Chapitre 19
Ta mère était une personne incroyable, une jeune femme courageuse, qui aurait sacrifié sa propre vie pour sauver celle de son époux et de ses enfants. Quant à ton père, il s'est sacrifié en connaissance de cause, il s'est rendu sur ce vaisseau ennemi pour espérer sauver son équipage et sa famille, tout en sachant parfaitement qu'il n'en reviendrait pas.
Adrian était courageux, d'après les boîtes noires des vaisseaux, il a tenté de sauvé l'U.S.S Truman. Il est mort dans les derniers. Il a tout tenté jusqu'au bout.
Christopher Pike est un homme qui a veillé sur les enfants de ses amis comme il leur avait promit à leurs morts. Il est mort en héros.
Bobby Kirk est mort en protégeant la population. Il s'est sacrifié en connaissance de cause. Il a donné sa vie pour permettre à d'autres personnes de vivre…
Je te défie de faire mieux…
Des flashs, des hurlements qui se mélangent. Des souvenirs mêlés de sang, de mort, mais également de joie, de bonheur.
La douleur. Puis l'apaisement.
Des lumières à n'en pas finir, avant les pires ténèbres qui soient. Le vague souvenir d'étouffer, avant celui de se sentir mieux que jamais. La sensation de planer entre deux mondes, mais d'être bien ancré dans l'un des deux.
Ton nom est célèbre, tu ne peux pas lui faire honte. Tu dois te montrer à la hauteur de ce que ton père et ton frère ont fait.
Une confusion des sentiments, comme l'avait été ma vie jusqu'à présent.
Tu ne pourras pas lutter éternellement contre tes sentiments pour lui, tu l'aime, ça crève les yeux.
Et puis soudain, des hurlements à nouveau, les flashs des alarmes du vaisseau, les sirènes d'alerte, la fatigue, la douleur. Le goût du sang, la souffrance, intenable, inhumaine. Cette impression de brûlée vive, d'étouffer.
Leurs regards si bleus à l'un comme à l'autre. Le sien, qui ne cesse de me hanter depuis la première fois que je l'ai croisé.
Jim. Scotty.
J'ouvris les yeux brutalement, fixant un plafond immaculé devant moi. L'endroit était lumineux, et j'entendais le bruit des machines médicales autour de moi.
Clignant des paupières lentement, je tournais avec difficulté la tête sur la droite, où se trouvait ladite machine. Et d'après les câbles qui m'étaient reliés, c'était moi qu'elle contrôlait.
Tout était dans le vert. Ce qui détonnait avec les derniers souvenirs que j'avais.
J'aurais dû être morte.
Anna ? murmura une voix féminine à ma gauche.
Tournant la tête avec toujours autant de difficulté vers ladite voix, je tombais sur Nyota qui s'était redressée de son fauteuil et qui appuyait sur un bouton d'appel.
Comment te sens-tu ? demanda-t-elle doucement.
Bien, répondis-je, étonnée. Bien que ça ne devrait clairement pas être le cas. Qu'est-ce qui s'est passé ?
A cet instant, la porte s'ouvrit sur Bones. Me souriant, il s'approcha pour m'examiner.
Comment te sens-tu ? me demanda-t-il à son tour.
Je vais bien, répondis-je. Mais cela ne devrait pas être le cas. Qu'avez-vous fait ?
Il s'avère que le sang de Khan est régénérateur, m'apprit Bones. On vous a injecté son sang. Cela vous a guérit Jim et toi.
On devrait être morts, murmurais-je sans trop réaliser.
Vous l'étiez Anna, pendant près d'une bonne heure, confirma Bones, le regard douloureux.
Je ne répondis rien. C'était bien ce qu'il me semblait.
L'idée que le sang de ce psychopathe coule dans mes propres veines me révulsait, mais c'était si peu payé pour ce qui s'était passé.
Jim va bien ? demandais-je en sentant mes paupières se fermer.
Aussi bien que toi, confirma Bones. Tu dois te reposer. Tout va bien, détend toi.
Rassurée, je me laissais aller contre mes oreillers. Je me sentais bien, mais terriblement fatiguée.
Sans faire attention, je refermais les yeux. Et m'endormis.
oOoOo
Lorsque je rouvris les paupières quelques heures plus tard, je me sentais déjà beaucoup plus reposée. Je constatais que le soleil au-dehors s'était couché, et que les lumières de la ville avaient pris le relai des rayons du soleil.
Levant la main pour retirer les mèches de cheveux de devant mes yeux, je constatais que j'avais retrouvé un peu de mes forces.
Un mouvement sur ma gauche attira mon attention, et je tournais les yeux vers le fauteuil où dormait Scotty. La tête légèrement en arrière sur le dossier, il semblait s'être endormis sans le vouloir.
Malgré moi, mes yeux le détaillèrent.
Il était beau, mais je n'étais certes pas objective. Légèrement plus grand que moi, il était mince. Son visage était marqué par la fatigue, mais malgré cela, il était toujours impeccablement bien habillé et coiffé.
Tournant à nouveau les yeux vers l'écran qui indiquait mes paramètres vitaux, je remarquais que ma tension artérielle n'avait jamais été aussi bonne de toute ma vie. Tous les paramètres étaient d'ailleurs au vert, indiquant que j'allais bien. Parfaitement bien.
Anna ? demanda soudainement Scotty et je me tournais vers lui.
Il s'était réveillé sans que je ne l'entende. En voyant que j'étais également consciente, il se leva de son fauteuil et s'assit à côté de moi.
Comment te sens-tu ? demanda-t-il.
Bien, répondis-je. Beaucoup moins fatiguée que tout à l'heure.
Que hier, rectifia Scotty et j'ouvris de grands yeux surprit. Tu t'es réveillée hier matin et tu as dormi depuis.
Tu es resté là tout ce temps ? demandais-je.
Il hocha la tête et ses yeux examinèrent mon visage, cherchant sans nul doute une trace de fatigue ou de douleur. Mais pour la première fois depuis longtemps, je me sentais bien.
Je vais bien, répondis-je doucement. Le sang de Khan m'a sauvé la vie.
Il t'a redonné la vie, rectifia Scotty avant d'ajouter d'une voix presque douloureuse. Tu es morte pendant une heure Anna.
Je sais, répondis-je. Mais je vais mieux.
Je serrais doucement sa main dans la mienne, et je le vis clairement frémir en regardant nos doigts liés.
Je suis désolée, murmurais-je et nos yeux se croisèrent. J'aurais dû t'écouter… Tu avais raison depuis le départ. Je n'aurais pas dû me laisser aveuglée par ma haine…
L'erreur est humaine, répondit doucement Scotty. Et même moi je n'avais pas envisagé cela. Je voulais seulement éviter une guerre. Mais si cela n'avait pas été l'Enterprise, il aurait réussi autrement et peut-être que cette fois-ci, on n'aurait pas pu l'en empêcher.
Sans vraiment sans rendre compte, il repoussa une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, et cette fois-ci, ce fut moi qui frémis.
Il sembla soudainement se rendre compte de son geste, et retira précipitamment sa main.
Merci, murmurais-je lentement et il posa les yeux sur moi. Merci d'être revenu. Merci d'avoir… été là… jusqu'au…
Pas de soucis, coupa-t-il, ne souhaitant pas entendre la suite. Remets-toi, c'est la seule chose que je te demande.
J'aurais voulu parler plus, mais je sentis de nouveau la fatigue me tomber dessus. La transfusion avait mis mon corps à l'épreuve, et je devais récupérer.
Repose-toi, murmura Scotty, et sans préméditation, je gardais sa main dans la mienne.
Je l'entendis rapprocher son fauteuil du lit, et je sentis à peine ses doigts sur mon front avant de m'endormir.
oOoOo
Je fus autorisée à sortir de l'hôpital une semaine plus tard, quand je m'arrêtais de m'endormir sans prévenir. Tous mes bilans étaient au vert, et je ne me fis pas prier pour quitter les lieux.
Jim avait également reçu son autorisation de sortie, et notre première bouffée d'air frais après tant de temps enfermés nous fit l'effet d'une douche froide.
Purée que ça fait du bien ! s'exclama Jim en s'appuyant sur la rambarde.
Je ne peux qu'être d'accord, répondis-je en fermant les yeux.
Réunion Starfleet ! lança Bones en ressortant à son tour de l'hôpital.
On est toujours en convalescence, tenta vainement Jim qui, tout comme moi, n'avait pas la moindre envie de s'enfermer dans une salle alors qu'on venait tout juste de mettre le pied dehors.
Cela n'exclut pas les réunions, rappela Bones et je soupirais avant de le suivre.
Jim continua de râler tandis qu'on traversait la cour. Avec surprise, je constatais que certains immeubles au loin… avaient tout simplement disparu.
Qu'est-ce qui s'est passé ? demandais-je, ébahi en voyant également la cour à moitié ravagée.
Khan a envoyé l'U.S.S Vengeance sur le Quartier Général, expliqua Bones et je compris peu à peu l'étendue des dégâts à mesure que l'on avançait. Il y a eu de nombreux morts…
Je ne répondis rien, sonnée par ce que je voyais.
On finit par parvenir à l'amphithéâtre et Bones n'avait pas mentit. C'était carrément une réunion pour l'Enterprise, tout le monde s'y trouvait.
Au moment où l'on passa la porte, un grand silence tomba sur la salle et tout le monde se tourna vers nous. Surprise, et gênée, je conservais mon air impassible avec grand effort.
Qu'est-ce qui se passe ? demanda Jim à Bones.
Ils savent tous que vous aviez donné vos vies pour sauver les nôtres, répondit Bones et je posais mes yeux sur lui.
Il s'avança dans l'escalier menant en bas, et au moment où on lui emboîtait le pas, des applaudissements retentirent. D'abord faibles, ils montèrent rapidement en puissance, et je me sentis gênée et touchée à la fois.
Toutes les personnes qui étaient présentes s'étaient levées, et je voyais sur les visages la même reconnaissance. Nous avions seulement fait notre métier. Rien de plus.
On parvint en bas de l'amphithéâtre et la foule fut d'autant plus impressionnante. Il n'y avait pas que des membres de l'U.S.S Enterprise. Je connaissais certaines autres personnes. L'U.S.S Discovery. Dont Gabriel Lorca, debout contre le mur à ma droite. Ainsi que Keyla Detmer, Saru ou bien encore Mickaël ou Sylvia.
Merci, lança Jim quand les applaudissements se tarirent et que Spock nous eut rejoint.
Le vulcain serra mon bras et j'échangeais un bref sourire avec lui.
Nous vous sommes reconnaissants pour tout cela, continua Jim. Mais nous n'avons fait que notre devoir.
Nos yeux se croisèrent, et je hochais la tête, laissant mon regard se balader sur la foule. Et je vis Sulu descendre les escaliers avant de se placer face à nous.
Autorisation de parler ? demanda-t-il et Jim hocha la tête. Je m'adresse au nom de tout l'équipage de l'U.S.S Enterprise. Nous tenions à saluer votre courage et votre sacrifice à tous les deux. Bien que cela soit votre devoir, comme vous nous l'avez rappelé, il fallait beaucoup de courage et de sens de l'honneur pour accepter de se sacrifier pour sauver tout un équipage. Au regard de tout cela, nous avons demandé au Haut Commandement de vous réattribuer définitivement les statuts qui étaient les vôtres avant l'épisode du volcan actif. Et ils ont acceptés.
Surprise, je me tournais vers Gabriel Lorca, qui hocha la tête.
Puis, inconsciemment, sans même vraiment y réfléchir, je cherchais Scotty dans les rangs. Un mouvement sur ma droite attira mon attention, et je distinguais Nyota. A côté de Scotty. Elle avait compris ce que je cherchais.
Scotty me fixait silencieusement, et l'écusson sur sa poitrine m'indiqua qu'il avait repris ses fonctions, restait à savoir sur quel vaisseau.
Il a été réaffecté à l'Enterprise, murmura soudainement Spock à mon oreille et je cillais.
Était-ce si évident ?
Je ne savais plus vraiment où me situer dans tout cela. Mon avis sur les relations internes à Starfleet n'avait pas changé, mais mes sentiments à l'égard de Scotty s'étaient renforcés, et j'étais partagée entre les deux.
J'accepte de reprendre mon poste de Capitaine, répondit à cet instant Jim, profondément touché que tout l'Enterprise se soit battu pour nous. Ce sera un honneur et une fierté de continuer ce chemin à vos côtés.
Mon frère se tourna vers Spock et moi quand le silence s'abattit, et je vis son regard surprit. Sans doute s'attendait-il à ce qu'on réponde spontanément. J'avouais que j'étais également surprise par Spock.
Moi, j'étais partagée. Je savais pertinemment que si je regagnais l'U.S.S Enterprise, je serais totalement incapable de lutter contre mes sentiments.
Jim se planta brutalement devant moi. Surprise, je plantais mes yeux dans les siens.
On a failli y rester Anna, murmura-t-il. Je sais pour quelle raison tu hésites, mais il faut que tu réfléchisses à ce que tu veux dans la vie. Tu as toujours eu peur de cela, mais regarde… tu as faillis mourir, toutes tes peurs auraient servi à quoi au final ?
Je n'avais pas de réponse à cela, et je ne pouvais que lui donner raison. Il avait raison… Mais mes peurs ne s'étaient pas volatilisées parce que j'avais failli y laisser la vie.
Et vous Spock, continua Jim en se tournant vers le Vulcain. C'est vous qui m'empêchez de faire des bêtises. L'Enterprise a besoin de vous. De votre logique à toute épreuve. J'ai besoin de vous deux.
J'échangeais un regard rapide avec Spock, avant de hocher la tête.
On rejoindra l'U.S.S Enterprise, confirma Spock à voix haute et des clameurs retentirent dans l'amphithéâtre.
J'espère que ce ne sera pas une erreur, murmurais-je à Jim qui secoua la tête pour me rassurer avant que tout le monde ne se lève pour quitter la salle et qu'un homme ne me rende mon affectation au sein de l'U.S.S Enterprise.
La foule se fit rapidement dense autour de nous, et je pivotais sur mes talons, tentant de gagner la sortie. Je n'avais clairement pas l'envie d'être autant pressée après tant de temps coincée à l'hôpital.
Me frayant un chemin entre les gens, esquissant de faux sourires pour saluer les différents membres d'équipage de mon vaisseau, je parvins finalement à sortir de la salle, soulagée de m'éloigner de tout cela.
Nous ne servirons donc pas sur le même vaisseau, fit la voix glaciale de Gabriel Lorca dans mon dos et je pivotais pour me retrouver face à lui.
C'est bien mieux ainsi, répondis-je sur le même ton froid que j'avais appris à copier. Tu sais aussi bien que moi qu'être Capitaine et Officier-en-Second sur le même vaisseau, avec nos antécédents, aurait été bien étrange.
Gabriel hocha la tête et me rejoignit.
Je n'étais pas au courant de cette invention, lâcha-t-il soudainement et je hochais la tête. Et bien que je n'aie jamais supporté les Klingons, je n'aurais pas risqué une guerre ouverte avec eux.
Je ne te blâmerais pas, répondis-je vaguement. J'étais prête à déclencher cela sur simple vengeance.
Ne te jette pas la pierre, fit Gabriel. Christopher Pike était un homme intègre, un exemple pour beaucoup d'entre nous.
Il ne t'aimait pas particulièrement, fis-je remarquer en lui envoyant un regard appuyé. Et il me semble que c'était bien réciproque.
Ce qui ne m'empêche pas pour autant de reconnaître ses qualités, rectifia Gabriel.
Vaincue, je hochais la tête.
La Section 31 est quelque chose de mort et enterré pour moi, repris-je néanmoins. A l'instar de notre relation. Un jour ou l'autre, je savais que cela ressortirait. C'est chose faite. Je ne regrette rien. Néanmoins, je laisse désormais tout cela derrière moi.
C'est un choix respectable, répondit Gabriel en se tournant vers moi. Ce qui signifie qu'il s'agit d'un adieu.
L'U.S.S Discovery était le vaisseau le moins à quai de toute la flotte de Starfleet. Son équipage était à part, vivant 99% du temps dans l'espace. S'il était resté à quai aussi longtemps, c'est parce qu'il m'attendait. Effectivement, je risquais de ne peut-être jamais recroiser Gabriel ou le reste de l'équipage.
Je pense également, répondis-je en hochant la tête alors qu'on se trouvait face à face.
Il n'y avait jamais eu d'effusion publique entre nous, et même en privé, notre relation avait toujours été sans clash, sans heurts. Notre séparation s'était faite aussi froidement qu'une discussion sur la prochaine météo, et aujourd'hui encore, quiconque passait dans le coin ne verrait tout au plus que deux amis se disant au revoir. Des semaines à peaufiner une impassibilité en public afin que personne ne se doute jamais de loin. Peut-être que dès le départ, notre relation était vouée à l'échec finalement.
Fait attention à toi, soufflais-je finalement à Gabriel en lui tendant ma main en guise d'au revoir.
Je te renvois la politesse, répondit-il en serrant mes doigts et nos regards se heurtèrent.
Malgré nous, il m'attira vers lui et me serra dans ses bras avec force. D'abord surprise, je finis par répondre à son étreinte et fermais les yeux.
Aucun sentiment amoureux à son égard, mais je conservais une certaine tendresse envers cet homme avec qui j'avais été pendant tant de temps.
Ne laisse pas tes peurs prendre le dessus, murmura-t-il contre mes cheveux. Laisse-toi le droit de vivre. Où qu'ils soient, c'est ce que tes parents, ton frère ainsi que Christopher auraient souhaité pour toi. Vivre restreint n'est pas vivre.
Je ferais en sorte de surmonter mes peurs, promis-je en reculant. Fait attention à toi.
Nos yeux se croisèrent une nouvelle fois, puis il hocha la tête avant de serrer mon épaule puis de s'éloigner dans la cour.
Pivotant sur mes talons, je tombais directement sur Scotty qui se tenait debout derrière moi. Ce dernier se rapprocha quand il s'aperçu que je l'avais vu.
Je ne suis peut-être pas en droit de poser la question, commença-t-il. Mais…
Il n'y a plus rien entre nous, répondis-je lentement. Depuis notre rupture, il n'y a plus rien eu. On ne se recroisera sans doute jamais. Et c'est très bien ainsi. Si c'était cela ta question.
Scotty hocha la tête et son regard papillonna néanmoins quelques secondes encore vers l'endroit où Gabriel avait disparu.
Pourquoi semblais-tu sur le point de refuser ton affection sur l'U.S.S Enterprise ? demanda soudainement Scotty. Si tu n'es plus attirée par lui…
La raison ne dépendait pas du Capitaine Lorca, répondis-je. Mais de toi.
Moi, répéta Scotty sans comprendre.
J'ai beau lutter contre, j'ai des sentiments pour toi, répondis-je lentement et je le vis frémir. Mais je doute de pouvoir rester impartiale s'il me faut faire un choix entre mes responsabilités et toi.
Tu l'ai avec Jim, remarqua Scotty.
Jim est mon supérieur, répondis-je. Il donne les ordres, j'obéis.
J'ai le même grade vis-à-vis de toi, fit remarquer Scotty. Que toi envers lui. A la différence près que tu n'es ma supérieure qu'à partir du moment où tu commandes l'Enterprise. Le reste du temps, bien que ton grade soit supérieur, je ne suis pas directement sous tes ordres. Anna, cela ne changera rien. Je respecterais la hiérarchie, je sais séparer vie privée et vie professionnelle. Je l'ai fait récemment je te rappelle.
A bord d'un vaisseau les choses sont bien différentes, rappelais-je. Je peux t'assurer que peu importe à quel point tu es capable de séparer les deux, je te rappelle que quand on part en mission pendant cinq années, les deux finissent par se mêler.
Il y a plein de couples à bord de l'Enterprise, répondit Scotty. Et cela n'a jamais posé de problème à quiconque.
Je ne trouvais rien à répondre, il n'avait pas tort. Bien au contraire.
A cet instant, la porte s'ouvrit et Jim sortit de l'amphithéâtre à son tour. Ses yeux passèrent de moi à Scotty et il leva un sourcil. Soupirant, je reculais.
Laisse tes idées mal placées où elles sont, lançais-je et il esquissa un sourire moqueur. Je regagne mon dortoir, je suis fatiguée. A plus tard.
Tournant les talons, je m'orientais vers ma chambre.
Tu vas bien finir par y arriver, entendis-je Jim dire à Scotty et je ne pu m'empêcher de sourire.
Il fallait dire qu'il n'avait pas tort.
oOoOo
Quelques jours s'écoulèrent sans que je ne parvienne à quitter ma chambre, encore trop épuisée par les derniers évènements. Je parvenais à me lever et à déambuler dans ma chambre, mais l'idée même de sortir me rendait malade. Je me sentais affaiblis, et surtout, totalement à l'ouest.
Mon cerveau avait fini par intégrer l'idée de tout ce que j'avais subis, et clairement, ça l'avait fatigué. L'idée d'avoir clairement perdu la vie pendant près d'une heure me perturbait.
Vous et Kirk, vous êtes mis au repos forcé, déclara Bones, et immédiatement, on se mit à protester. Je n'ai rien pu faire contre cela. Le jugement a été donné à l'unanimité. Période de six mois !
Six mois, répétais-je, ébahis. Mais qu'est-ce qu'on va faire pendant six mois ?!
Vous reposer ? proposa Bones et on lui adressa un regard furieux. Cela fait deux ans que vous n'avez pas pris le moindre repos !
Ça nous va très bien ! répondit Jim et je hochais la tête.
Je ne peux rien faire, contra Bones. Vos postes vous sont retirés pendant une période de six mois.
Et le reste de l'Enterprise ? demanda Jim.
A terre pendant six mois, répondit Bones. La Direction considère également que l'équipage a besoin de temps.
Mais eux reste affectés dans Starfleet ! m'exclamais-je, outrée.
Eux ne sont pas morts pendant plus d'une heure, riposta Bones.
Touché.
Contrainte de signer mes dates de congés, je me levais, énervée.
A quoi servaient des congés quand votre vie entière était consacrée à Starfleet ? Quand rien ne vous attendait à l'extérieur du Quartier Général ?
Claquant la porte derrière nous, Jim et moi passâmes dans le couloir, rejoignant nos dortoirs rapidement pour faire nos valises.
Nyota n'était pas dans notre chambre, et je me dépêchais de passer sous la douche avant d'enfiler une tenue civile.
Pour la première fois depuis longtemps, j'enfilais un jean, un chemisier et une veste en cuir. Relâchant mes longs cheveux, ils se mirent à cascader le long de mon dos jusqu'à mes hanches. Me maquillant rapidement, j'accentuais le noir sous mes yeux, ce que je ne pouvais faire quand j'étais en service.
Je terminais d'enfiler mes bottes avant d'attraper mon sac. Jetant un dernier regard autour de moi, je claquais la porte derrière moi. Sans un au revoir.
