.
Oui, vous aussi ? fit-il.
Oui.., répondis-je. Ce n'est pas bon du tout.
Mais si ! s'exclama-t-il, et je le regardais, surprise de son ton enthousiaste.
Était-il tellement sûr de lui au point de ne pas être anxieux vis-à-vis de ce qui nous attendait ?
Je suis sûr qu'il nous a convoqué concernant la mission de cinq ans que Starfleet veut mettre en place, expliqua-t-il et je secouais la tête.
Pas à 04h00 du matin, contrais-je mais mon frère leva la main en l'air, me faisant signe de me taire.
C'est pour ça qu'il nous a convoqué, assura-t-il. Je le sens.
Il est improbable que nous soyons pris dans le nouveau programme, intervint Spock et je hochais la tête.
Alors pourquoi Pike voudrait-il nous voir ? demanda Jim. Oubliez l'ancienneté, nous commandons le fleuron de la flotte ! A par nous, qui nous surpasse ?
Le choix ne manque pas, répondit Spock.
Mais Jim était à fond dans son idée, et il se tourna vers nous avec un grand sourire.
On va être cinq ans en mission ! clama-t-il. Dans des territoires inexplorés ! Ça va être incroyable !
Un groupe de filles nous croisa et Jim les salua allègrement. Un coup de coude de ma part dans les côtes suffit à le ramener à la réalité.
Je vous dis que c'est ca ! clama-t-il, sûr de lui.
Je n'en suis pas si sûre, répondis-je mais il ignora ma réponse.
Réponse qui se confirma quelques minutes plus tard quand on se retrouva au garde-à-vous devant l'amiral Pike. Clairement, ce dernier était loin d'être content. Et je pense que la mission de cinq ans était loin dans sa liste de choses à nous dire.
« Sans incident » ? lu-t-il en regardant mon rapport et celui de Jim.
Amiral ? demanda mon frère tandis que je grimaçais.
Vous, ainsi que la commandante Robau, résumez ainsi la mission Nibiru, expliqua l'amiral Pike.
Nous voulions éviter le blabla, répondit Jim dans une vaine tentative de dédramatiser la situation.
Parlez-moi de ce volcan, demanda Pike. Selon nos données, il pourrait anéantir la planète…
Espérons que non, répondit mon frère.
Je doute que cela se produise, confirma Pike, et je compris qu'il savait.
Et étant donné que j'avais falsifié mon rapport, de même que mon frère, il ne restait que Spock. Spock, qui avait écrit la vraie version de l'histoire, nous condamnant tous les trois.
Peut-être que nos données étaient exagérées, tenta Jim qui comprenait peu à peu.
Ou peut-être que Mr Spock y a placé un dispositif de fusion, continua Pike. Juste après qu'une civilisation ayant tout juste inventé la roue ait vu un vaisseau spatial émerger de l'océan. C'est votre description, n'est-ce pas ?
Il indiquait Spock, et je voyais toute la fureur dans son regard. Il était très en colère, et je ne pouvais pas lui en vouloir.
Vous avez fait un rapport ? s'exclama Jim en se tournant vers Spock. Sans me le dire !
J'ignorais que vous aviez menti tous les deux, se défendit Spock même si je me sentais également en colère contre sa façon de toujours défendre la vérité à tout prix.
C'était pour vous sauver la vie ! clama Jim.
Je vous en remercie infiniment et j'assume la responsabilité… commença Spock.
C'est ça, coupa Jim, furieux à son tour. En attendant, « oreilles pointues » vous m'enfoncez la tête sous l'eau…
Jim ! m'exclamais-je devant l'insulte lancée au visage du vulcain.
« Oreilles pointues », reprit ce dernier, outré à souhait. Vous insinuez…
Cela suffit ! coupa fortement Pike en se levant de son fauteuil, nous faisant sursauter tous les trois. Starfleet a pour mission d'observer sans s'ingérer.
Si tout s'était bien déroulé, les indigènes ne nous auraient pas vus, reprit Spock.
C'est un détail, siffla Pike.
Les Vulcains aiment les détails, releva Spock et je grimaçais à nouveau, cette fois-ci d'appréhension.
Pike était très en colère, et Spock n'allait pas améliorer nos cas à tous les trois.
Ne prenez pas ce ton, ordonna Pike.
J'utilise une multitude de tons, rétorqua Spock et on échangea un regard anxieux avec Jim. Duquel parlez-vous ?
Dehors, ordonna Pike d'une voix glaciale. Rompez, commandant.
Spock marqua un temps d'arrêt, avant d'obéir et de tourner les talons pour quitter la salle. Fixant devant moi, je m'apprêtais à écouter la suite.
Vous êtes un sacré emmerdeur, vous le savez Kirk ? déclara sèchement Pike. Et vous Robau, je n'aurais jamais cru à autant de stupidité de votre part.
Je crois oui, répondit Jim et je gardais les yeux vrillés devant moi, refusant de croiser le regard furieux de Pike.
Dites-moi quelle leçon vous tirez de tout ceci ? demanda Pike.
Ne pas se fier aux Vulcains, fit Jim.
Vous vous défilez, rétorqua Pike en se plantant devant nous. Vous avez menti dans un rapport officiel. Vous vous croyez au-dessus des règles. Pour vous Kirk, je ne suis pas surprit, mais pour vous Robau, j'en suis incroyable déçu.
J'ai fais ce que je pensais devoir faire, ripostais-je, refusant de me laisser accuser en silence.
Taisez-vous ! m'ordonna Pike et je la fermais.
C'est pour cela que vous m'avez enrôlé et confié votre vaisseau, lança Kirk. Et c'est pour cela que vous avez choisis Anastasia comme officier en tiers.
Je vous l'ai confié car je voyais de la noblesse en vous deux, coupa Pike. Mais vous n'avez aucune humilité.
Nous aurions dû abandonner Spock ? demanda Kirk et je hochais la tête pour appuyer sa question.
Ce n'est pas ça, riposta Pike.
Qu'auriez-vous fait ? demanda mon frère, hors de lui.
Je n'aurais pas mis sa vie en danger pour commencer ! s'exclama Pike. Vous deviez étudier une planète, pas modifier son destin. Vous avez violé le règlement et failli faire tuer votre équipage.
Ce n'est pas arrivé ! cria Jim. Combien d'hommes ai-je perdus ?
Vous êtes persuadé d'être infaillible ! coupa Pike. C'est pathologique ! Et tant pis pour les règles !
Parfois… tenta Jim mais Pike était à présent hors de lui.
Pire, vous misez sur la chance pour justifier votre mégalomanie, recoupa Pike. Et vous Robau, vous soutenez votre frère quoi qu'il advienne, quitte à vous montrer d'une stupidité et d'un aveuglement sans nom !
Je vous interdis de vous en prendre après ma sœur, cracha Jim. Elle tente de faire le maximum pour…
Je vous dis de vous taire, ordonna violemment Pike et chacun d'entre nous se figea. L'affaire est remontée jusqu'à l'amiral Marcus. Il a convoqué un tribunal dont j'ai été exclu. Starfleet se devait d'appliquer des sanctions exemplaires.
Aussitôt, je compris que quelque chose de grave allait sortir.
On vous retire l'Enterprise, annonça Pike et je frémis. Vous retournez sur les bancs de l'Académie. Spock est réaffecté sur l'U.S.S Bradbury, quant à vous Anastasia, vous êtes réaffectée en tant qu'officier en second sur l'U.S.S Discovery.
Aussitôt, je frémis, et le reste de la discussion m'apparut comme dans un songe.
L'U.S.S Discovery. Le vaisseau dont Gabriel Lorca était le capitaine.
Amiral… tenta Jim.
Je ne veux plus rien entendre, coupa Pike. Vous n'écoutez que vous-même !
Mes décisions…
Je refuse d'écouter ! clama Pike. Vous êtes insubordonné, incapable d'assumer vos actes, et indigne du fauteuil ! Vous avez entraîné vos officiers en second et en tiers avec vous. Vous savez pourquoi ? Parce que vous n'êtes pas prêt !
Le silence retomba dans le bureau de Pike. Je ne suivais même plus la conversation. Seul résonnait le nom du vaisseau que je rejoignais. Séparée de mes amis.
Gabriel Lorca et moi-même étions sortis ensemble pendant deux ans, pendant mes études pour intégrer l'équipe paramédical de Starfleet. Par un souci de discrétion, et au vu de son statut, notre relation était restée secrète. Personne n'était au courant. A l'exception de Nyota.
Nous nous étions séparés d'un commun accord juste avant que j'obtienne mon insigne, et que j'intègre l'U.S.S Enterprise. Nous ne nous étions pas recroisés depuis.
Rompez, ordonna Pike et j'obéis, suivant Jim dehors.
C'est injuste ! protesta Jim en descendant dans le hall.
Immédiatement, je repérais nos amis qui se tenaient un peu plus loin. Spock n'était pas là, mais le regard que Nyota posa sur moi me confirma qu'elle savait que ça c'était mal passé.
Qu'est-ce qui a été décidé ? demanda Scotty en nous voyant arrivés.
Je suis renvoyé sur les bancs de l'Académie, répondit Jim alors que je gardais le silence. Spock et Anna sont réaffectés.
Réaffectés ! répétèrent en simultanée Scotty et Nyota, mais je m'en aperçu à peine.
Anna, ça va ? demanda Sulu qui ne m'avait pas quitté des yeux depuis que nous les avions rejoints. On dirait que tu vas t'effondrer ?
Je vais bien, répondis-je en me redressant. Je vous laisse, il faut que j'aille voir le Capitaine Lorca.
Je tournais les talons, ignorant les appels de mes amis. Je n'avais pas envie de voir ce que j'avais perdu.
oOoOo
La boule d'angoisse au fond de ma gorge atteignit son paroxysme quand j'arrivais devant la porte du bureau de Gabriel Lorca. Mais je l'ignorais et frappais à la porte sans me poser de question.
Entrez, autorisa la voix glaciale de Gabriel et je frémis.
Je ne ressentais plus aucun sentiment amoureux pour lui, mais entendre à nouveau sa voix après autant de temps sans le voir me rappelait des souvenirs.
Il avait été le premier homme à partager ma vie. Le premier homme que j'avais réellement aimé. Le premier homme avec qui j'avais vécu toutes ces premières choses qui permettent à une fille de devenir une femme. Le premier à m'offrir des fleurs, à m'emmener au restaurant. Le premier dans les bras de qui je m'étais vraiment sentis en sécurité. Et même si aujourd'hui je ne ressentais plus qu'une certaine tendresse pour lui, je gardais ces souvenirs intacts.
Je poussais la porte et entrais dans son bureau. La pièce était tamisée. Ses yeux étaient très fragiles, et il ne supportait pas la lumière vive. Pour une raison que j'ignorais car cela était arrivé bien après notre relation. J'en avais vaguement entendu parlé, j'en avais la confirmation sous les yeux.
Anna, souffla-t-il en me voyant entrer.
Gabriel, répondis-je en refermant la porte derrière moi. Cela faisait longtemps…
Ses yeux me détaillèrent, et j'en fis de même.
Il n'avait pas vraiment vieilli depuis la dernière fois où je l'avais vu. Toujours aussi grand et mince, je savais que cela cachait une grande dangerosité. Il savait parfaitement se battre, et s'il était mince, il n'en n'était pas moins musclé.
Ses yeux d'un gris pâle étaient froids, même quand il utilisait un ton généreux. Ils ne soufflaient aucune protestation. Il donnait les ordres, tu obéissais. Ni plus, ni moins.
J'ai appris pour ton affectation en tant qu'officier en second au sein de notre vaisseau, expliqua-t-il en se levant de son fauteuil.
Avec tout le respect que je te dois, cela ne me réjouit guère, répondis-je en m'approchant de lui.
Je me doute, avoua-t-il avant de me serrer dans ses bras. J'ai appris pour Adrian…
Fermant les yeux, je me laissais un instant aller dans son étreinte. Encore une fois, je ne ressentais aucun sentiment amoureux à son égard. Plutôt un véritable sentiment de sécurité envers l'une des personnes qui me connaissait le mieux.
Je suis sûr que là où il est, il est fier de toi, murmura Gabriel.
Je n'en suis pas si sûre…, répondis-je en reculant. Je suis heureuse de te revoir. Si tu n'as pas besoin de moi, je vais regagner mon dortoir.
Vas-y, accepta-t-il. Je ferais les présentations à l'équipage plus tard.
Je hochais la tête et lui adressais un dernier sourire avant de quitter la pièce.
Errant dans les couloirs, je regardais les gens dehors qui discutaient, révisaient pour ceux qui avaient encore des examens à passer. Dire que cette période ne datait pas de si longtemps. Pourtant, j'avais l'impression d'avoir quitté les bancs de l'Académie depuis des années.
Mes pas me menèrent jusqu'au parc se trouvant derrière les bâtiments de Starfleet. Aujourd'hui, il faisait beau, mais frais. En conséquent, des personnes s'y baladaient, mais bien moins nombreuses que d'habitude.
M'asseyant sur un banc, je resserrais ma veste contre moi et fixais un jeune couple un peu plus loin qui profitait de l'intimité limitée des lieux.
Anna ? demanda la voix de Nyota dans mon dos. Tu vas bien ?
Ma meilleure amie vint s'asseoir à mes côtés, et je hochais la tête.
Il n'y a vraiment rien que l'on puisse faire pour éviter tout cela ? demanda-t-elle et je secouais la tête.
Jim, Spock et moi-même avons enfreint les règles, répondis-je. La punition est encore très clémente même si elle ne nous plait pas. Nous aurions dû être carrément virés de Starfleet. C'est ce que toute violation de la Directive Première exige.
C'est injuste… murmura Nyota. On a sauvé des vies…
Je ne répondis rien, n'en pensant pas moins néanmoins. Moi aussi je trouvais cela injuste.
J'ai pensé à demander un transfert sur l'U.S.S Bradbury… avoua ma meilleure amie et je lui adressais un regard surprit. Mais je doute que ce soit accepté…
Vous êtes seulement en couple, rien d'autre, répondis-je. Effectivement, ils ne sont pas obligés de respecter ta demande.
Je ne suis pas la seule à avoir pensé à changer de vaisseau, lança Nyota et je lui adressais un regard plus qu'intrigué.
Jim ? demandais-je.
Non… même s'il le souhaiterait bien, répondit Nyota. Mais il sait que ça lui serait refusé. Non, je parlais de Scotty.
Scotty ? répétais-je en ouvrant de grands yeux. Pourquoi tu dis cela ?
Je vis Nyota détourner les yeux, et je plissais les miens, suspecte. Que me cachait-elle ?
Il se peut que j'ai… laissé échapper l'information concernant ton ancienne relation avec Gabriel Lorca, expliqua-t-elle et j'hésitais entre rire et pleurer.
Ca aurait fini par se savoir, finis-je par dire en haussant les épaules. Et puis désormais, cela n'a plus la moindre importance.
Scotty n'a pas trop aimé, souffla Nyota avec l'ombre d'un sourire. Vu la tête qu'il a tiré, je pense qu'il n'a pas trop apprécié de savoir que tu serait l'officier en second de l'homme avec qui tu es sorti pendant deux années.
De toute manière, en servant sur deux bâtiments différents, ce serait compliqué, répondis-je, les yeux dans le vague.
Tu te cherches toutes les excuses possibles, lança Nyota et je ne répondis rien.
Après tout, elle n'avait pas tort.
Soudain, alors que j'allais la questionner sur sa relation avec Spock, j'entendis des exclamations sur ma droite. Tournant la tête vers un groupe d'étudiants qui fixaient une tablette, je fronçais les sourcils.
Qu'est-ce qui se passe ? demanda Nyota qui avait suivit mon regard.
Je ne sais pas, murmurais-je. On ferait mieux de regagner les locaux, j'ai l'impression que cela nous concerne.
Ma meilleure amie hocha la tête et on se leva du banc pour regagner le bâtiment principal, celui où se trouvait la grande salle commune.
Contrairement à d'habitude, elle était bondée de monde, chaque regard tourné vers la télévision centrale. Me frayant un chemin entre les personnes, je finis par poser mes yeux sur l'écran où se dessinaient de nombreux bâtiments en ruines.
Ce devait être tout récent car les flammes brûlaient encore à l'intérieur de certains immeubles.
… attentat terroriste, disait la journaliste tandis que je voyais le reste de l'équipe principale de l'U.S.S Enterprise se rapprocher de nous.
Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Nyota tandis que je voyais l'insigne de Starfleet se dessiner sur l'écran, signe que cela nous concernait bien.
Quelqu'un a fait sauter le site des archives, expliqua Sulu et je me tendis.
Qui s'en prendrait après le site des archives ? répéta Nyota, surprise.
Personne ne pouvait comprendre. Personne, à l'exception d'une minorité de personnes. Une minorité de personnes faisant partit de la Section 31.
Ecoutant d'une oreille discrète le reste de l'équipage débattre, je croisais le regard sombre de Gabriel, debout un peu plus loin dans l'assemblée. Tout comme moi, il savait que ce centre d'archives n'était pas qu'un lieu de recherches.
Me reconcentrant sur la discussion en cours, je laissais tomber brièvement mes yeux sur Scotty qui se tenait face à moi. Ses propres yeux se détournaient de Gabriel, visiblement amers.
Malgré moi, une boule de détresse me prit à la gorge. Je ne souhaitais pas le faire souffrir, et je ne souhaitais pas non plus qu'il s'imagine des choses. Car même si je me refusais à toute relation entre nous, je pouvais de moins en moins cacher ce que je ressentais. Et encore moins l'ignorer.
Soudain, mon téléphone sonna dans ma poche, à l'instar de ceux des Capitaines et Officiers en Second présents dans la salle. Je sus ce que cela signifiait avant même de décrocher.
Réunion de crise ! lança la voix de mon interlocutrice. Salle Daystrom. Immédiatement !
Bon courage, soufflèrent les autres quand je me dirigeais vers notre bâtiment en compagnie de Spock afin de se changer pour la réunion.
Hors de question d'y aller en tenue classique.
Me dépêchant de changer de vêtements pour enfiler une jupe, un chemisier et une veste de cérémonie, j'achevais de mettre mes bottes avant de rejoindre Spock en bas. Ensemble, on se dirigea sans un mot vers le bâtiment où se trouvait la salle Daystrom.
Au moment où l'on pénétra dans l'ascenseur, Jim nous rejoignit, l'air tout aussi grave que les nôtres. Néanmoins, quand les portes se refermèrent sur nous trois, il me serra dans ses bras avec force, et je lui rendis son étreinte.
Capitaine, l'appela Spock, mais je vis Jim refuser de poser ses yeux sur lui, ce qui me fit soupirer.
Je ne suis plus qu'officier en second, répondit néanmoins mon frère. Je suis rétrogradé, et vous ainsi que ma sœur réaffectés.
Les conséquences auraient pu être plus graves, lança Spock et je levais les yeux au ciel.
Je rêve, souffla Jim.
Capitaine, reprit Spock. Mon intention…
Pas « Capitaine », coupa Jim. Je vous ai sauvé, et ça m'a coûté mon vaisseau et ma sœur.
Les portes se rouvrirent, et je suivis mon frère dehors. Spock nous emboîta immédiatement le pas.
Commandant, lança-t-il. Je réalise que j'aurais dû vous parler de mon rapport.
Vous avez un besoin compulsif d'obéir aux règles, répondit Jim. Mais ce n'est pas mon cas. Là d'où je viens, on ne poignarde pas un ami dans le dos.
Un Vulcain ne peut pas mentir, objecta Spock.
Je m'adresse à l'humain en vous, rétorqua Jim. Vous comprenez pourquoi je vous ai secouru ?
A cet instant, un homme de taille moyen et à la peau brune nous rejoignit, se présentant devant Spock.
Commandant Spock, se présenta-t-il. Frank Abbott. U.S.S Bradbury. Vous êtes avec moi.
Oui Capitaine, répondit Spock en hochant la tête.
Frank Abbott le salua de la tête avant de repartir vers la salle où avait lieu la réunion. Restés seuls tous les trois, Jim reposa les yeux sur Spock.
Pour être honnête, reprit-il. Vous me manquerez.
Spock le regarda fixement, ouvrit la bouche, mais aucun mot n'en sortit. Levant un sourcil, j'attendis un petit moment, avant de sourire quand Jim soupira. Riant légèrement, je les suivis tous les deux dans la salle.
Rejoignant le Capitaine Gabriel Lorca, je m'assis à sa droite, à côté de Christopher Pike dont le regard passa de moi au Capitaine de l'U.S.S Discovery. La nouvelle avait été rapide.
Dis-moi au moins qu'il n'y a plus rien entre vous ? me demanda-t-il tandis que tout le monde autour de nous prenait place.
Il n'y a plus rien entre nous depuis longtemps, répondis-je et il hocha la tête.
Méfie-toi, murmura-t-il au moment où l'amiral Marcus faisait son entrée dans la pièce.
Adressant un regard surprit à Christopher, je ne pu néanmoins pas le questionner sans attirer l'attention. Haussant les épaules, je me préparais à écouter la réunion qui allait débuter.
