Chapitre 22

Passer trois ans dans l'espace mettait finalement les nerfs de tout l'équipage à rude épreuve malgré les nombreuses missions dans les nouvelles planètes découvertes. Nous vivions les uns sur les autres, et les chambres étaient bien trop petites pour nous permettre d'avoir une quelconque intimité.

On aurait pu croire que trois années passées dans l'espace nous auraient rapprochés Scotty et moi, ce n'était pas le cas. Nos emplois du temps concordaient peu, et pour les mauvaises langues, nous partagions tous les deux nos chambres avec quelqu'un. Nyota en ce qui me concernait, Tchekov en ce qui le concernait.

Nous nous croisions parfois aux repas, ou à certaines pauses, mais rien ne permettant vraiment d'établir une relation plus poussée.

Et il fallait dire qu'être Officier-En-Tiers, c'était passé 50% de son temps au poste d'Officier-En-Second voire Capitaine. Ce qu'on ne m'avait pas dit à la base.

Raison pour laquelle je me trouvais derrière Spock à l'instant présent, à écouter Jim dialoguer avec je ne savais même plus quelle nouvelle espèce.

Je suis le Capitaine James Tiberius Kirk, disait-il. De la Fédération des Planètes Unies. Je me présente devant vous en qualité d'émissaire neutre de la République Fibonienne. J'apporte un message de bonne volonté et pour vous, vénérés membres de la Délégation Tilaxi, un présent du Haut Conseil Fibonien, en témoignage de son plus grand respect.

Il y eu un gros silence et je levais un sourcil, échangeant un regard avec Nyota.

Pourquoi ? finit par répondre une voix rauque et je pinçais les lèvres, pressentant les ennuis. Qu'est-ce qu'il a ?

Euh…, répondit Jim. Excusez-moi ?

Pourquoi n'en veulent-ils plus ? demanda l'autre.

Euh… Et bien autrefois c'était une pièce d'une ancienne arme, mais aujourd'hui, ils vous l'offrent comme un symbole de… paix. Dans la culture Fibonienne, déposer une arme est une proposition de trêve.

Ils l'ont eu comment ? demanda l'autre voix et je me tendis.

Ils disent l'avoir depuis longtemps en leur possession, répondit Jim et Spock m'adressa le même regard préoccupé.

Préparez-vous à ramener le Capitaine à bord Monsieur Scott, ordonna-t-il à ce dernier.

Ils l'ont donc volé ! s'exclama la créature.

Non, contra Jim d'un ton blasé. Ils… Mais.. Bon…

Il y eu un gros bruit et j'ouvris de grands yeux.

Jim, appelais-je.

Vous ne connaissez pas les Fibonniens aussi bien que nous ! clama de nouveau la créature.

J'avoue que non, répondit mon frère. Votre Excellence, ce cadeau est d'une immense…

Je te parle de voleurs perfides qui rêvent de nous voir trucidés dans notre sommeil…

Cet admirable artéfact est un symbole de confiance et de paix !

Ils veulent nous découper en rondelles et nous faire rôtir à petit feu !

Non, je suis sûr que non…

Et nous… Dévorer.

Il y eu un gros silence, avant que mon frère ne réponde.

Quoi ?

Un sourire m'échappa, juste avant d'entendre des bruits sourds, un silence, puis un hurlement étrange et de nouveaux des bruits sourds accompagnés de cris.

Scotty ! appela mon frère. Sortez-moi de là !

C'était rapide ! répondit Scotty tandis que je me précipitais vers la salle de transfert. Y a pas mal d'interférences en surface Monsieur !

Scotty ! hurla Jim avant d'apparaître dans la salle de transfert au moment où j'y parvenais.

Et un rire m'échappa malgré moi quand je vis mon frère, les vêtements arrachés, les cheveux ébouriffés, deux créatures étranges accrochés à lui.

Ça a été sinon ? demanda Scotty en tentant de l'humour.

Scotty, pas un mot, souffla Jim en passant à côté de nous. Anna, tu la boucle !

Mais j'étais partie dans un fou rire que je ne contrôlais plus du tout. Mon frère m'adressa un regard mauvais et me tapa sur le bras en passant, me faisant perdre l'équilibre et me faisant heurter le mur.

Je le suivis dans le couloir, tentant de calmer mon rire. Peine perdue. Fou rire qui s'accentua encore plus quand Spock et Bones nous rejoignirent.

Capitaine, lança Spock, indifférent. Avez-vous réussi à établir un traité avec les Tinaxis ?

Ooooh, répondit simplement mon frère. Disons que ça s'est joué à un poil. Voulez-vous l'enregistrer, le mettre au coffre Spock, merci.

Jim, lança Bones. Tu as une sale gueule !

Bones, fit Jim d'un ton dépité. Je t'adore.

Tu as encore cette veine qui palpite sur ta tempe, continua Bones sous mon rire de plus en plus incontrôlable. Tu es sûr que ça va ?

Mieux que jamais, fit mon frère en m'adressant un nouveau regard meurtrier. Un jour ordinaire à Starfleet !

Mon fou rire se calma quand mon frère disparu dans sa loge. Bones s'orienta vers l'infirmerie, mais il fallait avouer qu'il n'y avait pas grand-chose à y faire. Et si j'étais partis dans un magnifique fou rire quelques instants plus tôt, je n'avais désormais plus envie de rire.

Gagnant le salon où personne ne se trouvait pour le moment, je me servis un verre de Tequila et m'assis dans un fauteuil, pensive.

Dans deux jours, j'aurais officiellement 28 ans. Et comme chaque année, cela me rendait particulièrement morose. Pas par rapport au fait que je vieillissais. Mais par rapport au fait que cette date ne serait jamais liée à un bon souvenir.

La porte s'ouvrit brutalement et j'adressais un regard terne à mon frère qui me rejoignit.

A la tienne, souffla-t-il en s'asseyant à mes côtés.

De même, répondis-je en avalant une gorgée de ma boisson qui me brûla la gorge.

La porte s'ouvrit de nouveau et Bones entra dans la pièce son tour.

Pardon, je suis en retard, lança-t-il en nous rejoignant. Kinster a une fuite. Une morve massive vert lui sort du nez, et Scotty a une trouille bleue qu'il éternue devant le réacteur et qu'on y reste tous. Qu'est-ce que vous buvez là ?

Oh ça doit être un vieux fond de Brandy, répondit vaguement mon frère alors que je remuais mon verre de Tequila.

Bon sang de bois, lança Bones. C'est la vue que tu veux perdre ? C'est prohibé cette chose. Mais regardez, dans le vestiaire de Tchekov y avait ça.

Il tenait à la main une belle bouteille et je soupirais.

Waouh ! lança Jim tandis que je secouais la tête.

Bah oui, reprit Bones. Je pensais que lui c'était forcément la Vodka.

C'est clair, répondit mon frère alors que Bones donnait trois verres et que je refusais poliment.

Je voulais une boisson, mais pas n'importe laquelle pour vos anniversaires.

Je soupirais et détournais la tête.

Oh… C'est après-demain, souffla Jim. Tu sais qu'on ne s'attache pas à cela.

Je sais, répondit Bones et je le regardais de nouveau. Et je sais que vous ne le fêtez pas à la date prévue vu que c'est aussi le jour où vos vieux ont mordu la poussière. D'où ma délicatesse.

Ils ne vous apprennent pas à faire preuve de tact en fac de médecine ? demanda en rigolant Jim tandis que je souriais. Ça doit faire partit de ton charme.

Bones était le seul dont ce genre de commentaire ne sonnait pas comme une insulte.

On trinqua à la mémoire de nos parents et de Christopher Pike, et mes yeux se perdirent à nouveau dans le flou tandis que les deux autres s'extasiaient sur l'alcool de Tchekov.

On a un an de plus, souffla soudainement Jim et je hochais la tête.

Oui, c'est le principe du jeu, répondit Bones.

Un de plus que ce qu'il avait à sa mort, murmura Jim et mon sourire se fana sur mes lèvres. Il s'est engagé dans Starfleet par conviction, moi sur un défi.

Je posais une main douce sur le bras de mon frère, et il serra mes doigts. Je connaissais le défi interne qui le dévorait, mais je ne souhaitais pas en parler de moi-même. C'était à lui de l'exprimer le premier.

Tu t'es engagé avant tout pour lui emboîter le pas, rectifia Bones. Et oui. Tu as passé tout ce temps à essayer d'être George Kirk et tu te demandes aujourd'hui à quoi cela ressemble d'être Jim. Et ce que tu fais ici. Tout comme Anastasia tente de remplacer à la fois son père, sa mère et son frère.

Je cillais, détournant de nouveau le regard, incapable de soutenir celui de Bones.

Cela fait des années que je vous vois vous débattre dans vos émotions, continua-t-il. A vous préoccuper d'abord de ce que pense les autres au vu de votre nom plutôt que de vous concentrer sur vous-même. Jim, tu es Capitaine et tu le reste par la simple volonté de ressembler à ce que ton père était au moment de sa mort. Et Anna reste coincée dans le rôle d'Officier-En-Tiers parce qu'elle a peur de ne pas être à la hauteur de la réputation de son père en tant que Capitaine. Et tous les deux, vous vous empêchez de vivre pour cela. George Kirk, Ryan et Sansa Robau étaient des héros dans leur époque. Vous êtes les mêmes dans la nôtre. Et c'est cela qui te pousse à te poser toutes ces questions à présent. Tout comme ta sœur.

Je ne répondis rien, mais je ne pu lui donner tort. Bones leva son verre et j'en fis de même.

A une bonne vue de loin, lança Bones. Et une bonne tignasse.

Le liquide alcoolisé glissa dans ma gorge et me brûla la trachée. Au moment même où le téléphone de Jim sonna.

J'écoute, fit mon frère.

Capitaine ? fit la voix de Sulu. On approche de la base de Yorktown.

Très bien, répondit Jim. J'arrive Mr Sulu.

Il raccrocha et je me levais pour le suivre alors qu'il se tournait vers Bones.

On n'ébruite pas cette affaire d'anniversaire, lança Jim.

Oh, vous me connaissez, clama Bones. Monsieur délicatesse !

Mon sourire se dessina sur mes lèvres devant sa réponse et je suivis Jim et Bones en direction de la passerelle.

Quand la porte s'ouvrit, tout le monde regardait dehors avec des yeux émerveillés. En voyant Yorktown se dessiner, je ne pu que comprendre même si pour moi, cela n'avait rien de fantastique.

Wahou, lança Tchekov. C'est impressionnant !

Ouai ! répondit Scotty qui s'y trouvait également. Une sacrée beauté hein ?

Je fis une grimace, me sentant loin de ressentir de l'admiration pour cette chose volante.

Regardez cette monstruosité ! clama Bones, visiblement du même avis que moi. On n'aurait pas pu louer un emplacement sur une planète ?

Tout favoritisme géographique envers un monde de la Fédération aurait été diplomatiquement hasardeux, récita Spock.

Et ce n'est pas hasardeux ça ? demanda Bones. On dirait une boule à neige de l'espace à deux doigts de pêter !

Il y eu un gros silence, et tout le monde se tourna vers Bones, choqués. A voir les airs de Tchekov et Scotty, on aurait dit que Bones venait de les insulter personnellement.

Toujours aussi positif Bones, répondit Jim et je toussotais une seconde fois pour cacher mon rire.

C'est vrai que ça reste hasardeux, intervins-je et Tchekov, admiratif, m'envoya un regard incompréhensif. Ben quoi… Ce truc explose, on ne comprendra pas notre malheur !

Tu côtoie bien trop Bones toi, lança Sulu.

Haussant les épaules, je regardais la station se rapprocher. Echangeant des commentaires avec Bones sur l'improbabilité de la situation, on fut viré de la passerelle par Jim devant les regards mauvais de nos coéquipiers.

Plissant le nez, j'obéis quand Jim nous demanda de nous préparer à descendre. De préparer un sac pour quelques jours de repos dans l'un des hôtels de la station.

Dormir me semblait être une excellente occupation à venir.

Y a même pas la mer dans ce truc ! clama Bones quand je le rejoignis à la sortie de l'Enterprise.

Tu n'aimes pas la mer, lui fis-je remarquer. Dois-je te rappeler la dernière fois qu'on t'y a emmené ?

Certes, mais au moins, c'est naturel ! Ici, même l'air est artificiel ! Pourquoi me suis-je engagé dans Starfleet moi…

Ça fait des années maintenant que tu te poses la question ! Si tu n'as toujours pas la réponse, faudrait commencer à s'inquiéter !

Ne fait jamais psychologue toi, râla Bones.

Roh pourquoi ? demandais-je, moqueuse. C'était au programme après tout ça… Je pensais même…

Ben laisse tomber l'idée, elle n'est pas bonne, grommela Bones, et je me mis à ricaner.

L'air artificiel de la station nous heurta quand on parvint dehors, et je grimaçais. En levant les yeux au ciel, j'eu un vertige.

Par je ne savais quel miracle, j'avais l'impression de regarder dans un miroir. Je ne savais expliquer la chose, mais cela me donnait une vague sensation d'insécurité.

Ça ne me plait pas, siffla Bones. On repart quand en mission ?

Dans deux ou trois jours, répondis-je et je souris tout en tendant ma carte professionnelle à un agent de la sécurité qui la scanna et hocha la tête en me laissant passer.

Moque-toi donc, ironisa Bones. Je vois très bien que je ne suis pas le seul à être mal à l'aise.

Soit, confirmais-je en voyant Sulu quelques mètres plus loin rejoindre son mari et sa fille. Après, si ça fait du bien à l'équipage…

Pas à tout le monde visiblement, répondit Bones et je le regardais, surprise.

Il fixait droit devant nous, et je suivis son regard. Mes yeux tombèrent sur Spock et Nyota qui discutaient. Et apparemment, ce n'était pas agréable.

Je regardais Nyota s'éloigner et on se planta devant Spock.

Hum, lança Bones. Vous êtes plus ensemble ? Vous avez déconné ?

Raisonnement réducteur par excellence Docteur, répondit sobrement Spock.

Voyez-vous Spock, expliqua Bones. Quand une terrienne dit « c'est moi, ce n'est pas toi », c'est que c'est vous.

Je partis dans un éclat de rire en voyant la tête de Spock, avant de suivre Bones en direction de l'hôtel réquisitionné pour le personnel de l'U.S.S Enterprise.

Anna, lança soudainement une voix derrière nous, et on pivota sur nos talons pour découvrir Scotty et Carol.

Je vous laisse, fit Bones en me lançant un regard appuyé. Je devrais réussir à trouver ma chambre dans ce bordel. A plus tard.

Hochant la tête, je laissais Scotty et Carol me rejoindre. Si j'étais très réservée sur la base, eux semblaient être émerveillé par les environs.

Je ne vous interrompais pas ? demanda Scotty, inquiet, et je secouais la tête.

Interrompre Bones ? Voyons, ce n'est pas possible, ironisais-je et il sourit.

Récupérez vos clefs avant la nuit ! lança Jim à cet instant en passant à côté de nous. Ou vous coucherez dehors !

Lui emboîtant le pas, je lançais un regard maussade en direction de l'Enterprise.

Ne fait donc pas cette tête, clama Jim et je grimaçais. On ne reste pas longtemps ici.

C'est déjà trop, répondis-je. Que mon oxygène dépende d'une ventilation ne me rassure pas.

Faut vraiment que tu arrêtes de côtoyer aussi longtemps Bones, lâcha mon frère et les deux autres rigolèrent.

On parvint au hall principal de l'hôtel et on rejoignit les autres. On était appelé par ordre alphabétique visiblement. Et par grades dans les étages aussi.

Quand ils passèrent au rang des officiers, je me mis à écouter.

KIRK Jim, chambre 401.

MARCUS Carol, chambre 402.

McCOY Léonard, chambre 403.

MONTGOMMERY Scott, chambre 404.

ROBAU Anastasia, chambre 405.

SPOCK, chambre 406.

SULU Hikaru, chambre 407.

TCHEKOV Pavel, chambre 408.

UHURA Nyota, chambre 409.

Récupérant mes clefs en silence, je suivis le reste de mes collègues en direction de ma chambre. Comme nous étions tous au même étage, ce fut dans un beau bordel qu'on gagnait nos quartiers.

Gagnant la chambre 405, je m'apprêtais à rentrer à l'intérieur quand une main me retint le bras.

Surprise, je pivotais sur mes talons et me retrouvais face à Scotty. Un bref regard autour de nous me permit de constater que les autres ne nous accordait pas la moindre attention.

Tchekov et Bones charriaient Sulu qui ne dormirait pas dans sa chambre ce soir, et Nyota regardait tristement Spock qui parlait à Jim. Je plissais deux secondes les yeux en voyant le regard de Carol s'attarder sur mon frère, tout aussi nostalgique que celui de Nyota.

Tu as quelque chose de prévu ce soir ? demanda Scotty et je secouais doucement la tête à la négative.

Non, répondis-je finalement. Pour le moment ce n'est pas le cas.

Si je t'invite au restaurant, ai-je le droit d'espérer une réponse positive ? questionna-t-il et je fus surprise de l'initiative.

Je savais que tout le monde au sein de l'Enterprise, voir même au sein de Starfleet, était au courant de ses sentiments pour moi, il ne s'en cachait pas. Mais jusqu'à présent, il s'était toujours montré très discret sur ça quand nous étions ensemble en public.

Oui, répondis-je doucement. Avec plaisir.

Aussitôt, le soulagement se peignit sur ses traits.

Rendez-vous à 19h en bas alors, répondit-il et je hochais la tête.

Ses doigts caressèrent subtilement ma joue avant qu'il ne rejoigne sa chambre. Je le vis croiser le regard de Jim et se raidir. Mais mon frère hocha subtilement la tête et Scotty se détendit.

Mes yeux finirent par croiser ceux de Jim qui me sourit, et d'un signe léger de la tête, je lui indiquais Carol qui avait fini par reprendre ses esprits et entrait dans sa chambre. Puis j'en fis de même.

oOoOo

Je ne m'étais pas habillée pour un rendez-vous de ce type-là depuis un très long moment, si tant est si bien que je fus obligée d'appeler Nyota et Carol à la rescousse. Appel auquel mes amies avaient répondu avec joie.

Et il fallait dire qu'elles avaient du goût. Mon reflet était loin de la femme sérieuse et réservée habituelle.

Je portais une robe noire courte, des escarpins fermés et un léger gilet. Carol avait mis en valeur mes longues boucles blondes et le maquillage prononcé éclairait mon visage sans pour autant me dénaturaliser. Autrement dit, je n'étais pas trop apprêtée, et cela m'allait parfaitement.

Tu es magnifique, lança Nyota, assise sur mon lit.

Merci, répondis-je doucement en attrapant mon sac. Tu devrais essayer de parler avec Spock… Je suis sûre que votre histoire peut fonctionner.

J'allais le faire, répondit mon amie en se levant. Mais il y avait plus urgent.

Je souris distraitement et me tournais vers Carol qui me sourit légèrement mais dont le visage était attristé.

Mon frère ne se rendra pas compte de tes sentiments pour lui, lui lançais-je. Sois plus claire. Je ne pense pas que tu lui sois indifférente. Mais il ne fera jamais rien si tu ne te montre pas plus expressive.

Lui adressant un dernier sourire, je pris l'ascenseur pour descendre dans le hall d'entrée.

A l'intérieur de l'ascenseur qui descendait, je sentis mon appréhension grandir. Elle était loin ma jeunesse où je savais jouer de mes atouts féminins sans la moindre gêne.

Avec Gabriel Lorca, la relation avait été bien différente. Nous avions forcément vécu des moments seuls à deux, mais si nous nous aimions sincèrement, l'interdit et le fait de toujours devoir surveiller nos arrières avaient rendus les choses bien plus compliquées.

Avec Scotty, les choses se passaient autrement, et je sentais très bien la place qu'il prenait dans ma vie. J'avais un temps tenté de lutter contre, mais ma « mort » transitoire et tous les évènements qui l'avaient suivies m'avaient un peu forcée à ouvrir les yeux.

J'étais toujours morte de peur à l'idée de le perdre de quelque manière que ce soit, mais mon cerveau avait intégré l'idée que cela ne servirait à rien de le garder à distance.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le hall, et je le repérais immédiatement. Il discutait avec Tchekov et une jeune femme à la peau verte. La vision de cette dernière me rappela immédiatement Gaïa. Elle lui ressemblait tellement.

M'approchant d'eux, je remarquais à peine que Scotty se tournait vers moi, pas plus que j'entendis Tchekov me saluer.

La jeune femme se tourna vers moi, et nos regards se heurtèrent. Il n'y avait pas seulement quelque chose de Gaïa en elle. Elle lui ressemblait énormément.

Mais Gaïa n'avait pas de famille.

Commandeur, me salua-t-elle en inclinant la tête. Je suis Naïa.

Anastasia, répondis-je par automatisme.

Mais nos yeux ne se détachèrent pas. Et elle finit par répondre à mon interrogation muette.

Je suis sa sœur, annonça-t-elle et tout mon sang se glaça dans mes veines.

C'est impossible, murmurais-je. Elle nous avait dit n'avoir aucune famille. Et personne n'est monté récupérer son drapeau à la cérémonie d'hommage.

Mes parents m'en ont empêchée, expliqua Naïa, la voix douloureuse. Après cette cérémonie, je me suis échappée de chez moi et j'ai intégré Starfleet.

Elle ne nous a jamais parlé de vous, repris-je, peinant à accepter la nouvelle.

Quand elle a intégré Starfleet, elle a été reniée de la famille, fit l'autre. Suite à ça, elle a cru que je partageais les mêmes idées que nos parents. C'est peut-être la raison pour laquelle elle n'a jamais parlé de moi.

N'ayant pas d'autres arguments, je pris une grande inspiration avant de me tourner vers Scotty dont le regard passait de Naïa à moi simultanément.

On y va ? demandais-je, souhaitant quitter cette ambiance rendue lourde.

Oui, répondit-il et on salua Tchekov avant de s'orienter vers le restaurant. Ça va ?

C'est la sœur de Gaïa, expliquais-je, les pensées encore tournées vers mon amie décédée. L'une de nos meilleures amies avec Nyota. Elle est morte dans l'U.S.S Antarès lors de l'attaque de Nero. Tout comme Adrian et Héléna.

Scotty ne répondit rien, et on s'installa à table. Tentant de mettre de côté les dernières nouvelles, je n'y parvins visiblement pas vraiment car Scotty m'adressa un regard inquiet.

Tu veux qu'on sorte ? me demanda-t-il en touchant brièvement ma main sur la table.

Non, répondis-je en reprenant le contrôle sur mes émotions tandis que mes pensées divaguaient sur le contact de sa peau sur la mienne. Gaïa appartient à mon passé. Et quoi que je fasse, je ne changerais pas ce passé. En revanche, je ne souhaite pas gâcher la soirée.

Il m'examina du regard, mais sembla trouver quelque chose de rassurant car son visage se détendit un peu.

Acceptant un verre de vin, la soirée se déroula correctement, et je constatais cela presque avec surprise. C'était différent de mes « sorties » à l'époque où j'étais avec Gabriel Lorca. Avec ce dernier, nos sorties étaient toujours faites dans des endroits où personne ne pourrait nous reconnaître. Notre relation était sur une autre dimension également. On s'aimait très sincèrement, mais nous nous voyons peu en privé. Il était Capitaine, j'étais en formation. Notre relation pouvait briser nos carrières à tous les deux.

Ici, avec Scotty, c'était différent. Déjà, je n'avais pas à surveiller tout autour de moi au cas où quelqu'un nous reconnaîtrait. En conséquent, je n'étais pas sur mes gardes et il était plus simple pour moi de discuter et de sourire. Scotty, contrairement à Gabriel, avait également un tempérament blagueur et avait la discussion facile, ce qui rendait les choses plus simples malgré ma difficulté à me laisser vraiment aller.

On finit par quitter le restaurant tardivement, et Scotty m'empêcha de payer ma note. Au-dehors, l'air paraissait pur et ressemblait considérablement à l'air de la Terre. Sauf que nous n'étions pas sur Terre, et cela me perturbais considérablement.

Je ne dirais pas que cela fait du bien d'avoir un peu les pieds sur Terre… mais ça donne quand même un peu cet effet, constata Scotty et je ne pu m'empêcher de sourire.

Je déteste ce genre d'endroits, avouais-je. Ça n'a rien de naturel. Et comme le dit si bien Bones, on est en vie grâce à de l'air conditionné !

Scotty m'adressa un regard à la fois surprit et amusé.

Tu le côtoie un peu trop, se moqua-t-il et je levais un sourcil. Il déteint sur toi.

Tu ne l'entends pas râler à longueur de journée, répondis-je dans un sourire. En permanence. Non-stop.

Notre discussion dévia sur tout et rien tandis que l'on se baladait dans les rues, tout le monde était de sortit et il était aisé de reconnaître le personnel de l'Enterprise. Le visage soit émerveillé, soit blasé. Et dans tous les cas, fatigué.

Je perçus l'hésitation de Scotty quelques secondes avant qu'il ne se décide à attraper ma main dans la sienne. Le laissant faire avec un sourire, je dû reconnaître que la base avait des côtés sympathiques. Maintenant que la nuit était tombée, cela paraissait quelque peu plus naturel.

Je ne connais rien ici, avoua Scotty alors qu'on se retrouvait dans un parc où d'autres personnes se trouvaient aussi.

Je crois que tu n'es pas le seul, ironisais-je en indiquant Nyota et Spock qui discutaient, ou se disputaient, quelques mètres plus loin.

Ça ne s'arrange pas entre eux…, constata Scotty qui avait suivis mon regard.

En plus d'être officier en second, Spock est aussi à demi-vulcain et a été élevé là-bas, répondis-je. Difficile de surmonter cela…

Quand on veut quelque chose… ou quelqu'un…, murmura Scotty et je tournais les yeux vers lui. Ça n'a pas vraiment d'importance.

Mon sourire se fana, et il le perçu. Un peu perturbée, je m'approchais de la fontaine face à nous, et je plongeais les yeux dans l'eau qui y ruisselait.

Qu'est-ce qui se passe ? me demanda-t-il en me forçant à lui faire face.

Je ne…, commençais-je avant de m'interrompre. Rien. Tout va bien. Désolée…

Je vois bien que quelque chose ne va pas, murmura-t-il en repoussant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

Je frémis et relevais les yeux, les plongeant dans les siens.

Ils étaient si bleus. Ce fut la seule chose que je constatais avant qu'il ne pose ses lèvres sur les miennes.

Ses lèvres étaient aussi douces que la dernière fois qu'il m'avait embrassée, et je ne pu que répondre à son baiser.

Il m'attira contre lui, et malgré moi, j'attrapais le col de sa veste entre mes doigts, le plaquant d'autant plus contre moi.

Sa main sur mes reins, et celle sur ma nuque, je les sentais me brûler. Son corps contre le mien, ses lèvres sur les miennes, je savais exactement quelles parties de nos corps étaient en contact.

J'en voulais bien plus.

Ce fut lui qui nous stoppa, ayant réussis à garder le contrôle que j'avais été sur le point de perdre. Mais à voir son regard, il était clair que je n'étais pas à la seule à avoir eu envie de bien plus.

Désolée, soufflais-je, en sentant pour la première fois depuis longtemps mes joues se colorer. Je crois qu'il vaut mieux qu'on rentre. Je dois me lever tôt demain, j'ai une réunion. Si je ne veux pas m'endormir…

Pas de problème, me répondit Scotty, sa respiration aussi heurtée que la mienne. Allons-y.

Il ne tenta pas de reprendre ma main sur le chemin du retour, et je lui en fus reconnaissante.

Malgré la fraicheur de la soirée, j'avais chaud. Très chaud.

Malgré moi, ma réaction m'amusait. Depuis combien de temps n'avais-je pas ressentis cela ?

Professionnalisme obligeant, on parvint rapidement, l'un comme l'autre, à nous reprendre avant d'arriver à l'hôtel. Si tant est si bien que personne n'aurait rien deviné en nous voyant arriver au niveau des ascenseurs.

A l'intérieur, je jetais un regard à mon téléphone, programmant un réveil.

Je grimaçais en voyant « 5h avant sonnerie » s'afficher sur mon écran.

C'est désespérant, soufflais-je et mon coéquipier se moqua gentiment de moi, comme si de rien n'était.

La porte s'ouvrit sur notre étage, et je m'arrêtais devant la porte de ma chambre.

Mon malaise revint au galop à cet instant précis. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Je ne savais pas quel comportement adopter.

Merci pour la soirée, lâchais-je finalement en sortant ma carte de chambre. J'ai beaucoup apprécié.

Content que cela t'ai plu, répondit-il encore une fois avec un sourire. Bon courage pour ta réunion de demain.

Souriant distraitement, je hochais la tête.

Merci, répondis-je vaguement. Passe une bonne nuit.

Toi aussi, lança-t-il.

Posant une main sur la poignée de ma porte déverrouillée, je m'apprêtais à rentrer dans ma chambre quand nos regards se croisèrent.

Je ne sus pas ce qui me poussa à avancer d'un pas vers lui. Ni ce qui me permit de passer au-dessus de mes peurs. Mais je finis par l'embrasser de moi-même.

Sa surprise se ressentit seulement deux secondes avant que ses bras ne m'enlacent doucement. Très rapidement, il perçu le fait que je ne savais pas quoi faire et ce fut avec soulagement que je le sentis reprendre le contrôle de la situation.

Malgré mes appréhensions et mes réticences, je ne luttais pas cette fois-ci contre mes sentiments.

Il me poussa à l'intérieur de la chambre, et la porte se referma derrière nous. Et cette fois-ci, n'ayant plus à me préoccuper de ce que pourrait penser les gens autour de nous, je ne cherchais plus à me contrôler.

Je sentis ses doigts attraper le haut de la fermeture éclair de ma robe, et des frissons se mirent à parcourir mon dos.

Inconsciemment, j'attrapais de nouveau le col de sa veste, mais contrairement à tout à l'heure, je ne m'en servais pas pour le rapprocher, même si tout mon corps le réclamait. Comprenant ce que je cherchais à faire, il la retira lui-même avant de me retirer ma robe.

Ses doigts sur ma peau me firent un instant perdre pied avec la réalité, tout comme ses lèvres sur ma gorge. Pendant quelques secondes, je sentis l'hésitation réapparaitre.

Pas parce que je n'en n'avais pas envie. Et pas non plus pour toutes les raisons qui m'avaient poussées à le repousser jusqu'à présent. A la vérité, mon hésitation venait du fait que, pour la première fois, j'avais peur de ne pas être à la hauteur.

Arrête de réfléchir, se moqua-t-il, avant de reposer ses lèvres sur les miennes.

Son baiser se fit bien plus entreprenant que les précédents, et il eut le mérite de me reconcentrer sur la situation présente.

Mes doigts parvinrent aisément à déboutonner sa chemise et à la lui ôter. Et une nouvelle fois, sa peau contre la mienne me donna l'impression de me brûler. Comme chacune de ses caresses à vrai dire.

Heurtant le lit derrière moi, je le sentis me pousser en arrière et je l'entraînais avec moi. Ses lèvres se remirent à m'embrasser, et la dernière chose à laquelle je pensais avant de définitivement baisser mes gardes, ce fut que j'aurais beaucoup de mal à me lever le lendemain matin.