A l'abri des regards
Hermione et Harry empruntèrent le passage ouvert par Severus pour se rendre dans la maison de repli.
-Luna! Neville! souffla Hermione. Vous êtes là!
-Oui, sourit Luna. Je pense que le plan d'évacuation de l'école a été mis en place.
Ils hochèrent la tête. C'était ce qui était ressorti de leur conversation avec le directeur de Poudlard.
-Est-ce que tout le monde est là? demanda Harry en tournant la tête de tous les côtés
Neville les tira dans un coin et plaça une bulle d'intimité autour d'eux.
-Oui, fit Neville. On a pu interroger certains, ceux qui défendaient la pureté du sang ou l'abandon des anciennes traditions sont étrangement calmes. Notre magie est également réglementée, pas de sorts offensifs ni de possibilité d'attaquer les autres.
-Bon à savoir, marmonna Harry.
-Nous avons visité, fit Luna. Il y a un réfectoire et un immense salon avec tout ce qu'il faut. Quatre portes avec le blason de chaque maison donnent sur un escalier où chaque étage correspond à une année. Les quatre premières années sont en dortoir, le reste dispose de chambres individuelles.
-Au moins, nous n'aurons pas à gérer les crises d'angoisse des plus jeunes, soupira Hermione.
-Et les apprentis mangemorts? demanda Harry
-Tous les enfants de mangemorts sont là mais ils ne clament pas leur adoration, ce qui veut dire qu'ils faisaient semblant d'adhérer à la cause de leurs parents, fit Neville. Après, je les comprends, quand l'auto-proclamé futur maître de la Grande Bretagne sorcière échoue inlassablement à tuer un gosse qui n'est même pas formé au duel, ça remet en cause tout ce qu'on aurait pu leur dire sur lui.
-Pas faux, rit Hermione.
-Allons découvrir nos chambres, proposa Harry.
Les quatre amis se dirigèrent vers la porte Gryffondor et grimpèrent les sept étages – heureusement, il y avait l'équivalent sorcier d'un escalator – pour arriver dans un long couloir où chaque porte indiquait le nom de son locataire. Par curiosité, Hermione tenta d'entrer dans la chambre de Neville mais la poignée disparut dans sa main.
-Pratique, commenta la brune.
-Et comment, sourit Neville. Comme tu le remarques également, les élèves ont le droit de se rendre dans les couloirs des autres années mais ils ne pourront pas entrer dans les chambres. Pour éviter les mauvaises surprises …
Comme les Weasley dans leurs chambres, songea Harry. Même si les deux roux se faisaient plus discrets, la bande était certaine qu'ils n'avaient pas abandonné l'idée de s'imposer à eux.
Les deux bruns ouvrirent les portes des chambres à leur nom et furent surpris par le confort offert. Outre la chambre à proprement dite avec une grande armoire et un bureau fonctionnel, ils disposaient d'une salle d'eau et de sanitaires privés. Leurs malles se trouvaient même déjà au pied du lit. Ils ressortirent rapidement pour retrouver leurs amis.
-J'espère quand même que nous n'allons pas rester longtemps, souffla Hermione.
-J'espère aussi, sourit Luna. Vous avez des informations?
-Uniquement que Voldemort était dehors, répondit Harry en haussant des épaules.
Ils redescendirent dans la salle commune et y retrouvèrent leurs amis, notamment de Serpentard.
-J'en viens presque à me demander si on ne pourrait pas proposer cette configuration pour les maisons, songea Draco.
-C'est-à-dire? demanda Hermione
-Des chambres communes pour les quatre premières années et à partir des BUSES, des chambres individuelles, précisa Théo. Les salles d'études, c'est bien, mais quand tu as besoin de calme, tu dois te rabattre sur les salles inutilisées dans le château et si on a un problème, bonne chance pour nous retrouver.
Harry tressaillit. Quand il avait eu la carte des Maraudeurs entre les mains pour la première fois, il s'était dit que l'objet aurait pu être pratique pour retrouver Ginny l'année dernière. Mais en étant dans une école de magie, est-ce que le directeur n'était pas censé connaître la position de tous ses élèves ou du moins, un moyen simple à sa disposition pour le faire? C'était une question à poser à Severus quand l'alerte serait terminée. Entre autres questions sur la gestion pratique de l'école, cela s'entend.
-Je ne sais pas pour vous mais j'ai un petit creux, fit Blaise. Voyons voir ce que nous réserve le réfectoire.
La bande se dirigea donc vers la partie restauration. Puisqu'ils avaient eu le temps de dîner avant d'être évacués, ils ne s'attendaient pas à trouver grand-chose dans la salle vide. Mais à leur plus grande surprise, un buffet de collation était présent avec des fruits frais, des encas et des boissons chaudes comme fraîches, en cas de fringales nocturnes.
-Ça, c'est une idée à retenir, fit Blaise en se jetant sur une pomme. En temps normal, soit on doit avoir ce qu'il faut dans ses affaires, soit on doit traverser le château en prenant le risque de se faire attraper par les préfets ou les professeurs et ça, c'est quand on connait l'accès aux cuisines, bien sûr.
Le groupe s'installa à une table vide avec leurs boissons et leurs encas et discutèrent tranquillement, appréciant de pouvoir se restaurer sans devoir subir le spectacle dégoûtant de Ronald Weasley qui, même à dix-huit ans, ne savait toujours pas manger proprement à table. D'ailleurs, son calme, ainsi que celui de ceux qui n'appréciaient pas outre mesure le rapprochement avec les autres maisons, plus particulièrement avec Serpentard, était bien accueillie par les élèves puisque quand la bande revint dans la salle commune, des groupes inter-maisons s'y trouvaient sans crainte qu'on ne leur saute dessus pour leur «mauvais choix» de compagnie.
Finalement, en avisant l'heure, ils poussèrent les plus jeunes à aller se coucher puis en firent de même.
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Grâce à la présence des préfets des autres maisons, Hermione et Harry réussirent à encadrer les Gryffondors et les faire déjeuner à une heure raisonnable avec les autres élèves. L'ambiance était bonne enfant, surtout avec la mise à l'écart des plus «grincheux» de leurs camarades. L'arrivée de Poppy Pomfrey amena rapidement le silence, surtout en étant accompagnée d'Amelia Bones, la directrice de la justice.
-Bonjour à toutes et à tous, commença Amelia quand le silence fut complet. J'imagine que vous vous demandez la raison pour laquelle vous ne vous trouvez plus au château. En début de soirée, le directeur et les professeurs ont appris que Voldemort comptait attaquer l'école à la tombée de la nuit. Pour votre protection, ils ont décidé de vous envoyer dans la Maison de Repli, une cache capable d'abriter tous les habitants de Poudlard et dont la localisation est gardée secrète, même de moi. Tout cela pour dire qu'après une bataille intense, j'ai moi-même été témoin de la défaite et de la mort de Tom Riddle, qui se faisait appeler Voldemort.
Pendant quelques instants, les enfants restèrent bouche bée avant d'exploser de joie. Le monstre qui hantait leurs nuits n'était plus!
-Un communiqué officiel a été transmis à tous les médias pour annoncer la nouvelle, déclara Amelia. Les mangemorts ont été arrêtés et des enquêtes vont être menées pour déterminer s'ils sont tous détenus en lieu sûr et surtout, s'ils sont réellement coupables des crimes dont ils sont accusés.
En voyant les mangemorts s'écrouler après la mort de Voldemort et avoir appris que ceux présents sur le domaine de Poudlard avaient été retirés du champ de bataille par les elfes de maison, Amelia avait demandé s'il était possible pour eux de poursuivre cette tâche mais cette fois à l'échelle du pays. Puisqu'ils représentaient une menace directe à l'encontre du château, Kerouel avait donc donné des ordres en ce sens et placé les manquants avec les autres, avec la promesse de les restituer à la justice dès que ce sera demandé. Elle aurait voulu garder un œil sur eux mais force lui était de s'avouer qu'elle n'avait pas les ressources nécessaires pour le faire, aussi bien de manière quantitative que qualitative, en sachant que celles et ceux en qui elle avait assez confiance pour s'en charger s'étaient battus à Poudlard.
-Le parc et l'entrée de l'école ont subi le plus gros des dégâts, révéla Amelia. Les réparations prendront quelques jours et par sécurité, il a été décidé que vous resterez ici quelques temps. Considérez cela comme des vacances avant l'heure. Des professeurs vont vous rejoindre d'ici peu et vous expliqueront comment votre séjour va se dérouler. Et avant que vous ne posiez la question, ils sont tous soumis à un sort de secret qui les empêche de révéler tout ce qui s'est passé pendant la bataille. Merci de votre attention.
Après le départ de la directrice de la justice, Harry s'était immédiatement réfugié dans sa chambre, très vite rejoint par ses amis pour une seule raison: il pouvait parier jusqu'à son dernier galion qu'on allait le harceler pour comprendre pourquoi, alors qu'on annonçait qu'il serait le seul à pouvoir vaincre Voldemort, il n'avait pas rempli son «devoir».
C'était le genre de chose qui pouvait le pousser à montrer les dents!
Heureusement, les plus «favorables» à cette idée se tenaient tranquille mais il était sûr qu'il allait en entendre parler dès que tout le monde sera de retour à l'école. Qu'il n'avait pas hâte …
N'étant pas un ermite, Harry s'était quand même fait tirer de sa chambre pour le déjeuner et si les regards noirs pouvaient tuer, bon nombre d'élèves seraient passés de vie à trépas à ce moment-là! Mais très vite, le mot fut passé qu'Harry Potter ne voulait clairement pas donner son avis sur la mort de Voldemort, tout comme ses amis et ce fut assez.
L'arrivée de Filius Flitwick fut un réel soulagement pour les Serdaigles mais leur directeur de maison se dirigea immédiatement vers Hermione et Harry qui se mirent sur leurs gardes.
-Mademoiselle Granger, monsieur Potter, si vous voulez bien me suivre, pria Filius.
Intrigués, les deux élèves obtempérèrent et ils s's'installèrent dans une salle d'étude plus confidentielle avec les sorts qui allaient avec.
-Tout d'abord, je dois vous annoncer que je suis sous un serment de secret gobelin concernant vos vies respectives dans le monde non magique, déclara Filius. Pour vos camarades, je vous ai convoqué ensemble pour qu'Harry puisse vous soutenir.
Le professeur leur laissa quelques minutes pour se remettre de la surprise avant de continuer.
-Dans une semaine, Amelia Bones va annoncer l'identité du vainqueur de Voldemort, annonça Filius. J'ai obtenu l'autorisation de vous la dévoiler, pour des raisons que vous n'allez pas tarder à comprendre, à condition que vous gardiez le silence.
-C'est Severus, c'est cela? comprit Hermione
-Oui, confirma Filius. Le duel a drainé ses forces physiques comme magiques et il est actuellement dans le coma, dans une aile séparée de la Maison de Repli, sous la garde de Poppy.
-Est-ce qu'on pourrait le voir? demanda Harry
-Poppy est actuellement en train de recevoir des confrères pour établir l'état de santé exact de Severus, avoua Filius. Tant que ce ne sera pas fait, il n'y aura aucune visite.
-Que pouvons-nous dire aux autres? demanda Harry. Uniquement que Severus est gravement blessé, c'est ça?
-Oui, répondit Filius. Jusqu'à son rétablissement, je suis le directeur par intérim. A ce titre, j'aimerai vous demander de poursuivre ce que vous faites déjà auprès des élèves de Gryffondor, c'est-à-dire remplacer les préfets.
-On ne pensait pas … protesta Harry en fronçant des sourcils.
-Les autres professeurs et moi-même étions conscients que les préfets nommés par la professeure McGonagall n'étaient pas en adéquation avec leur mission, si nous ne devions nous fier qu'à la désignation de Ronald Weasley, grimaça Filius. Nous avons déjà eu des échos de leur comportement, aussi bien avec leur propre maison qu'avec les autres élèves. Cette année a été drastiquement plus calme et nous avons découvert que c'était parce que vous avez repris à votre compte toutes les responsabilités qui leur étaient dévolues. Je sais que la situation sera explosive quand vous réintégrerez Poudlard et c'est pour cela que je vous demande officiellement de tout faire pour préserver la maison Gryffondor. Etes-vous d'accord?
-Oui, répondit Hermione pour Harry et elle.
-Fantastique! sourit Filius. Sur ce, je vais vous laisser, les réparations ne pourront pas se faire seules. Passez une journée, les prochains jours ne seront pas de tout repos.
Le professeur s'en alla et les deux amis lui emboîtèrent le pas, se mettant d'accord d'un seul regard de discuter un peu plus tard de ce qu'ils venaient d'apprendre.
Ils avaient d'abord une mission à remplir.
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Finalement, les réparations avaient pris une pleine semaine, ce qui avait singulièrement compliqué les affaires des préfets qui avaient dû déployer des trésors d'inventivités pour empêcher les élèves sous leur responsabilité de craquer sous l'incertitude. Ce fut donc avec un soulagement palpable que tous regagnèrent leurs dortoirs, leurs salles communes …
Et les camarades qui s'étaient fait petits à la Maison de Repli.
Dès le retour au château, il y avait eu des étincelles mais à la plus grande surprise de tous, les règles de la Maison de Repli s'étaient vues appliquées au château. Le soir venu, Filius Flitwick, toujours directeur par intérim puisque l'actuel était encore à l'infirmerie, entreprit d'éclairer chacun sur cette nouvelle particularité du château.
-Vous avez dû vous rendre compte lors de votre évacuation que toute magie agressive vous était strictement interdite ainsi que toute violence physique sous peine de vous voir enfermé dans vos chambres voire dans votre zone personnelle pendant une durée plus ou moins longue, déclara Filius. Ces règles seront reconduites à l'intérieur comme à l'extérieur du château jusqu'à la fin de l'année scolaire pour une raison très simple: la bataille qui a eu lieu a déréglé la magie ambiante et aucun de nous ne voudra prendre le risque de tout faire exploser parce qu'il ne sait pas contrôler son caractère. Toutefois, si cela se produit, je n'aurais aucun scrupule à renvoyer définitivement le fautif de Poudlard car les enjeux, dont vous venez de prendre connaissance, sont trop importants pour que ça reste impuni. Ceci sera mon seul et unique avertissement et oui, je peux parfaitement prendre cette décision sans être le directeur titulaire. Il serait dommage que pour tester ma patience, vous mettiez dans la balance la possibilité de passer vos examens, que ce soient les BUSES ou les ASPICS, pendant les cinq prochaines années …
Dès la sortie de table, la bibliothèque fut prise d'assaut pour comprendre les paroles énigmatiques du directeur adjoint et l'amère vérité fut révélée: les élèves qui seront désormais renvoyés définitivement de l'école ne pourront se présenter à aucun examen pendant au minimum cinq ans, que ce soit en Grande Bretagne ou dans toute autre école de magie. Et ça, c'était la peine minimale …
Sans surprise, parmi les élèves qui avaient été écartés dans la Maison de Repli, beaucoup n'y croyaient guère mais ils durent le faire quand les premiers renvois eurent lieu.
Flash-Back
Si Colin Creevey était un fan absolu du Survivant Harry Potter, Dennis, son cadet d'un an, était tout à fait l'opposé. Il en voulait au brun d'accaparer l'attention de son frère, refusant de comprendre que l'idole en question n'avait strictement rien fait pour la mériter et avait tout fait pour lui faire comprendre qu'elle était malavisée, gênante et totalement déplacée. Mais Colin ne voulait rien entendre, louant tous les faits et gestes d'Harry en le prenant en maximum en photos et augmentant par conséquent le ressentiment de Dennis qui s'était transformé en rancœur.
Dennis était l'un des Gryffondors qui jalousait ouvertement Harry Potter et qui ferait tout pour le faire tomber du piédestal sur lequel on l'avait hissé. Le fait qu'il n'ait pas tué Voldemort alors que c'était son rôle était l'occasion parfaite pour le dénigrer devant tout le monde. Durant la semaine où ils étaient tous dans la Maison de Repli, il avait observé, l'air mauvais, Hermione et Harry reprendre en main de manière plus stricte la maison Gryffondor. Force avait été de constater qu'une fois débarrassée des préfets qui n'avaient clairement pas à cœur le maintien de l'ordre de leurs camarades, l'ambiance était vraiment plus sereine. Des cours de soutien avaient même pu être mis en place officiellement et non sous le couvert parce que les préfets tenaient à être les seuls à répandre la parole divine de la vision d'Albus Dumbledore sur ce qui convenait de savoir pour réussir dans le monde sorcier.
De retour dans la tour, Dennis avait retrouvé des élèves qui s'étaient fait discrets dans la Maison de Repli et qui n'aimaient pas le nouvel ordre établi. Au début, ils avaient tenté de le changer par la force mais la mise en garde du professeur Flitwick leur avait fait comprendre que cette méthode ne serait pas sans danger. Ils avaient donc dû se rabattre sur une autre solution et très vite, un «accident» sembla une évidence. Dennis fut le premier à mettre l'accent sur le fait que le Survivant, bien qu'il ait un peu grandi tout au long de sa scolarité, avait toujours un physique frêle et fragile, ce qui voudrait dire qu'il ne serait pas bien résistant face à une attaque physique. Toutefois, tous s'accordaient sur sa puissance magique assez impressionnante qui pourrait lui être un atout s'ils voulaient lui donner une bonne leçon.
Une salle fut alors aménagée où le brun serait privé de sa magie et où ses adversaires auraient toute latitude pour lui faire ce qu'ils voulaient. Dennis fut celui qui devait l'y entraîner et le brun le suivait sans aucune appréhension. Toutefois, leur chemin fut rallongé car beaucoup d'élèves voulurent lui parler en tant que remplaçant des préfets et chaque discussion prenait cinq bonnes minutes. Finalement, ils arrivèrent dans la salle un peu plus d'une demi-heure plus tard.
-C'est un peu loin pour avoir une discussion discrète, constata Harry en prenant place dans l'un des fauteuils. Je t'écoute, Creevey.
-Je veux savoir pourquoi ce n'est pas toi qui as tué Tu Sais Qui, décréta Dennis.
Un tic d'agacement apparut sur le visage d'Harry. C'était une question qu'on lui avait beaucoup posée ces derniers jours et il commençait à en avoir marre qu'on ne comprenne pas soi-même la simple logique derrière la réponse la plus évidente.
-J'ai à peine deux ans de plus que toi et je suis encore à l'école, pointa Harry. Pourquoi est-ce que ce serait à moi de faire ça alors qu'il y a des adultes beaucoup mieux entraînés et plus aptes à le faire? Contrairement à ceux qui ont voulu nous le faire croire, les élèves ne sont pas les seuls à pouvoir affronter les mangemorts et leur maître et je suis content que nous n'ayons pas eu à lever nos baguettes parce que les adultes qui auraient dû nous protéger nous auraient fait défaut.
-C'était ton rôle! siffla Dennis
-Selon qui? répliqua Harry. A aucun moment, je n'ai dit que j'acceptais cette mission, on me l'a imposée dès que j'ai mis les pieds dans le monde sorcier alors que ce n'était clairement pas à un enfant de la remplir. Si tu n'as que ça à me dire, je m'en vais.
Le brun se leva et se dirigea vers la porte.
-Tu ne pourras pas, assura Dennis. Tu n'es pas digne de Gryffondor.
Harry fit volte-face, surpris.
-Pas digne? s'étonna Harry. En quoi? Parce que je ne dépose pas mon cerveau sur le côté pour foncer dans le danger sans même le début d'un plan? Parce que je ne haïs pas tout ce qui n'appartient pas à ma maison et par extension, tout ce qui n'appartient pas à la Lumière, pour ce que ça veut dire? Parce que je ne laisse pas les autres me dicter ma conduite ni me dire ce que je dois faire comme une bonne petite marionnette? Explique-moi, je suis curieux.
Dennis eut un mouvement de recul devant sa répartie mais il se reprit.
-Les Serpentards sont mauvais, tu devrais le savoir! cracha Dennis
-Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas eu la même éducation biaisée que toi qu'ils sont mauvais, sourit Harry. As-tu pris le temps de parler avec eux de manière posée avant de décider qu'ils étaient mauvais? Ou plutôt, avant qu'on ne t'enfonce dans la tête qu'ils étaient mauvais?
-Tu es le Survivant! Tu ne devrais pas traîner avec la racaille! s'écria Dennis
-Avant d'être ton cher héros en armure blanche dont on a manipulé la vie pour le plus grand Bien, je suis fils de sang pur donc initialement, j'aurais dû avoir la même éducation que les Serpentards, déclara Harry. Si mes parents n'étaient pas morts et que j'étais quand même réparti à Gryffondor, est-ce que tu m'aurais également jugé comme infréquentable, ce qui est particulièrement déplacé quand on sait que tu ne connais le monde sorcier que depuis quelques années et que tu n'as même pas eu l'occasion d'en connaître la réalité hors des murs de Poudlard?
Fou de rage de voir son argumentation se retourner contre lui, Dennis envoya un coup de poing qui toucha Harry à la joue.
-Mais qu'est-ce que tu fais? s'étonna Harry en s'écartant sous la douleur
-Tu prends le mauvais chemin donc il est temps qu'on te montre ce qu'il t'en coûte, déclara Dennis avec un sourire mauvais. N'essaie pas de te défendre avec ta magie, tu n'y as plus accès.
Pour la forme, Harry tenta un bouclier mais il n'y eut rien. Ricanant, Dennis s'empara du pied d'une table et l'élança sur le brun pour le rouer de coups. Harry esquiva du mieux qu'il pouvait mais il s'en prenait certains, à la plus grande joie de son adversaire.
-Eh, les gars, vous attendez quoi? s'exclama Dennis, ravi de la situation
-Je crains que vos camarades ne puissent pas répondre à votre charmante invitation, déclara une voix adulte.
Surpris, Dennis sursauta et se retrouva nez à nez avec Filius Flitwick. En reculant, il se rendit compte de la présence de Pomona Sprout et de Kingsley Shacklebolt, auror resté en poste à Poudlard, mais surtout d'Hermione Granger, le regard noir.
-Agression caractérisée, association dans le but de commettre un crime, mise en danger d'autrui, énuméra Kingsley. Cela va vous valoir un passage devant la justice, jeune homme. Et avant que vous ne déclamiez que vous êtes mineur, vous êtes pénalement responsable dès que vous avez passé plus d'un an dans le monde sorcier, petit point qui était passé sous silence par l'ancien président du Magenmagot. Je peux donc vous arrêter en toute légalité comme vos «camarades» pour vous placer en détention dans la prison du ministère. Professeur Flitwick, avec votre permission?
-Faites donc, fit Filius d'un air sombre. Il est temps que nous arrêtions cette complaisance criminelle pour le plus grand Bien …
Fin Flash-Back
Outre Dennis Creevey à la plus grande stupeur de son frère Colin qui n'avait strictement rien vu, deux Serdaigles et un Poufsouffle avaient été traduits en justice pour avoir agressé un élève. Ça avait fait les gorges chaudes des élèves pendant des jours mais cela avait montré que les dérives criminelles en vogue sous Dumbledore n'avaient pas eu leur place avec Severus Snape et encore moins avec Filius Flitwick. Heureusement qu'Hermione avait pu donner l'alerte quand elle avait pu intercepter les pensées colériques de Dennis quand il avait emmené Harry … Mais désormais, tous les élèves savaient qu'ils étaient étroitement surveillés.
