Réparer les erreurs des autres

C'était rare mais pour une fois, Gemna, Sirius et Harry s'étaient retrouvés seuls à Gringotts.

-Si ça concerne les horcruxes … commença Harry.

-C'est en bonne voie mais non, sourit Gemna. Nous allons devoir parler de vos héritages respectifs et bien que j'adore Helen et Malcom, ils ne peuvent pas être au courant de ce que je vais vous dire et si vous le faites, vous devrez remplir plusieurs procédures que je vous expliquerai si vous êtes intéressés.

Les deux sorciers se redressèrent, leur attention attirée.

-Nous avons convenu que le moment idéal pour annoncer au monde sorcier que vous aviez repris vos titres respectifs serait au dix-septième anniversaire d'Harry, fit Gemna.

-Légalement, Dumbledore ne pourrait plus prétexter avoir la tutelle d'Harry et même s'il sortait cette excuse, il devrait justifier qu'il est assez instable pour ne pas pouvoir se débrouiller seul dans la vie, ce qu'il ne peut pas faire puisqu'il ne le voit plus depuis la fin de sa quatrième année et qu'il a des contacts assez réguliers avec Amelia Bones pour l'invalider, haussa des épaules Sirius.

-Toutefois, fit Gemna, il s'avère qu'en vous plaçant chez les Dursley, Dumbledore ne vous a pas soumis à un certain nombre de rituels destinés à votre protection.

-Pourquoi ne pas me les avoir faits quand j'ai cessé d'être sous sa « protection » ? s'étonna Harry

-Vous étiez dans un tel état quand les Granger vous a récupéré que rien ne pouvait être fait tant que vous n'auriez pas récupéré un minimum, expliqua Gemna. Ce qui a pris plusieurs années, et encore. D'après le médicomage Baran, si l'horcruxe n'avait pas agi la dernière fois, nous ne l'aurions enlevé que dans deux ans, au moins.

Harry se renfrogna. Effectivement, il était au courant que le rituel destiné à ôter le morceau d'âme aurait dû être réalisé quand il aurait atteint une santé beaucoup plus stable. Malheureusement, les éléments avaient joué contre lui et l'opération avait été réalisée en urgence, le mettant bien plus en danger.

-Et maintenant ? demanda Harry

-Certains rituels de protection ne peuvent plus attendre, révéla Gemna. S'ils sont réalisés enfant, c'est pour permettre à la magie de ne pas les considérer comme des dangers. Votre magie est quasiment mâture, un an sera bien assez pour que les rituels soient acceptés.

-Et nous parlons de quels rituels pour quels buts ? demanda Sirius

-Renforcement et augmentation des barrières occlumens, énuméra Gemna. Renforcement de l'immunité contre les maladies, maîtrise moins précaire de la magie accidentelle, appartenance à la communauté sorcière …

-Comment ça ? sursauta Harry

-C'est ainsi que Dumbledore pouvait avoir la main haute sur vous, expliqua Gemna. Ce rituel a lieu aux trois ans d'un enfant, peu importe qu'il ait fait de la magie ou non. Concrètement parlant, il vous permet d'accéder à vos droits en tant que membre de la communauté sorcière, ce qui vous aurait également protégé de l'attention malvenue des médias. Avant, vous n'êtes qu'une sorte de sous-sorcier et vous ne pouvez rien faire dans le monde sorcier. Jusqu'à ce que Dumbledore ne devienne directeur, le rituel était effectué à Mabon pour les nés de moldus entrant à Poudlard, ce qui les protégeait beaucoup.

Les deux sorciers étaient abasourdis.

-Et par ricochet, inscription sur la liste des sorcières et des sorciers identifiés vivant en Grande Bretagne, ce qui laisserait penser que le département de l'Enfance et de l'Education aurait pu intervenir dès les premières fois où les Dursley sont allés trop loin, songea Gemna.

-Mais … protesta Sirius.

-Vous êtes en droit de consulter votre propre dossier, dès que vous en faites la demande, sourit douloureusement Gemna. Reste à savoir si ce département était au courant et n'a pas pu agir … ou si on lui a demandé de détourner les yeux.

-Je ne comprends pas, fit Harry.

-Tu sais que je suis parti de chez moi à seize ans, soupira Sirius. J'ai simplement dit que je ne voulais pas servir Tu Sais Qui. Mais dans les faits, mes parents ressemblaient beaucoup aux Dursley, avec la composante magie, bien entendu.

Harry sentit son souffle se couper en comprenant le sous-entendu. Son parrain avait été … maltraité ?

-Ma chère mère était en admiration devant le « Maître » parce qu'il était le seul à se dresser contre Dumbledore, grinça Sirius. Tout comme Bellatrix, elle ne vivait et ne respirait que par lui, au point qu'elle préférait l'écouter dans la pratique des arts occultes, alors que notre famille était infiniment plus douée dans ce domaine et que nous connaissions les précautions à prendre. Tout cela pour dire qu'en suivant ses indications, elle est devenue folle et nous torturait mon frère et moi quand nous n'étions pas comme elle le voulait. J'ai fui comme j'ai pu mais je n'ai pas pu emmener mon frère avec moi parce qu'elle l'avait maudit en faisant en sorte que qu'il ne puisse plus rester près de moi sans en souffrir horriblement. Regulus et moi avons été torturés par notre mère sans que le ministère ne soit intervenu. Je veux savoir si c'est parce qu'il n'avait pas détecté que deux enfants sorciers étaient torturés jusqu'à la folie ou si c'est parce qu'on lui a dit de regarder ailleurs. Dans les deux cas, je pense qu'il va falloir se pencher assez vite sur la protection de l'enfance dans notre monde.

Tous durent en convenir.

-Pour en revenir au sujet qui nous rassemble, se racla la gorge Gemna, maintenant que l'horcruxe ne parasite plus Harry, nous devons réparer les manquements dont il a été victime. Cette série de rituels pourra le protéger si Dumbledore ou Voldemort veulent s'en prendre à lui.

-Est-ce qu'Hermione pourra également en bénéficier ? demanda Harry

-Je vais consulter des spécialistes, réfléchit Gemna. Elle va être majeure dans trois mois et sa magie pourrait mal réagir. Si ce n'est pas possible, nous trouverons d'autres solutions.

-Merci, sourit Harry.

-Ce que je peux vous assurer, c'est que le meilleur moment où nous pourrions effectuer ces rituels sera à son anniversaire, déclara Gemna. En plus, cette date correspond à Mabon, ce qui sera un plus, autant pour elle que pour nous.

-Nous lui en parlerons, promit Sirius.

-Pour vous, fit Gemna en se tournant vers Harry, votre anniversaire sera également une parfaite occasion. Voici une liste des rituels qui pourront être effectués avec votre état de santé. Etudiez-les et sélectionnez-en trois. Si c'est un succès et que vous le supportez bien, nous pourrions étaler la réalisation des autres sur les autres célébrations magiques.

-Ça m'a l'air d'une très bonne idée, sourit Sirius.

-Je m'en doutais, fit Gemna. Passons à la suite …

§§§§§

Hermione avait l'impression d'être une espionne. Et ne plus avoir sa vie sorcière en main.

Sinon, comment pouvait-elle être l'assistante de Severus Snape sur ordre de Voldemort et avec la bénédiction de Dumbledore ?

Flash-Back

Il avait fallu que dix jours après le retour du Poudlard Express avant qu'Hermione ne reçoive l'ordre de se rendre au QG de l'Ordre du Phénix. La réponse d'Helen et Malcom avait été nettement moins policée que l'année dernière, réponse dans laquelle le couple avait reproché à mots couverts à l'ancien directeur que si le monde sorcier était vraiment en danger, il serait temps, avec tous ses titres et ses postes, de faire en sorte que ce ne soit le plus le cas et sans mettre en danger leur fille et le reste de la nouvelle génération de préférence. Ils avaient également indiqué qu'Hermione était encore leur fille, qu'ils ne la voyaient que deux mois sur douze donc ils aimeraient bien passer du temps avec elle sans qu'il n'ait besoin de la rappeler dans le monde sorcier aussi vite sans raison valable.

La jeune fille arriva donc au QG aux alentours du 20 août, comme l'année dernière. Ayant pris en compte les conseils de Severus Snape, elle s'était penchée sur d'autres magies pour préserver son sommeil et accessoirement sa tranquillité d'esprit. Les runes qu'elle traça sur les pieds de son lit furent donc une bénédiction pour ne plus entendre les ronflements de Ron. Elle avait été tentée de les graver dans le lit du roux mais elle avait concédé que dans ce cas, c'était Molly qu'elle ne cesserait pas d'entendre. Eloigner Ginny n'avait pas été simple non plus mais heureusement, elle s'était fixée comme but de plaire au sexe opposé et puisque ce n'était pas le délire d'Hermione, la rousse s'éloignait d'elle-même.

Même si les ronflements de Ron ne la dérangeaient plus, Hermione avait pris l'habitude de veiller tard dans ce petit salon près de l'entrée, dans l'espoir un peu étrange de croiser dans des circonstances un peu moins dramatiques Severus Snape. Sa relation était moins tendue que quand elle n'était vue que comme étant le cerveau de l'infâme Survivant mais pour autant, si elle devait désigner une seule personne pour l'aider ou même, pour aider Harry, le professeur de potions serait le seul à ses yeux à en être capable.

Elle avait attendu le deuxième soir pour que Severus Snape tombe littéralement dans le salon, sérieusement blessé. Comme la première fois, elle l'allongea sur le canapé et récupéra des potions pour le soigner. Elle avait profité de l'année scolaire pour faire des recherches approfondies sur la médicomagie, consciente que si la guerre était réellement à leurs portes, ce n'était pas en se vidant de leur sang qu'ils feraient avancer les choses. Ses nouvelles connaissances lui servirent donc à mieux soigner son professeur de potions sans qu'il n'ait besoin de dire quoi que ce soit, mis à part des directives sur des blessures ou des potions plus spécifiques.

-Toujours personne pour vous aider après une visite chez le Père Fouettard ? railla Hermione

-Je ne suis qu'un Serpentard, souffla Severus. Pourquoi se préoccuper d'une personne qui ne vaut rien ?

-Quel … pesta Hermione.

-Ne gaspillez pas votre salive, fit Severus. Ils ne changeront pas de comportement pour si peu.

Tous les deux laissèrent l'adrénaline redescendre doucement. Severus voulut lever sa baguette mais Hermione l'arrêta.

-J'ai suivi vos conseils, fit Hermione. J'ai isolé cette pièce avec des runes et j'ai testé l'installation, ça marche.

-Avec mon passé, j'ai peu de chance de vous croire sur parole, déclara Severus.

Le retour des sorts dut le convaincre car il se rallongea rapidement.

-Vous avez gardé contact avec Potter, engagea Severus.

-Comme vous, renvoya Hermione. Il parait que vous ne voyez plus comme la copie conforme de James Potter ?

-Un peu de respect, bougonna Severus.

-Actuellement, vous n'êtes pas mon professeur, rappela Hermione. Et j'établis un fait.

Severus marmonna dans sa barbe inexistante.

-Il a appris à utiliser son cerveau au lieu de foncer dans le danger, déclara Severus. Je trouve que c'est une grande amélioration.

-Désolée de vous contredire mais il a toujours su l'utiliser, assura Hermione. Le seul problème était qu'il a dû régler des situations à la place des personnes qui auraient dû le faire.

Severus dût lui accorder le point.

Ils discutèrent à voix basse jusqu'à ce qu'Hermione n'en puisse plus et pose des questions de plus en plus pointues sur les potions de soin, puis ils allèrent sur celles disponibles à la vente, et ainsi de suite. Même si rien dans sa gestuelle ne l'indiquait, le regard de Severus s'illuminait car il était rare qu'il rencontre des sorcières ou des sorciers réellement intéressées par les potions.

-Mademoiselle Granger, fit Severus. Je note chez vous certaines capacités mais il faudrait que je puisse vous voir réellement à l'œuvre pour comprendre si vous avez un réel talent. Je n'ai pas le matériel adéquat mais dès que nous serons à Poudlard, vous n'y couperez pas.

Fin Flash-Back

La jeune fille avait eu le fin mot de l'histoire à la rentrée scolaire suivante. Parmi ses nombreuses casquettes, celle de maître de potions imposait à Severus Snape de prendre un apprenti et c'était un secret pour personne que la guilde de potions lui tirait de plus en plus souvent la manche pour qu'il s'exécute, en tant que plus jeune maître d'Europe. Voldemort comme Dumbledore lui avaient donc présenté de nombreux potentiels apprentis mais chacun d'entre eux avaient des défauts majeurs, comme celui de ne pas correspondre aux critères pointus de Severus, et ce dernier les avait toujours renvoyés. Sur dix jours, lors de trois retenues particulièrement éreintantes, l'homme avait testé les connaissances théoriques comme pratiques d'Hermione et avait tant et si bien manipulé ses deux supérieurs hiérarchiques pour qu'ils acceptent son choix sans le remettre en cause. Certes, son argument phare, pouvoir se rapprocher du Survivant déficitaire, était imparable, mais aucun d'entre eux ne s'était rendu compte que l'apprentissage les protégeait également d'eux.

Hermione eut un sourire railleur. Elle se souvenait parfaitement d'Albus Dumbledore – qui avait récupéré, à sa plus grande déception, son poste de directeur – quand il avait voulu lui soutirer des informations sur Harry. Son esprit était magiquement protégé par les lois d'apprentissage et son vol plané quand le vieux sorcier avait voulu visionner ses souvenirs sans son autorisation avait été mémorable. Pour la première fois, Severus avait pu ainsi sermonner le directeur, comme il en était en droit en tant que maître d'apprentissage, et il ne s'était pas gêné pour lui dire le fond de sa pensée, d'autant plus que les représailles étaient impossibles, toujours en vertu des lois d'apprentissages.

Comme basse vengeance, Albus Dumbledore avait annoncé publiquement qu'Hermione Granger avait été prise en apprentissage par Severus Snape. Les élèves en avaient été choqués – depuis quand le directeur de Serpentard ne considérait pas tout Gryffondor comme engeance du mal ? – et certains, au-delà des préjugés patiemment inculqués par Poudlard, avaient voulu faire regretter sa place à la jeune fille, quand ce n'était pas lui faire renoncer, à cet apprentissage prestigieux. Leurs détours à l'infirmerie leur avaient fait revoir leurs prétentions.

Autre avantage qu'Hermione retirait de l'apprentissage, la diversité de sa formation. Severus Snape était un très bon maître de potions – et un pédagogue effroyable devant une salle de classe de complets débutants, il ne fallait pas se leurrer – mais sa position d'espion pendant les guerres successives contre Voldemort en avait également fait un excellent duelliste. Le premier cours qu'elle avait eu lui en avait appris plus que ses cinq années en défense contre les forces du mal – même s'il n'en fallait pas tant que ça pour y arriver – et il s'avérait qu'avec un public intéressé, il transmettait très bien son savoir.

Hermione se secoua. Maintenant, elle devait convaincre son maître de donner des cours privés à Luna et Neville, éventuellement à Harry si elle négociait bien …

§§§§§

Harry se tenait droit devant le juge aux affaires familiales. Il n'aimait pas cette convocation impromptue à quelques jours de Mabon.

-Harry … fit un homme.

-Monsieur Potter, corrigea Harry. Je ne sais toujours pas pourquoi je suis ici.

-Nous avons cru comprendre que l'administration n'avait plus de nouvelles de vous depuis que vous avez été confié aux Granger, susurra un homme. Et surtout, qu'ils ne faisaient rien pour que vous puissiez aspirer à reprendre votre héritage. C'est pour cela que j'ai demandé au juge ici présent de pouvoir reprendre votre tutelle afin de combler ce manque.

-La moindre des politesses serait de vous présenter, déclara sèchement Harry.

-Monsieur Potter, voici Christian Sayx, avocat, fit le juge en se raclant la gorge. Sa demande était conforme donc j'étais tenu de vous la faire parvenir.

-Peu importe que je n'aie jamais vu monsieur Sayx ici présent ? fit Harry

-Je vous demande pardon ? fronça des sourcils le juge. Le dossier indique pourtant que vous avez des contacts réguliers avec lui.

-Je peux vous l'expliquer … fit Christian en ne quittant pas son sourire.

-Nous vous écoutons, sourit Harry.

-Je donne des cours dans l'établissement où est inscrit le cousin de monsieur Potter, Jason, révéla Christian. J'ose croire qu'au fil des mois, je suis devenu un confident et il m'a souvent avoué que les tuteurs de son cousin avaient beau être très gentils, ils ne faisaient rien pour qu'il puisse reprendre sereinement son héritage. Il m'a également indiqué qu'il avait dû trouver lui-même trouver un précepteur mais qu'ils n'étaient pas très motivés pour l'engager.

-Depuis combien de temps êtes-vous au courant de ce problème ? demanda le juge

-Environ deux ans, répondit Christian. J'ai dû étudier attentivement la situation avant d'en conclure que le seul moyen de lui venir en aide serait de prendre en charge sa tutelle.

-Est-ce réellement par pure altruisme ou pour pouvoir bénéficier des avantages offerts par la famille Potter quand l'un de ses héritiers est sous tutelle ? demanda Harry

-Quels avantages ? releva le juge

-Demandez à monsieur Sayx, sourit machiavéliquement Harry. Ne vient-il pas d'avouer qu'il avait « attentivement » étudié la situation ?

Le regard du juge se darda immédiatement sur l'avocat qui se troubla.

-Il ne me semblait pas que vous soyez au courant, fit Christian.

-Répondez à la question du juge, je vous prie, poussa Harry.

-Ma démarche répond au manque d'éducation dont se plaint régulièrement le cousin de monsieur Potter, protesta Christian.

-Cela n'empêche pas de vouloir connaître les compensations que vous en retirerez, pointa le juge. Nous vous écoutons.

-Monsieur le juge … protesta Christian.

-Plus vite vous répondrez, plus vite nous étudierons votre proposition, fit remarquer le juge.

Comprenant qu'il était coincé, l'avocat soupira lourdement, comme s'il cédait à un caprice.

-Il s'avère que la famille Potter a mis en place une rente pour les tuteurs de leurs héritiers orphelins, avoua du bout des lèvres Christian.

-Quel montant ? fronça des sourcils le juge

Constatant que l'avocat n'avait pas l'intention de répondre, Harry abrégea ses souffrances.

-Environ cent livres, renseigna aimablement Harry.

-Par mois ? fit le juge

-Par jour, précisa Harry. Soit un total de trois mille livres par mois, ce qui représente une coquette somme, vous en conviendrez.

-Vous le saviez ? accusa le juge

-J'étais conscient que la rente allouée aux tuteurs était confortable, avoua Christian. Mais pas à ce point.

Harry sourit intérieurement. Quand Dumbledore l'avait abandonné chez les Dursley, il avait fait en sorte qu'ils soient ses tuteurs auprès des autorités non magiques. Comme il avait été reconnu dans l'un des mondes, Gringotts s'était vu obligé de verser cette rente mirobolante à ce couple qui en avait profité ainsi que leur fils mais pas le principal bénéficiaire. Quand sa garde leur avait été retirée et accordée à Helen et Malcolm, ces derniers avaient décidé d'utiliser cette somme pour des vacances ensemble et de rendre l'excédent à sa majorité. Harry avait d'autres projets mais attendait d'avoir l'avis d'Hermione pour se décider.

-Monsieur Potter, que pouvez-vous dire sur les affirmations de monsieur Sayx ? demanda le juge

-Que je doute que mon cousin Jason, qui suit les cours à Londres, vraisemblablement dans l'établissement où enseigne monsieur Sayx, ait pu vous raconter quoi que ce soit puisque je ne le fréquente pas, déclara Harry.

-Que voulez-vous dire ? s'étonna Christian

-Sans nouvelle de moi depuis la mort de mes parents, les parents de Jason ont appris que j'étais toujours en vie quand ma tutelle a été accordée à Helen et Malcolm Granger, expliqua Harry. Mais ce n'est pas pour autant que nous avons pu nous rencontrer et il est clair qu'ils se sont imaginés beaucoup de choses, notamment sur mon éducation.

Le trouble de Christian Sayx fut plus visible. Il était clair qu'il ne s'était jamais imaginé se tromper sur la situation de l'héritier Potter qui avait été jeté dans le système des services sociaux.

-Pourtant, les éléments en ma possession … protesta Christian.

-Qui sont ? coupa Harry. Les déclarations de Jason n'auraient jamais dû vous conduire à connaître ma situation.

Quand il avait commencé à se renseigner sur sa famille encore vivante les premières semaines qu'il avait passées chez Helen et Malcolm, il avait appris l'existence de cette branche sans magie de la famille Potter. Ils n'avaient jamais été en lice pour récupérer le titre de lord Potter, détenu par la branche sorcière, mais en l'absence d'héritier sorcier, cette branche en deviendrait régente, ce qui pouvait leur apporter pas mal de bénéfices. Harry s'était renseigné sur Jason, qui avait le même âge que lui, un gosse conscient de l'importance de sa famille et qui s'en vantait sur tous les tons. Sa famille et lui disposaient d'une confortable rente fournie par la branche sorcière mais si Harry venait à disparaître, Jason serait Régent Potter et la rente exploserait pour lui et sa descendance jusqu'à ce qu'un sorcier naisse et devienne majeur. C'était déjà arrivé deux ou trois fois et c'était pour cette raison que la branche non magique avait connaissance du monde sorcier même si la descendance n'était pas menacée.

Devant les fortunes dont il pourrait disposer, pas étonnant que Jason ait eu les dents longues en manipulant l'un de ses professeurs, vraisemblablement pour pouvoir le dépouiller avant son dix-huitième anniversaire.

-Jason vous connait bien, pourtant, hésita Christian.

-Jason estime que s'il n'est pas personnellement averti de ce qui se passe dans la vie des autres, alors ils ne vont pas bien, rétorqua Harry. Les plaintes pour harcèlement qui pèsent sur votre petit protégé ne sont pas là pour faire joli.

-Il m'a toujours dit qu'il s'agissait de dénonciations calomnieuses, assura Christian, tremblant.

-Une fois, peut-être, concéda Harry. Mais systématiquement par toutes ses petites-amies ou simplement les filles qui lui ont plu ? Je ne crois pas, non. Mais peu importe, vous êtes assez mal placé pour décréter qu'Helen et Malcolm ne s'occupent pas assez bien de moi. Vous oubliez également qu'en étant âgé de plus de quinze ans, mon avis a un poids certain dans toute décision prise concernant ma tutelle et croyez-moi, la réclamer alors que je ne vous connais pas ne me mets pas dans de très bonnes dispositions. Ça me pousserait même à vous renvoyer l'ascenseur.

Christian blêmit.

-Vous êtes mineur, tenta Christian.

-Vous êtes avocat, railla Harry. Vous savez que ce n'est pas un critère pour m'empêcher de déposer plainte contre vous. Je trouverai bien une raison valable devant la justice et dans ce cas, je crains votre poste ainsi que votre inscription au barreau ne soient remis en cause.

Christian Sayx balbutia, comprenant qu'il était en train de risquer son avenir, puis ramassa ses affaires, salua le juge et s'en alla sans demander son reste. Harry se tourna vers le juge.

-Mon dossier est confidentiel, il me semble, fit Harry.

-Exact, confirma le juge. Abus de pouvoir, puisque j'imagine qu'il a utilisé ses accès en tant qu'avocat pour obtenir des informations sur vous. Si vous vous décidez à déposer plainte contre lui, je surveillerai l'affaire d'assez près.

-Je vous remercie, sourit Harry. En attendant, je vais aller discuter avec mon cher cousin et ses envies de grandeur.