Chapitre 23

« Tu ne sais jamais à quel point tu es fort, jusqu'au jour où être fort reste la seule option »

Allongée dans mon lit, je n'encaissais pas les cauchemars comme à mon habitude. Pour la première fois depuis longtemps, je dormais tranquillement. Raison pour laquelle je sursautais violemment quand mon réveil sonna.

Clignant des yeux en grimaçant, je constatais rapidement que ce n'était pas mon réveil qui sonnait, mais la sonnerie de mon téléphone.

Me redressant rapidement en gardant la couverture plaquée contre mon corps, j'attrapais mon portable et décrochais.

Officier-En-Tiers Robau, répondis-je immédiatement.

Anna ? lança Jim. Rejoins-moi en salle de réunion tout de suite.

J'arrive, répondis-je en raccrochant alors qu'à ma droite, Scotty bougeait légèrement, ouvrant des yeux toujours endormis.

Il est quelle heure ? murmura-t-il.

4h du matin, répondis-je en me levant, couverte d'un drap avant de me dépêcher de rejoindre la salle de bain pour prendre une douche, m'habiller, me coiffer et me maquiller. Rendors-toi.

Ressortant de là en un temps record, j'enfilais rapidement mes bottes et une veste.

Scotty n'était pas sorti du lit, mais il s'était redressé et avait allumé la lumière. J'espérais en voyant sa tête que je n'avais pas la même fatigue dessinée sur mes traits.

Au souvenir de la « soirée » que nous avions passé, je me sentis légèrement rougir.

Rendors-toi, répétais-je en attrapant mon téléphone et ma carte.

Je me penchais pour attraper mon badge, et il me retint par le bras pour m'embrasser.

Scotty, murmurais-je, en essayant de ne pas penser au fait que si j'étais présentement habillée, c'était loin d'être son cas. Il faut vraiment que j'y aille. Si tu continues, il est certain que la convocation passera loin au-dessus de mes pensées, mais j'aurais de graves ennuis.

Je le sentis sourire sous mes lèvres, et il me relâcha. Je remerciais l'urgence de la situation de me permettre d'échapper à un moment qui aurait été considérablement gênant autrement.

J'avais passé un moment au-delà de mes espérances avec lui, mais mes appréhensions revenaient à présent au galop. Nous avions franchi une limite cette nuit.

Jim, lançais-je en atteignant la salle de réunion où se trouvait mon frère. Que se passe-t-il ?

A cet instant, je constatais que la Commodore Paris se trouvait sur place, et j'inclinais la tête en signe de respect.

Elle envoya un enregistrement sur l'écran.

Nous étions en mission scientifique dans la nébuleuse, expliqua une extraterrestre. Notre vaisseau a subi une grave avarie. J'ai fui dans une navette. Notre vaisseau a atterri en catastrophe sur une planète proche. Nous avons besoin d'un vaisseau capable de naviguer dans la nébuleuse… Il y a bien quelqu'un ici qui peut nous aider.

L'écran s'éteignit et un plan en 3D de son vaisseau apparu sous nos yeux.

Son vaisseau est échoué dans une nébuleuse inexplorée, nous expliqua la Commodore. Ici, à 2-1-0, point 14.

Scans longue portée ? demanda mon frère.

Aucune donnée. La nébuleuse est trop dense, elle est inexplorée.

L'Enterprise a le meilleur système de navigation de la flotte, reprit Jim. Il peut s'y risquer.

Notre seul vaisseau plus performant est encore en construction, expliqua la Commodore. Quant au Voyager, spécialisé dans la recherche, il est à des années lumières d'ici. Mais je n'envoie pas seulement le vaisseau.

Je réunis l'équipage, confirma Jim et je m'apprêtais à le suivre.

On s'orienta vers la porte.

Capitaine ? appela-t-elle. Officier en Tiers ? On m'a transmis votre candidature au poste de vice-amiral à tous les deux. Ici même sur la base pour vous Kirk, et sur Terre, en ce qui vous concerne Robau.

Oui Madame, répondit Jim et je frémis, détournant les yeux. Permettez-moi de recommander le commandant Spock pour me remplacer sur l'Enterprise. Ses qualités exemplaires en feraient un excellent capitaine.

Et l'officier Sulu pour prendre mon poste, ajoutais-je.

Ce n'est pas rare, vous savez, reprit-elle, et je la fixais. Même à un Capitaine, ou à son Tiers, de vouloir se retirer. On n'a aucun repère dans l'immensité de l'espace. On n'a que soi-même, son vaisseau et son équipage. On peut très facilement s'égarer. J'en parlerai au conseil. Nous verrons ça à votre retour.

Jim voulu répondre, mais je posais une main sur son bras. La conversation était close.

Je touchais la poignée au moment où elle se tourna vers moi.

Vos décisions ne nécessitent pas toujours d'être prises seules, me clama-t-elle. Ne l'oubliez pas.

Je ne répondis rien, suivant mon frère dehors, un peu perturbée par tout cela.

J'avais effectivement soumis une demande lors de nos longues semaines dans l'espace. A un moment où mon moral n'était pas au plus beau fixe.

Avoir des responsabilités aussi importantes, ne pas pouvoir voir les personnes que l'on aime aussi souvent qu'on le souhaiterait. J'avais très peu croisé Scotty pendant ces trois années à bord du vaisseau. Et trois années, c'était très long.

Il faudra en discuter avec l'équipage une fois revenu de mission, lâcha Jim alors qu'on rejoignait Spock qui arrivait, un peu plus loin. Leur expliquer… Pourquoi nous les quittons…

J'ai passé la nuit avec Scotty, fis-je à mon frère qui m'adressa un grand sourire. Pour la première fois depuis… très longtemps… je me sentais à ma place. Là où je voulais être. Et pourtant, je suis de nouveau perdue maintenant…

Scotty et toi êtes faits pour être ensemble, me répondit Jim. Je n'ai jamais rien vu d'aussi évident…

Ma décision…, commençais-je.

Entraînera la sienne, je le sais, continua Jim. Je le sais. L'Enterprise a été et restera une magnifique partie de notre vie. Mais comme pour toutes les aventures, elle touche probablement à sa fin. Nous avons sans doute fait notre temps dans l'espace, désormais, peut-être est-ce le temps de céder notre place à d'autres…

Je ne répondis rien puisque Spock nous avait rejoint. Lui semblait carrément avoir fait nuit blanche.

Nous avons récupéré une extraterrestre, expliqua Jim en lui tendant un écran où je vis se dessiner le visage de ladite personne. Selon elle, son équipage et son bâtiment se sont échoués dans une nébuleuse. Ils ont besoin d'aide. Nous avons été désignés pour ce faire.

Une nébuleuse ? répéta Spock, surpris. C'est dangereux… Que faisaient-il là-dedans ?

Je ne sais pas, avoua Jim et il leva un sourcil. Mais nous ne pouvons pas abandonner un équipage en détresse. Je viens de donner l'ordre à l'équipage de se réunir.

Vous avez conscience qu'il s'agit d'une mission périlleuse ? demanda-t-il lentement. Nous n'avons pas la moindre idée de ce qui se trouve là-dedans. Et si leur bâtiment n'a pas tenu le choc, qui dit que le nôtre le tiendra ?

Nous avons le vaisseau qui a le système de navigation le plus performant, expliqua Jim et Spock hocha la tête. Si un bâtiment peut leur venir en aide, c'est bien le nôtre.

On se dirigea tous les trois vers l'Enterprise et on pénétra dans l'ascenseur.

Un lourd silence s'abattit dans la cabine. Visiblement, Spock semblait également avoir quelque chose à dire.

J'aimerais…, commença Spock.

Peut-être…, fit Jim au même moment et je soupirais. Je vous en prie.

Après vous, contra Spock. J'insiste.

Après cette mission, il faudra qu'on se voie, lança Jim et je laissais mon regard divaguer sur les étages qui défilaient. Pour discuter.

J'ai moi aussi à vous parler, confirma Spock.

Le silence retomba dans la structure, et il fut évident que des changements semblaient se profiler à l'horizon.

On forme une bonne équipe, non ? demanda Jim en nous regardant.

Il me semble, répondit Spock, un peu surpris alors que nous parvenions sur la passerelle.

Là-bas, c'était le branle-bas de combat, et à voir les têtes fatiguées autour de moi, j'en déduisis que je n'étais pas la seule à m'être « couchée » tard.

On part où ? demanda Bones de très mauvaise humeur en nous rejoignant. Quelle idée de nous faire partir en pleine nuit ?

Nous partons secourir un équipage en détresse, expliqua Jim mais Bones était très occupé à grommeler dans sa barbe et je ne pu m'empêcher de sourire. Tout le monde est déjà à bord ?

Il faut dire que personne n'a eu vraiment le temps de débarquer hein, riposta Bones. Même les vérifications de base du vaisseau n'ont pas à être faites… Soyons positifs, dans deux heures, nous sommes de retour.

Il faut l'espérer, murmurais-je en les suivant sur la passerelle.

Et ladite passerelle était bondée. Bien plus qu'à son habitude.

La créature venue quémander notre aide se tenait entourée de plusieurs membres de l'équipage qui l'interrogeaient bien trop vite pour que son traducteur vocal ai le temps de remplir sa mission. A son air perdu, elle ne passait pas un bon quart d'heure.

Le tout sous le regard perplexe et blasé de Nyota, Scotty, Sulu et Chekov.

A vos postes, ordonnais-je. Laissez-la tranquille, je doute qu'elle ait comprit la moindre question que vous lui avez posé.

Où allons-nous ? me demanda un homme.

Je vais l'annoncer dès que nous quitterons la station, clama Jim. Regagnez vos postes s'il-vous-plaît.

Mon regard croisa brièvement celui de Scotty, et je fus un instant projetée quelques heures plus tôt. Comme j'aurais aimé pouvoir un peu profiter des choses et ne pas être rappelée à mon devoir.

Un devoir parfois bien lourd.

Jim me sortit de mes pensées en accostant Scotty avec un léger sourire.

Le vaisseau est prêt à partir Scotty ? demanda-t-il.

Il est opérationnel, confirma ce dernier en levant un sourcil, avant de partir rejoindre la salle des machines.

Carol me salua en baillant et je souris. Tout le monde était épuisé. Personne n'avait eu le temps de se reposer vraiment.

Lieutenant Uhura, ouvrez les communications, demande Jim.

Oui Capitaine, obtempéra Nyota.

A l'équipage de l'Enterprise, lança Jim. Notre mission est simple, secourir un équipage échoué sur une planète dans un secteur inconnu. Notre trajectoire nous conduira à traverser une nébuleuse instable, ce qui nous privera de tous moyen de communication avec Starfleet. Nous serons livrés à nous-mêmes. L'Enterprise a un atout que les autres vaisseaux de la flotte n'ont pas : vous. Et comme nous l'avons appris, l'inconnu n'est qu'une chose provisoirement cachée, attendant d'être découverte. Terminé.

En temps normal, j'aurais sans doute trouvé quelque chose à dire pour me moquer de mon frère, mais nous étions entrés dans la nébuleuse et une angoisse me prenait à la gorge.

Nous avions l'impression de nous trouver à l'intérieur d'un orage. Tout était rouge et orange autour de nous, les éclairs traversaient l'espace devant nous.

Les relevés indiquent une densité nuageuse en baisse Monsieur, lança Chekov, ce qui indiquait que nous nous apprêtions à quitter la nébuleuse.

Devant nous, une planète se dessina au loin et j'eus l'impression de me retrouver face à la Terre.

Mon vaisseau est échoué ici, lança l'extraterrestre en nous regardant.

On approche, fit Spock. Planète de classe M Capitaine. Infrastructure souterraine abondante, mais je ne détecte pas, ou peu, de forme de vie en surface.

Alerte de proximité, intervint Chekov alors qu'une petite alarme se mettait en route. Vaisseau non identifié venant sur nous.

Contactez-les Lieutenant Uhura, ordonna Jim.

Oui Capitaine !

Il y eu un grand silence, puis je Nyota se tourner vers nous, surprise et inquiète.

Aucune réponse, lança-t-elle. Je capte une sorte de signal… ils nous brouillent…

Une inquiétude me prit à la gorge et je m'avançais en même temps que Jim.

Agrandissez Mr Sulu, ordonna Jim et l'image zooma sur le vaisseau.

Qui n'en n'était pas un !

C'est quoi ça ? demanda Jim en se tournant vers nous.

Une multitude de vaisseaux, sifflais-je.

Alerte rouge ! cria Jim et tout le vaisseau s'enclencha en rouge avec les alarmes à fond. Boucliers !

A cet instant, les vaisseaux s'élancèrent sur nous à toute vitesse.

Feu à volonté ! cria Jim et le vaisseau envoya ses premiers tirs.

Qui ne firent absolument aucun effet, je le voyais d'ici.

Monsieur ! clama Chekov. Nos phaseurs n'ont qu'un minimum d'efficacité et nos torpilles n'arrivent pas à les suivre !

Faites feu avec tout ce qu'on a ! ordonna Jim.

Capitaine ! intervint Spock. Nous ne sommes pas équipés pour ce mode d'engagement !

Il faut faire demi-tour tout de suite ! clamais-je au même moment.

Et à cet instant, les premiers tirs nous touchèrent. Me rattrapant de justesse à un fauteuil, j'entendis les bruits d'explosion retentir, impuissante.

Ventilation des boucliers sans effet ! cria Chekov.

Défecteurs arrachés, renchérit Sulu. Boucliers inopérants !

En mode distorsion Mr Sulu ! ordonna finalement Jim.

A vos ordres !

Je le vis clairement abaisser la manette permettant au vaisseau de passer en distorsion, et je vis aussi clairement que rien ne se passait.

Pourquoi on ne se déplace pas ? demanda Jim, la voix tendue.

La distorsion ne répond pas Monsieur, lança Sulu tout aussi inquiet.

Scotty ! hurla Jim dans l'interphone et je me sentis pâlir. En distorsion ! D'urgence !

Si jamais il était là où ça avait explosé…

Négatif Monsieur, répondit-il, mais mon soulagement fut de courte durée. Les nacelles ont… elles sont plus là…

Je me figeais, voyant Jim se tourner vers moi. Sans nacelles, nous étions sans défense. Nous ne pouvions pas fuir. Il ne restait qu'une seule et unique chose à faire.

Toutes les procédures d'urgence enclenchées, ordonna Jim, le visage figé dans le masque de Capitaine qu'il se devait d'endosser. Activation du protocole 28 code 1 Alpha 0, ensemble du personnel au poste de combat.

Je savais ce qu'il me restait à faire, tout comme Spock quand ce dernier se leva de son fauteuil pour gagner l'ascenseur en compagnie de Bones.

Une telle procédure impliquait la séparation du Capitaine, de son Officier-en-Second et de son Officier-en-Tiers. Une consigne indispensable en cas de capture de l'équipage.

Il n'y eu pas d'adieux, je ne croisais d'ailleurs même pas le regard de mon frère. Attrapant une arme en quittant la pièce, je fus suivi de Carol.

La procédure impliquait également la séparation du corps médical afin de donner un maximum de chances aux blessées en cas de mort de l'un d'entre nous. Mon rôle était à présent de gagner les ponts supérieurs. Encore fallait-il que je les atteigne.

Le vaisseau subit une nouvelle salve d'explosion et je me rattrapais de justesse à la balustrade.

Je n'ai jamais tiré avec ce truc, lança Carol, qui gardait néanmoins un bon sang-froid.

Tu vise, tu tires, répondis-je en joignant le geste à la parole en voyant une créature se faufiler devant moi. Pas le temps de t'expliquer plus… Ils envahissent le vaisseau !

Pourquoi ne nous détruisent-ils pas simplement ? demanda Carol en tirant à son tour.

Ils veulent quelque chose, murmurais-je juste avant qu'un extraterrestre ne me heurte violemment.

Je volais sur plusieurs mètres et heurtais le mur opposé. Lâchant mon arme, j'eu à peine le temps de rouler sur moi-même pour éviter le tir suivant. Ne réfléchissant pas, je laissais mon entraînement de tueuse à la Section 31 prendre le relais.

Je tuais sans répit, veillant seulement à garder un œil sur Carol qui se débrouillait plutôt bien malgré son niveau débutant.

Qu'est-ce que c'est que ça… murmura-t-elle quand notre dernier opposant s'effondra sur le sol.

Elle indiquait un corps allongé sur le sol. M'approchant rapidement pour donner les premiers soins, je compris au premier regard que c'était trop tard. Mais je ne savais en revanche pas ce qui avait causé cet état.

La femme en face de moi était habillée d'une tenue de Starfleet, mais il m'était totalement impossible de la reconnaître. Elle ressemblait à un cadavre.

Je ne sais pas, murmurais-je en sortant ma tablette infirmière qui m'indiqua immédiatement qu'il n'y avait rien à faire pour elle. Je ne sais pas ce qui…

Mais je n'eus pas le temps de terminer ma phrase qu'une nouvelle vague d'assaillants nous tombaient dessus. Et une explosion au-dessus de nos têtes me fit comprendre qu'il était trop tard pour gagner le pont supérieur.

On descend à la salle des machines ! ordonnais-je à Carol qui me suivit immédiatement. Tire sans sommation !

Elle obéit avec un aplomb qui m'étonna moi-même. Elle qui disait ne pas savoir se débrouiller avec une telle arme arrivait à tuer les assaillants aussi aisément que moi.

Descendre à la salle des machines fut plus simple que de monter sur le pont supérieur, mais l'angoisse me prit à la gorge en voyant qu'elle était en bien pire état que le reste du vaisseau.

Il n'y avait plus de lumière ici, en-dehors des lumières rouges d'urgence. Tout l'équipage courait de partout, tentant de sauver le vaisseau tout en essayant d'éviter les tirs.

Où est Montgomery ? demandais-je à une femme que j'attrapais par le bras.

La dernière fois que je l'ai vu, il était en haut de l'escalier, me répondit-elle avant que je ne la pousse à terre pour lui éviter un tir.

Protège-les ! ordonnais-je à Carol en indiquant les ingénieurs qui tentaient de reprendre le contrôle sur le vaisseau. Je reviens !

Montant les escaliers à toute vitesse, je parvins en haut rapidement, mais ici aussi c'était le carnage.

Il y avait des corps de partout. Certains inconscients, d'autres morts. Anxieuse, je tirais dès que je voyais un assaillant apparaître.

Soudain, j'entendis sa voix quelques mètres devant moi. Il faisait face à l'une de ces créatures. Sans arme, il ne devait pas plus savoir se battre au corps à corps que Carol.

M'entendant arriver, la créature fit volte-face, et j'eu tout juste le temps de lui faire sauter son arme des mains. Mais elle ne se laissa pas faire et j'évitais son poing de justesse. Roulant au sol devant moi, je me plaçais devant Scotty.

Attention ! clama-t-il alors que la créature se lançait sur moi.

Pivotant violemment sur moi-même, je lui balançais mon pied dans le ventre et mon poignard traça une longue plaie sur sa gorge. Elle hoqueta, me regarda avec des yeux ronds, avant de s'écrouler au sol.

Il faut que je gagne la station des navettes, m'expliqua-t-il et je hochais la tête.

Vas-y, répondis-je en le suivant. Carol !

J'arrive, répondit-elle en me rejoignant.

Lancée mécaniquement, je tuais tout ce qui se dressait sur mon passage. Je ne sentais pas la peur ni la douleur, j'avais les vies de mes collègues à protéger et rien d'autre ne comptait.

Ni le fait que j'ignorais si Jim était encore en vie, ni si mes amis étaient encore de ce monde. Ni même comment on allait se sortir de là.

Soudain, l'une de ces créatures atterrit devant nous sans que je n'ai pu la voir arriver, et elle bouscula Carol, qu'elle envoya voler dans les airs et qui s'effondra, inconsciente. Evitant le prochain coup qui m'était destiné, je l'abattis à son tour. Mais Carol était toujours inconsciente, et si je la laissais, rien ne garantissait qu'elle survivrait.

Pour la première fois, j'étais déchirée entre mon devoir, et les sentiments que je portais à Scotty. Mais même si je savais que cela me déchirerait le cœur, je savais ce qu'il me restait à faire. Tout comme Scotty.

Je continue, fit Scotty et nos regards se croisèrent.

Fait attention, murmurais-je en lui tendant mon arme. On te rejoint… Au cas où…

Tu n'as plus rien pour vous défendre, souffla Scotty en attrapant mon bras pour me faire pivoter face à lui.

Moi je sais me battre, et je sais tuer, murmurais-je et il ferma brièvement les yeux avant de me serrer contre lui un bref instant.

On recula, et il embrassa légèrement mes lèvres.

Je t'aime, murmura-t-il. Ne me refait pas le même coup que pour Khan… s'il te plait…

Je t'aime aussi, répondis-je, laissant pour la première fois mes sentiments parler. Fait attention… Je t'en prie…

Il m'embrassa de nouveau, avant de se précipiter vers la salle des navettes. Restée seule en compagnie de Carol, je l'aidais à se redresser.

Ça va ? demandais-je et elle hocha la tête, un peu à l'ouest.

Ça va, répondit-elle. Mais j'ai mal au crâne. Comment est-ce qu'on est censés sortir de là ?

Je n'avais aucune réponse à lui donner, d'autant plus que je ne connaissais pas la situation à la passerelle.

Sulu aux commandes ! lança une voix dans l'interphone.

Le 4ème sur la chaîne de commandement prenait les rênes du vaisseau. Signe que nous étions dans une belle galère.

Soudain, le vaisseau fit une violente poussée en avant et je heurtais avec force le mur face à moi. Grimaçant, je compris que Scotty avait réussis à faire ce qu'il avait à faire. Mais serait-ce suffisant ?

J'eu ma réponse à cet instant précis.

Ce fut le bruit en premier qui m'alerta. Un bruit d'explosion de proximité. Puis ce fut la pression qui chuta d'un coup et mon oreille interne qui perdit pied.

Accrochez-vous ! hurlais-je à tous les membres d'équipage autour de moi, juste avant que tout n'explose.

La coque du vaisseau s'ouvrit sur toute la longueur, et l'espace se découvrit sous nos yeux. Horrifiée, je regardais mes collègues être emportés par l'apesanteur. Si je lâchais ma barre, j'y passais aussi.

L'air commençait à me manquer, et je me forçais à avancer, suivant Carol qui en faisait de même. Les défenses du vaisseau baissaient, bientôt nous n'aurions plus rien face à l'apesanteur. Nous mourrons tous d'asphyxie.

Parvenant à nous hisser temporairement en sécurité, j'appuyais sur l'interphone.

Brèche dans la coque, hurlais-je à bout de souffle et ma voix retentit dans tout le vaisseau.

Kirk à passerelle ! hurla en même temps Jim dans l'interphone qui retentit dans tout le vaisseau. Anna, tu vas bien ?

On s'en ait sortie de justesse, répondis-je, en peinant à récupérer ma respiration. Il ne reste rien ici.

Euh…, s'affola Chekov de l'autre côté. On perd nos amortisseurs inertiels Capitaine.

Ensemble des systèmes en panne Capitaine, renchérit Sulu et je me sentis pâlir. Les cloisons de secours sont en place, mais intégrité structurelle à 18% et en baisse !

Ils ont détruit la structure, rajoutais-je, à bout de souffle. On vole à l'aveugle !

Il y eu un court silence et tout l'équipage autour de moi me regarda avec effroi.

Abandonnez le vaisseau Mr Sulu, ordonna Jim et je me figeais.

Déclenchez l'alarme, répondit Sulu.

Cette dernière retentit immédiatement et je me redressais malgré mon épuisement.

Evacuation immédiate de l'ensemble du personnel, déclara une voix enregistrée dans l'interphone.

On doit donner aux capsules le temps de s'échapper, lança Jim, et j'eu un goût amer de « déjà-vu ». Vous pouvez éloigner ces vaisseaux ?

Les moteurs d'impulsion essaient de puiser dans la réserve de distorsion, répondit Sulu. Si on veut pouvoir bouger, il faut d'abord séparer la soucoupe.

Je vais régler ça, répondit Jim au moment où la conversation se coupa.

Gagnez les soucoupes, ordonnais-je à l'équipage autour de moi. Dépêchez-vous ! Carol, va avec eux !

Et toi ? demanda-t-elle en me voyant partir en sens inverse.

Je dois d'abord être sûre que chaque membre de l'équipage a bien évacué, c'est mon rôle, répondis-je avant de la voir se diriger vers moi. Tu dois fuir !

Je reste avec toi, décida-t-elle. A deux, on a déjà plus de chances de s'en sortir.

Je ne tentais pas de l'en dissuader. Elle n'aurait de toute façon pas changé d'avis, et je n'avais pas le temps.

De nouveaux assaillants nous tombèrent dessus, et je me battis pour laisser le temps à l'équipage de s'enfuir.

Finissant par atteindre un écran, je parvins à vérifier si l'évacuation était terminée ou non. Il restait peu de monde. La passerelle restait l'endroit le plus remplis, la salle des machines était vide, tout comme l'infirmerie.

Je ne trouvais ni le numéro d'immatriculation de Bones, ni ceux de Spock et de Scotty. La peur me frôla à l'idée qu'il leur soit arrivé quelque chose, mais je ne pouvais pas m'étendre là-dessus.

Il me fut aisé de voir Jim à la jonction entre la soucoupe et l'annexe, et Nyota qui le rejoignait. Je voyais encore Sulu et Chekov dans la passerelle et cette dernière se vidait enfin de ses résidents.

Sous mes yeux impuissants, je vis l'annonce se faire comme quoi la soucoupe était séparée de sa jonction, et je vis avec effroi Nyota partit avec cette dernière.

Non, murmurais-je.

Il faut partir, maintenant ! clama Carol.

Non, contrais-je en voyant sur l'écran extérieur les capsules se faire capturer. Si on part maintenant, ils vont nous attraper comme ils le font avec le reste de l'équipage. On doit attendre que le vaisseau entre dans l'atmosphère.

C'est jouer avec le feu, fit remarquer Carol. On risque de brûler vives si on s'y prend trop tard.

Prépare-toi alors, murmurais-je en ouvrant la mienne.

Sur l'écran, je vis Jim rejoindre Sulu et Chekov, et petit à petit les derniers survivants de l'Enterprise s'envolèrent.

Elle obéit. Ce fut seulement quand je sentis l'odeur forte de brûlé que je donnais l'ordre de décoller.

A tout à l'heure, lui lançais-je juste avant que nos capsules ne s'envolent.

Portée à l'extérieur du vaisseau, je vis l'Enterprise par la vitre de ma capsule. Mon cœur se serra en voyant qu'il n'en restait rien. Seule la soucoupe était encore là, en train de brûler à cause de son entrée violente dans l'atmosphère.

Grinçant des dents, je ne pu retenir un cri quand la pression atmosphérique me broya les tympans. Soudain, quelque chose heurta violemment ma capsule et je heurtais le côté droit de cette dernière.

Une douleur à me couper le souffle me traversa l'abdomen, mais je n'eu pas le temps de savoir de quoi il s'agissait.

Ma capsule atterrit dans la forêt et j'eu à peine le temps d'en sortir que deux assaillants me tombèrent dessus.

Malgré la douleur et la fatigue, je parvins à tuer le premier en balançant mon bras armé dans son visage. Le suivant fut un peu plus compliqué, mais il finit également par s'effondrer à mes pieds.

Grimaçant de douleur, je baissais les yeux sur ma taille et je distinguais une sacrée balafre juste en-dessous de ma poitrine. Rien de grave en soit, mais il me faudrait tout de même des soins assez rapidement.

Pivotant vers ma capsule, je me dépêchais de me changer et de m'armer. Posant un pansement de fortune sur ma plaie, je pivotais violemment sur moi-même et me détendis en voyant Carol face à moi.

Combien d'entre nous ont survécu ? demanda-t-elle lentement. Et combien ont été capturés ?

Je ne sais pas, répondis-je sur le même ton. Mais on ne doit pas rester là. Ils vont nous rechercher. On doit s'éloigner des capsules.

Elle hocha la tête, et on s'avança lentement à travers les arbres.