Je ne possède aucun des personnages des films ou des livres.

Un recueil de textes courts sur l'univers de Tolkien et de la Terre du Milieu nous plongeant dans un instant ou une pensée des protagonistes de l'histoire.

Ce texte a été écrit pour la nuit du FOF pour le thème "Compenser"

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


Retour à Taur n'daedelos

Les branches sinueuses de Taur n'daedelos s'écartèrent pour laisser passer la délégation de Fondcombe. À leur tête se trouvait le seigneur Elrond, sa longue chevelure sombre ondulant doucement dans la brise. Ses yeux gris scrutaient avec attention la forêt sombre, notant les changements subtils depuis sa dernière visite. L'ombre s'était épaissie, rendant l'air plus lourd, plus oppressant. Quand ils arrivèrent aux portes du palais souterrain, Galion, le majordome, intendant et meilleur ami du roi, les accueillit avec une révérence gracieuse.

- Seigneur Elrond, c'est un toujours un honneur de vous recevoir en notre palais, dit-il, sa voix empreinte de respect. "Si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire auprès du roi Thranduil.

Elrond acquiesça, renvoyant sa suite qui fut accueillie par d'autres elfes de la maison de son ami. Alors qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs du palais, le Peredhel ne put s'empêcher de remarquer l'atmosphère tendue qui régnait. Les elfes sylvains qu'ils croisaient semblaient préoccupés, échangeant des regards inquiets.

- Comment se porte le roi ? Demanda Elrond à Galion, alors qu'ils empruntaient un couloir particulièrement sinueux.

L'elfe sylvain hésita un instant avant de répondre.

- Il... se remet, mon seigneur, mais je crains que sa guérison ne soit pas aussi rapide que nous l'espérions.

Elrond fronça les sourcils. En partant de ce palais, quelques semaines plus tôt, Thranduil se remettait doucement de ses blessures contre les Grands Serpents du Nord et il lui avait dit de se reposer, mais apparemment son ami n'était pas vraiment enclin au repos et il aurait dû s'en douter. Soudain, le son métallique d'épées s'entrechoquant résonna dans l'air. Galion s'arrêta net, une expression de surprise et d'inquiétude se peignant sur son visage.

- Qu'est-ce donc ? S'enquit Elrond.

- Je... je crains que ce ne soit le roi, mon seigneur, répondit Galion, visiblement mal à l'aise. Il insiste pour s'entraîner quotidiennement, malgré les conseils de nos guérisseurs.

Sans attendre, Elrond se dirigea vers la source du bruit, Galion sur ses talons. Ils débouchèrent dans une vaste salle d'entraînement, baignée par la lumière de centaines de lanternes. Au centre, Thranduil, torse nu, ses longs cheveux blonds noués en une tresse serrée, maniait son épée avec une grâce et une férocité qui contrastaient avec la pâleur de sa peau.

Face à lui, trois de ses meilleurs guerriers peinaient à contenir ses assauts. Malgré certaines blessures encore bien visible sur son torse et d'autres qu'il arrivait à masquer grâce à la magie, notamment celle de son visage, le roi des elfes sylvains se mouvait avec une agilité stupéfiante. Chacun de ses coups était précis, puissant, ne laissant aucune ouverture à ses adversaires. Elrond observa la scène en silence, notant la détermination farouche qui brillait dans l'œil droit de Thranduil. Il y avait quelque chose de presque désespéré dans sa façon de combattre, comme s'il cherchait à prouver quelque chose.

Finalement, d'un mouvement fluide, Thranduil désarma ses trois opposants en l'espace de quelques secondes. Les guerriers s'inclinèrent respectueusement avant de se retirer, laissant leur roi seul au milieu de l'arène improvisée. Ce fut alors que Thranduil remarqua la présence d'Elrond. Son visage se ferma instantanément, une lueur défensive apparaissant dans son regard, typique de quelqu'un qui venait d'être pris en faute.

- Elrond, dit-il simplement, sa voix légèrement rauque. Je ne t'attendais pas si tôt.

Le seigneur de Fondcombe s'avança, scrutant attentivement son vieil ami.

- Je vois que tu ne perds pas de temps pour retrouver ta forme, mellon nín, et ce même si je t'avais dit de te donner du temps et de te reposer.

Thranduil se détourna, rangeant son épée dans son fourreau.

- Je sais, mais je ne peux me permettre de m'affaiblir. Mon peuple a besoin de son roi, fort et capable de la défendre.

Elrond se rapprocha et posa une main sur l'épaule de Thranduil, sentant la tension qui habitait le corps du roi.

- Tu n'as rien à prouver, Thranduil. Tu es l'un des plus grands guerriers elfiques de tous les temps, avec ou sans cette blessure. Ton peuple sait que tu es un Roi fort, tu l'as montré lors de tes nombreux combats dont celui-là.

Le roi des elfes sylvains se raidit à ces mots.

- Tu ne comprends pas, murmura-t-il. Ce combat... m'a pris plus que tu ne le penses. Je suis devenu un roi mutilé, mon œil ne voit plus, j'ai encore du mal à me déplacer. Comment puis-je espérer protéger mon peuple si je ne peux plus manier l'arc comme avant ?

La voix de Thranduil était empreinte d'une amertume qui serra le cœur d'Elrond. Il comprenait maintenant. Thranduil cherchait à compenser la perte de sa vision parfaite en devenant un maître incontesté de l'épée.

- C'est pour cela que tu t'entraînes avec tant d'acharnement ? Demanda doucement Elrond. Pour compenser cette perte ?

Thranduil acquiesça lentement.

- Je dois rester fort, Elrond. Pour mon peuple, pour mon royaume. Si je ne peux plus être l'archer que j'étais, alors je deviendrai un guerrier si redoutable à l'épée que nul n'osera défier mon peuple.

Elrond observa longuement son ami, voyant au-delà de la façade du roi fier et inébranlable. Il y avait de la peur dans les yeux de Thranduil, la peur de ne plus être à la hauteur et de faillir à son devoir.

- Thranduil, dit-il finalement, sa voix empreinte de sagesse millénaire, ta force ne réside pas uniquement dans tes aptitudes au combat. Tu es un roi sage, un leader né. Ton peuple te suit non pas pour tes prouesses à l'arc ou à l'épée, mais pour ta vision et ta détermination à les protéger envers et contre tout.

Le roi des elfes sylvains resta silencieux, absorbant les paroles de son ami.

- De plus, poursuivit le seigneur de Fondcombe en posant à nouveau une main sur son épaule, n'oublie pas que la guérison prend du temps. Tu ne devrais pas te pousser si durement alors que ton corps n'est pas encore totalement remis.

Un faible sourire apparut sur les lèvres de Thranduil.

- Toujours le guérisseur, n'est-ce pas, mellon nín ?

Elrond lui rendit son sourire.

- Quelqu'un doit bien veiller sur les indomptables comme toi.

Pour la première fois depuis l'arrivée d'Elrond, la tension sembla quitter les épaules de Thranduil et il prit une profonde inspiration, comme s'il relâchait un poids invisible.

- Peut-être as-tu raison, admit-il finalement. Peut-être ai-je été trop... impatient dans ma quête de guérison.

Elrond hocha la tête, satisfait de voir son ami retrouver un peu de sa sérénité.

- Viens, dit-il en guidant Thranduil vers la sortie de la salle d'entraînement. Laisse-moi examiner tes blessures. Ensuite, nous pourrons discuter des raisons de ma visite. Les temps s'assombrissent, mellon nín, et nous aurons besoin de toute notre force et de notre sagesse pour affronter ce qui nous attend.

Alors qu'ils quittaient la salle, Galion les suivant discrètement, Elrond ne put s'empêcher de penser que la véritable force de Thranduil résidait dans sa capacité à surmonter l'adversité, à s'adapter et à continuer d'avancer malgré les obstacles. C'était cette résilience, plus que n'importe quelle prouesse martiale, qui faisait de lui un roi digne des elfes des bois.