Chapitre 13

« Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse est malheureuse à sa manière »

Il y avait beaucoup de gradés dans la salle, preuve que l'attentat qui avait eu lieu n'était pas anodin. Placée entre Gabriel et Christopher, je ne connaissais en revanche pas le reste des Capitaines autour de la table.

Cette dernière était ronde, ce qui permettait à tout le monde de pouvoir parler en étant visible des autres. L'amiral Marcus présidait l'assemblée, son visage fermé et ses yeux remplis de froideur.

Mes respects amiral Marcus, déclara un homme de grande taille.

Merci de votre rapidité, fit l'amiral Marcus en gagnant son fauteuil. Asseyez-vous.

Obéissant, je posais mes fesses sur le fauteuil, fixant l'écran se trouvant devant moi, où défilaient les images de l'attentat de Londres.

Vous savez ce qui s'est passé à Londres, continua l'amiral Marcus. Un centre d'archives de Starfleet a été réduit à néant. 42 personnes ont été tuées.

J'échangeais un bref regard avec Gabriel Lorca. De ce que je savais, seul lui et l'amiral Marcus étaient au courant que les archives de Starfleet n'étaient pas seulement des archives.

J'ai reçu un message d'un officier de Starfleet qui a revendiqué l'attentat, expliqua Marcus. Il disait avoir agi sous la contrainte du commandant John Harrison. L'un des nôtres.

L'image dudit commandant s'afficha sous mes yeux, et une nouvelle fois, je cillais. Je le reconnaissais, je l'avais vu dans l'un des répertoires où se trouvaient tous les noms des personnes ayant fait partit de la Section 31. Lui et tous les membres de son équipage y figuraient.

Sauf qu'il était censé être mort depuis plusieurs années.

C'est lui le responsable de cet acte de sauvagerie, continua Marcus. Pour des raisons inconnues, Harrison a déclaré la guerre à Starfleet. Il ne doit en aucun cas s'échapper de l'espace de la Fédération.

Les yeux de Marcus passèrent sur toute l'assemblée.

Vous représentez le commandement de tous les vaisseaux du secteur, acheva-t-il. Au nom des victimes, vous allez choper ce salopart. C'est une chasse à l'homme, ni plus, ni moins, alors au boulot.

A ma droite, je vis Christopher Pike se redresser.

Aucun vaisseau à distorsion n'a quitté le système, donc il n'est pas loin. Vous formerez un barrage aérien, et organiserez la fouille du périmètre. Quoi qu'il advienne, je veux qu'on chope ce mec, et qu'on le ramène ici !

C'est quoi ce sac ? demanda soudainement Jim à Christopher.

Tais-toi, recommanda ce dernier quand je tournais la tête vers mon frère.

Pourquoi détruire des archives ? demanda Jim. Ça n'a aucun intérêt.

J'échangeais un nouveau regard sombre avec Gabriel, mais cette fois-ci, je vis Spock intercepter ce regard. Heureusement que nous ne travaillons plus sur le même vaisseau, sinon je serais à coup sûr passé à l'interrogatoire.

Chris, tout va bien ? demanda Marcus qui avait perçu les échanges entre mon frère et Christopher.

Oui amiral, répondit ce dernier. Mr Kirk doit s'habituer à ses fonctions de second.

On vous écoute Kirk, le poussa Marcus. Demain, il sera trop tard.

Mes excuses amiral, répondit mon frère.

Parlez, ne soyez pas timide, insista Marcus.

Pourquoi des archives ? obtempéra Jim. Ce sont des données publiques. S'il veut atteindre Starfleet, ce n'est que le début…

Le début de quoi ? demanda Marcus alors que mon propre esprit comprenait lentement ce que Jim tentait d'expliquer.

En cas d'attentat, reprit mon frère lentement. La procédure requiert que les capitaines et leurs seconds soient réunis au Q.G de Starfleet… ici même… pourquoi voler un vaisseau dépourvu de distorsion…

Au moment où j'en venais à la même conclusion, toute la pièce fut éclairée par une brusque lumière. Plissant les yeux, je me levais de mon fauteuil en même temps que mon frère, pivotant vers la fenêtre qui se trouvait derrière moi.

Une navette se trouvait de l'autre côté, ses canons braqués sur nous.

Evacuez ! hurla Jim au moment où les premières balles brisaient les vitres.

Gabriel m'attrapa par le col de ma veste et me balança au sol. Heurtant ce dernier avec force, je passais outre l'étourdissement du choc pour me réfugier derrière une des tables déjà renversées sur le sol.

Envoyez unité aérienne salle Daystrom ! entendis-je hurler Pike avant que ce dernier ne m'attrape par le bras pour me forcer à le rejoindre. Reste allongée !

Il va tous nous tuer si on ne l'arrête pas, criais-je, avant de hurler quand un bout de verre m'entailla violemment la joue.

Du coin de l'œil, je voyais les hommes de la sécurité tenter d'atteindre vainement John Harrison avec leurs armes. Ce dernier les balaya de ses canons en moins de deux.

Sachant que cela ne servirait à rien, j'attrapais une arme se trouvant devant moi, et me redressais, visant à mon tour la navette. Je tirais sans m'arrêter, mais rien n'y faisait.

Spock ! criais-je en le voyant tenter de sauver un homme. Pousse-toi !

Il se trouvait en position parfaite pour que John Harrison l'abatte en un coup.

Mais le regard de Spock ne resta pas braqué sur moi, je le vis se détourner pour se poser derrière moi. Prise de frayeur, je pivotais sur mes talons. Pile au moment où l'un des tirs heurta Christopher Pike.

NON ! criais-je en me précipitant sur lui.

ANASTASIA RESTEZ AU SOL ! cria Spock que je vis se déplacer du coin de l'œil.

Mais je n'écoutais personne, me précipitant sur l'homme que j'avais toujours considéré comme un père.

M'effondrant à ses côtés, je ne faisais même plus attention aux tirs qui fusaient tout autour de moi. Tentant de contenir l'hémorragie, je compris immédiatement que la blessure était fatale.

Non, non, non, répétais-je au moment où Spock arrivait à mes côtés.

Relevez-vous ou vous allez mourir aussi ! ordonna-t-il en attrapant Christopher sous les aisselles.

Je le suivis inconsciemment derrière le mur, où nous étions en sécurité relative. M'effondrant à nouveau aux côtés de Christopher, je plaquais mes mains sur la plaie béante.

Où est Jim ? demandais-je à Spock d'une voix rendue tremblante par les larmes.

Je ne sais pas, répondit le Vulcain en posant une main sur mon épaule.

Sanglotant à moitié, je tentais vainement d'arrêter le sang, mais les doigts de Christopher m'en empêchèrent.

Veillez l'un sur l'autre, murmura-t-il difficilement. Anna, regarde-moi.

Vrillant mes yeux aux siens, je tentais d'y chasser les larmes qui s'y trouvaient.

Vous êtes forts, continua Christopher. L'un comme l'autre, vous avez une force incroyable en vous. Faites toujours ce que vous pensez juste, même si cela va à l'encontre des règles.

Je vous en prie… soufflais-je, mais il posa un doigt sur mes lèvres.

Je suis fier de vous, continua-t-il. Vous saurez avancer, l'un comme l'autre. Vos parents seraient fiers de vous également. Anastasia promet-moi une chose.

Tout ce que vous voudrez, murmurais-je.

Ne t'empêche pas de vivre et encore moins d'aimer, demanda-t-il et je détournais les yeux. Jim m'a expliqué. Mais refuser d'aimer par peur de souffrir, c'est comme refuser de vivre par peur de mourir. Sois heureuse Anna…

Hochant la tête, j'essuyais les larmes qui coulaient de mes yeux et il sourit difficilement, avant de se mettre à suffoquer. Hoquetant, je me penchais sur lui au moment où je sentis son pouls ralentir.

Je vous aime, murmurais-je.

Un sourire dessina à nouveau ses lèvres avant que ses yeux ne se figent, et son cœur s'arrêta. Sanglotant, je m'effondrais sur son torse au moment où il y eu un immense bruit sourd avant que le calme ne retombe brutalement.

Mes oreilles sifflèrent face à ce silence arrivé trop brutalement. Clignant des paupières, je vis Jim nous rejoindre en courant, et s'effondrer à mes côtés.

Aucun mot ne fut échangé. Aucun regard. Aucune parole. Jim lia mes doigts aux siens et on les posa sur le torse de Christopher Pike. Fermant les yeux, je me laissais aller contre Spock qui avait passé un bras autour de mes épaules.

oOoOo

Bones nous trouva ainsi quand il fut autorisé à gagner la salle Daystrom. Faisant partit du personnel médical, il avait été appelé en urgence pour prendre en charge les personnes blessées.

Debout contre la fenêtre béante, j'avais les bras croisés, fixant d'un regard mort les débris de l'appareil en contre-bas. Combien de personnes auraient encore payé le prix de la soif de sang de cet homme ?

Anna, tu es blessée, souffla Bones après que je l'ai repoussé une fois alors qu'il tentait de soigner ma joue ensanglantée.

Ça guérira tout seul, répondis-je d'une voix éteinte. Ce n'est pas grave.

La blessure est quand même importante, expliqua Bones. Si je ne la soigne pas, tu risques d'avoir une belle cicatrice. Et tu as une belle plaie à la lèvre aussi…

Haussant les épaules, je l'ignorais et rejoignis Jim et Spock qui discutaient un peu plus loin. Tout comme moi, Jim semblait avoir refusé les soins que les médecins tentaient de lui donner. Son arcade sourcilière saignait, et un gros hématome prenait place au niveau de son menton. Mais à mon instar, il s'agissait du dernier cadet de ses soucis.

Scotty est doué en ingénierie, disait Jim. Apportons-lui le transmetteur de l'appareil, il pourra nous dire où ce connard est partit se réfugier !

Hochant la tête, je le suivis dans l'ascenseur qui menait au-dehors. Faisant fi de tous les débris autour de nous, et de la foule qui se pressait autour des cordons de sécurité, je vis Jim récupérer le transmetteur.

On se fraya un chemin à travers le personnel réunit qui se demandait bien ce qui venait de se passer, et ce fut avec un soulagement non caché qu'on parvint à s'éloigner de la cohue.

Il fut aisé de repérer le reste des gradés de l'U.S.S Enterprise, ils étaient tous réunis sur un banc de la cour, se doutant qu'il était inutile de s'approcher plus du bâtiment central où avait eu lieu l'attentat.

Ce fut Sulu qui nous repéra en premier. Assit sur le banc, il fixait la foule réunit et il nous distingua immédiatement quand on en émergea. Nyota, qui faisait les cent pas, s'arrêta brutalement, avant de se précipiter sur Spock.

Tu vas bien ? demanda-t-elle en l'examinant du regard. Tu n'es pas blessé ?

Moi, non, répondit-il. Mais Jim et Anna si.

Ce n'est rien, balaya Jim quand tous les regards se tournèrent vers nous.

Vous saignez ! s'exclama Tchekov.

C'est pas grave, répondis-je quand Nyota me força à la regarder. Laisse tomber !

J'avais dit cela assez froidement pour qu'elle obéisse sans discuter. Les regards des autres passèrent de Jim à moi, ayant distingué le malaise qui régnait et la colère froide qui se dégageait de nous deux.

Anna… commença Scotty qui s'était rapproché de moi sans que je ne le vois faire.

Vous seriez capable de savoir où cet enfoiré est allé à partir du transmetteur ? coupais-je en indiquant l'appareil entre les mains de Jim.

Le regard de Scotty se posa sur ledit appareil, puis il se reposa sur moi avant de hocher la tête.

Oui, je le peux, répondit-il en prenant l'appareil.

Que s'est-il passé ? demanda Sulu.

Il s'appelle John Harrison, résuma Jim. C'est lui qui a commandité l'attentat de Londres afin de provoquer une cellule de crise. Il espérait tuer le maximum de Capitaines et d'Officiers en Seconds possible. Il a disparu quand j'ai réussi à détruire sa navette. C'est pour cela que nous avons besoin de savoir où il s'est réfugié. Je veux sa tête.

Je vis les autres échanger des regards surprit. Scotty m'adressa un regard inquiet, il sembla hésiter, mais il finit par poser sa main sur ma joue. Son contact me fit frissonner, mais il fut le seul à le remarquer. Nos regards se croisèrent.

Vous êtes blessée, murmura-t-il. Vous devez voir un médecin…

Ça ira, répondis-je lentement en me forçant à détourner les yeux. Il y a bien plus grave que cela…

Scotty, retrouvez-le, s'il-vous-plaît, demanda Jim avant de tourner les talons.

Je le suivis, le regard dans le vide.

Christopher Pike a été tué…, entendis-je Spock dire aux autres alors que je m'éloignais en compagnie de mon frère.

oOoOo

La cérémonie en hommage aux victimes fut soft. Christopher Pike n'ayant pas de famille, Jim et moi-même avions récupéré le drapeau donné en son honneur ainsi que la médaille du mérite qui lui revenait. Il était le plus haut gradé ayant perdu la vie ce soir-là.

Le reste de la journée s'était déroulée dans une sorte de brouillard complet. Nyota avait refusé de me quitter une seule seconde, malgré mes avertissements et mes menaces.

Tu es mon amie, et tu ne vas pas bien, objectait-elle systématiquement quand je lui disais gentiment d'aller voir ailleurs. Mon rôle est d'être à tes côtés, donc je reste avec toi.

J'avais finalement réussi à la semer en m'aventurant du côté de l'ingénierie. Si jusqu'à présent j'avais éprouvé beaucoup de soulagement à éviter de croiser Scotty, sa présence exerçait désormais sur moi une sorte d'apaisement.

Vous allez bien ? me demanda-t-il alors que je me tenais, immobile, adossée contre la fenêtre, regardant au-dehors.

Ça va, répondis-je en posant les yeux sur lui et en haussant les épaules.

Scotty, qui maintenait une pince au-dessus du transmetteur qu'on lui avait remis, se redressa, et je vis ses yeux m'examiner attentivement.

Personne ne peut aller bien après ça, finit-il par dire, et je soupirais, me redressant de ma fenêtre.

Je ne veux pas parler de cela, répondis-je en m'orientant vers la porte. Appelez-nous quand vous aurez trouvé où ce connard est partit…

Je posais la main sur la poignée de la porte, mais je n'allais guère plus loin.

Des doigts se refermèrent autour de mon poignet, m'obligeant à pivoter sur moi-même. Me retrouvant face à Scotty, j'étais coincée entre ce dernier et la porte. Aucune échappatoire.

Bien que son regard cilla brièvement, sans doute parce qu'il devait penser un instant au grade qui nous séparait, il ne s'écarta pas. Je relevais le menton avec défi, ce que je faisais toujours quand j'étais mal à l'aise. Et là clairement, je l'étais.

Lâchez-moi, ordonnais-je froidement, mais alors que je m'attendais à le voir reculer, je sentis ses doigts sur mon poignet se resserrer.

Je ne suis pas en train de vous parler en tant qu'officier, répondit-il sur le même ton de défi que moi.

Clignant des yeux, je n'exprimais pas plus d'émotion que cela. Cela ne le déstabilisa pas plus que mon ton glacial ou que mes yeux remplis de défis.

Inconsciemment, mes yeux dévièrent sur ses lèvres, et bien que je tentais de lutter contre mes sentiments, je ne pu m'empêcher de me dire que cela devenait de plus en plus difficile.

Ses doigts se posant sur ma joue me fit relever les yeux. Il était bien plus proche de moi que précédemment, je ne l'avais pas vu faire, trop perdue dans mes pensées que j'étais.

Je ne cherche pas à te faire du mal, murmura-t-il.

Il sépara le peu de distance qu'il restait entre nous et ses lèvres touchèrent les miennes avec douceur. Fermant les yeux, je le laissais m'enlacer et m'attirer contre lui. Je sentis ses doigts glisser dans mes longs cheveux, et je frissonnais.

Pour la première fois depuis longtemps, j'oubliais qui j'étais, ce que j'avais à faire. Rien ne comptait plus que ce moment. Mais la réalité me rattrapa brutalement.

Je ne peux pas, soufflais-je en le repoussant doucement. Je ne peux pas… Plus maintenant que je sers sur un autre vaisseau.

Pourquoi ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

On se croisera à peine, répondis-je en plantant mes yeux dans les siens. On aura très peu de temps ensemble… Je sais ce que donne ce genre de relation. Cela ne mène nulle part Scotty. Je ne veux même pas tenter ça.

Anna… commença-t-il à l'instant où un bruit sonore résonna dans l'ordinateur situé derrière lui.

Il pivota sur ses talons, et je le suivis tandis que des coordonnées s'affichaient sur l'écran. Des coordonnées qui me rappelaient quelque chose. Scotty se contenta de fixer l'écran, sans dire quoi que ce soit.

Ce sont les coordonnées des Klingons n'est-ce pas ? demandais-je sans avoir vraiment de doute.

Oui, confirma-t-il à contre-cœur.

Prévenez Jim et Spock, répondis-je.

On ne peut pas aller là-bas, prévint Scotty.

Je sais, répondis-je. Mais je ne laisserais pas cet homme s'en sortir comme ça ! Appelez-les.

Il obtempéra bon gré mal gré, et je le suivis pour rejoindre mon frère et Spock qui arrivaient en courant en face de nous.

Capitaine ! s'exclama Scotty. C'est grâce à ça que ce salopard a filé.

C'est quoi ? demanda Jim.

Un téléporteur transdistorsionnel, expliqua Scotty. Pas un simple transmetteur.

On peut le tracer ? demanda Jim.

C'est fait, répondit Scotty. Et ça ne va pas vous plaire. Il est au seul endroit où on ne peut pas aller.

Jim fixa ses yeux dans les miens, et inconsciemment je hochais la tête. Scotty qui avait suivi notre échange secoua la tête.

Vous ne pouvez pas aller là-bas, répéta-t-il tandis que Spock nous examinait du regard. Si vous mettez les pieds dans l'espace Klingon, ils vous tueront !

Il a tué Christopher Pike, siffla Jim. Je ne le laisserais pas filer comme ça.

Il faut parler à l'amiral Marcus, continuais-je en fixant mon frère.

On y va, ordonna ce dernier, et je le suivis dans la cour pour gagner le bâtiment de la direction.

C'est du suicide, siffla Scotty qui nous avait emboîté le pas.

Il avait sans nul doute raison, mais à ce moment précis, on se fichait pas mal des conséquences.

Jim pénétra dans le bureau de l'amiral Marcus sans même frapper. Spock et Scotty marquèrent un temps d'arrêt, mais je le suivis sans la moindre hésitation. Au point où on en était…

Amiral, il n'est pas sur Terre, clama Jim alors que tout le monde se retournait sur notre passage. Il est sur Kronos. Je demande à repasser Capitaine pour aller le chercher.

Le regard de l'amiral Marcus passa sur nous quatre, simultanément. Si Jim, Spock et moi-même on ne broncha pas, je sentis Scotty mal à l'aise. Me décalant légèrement, je lui évitais de se retrouver dans le champ de vision immédiat de Marcus.

Laissez-nous, fit par dire ce dernier à tous ceux qui se trouvaient assit autour de la table où avait lieu leur réunion avant de nous faire signe de le suivre vers son bureau. Kronos ?

Oui Monsieur, confirma Jim.

En territoire klingon, continua Marcus. Il est passé à l'ennemi ?

On ne sait pas, avoua Jim tandis qu'on s'immobilisait tous les quatre face à son bureau.

La province de Ketha est inhabitée… expliqua Spock.

Il se planque, coupa Jim. Si on s'approche, les klingons déclareront la guerre. Starfleet ne peut pas y aller. Moi, je peux. S'il vous plait.

Je le suivrais, ajoutais-je et je sentis les regards de Spock et Scotty sur moi. Vous savez que mes connaissances sont… les mêmes que les siennes.

Jim m'adressa un regard interrogateur, mais je l'ignorais sciemment.

Les Klingons auront leur guerre, souffla l'amiral Marcus. D'ailleurs, elle a déjà commencé. Depuis qu'on les connaît, les Klingons ont déjà annexé deux planètes et fait feu sur nos vaisseaux à plusieurs reprises.

Son regard lourd se pose sur moi et je cillais. Je le savais. J'étais à bord de l'U.S.S Discovery quand cela s'était produit. Starfleet avait payé un très lourd tribut.

Ils se rapprochent, continua Marcus.

Il soupira, et m'adressa un autre regard avant de se tourner vers Jim, Spock et Scotty.

Londres n'était pas un centre d'archives, reprit-il. C'était une unité secrète de Starfleet nommée Section 31, dédiée à l'armement de pointe et au renseignement sur les Klingons et tout autre ennemi potentiel.

Section 31 ? répéta Jim. J'en ai vaguement entendu parler.

La Section 31 possède des membres dans tous les vaisseaux de la Fédération, expliqua l'amiral Marcus. L'U.S.S Discovery est un vaisseau de la Section 31. Votre sœur en fait partit.

Il y eu un lourd silence quand mes trois collègues se tournèrent vers moi.

J'en faisais partie, rectifiais-je en fixant l'amiral Marcus. Mon implication s'est arrêtée quand j'ai été affectée à l'U.S.S Enterprise.

Tu ne m'en avais jamais parlé, murmura Jim.

J'étais tenue au secret, murmurais-je.

Et en quoi cela consiste-t-il ? demanda Spock, pragmatique.

Les membres de la Section 31, quel qu'ils soient, sont formés au combat, expliqua l'amiral Marcus. Ce sont de redoutables tueurs la plupart du temps. Ils sont là pour défendre Starfleet contre toute forme de menace. Ils sont également formés au renseignement et à la survie.

Je sentis une nouvelle fois le regard de mes trois collègues sur moi, mais je gardais la tête haute.

Harrison était un agent d'élite, continua Marcus.

Je veux le rattraper, s'exclama Jim.

L'amiral Marcus nous fixa tous les deux, son regard passant de mon frère à moi simultanément.

Pike vous considérait comme les meilleurs, reprit-il et je cillais, baissant un instant les yeux. Il vous a défendu bec et ongles. C'est lui qui vous a convaincu de vous enrôler.

On hocha la tête simultanément.

Oui amiral, répondit Jim.

Savez-vous qui l'avait enrôlé ? demanda l'amiral Marcus et je reposais les yeux sur lui. Je dois assumer sa mort. Pas les vôtres.

Permettez-moi…, coupa Jim et je posais ma main sur son bras.

Harrison se cache dans une zone inhabitée ? demanda Marcus avant que j'ai pu dire quoi que ce soit.

Affirmatif, répondit Spock.

La Section 31 a développé une nouvelle torpille à photons, expliqua Marcus et je fronçais les sourcils en voyant ladite torpille se dessiner par hologramme sous nos yeux. Longue portée et indétectable par les radars klingons. Je ne veux pas vous exposer, mais je veux sa peau. Vous allez en lisière de la zone, vous verrouillez sur Harrison, vous tirez, vous le tuez, et vous décampez.

Du coin de l'œil, je vis Scotty réagir. Profitant du fait que l'amiral Marcus se tournait vers Spock, je posais les yeux sur Scotty et secouais légèrement la tête.

Puis-je réintégrer Mr Spock au poste de Second ? demanda Jim. Et Anastasia au poste d'infirmière en chef et d'officier en Tiers ?

Accordé, confirma l'amiral Marcus avant de nous faire signe de quitter la pièce.

Suivant les trois hommes dehors, je forçais Scotty à avancer quand ce dernier ouvrit la bouche pour marquer son mécontentement.

Pas ici, soufflais-je en le poussant.

Il garda le silence, mais je devinais à son air furieux qu'il allait clairement donner son avis une fois qu'on lui en donnerait la possibilité.

Anna ! clama Nyota quand on arriva dans la cour. Spock ?

Elle semblait surprise de nous voir tous les quatre réunis au même endroit.

Préparez-vous, ordonna Jim. On décolle ce soir !

Mais vous êtes…, commença Nyota qui était totalement perdue.

Je suis temporairement à nouveau capitaine de l'U.S.S Enterprise, expliqua Jim. Spock et Anna reprennent également temporairement leurs postes respectifs. Préparez-vous.

Nyota m'adressa un regard interrogateur avant de m'accompagner vers le dortoir.

On traque Kahn, expliquais-je. Scotty a retrouvé sa trace.

Et il est où ? demanda Nyota alors qu'on préparait rapidement nos affaires.

Dans l'empire klingon, répondis-je sans la moindre once de sentiment dans la voix.

Je vis la tête de ma meilleure amie et collègue apparaître dans l'encadrement de la porte, interloquée.

Attend, on part en mission dans l'empire klingon ? demanda-t-elle. Mais Starfleet ne peut pas y aller. On va déclarer une guerre.

On n'y va pas sous couvert de l'autorité de Starfleet, expliquais-je. Raison pour laquelle Jim, Spock et moi sommes temporairement réaffectés à nos postes.

D'ailleurs à ce propos-là, lança Nyota. Qui reprendra le poste de Capitaine de l'Enterprise une fois la mission terminée ?

Je n'en ai pas la moindre idée, avouais-je. Je n'y ai même pas réfléchi. J'ai fini, on se retrouve à bord !

Elle m'adressa un signe de tête quand je quittais le dortoir. Descendant les escaliers menant à la cour, je finis par rejoindre l'une des navettes qui transportaient l'équipage à bord.

Occupée à accrocher mon insigne sur ma poitrine, je poussais un cri de surprise quand quelqu'un m'attrapa par le bras, me forçant à m'asseoir sur l'une des places disponibles de la navette. Relevant les yeux, je les posais sur Scotty. Un soupir m'échappa et il fronça les sourcils.

Vous savez ce que j'ai dire, siffla-t-il, visiblement furieux.

Ce sont les ordres, répondis-je en levant la main quand je le vis ouvrir la bouche. Je ne comprends pas pourquoi cela vous dérange tant. Il a tiré et tué des dizaines de personnes. Son sort n'est que justice.

Anna…, souffla Scotty mais je lui jetais un regard remplit d'avertissement. C'est de la vengeance.

En quoi cela vous pose-t-il problème ? demandais-je. Il a tué, il tuera encore. On ne tuera que lui. C'est rendre service à l'ensemble de la population.

La navette se posa sur le sol de l'Enterprise et je me levais, espérant échapper à Scotty qui ne semblait pas décidé à laisser tomber aussi facilement.

C'est une mission de guerre, lança d'ailleurs ce dernier en me suivant en direction de l'ascenseur.

Soupirant, j'appuyais sur le bouton de l'ascenseur pour l'étage de l'infirmerie.

Nous ne sommes pas des militaires, claqua la voix de Scotty quand on se retrouva juste tous les deux dans l'ascenseur.

Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? sifflais-je en pivotant vers lui. Il a tué Christopher Pike, donc oui, c'est une vengeance, je ne m'en suis jamais cachée. Maintenant, nous avons l'accord de l'amiral Marcus, et il n'y aura que John Harrison comme victime. Je trouve que c'est peu cher payé pour toutes les morts qu'il a causé !

Ma rage s'était laissé trahir dans mes paroles, mais je ne laissais pas les larmes gagner mes yeux. Appuyant furieusement de nouveau sur le bouton de l'ascenseur, je sentis la tension entre nous monter d'un cran.

Je comprenais sa réticence, mais je voulais la peau de cet homme. Quoi qu'il advienne.

Anna, souffla Scotty mais je refusais de croiser son regard, vrillant mes yeux sur les portes de l'ascenseur. Anna, s'il te plait…

Ses doigts se refermèrent sur mon poignet au moment où l'ascenseur s'immobilisait et que les portes s'ouvraient sur le couloir vide.

S'il te plaît, lança Scotty en me retenant. Tu sais aussi bien que moi que le moindre faux pas entraînera une guerre.

Je sais, répondis-je en le regardant enfin dans les yeux. C'est pour cette raison qu'il n'y aura pas le moindre faux pas.

Tu ne peux rien promettre Anna, souffla Scotty. Et tu le sais. Tu ne peux pas promettre que ce missile ne touchera pas un klingon. C'est leur territoire. Je sais ce qu'il a fait, je sais que c'est douloureux et impardonnable, mais est-ce que cela vaut vraiment le coup de risquer la vie de milliards de personnes pour une vengeance personnelle. Christopher Pike aurait-il vraiment voulu cela ?

Je ne voulais pas céder, et en tant que sa supérieure, il n'aurait pas dû passer au-dessus de mes ordres. Cependant notre relation plus que compliquée rendait caduque la frontière.

Ses yeux bleu clair étaient vrillés aux miens avec détermination, et malgré moi, j'admirais son aplomb. Il affrontait en même temps sa supérieure et la femme qu'il aimait. Il fallait un certain courage.

Je suis responsable de tout ce qui monte à bord de ce vaisseau, rajouta-t-il. Je peux refuser que ces torpilles soient transportées à bord de l'Enterprise. Même si cela m'oppose à toi, je le ferais Anna.

Mes yeux gris froid se fixèrent aux siens, et je le sentis frémir.

Vous ferez ce qui vous semblera juste, répondis-je froidement avant de m'avancer vers la sortie. Je ne suis pas Capitaine, je n'ai aucune autorité sur vous. Vous réglerez cela avec Jim.

Ne m'oblige pas à faire cela, prévint Scotty et ma fureur éclata sans même que je ne m'y attende.

Faisant volte-face, je me retrouvais face à lui, hors de moi.

Ce qui s'est passé entre nous concerne le domaine du privé, sifflais-je d'un ton glacial. C'est d'ailleurs la raison précise pour laquelle je me refuse à toute relation avec un membre de Starfleet. N'utilise pas cela contre moi, tu ne gagneras pas ! J'ai fait l'erreur une fois, je ne la recommencerais pas. Tu veux refuser l'accès à ces torpilles, c'est ta décision. Je ne reviendrais néanmoins pas sur la mienne, quoi que tu en dises.

Le regard habituellement blagueur de Scotty se chargea de froideur à son tour, et même si la colère m'étouffait encore, je sus à cet instant que je m'en mordrais les doigts très prochainement.

Tu utilises ton histoire comme une excuse, cracha Scotty et je frémis à mon tour. Tu penses excuser ta froideur et ta colère à cause de tout ce qui t'ai arrivé, mais tu ne réalises pas à quel point ta haine peut être destructrice ! Je refuserais l'accès à ses torpilles quoi qu'il advienne, mais si elles embarquent néanmoins à bord, tu assumeras l'entière responsabilité des conséquences qui suivront !

Au fond de moi, je savais qu'il avait raison, mais la colère m'aveuglait bien trop pour que je le réalise pleinement.

Et bien dans ce cas-là, on n'a rien de plus à se dire, sifflais-je en arrachant mon bras de ses doigts. J'effectuais cette mission quoi qu'il advienne, et ensuite je serais affectée à l'U.S.S Discovery et cette histoire s'arrêtera là.

Nos regards blessés se croisèrent et je le repoussais avant de tourner les talons et de me diriger vers l'infirmerie, le cœur lourd.4


Bonne année 2021 à vous tous, j'espère que cette nouvelle année vous apportera bonheur, santé et tout ce que vous pouvez souhaiter.

Parmi mes bonnes résolutions de cette nouvelle année, j'ai noté de réussir à publier toutes les semaines un nouveau chapitre de mes fictions. Il faut dire que j'ai de nombreux chapitres d'avance, mais pas beaucoup de temps pour les poster. Alors cette année, j'ai décidé de m'octroyer de temps de vous faire partager ces fictions que j'adore écrire.

On se retrouve donc tous les Samedi soir pour un nouveau chapitre à partir de la semaine prochaine.

Encore une fois, bonne année à tous.