Enfance

Harry Potter était un petit garçon de six ans, très dégourdi pour son âge. Il savait parfaitement lire et compter, ses travaux d'écriture étaient toujours excellents et il savait où était sa place.

Même s'il était un monstre.

Pour avoir entendu toute sa vie son oncle et sa tante le dire, Harry le croyait. D'ailleurs, il avait toujours pensé que «monstre» était son nom jusqu'à ce que deux ans auparavant, le maire ait demandé que chaque enfant de la ville se présente à l'hôtel de ville pour récupérer un sac de jouets. Inutile qu'il lui avait été confisqué à peine le pas de la porte franchi.

Le temps était beau malgré les températures un peu fraîches en ce jour d'été mais cela n'avait pas empêché sa tante Pétunia de l'envoyer dans le jardin pour qu'il arrache toutes les mauvaises herbes pendant que son cousin Dudley restait avachi dans le canapé à se goinfrer. Au fur et à mesure des jours d'école, Harry avait compris que ce qu'il vivait n'était clairement pas normal. La première fois qu'il avait répondu aux questions de sa maitresse sur son quotidien, il n'avait pas fallu deux semaines avant qu'elle ne parte et il avait eu droit à une correction dont il se souvenait encore. Depuis, il se taisait et obéissait simplement, non sans comprendre qu'il était traité moins bien qu'un enfant devrait l'être.

-Bonjour.

L'enfant leva la tête et aperçut un couple qui se tenait derrière la barrière qu'il avait dû repeindre un bon millier de fois, même s'il ne savait pas combien faisait mille.

-Bonjour madame, bonjour monsieur, salua Harry en se redressant sur ses pieds.

-Nous cherchons madame Pétunia Dursley, fit l'homme. Peux-tu nous dire si elle vit ici et si elle est là?

-Je vais regarder, fit Harry.

Il fit le tour de la maison, laissa ses chaussures sales sur le pas de la porte et entra sans bruit dans le salon où sa tante était en train de repriser les t-shirts de Dudley, qu'il avait intentionnellement déchiré, aux côtés de ce dernier avec le volume de la télévision à fond. Cela expliquait d'ailleurs pourquoi elle n'avait pas entendu les visiteurs lui parler.

-Tante Pétunia?

-Qu'est-ce que tu veux? grinça Pétunia

-Il y a deux personnes qui te cherchent dehors, répondit Harry.

La jeune femme reposa son ouvrage et observa rapidement les deux intrus à travers la fenêtre.

-Va dans ta chambre, ordonna Pétunia en se dirigeant vers l'entrée.

Le brun avait caressé l'espoir qu'elle lui ordonne de rester là pour qu'il puisse regarder lui-aussi la télévision mais c'était peine perdue. Il se glissa donc dans le placard et s'assit sur le matelas posé à même le sol. Il n'eut pas à attendre si longtemps avant d'entendre la porte de la maison claquer et celle de son placard s'ouvrir à la volée.

-Garçon! siffla Pétunia. Il y a un dîner très important demain soir. Termine le jardin et demain, cette maison doit être impeccable. Est-ce que je me suis bien fait comprendre?

-Oui tante Pétunia, répondit Harry.

-Au travail! gronda Pétunia

Harry se posa brièvement la question de savoir ce qui s'était exactement passé.

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A sa plus grande surprise, une fois la cuisine entièrement nettoyée, Pétunia emmena Dudley et Harry faire les magasins. Elle lui acheta très rapidement une chemise blanche, un pantalon bleu et des chaussures à sa taille. Elle n'avait toutefois pas poussé le vice à lui prendre également des slips et des chaussettes donc il devait toujours y faire un nœud pour qu'ils ne tombent pas. Dudley avait également eu droit à une nouvelle tenue et ça avait duré beaucoup plus longtemps car rien ne plaisait à son cousin et quand ce n'était pas le cas, il n'y avait clairement pas sa taille. Pétunia avait beau tempêté, son fils chéri avait dû se retrouver avec une tenue presque aussi simple que son abominable cousin.

Une fois les vêtements en lieu sûr, Harry avait repris le nettoyage de la maison tout en évitant les sabotages de Dudley. Au bout d'un moment, Pétunia avait dû y mettre un holà si elle voulait que tout soit prêt à temps avant l'arrivée des invités et ordonna à son neveu de l'aider en cuisine. Le brun eut juste le temps de prendre une douche rapide et d'enfiler ses vêtements avant que la sonnerie ne retentisse dans la maison.

-Bienvenue, salua Pétunia. Je vous présente mon mari Vernon et mon fils Dudley. Et Harry.

-Je suis Gaëlle Soho et voici mon collègue Perry Duncan, fit la femme. Nous apprécions votre invitation à dîner.

-Passons dans le salon, voulez-vous? proposa Pétunia

Pour la première fois de sa vie, Harry mangea en même temps que sa famille et assis à la même table. Bien entendu, il n'allait pas avoir les mêmes portions que son cousin mais avoir un repas chaud était un luxe dont il aurait du mal à se passer désormais.

Après le dessert, Pétunia envoya les enfants à l'étage. Harry savait ce que ça voulait dire: il devait faire semblant de monter mais il irait dans la cave à la place, le temps que les invités s'en aillent. Il s'assit sur les premières marches de l'escalier, laissant la porte entrouverte puis, quand il fut sûr que le couple était parti, il commença la vaisselle sans un mot.

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C'était un hôtel vraiment chic, personne ne pouvait en douter.

Niché dans un quartier cossu de Londres, le lieu de villégiature des Dursley pour les trois prochains jours avait enchanté la famille. Chaque enfant avait d'ailleurs sa propre chambre avec beaucoup plus que ce qu'ils auraient pu rêver.

Après s'être rafraîchis, ils furent conduits dans une maison proche où visiblement, ils étaient attendus.

-Est-ce que les enfants pourraient jouer dans une autre pièce? minauda Pétunia. Ils sont bien trop petits pour comprendre et ils ne sont pas du tout concernés.

-Je regrette, tous les membres de la famille doivent être présents, sourit Gaëlle. Commençons, voulez-vous?

Le couple Dursley hocha la tête.

-Vous êtes ici parce que devant l'administration britannique, vous avez la garde d'Hadrian James Potter ici présent, lut Gaëlle. Le testament de James et de Lilian Potter, ses parents, confie pour l'éducation et les besoins de leur fils la gestion d'un compte contenant cent mille livres au maximum à ses tuteurs qui est complété à ce montant à chaque anniversaire de l'enfant.

-Pourquoi n'en entendons-nous parler que maintenant? demanda Vernon, avide

-Nous avons dû éclaircir les affaires de monsieur et de madame Potter après que l'enquête de police ait confirmé qu'ils avaient bien été assassinés, déclara Perry.

-Ils ne sont pas morts dans un accident de voiture parce qu'ils étaient saouls? demanda Harry, surpris

-Qui t'a dit ça, bonhomme? demanda doucement Perry

-Ne l'écoutez pas, il dit des bêtises, fit précipitamment Pétunia.

-Hadrian? Harry? demanda Perry

-Tante Pétunia et oncle Vernon, répondit Harry.

-Nous y reviendrons plus tard, gronda Perry.

-Nous devions vous faire part de ce compte au plus tôt un an après l'arrivée d'Harry dans votre foyer, reprit Gaëlle. Cette gestion s'assortit de plusieurs conditions.

-Nous acceptons! se précipita Vernon

-Alors signez ici, fit Perry en lui tendant un document. Tous les deux.

Vernon pressa sa femme de signer à son tour sans qu'aucun des deux n'ait lu une seule ligne.

-Bien, sourit machiavéliquement Perry. Nous allons pouvoir commencer. La voiture va vous y emmener.

-Nous emmener où? demanda Pétunia, curieuse

-Dans une clinique privée non loin d'ici, répondit Perry. L'une des conditions pour bénéficier de ce compte est qu'Harry Potter ait bien été traité durant le temps où vous l'avez eu sous votre garde. Un bilan de santé complet va être fait pour tous les mineurs du foyer. Si ce n'est pas le cas, la pension que vous perceviez vous sera retirée et vous devrez en rembourser chaque cent.

Pétunia et Vernon devinrent blêmes.

Ils étaient fichus.

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Le 4, Privet Drive avait radicalement changé en quelques mois. En effet, courant août, des travaux avaient été faits pour qu'un petit appartement soit aménagé au-dessus du garage. Les voisins avaient été surpris mais ils avaient eu la réponse la première semaine de septembre.

Les Dursley étaient aisés financièrement mais ils ne s'étaient jamais doutés qu'ils l'étaient assez pour engager une jeune fille au pair. Grace Flamel était une jeune femme de vingt ans, originaire de France, venue perfectionner son anglais pendant un an. Elle semblait avoir craqué sur Harry, le neveu turbulent des Dursley, qui la suivait comme une mère cane et son caneton. Depuis son arrivée, il était quasi impossible de ne pas voir Pétunia et Dudley accompagné de Grace et Harry.

Mais la réalité était toute autre une fois la porte du 4, Privet Drive refermée.

Flash-Back

Les résultats médicaux étaient très loin d'être bons.

La malnutrition et les carences d'Harry avaient été flagrantes mais la maltraitance psychologique ainsi que les conditions de vie de l'enfant, sans oublier les blessures peu ou pas soignées correctement, avaient fait bondir Gaëlle et Perry. L'obésité de Dudley et ses manières déplorables avaient été autant de clous dans le cercueil de la bonne foi des Dursley.

Quand les examens furent terminés, le couple eut connaissance toutes les clauses du document qu'ils avaient signé sans lire. Si Harry était en danger dans son foyer, sa garde devait être confiée à la personne suivante désignée dans le testament et les anciens tuteurs pouvaient être poursuivis en justice avec les conséquences qu'ils pouvaient imaginer. Vernon n'en avait pas cru un mot jusqu'à ce qu'un inspecteur de Scotland Yard en civil n'entre dans le bureau et lui montre son insigne.

Les Dursley usèrent beaucoup de leur salive pour que la justice n'intervienne pas. Toutefois, il ne fallut qu'une heure pour que Gaëlle et Perry parviennent à un compromis: une personne tierce aurait la charge de la pension et du compte alloués par le clan Potter et l'utiliserait pour les besoins d'Harry et uniquement d'Harry. Pour cela, cette personne vivrait avec les Dursley au moins jusqu'à ce qu'Harry entre dans l'école privée dans laquelle il était inscrit depuis sa naissance. Les travaux de réaménagement furent aux frais des Potter mais les deux avocats furent outrés d'apprendre que Lily Potter, en guise de cadeau de mariage, avait fourni en lieu et place de ses parents plus des deux tiers de la valeur de la maison des Dursley. Certes, ils ne pourraient pas faire en sorte que l'acte de propriété revienne à Harry mais ils avaient en travers de la gorge que ces «monstres» aient si mal traité le fils de celle qui leur avait donné un toit sur la tête.

Quand les travaux furent terminés, les Dursley retournèrent à l'étude de Gaëlle Soho et de Perry Duncan qui leur présenta une jeune femme.

-Je vous présente Grace Flamel, sourit Perry. Elle sera désormais la responsable du compte et de la pension dédiée à l'éducation du jeune Harry Potter.

-Nous sommes ses tuteurs, gronda Vernon.

-Peut-être, concéda Perry. Mais vous ne tiendrez pas les cordons de la bourse. A moins que vous ne souhaitiez en discuter devant les juges, hum?

L'homme se tut.

-Bien, fit Perry. Comme nous en avons convenu, mademoiselle Flamel vivra avec vous et s'occupera exclusivement du jeune Harry, puisque vous avez refusé qu'elle en fasse de même avec votre propre fils. Elle paiera un loyer comprenant la surface qu'elle occupera, l'eau froide et l'électricité. Son salaire sera directement payé par le compte du clan Potter et nous nous occuperons personnellement de sa reconnaissance devant le gouvernement britannique. Avez-vous des questions sur l'aspect pratique de la venue de mademoiselle Flamel?

Pétunia et Vernon secouèrent la tête.

-Bien, fit Perry. Passons à la suite. Il vous sera totalement interdit de maltraiter le jeune Harry et encore moins mademoiselle Flamel, de manière orale comme physique. Si l'un d'entre eux a à se plaindre de vous ou que nous avons le moindre soupçon, ce qui vous arrivera sera largement pire que si nous nous étions simplement contentés de porter plainte contre vous au nom d'Harry pour esclavage moderne et torture sur mineur.

Le couple déglutit.

-Nous aurons chaque trimestre un rendez-vous pour vérifier que ces clauses sont bien respectées, continua Perry. Oh, je précise, elles sont bien entendu valables pour votre fils.

Fin Flash-Back

Bien entendu, une fois la porte du 4 Privet Drive refermée, Vernon avait voulu montrer qui était le maître à la maison. Il fut dommage que Grace Flamel soit formée aux techniques de combat et qu'elle rétama sans forcer l'obèse qui avait foncé sur lui. Elle avait également immobilisé le jeune Dudley qui pensait venger son père et heureusement, Pétunia avait eu assez de jugeote pour ne pas bouger d'un pouce. Les rôles furent ainsi distribués sans que quiconque ne puisse y trouver à redire.

Grace s'était rapidement fait une place dans la petite communauté. Puisqu'elle n'était pas légalement l'employée des Dursley, elle accepta rapidement de garder d'autres enfants le soir contre rémunération bien sûr mais également pour peu que les parents acceptent qu'Harry l'accompagne. Ainsi, les autres parents de la ville découvrirent que le brun était très loin d'être turbulent et que les rumeurs qui disaient qu'il était une brute en devenir correspondaient bien plus à son cousin.

La jeune femme avait également un secret qu'elle partagea avec Harry: elle était une sorcière. Elle lui expliqua qui étaient réellement ses parents, comment ils étaient morts, le monde sorcier et le monde magique, tout. Elle lui enseigna les bases de la magie, l'étiquette sang pur et magique, l'histoire de la magie et bien d'autres choses.

Grace le préparait soigneusement à son entrée dans le monde sorcier.

Le jour de son dixième anniversaire, Grace prit Harry pour une conversation très sérieuse.

-Harry, fit Grace. Il y a une chose que Gaëlle, Perry et moi nous ne t'avons pas dit.

-Laquelle? fit Harry

-Dès que tu recevras ta lettre pour Poudlard, tu ne seras plus sous la tutelle de ta tante et de ton oncle, révéla Grace. Tu seras un mineur émancipé pour les sorciers mais ça, ils le sauront qu'à ton seizième anniversaire.

-Pourquoi ils ne doivent pas le savoir? demanda Harry

-A cause de la personne qui t'a placé ici, répondit Grace.

La jeune femme ne revint pas sur le sujet. Harry savait déjà qu'il n'aurait jamais dû être placé chez Pétunia et Vernon Dursley et il connaissait parfaitement le nom de la personne qui avait ouvertement bafoué les lois.

-Nous ne savons pas tout ce qu'il a pu faire au nom du plus grand Bien, continua Grace. Nous avons pu bloquer tous les prélèvements qu'il faisait sur ton coffre étudiant et sa tutelle dès que tu mettrais le pied dans le monde sorcier. Nous nous donnons jusqu'à tes BUSE pour avoir une vision d'ensemble, dès tes seize ans, tu ne seras plus officiellement sous sa responsabilité.

Harry hocha la tête. De toutes les façons, il aurait toujours le soutien de Grace puisqu'elle remplacerait de temps à autre Hedwige, sa chouette messagère.

-Maintenant, voyons les détails …