Chapitre 25
« Tout bateau possède une âme collective formée par les hommes d'équipage, qui ne s'éteint jamais, même quand sa vieille carcasse gît échouée sur les sables d'une île »
Je repris connaissance quelques minutes après avoir perdu pied, grâce à Bones qui me tapotait la joue. Ayant l'impression de m'être fait passer dessus par un bus, je grimaçais et me redressais.
Doucement, gronda Bones. C'est fragile !
Merci Bones, répondis-je en posant la main sur mon abdomen tandis qu'il m'aidait en compagnie de Scotty à me relever. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Le reste de l'équipage est en vie, mais ils les ont capturés.
On essais de trouver comment les repérer, m'apprit Jim et je pivotais sur mes talons pour le regarder. Ça va ?
J'ai vécu bien pire, répondis-je et nos regards se vrillèrent un instant l'un à l'autre. Je vais bien.
L'équipage est en vie ? demanda Chekov en me regardant.
Je les ai entendu parler quand ils se dirigeaient vers nous, leur appris-je en m'appuyant sur Scotty à cause de la douleur. L'équipage est en vie car ils pensent que c'est encore le seul moyen d'obtenir des informations de notre part à Jim, Spock et moi-même.
Nous avons reçu un signal provenant de ce qui doit être la base de Krall, reprit Chekov.
Alors on doit récupérer l'équipage, lança Carol qui se tenait à côté de Jim. Tant qu'il est encore en vie…
On devrait attendre d'en être absolument certains, intervint Scotty et je fronçais les sourcils en le regardant.
Non, coupa Jim. Il faut aller chercher l'équipage immédiatement. Chekov a des coordonnées qui doivent conduire à leur base, alors allons-y.
Sauf votre respect Monsieur, reprit Scotty. Rien ne dit que Krall était à la base au moment où il l'a eu. Et puis, on n'est même pas sûrs que les nôtres soient là-bas.
Ou même qu'ils soient en vie, acheva Bones.
Ils le sont, ripostais-je en le fusillant du regard.
Mr Chekov, intervint Spock. Pourriez-vous reconfigurer les paramètres de recherches d'après un nouvel élément ?
Oui Commandeur, répondit Chekov. Mais quel nouvel élément ?
Spock tapa quelque chose sur le clavier tandis qu'on le fixait tous, attendant sa réponse.
De la vocaïa, déclara-t-il. Un minéral de Vulcain émettant des radiations de base intensité.
Je vais devoir filtrer toutes les autres émissions d'énergie, répondit Chekov.
Spock, lança Bones. Comment un minéral Vulcain pourrait bien avoir atterrit ici ?
Où voulez-vous en venir ? renchérit Jim.
Le lieutenant Uhura porte une amulette en vocaïa, expliqua Spock et je haussais les deux sourcils. Je la lui ai offerte en gage de mon affection et de mon respect.
Vous offrez un bijou radioactif à votre chérie ? demanda Bones.
Il y eu un grand blanc, et je croisais le regard de Scotty, légèrement amusée.
Les ondes sont inoffensives Docteur, se défendit Spock. Mais sa signature typique le rend simple à identifier.
Vous offrez un collier traceur à votre chérie ? renchérit Bones.
Très, très grand blanc. Et cette fois-ci, j'évitais de croiser le regard de l'ingénieur. Ce n'était guère le moment de se moquer.
Telle n'était pas l'intention, lâcha Spock.
En fait, ça m'arrange qu'il ne me respecte pas, termina Bones et je retins un sourire moqueur.
Soudain, l'écran se mit à clignoter en même temps qu'une légère alerte se mettait en marche. Me détachant de Scotty malgré la douleur qui me faisait quelque peu chanceler, je m'approchais de l'écran.
Je détecte une très faible quantité de Vocaïa, expliqua Chekov et le soulagement me prit à la gorge.
L'endroit correspond-t-il aux coordonnées fournies par Qualaar Mr Chekov ? demanda Spock.
Il correspond Mr, répondit ce dernier et je vis Spock se tourner vers nous.
Sa présence indique que le lieutenant Uhura, et subséquemment le reste de l'équipage sont retenus au QG de Krall, expliqua-t-il.
Pourriez-vous les téléporter ? demanda Jim à Chekov.
Non Mr, réfuta ce dernier. En raison d'interférences géologiques qui bloquent le signal du téléporteur.
Bon, soupira Jim, et je hochais la tête. On va devoir y aller nous-mêmes pour les délivrer à l'ancienne.
Non, lâcha une voix derrière nous et je pivotais sur mes talons pour dévisager Jayla. Il faut pas aller là-bas. Tous ceux qui le font, ils les tuent.
Jim fronça les sourcils et se rapprocha d'elle. Du coin de l'œil, je vis Scotty regarder Jayla avec un regard inquiet, et pour la première fois, j'expérimentais la jalousie.
Vous savez comment c'est ? demanda mon frère. Vous y êtes déjà allée ?
Pourquoi tu ne le disais pas fillette ? renchérit Scotty et Jayla se tourna violemment vers lui.
Parce que je sais que vous allez me demander de vous guider, clama-t-elle. Si vos amis sont là, ils vont mourir, comme toute ma famille. Et je retourne pas dans un lieu de mort.
Oui, lâcha Scotty en tentant de la convaincre. Mais si tu t'en ai échappée, tu peux nous faire entrer et sortir.
Non ! cria-t-elle en se redressant. C'est pas l'accord qu'on a passé Montgomerry Scotty ! Si vous choisissez d'y aller, vous le faites sans moi !
Elle quitta précipitamment la pièce, et avec surprise, et une pointe d'agacement, je vis Scotty la suivre.
Laissez-la, ordonna Jim.
Scotty pivota violemment vers lui, le visage furieux. Et cela me toucha plus que nécessaire.
Elle aussi a perdu les siens Capitaine, coupa-t-il avant de quitter la pièce.
Mettant de côté mes sentiments, je suivis Jim qui quittait la pièce à son tour.
Il a raison, murmurais-je. Tu sais aussi bien que moi ce que c'est que de perdre sa famille. Elle a survécu, mais elle a payé un lourd tribut pour cela. On ne peut pas lui imposer de revenir là où ses proches sont morts au nom d'un équipage qu'elle ne connaît même pas.
Sa famille est morte, contra Jim. Et comme tu le dis, je sais parfaitement ce que cela fait. Mais notre équipage est encore en vie ! Et si elle est la seule option pour les sauver, je la forcerais s'il le faut à nous aider !
Je ne pouvais que comprendre. Pour la simple et unique bonne raison que je ferais exactement la même chose que lui.
Quand on était enfermés, Krall venait prendre quelqu'un, disait Jayla quand on arriva dans le sas. Il y avait des hurlements, je les entends encore en moi. Et plus jamais on les revoyait, et on se demandait qui est le prochain. Mon père voulait qu'on s'évade, mais on a été vu par celui qu'il appelle Manas. Mon père l'a affronté, pour que je m'échappe. Il a fait preuve de courage, et Manas l'a tué pour ça. Ce que tu veux, c'est impossible.
Non, pas forcément, fit Scotty. Ma petite mamie disait tout le temps : on casse pas une paille dans une meule. Tu n'es plus seule dans la bagarre fillette. Alors ne laisse pas tomber, parce que nous c'est clair qu'on ne te laissera pas tomber. C'est tout le principe quand on appartient à un équipage.
C'est ça que vous pensez aussi James T et Anna Robau, nous lança Jayla, et Scotty se tourna avec surprise vers nous, ne nous ayant pas entendu approcher.
Tout ce que je sais, c'est qu'on a plus de chance avec vous, lâcha Jim.
Jayla tourna les yeux vers moi, et nos yeux se vrillèrent. J'y lu toute la peur du monde, ainsi qu'une tristesse que seuls ceux ayant vécu des moments difficiles pouvaient comprendre. Dans son regard, je me revis quelques années auparavant, quand le vaisseau de Néro était apparu devant l'Enterprise. La haine qui m'avait prise à la gorge, la peur de perdre le peu qu'il me restait. Le souvenir de ce que j'avais perdu aussi.
Malgré tout, une émotion totalement nouvelle prenait lentement place dans ma tête. A l'instant où Scotty posa sa main sur le bras de Jayla, la jalousie m'envahit.
Une colère inattendue me prit à la gorge et je fus surprise de cela.
Repoussant mes émotions au plus profond de moi, je les suivis à l'intérieur pour débattre d'un plan d'action pour attaquer Krall.
Soudain, alors que l'on parvenait sur la passerelle, je sentis mon estomac se retourner et je frémis. Un haut de cœur me secoua, et Jim m'adressa un regard anxieux.
Tout va bien ? me demanda-t-il alors que je me sentais de plus en plus fiévreuse.
J'ai mal au ventre, murmurais-je en posant une main sur la plaie que Bones avait soigné du mieux qu'il pouvait.
On doit regagner la Terre, souffla Jim, et pour la première fois, je vis une sourde peur briller dans ses yeux. Au plus vite.
Hochant la tête, on discuta tous ensemble d'un plan pour permettre de récupérer notre équipage. Immobile en arrière, je ne participais pas au débat, tentant de ne pas laisser le vertige qui me prenait gagner le combat. Pourtant, le souffle commençait à me manquer, et j'avais de plus en plus chaud.
Je m'assis lentement, essayant de ne pas attirer l'attention, chose que je réussis plus ou moins bien si l'on ignorait le regard suspect de Scotty et celui remplit d'inquiétude de mon frère.
Je respirais profondément, mais ma blessure m'élançait et la douleur me distrayait.
Perdant pendant quelques instants le cours de la conversation, je repris pied avec la réalité quand Jim décida de former les équipes.
Bones, Chekov et Jayla, vous m'accompagnez, décida Jim. Scotty, occupez-vous du téléporteur, et redémarrez ce vaisseau.
Les compétences de Mr Chekov seront plus utiles ici, intervint Spock. Sa place me revint logiquement.
Logiquement ? répéta Jim. Vous êtes à peine rétabli.
Le lieutenant Uhura est là-bas Jim, insista Spock et le silence retomba sur notre groupe.
Si Anastasia reste ici sous la surveillance de Mr Scott et de Mr Chekov, intervint Bones. Je veillerai sur lui.
Le fait que je ne tente pas de négocier pour venir interpella mon frère qui tourna des yeux inquiets sur moi. Il avisa mon visage livide, mes lèvres très pâles, ainsi que ma main sur ma plaie qui m'élançait. J'avais de nouveau la nausée, et cela me tirait dans le ventre.
Les regards de Bones et Scotty qui avaient suivis celui de mon frère se chargèrent d'inquiétude en arrivant à la même constatation que Jim. J'étais mal en point, c'était peu de le dire.
Ça va aller ? me demanda Jim alors qu'on les accompagnait en salle de téléportation.
Ça ira, répondis-je en grimaçant. La douleur et la faim me donnent la nausée.
La blessure est propre et pas chaude, fit Bones. Je ne comprends pas pourquoi cela semble te rend aussi malade.
Peut-être la fatigue, répondis-je, vaguement. Ça fait deux nuits que je ne dors pas…
Il y eu un grand blanc, et je compris la gaffe que je venais de faire. Ma seule réaction fut d'ignorer celles des autres.
Mais je perçus le regard de Bones sur Scotty qui se tenait devant. Ce dernier se contenta de se composer un visage si impassible qu'il était impossible de ne pas savoir qu'il savait exactement pourquoi je n'avais pas dormi la nuit précédente. Jim esquissa un sourire, et Chekov fronça les sourcils. Quant à Spock, il resta neutre. Pas un froncement de sourcil, pas un battement de cil.
A un moment donné, la vérité aurait de toute manière finit par se voir.
On va se tirer de là, déclara Jim quand on arriva au transmetteur. Et on rentre à la maison.
Je hochais la tête et rejoignis Chekov et Scotty de l'autre côté de la vitre.
L'ingénieur lança le transmetteur, et ils disparurent tous.
La technologie du vaisseau étant considérablement moins élaborée que celle de nos vaisseaux actuels, nous n'avions contact avec nos collègues que par téléphone. Aucune présence sur écran, aucun examen des paramètres vitaux. Rien.
Anxieuse, je suivis leur progression à travers les sons.
Jim avait choisi une moto comme moyen de transport, trouvée je ne savais comment puisque je n'avais pas tout suivi, et je dû reconnaitre que Krall pourrait difficilement prévoir cela.
Ça, y a pas de doute, lança Bones dans l'oreillette qu'il portait. Ça va distraire.
Les vôtres sont là-bas, répondit Jayla et j'échangeais un regard anxieux avec Scotty et Chekov.
J'entendais les coups de feu, le bruit de la moto assourdissante de Jim, et les respirations de nos collègues retransmises. Mais rien d'autre.
Un bruit de verrou qui saute me permit de savoir que Bones et Spock étaient parvenus jusqu'à l'endroit où l'équipage était retenu.
Commandeur, fit la voix de Sulu, lointaine. Uhura. Il la tient.
Immédiatement, je me tendis. S'il arrivait quelque chose à Nyota…
La main de Scotty se posa sur la mienne, et il l'a serra.
Il n'avait pas le droit de faire cela en service. Aucune marque d'affection, aucun geste équivoque. La neutralité, peu importait la relation concernée.
Mais Chekov se contenta de laisser ses yeux rivés sur le tableau de transmissions.
A vous d'emmener l'équipage à l'abri, lança Spock et je devinais qu'il se séparait de Bones.
Allez-y, sortez, dépêchez-vous, fit justement ce dernier.
Soudain, une lumière vive se mit à clignoter sur le tableau de bord et je vis Scotty et Chekov se tendre. On y était.
Je les ai Monsieur Scott, fit Chekov, la main sur le bouton visant à ramener l'équipage à bord du vaisseau.
Ok Monsieur Chekov, répondit Scotty en se plaçant face au transmetteur. Boostez le signal, on va les ramener par paquet de 20. Sans faire de bouillie j'espère. Inertie !
Me redressant à mon tour, je vis le transmetteur se mettre en marche. Pourvu que ce ne soit pas le moment de découvrir la limite des compétences de Scotty en la matière.
Les membres d'équipage de la première vague arrivèrent indemnes à bord, et Scotty poussa un cri de joie, mais je me concentrais déjà sur la suite.
Le bruit des tirs continuait à l'arrière-plan, et je guettais le moindre bruit suspect.
Spock ! clama soudainement la voix de Nyota et je marquais un temps seulement de soulagement. Pourquoi es-tu venu ici ?
A l'évidence, pour te porter secours, répondit logiquement Spock.
Allons-y, souffla ma meilleure amie et je soufflais un coup.
Où en êtes-vous ? demandais-je.
On continue d'évacuer l'équipage, me répondit Bones. En essayant de ne pas se faire tuer.
Je soufflais, frustrée de ne pas être là-bas avec eux malgré ma blessure.
Dix secondes avant téléportation, clama Scotty mais Bones contra.
Attendez mon signal !
Docteur ! clama Chekov et je jetais un regard à Scotty.
On ne se barre pas sans eux bon Dieu de bois, cracha Bones.
Attendez, ordonnais-je à Scotty sans me soucier de le froisser.
Je n'avais pas le temps.
Dépêchez-vous ! ordonna Spock et je me tendis. Venez par ici !
Allez vite ! clama quelqu'un d'autre.
Ne rien voir était absolument frustrant et déstabilisant.
Cependant, j'entendis la téléportation se déclencher, et je ne pu retenir un soupir de soulagement en voyant Nyota, Bones et Spock apparaître dans le vaisseau.
Parez pour vous Capitaine, clama Scotty. Activez votre balise.
Scotty, est-ce que vous avez tout le monde ? demanda Jim.
Oui Monsieur, confirma Scotty. A part vous et Jayla. Activez la balise et on vous ramène.
Je compris immédiatement qu'il y avait un problème quand Jim n'activa pas sa balise.
Capitaine, votre balise ! clama Scotty et je fronçais les sourcils.
Mais Jim ne l'activa pas. Spock me rejoignit immédiatement.
Jayla ! Maintenant ! hurla Jim au moment où sa balise se déclencha.
Pivotant vers le sas de téléportation, je manquais de crier de joie en voyant apparaître Jim et Jayla. Leur chute en revanche ne fut pas en toute douceur.
Ok, clama Jim en se redressant. On ne refait jamais ça.
D'accord James T, répondit Jayla alors que je me précipitais sur mon frère pour l'aider à se redresser.
A cet instant, Sulu et Nyota apparurent à côté de nous.
Capitaine, fit Nyota. Cette chose qu'il a…
Yorktown, coupa Sulu, tendu. Il compte détruire Yorktown.
J'ouvris des yeux horrifiés. Un gros silence s'abattit sur nous.
L'Enterprise était mort, et même s'il avait été possible de le remettre dans un état plus ou moins potable, cela nécessiterait du temps que Yorktown n'avait pas.
Ma maison ! intervint Jayla et je la fixais, surprise. Vous prenez ma maison, et vous la faites voler.
Vous pouvez le faire Mr Scott ? demanda Jim tandis qu'on s'orientait vers la passerelle. Vous pouvez le démarrer ?
Quoi ? demanda ce dernier. Le démarrer oui ! Voler, ça, c'est une autre histoire. Ces vieux vaisseaux étaient fabriqués dans l'espace, pas conçu pour décoller depuis une atmosphère.
Rajoutez l'option, ordonna Jim et j'entendis Scotty s'étouffer.
Euh… si ça s'appelle un vaisseau spatial, expliqua-t-il, et malgré le côté dramatique de la situation, je ne pu m'empêcher de sourire. Ce n'est pas pour rien !
C'est maintenant que vous me le dites ? demanda Jim.
Je voulais vous ménager ! clama Scotty. Au cas où vous ne reviendriez pas.
Touchante attention, lâcha mon frère.
Capitaine ! intervint Spock et je le regardais avant de dévier vers la cible qu'il indiquait.
Autrement dit, tous les vaisseaux de Krall qui décollaient. Cela en faisait des milliers, à l'instar de tous ceux qui nous avait attaqués.
Ils décollent, constata Jim.
L'attaque de Yorktown n'est peut-être que le prologue, expliqua Spock. Equipé d'une telle arme biologique, il pourrait détruire la base et utiliser sa technologie avancée pour attaquer une multitude de planètes fédérées.
Y a plus le choix alors, on doit faire voler ce rafiot, fit Jim.
On ne va pas sortir le pousser ! s'exclama Scotty violemment.
Je vis lentement mon frère se tourner vers lui, et je levais un sourcil en le voyant sourire.
Jetant un coup d'œil à Scotty, je constatais que ce dernier ouvrait de grands yeux surpris en voyant mon frère le regarder ainsi.
C'était une blague ! clama-t-il, sans doute inquiet que Jim le prenne au sérieux.
Pas tant que cela, coupa Jim en se tournant vers Sulu et Chekov. Admettons qu'on parvienne à faire démarrer ce vaisseau, nous sommes au bord d'une falaise. En faisant un bond en avant, il devrait en toute logique se précipiter dans le vide. Si nous parvenons à utiliser la vitesse pour le propulser en l'air, parviendrions-nous à quitter cette planète ?
Une fois la vitesse de lancement atteinte oui, confirma Sulu. Mais pour cela, il faudrait vraiment atteindre une sacrée vitesse. Nous ne serons sûrs de cela qu'une fois que nous y serons. Sauf que si nous nous trompons…
Il y eu un gros blanc, et on se jeta tous des coups d'œil.
Malgré moi, mon regard croisa celui de Scotty à ma droite, et je sentis mon cœur se serrer. Imaginer le perdre…
Nous n'avons de toute manière pas le choix, conclut Spock. Si nous n'intervenons pas, Yorktown s'effondrera, ainsi que la Fédération. Nous sommes responsables des milliards de vies qui les composent.
Alors, on y va, ordonna Jim et je vis chacun se précipiter à son poste.
Du coin de l'œil, je vis Scotty disparaître en compagnie de Jayla, et une nouvelle fois, cette vague sensation de jalousie m'étreignit, mais je la repoussais. Je n'avais pas le temps.
On gagne l'infirmerie, me lança Bones, et je le suivis.
Tout comme le reste du vaisseau, l'infirmerie datait. Et on voyait clairement qu'elle n'avait pas été utilisé depuis une paire d'années.
Mais le plus important était de mettre en sécurité les quelques membres d'équipage blessés.
Systèmes opérationnels, clama Chekov dans l'interphone. Chambres de dilithium à 70% et en hausse. Moteurs de subdistorsion en attente.
Scotty ? appela Jim. On est parés ?
Autant que possible, répondit ce dernier.
Excellente nouvelle, fit Jim, plutôt content de lui. Bones, Anastasia, comment va notre équipage ?
Une infirmerie opérationnelle ne serait pas de trop, répondit mon collègue. Mais les ceintures sont bouclées.
Je gagnais à mon tour ma place, et grimaçais en attachant ma ceinture.
Sur nos vaisseaux, les ceintures s'attachaient d'elles-mêmes… Un exemple de plus que ce vaisseau était vétuste.
J'entendis les moteurs se mettre en marche, et je me tendis. Mais mes pensées se portèrent sur la base de Yorktown, et cela me donna la force suffisante pour ne pas hurler quand le vaisseau fit un bond, avant de basculer dans le vide.
Seulement retenue par ma ceinture, je m'agrippais de toutes mes forces à cette dernière, serrant fortement les dents. Par la fenêtre devant moi, je voyais les falaises défiler sous mes yeux.
A ma droite, j'entendis Bones jurer, et je ne pu qu'être d'accord avec lui.
Puis, brutalement, presque trop, le vaisseau se redressa et s'envola vers le ciel. Plaquée cette fois-ci à mon siège, je fermais les yeux, priant pour qu'on survive, serrant les dents à cause de la douleur occasionnée à mes oreilles.
Puis, d'un seul coup, le vaisseau se stabilisa et la pression s'arrêta. Ouvrant les yeux, je retrouvais l'immensité de l'espace avec un grand plaisir. Nous y étions arrivés.
