Chapitre 24
« Quand tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens »
Plusieurs heures que nous marchions dans la forêt dense, et l'épuisement ainsi que la tension constante à devoir toujours protéger nos arrières commençaient à devenir compliqués. Ma blessure n'avait pas empiré, mais elle puisait dans mes forces, ne m'aidant pas à conserver ces dernières.
Carol aussi paraissait en mauvais point. Elle n'était pas blessée, mais la situation la bouleversait beaucoup. Contrairement à moi qui avançais sans réfléchir à la suite, elle avait déjà bien analysé la situation.
Nous étions toutes les deux perdues en plein milieu d'une planète totalement inconnue, sans savoir si les membres de notre équipage avaient survécu. Les assaillants les avaient emmenés, ils devaient donc être encore parmi nous, mais pour combien de temps. Attaquer un vaisseau pour capturer son équipage, cela ne pouvait clairement pas les pousser à libérer bien gentiment ce dernier. Ils avaient besoin de nous. J'ignorais juste pourquoi.
Tous ces arbres se ressemblent, finit par soupirer Carol et je ne pu que lui donner raison. La nuit tombe…
Il faudrait trouver un endroit où nous reposer, murmurais-je. Mais je n'ai encore rien vu. Et on ne peut pas rester ainsi à découvert.
Avisant un arbre, je soupirais par avance. Faire de l'escalade dans un tel état était risqué, mais c'était à moi de trouver une solution. En l'absence de Jim et Spock, j'étais Capitaine, et même pour une seule personne, je me devais d'exercer mon rôle.
Tu es blessée ! s'exclama Carol en me voyant prendre mon appui sur une grosse branche.
On n'a pas le choix, répondis-je. Mon entraînement à la Section 31 m'a appris à escalader des surfaces bien plus dangereuses, dans des conditions bien pires que celle-là. Je reviens. Reste vigilante.
A tes ordres, répondit mon amie en se plaçant dos à l'arbre, son arme à la main.
Grimpant rapidement, je grimaçais quand les petites branches vinrent griffer mon visage, mais je les ignorais. Au prix d'un ultime effort, je parvins en hauteur et fus soulagée en constatant que l'arbre était assez haut pour m'offrir une belle vue.
La vue me découragea un peu. La forêt s'étendait sur des kilomètres à la ronde, et les plus proches rocheuses étaient au moins à trois bonnes heures de marche. La nuit tombait de plus en plus, et j'ignorais tout de cette planète et de ses habitants. Je ne savais pas si les monstres qui nous avaient attaqués étaient les seules créatures de ce monde.
Il fallait qu'on gagne les roches avant que la nuit ne soit véritablement installée. Redescendant rapidement dans l'arbre, je me figeais deux secondes en entendant du bruit. Des bruits de combat.
Dégainant ma dague, je me penchais en avant et distinguais Carol qui évitait les coups de deux assaillants qui n'allaient pas tarder à réussir à l'atteindre. Crispant mes doigts sur ma dague, je pris une grande inspiration, me doutant que ma réception n'aiderait pas ma blessure à guérir. Mais je n'avais pas le choix.
Je me laissais tomber dans le vide, me réceptionnant juste devant Carol et grâce à cela, je parvins à abattre d'un seul coup l'une des deux créatures. La suivante eu le temps de se reprendre et m'attaqua directement.
Elle se jeta sur moi, et on roula sur plusieurs mètres. Lui balançant mes jambes dans les siennes, je parvins à l'empêcher de se relever, mais il m'attrapa par la ceinture de mon pantalon et on chuta de nouveau tous les deux.
Profitant de ma fatigue, il parvint à se retrouver au-dessus de moi, et je vis clairement dans ses yeux qu'il allait me tuer. Visiblement, nos vies n'avaient pas autant de valeur que je le pensais. Ou alors n'appartenait-il pas au clan qui nous avaient attaqué.
Mais brutalement, il hoqueta, ses yeux se firent vague, et il chuta en avant. Parvenant à l'éviter de justesse, je le repoussais sur le côté. Peinant à reprendre ma respiration, je vis Carol debout devant moi, son arme pointée sur la créature qui nous avaient attaquées.
Merci, fis-je en abaissant doucement son arme. Tu m'as sauvé la vie…
On est en sécurité nulle part, soupira-t-elle alors que je me penchais sur l'un des deux cadavres pour récupérer quelques objets pouvant nous être utiles.
Telle qu'une arme par exemple.
Reprenant notre route, je restais sur mes gardes, et on se retrouva à de nombreuses reprises à devoir affronter diverses créatures. Ils étaient nombreux sur cette planète finalement…
Cependant, ma fatigue devenait de plus en plus puissante, et Carol avait dû prendre le relai pour nous orienter. La nuit qui était tombée ne nous aidait pas. Nous devions avancer dans une forêt dense, sans la moindre autre lumière que celle de la lune entre les branches.
Soudain, alors qu'on parvenait au niveau des rocheuses, un bruit effroyable retentit dans toute la forêt tandis qu'une puissante lumière nous aveuglait.
L'Enterprise, souffla Carol et on se dépêcha de grimper sur les rochers, en hauteur.
Et effectivement, droit devant nous, la soucoupe de l'U.S.S Enterprise se soulevait dans les airs. Il y avait bien des survivants de notre équipage qui n'étaient pas capturés !
Ne pouvant rien faire de notre position, on la vit se propulser sur plusieurs mètres vers notre direction. J'ignorais ce qu'il se passait à l'intérieur, et je me contentais de la regarder s'écraser violemment. Cette fois-ci, l'Enterprise était définitivement mort.
Qui était à bord et a survécu au crash ? murmura Carol.
Personne, répondis-je. Je pense que la ou les personnes sont revenues par la suite. Personne n'aurait pu survivre à la violence du choc quand l'Enterprise s'est écrasé.
Il y a des survivants, continua-t-elle tandis que je m'asseyais sur la corniche où nous nous trouvions. Ça va ?
Ça va, répondis-je. Dors en premier, je m'occupe de monter la garde.
Non, coupa-t-elle. Tu es blessée ! C'est à toi de te reposer !
C'est un ordre Carol, précisais-je. Endors-toi, je m'occupe du premier tour de garde.
Elle fut sur le point de protester mais mon regard fut suffisamment impérieux pour qu'elle obéisse et elle finit par s'allonger le long des rochers. Pas très confortablement au vu de sa grimace, mais malheureusement, nous n'avions pas plus agréable.
La nuit commença à s'écouler plus lentement qu'au cours des dernières heures. La fraîcheur était tombée et malgré ma combinaison thermorégulatrice et mes bottes, je commençais à avoir froid. Décrochant mes cheveux, je les laissais tomber autour de moi et dans mon dos, cachant ainsi les côtés de mon visage dans une ridicule tentative de me réchauffer.
La douleur à mon ventre s'était calmée, mais je savais que ce n'était que partie remise. Quand on se remettrait en mouvement, la douleur reviendra en force.
En revanche, la nausée qui pointait m'indiquait que si je n'obtenais pas des soins rapidement, cela deviendrait compliqué.
Quant à la faim, elle était également bien présente. Mon dernier repas remontait au restaurant avec Scotty.
Scotty… Et Jim. Où étaient-ils ? Etaient-ils seulement encore en vie ?
Je m'étais efforcée de ne pas penser à eux depuis l'attaque et notre atterrissage sur cette planète, mais désormais, leurs visages ne cessaient de flotter devant mes yeux. Tout comme ceux de Nyota, Bones, Sulu ou Chekov. Il semblait tellement improbable qu'ils s'en soient tous sortis…
M'adossant à la paroi du rocher derrière moi, je fixais la lune qui brillait au-dessus de nos têtes et dont je pouvais enfin voir la clarté. Elle n'était guère différente de celle de la planète Terre, et à vrai dire, si nous ne trouvions pas dans l'incertitude de tout, j'aurais presque pu me croire à la maison. Sauf qu'ici, il n'y avait pas San Francisco ou l'Iowa.
Mes longs cheveux noirs claquèrent dans le vent qui se levait, et je grimaçais. Les premières gouttes de pluie se mirent à tomber et je me plaquais d'autant plus contre le mur, évitant d'être complètement trempée.
Tu dois dormir un peu, souffla Carol en se réveillant quelques heures plus tard quand l'orage commença à déchirer le ciel.
Je n'y parviendrais pas avec tout ce bruit, répondis-je en me levant. Continuons à marcher si tu ne veux plus dormir.
Tu es épuisée… murmura Carol. Et tu es livide Anna… Je n'ai pas envie que tu me refasses une autre mort instantanée.
C'était toujours mieux que de mourir de faim… fis-je remarquer, et elle ne pu rien répondre à cela.
On se remit à marcher, et quand le soleil se leva dans le ciel, on avait bien progressé. Mais progressé vers quoi ?
Au final, une grande étendue d'eau apparu devant nous et je tombais à genoux plus que je m'agenouillais pour boire. Ma tête se remit déjà mieux à fonctionner. A mes côtés, Carol n'était pas dans un meilleur état. Si j'étais livide, elle n'était guère mieux.
Soudain, on entendit des voix. Des voix qui n'avaient rien d'humaines.
Cache-toi, vite ! ordonnais-je à Carol et on se dépêcha de rejoindre les arbres, mais je ne parvenais pas à savoir d'où venaient les voix exactement.
On s'avança dans la forêt, essayant de ne pas tomber sur d'autres ennemis. J'avais toujours la capacité de me battre, mais pour combien de temps ?
Malheureusement, comme depuis le début de toute cette histoire, la chance n'était pas de notre côté. Arrêtant d'un coup Carol, je la forçais à s'agenouiller dans les hautes herbes autour de nous. Elle m'adressa un regard surprit, avant de pâlir en entendant les voix si proches. Elles n'étaient qu'à quelques mètres de nous.
… en reste encore, sifflait l'un d'entre eux. Krall les veut vivant !
Comme par hasard il manque pile poil les trois humains que nous voulons, répondit un autre et je fronçais les sourcils.
Ils ont quitté le vaisseau à divers moments, reprit la première voix. Ils ne sont pas ensemble. Ils sont donc plus faciles à trouver… Et à capturer.
Le Capitaine je comprends, continua un autre. Mais l'officier en second et en tiers, à quoi cela sert ?
Parce que tu crois que seul le Capitaine est au courant des stratégies de Starfleet ? demanda ironiquement une autre voix. Les deux autres en savent tout autant. Si on met la main sur l'un d'entre eux, on aura déjà une bonne source d'informations.
Ils n'avaient pas capturé ni Spock, ni Jim !
Il me semble également qu'ils ne transmettront pas d'informations délibérément ! Comment Krall veut-il les faire parler ?
Tu es sérieux ?
Je doute que la torture soit efficace…
Pourquoi crois-tu que leur équipage soit encore vivant entre nos mains ?
Je me figeais, oscillant entre le soulagement et l'effroi.
Ce Krall savait ce qu'il faisait. Nous torturer ne nous arracherais pas d'informations. Menacer de s'en prendre à notre équipage en revanche…
Krall en a besoin pour autre chose aussi…
Ils serviront après avoir permis de soutirer les informations dont on a besoin. Et les tuer tous les trois sera particulièrement exquis.
La haine me prit à la gorge et je remarquais à peine que je me redressais. Ce fut Carol qui me força à rester immobile.
Cette fois-ci, je compte bien que Kirk et Robau restent définitivement morts…
Comment connaissaient-ils aussi bien nos noms ? Et comment étaient-ils au courant de ce qui s'était passé sur l'Enterprise, trois ans auparavant ?
Les bruits de pas dans l'herbe se firent de plus en plus proches, et je compris que cette fois-ci, il serait impossible de fuir. Cependant, étais-je seulement encore capable d'affronter quatre adversaires en même temps ?
Mes yeux tombèrent sur la dague que j'avais dégainé en entendant les ennemis arriver. Je ne laisserais pas Krall gagner la chance d'obtenir des informations par ma bouche. J'ignorais si Scotty faisait partit des otages, ni même s'il faisait partie des survivants, mais la torture ou la mort de Nyota, Sulu ou Chekov m'occasionnerait une souffrance similaire.
Relevant les yeux, je croisais le regard sans équivoque de Carol. Elle semblait tout aussi décidée que moi. Cela me permit de trouver le courage de me redresser pour surprendre nos adversaires.
Mais une main m'attrapa violemment par la taille, me faisant basculer contre un corps et une autre se plaqua sur ma bouche. Surprise, et effrayée, je tentais de me dégager, mais celui qui me retenait avait la force nécessaire pour me contrer.
Calme-toi, souffla doucement Scotty à mon oreille et mon corps se détendit immédiatement.
Sa main quitta ma bouche, mais il m'attira en arrière. Obligée de le suivre, je constatais que Carol ne se trouvait plus à mes côtés.
Scotty me plaqua brutalement contre un mur que je n'avais pas vu trente secondes avant et me fit signe de me taire.
Fronçant les sourcils, je tournais la tête, voyant les quatre individus s'approcher. Je voulus dégainer mon arme, mais Scotty accentua son poids sur mon corps et quand j'ouvris la bouche pour protester, il plaqua la main sur mes lèvres.
Furieuse, je lui adressais un regard furibond, mais il l'ignora et m'indiqua de regarder sur ma droite où nos assaillants s'approchaient.
N'ayant d'autres choix que de voir nos ennemis s'approcher de nous, je fus surprise d'en voir deux propulsés violemment en arrière par un tir qui venait de ma gauche.
Je ne cherchais pas à savoir qui avait fait ça car, à cet instant, Scotty me lâcha et ma dague effectua un arc de cercle pour trancher la gorge d'un des deux qui étaient restés debout. Pivotant sur mes talons, je croisais alors le regard de Jim.
Anna, clama-t-il, le soulagement se lisant sur ses traits. Derrière toi !
Me baissant, j'évitais de justesse le coup suivant. Crochetant les jambes de mon assaillant avec les miennes, je parvins à le faire tomber par terre, mais il se redressa violemment et me sauta dessus, nous envoyant rouler par terre.
Il était considérablement plus lourd que moi, et il savait se battre. Parvenant à m'immobiliser au sol, il leva son poing en l'air sans nul doute pour m'assommer, mais un tir lui explosa la tête. Surprise, je tournais les yeux vers Scotty qui abaissait son arme, le visage déterminé.
Me relevant rapidement, je fus debout juste à temps pour voir les deux dernières créatures qui nous avaient attaquées s'effondrer au sol.
Pour la première fois depuis que nous avions intégrés Starfleet, Jim brisa la règle de neutralité. Il se précipita sur moi, et me serra contre lui. Soulagée de le retrouver en vie, je répondis à son étreinte, fermant les yeux un bref instant.
Quand on recula, je jetais un coup d'œil autour de nous, avant que mon regard ne se fixe sur la femme extraterrestre qui se trouvait juste à côté de Scotty.
Jayla, je te présente Anastasia Robau et Carol Marcus, présenta justement ce dernier. Les filles, je vous présente Jayla, elle et sa famille ont été attaqués par Krall il y a des années, elle est la seule survivante. Elle vit cachée ici depuis ce temps-là.
Et on est où ici ? demandais-je en regardant autour de nous avant d'indiquer les cadavres à nos pieds. Et pourquoi ne nous voyaient-ils pas quand ils s'avançaient ?
Ils nous firent signe de les suivre, et j'obtempérais, curieuse.
Il s'avéra qu'il s'agissait du vaisseau U.S.S Franklin, disparu des années auparavant. Et que Jayla avait réussis à créer une sorte de barrière invisible, ce qui lui avait permis de vivre protégée.
C'était impressionnant en effet.
Je grimaçais en montant les quelques marches qui menaient à la passerelle, et Carol le vis. Elle se tourna vers Bones.
Elle est blessée, spécifia-t-elle et je ne pu empêcher Bones de me forcer à m'allonger sur l'un des canapés de la salle d'à côté.
Il y a un bout de verre qui est encore dans la plaie, remarqua le médecin et je grimaçais de nouveau. Je vais devoir le retirer sous peine que la plaie ne s'infecte. C'est bon, j'ai déjà rafistolé Spock, je devrais m'en sortir.
Je levais un sourcil suspect mais perdis rapidement mon assurance en voyant Bones revenir avec une pince datant du siècle dernier et des ustensiles tous plus vieux les uns que les autres.
Y a peut-être moyen d'attendre non ? tentais-je, en vain.
Ça va faire mal, prévint Bones et je fermais les yeux, le remerciant pour son tact habituel. Jim, j'ai besoin que tu tiennes ses jambes, Mr Scott, ses épaules. Chekov, bloquez-lui les bras.
C'est vraiment obligé… ? demandais-je alors que les trois hommes s'exécutaient, me bloquant contre le canapé.
Et ils avaient tous les trois une sacrée force.
Si elle me fiche une torgnole, je vous tiendrais responsables, prévins Bones et je souris, avant de me crisper quand il toucha à la blessure. Bon, on y va.
Je supportais la douleur pendant quelques secondes, avant de me mettre à lutter pour ne pas hurler. Mon corps finit de lui-même par lutter contre la pression de mes collègues, et je maudis Chekov et sa force pour m'empêcher de bouger les bras et repousser Bones. Je ne parvins néanmoins pas à retenir des gémissements de souffrance et mon regard croisa celui de Scotty au-dessus de moi.
Ça va aller, murmura-t-il au moment où Bones arrachait d'un coup sec le bout de verre.
Je me sentis papillonner des yeux, et j'eu à peine le temps de sentir ma tête basculer en arrière avant de perdre connaissance sous le coup de la douleur.
